11 – L’École nationale d’horticulture de Versailles et les paysagistes (1874-1945)

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Chapitre 11

L’École nationale d’horticulture de Versailles et les paysagistes (1874-1945)

Comment les horticulteurs et les paysagistes versaillais se sont-ils séparés ? Pierre Donadieu raconte brièvement le début de cette longue histoire.

Version du 18 mai 2019

Quelles relations se sont établies dans la formation entre les enseignements d’architecture des jardins et ceux d’horticulture ? Pour le savoir, il faut consulter les archives de l’ENH et les travaux de l’historien Alain Durnerin, et, plus récents, des historiennes Stéphanie de Courtois, Luisa Limido, Chiara Santini et Bernadette Blanchon sur ce sujet.

Les trois figures fondatrices : Jean Darcel, Auguste Choisy et Edouard André (1876-1933)

Quand il commence à organiser l’enseignement de l’ENH à partir de 1874, le directeur et fondateur Auguste Hardy ne trouve pas immédiatement les enseignants de la chaire d’ « architecture des jardins et des serres », intitulé qu’il emprunte aux écoles d’horticulture belges de Vilvoorde et de Gand qu’il a visitées. Cependant, il parvient à convaincre l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées Jean Darcel. Celui-ci a travaillé comme directeur du service des Promenades et Plantations de la Ville de Paris avec le jardinier-paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps ; il a accompagné les premières transformations parisiennes voulues par le préfet Haussmann et l’ingénieur Adolphe Alphand dans les années 18601.

Auguste Hardy, Bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENH, 1930, archives ENSH/ENSP, salle Hardy

À partir de sa culture d’ingénieur, à la fois artistique et scientifique, et de son ouvrage Etude sur l’architecture des jardins (1875), J. Darcel (1823-1907) cherche dans son enseignement (de 1876 à 1878) à relier les matériaux employés dans les jardins et les styles réguliers et irréguliers des tracés des projets. Il s’agit pour lui de faire reconnaître « l’architecture des jardins comme une discipline à part entière, indispensable à la formation des architectes paysagistes »2.

C’est son successeur Auguste Choisy (1841-1900) qui mènera à bien cette tâche de 1878 à 1892. Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, architecte et historien de l’architecture, l’élève de Jean Darcel s’appuie sur une vision cinétique et paysagère de l’architecture grecque pour en transposer la théorie à la conception des jardins. « Il érige ainsi la conception architecturale de l’Antiquité grecque en modèle, tant pour les architectes que pour les nouveaux paysagistes, un modèle qui va leur servir de référence (…) Ces principes fondamentaux président à la méthode qui leur permettra d’exercer la profession d’architecte paysagiste ».3

Cet enseignement, qui n’aura pas de suite immédiate, se distingue radicalement de ceux des autres professeurs de l’école, notamment d’arboriculture, de cultures maraîchères, de floriculture, de botanique, de dessin, de levée de plan ou de nivellement. L’usage des végétaux dans les projets n’est pas abordé par J. Darcel et par A. Choisy d’un point de vue biologique ou technique mais « sous l‘angle de leur caractère esthétique et formel pour faire comprendre (aux élèves) leur rôle dans la composition du jardin »4. La complémentarité de ces apports différents, fondés en partie sur les travaux dirigés par Adolphe Alphand à Paris garantissait aux yeux d’Auguste Hardy une formation globale des élèves de l’ENH avec l’apport de la spécialité d’architecture des jardins5.

   

Auguste Choisy (à gauche) a précédé Edouard André à droite (source : Wikipedia)

En 1892, c’est le botaniste, horticulteur, architecte de jardins et journaliste Edouard André (1840-1911) qui succède à Auguste Choisy après avoir publié en 1879 son monumental ouvrage L’Art des jardins, traité général de la composition des parcs et des jardins. L’inflexion de la formation paysagiste vers le savoir horticole et botanique et la modélisation des tracés (irrégulier, régulier, puis composite) de jardins vont ensuite marquer l’ENH pendant plusieurs décennies, et en pratique jusqu’à son départ vers sa filiale historique : l’Institut national d’horticulture et de paysage d’Angers en 1995. Cet enseignement s’est largement appuyé sur l’observation des pratiques du service des Promenades et Plantations d’Adolphe Alphand et sur les voyages qu’il a entrepris à l’étranger6. Il s’est poursuivi avec son fils René-Edouard de 1901 jusqu’en 1934, puis avec l’architecte de jardins Ferdinand Duprat jusqu’à la création de la Section du paysage et de l’Art des jardins en 1945.

