La Métropole Jardin

      Pierre DAUVERGNE, paysagiste, est Directeur d’étude à l’OREALM, de mai 1969 à 1973. Auparavant, Il quitte en 1969, sur les conseils de Jacques SGARD le groupe d’études, « Ville Campagne », du STCAU (Service Technique Central d ’Aménagement et d’Urbanisme du Ministère de l’Equipement), dirigé par Rémi PERELMAN, pour intégrer l’équipe de l’OREALM, qui se met en place. Dans le même temps, jusqu’en 1970, Il milite au sein du Groupe d’Etude et de Recherche sur le Paysage (Association GERP au sein de l’ENSH), et au-delà, dans l’Association « PAYSAGES ».   Il est également enseignant à la Section du Paysage et de l’Art des Jardins (SPAJ). Dès 1972, il participe aux actions du premier cycle de formation au paysage d’aménagement menées par « l’Association PAYSAGES ». En 1973, il a en charge l’« appui technique » aux tous nouveaux chefs des Ateliers Régionaux des Sites et Paysage (ARSP), puis aux Directeurs Régionaux de l’Environnement. II quitte alors l’OREALM, en phase d’élaboration du schéma d’aménagement. Ce schéma est publié en provisoire en 1974, puis en définitif en 1975. En 1973, l’OREALM devient l’OREAC, afin d’élargir les études à l’ensemble de la Région, et non plus seulement à la Loire Moyenne. En 1976, le CNERP, Centre National d’Etude et de Recherche du Paysage, prend la suite de l’’Association « PAYSAGES ». Ce texte, correspond au chapitre 4 du texte intitulé « L’émergence du « Paysage d’aménagement » en France – 1967 /1985 parue sur « TOPIA – Histoire de l’ENSP ».

 LE CONTEXTE

     En 1967, lors de la création du Ministère de l’Equipement et du Logement, le vote de la LOF, la Loi d’Orientation Foncière, le STCAU est mis en place. Il comprend une centaine d’experts dans tous les domaines de l’aménagement et de l’urbanisme. Une dizaine d’équipes thématiques sont créées, dont celle des « relations Ville – Campagne » animée par l’ingénieur agronome Rémi PERELMAN. Outre ses travaux, notamment la série des documents « les éléments principaux du site », les références pour conduire les études de paysage à mener dans le cadre des OREAM sont très peu nombreuses. L’architecte, Inspecteur Général de la Construction, Paul DUFOURNET a confié une étude à la CINAM-SCAU, dont les résultats sont publiés fin 1969 : « La mise en valeur et la protection des paysages – de la protection des paysages à la mise en valeur du milieu de vie ». De son côté, Robert DELAVIGNE, directeur de la « Division de l’espace ouvert » à l’IAURP mène plusieurs études et diffuse les expériences étrangères, principalement anglo-saxonnes, en matière de paysage et d’environnement. En 1958, Jacques SGARD soutient une thèse à l’Institut d’Urbanisme de Paris sur le thème « Récréation et espaces verts aux Pays-Bas ». C’est la première étude, qui annonce les travaux dans le domaine du « Grand Paysage ».

     Nous étions tous novices en matière d’aménagement régional. J’ai eu la grande chance d’avoir été introduit en 1969, par Jacques SGARD, dès le démarrage de l’équipe de l’OREALM. C’était à la suite de ma participation au sein du STCAU, Jacques SGARD et Bernard LASSUS étant consultants auprès de la Direction.

      En 1968, le STCAU organise une journée sur le thème « Le site dans l’aire d’aménagement » avec la participation des membres des OREAM pour « recenser les méthodes d’approche du problème, les analyses et leur utilisation, les diverses formes de synthèse ». Quatre « spécialistes » du domaine ont présenté une contribution en préalable aux échanges entre participants : DURAND DASTES, géographe à la Sorbonne, SIMONIN et LETERRIER, cartographes au CNRS, et Jacques SGARD, paysagiste-urbaniste, consultant du STCAU. Pour lui, trois questions doivent être traitées : « le dynamisme des groupements de végétation, la réelle aptitude des sols à supporter telle végétation, et le type d’adaptabilité des groupements ». In fine, le compte rendu de cette réunion propose un Plan et contenu des « dossiers de site ».

     Outre mes travaux sur la « Forêt », et la « Végétation », j’ai pu notamment participer, aux réflexions d’un groupe de travail du STCAU sur le maintien des espaces agricoles et les questions d’environnement dans les aires urbaines. Ce groupe, dit le « Club des OREAM », rassemblait entre autres, les paysagistes des OREAM, et le représentant « environnement » de l’APCA, l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture. Une époque, où à l’image des Pays-Bas, étaient inscrits dans les documents de planification des polders, des « plans de paysage », des « ceintures vertes », « coulées vertes », ou « coupures vertes », que Jacques SGARD a importé.  (« Plan de paysage » – N° 1 de la revue « Aménagement et Nature » – 1966).

Plus tard, en 1975, le bureau d’étude « PAYSA » (Paul CLERC et Caroline BAUDELOT) réalise pour le compte du Ministère de l’Equipement, et du Ministère de la Qualité de la Vie et de l’Environnement, « une contribution à la méthodologie des études d’aménagement ». Publiée à la Documentation Française. Par ailleurs, en 1976, le CNERP (Ssuzsa CROS, Pierre DAUVERGNE, Jean-Pierre SAURIN et Sarah ZARMATI), prépare le séminaire de Cabourg « Paysage et aménagement – les approches paysagères », pour le compte du Ministère de la Qualité de la Vie. C’est dire, qu’auparavant, nous n’avions que très peu de références d’études en matière de prise en compte du paysage à des échelles régionales, les actions en la matière étant toutes nouvelles.

Couverture de la plaquette de l’OREALM :

       L’OREALM est une organisation, qui relève des OREAM, Organisation d’Etudes d’Aménagement des Aires Métropolitaines mises en place par la DATAR à partir de 1966., décision du CIAT. Des paysagistes ont participé aux travaux de ces organisations d’études d’aménagement. Les OREAM ont permis l’émergence du paysagisme d’aménagement : Ainsi, y intervenaient Jean CHALLET et Pierre MAS, à Lille – Roubaix – Tourcoing, Jacques SGARD, Michel-François CITERNE et PICARD, à Nancy – Metz – Thionville, Michel VIOLLET, à Nantes – Saint- Nazaire pour l’étude des petites vallées autour de Nantes, Michel BOURNE, à Lyon – Saint-Etienne, Jacques SGARD, puis Georges DEMOUCHY à Aix – Marseille – Fos. Par ailleurs, le Groupe interministériel d’aménagement du Bassin Parisien (GIABP), mis en place, toujours par la DATAR, s’intéresse à des « zones d’appui » en général axées sur des vallées comme la Basse Seine en 1965, les vallées de l’Oise et de l’Aisne, en 1966, le secteur d’appui Nord-Champenois en 1967, et la Loire Moyenne en 1968. Dans le même temps, étaient mises en place des Missions Interministérielles d’aménagement touristique du littoral, dont en 1963 celle du littoral du Languedoc – Roussillon (Mission RACINE), avec les paysagistes Elie MAURET, et Pierre PILLET, et en 1967, la Mission Interministérielle d’aménagement de la côte aquitaine (MIACA), avec le paysagiste Jacques SGARD, puis Marguerite MERCIER.

     Les travaux dans le domaine du paysage, menés de 1969 à fin 1973 ont donné lieu à deux principales publications auxquelles il convient de se reporter :

  • En 1972, le cahier N° 7 de l’OREALM pages 3 à 39 : « Végétation et Paysages en Loire Moyenne– Pierre DAUVERGNE, Jean-Pierre SAURIN »,
  • Et en 1975, la publication de la Documentation Française : « Paysage rural et régional – Contribution méthodologique aux études d’aménagement » dont, en 2ème partie, pages 82 à 127, « L’étude d’une situation concrète : les paysages de la Loire Moyenne », collectif sous la direction de Pierre DAUVERGNE.

Ces ouvrages sont consultables au centre de documentation de l’ENSP à Versailles et aux Archives Départementales du Loiret à Orléans.

Couvertures du cahier N° 7 :

L’AIRE D’ETUDE, LES MISSIONS, L’ORGANISATION DE L’OREALM

 L’AIRE D’ETUDE couvre un territoire axé sur la Loire de 7 270 kms2, sur 250 kms de long et de 20 à 30 kms de large. Trois départements, le Loiret, le Loir et Cher, l’Indre et Loire, 45 cantons, et 384 communes sont concernés, soit un territoire peu commode à embrasser, d’autant que le siège de l’OREALM était basé à Orléans. Après la Décentralisation, et la création de la Région Centre, la capitale régionale a été installée à Orléans, Tours perdant ainsi de nombreuses prérogatives

Carte de l’OREALM – L’aire d’étude

 

OREALM Loire Moyenne

En 1968, ce territoire comprenait 723 000 habitants, une bonne trame urbaine avec deux des neuf villes de plus de 100 000 habitants et un chapelet d‘agglomérations le long de la Loire.

LES MISSIONS assignées à l’OREALM, étaient au nombre de trois :

– « La Loire Moyenne est une zone d’appui du Bassin Parisien, »

– « La Loire Moyenne représente un pôle de développement pour la Région Centre, », dont « les activités agricoles très importantes dans l’économie locale, qui reposent en particulier sur l’existence de cultures riches et diversifiées, horticulture, viticulture et cultures fruitières. »

– « Le Val de Loire possède des sites et des monuments d’importance nationale.  La nature de ces sites et de ces paysages, autant que son histoire, ont donné à cette région des atouts remarquables en matière de tourisme et de culture, aussi bien au profit de ses habitants que de ses visiteurs. L’existence de ce patrimoine, sans être un élément de contrainte absolue pour le développement d’activités culturelles nouvelles comme pour la croissance industrielle et urbaine, devra être prise en considération ».

 L’ORGANISATION DE L’OREALM comprenait trois niveaux, sachant que l’OREALM était placée sous l’autorité du Préfet de Région, et de sa Mission Régionale :

La Commission de Coordination, regroupait outre les autorités préfectorales et les chefs de services régionaux, les représentants des collectivités locales et départementales, ainsi que des organisations professionnelles. C’était la seule cellule d’orientation, de liaison, d’association et d’information. Cette commission comprenait notamment les Maires des principales villes : Roger SECRETIN pour Orléans, Jean ROYER pour Tours, et Pierre SUDREAU pour BLOIS, les Présidents des Chambres Régionales de Commerce, d’Agriculture et des Métiers, le Président et trois membres de la CODER (Commission du Développement Economique Régional).

Le Comité Directeur était composé de représentants des grandes administrations. Il constituait la cellule de direction et de contrôle de l’OREALM. Il était présidé par le Préfet de Région.

Le Groupe Permanent d’Etudes représentait la cellule d’études et de synthèse, chargée de mener à bien les études. Il travaillait sous la direction d’un fonctionnaire de l’Administration, d’abord avec Donatien de SESMAISONS, IGREF (marquis de son état, châtelain et maire à La Chapelle sur Erdre près de Nantes), puis François LEPAPE, urbaniste en Chef de l’Etat, enfin Aymard DUVERNET, eux -même subordonnés au Chef du Service Régional de l’Equipement, en l’occurrence, Pierre MERLIN, IGPC.

Les deux derniers objectifs assignés à l’OREALM, ont Justifié la présence dans l’équipe d’études d’un « spécialiste de l’approche culturelle et du développement », Claude FABRIZZIO, par ailleurs consultant UNESCO, et d’un paysagiste, deux disciplines inhabituelles à l’époque dans les équipes d’aménagement. Nous étions aux côtés des disciplines plus traditionnelles, un architecte-urbaniste, Luka SVAJBERIC (Par la suite, naturalisé Lucas BERRY, décédé en 2018), un sociologue, Jean GOUGEON, rejoint par Anne Marie STASIAK, un économiste, Michel CARLIER, rejoint par Henri ROBERT, un géographe, Pierre FALAISE, et un spécialiste des transports, Jacques d’ABBADIE, ITPE. J’ai travaillé en permanence avec Luka SVAJBERIC, Claude FABRIZIO, et Pierre FALAISE.

Pour ce qui concerne les études dans le domaine du paysage, j’ai eu recours à l’assistance d’écologues et de paysagistes. Tout d’abord avec Guy CABALLE, écologue du CEPE Louis Emberger de Montpellier et des paysagistes Georges DEMOUCHY, puis, de Jean-Pierre SAURIN, Daniel JARRY, enfin, de Michèle DELAIGUE. Ils étaient tous quatre stagiaires issus de l’ENSH – SPAJ. Jean -Pierre SAURIN et Georges DEMOUCHY seront ensuite stagiaires du premier cycle de formation au paysage d’aménagement du CNERP. Daniel JARRY, après un passage à la ville de GRENOBLE, me rejoindra dans les années 80/90 au Conseil général du Val de Marne.

Mai 1969, arrivée à Orléans :

J’occupe mon bureau dans les locaux du Service Régional de l’Equipement, dirigé par Pierre MERLIN, IGPC. Dès le début, un premier contact étonnant avec une région destinée à se développer et à s’aménager. En effet, dès le 2èmedimanche de mai se tient la « Fête Nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme ». Je suis alors, comme mes collègues, incité par le Chef du Service Régional de l’Equipement à participer, derrière les représentants de l’Eglise, au défilé parmi les représentants des administrations et des Corps constitués. Nous n’irons pas en tant, que jeunes arrivés, tout en considérant cette manifestation, dans ses modalités, digne d’un autre temps ! Et surtout, durant ce même mois, la fameuse « Rumeur d’Orléans », qu’Edgar MORIN a décryptée dans son ouvrage paru aux Editions du Seuil en 1982 : une histoire sur la disparition de jeunes filles dans les cabines d’essayage situées dans des caves voutés de magasins de vêtement de commerçants juifs récemment installés à Orléans. Il a même été avancé, que ces jeunes filles, depuis les tunnels moyen âgeux du sous-sol orléanais étaient conduites de force vers des sous-marins pour traverser la Loire, et disparaître en Sologne, afin d’être ensuite livrées à des réseaux de prostitution. Cette rumeur a pris une ampleur considérable durant plusieurs semaines ! Les jeunes filles étaient gardées à la maison, n’allaient plus suivre leurs enseignements, ou étaient escortées à leurs établissements scolaires. La presse locale, « la République du Centre » a couvert en continu l’évènement, et a contribué, malgré elle, à propager, et à amplifier la rumeur. Enfin, nous constatons rapidement l’existence d’une vive concurrence entre les maires des deux principales villes, que sont Orléans, récemment désignée capitale régionale, au détriment de l’ancienne, qui était Tours avant la création de la Région Centre. La ville de Blois entre elles deux n’a pu jouer un rôle d’apaisement. Un point de départ, qui nous a laissé quelque peu perplexes pour mener à bien notre mission …

LES ETUDES PAYSAGERES

 De mai 1969 à la fin de 1973, plusieurs étapes marquent la progression des études paysagères vers l‘élaboration du schéma d’aménagement : La phase de reconnaissance générale des paysages, la préparation du Livre Blanc, son étape intermédiaire, « Les Eléments pour un Livre Blanc », enfin, la préparation du Schéma d’aménagement de la Loire Moyenne, à laquelle, je n’ai participé, qu’à sa phase de démarrage.

 1 – LA PHASE DE RECONNAISSANCE GENERALE DES PAYSAGES

Dès le début, s’est posée la question de l’étendue de la zone d’étude. Durant les premiers six mois, j’ai effectué des parcours automobiles en nombre pour découvrir la totalité de l’aire d’étude, pendant que d’autres manipulaient en tous sens des chiffres, des statistiques. Plusieurs milliers de diapositives ont été prises à ces occasions. (Certaines ont été déposées aux Archives Départementales du Loiret). Ma présence au bureau était de ce fait réduite, ce qui faisait dire à l’équipe, que je passais l’essentiel de mon temps à me promener et faire des photos ! Par ailleurs, les membres de l’équipe, se demandait ce qu’un « paysagiste de jardins, de parcs » pouvait bien apporter à l’équipe ! Ces parcours de terrain étaient fréquemment réalisés avec Claude FABRIZIO, nos deux domaines d’étude étant fortement imbriqués. Nous formions ainsi, un véritable tandem ! Pour collationner et rendre compte à l’équipe des résultats de nos collectes de terrain, nous ne disposions pas d’outils d’investigation telles les couvertures aériennes, les outils informatiques. Le rapidographe, le crayon, les lettres et trames Lettraset, le calque, et l’assistance d’un bureau de dessin comprenant jusqu’à trois dessinateurs. Pas de phocopieurs, mais des ronéos à alcool ou à encre. Néanmoins, assez rapidement nous avons été dotés d’une couverture aérienne réalisée par L’Armée de l’Air, grâce à Pierre FALAISE. (Colonel, jeune retraité de l’Armée de l’air, ancien pilote de chasse, jeune géographe, car en 1968, à Nanterre, il a soutenu une thèse sur l’industrie de l’armement en France, dans un climat ambiant explosif …, (qui à l’époque avait fait la une !). Cette couverture a été très utile à l’équipe, et a permis, au CEPE de Montpellier (Centre d’Etudes Phyto-sociologiques et Ecologiques), d’engager la réalisation des cartes de la végétation de 1970 à 1973.

Pierre Dauvergne et Claude Fabrizio en 1970. Cliché OREALM.

UN PROGRAMME DE TRAVAIL, ET LA MISE AU POINT D’UNE METHODOLOGIE

     Après ces premiers mois, j’élabore une methologie, afin d’aboutir à une classification des paysages pertinente au regard des objectifs assignés à l’OREALM, soit de publier un livre blanc, puis un schéma d’aménagement. Encore une fois, nous ne disposions pas de références pour aborder notre travail. En m’appuyant sur les nombreux parcours de terrain, la lecture d’ouvrages de géographes dont : Roger DION, « Histoire des levées de la Loire » – 1961, et Yves BABONNEAU, « Villes et régions de la Loire Moyenne, Touraine, Blésois, Orléanais – fondements et perspectives géographiques » – 1966, l’interprétation et l’analyse de nombreuses plaquettes de promotion de la Région ventant ses atouts, afin de favoriser l’installation d’activités. Le patrimoine historique et naturel y sont bien évidemment cités en bonne place, ainsi que la « douceur » du Val de Loire, ou du « Jardin de la France ».  Dans un premier temps, par l’interprétation des cartes géologiques (photos ci dessous), la délimitation d’ensembles paysagers a pu être définie à partir de la nature dominante des sols.

Deux interprétations de la carte géologique. P. Dauvergne.

     Par ailleurs, l’exploitation de photos par la réalisation de croquis ont permis de sensibiliser les membres de l’équipe aux questions de paysage. Par exemple, l’extraction de granulats dans le lit majeur de la Loire, n’est pas seulement une activité économique, mais également, une activité productrice de paysages, par ailleurs, favorables aux activités de loisir.

Interprétation d’un cliché de gravière dans le lit majeur de la Loire. P. Dauvergne

     Début 1970, après ces 6 premiers mois, une méthodologie d’approche des paysages de la Loire Moyenne a été mise au point. Outre la définition des paysages réels selon leurs composantes, principalement géographiques, et après échanges avec Bernard LASSUS, (dont j’étais encore l’assistant à l’ENSH-SPAJ), nous avons pu, en particulier distinguer les éléments permettant, la définition des images du val de loire, celles du « Jardin de la France ». Ce sont les « paysages mythiques », selon l’expression de Bernard LASSUS, ces paysages relevant de plusieurs types d’usages visuels et de fréquentations. L’objectif final étant d’aboutir à une classification des paysages, dans la perspective de leur aménagement et mise en valeur, tel qu’il devra être proposé dans le futur schéma d’aménagement. Encore une fois, nous ne disposions pas ou très peu de références en la matière. Par contre, un peu partout, nous étions confrontés au même problème, celui d’inventer et de construire des méthodes d’approche du paysage adaptées à chaque situation.

Schéma méthodologique

LA VEGETATION

    Constatant que les paysages de la Loire Moyenne étaient très marqués et définis par la végétation, le relief étant très faible, j’ai pensé très nécessaire d’en avoir une description détaillée, notamment au regard de sa capacité à s’adapter aux futurs développements urbains tels qu’ils seront définis par le futur schéma d’aménagement.

    Début 1970, jusqu’en 1973, le CEPE, Centre d’Etudes Phyto-sociologiques et Ecologiques Louis Emberger de Montpellier (CNRS) a été appelé pour d’une part, décrire la couverture végétale, et d’autre part, définir ses aptitudes à résister et à évoluer selon les pressions des futures occupations humaines. J’avais eu connaissance des travaux du CEPE en Tunisie pour la mise en valeur des terres, comme en Sologne. Après rencontre avec Gilbert LONG, l’un des principaux responsables du CEPE, un travail cartographique très important a été réalisé principalement par interprétation de la couverture aérienne et par des reconnaissances de terrain. Le travail a été assuré par Guy CABALLE, doctorant. A partir de ses travaux, G. GODRON et J. POISSONET ont conceptualisé « quatre thèmes complémentaires pour la cartographie de la végétation et du milieu : les séquences de végétation, la diversité du paysage, la vitesse de cicatrisation, et la sensibilité de la végétation ». Bulletin de la Société Languedocienne de géographie. Tome 6, Fascicule 3 – 1977.

    Ainsi, a été réalisée à l’échelle du 1/250 000 -ème la carte de l’occupation des terres de la Loire moyenne. Avec un ensemble de symboles indiqués dans chaque unité d’occupation les structures de la végétation ; arbres, arbustes, herbacées ou combinaisons, les degrés d’artificialisation du milieu selon les pressions humaines passées ou actuelles, enfin, les espèces dominantes du paysage. Chaque unité, par interprétation avec utilisation de couleurs, il était possible de réaliser autant de cartes que de symboles indiqués. Par exemple sur la figure ci-dessous, figure une unité d’occupation en lisière de la forêt d’Orléans : 13/4 S QYB, ce qui veut dire : 13, forêt dense de feuillus aménagée avec 3, degré d’artificialisation assez faible, 1, formation ligneuse haute dense, juxtaposée à 14, forêt dense de résineux, 4, degré d’artificialisation moyen, S : taillis sous futaie, espèces dominantes : Q, chênes, Y : pin sylvestre, B : bouleaux.  Cette interprétation relève d’un travail de spécialiste ! Au sein de l’équipe, j’ai été le seul à l’utiliser, également Jean-Pierre SAURIN et Pierre FALAISE, mais sur des secteurs particuliers.

Les études de végétation.

     Par rapport à l’évaluation de la sensibilité de la végétation aux futures pressions urbaines ou abandon des terres, le CEPE a eu de grosses difficultés. Il avait une expérience sur l’évolutions de la végétation en Sologne sur une cinquantaine d’années. Mais les formations végétales solognotes ont peu à voir avec celles du Val de Loire. Aussi ont-ils contourné la difficulté en estimant l’évolution probable de la végétation, après abandon des cultures. Cette évolution régressive présente des degrés de « vitesse de cicatrisation ». Cette position, qui est celle de privilégier le retour de la végétation vers le climax, est à l’inverse de la dynamique souhaitée dans le cadre d’un aménagement régional. Cependant, elle peut être utile, par exemple dans le lit mineur de la Loire, ou sur les coteaux avec une déprise agricole marquée. Ci-après, quelques exemples d’interprétation des travaux du CEPE.

Retour vers le climax.

En haut, Blois dans son environnement végétal, en bas, les villes d’Orléans et de Tours avec des degrés d’artificialisation de la végétation.

LES PAYSAGES A L’ECHELLE DU 1 200 000 -ème – 1969 / 1970

     En exploitant mes nombreux parcours de terrain, une première cartographie des paysages a pu être dressée à l’échelle du 1 / 200 000 -ème, sous la forme de cinq cartes : dont, trois élémentaires : les éléments constitutifs des paysages (physiques, biologiques, construits), les types physionomiques, les ambiances visuelles (paysage ouvert, fermé …), selon l’occupation des terres (paysages forestiers, bocagers, …), et une carte de synthèse, les ensembles paysagers (voir ci-dessous). Ces cartes ont été exploitées dans « Les Eléments pour un Livre Blanc » de juillet 1970, dans le projet de livre blanc de 1971, enfin, repris en 1972 dans une « Notes et Etudes Documentaires », consacrée à L’Economie de la Région Centre ».

 

Les types de paysage. Pierre Dauvergne.

 

2 – LA PREPARATION DU LIVRE BLANC – VERS LA METROPOLE JARDIN

Son élaboration s’est faite en deux temps. Un premier, durant la rédaction des « ELEMENTS POUR UN LIVRE BLANC » de juillet 1970, puis un deuxième, au sein du « LIVRE BLANC » proprement dit parue en juin 1971.

LES PAYSAGES DANS « LES ELEMENTS POUR UN LIVRE BLANC » – Décembre 1970.

