Le paysage culturel du vignoble dans le Bien Unesco Val de Loire : caractérisation et conservation inventive d’une ressource patrimoniale.
Direction : Patrick Moquay et Isabelle La jeunesse
Contexte
L’histoire de la domestication d’une liane sauvage, Vitis sylvestris (cat. Sativa) devenue Vitis vinifera, celle qui porte les fruits du vin, est à l’origine de paysages culturels singuliers et marqueurs d’identité territoriale depuis l’Antiquité. Quatorze d’entre eux, tous vignobles européens, ont été reconnus par l’Unesco entre 1997 et 2015 pour leur Valeur Universelle Exceptionnelle. Le Val de Loire inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2000 considère la vigne comme l’une des composantes de son paysage culturel. Sa caractérisation est à rechercher dans sa relation au fleuve, à la pierre, au jardin et au parc paysager, écrins du château, de la demeure de villégiature et aussi du domaine viticole. L’inscription Unesco a ouvert un nouveau champ d’investigation, celui de la qualification d’un terroir viticole à partir de ses spécificités patrimoniales et paysagères. La charte internationale de Fontevraud signée à Angers en 2003 est le point de départ de cette nouvelle approche qui explore autrement les rapports du vin au lieu en associant les collectivités locales et gestionnaires de sites patrimoniaux aux professionnels de la viticulture et du tourisme. Cette démarche deviendra européenne dès 2005 avec la mise en réseau des vignobles inscrits au patrimoine mondial sur les mêmes principes de connaissance et de valorisation.
Objectifs
Cette recherche s’inscrit dans cette dynamique et veut définir les principes d’une action paysagère viticole s’inspirant de ceux du Plan de paysage, à partir de deux objets de recherche :
- La définition d’objectifs de qualité d’un terroir viticole : il s’agit d’interroger l’histoire de ces alliances entre le vigneron et son environnement, naturel et culturel, qui ont permis de fabriquer les plus beaux équilibres de vin et de paysage. L’objet est d’identifier les conditions d’émergence et de reconduite de ces « innovations réussies » pour garantir la pérennité d’une production et son prestige.
- Les principes d’action pour la mise en œuvre de ces objectifs : il s’agit d’interroger les outils et pratiques de conservation de ces héritages paysagers. La finalité est d’explorer l’idée d’un Parc viticole paysager pour la connaissance, la protection et la valorisation d’une identité territoriale partagée entre professionnels de la vigne, du vin et du tourisme ainsi qu’entre habitants et visiteurs, une contribution au renforcement de la résilience du vignoble face aux mutations climatiques et sociétales.
Corpus d’étude
La recherche se développerait sur un corpus de lieux-paysage en Val de Loire, façonnés par la vigne au sein des AOP suivantes : l’AOP Savennières (Maine-et-Loire), l’AOP Chinon (Indre-et-Loire), l’AOP Cour-Cheverny (Loir-et-Cher), l’AOP Touraine-Chenonceaux (Indre-et-Loire/ Loir-et-Cher). Méthode La caractérisation des objectifs de qualité serait bâtie sur un diagnostic archéologique, historique (don t l’étymologie des lieux-dits) et paysager complété par une analyse diachronique (outil ZA-Timeline- UMR CITERES). Cette qualification serait mise en perspective avec l’analyse des regards des acteurs et des habitants du territoire sur ces héritages paysagers (interviews de personnes ressources et création de plateformes participatives). . La mise en œuvre des “objectifs de qualité” serait fondée sur des principes de « conservation inventive » pour une adaptation aux enjeux économiques et climatiques, en complément du cahier des charges de l’Appellation d’Origine contrôlée. Les paysages culturels viticoles européens, Biens Unesco, seraient mobilisés, au cas par cas, sur les pratiques en matière de caractérisation et de conservation inventive contribuant à leur résilience et leur valorisation.
Partenariat scientifique et professionnel
Cette recherche dirigée par Patrick MOQUAY au sein du laboratoire de recherche en Projets de paysages (ESNP Versailles) bénéficiera : – d’un partenariat scientifique avec le laboratoire CITERES de l’Université de Tours, Isabelle LAJEUNESSE, Géographe de l’environnement, MCF-HDR /Samuel LETURCQ, Historien médiéviste, MCF ainsi qu’avec le laboratoire ARTEHIS de l’Université de Bourgogne, Jean-Pierre GARCIA, Géoarchéologue des terroirs, PR1; et – d’un double encadrement professionnel : Sébastien GIORGIS, Architecte DPLG – Paysagiste concepteur – Urbaniste SFU, Paysagiste-Conseil de l’État, Fondateur du Réseau Méditerranéen de la Ville et du Paysage VOLUBILIS et Pierre-Marie TRICAUD, Ingénieur agronome, Architecte-paysagiste, Docteur en urbanisme et Membre votant au Comité international ICOMOS Paysages culturels.