Les agricultures périurbaines – Annexes

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Actes du colloque de 2007
Les agricultures périurbaines : un enjeu pour la ville
ENSP – Université de Nanterre

Annexes

Bilan scientifiqueInstitutions participantesListe des intervenants


 

Bilan scientifique

Un colloque international et multidisciplinaire

Aborder la question des agricultures périurbaines sous l’angle de leurs relations à la ville, envisager comment ces relations peuvent déboucher sur des projets de territoire, ne pouvait se faire sans rassembler pour un débat commun des chercheurs, des enseignants et des praticiens issus de domaines habituellement éloignés les uns des autres.

De ce point de vue, le colloque de Nanterre a largement atteint ses objectifs puisqu’une centaine d’organismes de toute nature (écoles, laboratoires de recherche, agences publiques ou privées, associations, etc.) ont répondu à l’appel (voir annexes). Les disciplines dont étaient issus les participants étaient, elles aussi, très diversifiées (agronomie, architecture, écologie, économie, génie rural, géographie, paysage, sociologie, urbanisme), ainsi que les origines géographiques, puisque 22 pays étaient représentés.

Réparties en trois sessions, les séances plénières ont permis d’une part de comparer les approches et les expériences analysées dans les pays du Nord et du Sud, et d’autre part d’observer comment, à partir des différentes formes de relations entre l’agriculture et la ville, peuvent naître et se développer des projets de territoire. Ces derniers ont été illustrés par des exemples européens (italiens, espagnols, suisses et français), qui ont mis en évidence des différences significatives qui semblent relever autant des spécificités liées aux cadres institutionnels et aux modes de gouvernance qu’à des spécificités géographiques ou agronomiques.

La comparaison Nord-Sud, qui a régulièrement été mise en question lors des débats, a révélé des différences bien plus complexes qu’elles n’y paraissaient au premier abord. S’il se confirme que les priorités alimentaires dominent dans les pays du Sud alors que les considérations d’ordre paysager ou environnemental l’emportent dans les pays du Nord, on observe également un souci croissant pour le cadre de vie dans les premiers et un intérêt de plus en plus prononcé pour une alimentation de proximité dans les seconds. Bien que modulée par des variantes contextuelles qui restent fortes, l’agriculture urbaine apparaît donc de plus en plus comme une discipline originale et spécifique qui peut contribuer à améliorer la gouvernance des territoires, notamment dans les grandes régions urbaines comme celle de l’Ile-de-France.

Un colloque scientifique ouvert aux débats interprofessionnels

Si les 28 communications en séance plénière ont été principalement présentées par des intervenants issus du monde de la recherche et de l’enseignement, les débats et les ateliers ont été largement animés par des acteurs du monde professionnel. Ces rencontres ont permis une confrontation fructueuse entre les aspects théoriques développés par les chercheurs et la réalité concrète de projets en cours, comme ceux de Marne-et-Gondoire ou du Triangle Vert dont les animateurs ont présenté les premiers résultats. Les expériences franciliennes, thème retenu pour l’un des ateliers, ont été particulièrement approfondies, tant du point de vue des fonctions alimentaires de proximité que des nouveaux liens sociaux qui se construisent entre la ville et le monde agricole, ou des projets agriurbains pour lesquels la Région est un terrain pionnier d’expérimentations. Les trois autres ateliers ont porté sur les relations entre l’agriculture et la planification urbaine, le développement local, et les questions de paysage et de patrimoine.

La participation des professionnels du projet d’aménagement, paysagistes, architectes ou urbanistes, a constitué un autre point fort de ce colloque et ajouté à son haut niveau scientifique un caractère inter-professionnel rare dans ce type de manifestation.
Ces diverses communications ont montré que l’agriculture urbaine, pour peu qu’elle poursuive l’effort de dépassement des clivages qui isolent encore trop souvent les disciplines et les professions concernées, promet d’être une thématique d’un intérêt majeur pour le développement durable auquel aspirent aujourd’hui la plupart des régions urbaines, et notamment l’Ile-de-France dans sa volonté d’être la première Eco-région d’Europe. L’avenir de cette thématique nous a semblé d’ailleurs bien assuré, puisqu’en plus des nombreux étudiants présents, 19 doctorants ou post-doctorants ont contribué aux communications, en séance plénière, en atelier ou par le biais de poster.

Les acquis du colloque et les perspectives

Ébauche d’un réseau
Une esquisse de réseau a été constituée à cette occasion. Il comporte actuellement quelque 200 adresses électroniques et permet un échange d’informations régulier entre toutes les personnes intéressées par le sujet. Il constituera un outil important pour l’organisation de nouvelles manifestations scientifiques.

Élargissement des collaborations scientifiques
En Ile-de-France, ce colloque a aussi été le point de départ de nouvelles collaborations ; un « collectif d’enseignement et de recherche en agriurbanisme et projet de territoire » (CERAPT) a été constitué avec l’Ecole d’architecture de Versailles et AgroParisTech. Son objectif est d’amener sur le marché du travail une nouvelle figure professionnelle, l’agriurbaniste, capable de concevoir et de conduire des projets agriurbains de territoire. Ces nouveaux professionnels seront les concepteurs et les animateurs, qui répondront à la demande croissante de la Région de co-construction de projets de territoire répondant à la fois aux attentes citadines en matière d’aménités (paysage, approvisionnement, etc.) et à celles des agriculteurs, soucieux de la viabilité durable de leurs systèmes agricoles par les stratégies d’entreprise qu’ils choisissent. Ce collectif délivrera les compléments de formation nécessaires aux étudiants issus des formations initiales d’agronomes, de paysagistes et d’architectes. Il commencera ce travail d’innovation pédagogique dès 2008-2009 en mutualisant des enseignements ad hoc délivrés par ces institutions.

L’objectif de ce collectif est également de contribuer à l’approfondissement des recherches sur le concept de territoire agriurbain. Les partenaires scientifiques seront recherchés en Ile-de-France, au-delà des deux équipes que le présent colloque a réunies. Puisque nous avons constaté que nombre de chercheurs travaillent sur ces thèmes sans réelle coordination, il serait utile qu’émerge un programme régional de recherche en agriculture urbaine et projet agriurbain de territoire. Des coordinations sont également à renforcer à l’international, notamment avec l’Italie, le Canada, la Tunisie et le Mexique, pays avec lesquels des liens existent de longue date.

D’autres collaborations franciliennes se mettent également en place autour de la nouvelle spécialité que proposera, à partir de la rentrée 2009, l’Université de Nanterre dans le cadre de son master « Aménagement et urbanisme ». Un parcours « Développement durable et pratique de l’aménagement dans les espaces urbains et périurbains » sera ainsi mis en place avec la collaboration de l’Ecole d’architecture de Paris Val-de-Seine, d’Agrosparitech et de l’Université de Cergy-Pontoise. L’Ecole du paysage de Versailles et l’IUT de Compiègne sont également sollicités, ainsi que des partenaires du monde professionnel avec l’EPASA, la Ville de Nanterre, l’IAURIF, l’Agence des espaces verts et les PNR franciliens.

Avril 2008

Monique Poulot, André Fleury, Roland Vidal

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Les institutions participantes  ^

45 établissements d’enseignement

AgroParisTech    France
Colegio de Postgraduados en Ciencias Agrícolas (México)    Mexique
Ecole d’Ingénieurs de Purpan    France
Ecole nationale de la nature et du paysage (Blois)    France
Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles (EAV)    France
Ecole nationale supérieure du paysage (Versailles)    France
Ecole Polytechnique de Tours    France
Ecole supérieure d’agronomie (Angers)    France
ENESAD (Dijon)    France
ENFA Toulouse Auzeville    France
Facoltà di Agraria di Perugia     Italie
Faculté d’Architecture de Palerme    Italie
Institut supérieur d’agronomie de Chott-Mariem (Sousse)    Tunisie
ISARA Lyon    France
Katholieke Universiteit Leuven    Belgique
Politechnico Bari    Italie
Politecnica delle Marche    Italie
TECOMAH Chambre de commerce et d’industrie de Paris    France
Universidad Nacional del Sur    Argentine
Universita’ IUAV di Venezia    Italie
Universitat de Girona    Espagne
Université Catholique de Louvain-La-Neuve    Belgique
Université d’Angers    France
Université de Bologne    Italie
Université de Caen Basse-Normandie    France
Université de Cologne    Allemagne
Université de Florence    Italie
Université de Genève    Suisse
Université de Lausanne    Suisse
Université de Liège    Belgique
Université de Milan    Italie
Université de Ngaoundéré    Cameroun
Université de Provence    France
Université de Tours    France
Université Hassan II    Maroc
Université Libre de Bruxelles    Belgique
Université Lille I    France
Université Lumière Lyon II    France
Université McGill (Montréal)    Canada
Université Paris IV Sorbonne    France
Université Paris X Nanterre    France
Université Rennes II    France
Université Ryerson (Toronto)    Canada
Université Technique Nationale d’Athènes (NTUA)    Grèce
Université Toulouse-Le Mirail    France