Les premières cartographies publiées dans les « Eléments pour un Livre Blanc » sont illustrées par des clichés des divers paysages identifiés. Leur légende a été une véritable découverte, voir une révélation au sein des services et responsables régionaux : paysage fermé, paysage fermé avec clairière, paysage ouvert, paysage compartimenté, et paysage à coulisses. Également, découverte de la mosaïque des paysages de la région. La dénomination de « paysage à coulisses » a fait l’objet de surprise, et de beaucoup de commentaires, d’utilisation par la suite pour d’autres études de paysage. Il s’agissait principalement du val inondable occupé par de très nombreuses peupleraies, à divers stades de développement, et de différentes densités. La populiculture était subventionnée par l’Etat. Lors de déplacements dans le val, ces peupleraies « coulissent entre elles », comme un décor de théâtre. Cette « mobilité des apparences », sur un plan théorique, a été mise en évidence par Bernard LASSUS. Ces cartes faisaient partie du Chapitre « Créer un cadre de vie satisfaisant pour les habitants ».

Les photos des types de paysage

      Ce chapitre soulignait, que les paysages étaient en évolution constante, et que la Loire Moyenne était également un « espace de conflit » entre activités.  Ces paysages ne sont pas homogènes, ils constituent selon les situations, des paysages « de détente », « d’accompagnement », de « liaison » », ou de « décompression ». Cette description assez sommaire et générale, selon une approche régionale, n’était évidemment pas suffisante pour préparer les options et prescriptions du futur schéma d’aménagement.

RECONNAISSANCE SYSTEMATIQUE DES PAYSAGES ET DU PATRIMOINE

Le travail d’équipe commençant à générer des réunions de travail à un rythme soutenu, je demande au bureau d’étude PAYSA (Paul CLERC et Caroline BAUDELOT associés) de mettre à disposition de l’OREALM, à mi-temps, sur un an, Georges DEMOUCHY (Décédé en 2016).  Nous entamons alors une reconnaissance systématique des paysages, à l’échelle du 1 / 100 000 -ème. Cette phase correspond encore à un travail important de terrain avec Claude Fabrizio pour identifier sur le territoire le potentiel et le degré de mise en valeur du patrimoine. De Tours à Orleans, des cartes ont recensé les éléments de ce patrimoine, leur degré de mise en valeur touristique, le degré de mise en valeur du patrimoine, enfin les unités de paysage. Ci-après les cartes portent sur les environs de Tours :

De haut en bas et de gauche à droite : le patrimoine, la mise en valeur touristique, le degré de mise en valeur du patrimoine, et les unités de paysage. G. DEMOUCHY.

Carte de la valeur attractive des paysages.

De ces cartes, une de synthèse « valeur attractive des paysages » a été composée et publiée dans le livre blanc de juin 1971.

      Par ailleurs, Georges DEMOUCHY a relevé, depuis les principales routes, longitudinales à la Loire, les éléments de repère et d’animation visuels propres à l’image convenue du Val de Loire, « le jardin de la France », elle-même souvent contrariée par les activités. (Voir ci-après la carte de synthèse des conflits entre Orléans et Tours).

Carte de synthèse des conflits publiée dans le Livre Blanc « Vers la Métropole-Jardin » de juin 1971.

LA GENESE DU PRINCIPE D’AMENAGEMENT DE LA LOIRE MOYENNE, VERS LA METROPOLE JARDIN

     Dans l’arrêté de création de l’OREALM du 10 septembre 1968, sont clairement énoncés des objectifs à satisfaire dans le futur schéma d’aménagement, car « la Loire Moyenne est le lieu d’une concurrence intense entre divers secteurs pour l’utilisation de sites exceptionnels, dont il convient prioritairement de conserver la dimension esthétique et historique. Cet objectif doit conduire à une méthode … qui définisse une stratégie de l’organisation de la vallée préservant sa qualité … et insistant sur l’intérêt d’une réflexion portant sur la localisation des activités, la nécessité de les grouper en zones, ou au contraire de les disperser ».

     La carte précédente des conflits montre très clairement, que les tendances de développement urbain en cours ne vont pas dans le bon sens, et qu’il convient bien d’organiser, et de canaliser ce développement. Le principe d’aménagement adopté pour la Loire Moyenne, selon un développement de l’urbanisation, sous une forme discontinue, en appui des villes existantes, grandes, moyennes, ou petites, a émergé rapidement avec évidence. En voici trois traductions graphiques successives entre 1971 et 1974 :

Cahier de l’OREALM – N°4 – Pierre DAUVERGNE – « Qu’est-ce qu’une coupure verte ? » – juin 1971

MERLIN (Pierre), LE PAPE (François), BERRY (Lucas) « Aménagement d’une région urbaine – La METROPOLE JARDIN » – Revue Urbanisme – N°134-135 – 1973.

Luka SVAJBERIC et Jean-Michel AUBRY, traduisent ce principe sous la forme de deux schémas intitulés : tendances de l’urbanisation spontanée entre Tours et Orleans, et principe d’urbanisation selon un schéma linéaire discontinu. (Cahier de l’OREAM N° 3 « Une « métropole-jardin » pour la loire moyenne, ou de la ville à la région urbaine, ou métropole jardin.» – 1971).

 Deux situations

    Est attaché à ce principe, celui des coupures vertes à maintenir entre les divers pôles urbains. Plusieurs textes explicitent ce qu’elles doivent être, dont dans les cahiers de l’OREAM – N° 4 de 1971 – Pierre DAUVERGNE « Qu’est-ce qu’une coupure verte ? »  N°5 de 1972 – Pierre FALAISE- « Urbanisation et coupures vertes entre Orléans et Blois », et N° 10 de 1973 –   Pierre FALAISE « Analyse d’une coupure verte : entre Meung-sur- Loire et Beaugency ».

3 – PREPARATION DU SCHEMA D’AMENAGEMENT DE LA METROPOLE JARDIN :

 

 Avec Lucas BERRY, et Pierre FALAISE, les « spatiaux » de l’équipe, nous décidons de réaliser un album, ou atlas, contenant autant de planches, que de thèmes sur le territoire de la Loire Moyenne. Lukas SVAJBERIC a cartographié systématiquement, avec l’aide du bureau de dessin, à l’échelle du 1 / 50 000 -ème, toutes les données recueillies par les membres de l’équipe, afin qu’elles soient consultables par tous au moment des premières réflexions pour l’établissement du futur schéma d’aménagement.

 De plus en plus pris par les réflexions collectives pour fonder le futur schéma, je demande alors à Jean-Pierre SAURIN, de me rejoindre pour cette nouvelle phase d’étude des paysages.

APPROCHE DETAILLEE DES PAYSAGES A L’ECHELLE DU  1 / 50 000 -ème – 1972 – 1973.

Cette approche a été conduite par Jean-Pierre SAURIN.  Une double approche a été menée, celle de la reconnaissance détaillée des unités de paysage, et celle de l’image du Val de Loire au 1 / 50 000 -ème.

Pour les unités de paysage, cinq cartes ont été réalisées. Ci-après, d’aval en amont, Tours, Montlouis-sur-Loire / Amboise, Blois/Mer, Beaugency/ Meung-sur-Loire, et Orléans.

5 cartes des unités de paysage

                                    Tours 19                                           Montlouis-sur-Loire / Amboise 20.

                                       Blois / Mer 21                                Beaugency / Meung-sur Loire 20

                                                                               Orléans 19

En comparant ces cartes, on constate une grande mosaïque de paysages, et des dominantes contrastées tout au long du Val de Loire.

     Il s’agit d’un travail méticuleux, qui s’est référé aux vues aériennes, aux cartes du CEPE, et surtout, à de nombreuses reconnaissances de terrain. Les unités ont été principalement définies par la nature du relief et l’occupation des sols. Chaque type étant identifié par une couleur (trame translucide), chacune portant un numéro renvoyant à une fiche descriptive, notamment à des croquis réalisés in situ.

Autour de Tours, les cinq unités de paysage, selon trois critères

       Ces cartes ont été réalisées sur un calque, où des trames de couleurs, spécifiques à chaque unité de paysage ont été appliquées. Ce choix permettait de lire et d’interpréter par superposition et transparence les divers thèmes, interrogeant ainsi la dynamique des paysages. Ci-après, deux exemples de cartes thématiques : l’occupation agricole en 1969, et la dynamique de l’agriculture autour de l’agglomération tourangelle.

L’occupation agricole – 1969 aux environs de Tours. P. FALAISE

La dynamique de l’agriculture P. Dauvergne

(Selon la combinaison de plusieurs facteurs : type de production, taille de l’exploitation, degré d’équipement, âge de l’exploitant, régime de propriété ou de location, …).

L’IMAGE DU VAL DE LOIRE :

     Jean-Pierre SAURIN a également cerné les « paysages mythiques » et l’image du Val de Loire, un inventaire précis de leurs éléments constitutifs a été établi notamment à partir d’œuvres littéraires, d’artistes, des plaquettes de promotion régionale, ou de villes, … Ces divers éléments dénommés « clefs » ont été recensés, cartographiés, afin d’apprécier leur répartition sur le territoire de la Loire Moyenne. Comme pour la cartographie des unités de paysage, ces éléments, également à l’échelle du 1 / 50 000 -ème, ont donné lieu à 3 types de cartes : les clefs régionales, les clefs locales, et les unités-clefs. Il a ainsi inventorié dans l’espace, les éléments structurants, qui architecturent les paysages (fronts urbains ou forestiers), les éléments ponctuels, (châteaux-manoirs), linéaires (la Loire et ses ripisylves, falaises troglodytes), ou des espaces étendus (vignobles), tous ces éléments participant à cette image.

       Il a dénommé ces divers éléments comme des « clefs », clefs permettant de décrypter cette image du Val de Loire. Ainsi, il inventorie des clefs, qui jouent un rôle à l’échelle locale, ce sont les « clefs locales », à l’échelle régionale, ce sont les « clefs régionales ». Par ailleurs, il rapporte ces clefs aux unités de paysage auxquelles elles appartiennent, ce sont les « unités clef ». Les cartes ci-dessus visualisent les clefs de la ville de Tours et ses environs.

28 – File 0088 (non trouvé)

DES ACTIONS D’INFORMATION ET DE SENSIBILISATION.

Sensibilisation sur certaines situations paysagères par le dessin (Saurin, Delaigue et Jarry).

    Constatant, que l’OREALM était le fait de décisions prises à Paris, au plus haut niveau, et que notre organisation à trois étages était quelque peu technocratique, nous nous sommes posé la question de savoir comment prendre en compte l’opinion des forces vives et de la population.

     En 1970, le chapitre consacré aux paysages dans « Les éléments pour in livre blanc » a été la première action de sensibilisation sur ce qu’est un paysage, en l’occurrence sur ce qu’il est en Loire Moyenne.

     Par ailleurs, comment informer la population en continu sur l’état de nos réflexions, et les résultats de nos études. C’est pourquoi, très rapidement, l’équipe a lancé la série des « Cahiers de l’OREALM », dix parutions entre 1970 et 1973. Dans la plupart, un article sur les questions de paysage était livré pour sensibiliser l’opinion au paysage et aux questions paysagères. Dès le N° 2 de décembre 1970, j’ai livré un premier article « L’aménagement du paysage quotidien » (pages 11 à 20). Dans la suite des « Eléments pour un Livre Blanc », (ELB), Il revenait sur ce qu’est un paysage, et la nécessité de le prendre en considération au moment de l’élaboration d’une politique de développement et d’aménagement régional. Se voulant pédagogique, il analyse la perception d’un spécialiste, en l’occurrence moi-même, et la perception de trois résidentes empruntant quotidiennement une même route entre leur lieu de travail, et celui du lieu de leur résidence. Pour cet exercice, je me suis inspiré de l’approche de Kevin LYNCH (« L’image de la cité ». Edit. Dunod en 1969), et surtout d’une approche exemplaire, celle de Jean PAILHOUS (« La représentation de l’espace urbain – l’exemple du chauffeur de taxi » – Edit des PUF en 1970). L’exercice se fait sur un tronçon de 20 km de la RN 152 entre Orléans et Beaugency (à l’époque l’autoroute A 10 n’existe pas.). Ce choix renvoi à trois postulats de l’aménagement paysager de la Loire Moyenne soit : la création d’un cadre de vie quotidien satisfaisant pour ses habitants, le rôle d’un cadre actif à l’échelle des liaisons routières interrégionales, et la nécessité de maintenir son attrait touristique à une portion de la zone, que constitue l’une des portes d’entrée du Val de Loire utilisée par les touristes. Le spécialiste analyse systématiquement ce qu’il voit au travers du pare-brise et prend des photos, qu’il regroupe selon les thèmes de la route, de la circulation, des points de repères, des vues, des constructions, des traversées de villages, des espaces agricoles et « naturels », et de l’ambiance du trajet. Les habitants, quant à eux, apprécient l’itinéraire plus en fonction de la sécurité, que de sa valeur d’environnement plastique. S’ensuivent un certain nombre de recommandations générales.

      Huit autres articles paraissent successivement sur différents thèmes. En 1971 : sur l’habitat individuel, les coupures vertes, en 1972 : le jardin de la France et la Métropole Jardin, l’important N° 7, spécial végétation et paysage avec Jean-Pierre Saurin, en 1973, les coteaux avec Jean-Pierre Saurin, les centrales nucléaires avec Jean Gougeon et Lucas Berry, les vallées avec Michèle Delaigue, enfin, les iles de Michèle Delaigue.

     En 1971-19 72, je capitalise mes réflexions propres sur le paysage à l’occasion de sollicitations du Département de la Formation Continue de l’ENGREF (Animé par Pierre Mallaval et Jean Pierre Cazaux). En effet, j’ai participé durant deux années à plusieurs sessions de formation des ingénieurs forestiers, et à un cycle expérimental de trois sessions. L’article « Créer un nouveau paysage » parait en 1972 dans la plaquette des élèves de l’ENGREF sur « Environnement : Nature – environnement- pollution – Pour qui, Pour quoi, et où ? ».

ACTIONS LOCALES :

    Dans le même temps, saisie d’opportunités et de sollicitations « locales » pour mener des études pré opérationnelles (bien que ce n’était pas dans les missions de l’OREALM) à valeur pédagogique et démonstratives de la possibilité réelle de prendre en compte le paysage au niveau local dans les décisions d’aménagement et d’urbanisme, en particulier par la réalisation de « Plans de Paysage ». Ainsi, entre 1971 et 1973, six études à des échelles allant du 1/10 000 au 1/50 000 -ème ont été menées dans chacun des trois départements pour des POS : Rochecorbon en 1971, par moi-même (Atelier d’Urbanisme de l’agglomération tourangelle), Vineuil, avec Jean-Pierre SAURIN en 1972 (Groupe d’Etude et de Programmation de la DDE 41), Loury, en 1972, avec les étudiants de 1ère et 2ème année de la Section du Paysage et de l’Art des Jardins (SPAJ de l’ENSH), pour la Commune, un PAR, celui de Courtenay en 1972, avec Daniel JARRY, pour la DDA du Loiret, le  schéma des espaces de discontinuités du SDAU de Tours en 1972 avec Jean -Pierre SAURIN, et Lucas SVAJBERIC, pour l’Atelier d’Urbanisme de l’Agglomération Tourangelle, le POS intercommunal de la Basse Vallée de la Vienne en 1973 avec Michèle DELAIGUE pour le Maire de la Commune de Saint-Germain sur Vienne et Président du Syndicat intercommunal. Un rendu compte de ces études a été fait dans le cadre des publications de l’OREALM, de la Documentation Française, dans des revues d’aménagement et d’urbanisme.

   Pour la plupart, ces études se déroulaient selon quatre phases : la reconnaissance des unités de paysage, les tendances d’évolution : urbanisation, mutations agricoles, … le plan de paysage, enfin, le schéma d’un document de planification, POS ou PAR.

Les étudiants de l’ENSH-SPAJ sur le terrain et lors de l’exposition et du jury. Au milieu, à gauche, Daniel Jarry et Pierre Dauvergne. Cliché Alain Marguerit

Cas de la Commune de La JACQUEMINIERE. Daniel JARRY.

 AVANT

DEMAIN ?

LES PREMICES DU SCHEMA

VERS LA METROPOLE JARDIN

Collectif – Vers la métropole jardin – Schéma d’aménagement, le projet présenté à grands traits – document provisoire – 1974

     En 1973, la DATAR, dans le cadre de l’élaboration du schéma général de la France, a fait appel à la méthode dite des scénarios, telle que mise au point par son service, le SESAME, responsable Jacques DURAND (Systèmes d’Etudes du Schéma d’Aménagement de la France. L’équipe de l’OREALM a bénéficié de son assistance. Dans le cahier de l’OREALM N° 8 de 1973, Michel CARLIER et Jean GOUGEON ont publié « Val de Loire et prospective » où la méthode est explicitée. Y sont présentés cinq scénario fruit des réflexions de l’équipe : « …  L’avenir tendanciel du Val de Loire », et quatre « scénarios dits contrastés », ou quatre histoires futures pour un autre Val de Loire : « Loire Moyenne, trait d’union entre l’Est et l’Ouest », « lieu d’une nouvelle Renaissance », une « région privilégiée pour les loisirs », et « Faire du val un potager ». Un document de travail de fin 1972 « Elaboration du schéma – Phase scénario – Scénario Val de Loire – potager – verger » explicite ce scénario, dont le but premier était de rechercher comment les espaces cultivés concernant les coupures vertes, pouvaient se développer et résister à l’urbanisation. Il est illustré par deux schémas de principe, deux cartes, et des tableaux statistiques.

      Dans les propos liminaires il est souligné, que « … faire du val un potager, où le développement des cultures spécialisées (légumes, pépinières, vignobles) constituerait l’élément fondamental. Il n’induit pas cependant, que l’urbanisation en soit rejetée, mais celle-ci n’apparaît plus alors comme seul, et unique mode spatial à privilégier et à étudier au détriment de l’espace rural. Le Val de Loire des cultures riches suppose l’utilisation de surfaces importantes dans le Val (zones agricoles protégées et dynamiques forcément, dans le Val, zones agricoles protégées et dynamiques) et des villes dont le développement est davantage orienté hors du Val ; afin de ne pas gêner ces productions …  Il est expliqué, in fine, comment passer de ces images décrites dans chacun des scénarios vers le schéma d’aménagement.

     Dans la note de travail, le scénario est détaillé (Propos liminaire, justification de l’hypothèse, l’image 2000, la situation en 1972, plusieurs tableaux statistiques). Le lien entre paysage et agriculture est explicité dans la présentation du scénario « … Les combinaisons entre les caractéristiques agricoles et « naturelles » de la Loire Moyenne sont bien spécifiques et ce sont elles qui en partie lui confèrent son image de jardin. En effet, les espaces correspondants à ces activités économiques englobent et « baignent » les éléments du patrimoine monumental, qu’ils soient ponctuels ou isolés comme les châteaux, ou qu’ils soient plus vastes comme les pôles urbains. Or, on le sait, la trame urbaine en Loire Moyenne est relativement dense, notamment aux abords du val. Il y a par conséquent interpénétration entre deux types d’espace, considérés comme ruraux et urbains, pour donner un espace global. Ce dernier doit être analysé, puis aménagé comme un tout, car il est en fait le résultat de forces socioéconomiques qui se traduisent, entre autres, dans son apparence physique, véritable reflet des activités de la Société toute entière. Agir sur l’une de ses composantes, c’est modifier plus ou moins fortement son apparence, c’est-à-dire le paysage global…. La préoccupation de maintenir un paysage de qualité en Loire Moyenne vient également du fait de la valeur qu’il représente pour les activités touristiques et de loisirs, ainsi que pour le cadre de vie attractif qu’il offre pour de nouveaux résidents. Satisfaire ces objectifs, c’est s’interroger sur les évolutions des activités économiques, qui produisent ce paysage. … »

      Parmi les justifications de l’hypothèse Potager-Verger, il est noté, « … que jusqu’à présent, la planification de l’espace a été trop souvent et exclusivement la prise en compte de la dynamique urbaine. En effet, c’est la ville qui s’étend au détriment d’un espace dit libre et vide. On aménage la ville pendant que l’’on équipe les zones rurales. Il n’est pas possible d’aménager un espace par la seule juxtaposition d’équipements. Le résultat de cette planification est la production d’un espace global incohérent, de plus en plus banalisé où les espaces résiduels sont de plus en plus nombreux. La croissance de la trame urbaine de la Loire Moyenne d’ici 20 à 30 ans va être très importante dans certaines zones ; les pôles urbains vont s’étendre, les zones agricoles et naturelles vont diminuer. Ces dernières intéressent presque exclusivement les fruits, légumes et végétaux de pépinières ainsi que le vignoble sur les terrasses et coteau du Val. L’image du Val de Loire, le Jardin de la France, risque par conséquent d’être bouleversée … En fin de compte, c’est l’espace du Val qui est le plus sollicité. C’est pourquoi ce scénario se penche, plus particulièrement sur le développement et l’organisation des productions végétales du Val

_________________________

       A la fin de l’année 1974, durant la phase d’élaboration du schéma d’aménagement, je quitte l’équipe. Je suis en effet détaché à plein temps auprès de l’« Association Paysage » pour créer l’« Appui Technique » auprès des chefs d’ateliers régionaux des sites et paysage ARSP) et des Délégations à l’Environnement DRE)

        Après la publication du schéma en 1975, l’OREAC poursuis les réflexions et propositions : en 1976, il est produit « Les coupures vertes de la Loire Moyenne – Charte interdépartementale – Mesures à mettre en œuvre (Départements 41, 45 et 37) », et en 1977, Philippe LE GRONTEC publie un article – « Les coupures vertes de la Métropole Jardin en Val de Loire : rêves et réalités ? » dans la Revue Economie Rurale – N°120.

 

Pierre Dauvergne.

BIBLIOGRAPHIEEn gras, documents principaux.

PUBLICATIONS DE L’OREALM :

DOCUMENTS GENERAUX : ouvrages collectifs :

 – 1968 – OREALM – Plaquette de présentation de l’OREALM -. Région Centre. – 1968.

– 1970 OREALM – Eléments pour un livre blanc – Région Centre.

– 1971 – OREALM – Vers la Métropole Jardin – Livre blanc – MEL et DATAR.

– 1973 – OREALM – La Métropole Jardin – « Vers des esquisses de schéma »

– 1974 – OREALM – Vers la Métropole Jardin – Schéma d’aménagement, le projet présenté à grands traits- document provisoire

– 1977 – OREAC – Vers la Métropole Jardin – le schéma d’aménagement de la Loire Moyenne et sa mise en œuvre

– 1977 – DATAR – Aménagement de la Loire Moyenne – Schéma de la Métropole Jardin – Schéma Général de la France – Collection Travaux et Recherches de Prospective – La Documentation Française.

De 1970 à 1973 : LES 10 CAHIERS DE L’OREALM :

– N° 1 – 1970 – La population, le fleuve.

– N° 2 – 1970 – Environnement culturel, paysage

                        – DAUVERGNE (Pierre) – L’aménagement du paysage quotidien.

  – N° 3 – 1971 – Une “Métropole Jardin”, les liaisons internes.

                       – DAUVERGNE (Pierre) – Y-a-t ’-il accord entre l’habitat individuel et le paysage ?

– N° 4 – 1971 – L’emploi en Loire Moyenne.

                        –  SVAJBERIC (Lucas), AUBRY (J.M.) – Une Métropole Jardin pour la Loire Moyenne

                       – DAUVERGNE (Pierre) – Qu’est-ce qu’une coupure verte ?

– N° 5 – 1972 – “Les migrations inévitables – Urbanisation et coupures vertes entre Orléans et Blois

                        –  FALAISE (Pierre) – Urbanisation et coupures vertes entre Orléans et Blois.

– N° 6 – 1972 – Tourisme et loisirs dans la Métropole Jardin, les sites touristiques en Sologne, Blois dans 15 ans.

                          – DAUVERGNE (Pierre) – La Métropole Jardin : un nouveau Jardin de la France.

– N° 7 – 1972 – Végétation et Paysages en Loire Moyenne.

                       – DAUVERGNE (Pierre) et SAURIN (Jean-Pierre) – Les paysages Orléanais, Blésois, Touraine

– N° 8 – 1973 – Prospective, Tours, les coteaux.

                         – DAUVERGNE (Pierre) et SAURIN (Jean-Pierre) – 550 Kms de coteaux … Pour quoi faire ?

– N° 9 – 1973 – Pour une stratégie de développement industriel, les centrales nucléaires dans le Val de Loire.

                        – BERRY (Lucas), DAUVERGNE (Pierre), GOUGEON (Jean) – La Métropole Jardin ou la vallée de l’atome ?

                           – DAUVERGNE (Pierre) et DELAIGUE (Michèle) – 450 Kms de Vallées … pour quoi faire ?

– N° 10 – 1973 – Le Val de Loire des touristes, la Loire, ses îles.

                           – DELAIGUE (Michèle) – Les îles dans le paysage de la Loire.

