Thèse de doctorat en sciences du paysage
Laboratoire de recherche en projet de paysage (LAREP), laboratoire de recherche de l’école nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP) / École doctorale n°581 Agriculture, alimentation, biologie, environnement et santé (ABIES) / Financement R2DS).
CONSTRUIRE DES IMMEUBLES AU ROYAUME DES MAISONS
La densification des bourgs périurbains franciliens par le logement collectif : modalités, intérêts et limites.
Jury :
M. Eric Charmes, directeur de recherches, ENTPE Rapporteur
M. Xavier Desjardins, professeur, Sorbonne Université Examinateur
M. Jean-Claude Driant, professeur, École d’urbanisme de Paris (Université Paris Est) Examinateur
Mme Marie-Christine Jaillet, directrice de recherches CNRS, Université de Toulouse Examinatrice
Mme Lucile Mettetal, chargée d’études à l’institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France Membre invitée
Mme Monique Poulot, professeur, Université Paris Nanterre Rapporteur
M. Patrick Moquay, professeur, ENSP, directeur de thèse Directeur de thèse
La thèse sera soutenue publiquement le 27 novembre 2018 à 14h au 19 avenue du Maine 75015 Paris amphithéâtre B208 (2ème étage, couloir B).
Résumé :
Alors que le périurbain est souvent vu comme le royaume du logement individuel, le parc de logement des communes périurbaines se diversifie en Ile-de-France. Le logement collectif y représente 40% des opérations de construction de logement (Sit@del 2009-2013).
Ces logements – souvent des opérations modestes comprenant en moyenne une vingtaine de logements – permettent de diversifier le parc existant pour réaliser des logements locatifs ou plus petits. Ils permettraient alors de répondre aux besoins des jeunes ménages, des familles monoparentales ou des personnes âgées qui n’ont pas nécessairement les moyens ou l’envie d’habiter dans du logement individuel. Ce serait une opportunité de de renforcer la maturation périurbaine (Berger, 2014), tout en de dynamisant la commune et en favorisant la transition démographique, souvent souhaitée par les élus.
Pourtant, la densification est loin d’être évidente sur ces communes : les difficultés à densifier sont importantes. Le coût direct de la densification pour la collectivité est le plus souvent très élevé, et le marché laissé libre ne produirait – sauf exceptions – que des maisons individuelles. L’argent public devient ainsi indispensable pour construire du collectif en densification dans ces communes : il est largement subventionné. Le manque d’acteurs pour réaliser ces opérations est également un frein, que ce soit en termes d’ingénierie pour aider à réaliser la construction qu’en termes d’opérateurs ou de promoteurs. Si ce parc de logement se construit, le plus souvent, c’est parce que l’imbrication réglementaire et législative propre à l’Ile de France l’impose, souvent à l’encontre des volontés des maires.
Alors, sur ces bourgs périurbains, la plupart des constructions revêtent un style standardisé : les immeubles de petit collectif utilisent le plus souvent des formes architecturales dites de « néo-village » qui imitent l’architecture traditionnelle des bourgs sans hésiter à la détourner. L’architecture des centres-bourgs se doit être la plus consensuelle possible pour ne pas rajouter des crispations complémentaires pour les habitants. Elle se traduit par des façades sur rue, peu rythmées, qui interdisent les balcons et les terrasses auxquelles les habitants aspirent. Or, dans ces communes où habiter dans une maison est la norme, et où le rêve d’un jardin est important, ces appartements peinent à répondre aux aspirations de leurs habitants.
En cela, la densification révèle un côté irréconciliable entre les attentes des habitants et celles des élus. L’investissement important que la densification demande pour se réaliser – aussi bien en termes de risque politique que d’argent public – en comparaison à la satisfaction en demi-teinte par laquelle elle se traduit, une fois achevée, questionne la pertinence des politiques de densification sur les territoires périurbains.
Laisser un commentaire