28 organismes d’étude et de recherche

Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)    France
Centre de Recherche sur la Culture Japonaise de Rennes    France
Centre de recherche sur les espaces et les sociétés (CRESO, Caen)    France
Centre International des Hautes Etudes Agronomiques de Montpellier (CIHEAM)    France
Centre national de la recherche scientifique (CNRS)    France
Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et des forêts (CEMAGREF)    France
Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (IAMM)    France
Institut d’estudis territorials (Barcelone)    Espagne
Institut de Recherche Agricole pour le Développement (Yaoundé)    Cameroun
Institut für Ethnologie und Afrika-Studien (IFEAS, Mainz)    Allemagne
Institut National de Cartographie de Yaoundé    Cameroun
Institut national de la recherche agronomique (INRA)    France
Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA, Dakar)    Sénégal
Instituut voor Sociale en Economische Geografie (Leuven)    Belgique
Laboratoire de Géographie comparée (GECKO, Nanterre)    France
Laboratoire « Territoire, ville, environnement et société » (TVES, Lille)    France
Laboratoire de recherches et d’études en sciences sociales (LARESS Angers)    France
UMR 5185 ADES (Bordeaux)    France
UMR 6173 CITERES (Tours)    France
UMR 6570 Telemme (Aix-Marseille)    France
UMR 6590 ESO-CESTAN (Nantes)    France
UMR 7145 LOUEST (Paris)    France
UMR 7533 LADYSS (Paris)    France
UMR Agir (INRA, Toulouse)    France
UMR Dynamiques rurales (Toulouse)    France
UMR Innovation (Montpellier)    France
UMR Métafort (Clermont-Ferrand)    France
UMR SAD-APT (INRA, Paris)    France

27 autres institutions, organismes ou associations

Agence d’Urbanisme du Pays d’Aix (AUPA)    France
Agences des Espaces Verts d’Île-de-France    France
AMAP “Rêve de Terre”    France
ARASEA Ile-de-France    France
Assemblée générale des Chambres d’agriculture    France
Association Alternatives Durables pour le Développement (Mbalmayo)    Cameroun
Association des études foncières (ADEF)    France
Bergerie nationale (Rambouillet)    France
CAUE 78    France
Centre National d’Appui au Développement (CNAD, Kinshasa)    Congo (RDC)
Centre national des Arts et Métiers (CNAM, Paris)    France
Chambre d’agriculture de Seine et Marne    France
Chambre Régionale d’Agriculture PACA    France
Chemin Faisant (agence d’urbanisme et paysage, Paris)    France
Communauté d’agglomération de Marne et Gondoire    France
Communauté urbaine de Lyon    France
Diputació de Barcelona    Espagne
Division Forest, Nature and Landscape (DFNL, Leuven)    Belgique
DRIAF Ile-de-France    France
ETC Urban Agriculture / RUAF    Pays-Bas
Fédération nationale des Safer    France
Institut d’aménagement et d’urbanisme de la Région Ile-de-France (IAURIF)    France
Pays du Chalonnais    France
SICA Versailles Ile-de-France    France
Triangle Vert des villes maraîchères du Hurepois    France
Terres en Villes    France
UNESCO-ALECSO    Tunisie

22 pays représentés

Par les intervenants : Allemagne, Argentine, Belgique, Cameroun, Canada, Congo RDC, Espagne, France, Grèce, Italie, Maroc, Mexique, Pays-Bas, Sénégal, Suisse, Tunisie.

Par les autres participants : Algérie, Chine, Liban, Portugal, République Tchèque, Syrie.

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Liste des intervenants  ^

 

AMEMIYA

Hiroko

Centre de Recherche sur la Culture Japonaise de Rennes

ANDRIEU

Dominique

UMR6173 CITERES

ANTHOPOULOU

Théodosia

Université Technique Nationale d’Athènes

ARNAL

Clément

Université Lumière Lyon2

AUBRY

Christine

UMR SADAPT

BA

Awa

Doctorante AgroParisTech

BACCONNIER

Sandrine

Université Toulouse-Le Mirail

BAKAYOKO

Issa

Institut für Ethnologie und Afrika-Studien

BANZO

Mayté

UMR 5185 ADES

BEN ATTIA

Ons

ISA-ENSP-ENGREF

BERNARD

Cécile

ENESAD Dijon

BERNETTI

Iacopo

Université de Florence

BHATT

Vikram

Université McGill Montréal

BOISCUILLE

C. de

ENSNP

BONNEFOY

Serge

Terres en Villes

BOPDA

A.

Institut National de Cartographie de Yaoundé

BOSSUET

Luc

INRA SADAPT

BOURAOUI

Moez

ISA Chott-Mariem (Tunisie)

BOURDIN

David

Université de Lausanne

BRANDUINI

Paola

Université de Milan

CALLAU

Sonia

Diputació de Barcelona

CHOUIKI

Mustapha

Université Hassan II

CISSE

Cheikh  Tidiane

Université de Genève

COLANTONIO

Rita

 

COLLIOT

Christèle

Chambre Régionale d’Agriculture PACA

CONSALES

Jean-Noël

Université de Provence

DARLY

Ségolène

INRA SAD-APT

DEL BONIFRO

Roberta

Politecnica delle Marche

DELFOSSE

Claire

Université Lyon2 LER

DUBBELING

Marielle

ETC Urban Agriculture / RUAF

DUFOUR

Annie

ISARA Lyon

DUVERNOY

Isabelle

INRA – UMR Agir

FANFANI

David

Dupt – Université de Florence

FARAH

Leila

Université McGill (Montréal)

FERRARIO

Viviana

Universita’ IUAV di Venezia

FOFIRI NZOSSIE

Eric Joël

Université de Ngaoundéré (Cameroun)

FORTIER

Rémi

Chambre d’Agriculture de Seine et Marne

FRAZDI

Emmanuelle

Marne et Gondoire

FROMAGEOT

Audrey

UMR Metafort

GABILLEAU

Typhaine

LARESS ESA Angers

GALLI

Andrea

 

GUEDJE

Nicole Marie

Institut de Recherche Agricole pour le Développement Yaoundé

GUERRINGER

Alain

UMR Métafort

HAMMAMI

Saïda

ISA Chott-Mariem / INA-PG

HAMPARTZOUMIAN

Hélène

Bergerie nationale

HANICOTTE

Violaine

ESA Angers

HIROKO

Amemiya

Centre de Recherche sur la Culture Japonaise de Rennes

HOUMAN

Boubaker

UNESCO (Tunisie)

JARRIGE

Françoise

UMR Supagro – Inra – Cirad

JOIRIS

Véronique

Université Libre de Bruxelles

JOLY

Nathalie

ENESAD Dijon

JOUVE

Anne-Marie

IAMM/CIHEAM

KÉBIR

Leila

UMR SADAPT

LARDON

Sylvie

UMR Métafort Clermont-Ferrand

LAURENS

Lucette

UMR Innovation Montpellier

LE GUEN

Roger

LARESS ESA Angers

LEJOLY

Jean

Université Libre de Bruxelles

LERETRIF

Jeanne

LARESS ESA Angers

LO PICCOLO

Francesco

Faculté d’Architecture de Palerme

LORDA

María-Amalia

Universidad Nacional del Sur (Argentine)

LOUDIYI

Salma

UMR Métafort Clermont-Ferrand

MACCAGLIA

Fabrizio

UMR LOUEST

MARCHEGGIANI

Ernesto

Politecnica delle Marche

MARGETIC

Christine

UMR 6590 ESO – CESTAN

MAROTTA

Paola

Faculté d’Architecture de Palerme

MARRACCINI

Elisa

UMR Métafort

MININI

Maria-Valeria

Dep. ICAR   Politecnico Bari

MELOT

Romain

INRA SAD-APT

MONACCI

F.

Dupt – Université de Florence

MONBUREAU

Barbara

Paysagiste D.P.L.G.

MONDY

B.

UMR Dynamiques rurales (UTM ENSAT ENFA)

MONLLOR RICO

Neus

Universitat de Girona (Espagne)

NAVARRO-GARZA

Hermilio

Colegio de Postgraduados en Ciencias Agrícolas (México)

NDAME

Joseph Pierre

Université de Ngaoundéré (Cameroun)

NGUEGANG ASAA

Prosper

Université Libre de Bruxelles

NIKOLAÏDOU

Sofia

Université Technique Nationale d’Athènes (NTUA)

NOUGAREDES

Brigitte

UMR Supagro – Inra – Cirad

OLIVARES-RODRIGUEZ

Felipe

Colegio de Postgraduados en Ciencias Agrícolas (México)

OLIVIER

Valérie

UMR Dynamiques rurales (UTM ENSAT ENFA)

PARADIS

Sylvie

Ecole d’Ingénieurs de Purpan

PARROT

Laurent

CIRAD département Amis/département Flhor

PASQUIER

C.