                           – FALAISE (Pierre) – Analyse d’une coupure verte : De Meung-sur-Loire à Beaugency.

 RECONNAISSANCE GENERALE DES PAYSAGES DE LA LOIRE MOYENNE :

DAUVERGNE (Pierre) – Interprétation de la carte géologique régionale – 1969

DAUVERGNE (Pierre) – Cartes au 1/200 000 des types de paysage. – 1970.

DAUVERGNE (Pierre) et DEMOUCHY (Georges) – Cartes au 1/100 000 des unités de paysage, du patrimoine, de la mise en valeur touristique et du degré de mise en valeur du patrimoine – 1971.

ETUDES DE LA VEGETATION :

Réalisées par le Centre d’Etudes Phytosociologiques et Ecologiques Louis EMBERGER (CEPE) du CNRS à Montpellier :

Elles sont présentées dans le cahier N° 7 de l’OREALM – 1972.

CABALLE (Guy), LONG (Gilbert), POISSONET (Jacques), GODRON (Michel) – Notice des cartes du paysage végétal de la zone de l’OREALM :

Rapport N° 1 – CEPE – CNRS – Montpellier, 1971.

Rapport N° 2 – Notice des cartes de la dynamique du paysage végétal de la zone de l’OREALM – 1972

Rapport N° 3 – 1973, idem ci-dessus.

GODRON (M), POISSONET (J) – Quatre thèmes complémentaires pour la cartographie de la végétation et du milieu dans bulletin de la Société Languedocienne de Géographie – Tome 6- fascicule 3 – 1972.

CABALLE (Guy) – Contribution à l’étude phyto- écologique du paysage rural de la LOIRE MOYENNE – Thèse de Doctorat en spécialité écologie – rapport et annexe – Université des sciences et des techniques du Languedoc Académie de Montpellier – 1973 –

DES ETUDES DE CAS :

DAUVERGNE (Pierre) – Etude du paysage pour le POS de Rochecorbon (37) – 1/10 000 -ème – Atelier d’Urbanisme de l’Agglomération Tourangelle – 1971

DAUVERGNE (Pierre), JARRY (Daniel) – Plan de paysage pour le PAR de Courtenay (45) – DDA 45 – 1972

DAUVERGNE (Pierre) et ses étudiants de 1ère et 2ème année de l’ENSH – SPAJ : Plan de paysage au 1 / 10 000 pour le POS de Loury (45) – Commune de LOURY – 1972

DAUVERGNE (Pierre), SAURIN (Jean-Pierre) – Plan de paysage pour le POS de Vineuil (41) – DDE 41 – 1972.

DAUVERGNE (Pierre), SAURIN (Jean-Pierre), Lucas BERRY – Définition des zones de discontinuité du SDAU de Tours – DDA 37 et Atelier d’Urbanisme de l’Agglomération Tourangelle – 1 / 50 000 -ème – 1972

DAUVERGNE (Pierre), DELAIGUE (Michèle), – Etude de paysage de la Basse Vallée de la Vienne – analyse au 1 / 50 000 et 1 : 25 000 – Plan de paysage pour les 9 POS du Syndicat Intercommunal de la rive gauche de la Basse Vallée de la Vienne (37) – 1973.

ETUDES PREPARATOIRES AU SCHEMA D’AMENAGEMENT :

DAUVERGNE (Pierre) – Créer un nouveau paysage – Dans la Plaquette des élèves de l’ENGREF, spécial “Environnement” – 1972.

DAUVERGNE (Pierre) et SAURIN (Jean-Pierre) – Cartes au 1 / 50 000 des unités de paysage, et de l’image du Val de Loire. (Les clefs locales, les clefs régionales, et les unités clefs). – 1972.

DAUVERGNE (Pierre) – Elaboration du schéma – Phase scénario – « Scénario « Val de Loire – Potager -Verger – OREALM – 1972

DAUVERGNE (Pierre) – Les Paysages – Dans L’économie de la Région Centre – Notes et Etudes Documentaires – cf. pages 147 à 149 – La Documentation française – 1972

MERLIN (Pierre), LE PAPE (François) et BERRY (Lucas) – Aménagement d’une région urbaine – La METROPOLE JARDIN – Revue Urbanisme – N° 134-135 – 1973

OREAC – Les coupures vertes de la Loire Moyenne – Charte interdépartementale – Mesures à mettre en œuvre – Départements 41, 45, 37 – 1976.

PUBLICATIONS DIVERSES A PROPOS DE LA METROPOLE JARDIN :

Ouvrages, articles, comptes rendus de séminaires, colloques, notes de travail.

ENGREF plaquette des élèves sur « Environnement : Nature – environnement – pollution – Pour qui, pourquoi, où ? » – dans le chapitre « actions menées dans le domaine de l’environnement en France : DAUVERGNE (Pierre) – « Créer un nouveau paysage » – 1972.

CHABRIER (Pierre) – « Recherches sur l’aménagement des communes rurales » – UER Sciences d’Orléans La Source – Congrès de l’AFAS – 1972 – (P. CHABRIER était Maire de LOURY, réflexions à partir de l’atelier pédagogique de l’ENSH – SPAJ)

DAUVERGNE (Pierre) – « Possibilités de réutilisation des carrières sous la forme d’aménagement paysager » – Compte rendu des journées d’information des consultants en matière de carrières – BRGM – Orléans La Source – Ministère de l’Industrie et de la Recherche – Le Courrier du CNRS – N° 24 – 1973.

 BERRY (Lucas) et DAUVERGNE (Pierre) – Introduction du facteur paysager dans les POS de la Métropole Jardin – Revue Urbanisme – N° 138 -1973

DAUVERGNE (Pierre) – L’exploitation de matériaux, activité modificatrice des paysages – N° 39 – spécial “Excavations” – Revue Espaces Verts – 1974.

DAUVERGNE (Pierre), VIOLLET (Michel) – “Le miroir d’une Société – comme l’homme, le paysage est en perpétuelle évolution. Plutôt que de tenter de le figer, il faut savoir l’adapter à son époque” – N° 31 de la revue “Sciences et Avenir” – 1974.

La Documentation Française – Ministère de la qualité de la vie et Ministère de l’équipement – PAYSAGE RURAL ET REGIONAL – Contribution méthodologique aux études d’aménagement – Voir en 2ème partie de l’ouvrage : L’étude d’une situation concrète : les paysages de la Loire Moyenne – 1975.

CHABRIER (Pierre) – « Réflexions pour un aménagement rationnel et humain du territoire rural – Revue du CNRS. – Le Courrier du CNRS N° 24 – 1977.

LE GRONTEC (Philippe) – Les coupures vertes de la Métropole Jardin en Val de Loire : rêve et réalité ? – Revue Economie rurale – N° 120 – 1977.

DAUVERGNE (Pierre) – Les plans de paysage – Revue Urbanisme N° 168 / 169 – 1979.

MORIN Edgar – La rumeur d’Orléans – Edit. du Seuil – 1982

DAUVERGNE (Pierre) – Entretien avec Yves DAUGE – La Décentralisation … une chance pour le paysage – dans le Dossier Développement et aménagement du territoire de la revue P+A – N° 1 – 1984.

BARRAQUE (Bernard) – Le paysage de l’Administration – voir chapitre « Emergence du Paysage Régional » en pages 70 à 80 – Mission de l’Inspection générale de l’Environnement – 1985.

DAUVERGNE (Pierre) – L’évolution du paysage du Val de Loire – Séminaire “Démarches paysagères” – Valençay – Groupe Régional d’Aménagement et d’Urbanisme – DRE Centre – 1990.

LUGINBUHL (Yves), BONTRON (Jean-Claude), CROS (Zsuzsa) – Méthode pour des atlas de paysages – Identification et qualification – Les travaux de l’OREALM sont cités en pages 35 à 36 – STRATES 6 CNRS – SEGESA – Pour le compte de la Direction de l’Architecture et de l’Urbanisme – 1994.

DAUVERGNE (Pierre) – L’urbanisme et le fleuve – Paysages des bords de l’eau – Dans les actes du colloque du MNLE ” La Loire, hier, aujourd’hui, demain” à Orléans en 1997 – Edit. Naturellement -1998.

BERRY (Lucas) – Projet de métropole-jardin – leçons d’une expérience – Cycle de conférences du Département Aménagement 2007-2008 – “Le projet et la grande échelle” – Université François Rabelais – Tours – 2007.

Martin-HALAIRE (Guillaume) – Depuis la Métropole-Jardin – 1968-1977 – Chronique d’une vision métropolitaine du Val-de-Loire – mémoire de recherche – DSA projets urbains – Ecole d’architecture Paris La Villette – 2010.

BERRY (Lucas) – Le projet de métropole jardin entre Orléans, Blois, Tours. – SGAR – 2002.

TOUBLANC (Monique), LUGINBUHL (Yves) – La vallée de la Loire : de l’innovation paysagère à la mise en patrimoine – Travaux de l’OREALM cités dans l’article – Revue 303, Arts, recherches, créations – N° 121 spécial « Val de Loire – Patrimoine mondial” – 2012

THIBAULT (Serge), VERDELLI (Laura) – Article “La Métropole Jardin, un projet urbain régional jamais officiellement abandonné” – UMR 6173 – CITERES CNRS – Tours – 2012

PDD2Paysage et Développement Durable – Séminaire de lancement – Tours – dont :

DAUVERGNE (Pierre), BERRY (Lucas) – La composante paysage dans le projet de Métropole Jardin de l’OREALM – Les suites à l’OREAC et au SGAR – 2012.

LUGINBÜHL (Yves) – « La mise en scène du monde – construction du paysage européen » Les travaux de l’OREALM sont cités en pages 313 et 314 – Editions du CNRS – 2012.

VOISIN lolita – Thèse à l’université François Rabelais à Tours – « La mobilisation du paysage par les acteurs publics locaux, un enjeu stratégique de territorialisation ? Réflexions en Loire Moyenne : Blois, Nevers, Saumur – 2013.

BERRY (Lucas) – « La Métropole Jardin » – dans « 250 Lieux – Personnages – Moments – Patrimoine en Beauce, Berry, Gâtinais, Perche, Sologne, Touraine » sous la direction de Pierre ALLORANT, Jean GARRIGUES, Alexandre BORRELL. Presses universitaires François Rabelais de Tours – 2018.

CALLENS Alexandre, DEBAERLE Denis, POUSIN Frédéric – Carnet de recherche Plan paysage. Séminaire 6 – L’OREALM et la Métropole jardin – 2020

_ANNEXE

LA RENCONTRE DES CALDER

Un souvenir particulier et inoubliable :

(Septembre 1969).

      Jean Claude DROUIN, architecte-urbaniste, responsable de l’Atelier d’urbanisme de l’Agglomération Tourangelle a invité l’équipe de l’OREALM à visiter le « Grand atelier » de l’artiste américain Alexandre CALDER (1898 – 1976). C’est en 1962, que ce bâtiment a été conçu et réalisé par Jean Claude DROUIN. En effet, il a conçu et réalisé cet atelier sur le versant de la vallée de l’Indre à PONT DE RUAN. L’équipe était représentée par son directeur, Donatien de SESMAISONS, Pierre FALAISE, Luka SVAJBERIC, et moi-même. Avec Jean Claude DROUIN, sa femme Catherine (fille de Jean PROUVE), nous rencontrons le couple CALDER, Louisa et Alexandre dans son nouvel atelier, et parcourons le terrain et les terrasses attenantes en balcon sur la vallée de la Manse. Outre des œuvres, dont des mobiles, des peintures dans l’atelier, c’est en nombre, que les stabiles et stabiles-mobiles sont installés en extérieur. Puis, nous sommes accueillis dans leur maison, ou « Atelier des gouaches » à SACHE.

La terrasse de l’atelier donnant sur la vallée de l’Indre.

Dans l’atelier : gouaches, stabiles avec, J. Cl. DROUIN en conversation avec Alexandre CALDER.

Avec Lukas SVAJBERIC.

    Avec grande chance, dans sa maison à Saché, nous y découvrons, dans le coin d’une pièce, son œuvre célèbre, « Le cirque » conçu et réalisé entre 1926 et 1931. Il en existe deux films animés par Calder lui-même.

    Puis, les CALDER nous ont fait visiter le village médiéval en tuffeau de CRISSAY-SUR-MANSE en cours de restauration.

     A Crissay-sur-Manse, de gauche à droite et de dos, Pierre FALAISE, Louisa CALDER, les DROUIN, Donatien de SESMAISONS, Pierre DAUVERGNE, et Alexandre CALDER.

Clichés de Pierre Dauvergne, sauf la dernière, qui est de Lukas SVAJBERIC. Ils ont été adressés en 2012 à la « Calder Foundation » sise à New York.

___________________________________

Les diplômes des paysagistes versaillais (1946-1974)

Cet inventaire récapitule les noms des élèves de la section du paysage et de l’art des jardins de l’ENSH de 1946 à 1974, les diplômes attribués et les dossiers de concours en loge ou assimilés (après 1970), déposés aux archives de l’ENSP (Salle 2).

P. Donadieu 2 février 2020.

Nom IH année entrée SPAJ année DPLG ou équivalent Autres Enseignants Titre DPLG/ concours en loge/mémoire 1984
M. Zaborski 1901 x DPLMA 1946
A. Audias 1921 x Enseignant SPAJ XXX DPLMA 1946
D. Collin 1931 x Enseignant SPAJ x DPLMA 1946
P. Grisvard 1934 ? ?
H. Brison 1937 x
P. Carré 1937 x
R. Joffet x Ingénieur des Travaux publics DPLMA 1946
G. Moser ? x DPLMA 1946
H. Pasquier x DPLMA 1946
A. Riousse x Architecte, professeur SPAJ xxx DPLMA 1946
F. Duprat x Kew gardens, Professeur ENSH xxx DPLMA 1946
J. Greber x Architecte DPLMA 1946
P. Mas 1940 x DPLMA 1946
E. Halasz 1940 x
J. Camand 1942 x DPLMA 1955
J. Challet 1942 1946 x          1954
M. Béjot 1943 1946 x
E. Mauret 1943 1946 x enseignant ENSP versailles  x
P. Pelletier 1943 1946 x       1953
J. Allouin 1944 x
JPierre Bernard 1945 x enseignant SPAJ x
C. Coconnier 1945 x
R. Brice x Enseignant SPAJ xx DPLMA1946
R. Bizet 1946 x
C. Cothier 1946 x
M. Delcourt 1947 1951 x
JB Perrin 1947 1951 x Agence espaces verts IDF x
J. Sgard 1947 x Urbaniste 1958, enseignant SPAJ et ENSP, CNERP xxx
R. Braux 1948
JC St Maurice 1948 x     1956 Enseignant SPAJ x
A. Vollet 1948 x
JL Liénard 1948 x
Jpa Bernard 1949 x.       1951 Enseignant SPAJ xx
C. Berthoin 1949 x
H. Catelot 1949 x x
A. Hel Hadi 1950
J. Segall 1950
E. Cardassopoulos 1951
M. de Crety 1951
R. Robelin 1951
E. Marguet 1952 x
L. Tailhade Colin 1952 x enseignant ENSP Versailles xx
J.-F. Treyve 1952 x.         1958 “Propriété d’agrément”
H. Champeaux  1952 x x
P. Morvan 1952 x
M.-L. Bourne 1953 x.         1958 Centre climatique d’enseignement
G. Samel 1953 x       1956 Enseignant SPAJ, ENSP xx
M. Vilette 1953 x       1956
M. Caneel 1953
C. Heinguez 1953
C. Leturcq 1953
F. Lemaire 1954
J. Reymond 1954
P. Collin 1954
C. Rosillio 1954
P. Roulet 1954 x enseignant SPAJ x
A. Spake 1954 x SETRA x
M. Grelier 1954
M. Cassin 1955 1958
JC Garrandeau 1956 1959
D. De Villèle 1956 1959 x
D. Parrot 1957 1960
Y. Chevrier 1957 x
H. Clouzeau 1957 x
L.Deschamps 1957 x
G. Subirana 1957 x
JP Nourry 1957
J. Simon 1957 x           1960 Enseignant ENSP Marseille xxx
J. Abdelkefi 1958 1961 x  
I. Bourne-Cloppenbourg 1954 x          1958 Propriété d’agrément
Y. Blineau 1958 1961 x
P. Carcenac de Torn 1958 1961 x
M. Gharib 1958 1961 x
M. Nadon 1958 1961 x
A. Provost 1958 1961 x enseignant ENSP Versailles xxx
AM Baggio 1958 x
C. Colle 1958 x
E. Perrochat 1958 x
A. Szumanska 1958 x.         1984 4 dossiers
J. Vergely 1958 x
D. Boyer 1958
MF Citerne 1959 1961 x          1984 Travaux ZUP Bordeaux
MT Laffitte 1959 x
C. Fines 1959
MC Montiers 1959
A. Schmutz 1959
JP Bossuat 1960 1963
B. Demoustier 1960 1963
E. Bordet 1960 x
D. Capitaine 1960 x
M. Viollet 1960 x Enseignant SPAJ, ENSP xx
G. Bertrand 1960
G. Le Flour 1960
F. Capmarty Tanguy 1961 1964 x.         1971 Professeur ENITHP XXX Projet pour un parc privé
C. Mollie 1961 x
C. Piollet 1961
C. Razel 1961
D. Routaboule 1961 Professeur Montréal xxx
B. Morichon 1962
M. Alquier 1962
I. Auricoste 1962 Enseignante ENSP Bordeaux xxx
M.P. Chaix 1962
J.-C. Hardy 1962 x ?         1984 enseignant ENSP Versailles xxx Dossier
AM Hocquette 1962
A. Aubin 1963 x
C. Bessy 1963 x
M. Cescas 1963 x
P. Dauvergne 1963 x enseignant ENSP Versailles xx dossier + pièces graphiques
P. Pillet 1963 x
M. Spiliopoulou 1963 x.        1982 Hotel Hilton à Corfou
F. Teste 1963 x Lycée agricole de Montmorat
F. Buisset 1963
X. Engrand 1964 1966
F. Poirson 1964 1966
C. Sailer 1964 1966
F. Couilloud 1964 x
M. Guitton 1964 x enseignant ENSP Versailles xx
C.Moreau 1964 x
C. Sibilot 1964 x
M. Yaron 1964 x
E. Charpentier 1964
C. Fiatte 1964
F. Izard 1964
J. Lavoignat 1964
E d’Avdeew 1965 1967
JN Burte 1965 1967 1984
JJ Pagis 1965 1967
G. Clément 1965 1967 x          1984 Professeur ENSP Versailles xx
C. Duvivier 1965 1967 x Directeur EV Caen Dossier
P. Clerc 1965 x          1984
MC Henriot 1965 x
M. Mercier 1965 x          1984 coulee verte en ville nouvelle et ZAC en Aquitaine
J. Moreau 1965 x
A. Picard 1965 x
F. Trebucq 1965 x          1984 cité administrative à Troyes
S. Adelaide 1965
A. Belin 1965
M. Fabre 1965
D. Rouve 1965
P. Klotz 1966
JF Morel 1966
J. Schierano 1966
YM Allain 1966 1968 x Museum Paris
B. Cavalié 1966 1968 x
H. Lambert 1966 1968 x          1984 CNERP 1974, CEMAGREF Grenoble Dossier
M. Marcesse 1966 1968 x          1984 CETE Aix Dossier
B. Goldefy 1966 x
H. Hubert 1966 x
C. Faucheur 1966 x          1984 Dossier
F. Lagarde-Bozellec 1966 x          1984 Dossier
A. Levavasseur 1966 x          1984 CNERP 1972 Dossier
JP Pinson 1966 x
P. Treyve 1966 x
J. Bouche 1966
C. Chenevard 1966
F. Lefevre 1966
S. Voiturier 1966
F. Rongère 1966
P. Decaux 1967 1969
R. Dechamps 1967 1969
P. Lombard 1967 1969
M. Bacheré 1967 1969 x          1984  Dossier de 17 documents
L. Saccardy 1967 1969 x Enseignant ENSP/ENSH Versailles xx
JP Fau 1967 x
I Le Caisne 1967 x          1984 Los Almados
A Mignard 1967 x
J. Ricorday 1967 Enseignant ENSP Marseille xx Dossier
F. Scobeltzine 1967 x          1984  Habitat et vie sociale à Strabourg
M. Teissier du Cros 1967 x
M. Truchetet 1967 x
MF Azéma 1967
D. Corot 1967
S. Decorde 1967
A. Eichenbaum 1967
C. Ginod 1967
C. Girard 1967
MJ Turquet 1967
E. Bonin 1968 1970
H. Chaudet 1968 1970
M. Desablens 1968 1970
E. Klein 1968 1970
D. Laroche 1968 1970 x
P. Alvery 1968 x
S. Aubepart 1968 x
P. Aubry 1968 x enseignant ENSP, Ecole architecture de Paris La villette xxx
C. Courbon la Faye 1968 x
M. Decaudin 1968 x          1984  Zone de loisirs à Chalon sur Saone
M. Delaigue 1968 x          1984 CNERP ? dossier Le faou
G. Demouchy 1968 x          1984 Enseignant ENSP Marseille xxx 7 pièces graphiques
JP Derinck 1968 x Parc de la combe Persil (Dijon)
G. De la Personne 1968 x Enseignant ENSP/ENSH x
J Restouex 1968 x Le jardins des halles à Paris
T. Sprecher 1968 x          1979 Enseignant ENSP/ENSH xx le golfe de la Penfeld à Brest
M. Bevillard 1968
MA du Boys 1968
JP Carayon 1968
AL Chabrun-Burte 1968 1984
A. Famery 1968
E. Fremolle 1968
C. Pernod 1968
B. Puget 1968
Y. Crouzet 1969 1971
A. Dhios 1969 1971
S. Hardy 1969 1971 Dossier
N. Audas-Lombard 1969 x          1978 L’étang de Belle Bouche
B. Barray 1969 x         1980 Parc départemental de Villeuve la Garenne
Y. Flaux 1969 x
A. Gerbe 1969 x
JL Muzet 1969 x          1980 Echangeur Frais Vallon
JP Saurin 1969 x          1984 Dossier
F. Bosshard 1969
F. Bouvier 1969
F. Charmoy 1969
M. Giraud 1969
B. Heme de la Cotte 1969 1984 CAUE Gironde Dossier
B. Lavier 1969 artiste
S. Legallet 1969
K. Pradham 1969
B. Riscles 1969
A. d’Ussel 1969
M. Anadiadou 1970 x
D. Bentz 1970 x
JL Blard 1970 x
G. Chauvel 1970 x enseignant ENSP Versailles xxx
JP Clarac 1970 x CNERP, Enseignant ENSP Marseille xx
J. Coulon 1970 x enseignant ENSP Versailles xx
S. Creminger 1970  x         1984 Parc de la ZAC Rodin
P. Denis 1970 x
J. Dolveck 1970 x Dossier, plateau de Chenove /Dijon
D. Jarry 1970 x
MH Joye-Jeanmougin 1970 x          1980 Aménagement des lacs du site de Coubron (Seine et Marne)
A. Legoff 1970 x
P. Lecarpentier 1970 x enseignant ENSP Versailles x
C. Michenet/Corajoud 1970 x Dossier
P. Viatte 1970 x
F. Habderhalden 1970
G. Briard de Boisanger 1970 x ?          1984  Dossier
E. Gauthier 1970
A. Hemeury 1970
A. Perret 1970
P. Girardin 1971 1973 x
C. Tamisier 1970 enseignant ENSP Marseille  xxx
C. Boudvin 1971 x
JP Carette 1971 x
A. Chemetoff 1971 x enseignant ENSP versailles  x
P. Colas 1971 x
B. Finot 1971 x
R. Hacq 1971 x
J. Jannequin 1971 x
J. Magerand 1971 x enseignant La villette xx Dossier
A. Marguerit 1971 x enseignant ENSP Marseille 
L. Matringe 1971 x        1984 Dossier PNR Marais Poitevin
M. Rascle 1971 x        1984 3 volumes
B. Tarit 1971 x        1984 Faubourg de Valensole
C. Vairel 1971 x
G. Vexlard 1971 x enseignant ENSP versailles  xxx
G. Berard 1971
S. Bertrand 1971
M. Dufresne 1971
B. Garnier 1971
MH Gaye 1971
A. Gerard 1971
MC Godinot 1971
N. Isaac 1971
F. L’Hours 1971
V. Lefèvre 1971
G. Lebasle 1971
S. Malzieux 1971
P. Remy 1971
M. Toulemonde 1971
M. Arnaud 1972 x        1979 Intinéraire paysager dans le PNR de la montagne de Reims
B. Barbier 1972 x
MA Baudenon 1972 x
H. Brouet 1972 x
MN Brault 1972 x CNERP 74-78, STU 79-83
M. Danso 1972 x         1978 La grande N’iaye de Pikine (Dakar)
C. Delabrouille 1972 x        1984 architecte DPLG Dossier
R. Désormeaux 1972 x
E. Dousselin-Ehrat 1972 x        1984 Ing. S EV Strasbourg Dossier
ML Grimal-Raphael 1972 x        1984
P. De Larrare 1972 x        1984 Dossier
L. Leblanc 1972 x  enseignante ENSP Versailles xx dossier
E. Mortamais 1972 x        1984 enseignant La villette xx
S.Noyer 1972 x
P.Opezzo 1972 x        1984 CAUE Orne Ecole horticulture de Chott Mariem (Tunisie)
P. Poinas 1972 x        1984 dossier
A. Quiot 1972 x
JF Trouvé 1972 x
L. Vacherot 1972 x
M. Brismail 1972
E. Despine 1972
C. de Drouas 1972
M. Guibert 1972
G. Guillaume 1972
C. Hubert 1972
G. N’zi 1972
D. Pons 1972
P. Sicot 1972
C. Guillou 1971 Aménagement d’un parc privé en Bretagne
M.M. De Castro 1976 Jardineria monestario de Rivas (Madrid)
E. Belzunce Botin 1979 Projecto de ajardinamento en la “urbanizacion bonanza”
J. Xerri   1984 Sculpteur paysagiste Dossier
D. Denitz-Bentz 1984 aménagement de la Corotola
A. Kriegel architecte x          1984 Enseignante Lille, Architecte CNERP XX Dossier
J. Mestoujan 1984 Dossier
B. Lassus plasticien x          1984 Professeur Ecole d’architecture de Paris la Vilette, ENSP xxx Dossier DPLMA
M. Corajoud Arts décoratifs x          1984 Professeur ENSP Versailles xxx Dossier DPLMA
C. Barré architecte 1984 Dossier
A. Couchey, D. Lefort architectes 1984 Dossier
MH Stefanaggi Beaux arts 1984 Dossier
M.N. Lombard ? 1984 Dossier
312 élèves ou assimilés de la SPAJ de 1946 à 1974 (350 pour R. Chaux en 1983)
181 Paysagistes DPLG ou DPLMA
dont 68 IH formés à la SPAJ
dont 24 IH DPLG dont deux grands prix du Paysage (Provost, Clément)
 
Légende
Ligne A  :le nom des élèves de la SPAJ inscrits de 1946 à 1972 en première année + le nom des personnalités promues Diplômés par le ministère de l’agriculture (DPLMA=DPLG) en 1946, puis 1955 + le nom de candidats externes dans la sesssion”balai” de 1983-84.
ligne B : Ingénieur horticole (IH) + l’année d’entrée à l’ENSH, jusqu’en 1972
Ligne C : année d’inscription en première année à la section du paysage et de l’art des jardins (SPAJ), ou d’attribution du DPLMA (parfois l’année d’inscription est confondue avec celle de sortie)
Ligne D : la croix indique l’attribution du titre de paysagiste DPLG  ou la date de cette attribution -le concours en loge jusqu’en 1968-  (selon annuaire de l’association des ingnieurs de l’horticulture et du paysage de 2011)
Ligne E : autres indications de diplômes antérieurs, de fonction, de titre
ligne F : activités d’enseignants : xxx (forte, titulaire), xx (moyenne : contractuelle), faible (vacataire). Estimation personnelle
Ligne G : Indications du dossier du concours en loge ou du dossier de la session 1983-84 (salle 2) ou de l’attribution du titre de DPLMA = DPLG

Transmettre le métier de paysagiste

Chapitre 15

(version provisoire)

 

Transmettre le métier de paysagiste concepteur (1874-2019)

 

Comment le métier de paysagiste a-t-il été transmis dans les écoles de Versailles (ENSH et ENSP) depuis leur origine ? Des paysagistes, jeunes et moins jeunes, en parlent.

