TPFE

Travaux personnels de fin d’études

Le mémoire de travail personnel de fin d’études est le dernier exercice de formation des étudiants paysagistes. Il est présenté devant un jury composé de paysagistes, d’enseignants et de personnalités extérieures à l’école. Cette rubrique est destinée à faire connaître les meilleurs travaux des étudiants en indiquant leur intérêt du point de vue d’une recherche par le projet.

2016 : Antoine Gabillon : Des marchés urbains aux vallées humides de Kigali, préserver le modèle de production et de distribution locale dans une capitale moderne.

2014 : Maxime Diédat : Faire intervenir la ruralité dans l’aménagement de Marseille.

2011 : Amélie Blachot : Trait d’union, Interaction des micro et macro échelles au sein de la ville de Grenoble, polarité ouest, prolongement nord.


2016

 

Antoine Gabillon : Des marchés urbains aux vallées humides de Kigali, préserver le modèle de production et de distribution locale dans une capitale moderne.
Mémoire de TPFE sous la direction de Miguel Georgieff, paysagiste DPLG

Cette recherche sur le système d’alimentation de la ville de Kigali au Rwanda a débuté à la Technische Universität de Berlin en 2014,  en complément des études à l’ENSP Versailles, en erasmus. Elle établit une continuité entre l’apprentissage de méthodes nouvelles de travail à l’échelle territoriale et l’approche paysagiste enseignée à Versailles. Ce parallèle complémentaire a représenté une richesse d’approche d’un travail qui combine l’objectivité de l’analyse spatiale avec la singularité d’une approche de terrain basée sur la rencontre avec les lieux et ses acteurs.
L’atelier de grand territoire encadré par l’urbaniste et architecte colombienne Maria Agudelo Ganem et le paysagiste allemand Christoph Kasper, s’est axé sur une analyse systémique de la capitale africaine. Sans arpentage du terrain, cette analyse globale cerne acteurs, lieux et situations hors de leurs échelles respectives. Elle permet de montrer les interactions qui s’exercent entre une ville en pleine expansion et son paysage agricole en déliquescence. Elle témoigne de l’émergence d’un système de distribution que se mondialise, de la rizière des vallées humides de Kigali aux avions cargo qui s’envolent pour l’Europe.
Par cette étude se dessine une vue générale qui permet de donner les premières hypothèses. Le projet commence ainsi, la thèse, première intention, propose d’interagir dans la configuration observée. Propre à l’école allemande, cette prise de position précoce émancipe le paysagiste du terrain et fait confiance à son intuition. Elle questionne le rôle du paysagiste quant à son interaction avec le système décrit.
Le premier voyage au Rwanda organisé par l’université a permis à Antoine d’affiner ses recherches et de tester ses premières hypothèses de projet. Le workshop international sur le site à ensuite fait entrer le projet dans une réflexion à l’échelle locale. Dans le quartier de Agatare, les premiers outils du paysagiste se sont révélés. L’emprise de l’agriculture urbaine et les usages de l’espace public sont devenus les cibles du projet.
A la suite de cette expérience, le TPFE a débuté par une posture méthodologique différente, complémentaire, qui a permis à Antoine de faire un diagnostic précis. Il décrit les différents moyens de production et de distribution alimentaires dans Kigali et leurs interactions avec l’évolution des paysages urbains en mutation. Ce travail montre ainsi comment l’agriculture urbaine perdure dans une ville de plus d’un million d’habitants, et comment cette agriculture favorise les interactions sociales, supporte une économie locale et réduit l’impact des urbains sur l’environnement.
Lors de sa seconde mission de terrain, Antoine est allé seul tester et vérifier les intentions de projet à une échelle locale, en retournant à Agatare. Les contacts pris lors de son premier passage lui ont permis d’échanger avec les politiques locaux et les acteurs des lieux pour éprouver ses premières esquisses. Ce temps a ainsi été celui du dessin in situ, expérimentant de nouvelles formes d’espace public et de production urbaine pour l’avenir de Kigali.
Les échanges continus avec les paysagistes et architectes allemands et français ont tout au cours de l’année guidé et enrichi le projet d’Antoine et combiné de façon complémentaire et critique les pédagogies des deux écoles. Le workshop international organisé à Versailles sur le thème des villes africaines en février 2017 prolonge l’association en invitant Antoine à encadrer les étudiants pour s’intéresser depuis l’Europe aux problématiques urbaines spécifique au continent Africain.