UMR SADAPT

PAÜL CARRIL

Valerià

Institut d’estudis territorials (Barcelone)

PELTIER

Christian

LADYSS Paris 1

PEREZ-OLVERA

Ma. Antonia

Colegio de Postgraduados en Ciencias Agrícolas (México)

PERRIN

Coline

UMR Telemme 6570 Aix-Marseille

PILLEBOUE

Jean

Dynamiques rurales  U.T.M.

PLANCHAT-HERY

Claire

UMR Métafort Clermont-Ferrand

POLI

Daniela

Dupt – Université de Florence

QUIBLIER

Gérard

Chambre Régionale d’Agriculture PACA

RAYMOND

Richard

UMR Métafort Clermont-Ferrand

RENARD

Jean

UMR 6590 ESO – CESTAN

RIBAS PALOM

Anna

Universitat de Girona (Espagne)

ROCA TORRENT

Anna

Universitat de Girona (Espagne)

ROUGET

Nicolas

GECKO Nanterre

RUBINO

Adalgisa

Dupt – Université de Florence

RUEGG

Jean

IPTEH-Université de Lausanne

SABATIER

Bruno

UMR Innovation Montpellier

SALAMAÑA SERRA

Isabel

Universitat de Girona (Espagne)

SALOMON CAVIN

Joëlle

Université de Lausanne

SANGIORGI

Franco

Université de milan

SANVITO

Daphne

 

SCAZZOSI

Lionella

Université de Milan

SCHILLECI

Filippo

Faculté d’Architecture de Palerme

SCHWEIGER

Jean-Baptiste

Marne et Gondoire

SEINGIER

Anne

Agricultrice

SEINGIER

Pascal

Agriculteur

SERRANO

José

Ecole Polytechnique de Tours

SERVAIN-COURANT

Sylvie

Université de Tours – UMR6173 CITERES

SOULARD

Christophe

UMR Supagro – Inra – Cirad

STREITH

Michel

CNRS / Laboratoire LADYSS

TASSINARI

Patrizia

Université de Bologne

THAREAU

Bertille

LARESS ESA Angers

TORRE

André

INRA SAD-APT

TROGNON

Laurent

UMR Métafort Clermont-Ferrand

TRUCHET

Stéphanie

UMR Métafort Clermont-Ferrand

VERDELLI

Laura

UMR6173 CITERES

VIANEY

Gisèle

INRA – IAMM

VINCQ

J-L

UMR Dynamiques rurales (UTM ENSAT ENFA)

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Les agricultures périurbaines – Appel

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Les agricultures périurbaines : un enjeu pour la ville

Vers des projets de territoire

Appel à contribution

Le laboratoire GECKO de l’Université de Paris X-Nanterre et l’École Nationale Supérieure du Paysage (partenaire de l’UMR SADAPT – INRA-INAPG) organisent un colloque sur les agricultures périurbaines. Il se tiendra à l’Université de Nanterre du 10 au 12 Octobre 2007 (deux journées de colloque et une journée de terrain). La publication des actes de ce colloque est prévue.

Comité scientifique : Moez Bouraoui (Institut National d’Agronomie, Sousse), Christopher Bryant (U. de Montréal), Pierre Donadieu (ENSP), Jean-Paul Charvet (U. Nanterre), Claudine Durbiano (U. Aix en Provence), André Fleury (ENSP), Yves Hanin (U. de Louvain-la-Neuve), Joe Nasr (U. Ryerson, Toronto), Monique Poulot (U. Nanterre), Dietrich Soyez (U. de Cologne), Christian Thibault (IAURIF), Roland Vidal (ENSP)

Comité d’organisation : Monique Poulot (U. Nanterre), André Fleury (ENSP), Roland Vidal (ENSP).


Les nouveaux modes d’habiter et l’automobilité grandissante des sociétés ont profondément transformé la forme de la ville, de la ville dense à la ville éclatée. Cet étalement urbain (urban sprawl) a donné naissance à un espace original, hybride, qui présente des aspects de marge ou d’entre-deux, avec des caractères simultanément urbains et ruraux : cet espace dit périurbain se caractérise par la prédominance d’espaces ouverts, notamment agricoles qui, de simples réserves pour l’urbanisation dans les années d’après-guerre, sont devenus des éléments essentiels du cadre de vie des habitants de la ville élargie. La forte attirance pour les aménités rurales (les produits, mais aussi le besoin de “ nature ”, d’espace, de liberté…) se traduit par une reconnaissance de la pertinence de l’agriculture au sein du système urbain dont elle contribue à améliorer la qualité de vie ; dorénavant perçue comme une activité aux fonctions multiples, ne répondant plus aux seuls impératifs de production de denrées agricoles, l’agriculture se voit restaurée dans sa relation avec la ville. Dans cette nouvelle configuration, les espaces agricoles du périurbain sont de plus en plus considérés comme des partenaires des nouvelles formes urbaines et des territoires organisés par la ville –surtout quand la notion de “ ville durable ” veut désormais fonder la plupart des pratiques de ceux qui construisent la ville. Dans cette reconfiguration, l’agriculture, qui a su au cours de son histoire intégrer à son fonctionnement de nombreuses innovations technologiques – comme le chemin de fer ou la réfrigération – aussi bien que les recompositions spatiales qu’elles ont induites, est amenée aujourd’hui à s’adapter à de nouvelles mutations.

Ce colloque propose de rassembler les expériences conduites aussi bien sur le plan théorique par des chercheurs de différents horizons que sur le plan pratique par les acteurs de projets impliquant l’agriculture dans ses relations à la ville. Les nouvelles imbrications en construction entre villes et campagnes requièrent des formules originales intégrant des logiques longtemps considérées comme contradictoires : urbaine et agricole, environnementale et économique. Loin des seules pratiques de zonages décrétées avec un strict partage spatial des activités, elles s’apparentent à des démarches souples associant les différents acteurs autour d’un projet de territoire qui inclut le maintien et la promotion d’une agriculture devenue “ bien public commun ” dans son processus de développement urbain. Il s’agira de voir comment ces procédures d’aménagements à l’œuvre autour des grandes agglomérations évoluent aujourd’hui vers l’invention de nouveaux territoires – à l’image des projets de territoires agri-urbains institutionnalisés en France depuis 2001 – qui intègrent leur agriculture périurbaine dans leur projet de développement urbain et associent pour leur gouvernance acteurs urbains et ruraux.

Les communications attendues s’inscriront dans l’un des thèmes correspondant aux trois sessions du colloque qui, durant les trois premières demi-journées, mettront respectivement l’accent sur la position des agriculteurs dans leurs nouvelles relations à la ville, le rôle de l’agriculture dans les projets urbains, et les différences et convergences entre les Nords et les Suds. Les contributions centrées sur des études de cas feront l’objet de discussions en ateliers dans la dernière demi-journée.


 

Session 1 : Agriculteurs et agricultures dans leur relation à la ville

Les évolutions contradictoires et nécessaires des métiers de l’agriculture ont débouché sur la notion d’agriculture multifonctionnelle. En effet, si l’agriculteur est un producteur de biens agroalimentaires, il participe aussi à la création de biens immatériels comme la qualité d’un paysage rural ou le goût du “ terroir ”. Cette tension s’applique tout particulièrement aux agricultures périurbaines insérées dans des systèmes agricoles régionaux et comprises par les nouveaux habitants comme les infrastructures vertes de leur nouveau cadre de vie.

Cet atelier souhaite recenser les stratégies et les nouvelles dynamiques à l’œuvre dans un monde agricole s’ouvrant aux souhaits et aux besoins de la société urbaine dominante.

Quelles stratégies les agriculteurs mettent-ils en œuvre pour s’adapter à la proximité urbaine, aussi bien pour mieux résister aux contraintes qui en découlent que pour tirer parti des nouvelles ressources qu’elle peut engendrer ?

Comment passent-ils de la simple diversification de leur production destinée à satisfaire de nouveaux marchés (circuits courts, agriculture bio, etc.) à une pluri-activité leur permettant de répondre à des attentes autres qu’alimentaires (fermes pédagogiques, gîtes ruraux, agri-tourisme, etc.) ?

Comment répondent-ils, directement ou indirectement, aux attentes citadines de cadre de vie, construisant ainsi une forme d’économie agricole à dimension multifonctionnelle ?
Comment la modernité de l’agriculture trouve-t-elle sa place face à une demande citadine souvent nourrie d’images traditionnelles et de valeurs patrimoniales ?

Il s’agira tout particulièrement de voir comment le concept d’agriculture est amené à évoluer du fait du renouvellement de ses relations à la ville, et quels sont les éléments de différenciation en fonction des caractéristiques agricoles (systèmes de production, pratiques et trajectoires agricoles, formes de faire-valoir, insertion territoriale…) mais aussi des rapports à la ville et des rapport des urbains à la campagne. En quoi cette agriculture est-elle innovante et comment cette innovation progresse-t-elle?