 Sous sa forme illustrée, ce texte sera publié dans la rubrique « Histoire et mémoire » du site Topia https://topia.fr/2018/03/27/histoire-de-lensp-2/

 1-Trois paysagistes se souviennent

4 mai 2019 dans l’amphithéâtre de l’école. Les élèves écoutent Jacques Coulon, Jean-Pierre Clarac et Alexandre Chemetoff parler de leur métier de paysagiste. Ces trois praticiens confirmés ont un point commun. Ils ont suivi la même formation de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’ENSH. Les deux premiers sont entrés à l’Ecole en 1969 et le troisième l’année suivante. Ils ont été les élèves de Michel Corajoud et de Jacques Simon à la fin de la formation dispensée dans la Section du paysage et de l’Art des jardins de l’ENSH (1946-1974).

Cinquante ans après leur formation, que disent-ils de l’enseignement et de leur métier qu’ils ont exercé de manière très différente ?[1]

Né en 1947 à Paris, Jacques Coulon est issu, avant la Section, d’une formation à l’École des Arts décoratifs et à celle des Beaux-Arts. M. Rumelhart qui lui a consacré un long article en 2002 dans Créateurs de jardins et de paysage le décrit comme un créateur empirique de formes, un homme de projet, soucieux d’inventer des chemins parallèles et originaux. Il écrit en le citant : « Le projet, qui « permet de continuer à apprendre sur le tas », est « plus largement compris comme un humus à partir duquel peut se construire une partie de la réflexion sur le paysage » (p. 310). J. Coulon s’intéresse à la forme « surtout dans la mesure où elle parle du temps ou le met en scène» (p. 311).

Né en 1948 à Pamiers (Ariège), Jean-Pierre Clarac, est issu d’une famille de maraichers et de pépiniéristes installée au pied des Pyrénées ariégeoises depuis cinq générations. Après sa formation au paysagisme d’aménagement au CNERP en 1973-74, il fonde son agence libérale (avec notamment des réalisations d’espaces publics commanditées par l’EPAREB) et devient, comme Jacques Coulon, enseignant (à partir de 1988) à l’ENSP et paysagiste conseil de l’État à partir de 2007.

Né en 1950, Alexandre Chemetoff est paysagiste DPLG, architecte et urbaniste.Il est le fils de l’architecte Paul Chemetoff. « Il réalise aujourd’hui des études et des opérations de maîtrise d’œuvre qui illustrent son approche pluridisciplinaire associant parfois dans une même réalisation architecture, construction, urbanisme, espaces publics et paysage dans un souci de compréhension globale des phénomènes de transformation du territoire : du détail à la grande échelle.(…). « Il conçoit la pratique de son métier comme un engagement dans le monde. Le programme est une question posée, le site un lieu de ressources et le projet une façon de changer les règles du jeu » (…).  Wikipédia.

Ces trois paysagistes sont des concepteurs maîtres d’œuvre s’inscrivant dans la tradition professionnelle des « architectes paysagistes » aujourd’hui des « paysagistes concepteurs ». Jean-Pierre Clarac se distingue par le savoir conseiller les maîtres d’ouvrages (les élus) à l’échelle territoriale. J. Coulon revendique le design des formes paysagères et A. Chemetoff s’est inscrit dans les trois chemins de l’architecture, de l‘urbanisme et du paysage.

 

Avant d’entrer à l’ENSH, leurs chemins personnels sont très différents, mais tous ont connu les soubresauts des mouvements étudiants de mai 1968.

Coulon est un Parisien, élève du sculpteur Etienne Martin à l’École des Beaux-Arts. Il passe deux années dans la Section sans s’intéresser vraiment aux enseignements techniques de l’ENSH. J’étais, dit-il, dans le monde de la forme et non de la matière, et pour moi le projet (de paysage) reliait la forme et la matière. « On travaillait sur tout, sans réflexions fondamentales (…) C’est en faisant qu’on voyait ce qu’on avait à faire. L’idée de faire beau, de décorer, d’embellir ne se posait pas. On n’en parlait pas ». La rupture avec le modèle historique du jardin paysager s’imposait à lui, moins comme un refus radical qu’en tant qu’évidence de la recherche d’une alternative à inventer par l’expérience. Sans doute était-il convaincu que les savoirs savants pouvaient être remplacés par des observations de bon sens, que l’écoulement de l’eau sur une pente pouvait se passer des équations de Bernouilli enseignées par l’ingénieur J.-M. Lemoyne de Forges. Ou bien que pour distinguer les poiriers des pommiers en hiver, il suffisait de regarder les fruits sur le sol au lieu d’ausculter l’anatomie des bourgeons enseignée par le botaniste M. Rumelhart.

De son côté, Alexandre Chemetoff se souvient : « On avait des cours communs avec les élèves ingénieurs, d’hydraulique, de botanique, de floriculture, de nivellement ou de pépinières, mais pas d’écologie (au sens d’aujourd’hui). Cette connaissance botanique, des espèces, des variétés, des cultivars, transmise par les professeurs de l’École d’Horticulture : R. Bossard, P. Cuisance et C. Chaux nous paraissait illimitée, infinie. »

 

Après 1970, des enseignants nouveaux, étrangers ou non au berceau horticole, sont arrivés dans la Section : M. Corajoud et J. Simon. « Ils ont ouvert la formation sur le monde.  Ils disaient : le projet c’est ce que vous vendez avec les végétaux (…). Mais les projets étaient limités aux parcs et aux jardins, c’était très conservateur, et même réactionnaire ».

La Section finissante avait été ébranlée par les révoltes étudiantes de mai 1968. Ses élèves comme ses enseignants étaient en grève quasi permanente. J. Sgard avait démissionné et cofondé le Centre national d’étude et de recherche du paysage (CNERP). Un premier projet d’institut du paysage échouait en 1972. L’ENSH fut de fait le théâtre d’un « choc culturel » entre le savoir scientifique et technique horticole, et la réflexion critique des jeunes enseignants de projet. Ces derniers, qui étaient issus de l’Atelier d’architecture et d’urbanisme de Paris (AUA) succédaient aux anciens enseignants de projet (T. Leveau, J. Sgard, J.-C. Saint-Maurice, G. Samel, A. Audias notamment).

Comme ses deux collègues, J.-P. Clarac est un concepteur maître d’œuvre. Il s’en distingue par deux traits : il est familier, par atavisme, du monde horticole et, par sa formation au CNERP, du « Grand Paysage ». D’ailleurs, au cours de leur formation à l’ENSH, il a fait bénéficier J. Coulon de sa compétence botanique, lequel le lui a bien rendu en l’aidant en dessin. Il rappelle le rôle qu’a joué le professeur de botanique et d’écologie de l’ENSH Jacques Montégut : « Il nous a appris le sens des plantes, de l’écologie et de la nature ; il nous montrait l’histoire séculaire des sites grâce au pouvoir indicateur des plantes ». J. Montégut enseignait également la biogéographie au CNERP. J.-P. Clarac en avait retenu les notions de saltus(l’espace pastoral commun des campagnes méditerranéennes distincte de l’ageret de la silva) pour penser l’aménagement des 3000 hectares du site de Sophia-Antipolis. Et aujourd’hui, le « penser les usages en commun » et la préservation des ressources naturelles sont devenus pour lui les fondements des projets de paysage.

Dans les trois cas, la pensée du projet est une « pensée de l’action » qui reformule les questions relatives au devenir du site de projet, quelle qu’en soit l’échelle spatiale. Les discours des trois praticiens ne s’appuient pas sur des connaissances scientifiques  (biologiques, biotechniques ou sociologiques). Parfois ils évoquent des analyses philosophiques et éthiques globalisantes, de la même façon que les architectes qui cherchent à théoriser leurs pratiques. J.-P. Clarac approuve par exemple le suburbanisme du philosophe Sébastien Marot qui met en évidence la nécessité du soin des sites et le rôle des paysagistes. Tout autant que, selon les situations, « sont écoutés les points de vue de l’archéologue ou du chasseur, et reconnues les forces de la nature (qui gagnent toujours) ».

Sont-ils d’accord pour admettre comme J. Coulon que le paysage et le jardinage « ce sont d’abord des évènements à regarder » ? Une inondation, dit-il, est autant un événement visuel qu’une catastrophe car « même la vie de tous les jours est un évènement qui mérite d’être regardé ». Le paysagiste, conviennent-ils, se donne la mission d’assembler de manière cohérente les formes à voir qui vont marquer le territoire commun à ses usagers : « Nous, on peut faire avancer les choses, en fabriquant la qualité des choses (des espaces) pour répondre, a minima, aux besoins fondamentaux de la société : de nourriture, d’air et d’eau ».  Tous récusent fermement la compétence du paysagiste décorateur que la société et les pouvoirs politiques leur avait assignée au moment de leur formation. Et qu’ils ont su remettre en question et redéfinir tout au long de leur carrière.

2-L’expérience de Jacques Sgard

             Né en 1929, formé dans la Section du paysage et de l’art des jardins de l’EN(S)H, puis enseignant (ENSH et ENSP) jusqu’à aujourd’hui, Jacques Sgard est le plus ancien et le plus expérimenté des paysagistes urbanistes français.

          La Section du paysage et de l’art des jardins de l’Ecole nationale d’horticulture (ENH) de Versailles a recruté ses premiers élèves en 1946 : six ingénieurs horticoles diplômés de l’ENH qui feront leurs études en un an. La Section leur était destinée : la demande avait été formulée auprès du ministère de l’Agriculture par plusieurs canaux : au début des années 1930 par le comité d’art des jardins de la SNHF et par la société française d’art des jardins (Achille Duchêne), puis par Ferdinand Duprat (professeur d’architecture des jardins et d’urbanisme à l’ENH de Versailles), et Robert Joffet, conservateur en chef des jardins et espaces verts de Paris.

À la rentrée de l’année scolaire 1947-48, six autres élèves sont admis dont trois ingénieurs horticoles. Parmi les non ingénieurs, « un bachelier avec de réelles aptitudes au dessin, mais sans connaissances botaniques et horticoles » est sélectionné avec un traitement de faveur. Il s’agit de Jacques Sgard qui avait alors 18 ans. Le directeur Jean Lenfant lui propose une année comme auditeur libre pour acquérir les connaissances horticoles nécessaires après sa sortie de la Section. Faveur (non reproductible décide le conseil des enseignants du 12 juillet 1948) qu’il mettra à profit comme « cuscute[2] » après sa formation en un an.

Il bénéficia, en deux ans, des enseignements d’ateliers de l’architecte de jardins et urbaniste André Riousse, de l’architecte et urbaniste Roger Puget, de l’expérience de l’ingénieur horticole (élève de Ferdinand Duprat) Albert Audias, de l’érudition botanique de  Henri Thébaud en connaissance et utilisation des végétaux, des cours de l’historienne des jardins Marguerite Charageat, de la formation technique de Robert Brice et Jean-Paul Bernard, ainsi que des cours de dessin de René Enard.

Autant de disciplines (12), qui complétaient la formation de l’ingénieur horticole auquel avait été déjà enseigné les matières scientifiques (botanique, physique, chimie, mathématiques), biotechniques (arboriculture, floriculture, pépinières, maraichage), et économiques. En développant l’histoire des jardins qui était dispensée par le professeur d’architecture des jardins et le dessin artistique. En conservant quelques matières techniques (nivellement, levée de plans, utilisation des végétaux dans les projets). Et surtout en créant des ateliers de projets et des cours d’urbanisme, la nouvelle formation de paysagiste était fondée.

À la fin de l’année scolaire, les élèves sortant (dont J. Sgard et J.-B. Perrin) obtiennent brillamment le certificat d’études de la Section. Les travaux remis donnent entière satisfaction à M. Charageat : « Ils ont valeur d’une thèse ».

Néanmoins, « on n’apprenait pas grand-chose, c’était un peu léger » juge-t-il, soixante-dix ans après[3]. Cette formation nouvelle n’avait que deux années d’expériences …

À la fin de l’année 1949, il n’avait pas trouvé le stage qui était nécessaire, avec ensuite le concours en loge, pour obtenir le titre de paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture. En novembre 1950, il est néanmoins autorisé à s’inscrire aux épreuves de ce concours en loge. Il comprenait une partie éliminatoire (un projet de composition à présenter sous forme d’esquisses), un projet technique et un projet de plantation. Il obtient le titre en 1953 (ou 1952).

Puis, après des cours par correspondance auprès de l’Institut d’urbanisme de Paris, et ayant obtenu une bourse universitaire d’étude, il part en vélo aux Pays-Bas en 1954.

Sous la conduite du paysagiste Jan This Peter Bijouhwer (1898-1974), il découvre les projets néerlandais, notamment ceux de la reconstruction, des plans de paysage et de développement rural, et des polders comme celui de l’Isselmeer. En 1958, il soutient sous la direction de l’urbaniste Jean Royer, une thèse de fin d’étude, intitulée Récréation et espace vert aux Pays-Bas[4].

Puis il poursuit sa carrière avec les jeunes paysagistes Pierre Roulet et Jean-Claude Saint-Maurice, carrière qu’il avait déjà commencée seul avec le plan de paysage de la station thermale de Lamalou-les-Bains (Hérault) en 1955.

C’est en 1963 qu’il revient dans la Section comme enseignant d’atelier, appelé avec J.-C. Saint Maurice par le directeur de l’ENSH Etienne Le Guélinel, puis les années suivantes avec P. Roulet, G. Samel, B. Lassus et P. Dauvergne. Il démissionne de ses fonctions d’enseignant en 1968 au moment des grèves étudiantes et enseignantes qui affectent la Section. Mais surtout en raison du manque flagrant de moyens financiers et d’autonomie de la Section qui, de plus, ne dispose pas d’enseignants titulaires.

De 1969 à 1974, le schisme naissant du « paysagisme d’aménagement » au sein de la Section se traduit par la création du GERP (groupe d’étude et de recherches sur le paysage) puis du CNERP (centre national d’étude et de recherche du paysage) en 1972 où il se réinvestit comme enseignant jusqu’à sa fermeture en 1979. Il contribue ainsi à former l’agronome Y. Luginbühl, les paysagistes A. Levavasseur, J.P. Saurin, H. Lambert et J.-P. Clarac, et l’ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts B. Fischesser, entre autres[5].

En 1976, l’ENSP est créée après la disparition de la Section en 1974. J. Sgard revient alors enseigner dans la quatrième et dernière année de formation à partir de 1983. Presque chaque année pendant trente ans, il encadrera un atelier pédagogique régional (une étude paysagère en situation de commande publique réelle) et un ou deux mémoires de fin d’étude.

3-Transmettre l’art du projet : une démarche heuristique méconnue

             L’architecture de paysage (landscape architecture en anglais), dite parfois paysagisme en français, ou plus simplement pour les paysagistes concepteurs, « le paysage », est à l’origine un métier (dessinateur de jardin) qui s’est professionnalisé à la fin du siècle dernier.  À partir de 2016, il est devenu une profession réglementée par l’État, comme les architectes, les médecins ou les notaires.

Comment leurs multiples compétences ont-elles été et sont-elles aujourd’hui transmises ? Nous n’en avons qu’une idée assez vague, même si l’histoire de l’école de Versailles, la plus ancienne des cinq écoles actuelles de paysagistes concepteurs, commence à être connue[6]. Que dit un paysagiste enseignant de son enseignement d’atelier ? Nous ne le savons que par les intitulés des programmes pédagogiques des ateliers, les textes introductifs, les projets produits par les ateliers, les notes attribuées aux élèves, quelques textes fondateurs comme ceux de M. Corajoud (Lettre aux étudiants, 2000[7]) et les souvenirs des étudiants et des enseignants. Ce qui est largement insuffisant pour rendre compte de la pratique réelle de transmission des savoirs.

Pour commencer à en parler, j’ai choisi d’imaginer un entretien fictif entre un enseignant paysagiste imaginaire (EPI), inspiré en partie par les figures de Jacques Sgard et de Pierre Dauvergne, et un journaliste curieux (JC).

 JC : Vous êtes l’un des plus expérimentés parmi les paysagistes enseignants d’ateliers en France. Dans l’école de Versailles où vous avez été élève, vous avez enseigné depuis 1963. Comment enseignait-on dans les ateliers de projet avant cette date ?

 EPI : Avant la création de l’École d’horticulture de Versailles en 1873, le métier d’architecte paysagiste ou plutôt de maître jardinier s’apprenait « sur le tas », c’est-à-dire en situation professionnelle réelle. C’était un apprentissage auprès de praticiens confirmés. Souvent cela se passait dans le milieu familial. Le père d’André Le Nôtre était jardinier ordinaire du roi Louis XIII chargé de l’entretien du jardin des Tuileries. Il portait le titre de dessinateur des plans et jardins. Son fils apprit le dessin pendant six ans dans l’atelier du peintre Simon Vouet, puis la perspective et l’architecture auprès de François Mansart, (Jules-Hardouin était son petit neveu).

Au XIXe siècle, le paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps était fils de jardinier. Grâce à son beau-père, il développa à Bordeaux une entreprise horticole où il multiplia de nombreuses espèces exotiques. Appelé par l’ingénieur A. Alphand, il devint le premier jardinier en chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris.

Comment apprenait-on à dessiner un jardin à cette époque ?

Je n’y étais pas… Mais j’imagine que l’on imitait beaucoup des plans existants. On les recopiait en les adaptant aux situations. À l’époque de Le Nôtre, les traités de Claude Mollet et de Jacques Boyceau de la Baraudière étaient bien connus. C’était un peu des catalogues où chacun puisait son inspiration.  La vogue européenne des jardins à la française au XVIIIe siècle a été facilitée par la circulation des plans, parfois même sans que le site à aménager soit connu de l’auteur.  Il en a été de même pour les jardins irréguliers (anglo-chinois, paysagers ou à l’anglaise) à partir du début du XIXe siècle.

Dessiner était l’apanage des jardiniers dessinateurs, mais comment apprenaient-ils à réaliser le projet ?

             Là encore je n’y étais pas. Mais, comme aujourd’hui, il s’associait, j’imagine, à d’autres compétences. À l’époque de Le Nôtre, les fontainiers, géomètres et topographes savaient maitriser l’écoulement des eaux, les drainages et les terrassements. Les travaux étaient souvent herculéens. Ils se faisaient à bras d’hommes avec des brouettes et des charrettes. Les machines étaient rares. Il leur fallait beaucoup de contremaitres pour encadrer des centaines d’ouvriers et contrôler la conformité des travaux aux projets.

C’est vrai, il n’y avait pas d’école, c’était l’expérience des jardiniers dessinateurs et maitres d’œuvre, leurs succès et leurs échecs, qui leur apprenaient leur métier d’architecte de jardins avec les géomètres et les fontainiers.

En 1874, l’École d’horticulture de Versailles est créée au Potager du roi. Une chaire d’architecture des jardins et des serres est mise en place. Qu’est ce qui change dans la formation de ceux qui s’appelleront ensuite architecte paysagiste ? N’avaient-ils pas un diplôme d’ingénieur en horticulture ?

             Les historiens pourraient répondre mieux que moi. Ce que je sais c’est que les premiers enseignants de cette chaire étaient, je crois, tous des ingénieurs des ponts et chaussées, ou des arts et manufactures, sauf Edouard André. Mais ils avaient une formation artistique, historique, technique et pratique acquise autant à l’école que dans les services des promenades de Paris.

À l’école de Versailles, les étudiants ont bénéficié très tôt, je pense, de toutes les connaissances de l’époque nécessaires à un projet d’architecture de jardin et à sa réalisation. Ils apprenaient la botanique, la comptabilité, les techniques horticoles, le dessin, les levées de plans, le nivellement et l’histoire de l’art et de l’art des jardins. Ils visitaient des expositions, des musées, des chantiers et des pépinières et voyageaient un peu à travers la France et l’Europe. C’était le rôle des professeurs d’architecture des jardins de les accompagner dans le dessin de projets qui se terminaient toujours par un plan de plantation et une évaluation des coûts des travaux. Le traité d’Edouard André de 1879 est resté la référence essentielle des étudiants de l’école pendant environ un siècle. Il donnait des règles d’organisation de l’espace de projet que les élèves ingénieurs devaient respecter, mais toujours adapter au site à aménager.

Ce qui a changé avec l’école, à mon avis, c’est de réunir dans un même lieu, tous les savoirs et savoir-faire nécessaires aux élèves paysagistes. L’atelier de projet, ou ce qui en tenait lieu, n’était pas cependant un lieu central pour les élèves ingénieurs horticoles. Le nombre d’heures de cours d’architecture de jardin était très réduit (25 leçons) et en fin de formation. Le modèle d’enseignement qui s’est imposé ensuite, surtout après la deuxième guerre mondiale, était très lié à la culture scientifique des ingénieurs, puis à la recherche académique. Les paysagistes ingénieurs ont été alors beaucoup moins bien formés à la conception des projets, mais beaucoup mieux à la gestion des parcs et des jardins.

Vous suivez pendant deux ans la formation de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’ENH. Vous souvenez vous de l’apprentissage des projets en ateliers ?

             Un peu, mais c’est très lointain. On était six, installés dans l’actuelle salle du Potager du bâtiment de la Figuerie. Cette formation courte était faite pour les ingénieurs horticoles qui avaient suivi l’enseignement d’architecture des jardins de Ferdinand Duprat, avant et pendant la guerre. Ils étaient trois, dont l’un d’entre eux venait des services de Robert Joffet à Paris.