Ayant tous suivi le même enseignement, les élèves deviennent indifféremment architectes-paysagistes (dessinateurs, concepteurs et réalisateurs de jardins), entrepreneurs de jardins, chefs jardiniers, horticulteurs, arboriculteurs, viticulteurs, maraichers, pépiniéristes, directeurs de jardins de ville, journalistes, commerçants, enseignants … comme l’a montré Alain Durnerin.7

L’école au début des années 1890. Le bâtiment de la Figuerie (sans étage) et la salle de cours. Le directeur Jules Nanot et l’architecte paysagiste Edouard André ont commencé leurs activités en 1892.

Cette longue période d’un peu plus de 120 ans commence à faire l’objet de recherches historiques du point de vue de l’enseignement. Qu’en dit l’association des anciens élèves de l’ENH dont on a conservé les précieux bulletins de liaison depuis sa création8 ?

Un ingénieur horticole polyvalent.

L’association des anciens élèves de l’ENH a été créée en 1882 par un arrêté du préfet de Seine-et-Oise. Elle avait pour objectif de tisser des relations étroites entre les anciens élèves, de venir en aide à ceux qui en avaient besoin et de faire aboutir les vœux des sociétaires. Notamment pour ce qui concerne le statut de l’école qui était classée au niveau des écoles régionales d’agriculture et non des écoles nationales comme celles de Grignon ou Rennes. En était responsable surtout le faible niveau scientifique des candidats qui était très inférieur à celui du baccalauréat9. La demande des professions horticoles n’était pas non plus stimulante. Elle concernait plus des techniciens que des ingénieurs au moins en métropole et non des cadres comme dans les colonies et à l’étranger.

Au cours des années 1920, après des pressions d’au moins dix ans auprès du ministère de l’Agriculture, et des modifications du concours en français et dans les matières scientifiques, l’association obtint pour l’école l’agrément du diplôme d’ingénieur horticole le 13 juillet 1927. Auparavant les élèves sortants étaient « diplômés de l’ENH », dénomination améliorée en 1926 en « diplôme d’enseignement supérieur de l’horticulture ». L’année suivante l’association était reconnue d’utilité publique.

Elle intervenait rarement dans les questions d’enseignement, et se bornait, sauf exceptions, à signaler les changements de professeurs. Si bien qu’il n’est pas plus question, dans les bulletins, de la formation dispensée par la chaire d’architecture des jardins que par celles d’arboriculture fruitière ou d’ornement, de cultures légumières, ou des enseignements de botanique, de dessin, de levées de plans ou de nivellement. En dehors de l’organisation scolaire de chaque année, la pédagogie, à la fois théorique (les leçons) et pratique (les applications) restait une « boite noire » opaque, domaine réservé des enseignants comme aujourd’hui, même dans les comptes rendus des conseils des enseignants de l’ENH.

En revanche, les anciens élèves qui portaient le titre d’architectes paysagistes apparaissaient de trois façons dans les bulletins. Quand ils obtenaient des distinctions nationales ou étrangères : le Nisham-Iftikha à Henri Martinet et la médaille française de l’Instruction publique à Victor Enfer en 1914, le grade de chevalier de la Légion d’honneur à Henri Nivet et Etienne Berthier respectivement en 1924 et 1927. Ou bien, quand des figures de la profession, non diplômées de Versailles, étaient admises comme membre d’honneur de l’association ; ce qui fut le cas de J.-C-N. Forestier, conservateur des Promenades de la Ville de Paris lors de la séance du 25 mai 1913 ou plus tard de Robert Joffet, conservateur en chef des services paysagers de la ville de Paris.