 

Session 2 : Agriculture et projet de territoire urbain

Cet atelier veut interroger la place et le rôle de l’agriculture et des agriculteurs dans les projets de territoire en émergence dans l’espace périurbain. Ce n’est plus simplement le maintien d’une ceinture verte autour des villes qui est en jeu mais la recherche de nouvelles imbrications entre espaces agricoles et sociétés urbaines. Il s’agira tout particulièrement d’identifier comment les agriculteurs deviennent des acteurs territoriaux et quels sont les outils facilitant leurs actions.

Quels types de territoires urbains se structurent en lien avec le monde agricole ?  Comment le territoire agricole, fruit des relations entre la population agricole et son espace cultivé, peut-il s’articuler avec le territoire urbain, fruit des relations de la population citadine avec sa campagne ?

Quelles sont les agricultures concernées ? Quelles fonctions ou valeurs de l’agriculture y sont privilégiées ? Comment y apparaît le débat nature/agriculture ? Quel doit être le rôle de l’agriculture dans le maintien des espaces ouverts et la construction de “ paysages-infrastructures ” propices au développement économique ? Dans ces projets, l’agriculture est-elle un outil de cohésion ou de fracture sociale et spatiale ?

Quelles sont les échelles des projets agriurbains ? Peut-on les penser comme des modèles utiles à une planification d’échelle régionale ? La mise en réseau des expériences est-elle la clé qui permettra de passer de l’initiative locale au projet de territoire à l’échelle de la région urbaine ? Quelles organisations spatiales sont-elles mobilisées ?

Quels sont les acteurs qui portent l’agriculture dans ces différents projets ? Comment les agriculteurs interviennent-ils ? Comment s’articulent les acteurs ? Quelle forme de gouvernance voit-on se mettre en place ? Comment l’agriculture, en tant qu’activité économique dotée de sa propre logique spatiale, peut-elle s’intégrer dans ces nouveaux territoires et ces nouveaux modes de gouvernance territoriale ?

À travers quels outils la place de l’agriculture est-elle intégrée ou mobilisée (pays, PNR, PLU, SCOT…) ? Qu’en est-il du foncier ? Quelles représentations pour ces territoires et quelles actions sont mises en œuvre ?

 


Session 3 : Différences et convergences entre les Nords et les Suds

Les communications relatives à cette session ne seront pas nécessairement des approches comparatives entre nord et sud. Elles pourront relater des expériences singulières, mais on s’efforcera de synthétiser ce qui, dans ces expériences, est susceptible d’être transposable ou, au contraire, ce qui apparaît spécifique aux Nords ou aux Suds.

Entre la fonction première d’une agriculture productrice de denrées alimentaires et son nouveau rôle de gestionnaire de cadre de vie, comment se différencie la hiérarchie des attentes sociales entre les pays du nord et ceux du sud ?

Pour expliquer les nouvelles fonctions de l’agriculture urbaine, la notion de paysage est-elle pertinente dans les pays du sud, ou reste-t-elle un concept importé et mal assimilé par la majorité des habitants ?

À l’inverse, la fonction alimentaire, qui connaît un renouveau dans les pays du nord, représente-t-elle une réelle préoccupation en termes de sécurité alimentaire, ou reste-t-elle anecdotique et d’une importance économique nécessairement limitée ?

Les questions relatives à l’environnement ont-elles, quant à elles, une valeur plus universelle permettant de considérer, de ce point de vue, le rôle de l’agriculture de façon similaire au nord et au sud ?

Le rôle des femmes et des réseaux familiaux est-il un facteur différenciant nettement les pays du sud de ceux du nord ?

 


 

Ateliers

Atelier 1 : Agricultures périurbaines et expériences franciliennes
Thèmes envisagés : Programmes agri-urbains ; projets de Zone d’agriculture protégée ; mise en réseau des expériences ; parcs naturels régionaux ; produits de terroirs, labels et marques…

Atelier 2 : Agricultures périurbaines et gestion des risques environnementaux
Thèmes envisagés : gestion de l’eau ; gestion des incendies ; utilisations des déchets urbains ; pollutions réciproques…

Atelier 3 : Agricultures périurbaines et développement local
Thèmes envisagés : vente directe et circuits courts ; AMAP ; insertion sociale…

Atelier 4 : Agricultures périurbaines, paysage et patrimoine
Thèmes envisagés : paysages identitaires (arbres, vergers, vignes, céréaliculture et grand bocage…) ; sites remarquables ; reconversions du bâti rural…

Les propositions de communication doivent être soumises sous forme d’un résumé d’une page environ, accompagné de quelques mots-clefs. Elles doivent parvenir avant le 15 avril 2007 et être adressées par mail aux trois adresses indiquées sur la fiche d’inscription jointe.

Les réponses seront communiquées aux auteurs à l’issue de la réunion du comité scientifique, au cours du mois de mai 2006.

Note : cet appel a été diffusé le 31 janvier 2007. Plus de 70 réponses nous étaient parvenues à la date limite. Elles ont été soumises pour sélection au comité scientifique qui en a retenu 48. Le programme a ensuite été légèrement modifié pour s’adapter aux propositions retenues.

 

Les agricultures périurbaines – Vol 3

 
Actes du colloque de 2007
«Les agricultures périurbaines : un enjeu pour la ville»
ENSP – Université de Nanterre
 
Volume 3

La diversité des agricultures urbaines dans le monde

Sous la direction de Roland Vidal

École nationale supérieure du paysage de Versailles

 

Contrairement à ce que laisserait penser une analyse succincte de la question, il n’est pas possible de classer en deux types clairement différenciés une agriculture urbaine «du Nord» et une autre qui serait spécifique aux pays dits «du Sud». Une constante émerge cependant quant à la priorité relative qu’occupent respectivement les considérations d’ordre alimentaire et celles qui sont plutôt d’ordre paysager ou environnemental. C’est ce que nous rappelle la description faite par Leila FARAH et Vikram BHATT des territoires «squattés» à des fins strictement alimentaires dans les bidonvilles des pays les plus pauvres de la planète. À un mode d’habitat minimaliste et précaire correspond une agriculture dont la principale finalité est de permettre la survie de ces habitants qui seraient tout de même de l’ordre d’un milliard selon les dernières données de l’ONU.

L’agriculture a donc un rôle important à jouer dans le lutte contre la pauvreté urbaine, mais outre que cette dernière n’est pas réservée au Sud, elle a aussi d’autres fonctions à remplir, et notamment en termes de planification urbaine, comme le montre l’exemple argentin décrit par Isabelle DUVERNOY et Maria-Amalia LORDA. On voit bien, dans ce dernier cas, que la distinction entre Nord et Sud n’est pas toujours pertinente. Ce qui constitue un critère plus important, c’est sans doute la capacité des pouvoirs publics et de leurs diverses composantes à mettre en place une gouvernance interinstitutionnelle efficace, comme l’illustrent bon nombre des exemples présentés ici. Au Mexique, par exemple, les questions environnementales liées à la gestion de l’eau révèlent un enjeu qui dépasse largement l’alimentation des populations puisque c’est l’avenir même du système lacustre sur lequel est implantée la ville de Mexico qui est mis en péril par l’absence d’un plan de gestion pertinent. C’est ce que montrent Hermilio NAVARRO et ses collègues en nous rappelant que les enjeux sont à la fois économiques, environnementaux, paysagers et patrimoniaux.

Mais ces enjeux ne sont pas toujours compris de la même manière par tous les acteurs. Au Sénégal, par exemple, Awa BA a mis en évidence le décalage qui s’exprime entre les différents points de vue. Si chacun pense que les Niayes (dépressions dunaires propices au maraîchage) de Dakar représentent à la fois un site de production agricole et un « poumon vert » pour la ville, les priorités données aux deux fonctions ne sont pas les mêmes pour tous. Pour les agriculteurs, les commerçants et les consommateurs, la fonction alimentaire domine largement, alors que les élus et décideurs s’accordent à donner plus d’importance aux fonctions paysagères et environnementales. Dans une autre grande métropole, Casablanca, Mustapha CHOUIKI met en doute la sincérité d’un désir de nature parfois affiché, mais qui pèse bien peu en regard d’intérêts individuels qui se limitent à la recherche d’opportunités foncières : terrains moins chers pour les classes modestes, parcelles plus grandes et mieux isolées pour les classes aisées. Le résultat, économiquement rentable pour les acteurs qui en tirent profit, est une extension urbaine démesurée, gaspillant des espaces perdus à la fois pour la ville et pour l’agriculture, et engendrant de fortes concentrations démographiques dans des territoires sous-équipés à tout point de vue.

Dans tous ces cas de figure, les tentatives de planification opérées par les pouvoirs publics se heurtent à la difficulté de mettre en place un droit de l’urbanisme capable de contrer concrètement des pratiques spontanées plus ou moins guidées par des réminiscences de droits coutumiers. Ici aussi, la distinction entre pays du Nord et pays du Sud n’est pas toujours pertinente, comme l’illustre l’exemple sicilien présenté par Fabrizio MACCAGLIA. Les «Jardins de la Conque d’Or», qu’il décrit ici, semblent en effet condamnés à une disparition certaine du fait du non-respect des réglementations en vigueur. Face à cet état de fait, les autorités réagissent en durcissant les sanctions prévues par les textes, ce qui ne résout rien puisque celles-ci restent, la plupart du temps, non appliquées : «c’est la certitude de la sanction et non sa dureté qui est dissuasive», nous dit l’auteur.