Ceux qui enseignaient le projet, c’était des architectes qui avait pratiqué la conception et la réalisation de jardins ou l’urbanisme. André Riousse, élève de Forestier, nous apprenait à composer l’espace du projet à la lumière des modèles de l’art et de l’art des jardins qu’évoquait l’historienne Marguerite Charageat. Robert Puget apportait l’échelle du projet urbain et les principes de l’urbanisme réglementaire. Les apports techniques venaient des ingénieurs horticoles comme Albert Audias, un collaborateur de Ferdinand Duprat, et de Robert Brice.

C’était les bases élémentaires du métier. L’essentiel je l’ai appris après, par la pratique, « sur le tas », au début c’était très formel avec ensuite, après l’école, le concours en loge pour porter le titre de paysagiste.

 

Au début des années 1960, le directeur de l’ENSH vous appelle pour enseigner dans la Section. Quel a été votre rôle d’enseignant ?

             J’ai appris ensuite que j’avais été pressenti dès 1961, mais que le conseil des enseignants m’avait trouvé trop jeune pour enseigner. La Section était en mauvaise posture depuis le milieu des années 1950. Les ingénieurs n’étaient plus candidats et le marché des paysagistes décollait à peine. Mais il décollait. Je venais d’obtenir mes premiers chantiers comme l’aménagement des espaces extérieurs d’une ZUP à La Courneuve.

La formation durait deux ans. Ils étaient une dizaine par année, puis en quelques années, l’effectif a doublé sans moyens supplémentaires.  On faisait faire des projets liés surtout à la construction de logements. On essayait de faire mieux que les espaces verts habituels, de tenir compte du site, de son relief, des points de vue. Car une autre commande publique apparaissait de plus en plus : le grand paysage, c’est ainsi qu’on l’appelait. Je me souviens de Pierre Dauvergne qui était à mon arrivée passionné par ce sujet. Il n’était pas le seul : Francis Teste, Pierre Pillet, Paul Clerc, P. Treyve, A. Levavasseur, se sont ensuite investis dans ce domaine. Certains sont passés par le CNERP. J’utilisais des types de projets que je mettais en œuvre en même temps :  les carrières ou les bases de loisirs. J’accompagnais les travaux d’élèves en leur montrant les possibilités d’un site, et en leur demandant dans le temps de l’atelier d’approfondir un parti prometteur de projet original. Je leur montrais avec des photos des exemples pris en France et en Europe du Nord. Pour les noter, j’évaluais leur progrès au cours de l’atelier, pas nécessairement leurs compétences techniques.

Mais en 1968, j’ai arrêté. On commençait pourtant à avoir des assistants (P. Dauvergne, M. Viollet). Mais cela ne suffisait pas. Les moyens de la Section étaient trop dérisoires et l’ambiance générale devait beaucoup à la contestation étudiante.

Quelles relations aviez-vous avec les autres enseignants de la Section ?

             On se voyait peu, sinon dans le conseil des enseignants. Chacun était dans son atelier, le temps d’un encadrement à la table à dessin ou d’un rendu collectif, puis on rejoignait nos agences. Je me souviens un peu de Leveau, il était très distant. Mais beaucoup plus de l’écologue J. Montégut qui nous a rejoint ensuite au CNERP et dans l’étude de la base de loisirs de Saint-Quentin en Yvelines (1973-75). Je passais peu de temps à l’école.

En 1972, est créée l’association Paysage dont J. Sgard est le président ? Elle préfigure le CNERP. Vos élèves sont des diplômés : paysagiste, agronome, forestier, écologue, géographe ou architecte. Quel a été votre rôle d’enseignant du CNERP à Paris puis à Trappes ?

            Nous avions effectivement affaire à des stagiaires déjà diplômés. On les recrutait après un entretien. Nous avions formé un groupe d’orientation scientifique et stratégique avec Lassus, Pérelman, Rossetti, Challet et Dauvergne, entre autres. On animait des séminaires réguliers. On échangeait sur des sujets nouveaux : le paysage polysensoriel, le paysage sonore, la planification écologique venue des pays anglo-saxons et reprise par les chercheurs du CNRS à Montpellier, ou l’interaction des échelles géographiques et de temps. On allait visiter les rives de l’étang de Berre où naissaient les raffineries pétrolières. Les stagiaires participaient aux études de paysage dans le jeune parc naturel régional d’Armorique (le Faou) ou à Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes. On était libéré de l’héritage horticole et jardinier.

Le CNERP fonctionnait avec des fonds publics comme une vaste agence qui était payée pour répondre à des commandes publiques. On n’était pas dépaysé. Le transfert de nos expériences d’agence vers le CNERP était naturel. Le travail était collectif chacun apportant ce qu’il savait, et apprenant des autres ce qu’il ne savait pas.

C’était au final la même idée qu’avant l’école : apprendre en marchant, capitaliser l’expérience collective, tenir compte du regard de l’autre, et s’adapter aux nouvelles situations et questions.

Comment se faisait la synthèse de ces études paysagères ? Etait-ce un projet ?

           Oui, le savoir de l’étude paysagère, et donc du projet d’action, était construit comme une intention collective. Chacun devait y retrouver ses idées d’action. Ce qui nous réunissait, c’était l’idée que le site, son écologie, son histoire, ses habitants, ses formes, inspiraient les stratégies d’action. Ce n’était évident pour personne. L’architecte du mouvement moderne montrait de son côté tout l’intérêt de la tabula rasa. Le plan d’occupation du sol devait donc intégrer ces nouvelles règles de construction de paysages. Bref, les territoires devaient offrir des paysages acceptables par tous. Ce qui nous désignait des adversaires, à commencer parfois par les élus ou le monde agricole en pleine modernisation.

Y avait-il des désaccords entre vous ?

Oui bien sûr. Au début des années 1970, les écologues pensaient que l’analyse minutieuse des ressources et contraintes des sites devait fonder les projets. Les géographes de Toulouse découpaient la question paysagère en géosystème, territoire et paysage. Le paysage était alors réduit à une approche sensible, subjective. Certains architectes avaient inventé la sitologie pour conformer l’architecture aux formes du relief. C’était trop simpliste. Ceux qui étaient trop radicaux ou trop idéologues était souvent mis en minorité. Les conflits n’étaient pas rares.

C’était une pensée pragmatique ? Est-elle toujours d’actualité ?

             Je le pense. La formation professionnelle se fait à l’occasion de pensées de l’action à imiter ou à inventer. Celle qui est retenue par les commanditaires l’est d’abord en tant que projet. Mais rien ne dit que ce projet sera mis en œuvre. Il faut rester très humble.

C’est pour cela que l’atelier est toujours resté le centre de la formation des paysagistes ; un centre d’apprentissage inclusif, sélectif des autres savoirs et non exclusif. Ce qui dépend beaucoup des chefs d’ateliers. Souvent la porosité des pratiques d’ateliers a été très limitée, ce qui est regrettable.

 Au début des années 1980, l’ENSP met en place la formation de quatrième année. Elle créé les ateliers pédagogiques régionaux et vous sollicite comme encadrant de projets. Votre pédagogie a-t-elle changé dans ces ateliers ?

             Au CNERP, j’avais à faire à des diplômés de nature très diverses. À l’ENSP, c’était le contraire dans l’année professionnalisante de préparation au diplôme, en deux temps, l’atelier pédagogique régional puis le travail personnel de fin d’étude. C’était complémentaire. Dans l’atelier, l’étudiant répondait à une vraie commande publique en général, et le plus souvent à des échelles variables de territoires, sans perspectives de maitrise d’œuvre immédiate. Puis avec le diplôme et avec plus de liberté, il devait faire la preuve qu’il savait articuler grande et petite échelle d’actions en répondant aux questions qu’il posait. L’un des critères des « bons projets », c’était leur cohérence, mais aussi leur justesse par rapport à la dynamique du site.

Leur formation générale au projet au bout de trois ans était en général suffisante pour élaborer les documents graphiques capables de communiquer des intentions d’action à un client. Et avec plus d’indépendance dans le cas du mémoire (sans client en général)

Dans les deux cas, il suffisait de les accompagner comme, dans une agence, un jeune chef de projet. Certains avaient déjà acquis des réflexes professionnels, d’autres étaient plus hésitants, moins imaginatifs, plus lents. Il fallait les aider, les stimuler, les orienter. La plupart avait des potentialités incroyables. C’était à l’enseignant de projet de les faire s’exprimer.

 L’essentiel de la formation des paysagistes aujourd’hui resterait-elle « sur le tas » ?

           Oui, d’une certaine façon, mais de manière très différente d’autrefois avant la création de l’école. On apprend vraiment un métier qu’en étant confronté à une situation réelle de travail. Ce que font les ateliers. Mais il faut des bases, des réflexes de pensée de projets, appris à l’école. Il faut surtout d’autres enseignants qui apportent des savoirs non paysagistes que nous n’avons pas.

De mon point de vue, aujourd’hui, avec les grandes transitions du XXIe siècle en cours, il ne peut plus y avoir de règles et de modèles tout faits de projets de paysage. Ni à la façon du traité d’Edouard André, ni à celle trop rigide des planificateurs anglo-saxons des années 1970, et encore moins en cherchant la seule synthèse des disciplines scientifiques concernées d’aujourd’hui. Je crois beaucoup à l’invention permanente des méthodes de projet en restant à l’écoute de ce que nous disent les chercheurs universitaires que nous ne sommes pas.

Nous devons aussi entendre les parties prenantes des projets qui en sont les premiers destinataires.

Il n’est pas exclu non plus de s’inspirer, en matière d’urbanisme paysagiste, des pionniers : F.L. Olmsted et J.-C. N. Forestier par exemple

Je me suis plu, pendant toute ma carrière, à répondre à des questions souvent mal posées et à des programmes surchargés ou imprécis qu’il fallait reformuler. C’est l’aptitude à ces réponses localisées et singulières qui est le savoir le plus précieux de notre métier.

C’est cela que nous transmettons.

Depuis que l’école existe, les paysagistes ne sont plus des autodidactes. A Versailles, depuis 1976, on a créé des départements d’enseignement autres que les ateliers. Quelles relations aviez-vous avec les enseignants non paysagistes ?

 Dans les ateliers, on n’enseigne pas à dessiner, à cartographier, à réaliser des coupes ou des axonométries. On n’apprend pas l’expression graphique. C’est un métier d’enseignant en soi qui est nécessaire à la formation. On n’apprend ni la botanique et l’écologie végétale, ni le jardinage, les techniques de terrassement ou d’éclairage, et encore moins l’histoire des jardins, le droit ou la géographie, voire la philosophie.

A l’ENSH, puis à l’ENSP, nous nous connaissions, parfois très bien, on se rencontrait dans les conseils d’enseignants, mais nous avons rarement enseigné ensemble.

Est-ce que ces enseignements convenaient à ce qu’en attendaient les responsables d’ateliers ?

 Je ne savais pas précisément ce qui était enseigné en dehors des ateliers. Je ne pouvais donc pas le mobiliser dans les ateliers. D’ailleurs ce n’était pas le but des projets. Je constatais seulement les niveaux de compétences des élèves en dessin, en savoirs techniques, historiques, écologiques ou géographiques. Pour moi, ce qui était important, c’était ce qui était utile au projet qu’il travaillait. Je me suis rendu compte qu’ils avaient appris, surtout aujourd’hui avec internet, à aller chercher ces connaissances là où il le fallait. Je leur faisais confiance.

Selon les situations de commande, en France ou à l’étranger, nous sommes des architectes de jardin, des planificateurs ou des producteurs de réseaux verts et aquatiques. Dans tous les cas c’est la forme prise par l’espace qui nous est confiée. Le reste, nous savons le sous-traiter à d’autres.

Je pense aujourd’hui que ces savoirs et savoir-faire relèvent plutôt d’une vaste culture générale adaptée à la profession de paysagiste. Certains sont plus utiles que d’autres. Ils sont sans doute nécessaires sinon nos compétences seraient trop liées à l’atelier, sans capacités à s’inscrire dans un contexte de connaissances et un cadre public très variable. En cela, les élèves ne sont pas seulement des apprentis qui apprennent leur métier avec des professionnels. Ce sont des citoyens responsables concernés par la chose publique, sinon politique.

La formation en agence ou bureau d’étude n’est plus celle du XIXe ou du début du XXe siècle. Elle bénéficie aujourd’hui des savoirs existants et de leur transmission dans l’école. Ils sont sans commune mesure avec ceux d’hier. Ce qui oblige les ateliers à se concentrer sur leurs propres compétences : transmettre l’aptitude à projeter avec le maximum d’imagination et de pertinence.

4-Ce que disent les élèves aujourd’hui de leurs ateliers de projets

 Depuis au moins l’année scolaire 2014-2015[8], neufs ateliers se succèdent, avec la même progression pédagogique au cours de trois premières années d’étude. L’autre partie de la formation (quatre départements), un peu plus de la moitié des heures, complète en parallèle l’enseignement : en enseignements artistiques, en techniques associées au projet, en sciences humaines et sociales, en écologie appliquée au projet de paysage. La cohérence et la progression de l’ensemble sont indiquées dans le programme pédagogique de l’établissement (diplôme d’État de paysagiste)[9].

Que disent huit étudiants[10]de ces ateliers à la fin de l’année scolaire 2018-19 ?

Première année

L’atelier 1 Relief

 «Au début de la première année, l’objectif de cet atelier (en 2014-15) est de donner à l’ensemble d’une promotion les mêmes bases techniques et les outils de travail du relief : topographie, nivellement, terrassement (…) l’approche de la capacité à la création de paysages passe par la transformation du relief »[11].

Quatre ans après, la finalité est la même. L’atelier est encadré par Bruno Tanant et Alix Faucheux.

« Chacun, on devait faire un volume en maquette de carton, en montrant les courbes de niveaux. On était libre, mais un peu désemparé … On regarde ce que fait le voisin, on est aidé, guidé. On travaille ensuite par groupes … on inscrit une trame dans la maquette, on relève les cotes altimétriques, et on se demande comment inscrire une végétation sur ce relief. On réfléchit à un accompagnement sonore, à des photos. On écoute les commentaires des enseignants. Ça nous rassure, mais c’est très conceptuel … ».

L’initiation à l’espace en volume déstabilise les idées toutes faites des étudiants, elle donne une culture commune de la représentation de l’espace en 3D, déjà familière pour les uns, nouvelle pour les autres.

L’atelier 2 Composition

 « S’emparer d’un lieu pour le transformer : en 2014-15, l’élève choisit de manière argumentée un lieu dans un périmètre d’étude défini et doit présenter un projet de transformation convaincante. Il expérimente ainsi le processus de projet, les allers et retours entre le site et le projet. D’abord il exprime le lieu choisi, ses qualités et ses hypothèses de transformation, puis il le développe et le communique »[12].

En 2018-19, l’atelier 2 Compositionest dirigé par S. Salles et M. H. Loze.

«  D’abord on a fait, seuls,  une visite de Versailles, on est en trois groupes avec une carte … on marche en se demandant ce que l’on va capter, garder de la promenade. On fait des photos, des croquis. Qu’est ce qui nous attend ? On ne le sait pas. Puis par groupes, on réalise des cartes sensibles, on nous a expliqué ce que c’était et comment les faire. Elles sont exposées, commentées, discutées. Toujours par groupe, on se met d’accord sur une idée à approfondir, par exemple la théâtralité à Versailles, et sur sa pertinence. Puis chacun émet une idée d’action, avec une esquisse, des mots, une maquette, une coupe. Il n’y a pas de consigne. Chacun puise dans ses possibilités, son savoir (info ou photo)graphique ; certains s’essouflent … »

Dans cette phase, l’étudiant s’auto-initie à la mise en espace d’une intention concrète, selon sa motivation et ses capacités à formuler une organisation d’espace et à communiquer. Les enseignants accompagnent chaque idée et la font progresser.

Atelier 3 Conduire le vivant, le droit à l’erreur

 « L’atelier 2014-2015 s’appuie sur les ressources vivantes d’un lieu : plantes, animaux, riverains, usagers. Il s’agit de mettre en relation les différentes compétences nécessaires pour transformer le site, notamment par le jardinage. L’atelier accorde une grande place à l’essai pratique et donne le droit à l’erreur dans le cadre d’un chantier collectif »[13]

En 2019 l’atelier, avec le même intitulé, est dirigé par F. Roumet. Il a lieu à Marseille pendant trois semaines dans la région du canal et des Calanques.

« Il a commencé par un atelier d’arts plastiques (F. Watelier). On a travaillé par groupe de 9, réalisé des cartes sensibles des paysages traversés. On a rendu compte de l’état des lieux, avec des coupes, des croquis, des plans masse, des photos. L’important c’était de poser des questions et de proposer des réponses pratiques de transformation des lieux utilisés par le public. Alors on a coupé, planté, on s’est initié au plessage, on a inventé des mobiliers, cartographié des usages. Et toutes ces idées, un peu expérimentées, on les a exposées à des acteurs locaux qui les ont commentées. Et parfois critiquées si on ne respectait pas la propriété privée. Quand on est remonté à Versailles pour le stage jardinage obligatoire, on a repris individuellement les projets pour les préciser et les formaliser ».

L’initiation empirique à la transformation du milieu vivant, notamment végétal ou social, commence par des expérimentations pratiques dont la pertinence, les intentions et les effets sont discutés avec les enseignants de l’atelier.

Atelier 4 Le jardin manifeste du XXIe siècle

 « En 2015, l’atelier Espaces publicsa proposé une étude de projets pour le quartier Masséna à Paris, une promenade suspendue reliant les deux rives de la Seine, dans un contexte de risques liés au dérèglement climatique » N. Gilsoul, responsable.

En 2019, le sujet de l’atelier, toujours dirigé par N. Gilsoul, a changé. Il concernait Le jardin manifeste du XXIe siècle,sur le site du jardin tropical dans le bois de Vincennes.

« On a parcouru le site, réalisé des croquis, des cartes, des coupes, des photos. On a donné notre définition du jardin, de ce qu’il devait être. En fait on a surtout parlé de nous pour dire les idées qu’il devait exprimer. Le manifeste s’appuyait sur les missions d’une ONG, la maison de Sagesse qui s’intéresse aux personnes oubliées et notamment aux enfants, et à la manière de les réintégrer dans la société. Les projets de chacun exprimaient des idées de jardin-manifeste, et disaient comment avec différents matériaux, comme les végétaux, la terre, l’eau, on pouvait exprimer publiquement nos idées en forme de manifeste commun ».

Deuxième année

Atelier 5 Urbanisme paysagiste (initiation)

En 2014, l’atelier 5 portait sur le thème Penser la ville par le paysage[14]« Il s’agissait de créer un quartier à Verneuil sur Seine, en anticipant l’arrivée d’un nouveau quartier d’habitation, en concevant une armature paysagère et donnant un statut aux espaces publics et semi privés, et en proposant des solutions souples de gestion à long terme ».

En 2019, Deux groupes ont travaillé.

1 Le Potager du roi

En raison de l’organisation au Potager du roi, d’une partie de la biennale Architecture et Paysage d’Ile-de-France à Versailles de mai à juillet 2019, un atelier portant sur le devenir du Potager du Roi a été organisé par M. Audouy, F. Roumet et C. Santini. Les projets ont été exposés pendant deux mois.

Les trois carrés (ouest) du Potager du Roi, projet de deuxième année, 2019

« On voulait comprendre comment la vie dans le potager se déroulait. En deux groupes on a enquêté auprès des jardiniers et d’A. Jacobsohn. Ils nous ont raconté et montré les aspects techniques, économiques, sanitaires, les collections de formes fruitières et les changements de gestion du patrimoine en cours. Deux axes thématiques ont été choisis, l’un à l’ouest sur les formes fruitières le long de la rue du maréchal Joffre, l’autre sur l’espace du pavillon des Suisses au jardin le Nôtre pour l’adapter aux événements de la Biennale. On travaillait à la table le lundi et le mardi puis on a fait des rendus, intermédiaires et finaux de projet pour dire ce qui devait être conservé et ce qui pouvait changer. Antoine J. nous a beaucoup aidé ».

2 Penser la ville par le paysage

 Sur le site du village olympique de l’ile Saint-Denis, deux groupes ont été constitués, l’un anglophone avec Hélène Stocke et Carole Wimgren, l’autre francophone avec Alice Brauns.

« Le premier était plus collectif, le second plus centré sur les projets individuels. Il s’agissait, sur une ile déjà construite et avec des friches industrielles, de proposer une aire de parc urbain incluant le village olympique et imaginant sa destinée après 2024. On a arpenté le site, réalisé croquis et photos selon des exercices courts, puis on a formulé des intentions de projet en zoomant et dé-zoomant. Il fallait articuler avec l’urbanisation voisine (Saint-Ouen) et penser les structures pérennes du parc. Les uns voulaient ne pas trop changer l’existant, mais c’était difficile à argumenter, les autres projeter un nouvel écoquartier ».

Atelier 6 Paysage et habitat

En 2015, le thème Paysage et habitat, la ville négociéeavait été choisie. Les étudiants étaient invités « à manipuler les conditions préalables (demandes sociales, contraintes techniques …) à la création d’un nouveau quartier pour pouvoir les intégrer, les dépasser et s’en servir pour argumenter un projet de paysage. Sur un site inondable à Neuilly sur Marne, comment définir un programme d’aménagement et, par groupes, élaborer un projet global sur le site à travers plusieurs scénarios pour fédérer plusieurs attentes, puis préciser les qualités apportées à un quartier d’habitat ? »[15].

 

En 2019, le problème de la ville résilienteaux risques climatiques est envisagé en deux groupes à San Francisco et à Barcelone. (Direction N. Gilsoul, Alexis Faucheux,)

« Pour nous c’était des projets utopiques. On n’allait pas dans ces deux villes. Ça nous dépassait. On s’est mis d’abord en immersion via internet. On a essayé de penser catalan et américain. Quels étaient les enjeux urbains à venir ? Puis on a fait des atlas pour regrouper des thèmes, des images, des cartes de risques, et des collages pour chaque ville. Des axes de projet sont apparus en fonction de scénarios (sur l’augmentation de la pluie et des sécheresses, des tempêtes, de la chaleur). On est passé aux plans à partir des collages avec des pré-rendus et maquettes à échelles libres, et des zooms. Puis on a fait des axonométries en imaginant les réadaptations des villes et de leur littoral : des alternatives cultivées et inondables aux quais du port de San Francisco, des dunes artificielles, des zones tampons …

Avec N. Gilsoul, c’était plutôt une prise de conscience collective, on a fait une BD sur format A0, on voulait dépoldériser le littoral urbanisé … »

Atelier 7 Mutations de la campagne

 En 2015 le groupe 1 avec B. Tanant, « posait la question de la périphérie de l’urbain, et de la limite entre la ville, et la campagne, les champs, la forêt. Quelles transitions entre le parc du Sausset, et les forêts de Bondy et de Sevran ? » Le groupe 2 avec Françoise Crémel recherchait « les formes des paysages dans une campagne dénaturée sur le pourtour du parc des Lilas dans le Val de Marne »[16].

Cinq ans après les mêmes thèmes, avec des variantes, sont repris sur des sites différents.

Groupe 1 B. Tanant : Un territoire sous influence métropolitaine : Grenoble et le sud du massif de la Chartreuse

« Pour nous c’est une continuité avec l’atelier 5. On voulait à la fois imaginer un plan de paysage et faire un zoom sur un espace singulier. Pour la phase d’analyse, on est en petits groupes d’abord, en toute liberté ; on n’a pas de consigne, c’est « à vous de voir ». Des rencontres sont organisées avec les acteurs locaux : des agriculteurs, des forestiers de l’ONF, des élus communaux, des agents des deux parcs naturels régionaux (Vercors et Grand-Chartreuse). Ils nous éclairent sur leurs problèmes, on met en commun, on rassemble tout le soir.  Devant des habitants du parc, on présente notre diagnostic et on débat sur les questions de pression urbaine sur la campagne, sur l’étalement urbain en cours, les effets du réchauffement climatique, la mobilité … Puis à Versailles, on précise sur des maquettes et des cartes (du 25 000e au 5 000e)  le parti pris des projets de chacun et on les argumente à la fin de l’atelier au moment du rendu ».

 Groupe 2 F. Crémel : Un Parc dans la ville

« On est allé sur le site. D’abord il fallait traduire notre ressenti, un vrai parcours d’obstacles. Puis on a imaginé un « plateau TV » par groupe de 5 ou 6 avec des journalistes. Quelles catastrophes allaient se produire en lien avec l’organisation du territoire ? Pouvait-on les prévoir ? On a été logiques, mais sans beaucoup tenir compte des conflits potentiels. Un rendu classique a été fait puis on a eu une semaine pour produire des vidéos individuelles. Certains messages finaux semblaient désabusés, peut-être de l’inquiétude due à la difficulté de prévoir les risques locaux »

Les deux groupes ont travaillé différemment. Le groupe 1 était plus préoccupé par l’inscription formelle du projet (des lignes, des axes, des diagonales …), la définition d’un dispositif spatial et la cohérence entre les échelles dans les territoires périurbains. Le groupe 2 se fondait plus sur les émotions suscitées par le site et le débat public pour produire un projet et surtout le communiquer.