De 1874 à 1930, de nombreux architectes paysagistes, ingénieurs horticoles ou non seront lauréats des concours organisés en France et à l’étranger. A. Durnerin (op. cit.) en cite une dizaine dont les diplômés de l’ENH H. Martinet et H. Nivet, Eugène Deny (1857-1926) paysagiste élève de J.-P. Barillet-Deschamps, et son fils Louis, ainsi que les architectes Edouard Redont (1862-1942) et André Riousse (1895-1952) … Ce dernier deviendra enseignant de « Théorie de l’art des jardins et composition » au début de la Section du paysage et de l’art des jardins de 1946 à 1952 (voir chapitre 1).

Une deuxième façon d’être visible dans ce bulletin consiste pour les ingénieurs, qui deviennent paysagistes, à former un groupe professionnel d’architectes paysagistes ou de paysagistes, mentionné comme tel à partir de 1926 dans les annuaires de l’association : 27 anciens élèves en 1926, 46 en 1931 et 52 en 1932. Malgré la crise économique de 1929 et grâce à leur polyvalence, les diplômés trouvent de plus en plus d’emplois, libéraux ou salariés, dans la nouvelle commande publique ou semi publique liée aux créations de logements et d’infrastructures, mais également dans les jardins privés. Ils ne forment cependant pas un groupe organisé, chacun rejoignant ou non d’autres associations spécialisées comme le comité de l’art des jardins de la SNHF ou la société française de l’art des jardins présidé par Ferdinand Duprat. Ils s’appuient sur leur formation très large pour s’adapter à la demande du marché urbain, comme Henri Martinet à la fois architecte paysagiste (et donc dessinateur de jardins), entrepreneur de travaux et professeur d’horticulture industrielle à l’ENH en 1898, ou Henri Nivet à la fois architecte paysagiste, horticulteur, pépiniériste, entrepreneur et commerçant de fleurs et de graines.

Une troisième façon de rendre visible les activités paysagistes des ingénieurs est d’écrire des articles dans les bulletins de l’association. Ce que font Henri Martinet, élève de Jean Darcel, et par ailleurs journaliste10, et plus tard Henri Thébaud en 1931 avec un texte sur le «jardin moderne transformé par la mécanisation et le goût du sport»11.

La polyvalence des ingénieurs horticoles leur permet d’accéder à plus de vingt métiers différents qui auront tendance à se séparer, en se professionnalisant parfois de manière distincte. C’est le cas de ceux de la gestion des parcs et jardins publics urbains dont rend compte E. Legraverend, président de l’amicale des directeurs et jardiniers chefs des jardins publics en 193112. Il faudra attendre les années 1970 pour que s’autonomisent de la même façon les entrepreneurs de parcs et de jardins, puis les paysagistes concepteurs (DPLG et ingénieurs) avec la création de la Fédération française du paysage (FFP) en 1982.

 Le Potager du roi : années 1930, le jardin Merlet, 4e des Onze (à g.) et le carré central à l’est, au fond l’entrée du jardin d’hiver (à dr.). Photos Gilles, 1937, Archives ENSP, salle Hardy

Après chaque leçon (1h 30), tous les élèves suivaient des applications dans le Potager du Roi (comme la taille des fruitiers sur les photos) ou bien sous formes de visites d’entreprises, de chantiers de jardins ou de voyages.

La chaire d’architecture des jardins et d’urbanisme (1933-1945) 

Le contexte :

Dès le début de l’école, J. Darcel et A. Choisy avaient fait savoir que l’horticulture n’était pas leur domaine. Ce qui ne fut pas le parti d’Edouard et René-Edouard André pendant 41 ans de 1892 à 1933. Ces derniers remirent au goût du jour les lignes régulières des jardins dans des compositions irrégulières, mixtes ou composites en s’appuyant sur une connaissance fine et érudite des végétaux, de la botanique et de leurs conditions de culture et d’acclimatation. Comme Stéphanie de Courtois l’a montré en 2011 à l’occasion du centenaire de la mort d’Edouard André dans son article D’Edouard André à René André, l’horticulture au cœur du métier de paysagiste13.