Ces différents constats confirment bien l’idée que des processus de planification urbaine peuvent avoir fait leurs preuves dans certains pays et ne pas être applicables à d’autres. Des différences majeures dans les contextes historiques, économiques et socioculturels conduisent en effet à des situations singulières qui rendent difficiles les comparaisons entre les pays. Autour de Ngaoundéré, dans le Nord-Cameroun, Éric FOFIRI et Joseph NDAMÉ nous montrent ainsi une situation où l’agriculture subit des mutations profondes, tant territoriales qu’économiques, tout en étant assez bien régulée par un assouplissement spontané des pratiques sociales traditionnelles et alors que les interventions de l’État se limitent à un simple accompagnement. Plus à l’est, dans le nord de la Côte-d’Ivoire, Audrey FORMAGEOT nous explique comment les besoins alimentaires urbains induisent une renaissance de l’agriculture, loin de la ville tout en étant le fait d’acteurs de culture urbaine qui reconstruisent une activité agricole en milieu rural. L’agriculture est urbaine de par son mode de conduite et de commercialisation, rurale de par sa position géographique. Les enjeux en termes d’aménagement du territoire en sont forcément très différents.

Ce qui importe, dans tous ces exemples, c’est que les évolutions contemporaines des relations entre les mondes urbains et leurs agricultures ne pourront pas se faire harmonieusement si les pouvoirs publics se contentent d’imposer des modes de planification qui ne prennent pas en compte les spécificités de chacun des pays et de chacune des populations qui les composent. C’est un peu ce qu’expérimentent Moez BOURAOUI et Houman BOUBAKER dans le projet qu’ils mettent en œuvre dans le Grand Tunis depuis trois ans. Si les arguments de ce projet sont fondés sur des principes universels de lutte contre la pauvreté urbaine, et s’ils s’inscrivent dans le cadre de la prévention du stress hydrique auquel la Tunisie, comme bien d’autres pays, risque d’être confrontée, la mise en place progressive du projet se fait en étroite collaboration avec les agriculteurs eux-mêmes. La réussite de l’expérience, et le modèle qu’elle pourra alors constituer, dépendra étroitement de son acceptation par l’ensemble des acteurs concernés.

 

Articles

VIDAL Roland : «La diversité des agricultures urbaines dans le monde» (introduction). Télécharger le pdf.

FARAH Leila Marie et BHATT Vikram : «Cultiver des territoires squattés». Télécharger le pdf.

DUVERNOY Isabelle et LORDA María-Amalia : «Diversité des fonctions attribuées à l’agriculture urbaine et périurbaine dans la région pampéenne argentine». Article publié dans Environnement urbain, vol 6, 2012. Télécharger le résumé.

NAVARRO-GARZA Hermilio et al. : «Périurbanisation, innovation et risque dans les systèmes horticoles de la vallée de Mexico». Télécharger le pdf.

BA Awa : «L’agriculture périurbaine à Dakar : quelle multifonctionnalité et quelles perspectives ?». Télécharger le pdf.

CHOUIKI Mustapha : «Quelle cohabitation entre le rural et l’urbain dans les espaces périurbains d’une métropole du sud ? : Casablanca». Télécharger le pdf.

MACCAGLIA Fabrizio : «La disparition des derniers jardins de la Conque d’Or». Télécharger le pdf.

FOFIRI NZOSSIÉ Eric Joël et NDAMÉ Joseph Pierre : «Le maraîchage périurbain, un facteur de recomposition socio territoriale au Nord-Cameroun : le cas de Ngaoundéré». Télécharger le pdf.

FROMAGEOT Audrey : «Le maraîchage marchand dans le nord de la Côte d’Ivoire: une agriculture périurbaine loin de la ville ?». Télécharger le pdf.

BOURAOUI Moez et HOUMAN Boubaker : «Valorisation des eaux pluviales et grises en agriculture urbaine pour l’amélioration des conditions socio-économiques des populations défavorisées : Le cas de la ville de Soukra dans le Grand Tunis». Télécharger le pdf.

Les agricultures périurbaines – Vol 2

 

Actes du colloque de 2007
«Les agricultures périurbaines : un enjeu pour la ville»
ENSP – Université de Nanterre

Volume 2

Vers des projets de territoire

Sous la direction d’André Fleury

École nationale supérieure du paysage de Versailles

 

Après les années 60, les espaces ouverts sont devenus une valeur centrale de la conception du projet urbain ; dorénavant, tout document d’urbanisme donne une large place au Vert, décliné sur de multiples registres de planification (ceintures et coupures vertes, etc.) ouvrant ainsi le débat sur l’identité de ce Vert : quelles sont les formes végétales souhaitables, avec quel degré d’artificialité ?  Si, dans les pays du Sud, ce vert périurbain est sans ambiguïté agricole (plus exactement jardinier), du fait de l’urgence de la question alimentaire, il est beaucoup plus divers dans les pays du Nord. Il y est partagé en effet entre des préoccupations récréatives, paysagères, culturelles et environnementales, avec des implications dans le champ urbain qui rendent urbaine l’agriculture périurbaine1 ; cette diversité fonctionnelle traverse la plupart des présentations de cette session. Si l’on y ajoute la revendication d’autonomie du périurbain2 et la fragmentation du tissu urbain sous l’effet de la rurbanisation, on comprend pourquoi les collectivités locales ont cessé de voir dans l’espace ouvert périurbain des réserves foncières et décidé de l’intégrer à leurs choix d’urbanisme. Elles ont  fait ainsi apparaître un nouveau paradigme, le territoire agriurbain, né de la mixité des espaces, celle des populations citadines et rurales et celle de l’espace, bâti et ouvert.

Deux exposés décrivent ce processus de mutation de l’espace initié par l’implantation de citadins dans des paysages ruraux :

Sylvie Paradis révèle au nord ouest de l’Ariège les prémisses de la mutation foncière de Toulouse. L’agriculture de plaine, bien insérée dans des filières extrarégionales, maintient son identité grâce à son dynamisme et sa modernité ; par contre, l’agriculture des coteaux, en déclin, accueille mieux la perspective de périurbanisation (valorisation foncière et espérance des marchés spécifiques de cette nouvelle proximité pour des produits dits de terroir). Quant aux politiques locales, elles se révèlent souvent mal armées pour anticiper et s’adapter à ces mutations territoriales.

Salma Loudiyi, Claire Planchat-Héry et Sylvie Lardon ont examiné l’élaboration du schéma de cohérence territoriale (SCoT) dans le Pays du Grand Clermont-Ferrand, de plus en plus soumis à l’attraction de Lyon. Ce projet de planification montre que les élus ont admis la nécessité de mieux organiser ce territoire émergent. Mais, dans cette étape initiale, les élus communautaires négligent l’agriculture ; ils ignorent la grande culture de Limagne, laissée aux élus locaux, et ne retiennent de l’élevage traditionnel sur prairie que des rôles de coupure d’urbanisation et de composante paysagère du cadre de vie.

On peut y rapprocher le cas suisse où David Bourdin, Jean Ruegg et Joëlle Salomon-Cavin décrivent un changement radical de planification, corollaire d’une transformation du rapport social à l’espace agricole et des stratégies agricoles. L’État était jusqu’alors le garant de l’intégrité de l’espace rural au titre de la sécurité alimentaire du pays et de la ruralité, valeur cardinale de cette Nation. Maintenant, il accepte que la sécurité alimentaire soit assurée dans le contexte Européen et les villes affirment avec leurs citoyens leur responsabilité sur les espaces cultivés du périurbain.

C’est déjà reconnaître une différenciation quasi conceptuelle au sein de l’agriculture périurbaine :

L’agriculture dite de territoire, qui revendique volontiers le monopole sémantique d’agriculture urbaine et invoque la proximité comme valeur cardinale, diversement déclinée par les métiers de l’aménagement (paysagistes, urbanistes, architectes) qui s’invitent dans sa définition et sa mise en œuvre.

L’agriculture de filière agroalimentaire extrarégionale, dont l’aménagement néglige aisément l’organisation territoriale, alors que cette même agriculture participe de la gestion des déchets urbains et structure les paysages périurbains ; c’est ce qu’observent Dominique Andrieu, Sylvie Servain-Courant et Laura Verdelli en Touraine.

Notons que cette diversification n’est pas une différenciation entre exploitations, car beaucoup d’agriculteurs diversifient leur exploitation sur ces deux registres fonctionnels et spatiaux.