Troisième année

 En 2015, deux ateliers étaient organisés. Pour introduire l’atelier 9 « Grand Urbain », G. Vexlard[17]écrivait: « L’atelier 9 pose la question du renouvellement de la pensée métropolitaine par le paysage, présente de nouvelles formes métropolitaines, dessine les lieux d’accueil pour une urbanisation maitrisée. La prospective spatiale est formelle, dimensionnée et constructive, maitrisée, convaincante …

 L’atelier « Grand Rural » était encadré par le paysagiste S. Tischer. « Cet atelier vise à répondre aux grandes questions posées à la fois sur le site en tant que territoire géographique, biologique et humain, et à développer une programmation pertinente. La dimension utopique est souhaitée, quitte à réajuster avec les réalités économiques et sociales. Une attitude de projet d’organisation de l’espace est attendue de l’échelle du 1/20 000e au 1/200e. Le territoire de Melun dans un rayon de 20 km a été choisi. »[18]

En 2019, en raison de l’application (tardive, 20 ans après la directive européenne) de la réforme LMD, l’atelier « Grand rural » a été supprimé. Si bien que le temps de l’année scolaire  est réparti entre trois activités. De septembre à janvier, un atelier « Grand territoire urbain »dirigé par Marion Talagrand qui participait à l’encadrement de l’atelier de 2015 ; la préparation du mémoire de troisième et dernière annéede septembre à juin, et de février à juillet le projet de travail personnel de fin d’étude, vestige du lointain concours en loge abandonné en 1985.

Trois étudiantes[19]témoignent de leur année scolaire en juin 2019.

« Le territoire de l’atelier c’était la vallée de l’Orge entre Orly et Arpajon. On était organisé en quatre groupes à géométrie variable. D’abord un collectif d’analyse à deux pour choisir un thème parmi un éventail possible de cartographies et d’informations. On a pris l’alimentation (Marine), les transports collectifs dans le tissu urbain (Clémence) ou les conséquences du Grand Paris sur le territoire jusqu’au plateau de Saclay (emplois, mobilité, urbanisation …) pour Meyris.

Puis dans un deuxième temps à quatre on a spatialisé et problématisé sur des plans et maquettes : la trame verte, le bord de l’eau pour Marine, les tracés et permanences forestières, aquatiques, agricoles, historiques et routières (Clémence), les modes d’urbanisation le long de l’Orge (Meyris).

Dans un troisième temps, on a développé un thème territorial avec des plans et maquettes : les grands axes forestiers (Marine), les lieux et tracés historiques singuliers (moulins…) le long de la RN20 et les flux qui les traversent (Clémence) ou le rôle du parc naturel régional de Chevreuse pour la qualité de l’habitat (Meyris).

Et pour finir on a fait individuellement un zoom sur un secteur particulier : greffer les villages et les zones activités sur la trame boisée et agricole en limitant l’étalement urbain (Marine), réorganiser l’urbain sur des thématiques transversales à la RN20 (Clémence) et un cheminement de Orly à Longjumeau (Meyris) ».

 

Parallèlement les étudiantes se sont consacrées à leur mémoire, organisé avec un rendu intermédiaire en février et un rendu final en juin, et guidé par les encadrants. Avec au choix un parcours artistique (« 9 mois pour une BD » situé dans les paysages du Mont d’Arrée pour Marine, ou plus classique : une cabane dans les délaissé urbains  et un sentier dans l’Ardèche rurale pour les deux autres.

Les TPFE (travaux personnels de fin d’études)étaient organisés selon trois thématiques : l’urbain (avec M. Talagrand), la nature en ville (S. Salles), la déshérence et le risque (B. Tanant). Etaient en cours de finalisation trois sujets de TPFE pour les trois étudiantes, « les inondations dans le Grand Morlaix », « un belvédère sur les paysages des sources de l’Allier », et un projet pour une prairie communautaire.

Alors que la fin de leurs études s’approchait, les trois étudiantes reconnaissaient l’acquis de trois apprentissages essentiels dans leur parcours de formation : la complexité des processus spatiaux et les choix nécessaires pour agir dans des contextes incertains, la maîtrise (relative) du passage entre les échelles spatiales et diachroniques du projet de paysage, et la compétence projectuelle qu’offrent le dessin et la maquette.

En bref

145 ans après sa création, le mode de formation des paysagistes comme concepteurs de projets a-t-il changé dans le site du Potager du roi ?

Depuis 1873, la formation à l’ENH durait trois ans après un recrutement à l’âge de 16-18 ans. Le domaine de l’architecture des jardins était une partie de l’enseignement graphique, technique, puis scientifique qui était donnée à tous les jardiniers devenus ensuite ingénieurs horticoles. Mais, très réduite et peu heuristique, cette formation aux métiers de l’horticulture exigeait, comme pour les autres spécialités, un complément d’expérience professionnelle sanctionnée par le concours en loge qui attribuait ensuite le titre de paysagiste. Le modèle dominant de l’ingénieur a, de fait, éloigné la formation versaillaise de celle de l’architecte à l’école des Beaux-Arts. Si bien que, pour pallier ce déficit, l’enseignement d’atelier de projet a été introduit en 1946 dans la section du paysage et de l’art des jardins de l’ENH. Elle a permis de fonder l’ENSP en 1976 en privilégiant l’aptitude à la conception des projets de paysage.

En 2019, la formation des paysagistes concepteurs à l’ENSP de Versailles dure toujours trois ans mais après un recrutement à l’âge de 20 à 21 ans (Bac + 2 ans). Elle est répartie de manière à peu près égale entre des pédagogies d’ateliers de projets et des enseignements artistiques, techniques et scientifiques. Le modèle dominant est celui de la formation donnée dans les écoles d’architecture, mais avec des finalités professionnelles distinctes : l’aptitude à la conception du projet de paysage et à sa mise en œuvre. Les paysagistes concepteurs ont ainsi conquis des parts du marché des projets urbains et de territoire, mais se sont éloignés considérablement des compétences gestionnaires de parcs et de jardins de l’ingénieur paysagiste, comme de celles des jardins privés.

Individuelle et collective, la démarche de formation à la conception des projets, devenue heuristique, n’a pas fondamentalement changé dans son principe depuis cinquante ans, même si elle a été considérablement développée à 4 puis 3 ans. Cependant, les finalités du métier ne sont plus les mêmes : le parc et le jardin public ou privé il y a cent ans, l’espace vert urbain il y a 60 ans, l’espace public urbain et l’organisation spatiale des territoires aujourd’hui.

Cette fresque est certes superficielle. Il faudrait approfondir de nombreux autres aspects de la formation. Par exemple regarder de près l’enseignement des différentes disciplines et leurs relations à l’atelier, et se demander comment le rôle de l’enseignant -en atelier ou non- a considérablement évolué en un siècle.

Pierre Donadieu

Version du 5 septembre 2019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1]Les propos cités sont extraits de la conférence organisée à l’ENSP de Versailles le 4 mai 2019 par A. Chemetoff à l’occasion de la première Biennale d’architecture et de paysage de l’Ile-de-France à Versailles.

[2]Cuscute : petite plante parasite de la luzerne… surnom utilisé à l’ENH pour désigner les élèves en cours préparatoire au concours d’entrée à la Section.

[3]Entretien avec Y. Luginbühl et P. Donadieu le 9 mai 2019.

[4]A. Vigny, Jacques Sgard, paysagiste et urbaniste, Liège, Mardaga, 1995, p. 11.

[5]Voir Y. Luginbühl et P. Dauvergne, « Vers une histoire du CNERP », in Histoire et Mémoire, Topia, 2019

[6]Voir Chapitre 11,Les paysagistes et l’ENH de Versailles, in Histoire et mémoire, Topia, 2019

[7]https://issuu.com/bozines/docs/corajoud__lettre_aux_e_tudiants_485273588ec6ab

 

[8]Les projets des ateliers 2014-2015 https://issuu.com/enspdepartementduprojet/docs/projets_2014_2015_light_relecture2

servent de référence à une comparaison avec ceux de 2018-19 qui ont été évoqués par les étudiants en 2019 (entretiens du 21 mai 2019 avec 5 élèves de 1ère et deuxième années, et du 15 juin de la même année avec trois étudiantes de 3ème année.

[9]http://www.ecole-paysage.fr/media/formation_paysagiste/UPL2046595388436342347_programme_pe__dagogique_DEP_sans_ente__te_et_pied_de_page_2.pdf

 

[10]En première année : Anouchka Pissot, Philomène Muir, Laly Pagliero ; en seconde année Léo-Paul Cosson, Thibault Trameson.

[11]Enseignants : G. Vexlard, MH Loze, C. Bigot, P. Buisson

[12]Enseignants . MH Loze, S. Keravel, T. Boucher, Laurence Krémel, A. Quenardel, avec les interventions de O. Marty et A. Pernet.

[13]Enseignants : François Roumet, P. Frileux, R. Bocquet, C. Denis, O. Gonin …

[14]Enseignants : K. Helms, A. Brauns, C. Alliod, Sabrina Hiridjee …

[15]Enseignants : Alice Brauns, N. Gilsoul, T. de Metz, A. Faucheux,  et divers intervenants hydrologue, géologue, paysagiste, programmiste

[16]Enseignants : B. Tanant, L. Pinon, C. Traband, T. Francoual, etc. / F. Crémel, A Demerlé-Got, D. Antony, J.-P. Teyssier …

[17]Enseignants : G. Vexlard, C. Bigot, Y. Salliot, C. Dard…

[18]Enseignants : S. Tischer, M. Talagrand, S. Keravel, R. Turquin, G. Georgi, A. Calyx, C. Nancey …

[19]Myris Coubert, Clémence Dubois, et Marine Guicheteau.

Le CNERP de Zsuzsa Cros

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Zsuzsa CROS

souvenirs d’une ancienne élève du Centre national d’étude et de recherche du paysage de Trappes

Zsuza Cros, paysagiste hongroise, ancienne élève du CNERP (1972-79), raconte sa carrière en France et en Hongrie.

Le bâtiment du CNERP à Trappes (78), dans les locaux d’une école d’architecture parisienne, archives ENSP Versailles.

Novembre 1972 était le début d’une grande aventure pour moi, jeune diplômée en 1970 en architecture des jardins et du paysage à Budapest1.

Déjà, sortir de la Hongrie barricadée à cette époque derrière le rideau de fer était une épreuve difficile. Comment ne pas être impressionnée quand on ne maîtrise pas encore bien la langue du pays d’accueil, de se retrouver face aux fondateurs et enseignants émérites et aux stagiaires français sélectionnés parmi les meilleurs de l’Ecole de Versailles ou d’autres disciplines : agronome, géologue, architecte, juriste, économiste, sociologue…

Cette formation post graduée a débuté dans les locaux de la rue de Lisbonne à Paris par des exposés des membres fondateurs et d’autres intervenants ponctuels de l’Association Paysage (Rémi PERELMAN, Jacques SGARD, Bernard LASSUS, Charles ROSSETTI, Jean CHALLET, Pierre DAUVERGNE…). Ils ont été rapidement suivis par les études de terrain avec 3 équipes constituées.

L’équipe qui a travaillé en Bretagne dans le secteur du Faou comportait 3 paysagistes et 3 stagiaires venant d’autres disciplines :

Alain Levavasseur : Paysagiste

Jean Pierre Saurin : Paysagiste

Zsuzsa Cros : Paysagiste hongroise

Pierre Poupinet : Géologue-biologiste

Christiane Tournier : Sociologue

Alain Sandoz : Juriste – économiste

Après les années d’études en Hongrie, le changement de pays, l’étude du Faou était pour moi la première investigation dans le domaine du paysage en France.

Plusieurs séjours sur le terrain et les débats entre nous ont permis des échanges, des confrontations, un travail d’équipe matérialisé par des rapports d’études que j’ai retrouvés au grenier parmi mes archives. Trois fascicules photocopiés au format A4 permettent d’évoquer cette expérience de nos débuts au CNERP, il y a presque 50 ans.

2 annexes témoignent des efforts des stagiaires pour avoir une bonne connaissance du terrain :

– une approche plutôt scientifique de la géomorphologie et des composants du milieu qui donnent la structure du paysage « naturel » représenté par une cartographie et des schémas détaillés.

– une approche sensible basée sur la perception du paysage de bocage qui constitue le liant et des éléments forts comme les rias, l’Aulne, la forêt de Cranou, la lande, le Menez-Hom, les Monts d’Arrée qui attribuent au paysage des valeurs particulières. C’est dans cette partie de l’étude que j’ai pu m’investir le plus avec une sensibilité probablement différente des autres stagiaires.

Pour moi la Bretagne était un terrain totalement inconnu, toutefois j’avais l’impression de trouver quelques similitudes avec ma région natale. En effet dans les deux cas il s’agissait d’un lieu éloigné, assez isolé du reste du pays, avec une situation péninsulaire qui donne l’impression de se trouver au bout du monde. Alors que dans le Finistère ce sont les données de la géographie naturelle et d’une histoire ancestrale qui déterminent les caractéristiques du site et du paysage, dans le cas de ma ville natale c’est l’histoire récente au 20ème siècle qui a radicalement transformé notre cadre de vie. La ville de Sopron est située aux confins ouest de la Hongrie, c’était le siège du « Burgenland » petite région qui à la fin de la première guerre mondiale fut rattachée à l’Autriche. Mais suite à un référendum en 1921 les habitants de Sopron ont voté pour rester hongrois. La ville a obtenu le titre glorieux de « Civitas fidelissima » mais elle se retrouvait comme une pointe, une poche isolée de son ancien territoire. À la fin de la deuxième guerre mondiale, l’installation du rideau de fer a conduit à une coupure totale non seulement avec les pays de l’Ouest, mais aussi avec le reste de la Hongrie car il fallait une autorisation pour séjourner ou se rendre dans cette zone frontalière. C’est dans ce milieu fermé, protégé, isolé du monde extérieur que j’ai grandi. À 5 km de la ville dans un vieux moulin à eau au milieu d’un grand jardin et d’un paysage romantique où se retrouvait chaque été notre famille avec les amis : mon père géographe et biologiste, mes oncles, l’un botaniste célèbre, l’autre architecte et peintre ont sûrement éveillé mon intérêt pour la nature et le paysage.

Mais revenant à notre terrain d’étude, le rapport final rédigé par les stagiaires en septembre 1973 à l’issue des analyses de terrain montre qu’il y a eu un vrai travail d’équipe dans lequel nous avions tous apporté notre propre expérience, notre vécu malgré nos approches différentes du paysage. Nous devions répondre aux préoccupations des demandeurs dans le cadre du Plan d’occupation du sol, du Parc Naturel Régional d’Armorique permettant d’orienter l’évolution future du paysage en évitant sa banalisation. Mais nous sommes arrivés à la conclusion que la notion du paysage est du domaine du sensible et est difficile à exprimer en matière d’aménagement.

Nous avons toutefois donné quelques recommandations :

  • Apprendre le paysage par la connaissance du terrain et les attentes des habitants, des usagers du paysage.

  • Quelques réactions des usagers après enquêtes spontanées sur le terrain

  • Raisonner paysage en tenant compte de ses composants, de ses caractéristiques, de ses possibilités d’évolution pour éviter la banalisation.

Paysage caractérisé par le liant homogène constitué par le relief, le bocage, les habitations et les éléments particuliers comme la rade, l’Aulne, le Menez Hom, la Forêt de Cranou, la lande, les vallées, les Monts d’Arrée

  • Les paysagistes sont des acteurs du paysage parmi d’autres, comme les élus, techniciens, agriculteurs, industriels, habitants, touristes…

Il est regrettable que les résultats de cette étude pionnière de paysage n’aient pas été publiés mais soit restés sous forme de petits fascicules photocopiés en noir et blanc qui ne mettent pas en valeur le contenu, les illustrations : montages de photos, cartes, schémas, dessins… des outils de visualisation indispensables pour sensibiliser au paysage.

Dans ce travail d’équipe, ce qui était intéressant, c’est que nous avions tous apporté notre propre expérience, notre vécu, donc une approche différente du paysage. Il fallait donc trouver un terrain d’entente, malgré les confrontations, les avis divergents, bref apprendre à travailler en équipe.

Unités de paysages du secteur du Faou et propositions d’aménagement : 1 Bocage, 2 Espaces semi déserts 3 Vallées, 4 La Vallée de l’Aulne, 5 Amphithéâtre du Faou

À la suite de ces 2 années expérimentales de formation j’ai été retenue comme chargée d’étude au CNERP où j’ai pu participer à la réalisation de plusieurs études de paysage dans différentes régions tout en continuant à travailler en équipe. Quelques exemples :

L’étude paysagère de la Vallée de la Seine, réalisée en 1974, pose la problématique commune aux vallées fluviales qui sont des lieux privilégiés pour l’établissement humain. Le tronçon étudié en Seine et Marne, entre Morsang-sur-Seine et Moret-sur-Loing, est soumis aussi à la pression urbaine de la région parisienne. Il est intéressant de revoir avec recul la démarche utilisée pour l’analyse des paysages de la vallée mettant l’accent sur la structure du paysage issue d’une approche essentiellement visuelle. L’étude traite aussi du problème des sablières et de leur réaménagement.

L’étude paysagère de Fontevrault réalisée en 1975 à la demande de la Caisse des Monuments historiques, avait comme objectif la reconversion et la mise en valeur de l’ensemble abbatial et son environnement fortement dégradés à la suite de l’utilisation en centre pénitentiaire. L’aspect peu accueillant du village, les bâtiments historiques en mauvais état, les jardins en friche, l’isolement du site par les camps militaires étaient loin d’être gratifiants à cette époque pour un patrimoine historique exceptionnel. Aujourd’hui on ne peut que se réjouir en visitant l’abbaye devenu un centre culturel de portée internationale entouré d’un village accueillant. L’étude du CNERP était peut-être un premier pas vers la revalorisation de Fontevrault.

L’impact du reboisement sur le paysage des Ardennes. La préoccupation des demandeurs d’étude était le problème du reboisement en résineux sur le paysage de cette région frontalière qui a beaucoup souffert non seulement de de la première guerre mondiale mais du déclin industriel et agricole récents. Comme la forêt mitraillée avait peu de valeur comme bois d’œuvre pour l’industrie du bois, l’ONF a opté pour les coupes à blanc des massifs de feuillus truffés de projectiles et a mis au point une technique de reboisement en lignes. Les coteaux se trouvaient peignés de lignes régulières de résineux inappropriées dans le paysage légendaire de la Vallée de la Meuse sans parler des conséquences écologiques. Le reboisement en résineux s’est développé aussi dans les clairières des zones agricoles sous forme de timbres-poste. L’équipe du CNERP a réalisé un survol de la région en avion de tourisme pour sensibiliser avec les vues aériennes forestiers et agriculteurs au mitage du paysage.


Boucle de la Meuse à Monthermé Reboisement en bandes dans les Ardennes

L’étude du PAR de l’Argonne s’est finalisé par un document de sensibilisation graphique peu habituel, présenté à la manière de bandes dessinées grâce au coup de crayon de Jean-Pierre Boyer graphiste talentueux intégré à l’équipe. Après enquêtes et études sur le terrain les caractéristiques du paysage existant et futur sont représentées sous forme de scénographie fictive et ludique (modèle de villages avec les noms rebaptisées: Argonnay, Argonette) mais leur description s’inspire de la réalité du terrain, du cadre de vie des habitants. Une publication en anglais dans la revue Landscape planning No3/1980 révèle les résultats de cette étude.

J’ai été frappée dans ce paysage par le contraste entre la vallée de l’Aire, bucolique, et les forêts sombres qui ont connu des combats terribles pendant la Première Guerre Mondiale. On y voit encore les tranchées et les cratères des obus. Nous avons étudié les formes des villages dont de nombreux ont été bombardés, mais qui sont souvent des villages-rue, avec les usoirs, espaces collectifs où les habitants entassent le bois de chauffage et le fumier. Les maisons sont souvent en longueur, avec des pièces aveugles, sans fenêtres. Nous avons tenté de redonner aux habitants une meilleure image de leur paysage marqué profondément par cette guerre, en leur montrant que ce paysage avait des atouts et des valeurs indéniables.

Paysage bucolique de l’Argonne : la vallée de l’Aire Modèle de village schématisé en Argonne

Après avoir quitté le CNERP j’ai continué à exercer comme chargée d’études dans le domaine du paysage :

De 1980 à 1987 auprès de Jacques SGARD à l’Atelier d’Urbanisme et du Paysage, en contribuant à la réalisation d’études et projets de paysage, d’études d’impact des grandes infrastructures, notamment pour l’implantation des lignes électriques THT de 400 000 volts. Ces études ont exigé une analyse approfondie du terrain, afin de pouvoir proposer les tracés ayant le moindre impact sur l’environnement et le paysage. L’EDF assurait l’impression des documents en offset en couleurs. Cela a permis une meilleur qualité du rendu d’étude et d’ utiliser des techniques de représentation visuelle plus attrayantes aux niveaux graphique, cartographique, photographique.

Détail du tracé retenu pour l’implantation de la ligne Argoeuves-Penly dans la Somme

Recherche de tracé sur la presqu’ile de la Hague et photomontages avec emplacement des pylônes

De 1987 à 1993 à la SEGESA – Société d’études géographiques, économiques et sociologiques appliquées où j’ai contribué au développement de l’activité dans le domaine du paysage. J’ai participé à l’élaboration de plusieurs études dans différentes régions à différentes échelles ainsi que dans le cadre de la recherche méthodologique avec Yves Luginbühl lui aussi ancien du CNERP. A titre d’exemple je cite ici quelques études réalisées à la SEGESA sous la direction de Jean-Claude Bontron.

L’étude sur les paysages de la vallée de la Loire a consisté à réaliser un inventaire des paysages riverains de la Loire dans la partie Pays de la Loire et à en faire une évaluation permettant d’établir un ordre de priorité d’intervention pour le Conservatoire des rives de la Loire et de ses affluents afin de garantir la qualité de ces espaces. Une approche nouvelle basée sur les enquêtes nous a permis de connaître les représentations du paysage des riverains et la valeur qui lui est attribué par les différents usagers. Cette méthode fut utilisée par la suite pour établir une méthodologie commune pour les Atlas de Paysages permettant de couvrir tout le territoire français. Cette étude a permis de rassembler les avis des communes par une enquête auprès des maires ou des secrétaires de mairie des communes riveraines de la Loire, soit 100 communes ; nous avons obtenu 80% de réponse et avons pu cartographier les paysages appréciés ou non par les habitants, les évolutions des paysages et les projets d’aménagement ; nous avions envoyé aux mairies une carte de la commune avec une légende. Le résultat a été présenté devant le Président du Conseil Régional des Pays de la Loire, Olivier Guichard et les maires. L’étude a été réalisée en parallèle avec une méthodologie d’identification et de caractérisation des paysages pour le Bureau des Paysages du ministère de l’environnement. Elle a ensuite permis d’aboutir à la première méthode des Atlas de paysages, publiée en 1994.

Iconographie et textes littéraires sur la Vallée de la Loire

Les enquêtes sont devenues des outils incontournables pour mieux connaître les attentes des utilisateurs vis à vis du paysage.

L’étude sur les paysages de la baie du Mont-Saint-Michel comprend deux parties. L’une basée sur l’analyse géographique et paysagiste visant à identifier les caractéristiques, la structure et les dynamiques des paysages de la baie, l’autre basée sur les enquêtes permettant de saisir les représentations que les acteurs de la baie, résidents permanents ou temporaires, touristes ou acteurs institutionnels se font du Mont-Saint-Michel et de sa baie. La stratégie des décideurs devait se nourrir de ces représentations pour mieux ancrer les projets d’aménagement dans le milieu social de la baie. Les entretiens réalisés ont permis de constater une évolution des représentations sociales des paysages chez les personnes interrogées qui ont évoqué en plus de la vue, les odeurs, celles des lisiers ou de la mer, les sons, comme les chants des oiseaux, le toucher, comme par exemple la marche sur la tangue, c’est-à-dire la plage. C’était la première fois que tous les sens humains apparaissaient ouvertement dans la perception du paysage par les habitants.

Acteurs enquêtés : agriculteurs, ostréiculteurs, pécheurs, chasseurs, résidents, résidents secondaire, touristes, institutionnels

Avec Mairie-Conseils2 nous avons organisé des ateliers pour la mise en place de communautés de communes. Les élus et les techniciens des différentes communes devaient réaliser les cartes thématiques avec l’aide des paysagistes, interpréter ensemble les résultats, faire une visite collective sur le terrain où chaque maire présentait les caractéristiques de sa propre commune et les projets souhaités. Cette méthode participative a permis de faciliter les échanges, de trouver un bon terrain d’entente pour travailler ensemble dans le cadre d’une nouvelle organisation intercommunale.