Miguel Georgieff, janvier 2017

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2014

Diedat_couvMaxime Diédat : Faire intervenir la ruralité dans l’aménagement de Marseille
Mémoire de TPFE sous la direction de François Vadepied, ENSP Marseille.

Quel projet permettrait de redonner à Marseille les lieux agricoles que la ville a perdus ? Non dans la perspective nostalgique de retrouver la magie des bastides d’autrefois, mais avec l’idée de nourrir les citadins et de recycler les déchets qui peuvent l’être. Pour esquisser ce projet, Maxime Diédat raconte d’abord les expériences qui, dans le cadre de sa formation, l’ont amené à se doter des outils d’une nouvelle vision de la ville à nouveau rurale : par exemple avec la fabrication de « lasagnes » pour produire un sol avec les déchets organiques du quartier de la friche de la Belle de mai, ou encore avec la mise en place d’un rucher pour retrouver les abeilles pollinisatrices.
Puis il analyse la disparition des espaces agricoles, la pénurie d’espaces plantés et la nécessité pour les Marseillais de recourir aux collines périphériques pour leurs loisirs. Il choisit la Dorsale de Longchamp, les quartiers nord, comme périmètre de son projet en soulignant le caractère des lieux laissés par l’histoire (les traverses, les bastides, les casernes, etc.). Puis il identifie huit sites de projets qu’il met en réseau comme un vaste archipel de parcs d’une vaste ferme urbaine « éclatée ». Car cette ferme urbaine sera chargée de « digérer » les déchets organiques de la ville autant que de produire légumes et fruits pour les habitants des quartiers.
L’intérêt de ce travail très illustré où est mise en images convaincantes la nouvelle scénographie de la ville est sa justesse à la mesure de l’utopie qui l’inspire. Pourquoi avoir choisi ce mémoire parmi beaucoup d’autres qui aborde le même sujet ? Parce que Marseille est sans doute l’une des métropoles françaises où le tissage de ces réseaux verts agriurbains est le plus nécessaire et le plus urgent. En témoignent d’ailleurs le nombre croissant de jardins partagés et familiaux qui font aujourd’hui à Marseille l’objet d’un programme national de recherches (programme ANRJASSUR).
Ce qui est à mes yeux original, et justifie la notion de recherche par le projet, concerne la stratégie de l’archipel agriurbain géré comme une ferme urbaine. On aurait aimé que les figures de ces nouveaux agriculteurs urbains soient plus précises et que le lien entre jardinages amateurs et agricultures d’entreprises soit approfondi. C’est une nouvelle recherche à envisager qui concerne peut-être plus des agronomes dans le cadre de projets communs avec des paysagistes.

Pierre Donadieu

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2011

Blachot_couvAmélie Blachot : Trait d’union, Interaction des micro et macro échelles au sein de la ville de Grenoble, polarité ouest, prolongement nord.
Mémoire de TPFE sous la direction de Bruno Tanant.

Comment faire rentrer le paysage, le territoire intrinsèque à chaque site, dans le projet de paysage ? Comment faire écho dans la ville à la montagne et à ses forces telluriques ? Pour Amélie Blachot, projeter c’est se projeter dans un site qui est d’abord vécu, ressenti et incorporé, tout au long d’une année, au fil des saisons et au rythme des jours.
Amélie Blachot montre très bien, par une succession d’images et de courts textes sur fond noir comment l’harmonie qu’elle recherche n’est plus présente à Grenoble. Alors, ses efforts, en se réappropriant la géométrie de la ville, vont tendre à construire méthodiquement ce qu’elle appelle l’Essentiel. Cette quête personnelle ne distingue pas les sensations et la réalité physique, elle les associe intimement pour produire le lien mésologique des lieux avec la matrice géographique du site.
Depuis 40 ans dans l’école de Versailles, il n’est plus original d’en appeler au monde sensible, poétique et physique pour fonder un projet. Cette posture est devenue l’essence même de la culture paysagiste. Projeter, c’est se projeter, être le monde dans ses paysages incorporés.
Au cours de la présentation du diplôme, sept espaces rendent compte de la perception de la ville par Amélie Blachot, sous les yeux de Michel Corajoud, Michel Viollet, Olivier Marty et Bruno Tanant.
Ce qui est remarquable ici c’est d’avoir tenu le fil herméneutique jusqu’au bout de la quête, d’avoir explicité un réseau de relations qui s’enracinent dans la permanence singulière du site, et ainsi d’avoir construit une subjectivité partageable et probablement universelle.

Pierre Donadieu

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