D’autres articles analysent les leçons que donnent des territoires où la pression urbaine, intense et ancienne, a fait naître une volonté d’organiser une cohabitation durable avec leur agriculture ; ces villes engagent alors des planifications originales défendant le territoire agricole. On assiste alors à l’émergence de deux catégories de politiques, selon la part laissée aux agriculteurs dans la nouvelle gouvernance territoriale. Neus Monllor Rico, Anna Ribas Palom, Anna Roca Torrent et Isabel Salamaña Serra exposent  le projet de ceinture verte de Gijon (Catalogne, Espagne). La spécificité de ce projet est de reconnaître leur valeur aux filières longues ; en effet, il vise autant la mise en défens de la fonctionnalité agricole des espaces extérieurs dédiés aux filières longues du marché européen que par la mise à disposition durable d’espaces ouverts d’agriculture de proximité ou de desserrement urbain.

A l’opposé, Mayté Banzo et Laurent Couderchet montrent que la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB) s’intéresse moins à l’agriculture sensu lato de son territoire, malgré son extrême diversité, qu’à sa valeur patrimoniale et de localité. C’est pourquoi le maraîchage encore présent (la désertion agricole a été intense) dans le parc des Jalles prend une valeur de modèle pour les élus. Dans cet espace marqué par l’eau (c’est un marais, c’est-à-dire une zone humide aménagée jadis par et pour l’agriculture), et largement repris par la nature après son abandon, ils sont plus sensibles à l’actualité et à la diversité des filières courtes (marchés forains, AMAPs, livraison de paniers à des entreprises, etc.), qui résument pour eux l’agriculture urbaine à sa contribution, même si elle est faible, à nourrir la ville. L’agriculture des périphéries urbaines a beau approvisionner les grandes surfaces locales, porter des signes de qualité aussi prestigieux que les AOC bordelaises, avoir obtenu de l’UNESCO le classement au titre de site culturel, elle est mal reconnue comme urbaine.

Les enjeux du parc agricole de Baix Llobregat (près de Barcelone) ont été dès sa naissance de mettre en défens un espace agricole né de l’aménagement très ancien d’un marais, de permettre aux producteurs de continuer leur métier en l’axant sur le marché local et de mettre en valeur son patrimoine rural. Mais en le présentant, Sònia Callau i Berenguer et Valerià Paül i Carril insistent aussi sur la multifonctionnalité de son agriculture (récréation, éducation, paysage, etc.) et surtout sur l’exemplarité de sa gouvernance où les agriculteurs, initiateurs du projet, restent vraiment parties prenantes. Ce parc, qui a bénéficié de l’appui du programme européen LIFE, a désormais acquis en Europe une valeur de référence et de modèle d’agriculture urbaine.

Enfin, D. Fanfani, F Monacci., Daniela Poli et Adalgisa Rubino tracent un projet d’écorégion urbaine, véritable reconstruction d’un territoire où étaient très dégradés la trame urbaine et son système de relations avec ses espaces ouverts. Pour revenir à l’équilibre, ces auteurs postulent la nécessité d’une approche intégrée, véritable démarche territoriale. Cette réhabilitation porte donc sur :
– le système urbain afin de défendre le polycentrisme et de contrer la régression des petites villes au profit de la ville centre de Florence,
– le lien des systèmes touristiques avec les paysages identitaires aux productions réputées (huiles et vins) et en s’appuyant sur leurs fondements écologiques et leur histoire agraire,
– la promotion de filières courtes et l’agriculture de service. Leur conviction est aussi de considérer qu’agir de façon sectorisée risque d’effacer la compréhension d’un système.

Avec une réflexion sur le paysage, Barbara Monbureau porte un regard critique sur l’aménagement de la plaine d’Aubagne (périphérie marseillaise). La zone maraîchère y a été profondément réorganisée vers 1995 en territoire agraire, si bien que la sécurité foncière durable, la fonctionnalité agricole de l’espace et la commercialisation ont permis la renaissance agricole et la reconquête des friches. Cependant  l’auteure regrette l’insuffisance de la pensée paysagère dont l’effet synergique pourrait être aussi que les habitants vivent mieux la proximité comme une campagne ; il n’y a pas de lieux de rencontre hormis les ventes à la ferme. Pour elle, la limite séparative rigoureuse est un obstacle à une vraie co-construction territoriale, à la conception de la gouvernance partagée.  

En contrepoint, Ségolène Darly et Romain Melot analysent comment le monde agricole d’Ile-de-France réagit à la planification à l’échelle communale ; ils notent que les agriculteurs sont sensibles au maintien de la fonctionnalité agricole, mais que les propriétaires, fussent-ils aussi agriculteurs, restent attentifs à l’anticipation de plus-value foncière. Par contre, ces auteurs n’ont pas vu de volonté forte de ces organisations d’être partenaires de la gouvernance.

Dans le dernier article, Paola Branduini compare les prises en compte du paysage par les politiques publiques conduites à différents niveaux territoriaux du périurbain milanais. Au niveau local de la Province de Milan, le paysage de champs ouverts résulte des dynamiques historiques très anciennes et reste en phase avec les stratégies agricoles contemporaines ; notamment, l’arbre y tient peu de place. Par contre, le niveau territorial supérieur ne s’intéresse qu’à certains éléments (bâti rural, arbres) et perd de vue les logiques systémiques d’organisation de l’espace agraire. Cet appauvrissement conceptuel devient très visible au niveau européen et aboutit à une véritable normalisation du paysage rural aux dépens de l’histoire agraire : pratiquement, l’arbre fait le paysage rural à lui seul. C’est le risque de l’entrecroisement de différents niveaux territoriaux qui obscurcit la vision. Elle retrouve partiellement la posture de Fanfani et al (voir ci-dessus).

Ainsi trois axes structurent ce volume :

– La construction des projets de territoire est partout à l’ordre du jour avec des hésitations sur la gouvernance.
– Corollairement, l’agriculture n’est plus seulement de filière mais aussi de territoire.
– Les modèles européens tendent à jouer un rôle croissant, parfois en opposition avec les réalités locales.

 

Articles

FLEURY André : «Vers des projets de territoires» (introduction). Télécharger le pdf.

PARADIS Sylvie : «Sous l’influence d’une métropole ? Retour sur les modes de gouvernance dans le contexte de périurbanisation récente du Nord de l’Ariège». Télécharger le pdf.

LOUDIYI Salma, PLANCHAT-HÉRY Claire, LARDON Sylvie : «Place de l’agriculture dans l’élaboration d’un projet urbain ; Premières réflexions autour du projet du Grand Clermont». Article repris dans Vertigo, vol 11, n° 2, 2011 et dans la revue Norois 209 | 2008, 37-56, sous le titre «Le SCoT, instrument de gouvernance territoriale ? La conduite locale de la concertation dans le Pays du Grand Clermont». Télécharger le résumé. Accéder à l’article sur Vertigo, sur la revue Norois.

BOURDIN David, RUEGG Jean, SALOMON-CAVIN Joëlle : «De l’agriculture périurbaine au projet ville-campagne: quels enjeux pour la Suisse ?». Télécharger le pdf.

ANDRIEU Dominique, SERVAIN-COURANT Sylvie, VERDELLI Laura : «Le corridor fluvial ligérien en Indre-et-Loire, entre développement de l’urbanisation et conservation des activités agricoles : un enjeu pour l’évolution des paysages». Télécharger le pdf.

MONLLOR RICO N., RIBAS PALOM A., ROCA TORRENT A., SALAMAÑA SERRA I. : «La ceinture verte de Girona, un projet pour la préservation des espaces agraires périurbains de Girona (Catalogne, Espagne)». Télécharger le pdf.

BANZO Mayté, COUDERCHET Laurent : «Agriculture et gestion de l’espace urbain : entre inertie et innovation, filière et territoire. Le cas du parc des Jalles, dans la périphérie Bordelaise». Télécharger le pdf.

CALLAU I BERENGUER Sònia, PAÜL I CARRIL Valerià : «Le parc agricole du Baix Llobregat : un moyen de préserver, développer et gérer un espace agricole périurbain». Télécharger le pdf.

BERNETTI I., FANFANI D., MONACCI F., POLI DANIELA., RUBINO A. : «Le parc agricole comme instrument de l’aménagement stratégique multifonctionnel des espaces périurbains de la Toscane centrale». Télécharger le pdf.

MONBUREAU Barbara : «Vers une agriculture urbaine ; L’exemple de la plaine de Beaudinard à Aubagne». Télécharger le pdf.

DARLY Ségolène, MELOT Romain : «Les formes de contrôle public du zonage agricole : le cas des zones péri-urbaines en Ile-de-France». Télécharger le pdf.

BRANDUINI Paola : «La prise en compte du paysage dans les stratégies des agriculteurs du périurbain milanais». Télécharger le pdf.