Cette méthode participative a été aussi exploitée dans le cadre du Plan Paysage de la vallée de la Dordogne pour EPIDOR avec la participation de 289 communes riveraines. Mais j’ai dû interrompre cette étude à cause de mon départ pour la Hongrie.

Entre 1993-2003 je suis retournée avec ma famille en Hongrie où mon mari a travaillé pour plusieurs sociétés franco-hongroises. Pour moi ces 10 années étaient des retrouvailles avec mon pays tout en gardant le contact avec la France et mes collègues français.

Je donnais des cours à l’Institut de Gestion de l’Environnement de l’Université d’Agriculture à Gödöllö et à l’Ecole du Paysage de Budapest. L’exposition présentée à Budapest au siège des Monuments Historiques ayant comme titre « Paysage culturel – Protection au niveau local » était l’occasion de montrer un petit coin bucolique de la Hongrie menacé par l’évolution récente de la ville au détriment de son environnement naturel.

Iconographie d’époques différentes représentant le village et le moulin d’eau près de Sopron en Hongrie

Pendant mon séjour en Hongrie j’ai participé au programme européen INTERREG sur les Paysages Viticoles, Patrimoine Mondial de l’UNESCO sur 7 sites européens dont le Tokaj. L’évolution de la région viticole de Tokajhegyalja et la renaissance du célèbre vin de Tokaj a été étudiée pendant plusieurs années par une équipe française (Nicole Mathieu, Françoise Plet, Yves Luginbuhl, Aline Brochot…dont je faisais partie en facilitant les échanges entre les chercheurs français et les acteurs hongrois). Les nombreuses visites effectuées dans la région, les enquêtes réalisées auprès des viticulteurs (œnologues, investisseurs étrangers, viticulteurs hongrois) des institutionnels, des habitants…ont donné une riche matière à exploiter. Plusieurs publications en français et en hongrois relatent les résultats de ce travail.

Nous avons aussi monté une coopération scientifique PICS dirigée par Françoise Plet, entre le LADYSS3, l’Académie des Sciences de Budapest (Victoria Szirmai) et celle de Varsovie où nous avons travaillé ensemble sur les jardins familiaux. Cf. : Yves Luginbuhl : Jardins de tous les désirs d’Europe centrale. In Les carnets du paysage – Acte sud n° 9&10 – pp. 229-255.

Par la suite j’ai travaillé avec Gabor Onodi et une équipe constituée avec les étudiants de l’Institut de Gestion de l’Environnement de Gödöllö sur la transformation des jardins ouvriers et familiaux en Hongrie en comparaison avec les tendances d’évolution dans d’autres pays européens. Un livre fut édité en hongrois ; Cf. :Cros Karpati Zsuzsa – Gubicza Csilla – Onodi Gàbor : Kertségek és kertmüvelök urbanizàcio vagy vidékfejlesztés ? MGK 2004. (Jardins et jardiniers, urbanisation ou développement rural ?)

Revenue en France, de 2003 à 2007, j’ai travaillé comme chercheur associé au LADYSS/CNRS sur la méthodologie des Atlas du Paysage. Nous avons contribué au lancement du Système d’Information sur la Nature et les Paysages (SINP) pour le Bureau des Paysages dirigé par Jean-François Seguin avec son adjointe Elise Soufflet. À partir de la méthodologie des Atlas de Paysage que nous avions élaborée en 1994 nous avons développé de nombreux aspects des atlas de paysage et engendré l’actualisation de la méthode à niveau national. Malheureusement, au départ à la retraite de Jean-François Seguin, ses successeurs n’ont pas continué et seule la nouvelle méthode a été publiée en 2015. En effet, la nouvelle méthode des Atlas de paysages a été rédigée par cette équipe du laboratoire LADYSS et elle a été publiée en 2015. Elle permet d’actualiser l’ancienne méthode ; la décision de réaliser un atlas de paysages tous les 10 ans a été prise par le Bureau des Paysages du ministère de l’environnement.

Couverture de la méthode des Atlas de paysages publiée en 2015.

Dans la perspective de notre retraite nous avons acheté en 2004 une vieille maison en face du Château de Villandry qui est devenue notre résidence principale. Après toutes ces années consacrées aux paysages c’était le retour aux jardins ; d’abord la création de mon propre jardin, puis en 2008 du réseau « Guest & Garden-Hôte et Jardin-G&G » pour valoriser le tourisme de jardins dans la Vallée de la Loire dont font partie nos chambres d’hôtes au jardin nommées « Petit Villandry ». J’ai également lancé l’association « L’embellie de Villandry » dont le but est de contribuer avec la participation active de la population du village de Villandry à l’embellissement floral et paysager de la commune. Je peux ainsi partager ma passion des jardins et des paysages avec des hôtes venant des quatre coins du monde.

Rémi Perelman et son épouse nous y ont retrouvés il y a 2 ans et nous avons naturellement remémoré nos souvenirs de l’époque du CNERP, parlé du paysage et de la possibilité de retrouvailles entre anciens « Cnerpiens ». Il nous reste à trouver le lieu et le moment !!! Pourquoi pas à Villandry ?

Les jardins de Villandry – Aquarelle de Florence d’Ersu

En guise de conclusion

Que pourrais-je dire de cette longue expérience au service des paysages français mais aussi au-delà de l’hexagone ? Le CNERP était sans doute le point de départ vers une autre façon d’aborder le paysage où l’approche visuel des paysagistes a été élargie par l’apport des autres disciplines scientifiques et sociologiques. Durant ce presque demi-siècle nous avons pu assister à l’évolution non seulement de la méthodologie mais aussi à celle des outils employés. L’étude du terrain permettant l’inventaire des composants du paysage, la compréhension de sa structure, de ses tendances d’évolution a été complétée par les enquêtes effectuées auprès des acteurs du paysage.

Il est intéressant de rappeler à quel point les outils employés ont changé pendant notre parcours professionnel avec l’apparition et le progrès de l’informatique ! Les cartes IGN indispensables lors du repérage sur le terrain étaient relayées par la géolocalisation, la cartographie manuelle par les cartes numériques, les photos argentiques par les photos numériques, les textes manuscrits ou tapés à la machine par l’ordinateur, la présentation orale des résultats de l’étude par la projection de diaporamas, de vidéos. Les seuls outils qui semblent immuables pour les paysagistes restent les dessins manuels sous forme de croquis, schémas, vol d’oiseau, blocs-diagramme.

Nous avons attribué beaucoup d’importance lors de nos études à l’iconographie ancienne pour sensibiliser à l’histoire des paysages et leur évolution dans le temps. Il est probable que nous, « anciens cnerpiens », avons pu y laisser aussi nos empreintes pour les générations futures.

Zsuzsa Cros, Mai 2019


Bibliographie

https://topia.fr/2018/11/30/les-debuts-de-lenseignement-a-lensp-2/


Notes

1 La formation de paysagistes (Landscape and Garden Engineer) a débuté dans les années 60 en Hongrie au sein de l’Institut d’Horticulture et de Viticulture avec un recrutement sur concours après le Bac, elle durait 9 semestres. Après 2 ans de formation générale de botanique, dendrologie, horticulture, pathologie végétale, biochimie…on pouvait choisir une discipline spécifique. Je faisais partie de la deuxième promotion de paysagistes qui comptait 10 élèves entre 1965 et 70. Depuis 1987, l’institut est devenu l’Université d’horticulture et d’industrie alimentaire avec des effectifs beaucoup plus élevés : actuellement, le nombre de personnes pouvant être inscrites à une formation spécialisée comme architecte-paysagiste ou paysagiste d’aménagement varie entre 25 et 140 en raison du besoin de spécialistes.

2 Groupe Caisse des dépôts et consignations

3 Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces

Biographies de paysagistes H. Martinet

Henri Martinet (1867-1936)

Né le 9 février 1877, diplômé de l’ENH de Versailles (1883-86), H. Martinet  est architecte paysagiste ” de la Direction du ministère de l’agriculture” en 1903. Il exerce son métier en France et à l’étranger. Il a été directeur de deux revues Le Jardin (depuis 1894), puis Le Petit Jardin Illustré et en 1921 rédacteur adjoint de la Revue horticole.

Il est dessinateur chez l’architecte paysagiste E. André en 1888, et son secrétaire de 1889 à 1890. De 1897 à 1920, il est professeur à l’ENH en horticulture industrielle et commerciale.

Il est membre au titre de la SNHF de l’organisation de l’exposition universelle de 1900. De 1910 et 1911, il est vice président de la SNHF. En France, il a conçu et réalisé le parc public de la Rhônelle à Valenciennes, le parc Beaumont à Pau et des jardins privés et publics à Biarritz, Aix-les-Bains, Hendaye, Le Touquet, Chatellerault, Montreuil, Loudun, Pontoise … Il fonde en 1906 une société immobilière pour l’aménagement de la plage d’Hendaye et créé avec l’architecte E. Durandeau un lotissement balnéaire.

À l’étranger, il a dessiné les plans des jardins de Shinjuku Gyoen à Tokyo, et réalisé des parcs à Monte-Carlo, Euxinograd, Montevidéo, Albazzia en Autriche, Luxembourg, Ostende en Belgique …

P. Donadieu 15 mars 2019

(D’après le site du comité des parcs et jardins de France, 2019,  Alain Durnerin, in Créateurs de jardins et de paysages, ENSP/Acte Sud, 2002 et les archives de l’ENH en 2019.

 

L'archivage en 10 questions

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L’archivage à l’ENSP en dix questions
Quelques conseils aux services de l’ENSP pour archiver
Comment trier un fonds d’enseignant / de paysagiste
Conseils aux utilisateurs des archives de l’ENSP



L’archivage à l’ENSP en dix questions

Version du 12 octobre

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Ce document s’adresse à tous ceux qui veulent ou doivent déposer des archives à l’ENSP. Il résume d’abord les réponses à dix questions posées par l’archivage, puis précise des conseils à trois catégories de personnes :

– le personnel de l’ENSP
– les paysagistes et les enseignants de l’ENSP.
– les utilisateurs des archives

  1. Que sont les archives  ?

C’est l’ « Ensemble de documents, numériques ou non, produits ou reçus par une personne physique ou morale, publique ou privée dans l’exercice de son activité »1 et qui a vocation à être conservé pour des raisons d’intérêt public (besoins de la gestion et de la justification des droits, recherche historique, …). Cela comprend les documents papier (manuscrit, plans, cartes, dessins,…), les données électroniques (documents bureautiques, applications informatiques,…), documents photographiques (diapo, tirage, plaque de verre,…), les maquettes et panneaux.

  1. Que sont les archives publiques ?

Tout document produit ou reçu par un établissement public (l’ENSP) doit, légalement, être conservé. Un établissement public national relève des Archives nationales. Les archives de l’ENSP sont conservées aux Archives départementales des Yvelines (ADY) par dérogation au régime général.

Au terme de son utilité (administrative, pédagogique …), le document doit être soit versé dans un dépôt d’archives public (défini par le code du patrimoine), soit éliminé selon les textes législatifs et réglementaires en vigueur (au bout de 5, 10, 50, 100 ans).

A contrario, les archives privées sont l’ensemble des documents qui n’entrent pas dans la définition d’archives publiques. Un fonds d’agence de paysagiste par exemple n’est pas soumis aux règles publiques. En revanche, les archives privées peuvent entrer dans un service d’archives public (comme les ADY) par don, legs, achat ou préemption en vente publique. Cas des archives de J. Sgard, préalablement inventoriées.

  1. Qu’est-ce qu’un fonds d’archives ?

C’est l’ensemble des documents de toute nature qu’une personne physique ou morale a produit ou reçu durant son activité. Tout document appartient à un fonds et doit rester classé dans ce fonds. À la différence d’une bibliothèque ou d’un service de documentation. Exemple : le fonds André déposé aux ADY ou le fonds de P. Dauvergne déposé aux archives de l’ENSP (salle 5).

  1. Dépôt, versement : quelles différences ?

Un versement d’archives est un transfert de dossiers publics à un service d’archives par un même service administratif en une seule fois à une date donnée (La Mémoire en poche, ADY, p. 23). On parle aussi de versements lorsqu’il existe un service d’archives constitué au sein d’un établissement et les services administratifs de ce dernier.

Un dépôt d’archives est réservé aux documents entrants dans un service public d’archives et reste la propriété du déposant.

  1. Qui peut (ou doit) déposer des documents au service d’archives de l’ENSP ?

– Obligatoire : Tout membre du personnel de l’ENSP qui produit et reçoit des documents d’intérêt général dans l’exercice de son activité, quand leur utilité cesse.

– Facultatif : Tout ancien élève de l’ENSP ou de la section du paysage et de l’art des jardins de l’ENSH, au titre de son activité de paysagiste

  1. Quelles règles le versement doit-il respecter ?

Il ne comporte que des documents, papier ou numériques, produits ou reçus en relation avec les activités d’administration, d’enseignement et de recherche propres aux différents services de l‘ENSP. Les documents, conditionnés dans des cartons, sont décrits dans un bordereau de versement (fichier Excel).

– Tout autre document produit hors de l’ENSP (ouvrages, revues, articles de revues, études, recherches …) aura vocation à être dirigé vers la documentation de l’ENSP, à y être intégré ou à être éliminé s’il existe déjà. Sauf s’il fait partie intégrante de la documentation pédagogique qui a été nécessaire à l’enseignant.

  1. Où est localisé le service d’archives de l’ENSP ?

Dans sept salles du sous-sol du bâtiment Le Normand :

– 1 Le fonds d’ouvrages anciens (ENSH/ENSP)
– 2 Les fonds anciens et la réserve des revues, mémoires de DPLG et d’ateliers pédagogiques régionaux dépendant du centre de documentation
– 3 et 4 : Les archives administratives et financières (en cours)
– 5 La réserve des ouvrages et études du centre de documentation
– 6-7 Les archives pédagogiques et de la recherche

D’autres lieux (la Figuerie, les bureaux des enseignants, les secrétariats …) contiennent également des archives en attente de dépôt.

  1. Comment consulter les archives ?

– L’ensemble des archives de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’ENH, celles de l’ENSH et quelques fonds de paysagistes sont localisées aux ADY, et consultables par tous (contacter Anthony Rigault). Notamment les Fonds Edouard et René-Edouard André, le fonds Jean Challet, le fonds Jean Camand, les fonds d’anciens élèves.

– Les archives administratives, pédagogiques et de recherche de l’ENSP et du CNERP sont localisées principalement aux services d’archives et de documentation de l’ENSP (cf. 7). Leur inventaire est en cours par V. Fernandes. Mais la consultation publique n’est pas encore possible, sauf cas particulier. Elle devrait le devenir.

  1. Que deviennent les archives conservées par l’ENSP ?

– Les archives administratives, comptables, pédagogiques et de recherche sont régulièrement recollées (inventoriées) sur un tableau Excel et conservées dans les salles d’archives appropriées (3, 4, 6, 7). Cas des fonds Rumelhart et Bouillon (en cours) ou des archives des secrétariats d’enseignements ou des services généraux.

– Les fonds d’enseignants sont triés (s’ils ne l’ont pas été) et les documents répartis entre les archives pédagogiques et de recherche d’une part (pour inventaire et classement), et le service de documentation pour intégration ou élimination. Si le fonds présente une cohérence pédagogique originale, il restera complet dans les archives pédagogiques. Ex : le fonds Fleury partiellement localisé à la documentation (1er cas) ou (2ème cas) le fonds Rumelhart (localisé en totalité aux archives pédagogiques).

– Les fonds de paysagiste sont recollés et conservés à l’ENSP en vue de leur transfert à terme aux ADY. Cas du fonds Provost en cours ou du fonds Corajoud

  1. Quelles perspectives de développement pour le service des archives de l’ENSP ?

– La réunion de la plupart des archives de l’école dans les sept salles du bâtiment Le Normand et l’étiquetage des portes. L’aménagement des salles devra respecter des conditions de conservation satisfaisantes (T° et H° notamment).
– Le nettoyage complet et la sécurisation des sept salles après évacuation des pilons.
– La fin du récolement des archives pédagogiques et de recherche.
– Le don, l’intégration aux fonds anciens ou la destruction du reliquat d’archives de l’ENSH (revues anciennes).
– Le tri, récolement et classement des archives d’enseignants (Dauvergne, Bouillon, Rumelhart, Donadieu).
– Le stockage des dépôts en attente d’inventaires.
– La valorisation des archives existantes par des expositions (avec les ADY) et des publications sur Topia. Le prochain chapitre de Histoire et Mémoire sera consacré au CNERP.

P. Donadieu, 12 octobre 2018
Texte revu par A. Rigault (ADY)



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Quelques conseils aux services de l’ENSP pour archiver

Compléments de L’archivage en 10 questions

Version du 12 octobre

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  1. Pourquoi archiver ?

Quand un document produit ou reçu dans le cadre de l’ENSP n’est plus utile au service, il doit être déposé, systématiquement, aux archives de l’école (voir L’archivage en 10 questions).

  1. Quoi archiver ?

Tout document, quelle que soit sa nature, qui n’a plus d’utilité dans la salle où il est exploité.

  1. Quelles règles de dépôt ?

Tous les dépôts de documents doivent être identifiés par une date (ex : 2001 ou bien 2001-2004), et si possible le nom d’un producteur d’archives. Ces documents doivent être classés par ordre chronologique et thématique et, lorsque cela est possible, dans des dossiers d’archives. Les documents numériques doivent suivre les mêmes règles en étant déposés dans des mémoires « CLOUD ».

  1. Quand effectuer un dépôt ?

À tout moment de l’année, de manière régulière si possible (sans attendre l’encombrement)

  1. A qui s’adresser ?

À Véronique Fernandes, bâtiment Le Nôtre, responsable du service d’archives de l’ENSP

  1. Qui décide de l’archivage ?

Toute personne qui a la responsabilité d’un service de l’ENSP

  1. Où sont les archives de l’ENSP ?

Dans les salles du sous-sol du bâtiment Le Normand

  1. Peut-on accéder aux archives déposées ?

Oui, en le demandant à V. Fernandes, notamment si on y a déposé quelque chose. Le public n’est pas encore admis. Les chercheurs peuvent l’être, car le prêt n’est pas envisagé, mais risque d’inconfort …

  1. Que deviennent les archives déposées ?

Elles sont inventoriées élément par élément (boite par boite) dans un tableau excel et localisées sur les étagères des salles d’archives d’une part (salles 1, 3, 4, 6, 7), et dans les salles partagées avec le centre de documentation (salle 2 et 5) et, pour une partie, versées au centre de documentation du bâtiment Saint-Louis, d’autre part.

Certains fonds (de paysagistes ou d’enseignants notamment) ont vocation à être versés ultérieurement aux ADY.

  1. Que faut-il éviter ?

– De déposer des archives non triées et non classées (surcroit de travail pour l’archiviste).

– D’oublier d’archiver trop longtemps (encombrement garanti).

– De ne pas consulter V. Fernandes en cas de problème de tri et de classement.

V. Fernandes et P. Donadieu, 10 octobre 2018



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Comment trier un fonds d’enseignant/de paysagiste ?

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Version du 12 octobre 2018

Le fonds peut être trié avant ou après dépôt dans le service des archives de l’ENSP. Il ne peut être démembré ensuite dans le recollement. Toutefois, la localisation géographique peut être différente entre les archives pédagogiques et de recherche (salle 6 et 7) et le centre de documentation et ses réserves.

Etape 1 : Trier

– En éliminant tout document qui n’a pas été produit dans le cadre de l’ENSP et que l’on peut trouver dans d’autres services de documentation (exemple : les revues, les livres), sauf s’ils ont un rapport direct avec les thèmes abordés dans la recherche historique et la formation des paysagistes (exemple : certains tirés à part de revues).

– En retenant tous ceux qui ont été produits ou reçus dans le cadre de l’ENSP sauf s’ils sont en de multiples exemplaires ou s’ils existent dans d’autres services documentaires (revues, TAP).

On veillera à ne pas éliminer les documents qui ont servi directement à élaborer l’enseignement ou les articles ou rapports de recherche s’y rapportant.

Etape 2 : Séparer les documents retenus en deux catégories

Ceux qui seront inventoriés et mis à la disposition du public par la documentation de l’école. Certains seront éliminés s’ils sont en plus de deux exemplaires.

Ceux qui seront inventoriés et mis à disposition des chercheurs par les services des archives dans la rubrique archives pédagogiques et de recherche.

On veillera à ne pas séparer les documents qui ont servi directement à élaborer l’enseignement ou les articles ou rapports de recherche en les conservant dans « Archives pédagogiques et de recherches »

Etape 3 : Classer les documents dans chaque catégorie par ordre chronologique (pour être consultés plus facilement)

En veillant à ce que le nom du ou des auteurs soit indiqué sur le document.

Etape 4 : Déposer le fonds trié (inventorié ou non) dans l’une des sept salles du services des archives.

Selon les indications de V. Fernandez qui se chargera du recollement.

P. Donadieu 12 octobre 2018



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Conseils aux utilisateurs des archives de l’ENSP

P. Donadieu 13 octobre 2018

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1 – Où sont les archives et que contiennent-elles ?
Aux archives départementales des Yvelines à Saint-Quentin-en-Yvelines. Elles contiennent les archives de l’ENSH depuis 1874 dont celles de la section du paysage de l’ENSH de 1946 à 1974, et des dépôts de fonds de paysagistes des deux derniers siècles (les André, Jean Camand …)

– À l’ENSP au Potager du roi à Versailles. Elles contiennent les fonds anciens transmis par l’ENSH (ouvrages, revues de 1800 à 1970), les archives administratives, financières, pédagogiques et de recherche de l’ENSP (après 1974), et quelques fonds de paysagistes (M. et C. Corajoud, A. Provost, P. Dauvergne) ou d’enseignants non paysagistes (Rumelhart, Bouillon, Donadieu).

S’y ajoute le fonds documentaire de l’ENSP (ouvrages, études et revues après 1950).


2 – Quelles sont les conditions d’accès au public ?

– Les archives départementales des Yvelines sont accessibles au public aux heures ouvrables (consultez Anthony Rigault).

– Le centre de documentation de l’ENSP est accessible au public aux heures ouvrables (consulter Isabelle Sauvé).

– Le service d’archives de l’ENSP n’est pas encore accessible au public, sauf consultation de Chiara Santini pour les fonds anciens et V. Fernandes pour les fonds contemporains.


3 – Comment sont gérées les archives ?
Par V. Fernandes avec un tableau de gestion qui précise les procédures de conservation, de tri et d’élimination.

Après tri, les archives déposées sont inventoriées (recollées) sur un tableau Excel, boite par boite, numérotées et installées sur des étagères elles-mêmes porteuses de numéros. Les contenus sont décrits succinctement (nature, années) sur chaque boite.


4 – Comment consulter les archives de l’ENSP ?

Il est nécessaire de savoir avec le plus de précision possible ce que l’on cherche (au moins un nom et des années).

Il est alors possible de retrouver une boite ou un document en interrogeant les bases de données avec des mots clés.

Consulter V. Fernandes qui pourra faire la recherche car la base de données des fonds contemporains n’est pas accessible en ligne, ou C. Santini pour les fonds anciens.

Cette recherche ne sera possible que si le recollement des dépôts a été fait. Au 10 octobre 2018, il est fait en partie pour les fonds anciens, en totalité pour les archives administratives et financières et en partie pour les archives pédagogiques et de recherche. Il commence pour les fonds des enseignants et des paysagistes.

 
 
 

D’après La mémoire en poche, ADY, Somogy, Paris, 2003-2009, p. 10 et le code du patrimoine.

Chroniques d’archivistes

Chroniques d’archivistes

 

Dans cette chronique sont indiqués les travaux réalisés dans les archives de l’ENSP de Versailles-Marseille par les membres du groupe Histoire et Mémoire de l’école.

Créé en mars 2018, ce groupe réunit (par ordre alphabétique) B. Blanchon, P. Donadieu, V. Fernandes, A. Jacobsohn, V. Piveteau et C. Santini.

Publiée sur Topia, la chronique est actualisée tous les deux à quatre mois (P. Donadieu).

Les travaux concernent :

– la localisation des archives dans et hors de l’ENSP,

-le récolement (inventaire) des documents entreposés dans les différents lieux de conservation de l’école,

– l’élimination régulière (tous les cinq à 90 ans) des archives « périmées »,

– l’équipement des salles d’archives (étagères),

– la relocalisation des archives à l’intérieur de l’école,

– la valorisation des archives par les documentalistes et les chercheurs,

  • Consultation par le public et les chercheurs (salle dédiée ?)
  • Expositions (salle dédiée ?)
  • Publications d’articles historiques sur le site Topia ou ailleurs
  • Restauration d’ouvrages ou de tableaux.

 

Travaux récents

2009 : Récolement (inventaire) des archives administratives et financières (Figuerie) et pilonnage (destruction) par l’archiviste Hélène Bonamy selon le plan de gestion des archives de l’école établi avec A. Rigault (archives des Yvelines)

2011 : Récolement des archives pédagogiques (Bâtiment Le Normand), sans pilonnage ni versement aux archives départementales, par l’archiviste Justine Luong

2000-2017: Stockage à l’ENSP (sous-sol du Le Normand et autres salles), sans récolement :

 – des archives des enseignants (D. Bouillon, M. Rumelhart, P. Donadieu, M. Corajoud, A. Fleury, P. Dauvergne …) : Le Normand, Le Nôtre, Figuerie, Saint-Louis, Suisses 

– des services de l’ENSP (direction des études, départements d’enseignement, LAREP, formation continue, documentation, concours …)

2018 : mars : Création du groupe Histoire et Mémoire (de l’ENSP) et de la rubrique homonyme sur Topia.


 

Début de la chronique

2018

Mars-avril

– Essai d’échantillonnage des archives du concours (40 ans), très encombrantes et poussiéreuses (P. Donadieu et V. Piveteau). On a peut-être trouvé une règle d’élimination des dossiers de candidature (une année sur 10 ?).

-Mise en place d’une rubrique « Histoire et Mémoire » dans « Travaux des chercheurs » du site Topia (R. Vidal).

– Tri et mise au pilon des archives périmées (2009-2017) dans les deux salles des combles de la Figuerie (V. Fernandes), un travail de bénédictin(e)… dans la poussière et la solitude …

– Publication des localisations des archives à l’ENSP et aux Archives départementales (P. Donadieu, V. PIveteau et A. Rigault). On sait enfin où est une partie des archives de la Section du paysage, hélas mélangées avec celles de l’ENSH. Il faudra chercher encore … On a retrouvé les comptes rendus des conseils d’enseignants de 1947 à 1967 (liasse 1433 du récolement de 2011 à l’ENSP).

– Publication sur Topia de deux articles sur le premier projet d’Institut du paysage (1970-72) de la commission Harvois et sur les diplômes de paysagiste depuis 1945 (P. Donadieu et R. Vidal). Un troisième est en préparation sur les débuts du fonctionnement de la Section (1946-1956).

22 mai 2018
Comment trouver, dans les archives des Yvelines, un document relatif à l’histoire de l’ENSP et de la Section ? En principe c’est simple. Vous identifiez sa cote et vous demandez au personnel des archives de vous l’apporter. Ainsi en est-il des dépôts, sous la rubrique École d’horticulture, avec les cotes 106J, 141J, 144J, 145J … concernant les archives des paysagistes versaillais (E.et R.-E André, J. Camand, J. Challet …). En pratique c’est moins évident. Je cherche les procès-verbaux des conseils des enseignants de l’ENH pour savoir quelle place y tenaient les décisions concernant l’enseignement de la chaire d’architecture des jardins et d’urbanisme, et celui de la section du paysage et de l’art des jardins. Sur le fichier qui inventorie les archives de l’ENH versées en 2009, je repère les boites 238 (VI-1) et 386-387 (VI-36) indiquant “Conseil des professeurs, PV 1929-1957”.  Après presque une demi heure de recherche, la “présidente” de la salle de lecture parvient à repérer la cote réelle des boites (1W-dépôt 238) qui réunit les PV des conseils d’administrations de l’ENH de 1936 à 1961, mais pas ceux des conseils des professeurs.
Nouvelle recherche du préposé dans les réserves. Il remonte une boite anonyme trouvée sur les étagères à côté des précédentes. Miracle ! Dans cette boite verte, je trouve les deux cahiers manuscrits des conseils d’enseignants de l’ENH de 1929 à 1957. On m’explique que le reclassement du fond versé en 2009 n’est pas terminé, ce qui explique cette boite anonyme. Désormais elle a retrouvé une cote : 1W dépôt 117-VI-36 (si j’ai bien compris). Je pourrai ainsi continuer ma lecture et comparer les activités pédagogiques de l’ENH et celles  de la Section entre 1940 et 1957. Car j’ai retrouvé les PV du conseil des professeurs de la Section de 1947 à 1964 dans la salle des archives pédagogiques de l’ENSP à la cote de récolement 1433 …
13 juin 2018

Depuis le 1er juin jusqu’en juillet prochain,  un stagiaire  Sovannara Mey ( d’origine Khmer) aide Véronique Fernandès. Il termine son cursus de Master 1 (Gestion de l’archivage) à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines.

V.  Fernandès raconte les dernières opérations : “Nous avons procédé à un premier bordereau d’élimination  (BX VISA N° 1) et avons soumis la demande d’élimination d’archives (récolement 2011 + 2018) ainsi que le tableau EXCEL des éléments, à Vincent Piveteau aujourd’hui même. Celui-ci concerne uniquement les archives des salles 71 et 72 et représente 82 mètres linéaires. Dès que le bordereau sera signé, nous adresserons par courrier, les documents pour le visa des Archives départementales des Yvelines.
En effet, lors de sa dernière visite, Antony Rigault nous a demandé de fractionner les bordereaux, eu égard à la quantité de documents à vérifier avant pilonnage. Dans ces salles, il nous reste encore quelques cartons et boîtes à analyser.
Les plans et calques, qui feront l’objet d’un versement (BV) aux AD 78, sont pratiquement tous récolés (nous arrivons à un peu plus de 80 plans).”

11 juillet 2018
Véronique  Fernandez fait le point sur les travaux accomplis avec Sovannara Mey.
Salles 71 et 72
Les documents et les plans des salles 71 et 72 sont pratiquement tous inventoriés. L’analyse des boîtes non recollées des salles 71 et 72 est terminée. Un premier bordereau d’élimination a été soumis à l’approbation du Directeur de l’ENSP et adressé au ADY78.  Des réserves, concernant certains documents, ont été émises par les ADY78. Les documents concernés, (principalement les feuilles de paie ENSP et MAP) ont été extraits de la montagne du pilon (environ 50 boîtes).

Le pilon s’agrandit (entre 110 et 120 mètres linéaires) mais, de fait, eu égard aux analyses et au tableau de gestion qui indique un sort final de conservation : il commence à diminuer.
Les plans et calques, qui feront l’objet d’un versement aux AD 78, sont recollés et conditionnés.  Le bordereau de versement aux ADY78 est prêt et il sera soumis à l’approbation du directeur de l’ENSP.  Un deuxième bordereau d’élimination est prêt pour une seconde opération Pilon. Un troisième viendra prochainement.

Les dossiers de personnels rémunérés, par famille : fonctionnaires retraités, vacataires, ARE, AUD, étudiants, stagiaires, personnels occasionnels, sont classées autant que possible par ordre alphabétique. Il y a eu un très gros travail de reclassement et de conditionnement sur ce point.  En effet, nous avons trouvé un grand nombre de dossiers en vrac, peu identifiés ou de manière disparate. Certains dossiers sont organisés par services ou par date, d’autres sans classement précis. Il y a des dossiers d’une même personne qui se trouvent dans différentes boîtes en fonction de l’emploi occupé, sans forcement être des doublons… Enfin, nous retrouvons régulièrement des pièces administratives en vrac qui peuvent être importantes pour la carrière des personnels et que nous devons ou devrions intégrer dans leurs dossiers (IRCANTEC, ASSEDIC, notifications administratives, documents d’arrêt de travail…). En conséquence, il faudrait plus tard, lors de l’aménagement des nouvelles salles destinées aux archives administratives, faire un gros travail de fusion desdits dossiers.

Les archives de la FFP (archives privées de fait, mais certaines probablement très liées à l’école) sont conséquentes en salle 71 et au bâtiment Le Normand.
Elles pourraient être conditionnées en cartons de déménagement,
pour tout ce qui est en relation avec l’école et la pédagogie. Nous éliminerons les pièces comptables, totalement obsolètes et les documents irrécupérables. Ce sera probablement fait à la rentrée prochaine.

Les archives de l’ IFLA ont été toutes conditionnées et recollées (25 boîtes)
 Salle 20 – bâtiment Le Normand.
Les étagères sont pratiquement toutes purgées des dossiers à retirer avant mise au pilon. Les boites à éliminer sont temporairement placées dans le couloir desservant les réserves du sous-sol (20 mètres linéaires). Il reste un très gros travail d’analyse à réaliser dans cette salle, encore très encombrée.
Le meuble à plans cédé par les ADY78 est désormais placé, comme prévu, au sous-sol du bâtiment Le Normand, dans la réserve n° 2.. Un rendez-vous est fixé en juillet avec Véronique Laulier pour faire le point sur les archives de la Formation Continue, celles notamment qui sont très dégradées et posées sur le sol en salle 20.
22 09 2018
Depuis la rentrée, le travail d’archivage et de valorisation des archives de l’ENSP a considérablement avancé :

Salle 72 du bâtiment de la Figuerie

  • L’analyse des archives administratives et financièresest terminée, à l’exception de la série récente 2012 à 2015.
  • L’analyse des archives de la SFP(Société Française des Paysagistes DPLG) et de la FFP (Fédération Française du Paysage) est en cours de recollement et de reconditionnement (beaucoup de vrac et des boîtes très endommagées).
  • Les plans et calques ont été versés aux archives des Yvelines et les doublons conservés dans le meuble à plans (réserve 2 du sous-sol du Bâtiment Lenormand) qui a été donné par les ADY pour cet usage.
  • L’élimination des dossiers (pilonnage) et le transfert des archives des salles 71 et 70dans le sous-sol du bâtiment Lenormand sont prévus en octobre.

Salle 20 du sous-sol du bâtiment Lenormand

  • Les archives dites pédagogiques sont en cours de tri(avec pilonnage selon les règles administratives) ; celles de la documentation et d’une partie des archives de la Direction des Études et fonctions communes ont été recollées.

Il reste cependant un très gros travail d’analyse à réaliser dans cette salle, très encombrée. Il concerne notamment les archives du concours, des ateliers pédagogiques régionaux et du LAREP.

  • Les principes de classement des archives de la formation continue (dont CESP et VAE), en relation avec V. Laullier, ont été précisés. Le tri pourra commencer. A terme, il faudra intégrer les archives (2004 – 2018) qui sont actuellement conservées dans de bonnes conditions au sous-sol du bâtiment Saint-Louis. Elles seront ensuite traitées et versées en salle 20, après réorganisation de cette salle, faute de place pour le moment.

La localisation actuelle de toutes les archives de l’école (une dizaine de lieux) semble désormais exhaustive.

– Archives des Yvelines

  • La localisation des archives de la Section du paysage et de l’art des Jardins de l’ENSH est désormais connue grâce au travail de A. Rigaud. Ces archives ne sont pas encore en accès direct pour le public, sinon par son intermédiaire.
  • Quelques archives documentaires de l’ENSH restées dans les réserves 1 et 2 du sous-sol du bâtiment Lenormand auraient vocation à rejoindre les ADY (toutes les archives de l’ENSH, après un voyage à Angers -Agrocampus ouest- y sont désormais localisées).

Valorisation

  • A partir des archives de la Section, P. Donadieu a écrit un texte sur les dernières années de la Section (1968-74) qui sera publié sur Topia.
  • Un groupe « archives des formations paysagistes» a été constitué avec d’anciens enseignants de l’école : Pierre Dauvergne, Yves Luginbühl et J. Sgard, notamment, pour écrire des textes sur l’histoire du CNERP et sur celle des ateliers pédagogiques régionaux de l’ENSP (vue par J. Sgard qui en a encadrés régulièrement depuis le début). Les archives du CNERP, institution interministérielle à la vie brève (1972-75-79), déposées aux Archives nationales ne sont toujours pas localisées.
  • Donadieu pense qu’un répertoire des enseignants et chercheurs de l’école depuis 1873 serait très utile. Il a fait une proposition en ce sens. Il faudrait en faire un travail collectif.

 

Travaux envisagés en 2018:

– Mise au pilon (dans le couloir) des archives périmées de la salle des archives pédagogiques (SAP), selon le fichier de gestion de 2011 (manque fichier des boites 2500 à 3100)

– Récolement des archives « Documentation » (SAP) : V. Fernandes + stagiaire

– Terminer le récolement des archives du concours (échantillonnage)

– Préciser (réunion du groupe Histoire et Mémoire) les règles de tri des archives des enseignants (récolement partiel ou total)

– Étiqueter de manière visible les dix portes du sous-sol du bâtiment Le Normand

– Mise à la benne des archives à pilonner de la Figuerie et du Le Normand

– Rédaction d’articles sur les enseignements de la Section du paysage et de l’art des jardins (1946-1974)

– Contact avec Y. Périllon (legs possible d’une exposition ancienne sur l’art des jardins…)

10 mars 2019

 

 

Tableau des activités possibles et proposition de nouveaux noms des salles d’archives de l’école (les anciens directeurs de l’école depuis la fondation)

Salle Nom proposé/lieux Programme 2019 Remarques
n° 1 (Fonds ancien, collections, Jardin français) Salle Auguste Hardy (1874-1891)

 

Le fondateur de l’ENH

Mise sur étagères et indexation des revues ENSH <1900

Classement du fonds du jardin français déplacé en 2018 depuis la salle 2

 

Responsable C. Santini

Pb des revues et ouvrages agricoles et horticoles : la moitié du fonds (les garder ?)

N° 2 (Réserve documentaire n° 1 revues, mémoires DPLG) Salle Jules Nanot (1892-1924)

 

Il a rehaussé la Figuerie et travaillé avec E. André

Mise sur étagères et indexation des revues stockées en caisses Mise sur étagères et indexation dans les placards salle Duprat des revues ENSH>1900 (Annexe de la salle 2)
N° 3 (Fonds enseignants et autres) Salle Joseph Pinelle (1925-1940)

 

Il a construit le foyer coopératif des élèves en 1928

Evacuation du matériel

Peinture sol

Montage des étagères métalliques (ou achats)

Mise sur étagères et récolement

Fonds Dauvergne, Bouillon, Mazas, Rumelhart, P+A, Pages Paysages, F. Marot, FFP … (actuellement salle 5)
N° 4 (Archives administratives et financières) Salle Fernand Fauh (1940-1944)

Les temps de guerre

Poursuite gestion ordinaire Transfert du fonds en   2018 depuis la Figuerie
N° 5 (Salle de transit et de consultation des archives, réserve documentaire n° 2) Salle Jean Lenfant (1945-1959)

 

Il a créé la section du paysage et de l’art des jardins

Desherbage et indexation ouvrages

Récolement A. Provost

Tri fonds Ecologie (herbiers) (Rumelhart)

Peinture sol souhaitable

Problème des diapositives (des milliers …)

Transfert du meuble diapos dans la salle 3

N° 6 (Archives pédagogiques et de recherches) Salle Etienne Le Guélinel (1959-1974)

La fin de la section et

La mission Harvois (premier projet d’institut du paysage)

 

Gestion ordinaire

Intégration dépôts LAREP, Bouillon, ateliers, concours d’entrée …

Tri et étiquetage important à faire (place limité).

On peut aussi inverser les noms avec la 7

N° 7 (soupente escalier est) Salle Raymond Chaux (1974-1990)

 

Fondateur de l’ ENSP

Tri et indexation du Fonds Donadieu Pb des diapositives
N° 8   4 rue Hardy (appartement) Salles Fonds de l’Agence M. Corajoud

Refondateur de la pédagogie des ateliers de projet

Récolement en Cours Avec Hannah Sturza (agence Chémétoff)
Autres dépôts Centre de documentation

Bat Le Nôtre

 

Département d’écologie

 

 

Bureaux d’enseignants

J. Cabanel, A. Fleury

 

Les Carnets du paysage

 

Fonds Rumelhart/Chauvel

 

Fonds Blanchon, Toublanc, Vidal, quatriéme année, APR, techniques, ateliers…

Indexés ?

 

A récoler et transférer

 

 

A récoler et transférer

 

Transferts prévisibles > 2019

Archives départementale des Yvelines Ville de saint Quentin-en-Yvelines Fonds ENSH (1874-1995)

 

 

Fonds ENSP > 1975

Fonds paysagistes (Camand, André, Challet …)

 

Dont la section du Paysage et de l’art des jardins (1946-1974)

A préciser

J. Sgard en cours en 2018

Couloir du sous-sol du bâtiment Lenormand Bâtiment Lenormand sous-sol Evacuation des cartons, des étagères métalliques et des palettes. Fauteuil dans la salle 5. Nettoyage et peinture du sol jusqu’aux entrées

Affichage des portraits des 7 directeurs

Règles d’affectation et d’usage des 5 clés actuelles.

 

 

 

1-Les noms proposés sont ceux des directeurs ENSH/ENSP décédés.

2-Le tri des dépôts (s’il n’est pas fait) est fait en fonction de deux destinations :1/ ce qui peut être consulté au centre de doc à condition de ne pas apparaitre comme un quatrième exemplaire (sinon don aux étudiants ou  destruction) 2/ ce qui est destiné à être utilisé par les chercheurs, et à ce titre est conservé (salle 6) au titre des archives pédagogiques et de recherche de l’ ENSP, notamment en tant que fonds d’enseignants (salle 3) et de paysagistes (priorité à ceux qui ont enseigné à l’école).

 

3- La valorisation des archives pour le public et les visiteurs (expositions) est à envisager rapidement dans les anciens ateliers de maintenance de l’école (bâtiments des Suisses), ou bien dans le sous-sol du bâtiment Saint-Louis.

 

4- La publication des travaux de recherche à partir des archives ENSP est faite par le site Topia (R. Vidal et P. Donadieu), rubrique Histoire et mémoire (travaux des chercheurs). Un groupe CNERP est en cours de constitution. Plusieurs textes, biographiques ou non, de Y. Luginbühl et P. Dauvergne ont été publiés début 2019.

 

5- L’accès aux archives pour les chercheurs est rudimentaire, quoique possible si un archiviste de l’école est présent. Le professeur américain Malcom Woolen Sewell travaille actuellement sur le fonds Corajoud en vue de la publication d’un ouvrage.

 

6- L’arrivée de dépôts d’archives internes et externes va s’accélérer dans les années à venir (ne pas envisager de « dépôts sauvages » au sous-sol …). Tous les dépôts internes et externes devront être triés et V. Fernandes consultée au cas par cas.

 

7- Nécessité d’un emploi supplémentaire pendant au moins un an pour mettre en ordre de marche le service des archives fin 2020 (actuellement V. Fernandes à temps plein depuis 10 mois, et P. Donadieu comme bénévole de manière intermittente).

 

8- Nécessité de créer en 2019 un conseil des archives pour décider des orientations majeures et des réponses à des problèmes ponctuels, par exemple avec V. Piveteau, C. Santini, B. Blanchon, A. Jacobsohn, S. de Courtois et la responsable du centre de documentation.

9- Nécessité d’un budget minimum (achat étagères, boite à archives, petit matériel, aspirateur …) pour le service des archives.

Ces propositions relèvent depuis le 1er mars 2019 de Sophie Jaeghle, nouvelle responsable  du services Documentation, archives, collections

Pierre Donadieu 22 février 2019

21 Mars 2019

Après visite des archives du département d’écologie avec Sophie et Véronique et Pauline, Marc convient des premiers principes de tri et de délocalisation.

“Voici ce que j’ai retenu de mon bref passage aux archives hier après-midi.

(NB Pour rappel, sont intégrés au fonds documentaire (RdC du bâtiment St-Louis) les ex-rayons ET (études, rapports, plaquettes hors classement thématique) et TH (thèses, mémoires…) de la documentation spécialisée d’écologie : y figurent quelques biens personnels qu’il vaudrait mieux que je retire avant indexation.)

Certains linéaires de rayonnages d’archives sont en fait des morceaux de l’ex-documentation spécialisée d’écologie (DSE).

Ils ont été estivalement versés au centre de documentation et/ou aux archives avant que j’aie pu y opérer le tri (retrait des ouvrages perso et ouvrages « des maîtres ») que j’avais appliqué aux ex-rayons plus classiques* issus de la même salle (actuel bureau de doctorants).

Il s’agit d’une documentation « grise » (= à édition limitée, brochures, études, articles…), acquise à titre gracieux via mes réseaux scientifiques et professionnels, et qui n’avait fait l’objet que très partiellement d’une indexation Kentika (pour laquelle le thesaurus était ici particulièrement défaillant, lacunaire).

Chaque élément y était (et y reste) toutefois doté d’une cote (lettre du rayon de la DSE + numéro d’ordre).

Les entrées des années 1970 et 1980 (parfois plus tardives aussi) avaient fait l’objet de fiches documentairesdescriptives « bristol » – dont le fichier existe encore au département d’écologie.

Beaucoup incluaient en outre des « fantômes » (fiche d’emprunt).

– ex-rayons (E)D à (E)L : études (incluant tirés-à-part techniques) à classement thématique (zones humides, gestion des espaces découverts, etc.).Olivier Gonin m’a confirmé hier soir que les boîtes manquantes [(E)A à (E)C] sont restées au CDI (St-Louis).

Il n’y a aucune raison pour que ce fonds reste scindé en deux – la césure** étant le fait du hasard.

ex-rayon « Catalogues de pépinières » : ces catalogues n’ont plus de valeur d’usage. En revanche, certains d’entre eux (peu nombreux) peuvent avoir une réelle valeur documentaire et/ou historique. Beaucoup méritent destruction, mais les jeter tous sans tri serait une faute.

ex-rayon TAP (tirés-à-part d’écologie, parmi lesquels figurent aussi quelques biens personnels).

Je n’ai pas visité la salle dédiée aux revues, où Pierre me dit que les T-à-P ont été versés.

Après tri, ce sont potentiellement des documents actifs, consultables comme n’importe quel ouvrage.

Les premiers cités (boîtes thématiques (E)A à (E)L), en particulier, n’ont rien à faire en archives à proprement parler.

Même si c’est évidemment au CDI de décider quand et sous quelle forme ils rejoignent le reste du fonds documentaire.

1-S’agissant des herbiers***, nous nous sommes mis d’accord sur une méthode.

Je vais proposer quelques dates pas trop lointaines.

Nous retiendrons la première qui conviendra à Pauline, Sophie, Pierre et Véronique, si possible aussi à Oliver.

J’irai pendant deux heures opérer, sur un échantillon aléatoire, une proposition de sélection en trois catégories :

– à détruire (en particulier si l’état de conservation pose pb),

– à remonter au département décologie pour valeur d’exemple (cf. courriel de Sophie Jaegle), et

– à conserver au titre d’archive, notamment aux fins de recherches sur l’histoire de la pédagogie du projet de paysage (mais aussi sur les productions des paysagistes).

Nous déciderons collectivement des ajustements de protocole.

Ensuite j’annoncerai une série de dates auxquelles je pourrai poursuivre et achever le tri sur la base du protocole ainsi concerté.

Le tri se matérialisera par des pastilles collantes (si collage suffisamment fiable).

  1. J’ai été surpris du volume très réduit occupé par les cartons « écologie » de boîtes à archives de la dernière salle, au regard du souvenir que j’en avais lors de ma dernière visite.

Il semble que des cartons aient été vidés et leurs boîtes à archives dispersées sur les rayonnages.

Mais ce que j’en ai vu ne comble pas ce manque ressenti.

En tout état de cause, il y aurait utilité à ce que j’y opère un tri, et que j’y confirme ou infirme les mentions « attribué à Marc R. ».

Je souhaite à cet effet disposer du récolement (fichier Excel) disponible, puisque les boîtes sont numérotées.

J’en complèterai les lignes vides (il y en aurait beaucoup…) pour les documents dont l’archivage sera confirmé.

Mais le temps pour cela risque de manquer dans les mois qui viennent…

Cordialement,

Marc

* Ex-rayons A, B, D, ECO, FA, FF, FR, SPE, TEC, V.

** Générée par l’encombrement des cartons de transport…

*** Il vaudrait mieux les appeler (de leur nom !) « travaux personnels d’écologie » (TPE) car ils comprennent des dossiers photographiques et dessinés, sans exsiccata. Les archives d’évaluation pédagogique en contiennent, si l’on veut, un « inventaire », mais qui n’a jamais été récolé.

(A suivre)

 

 

 

Les paysagistes concepteurs

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Les paysagistes concepteurs

Dans cette rubrique sont publiés les textes de chercheurs relatifs aux paysagistes ayant travaillé en France, issus des formations versaillaises ou non. Les publications de référence dans ce domaine seront mentionnées sous forme de bibliographies, associées ou non aux articles.

– “René André (1867-1942), du jardin à l’urbanisme : La redécouverte des projets d’un architecte paysagiste”. Article de Stéphanie de Courtois, in Colonnes n° 27, mai 2011. Télécharger l’article.

– “Pratiques paysagistes, quelles archives?”. Article de Bernadette Blanchon, in Colonnes n° 27, mai 2011. Télécharger l’article.

Histoire et mémoire

Histoire et mémoire

Dans cette rubrique interactive sont publiés les documents de recherche élaborés dans le cadre de la mission «Archives et fonds ancien» initiée en mars 2018 à l’ENSP de Versailles-Marseille, répartis en trois sous-rubriques :

Pour savoir comment archiver ou consulter les archives, voir “L’archivage en dix questions“.
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