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Les agricultures périurbaines (2007)

Colloque international

Les agricultures périurbaines : un enjeu pour la ville

Vers des projets de territoire

Nanterre, 10 au 12 octobre 2007

Organisé par l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et le laboratoire GECKO de l’Université Paris X-Nanterre

avec le soutien de la Région Île-de-France



Les nouveaux modes d’habiter et l’automobilité grandissante des sociétés ont profondément transformé la forme de la ville, de la ville dense à la ville éclatée. Cet étalement urbain (urban sprawl) a donné naissance à un espace original, hybride, qui présente des aspects de marge ou d’entre-deux, avec des caractères simultanément urbains et ruraux : cet espace dit périurbain se caractérise par la prédominance d’espaces ouverts, notamment agricoles qui, de simples réserves pour l’urbanisation dans les années d’après-guerre, sont devenus des éléments essentiels du cadre de vie des habitants de la ville élargie. La forte attirance pour les aménités rurales (les produits, mais aussi le besoin de «nature», d’espace, de liberté…) se traduit par une reconnaissance de la pertinence de l’agriculture au sein du système urbain dont elle contribue à améliorer la qualité de vie ; dorénavant perçue comme une activité aux fonctions multiples, ne répondant plus aux seuls impératifs de production de denrées agricoles, l’agriculture se voit restaurée dans sa relation avec la ville.

Dans cette nouvelle configuration, les espaces agricoles du périurbain sont de plus en plus considérés comme des partenaires des nouvelles formes urbaines et des territoires organisés par la ville –surtout quand la notion de «ville durable» veut désormais fonder la plupart des pratiques de ceux qui construisent la ville. Dans cette reconfiguration, l’agriculture, qui a su au cours de son histoire intégrer à son fonctionnement de nombreuses innovations technologiques – comme le chemin de fer ou la réfrigération – aussi bien que les recompositions spatiales qu’elles ont induites, est amenée aujourd’hui à s’adapter à de nouvelles mutations.

Ce colloque propose de rassembler les expériences conduites aussi bien sur le plan théorique par des chercheurs de différents horizons que sur le plan pratique par les acteurs de projets impliquant l’agriculture dans ses relations à la ville. Les nouvelles imbrications en construction entre villes et campagnes requièrent des formules originales intégrant des logiques longtemps considérées comme contradictoires : urbaine et agricole, environnementale et économique. Loin des seules pratiques de zonages décrétées avec un strict partage spatial des activités, elles s’apparentent à des démarches souples associant les différents acteurs autour d’un projet de territoire qui inclut le maintien et la promotion d’une agriculture devenue «bien public commun» dans son processus de développement urbain. Il s’agira de voir comment ces procédures d’aménagements à l’œuvre autour des grandes agglomérations évoluent aujourd’hui vers l’invention de nouveaux territoires – à l’image des projets de territoires agri-urbains institutionnalisés en France depuis 2001 – qui intègrent leur agriculture périurbaine dans leur projet de développement urbain et associent pour leur gouvernance acteurs urbains et ruraux.

Monique Poulot, André Fleury et Roland Vidal

Accéder aux actes du colloque

Les agricultures périurbaines – Vol 1

 

Actes du colloque de 2007
Les agricultures périurbaines : un enjeu pour la ville
ENSP – Université de Nanterre

Volume 1

Agriculteurs et agricultures dans leur relation à la ville

Sous la direction de Monique Poulot

Université de Paris Ouest-Nanterre-La défense

 

Loin de l’image stéréotypée d’une agriculture en dégénérescence, constituée de petites exploitations agricoles dirigées par des exploitants âgés et sans successeur, image encore largement dominante jusque dans les années 80 (Charvet, 1994 ; Bryant, 1997), l’agriculture périurbaine montre a contrario un visage où coexistent secteurs en difficulté et îlots de réel dynamisme affichant des figures originales volontiers mises en exergue pour caractériser le renouvellement en cours de l’agriculture. La belle ordonnance du schéma de Von Thünen a laissé place à un éclatement des situations à l’image de la situation du sud-est de l’agglomération lilloise décrite par Nicolas Rouget ou de celle du périurbain toulousain évoquée par Sandrine Bacconnier : la lecture des nouvelles formes d’agriculture en périurbain y tient tout autant des logiques de quadrant que de logiques d’anneaux circulaires, de logiques de bassins de production que de logiques urbaines pures, de logiques frontalières que de logiques micro-locales. Cette diversité qui semble la norme dans les pays du Nord correspond à un double processus : d’un part, l’agriculture devenue périurbaine par extension de la ville juxtapose cultures banales et cultures spéciales ; surtout sous la pression tant de la ville que des injonctions européennes, l’agriculture périurbaine est « à la recherche de ses futurs » (Lacombe, 2002). Son étude permet ainsi de revisiter le champ de l’innovation tant agricole que de service dans une logique de multifonctionnalité.

Plusieurs articles interrogent ainsi la proximité (Torre, 2000) comme ressort de la multifonctionnalité autour de la vente directe. Deux équipes toulousaines, autour de Jean Pilleboue et de Bernard Mondy, s’attachent notamment à brosser un tableau exhaustif des nouvelles formes de vente directe depuis les points de vente collectifs jusqu’aux AMAP soulignant toutefois que l’innovation est née de la ville plus que de l’agriculture. Christine Aubry, Leïla Kebir et Catherine Pasquier explorent en Ile-de-France les nouvelles niches, que sont les cantines scolaires récemment converties au bio ou les AMAP, mais dont le développement signifie aussi un approvisionnement hors de la Région. Le ressort proximité/vente directe vient donc soutenir une diversification de l’agriculture périurbaine sous le regard/contrôle des habitants et ainsi œuvrer à un rapprochement entre les deux modalités du périurbain, l’agriculture et l’urbain : il représente un des outils de reconnaissance de l’appartenance à un territoire commun. Les collectivités ne s’y trompent pas qui interviennent pour soutenir les filières et engagent les agriculteurs vers des démarches de qualité ou de terroir. C’est le cas en Ile-de-France autour du bio ou dans le Nord-Pas-de-Calais comme le soulignent qui, Christine Aubry, qui, Nicolas Rouget. C’est aussi dans les zones méditerranéennes la volonté de valoriser des produits d’image, ainsi la vigne et l’olivier en Toscane comme le montre Coline Perrin, ou la viticulture seule dans les pages proposées par Sofia Nikolaïdou, Anne-Marie Jouve et Théodosia Anthopoulou à partir d’une approche comparée entre la plaine de Messogheia à l’est d’Athènes et le territoire du SIVOM « entre Vène et Mosson » près de Montpellier.

Plus encore, l’agriculture périurbaine se convertit au « panier de biens et de services » (Pecqueur, Roux et Vollet, 2004) pour offrir une gamme variée de produits matériels et de l’immatériel, l’objectif étant clairement de capter une clientèle toujours plus large mais aussi d’élaborer l’image et la réputation du territoire de culture pour aller vers un consensus autour du maintien de l’agriculture. Coline Perrin montre comment l’Autre Tocane, la Toscane rurale, joue de ses potentialités paysagères et culturelles liées à l’agriculture pour aller vers « des systèmes locaux agritouristiques » à l’image des districts industriels. Nicolas Rouget dépeint dans le périurbain de Lille des agriculteurs multi-produits, muti-services, multi-cartes soucieux de répondre aux demandes urbaines de logements, de services à la personnes, de tourisme tout autant que des produits. Ces innovations, simples adaptations-diversifications pour certains, se développent rapidement au risque parfois « de rendre l’activité agricole marginale».

Au vu des évolutions en cours, la plupart des observateurs s’accordent pour diagnostiquer l’avènement « d’une nouvelle agriculture dont le statut juridique et fiscal et sans doute à redéfinir » (Lacombe, 2003) qui appelle la redécouverte et l’institutionnalisation des fonctions de services. En périurbain, plus rapidement qu’ailleurs, les contours de l’activité agricole et du métier d’agriculteur sont en train d’être redessinés. L’agriculteur semble quitter son statut d’entrepreneur agricole producteur de biens alimentaires pour endosser celui plus complexe d’entrepreneur rural, émargeant tantôt comme producteur indépendant, tantôt comme vendeur ambulant, tantôt comme animateur rétribué par l’Education nationale ou les Affaires sociales, tantôt comme jardinier de la nature, salarié du département ou de la commune… Il devient un travailleur sous contrat pour un grande part de ses prestations, avec des interlocuteurs multiples, privés et/ou publics, individuels et/ou collectifs, et avec des marges de manoeuvre somme toute limitées « dans un cadre prédéterminé où se matérialisent les images portées par la culture urbaine contemporaine attachée aux valeurs de patrimoine (association arbre-agriculture, bâti ancien, systèmes agricoles reliques, réhabilitation d’aménagements agricoles anciens) mais proscrivant la plupart des indicateurs visuels de l’agriculture moderne » (Donadieu et Fleury, 2003)

A priori, trois trajectoires assez inégales en importance et variables selon les espaces périurbains se peuvent décliner pour caractériser les exploitations en  périurbain. Elles placent au centre de leur problématique qui, la fonction de production et de commercialisation, qui, celle de rente et de patrimonialisation, qui enfin celle de portefeuille d’activités. La première est notamment le fait des exploitants franciliens ou nordistes peints par Nicolas Rouget ; la seconde se retrouve en Toscane avec « les grandes exploitations qui misent tout sur le tourisme pour valoriser leur patrimoine » dit Coline Perrrin ; la troisième moins fréquente est une des figures retenues par Bertille Thareau et R. Le Guen dans les Pays de la Loire. Dans tous les cas, « on aboutit à une réinvention de la profession fondée sur une réorganisation et sur une redéfinition de ses normes d’excellence » (Thareau et Le Guen) qui signifie un véritable partage d’expertise entre les usagers de l’espace, agriculteurs d’un côté et habitants/aménageurs/collectivités territoriales de l’autre. L’entrepreneur rural connaît une multiplicité de lieux et d’espaces, liée à la multiplicité de ses activités ; il est engagé dans des rapports nouveaux, individuels ou collectifs, qui déplacent le cœur du métier du technique au relationnel. C’est bien le sens des enquêtes menées en Pays de la Loire ou autour de Dijon, Chalon sur Saône et Lyon : Nathalie Joly, Annie Dufour et Cécile Bernard soulignent notamment « le malaise des agriculteurs qui voient leurs pratiques de plus en plus sujettes à des remises en cause et leur rôle social au sein des communes affaibli bien qu’ils en occupent encore majoritairement l’espace ». La communication autour de l’agriculture, développée par les Collectivités, place les agriculteurs au cœur d’un nouveau champ de relations et sous le regard des habitants. Les nouvelles modalités d’organisation sont des formules de coordinations d’acteurs réunissant producteurs et consommateurs comme dans les AMAP.

A l’évidence « l’enjeu n’est pas que de connaissance » qui renvoie aussi à « des questions identitaires et sociales » (Joly et alii) et ouvre le champ à une géographie des conflits en périurbain dans le sillage de Philippe Cadène (1990). Ségolène Darly et André Torre montrent ainsi en Ile-de-France, à partir d’un dépouillement de la Presse régionale, combien « l’institutionnalisation de la biodiversité comme critère d’évaluation de la qualité de l’environnement » et « la reconnaissance des paysages en termes de valorisation foncière du voisinage » donnent lieu à des conflits préventifs plus que curatifs où finalement l’agriculture est souvent instrumentalisée pour conserver des espaces ouverts. L’agriculture en périurbain devient ainsi le support et le fondement de territoires revendiqués par les populations habitantes avec de nouvelles formules de gouvernance rassemblant la participation associative, l’implication d’élus non agricoles, les logiques de clubisation des communes et de coordination d’intérêts communaux ainsi que les structurations anciennes des agriculteurs (syndicats et chambres d’agriculture). Michel Streith ne dit pas autre chose à partir de l’expérience du domaine de Villarceaux en Val d’Oise où « l’innovation dans un tryptique agriculture/ville/campagne qui oblige à créer des configurations relationnelles dépassant le cadre de la catégorie professionnelle ». La mise en place des territoires de projet comme les programmes agri-urbains mais aussi la négociation lors de l’élaboration des Schémas de Cohérence territoriale en sont d’autres illustrations, à d’autres échelles, avec ce glissement désormais achevé de la compétence agricole à la ville, lequel marque la reconnaissance de l’agriculture dans la ville. Sandrine Bacconnier le relate clairement pour le SICOVAL toulousain : si la démarche mise en œuvre prend acte d’un nécessaire développement urbain et rural partagé elle s’accompagne aussi d’une hybridation des projets d’aménagement et de développement agricole devenu champ d’action publique des collectivités territoriales et des collectivités territoriales urbaines.

Cette logique de transaction (Vanier, 2005) qui semble devenir une nouvelle norme dans les rapports agriculture-ville ne saurait faire oublier les questions foncières, grands classiques des études sur l’agriculture périurbaine (Charvet et Brunet, 1994, Charvet et Poulot, 2006). Le thème transparaît dans la quasi-totalité des articles mais il n’a guère été abordé de front, signe d’un changement majeur dans les modes d’approches des sciences humaines, au point que certains parlent d’une vision urbaine de l’agriculture (C. Perrin). De fait, ce sont bien les complémentarités qui sont analysées par les chercheurs de ce volume et l’entrée dominante devient celle d’une planification intégratrice des adaptations en cours. La contribution de Gisèle Vianey et de José Serrano sur les derniers outils créés de protection du foncier agricole en périurbaine, soit les Zones d’agriculture protégée mises en place par la Loi d’Orientation agricole de 1999, en témoigne de manière exemplaire. Dans l’exemple développé, la ZAP de Drumetazt, l’outil sert d’abord une politique de structures au service du modèle agricole dominant mais dans le cadre d’un projet urbain, ce qui le rend quasi impossible. L’analyse vaut plus largement qui rappelle la difficulté toujours réelle à «considérer le foncier comme un élément structurant du projet de développement territorial durable».

 

Bibliographie

Bryant Christopher, 1997, «L’agriculture périurbaine : l’économie d’un espace innovateur», Cahiers d’Agriculture, 6-2, p. 125-130.

Cadène Philippe, 1990, «L’usage des espaces périurbains. Une géographie régionale des conflits», Etudes Rurales, 118-119, p. 235-267.

Charvet Jean-Paul, 1994. «Introduction : nouvelles approches et nouvelles questions à propos des agricultures périurbaines». Bulletin de l’Association des Géographes Français,  vol. 71, n°2. p.119-122.

Charvet Jean-Paul, Poulot Monique, 2006, «Conserver des espaces ouverts dans la métropole éclatée : le cas de l’Ile-de-France», in DORIER-APPRILL (dir.), Ville et environnement, Paris, Sedes, chap. 10, p. 332-369.

Donadieu Pierre, Fleury André, 2003, «La construction contemporaine de la ville-campagne en Europe», Revue de Géographie Alpine, n° spécial, « es agriculteurs dans la cité», T . 91, 4, p. 19-29.

Lacombe Philippe, 2002, L’agriculture à la recherche de ses futurs, La Tour D’Aigues, L’Aube-DATAR.

Pecqueur Bernard, Roux Emmanuel, Vollet Dominique, 2004, «Les ressources font territoire, les institutions aussi : des produits aux territoires de l’Aubrac et des Baronnies», Colloque de la Société Française d’Economie Rurale, Lille 18-19 novembre 2004, 11p.

Torre André, 2000, «Economie de la proximité et activités agricoles et agroalimentaires», Revue d’Economie Régionale et Urbaine, 3, p. 415-453.

Vanier Martin, «La relation ‘ville-campagne’ re-interogée par la périurbanisation», in Cahiers français, 2005, 328, p. 13-21.

 

Articles

POULOT Monique : «L’agriculture en périurbain : agricultures en invention ou nouveau métier ?” (introduction). Télécharger le pdf.

ROUGET Nicolas : «Adaptations et diversification de l’agriculture dans les espaces urbains et périurbains. Entre spécialisation et reconversion. Le cas de la périphérie Sud-est de l’agglomération lilloise (Pévèle-Mantois)». Télécharger le pdf.

BACCONNIER Sandrine : «Vers un développement agricole périurbain : l’exemple de la Communauté d’agglomération du SICOVAL». Télécharger le pdf.

PILLEBOUE Jean, POUZENC Mickael : «AMAP et PVC : vers de nouvelles formes périurbaines d’agriculture et de consommation alimentaire ?». Télécharger le pdf.

MONDY Bernard VINCQ Jean-Louis : «Evolution des formes de vente directe : lorsque des agriculteurs du milieu périurbain s’organisent». Télécharger le pdf.

AUBRY Christine, KEBIR Leila, PASQUIER Catherine : «La (re-)conquête d’une fonction alimentaire de proximité par l’agriculture francilienne ? Quelques questions issues d’études de cas». Télécharger le pdf.

PERRIN Coline : «L’agritourisme dans les collines périurbaines de Toscane». Télécharger le pdf.

NIKOLAIDOU Sophia, JOUVE Anne-Marie, ANTHOPOULOU Théodosia : «La dynamique de la viticulture en zones périurbaines. Etude comparative entre Athènes et Montpellier». Télécharger le pdf.

THAREAU Bertille, LE GUEN Roger : «Etre agriculteur près des villes, inventer des modèles professionnels  ». Télécharger le pdf.

JOLY Nathalie, DUFOUR Annie, BERNARD Cécile : «Sociabilités locales et perceptions de l’agriculture périurbaine». Télécharger le pdf.

DARLY Ségolène, TORRE André: «Les conflits liés aux espaces agricoles et la gouvernance des territoires en Ile-de-France : une étude à partir du recensement de la presse quotidienne régionale». Télécharger le pdf.

STREITH Michel : «Les agriculteurs et la reconstruction du lien social. Actions innovantes en milieu périurbain parisien». Télécharger le pdf.

VIANEY Gisèle, SERRANO José : «Les Zones agricoles protégées (ZAP) : un outil pour un urbanisme agricole ?». Télécharger le pdf.


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