Mais l’idée de séparer les métiers de la conception de ceux de l’ingénierie et du jardinage, comme entre les architectes et les ingénieurs civils, se répandait activement dans les milieux professionnels. Dès 1913, le congrès international d’horticulture de Gand fit le vœu, par la voix de sa sixième section d’architecture des jardins « que les jardiniers, horticulteurs et pépiniéristes limitent leur rôle à la protection des plantes et n’exercent pas une profession qui n’est pas la leur »14. Chacun devait rester chez soi et l’horticulture demeurer à la bonne distance, complémentaire et pas plus, de l’architecture des jardins.

Qu’allait-il se passer à l’école avec l’arrivée en 1933 du célèbre architecte de jardins Ferdinand Duprat et de la nouvelle discipline de l’urbanisme ajoutée en 1926 par R.-E. André au cours d’architecture des jardins15 ? En fait peu de choses, car l’essentiel se passait ailleurs, chez les architectes et les urbanistes (voir le chapitre X à suivre sur cette période).

ENH : une chambre de quatre élèves en 1930. « La Coopérative » (actuel bâtiment Saint-Louis) vient d’être construite en 1928 (entrée au 6 et 6 bis rue Hardy). L’école accueille environ une centaine d’élèves. Cet aménagement de chambre changera peu jusqu’en 1974, année de la fin de la formation des ingénieurs horticoles. Bulletin des anciens élèves de l’ENH, 1930, archives ENSH/ENSP, salle Hardy


Dès 1906, avec son ouvrage Grandes villes et systèmes de parcs, le jardiniste et ingénieur polytechnicien Jean-Claude Nicolas Forestier (1851-1930) met en place « l’idée fondatrice des espaces libres structurant la ville (…) des équipements et non de simples lieux d’ornement »16. Le système de parcs de Forestier se présente comme « une alternative au système d’Alphand » (ibid.) s’inscrivant dans la transformation du territoire de la capitale.

Cette évolution des idées ne nait pas dans le « fief » horticole qu’est l’ENH de Versailles. Elle prend forme dans la société française des urbanistes fondée en 1911 à Paris et qui réunit les architectes et urbanistes Eugène Hénard (1849-1923), Alfred Agache (1875-1959), J.-M. Auburtin (1872-1926), Léon Jaussely (auteur d’un plan d’extension de Paris en 1919) et Henri Prost (1874-1959) qui allait travailler à la création de la ville européenne de Rabat avec J.-C.-N. Forestier.

Le jardiniste J.-C.-N. Forestier, le paysagiste (autodidacte), concepteur et entrepreneur Edouard Redont (1862-1942), auteur du parc Pommery à Reims17, et René-Edouard André, titulaire de la chaire d’architecture des jardins et des serres à l’ENH de Versailles se joindront également à eux en tant que représentants de la nécessaire compétence jardiniste, horticole et forestière.

Est-ce ainsi que « dans les prémices de la discipline de l’urbanisme » nait la légitimité des architectes en tant qu’architecte-paysagiste (B Blanchon, op. cit.) ? C’est probable. D’autant plus qu’au début de l’entre-deux guerres, l’ « épisode du jardin moderne » est surtout pris en charge par des architectes, notamment par Jean-Charles Moreux (1852-1956), Gabriel Guevrekian avec le jardin manifeste de la villa Noailles, ou Albert Laprade (1900-1970).

Cependant, à la veille de la deuxième guerre mondiale, « {les architectes paysagistes} issus du milieu horticole reviennent en force (B. Blanchon, p. 20) ». Ils ne sont pourtant pas nombreux, à peine une cinquantaine issue de l’ENH, à la fois concepteurs et entrepreneurs, et quelques autres, surtout architectes. Mais les plus connus par leurs réalisations ne sont pas ingénieurs horticoles. E. Redont est autodidacte, Albert Riousse (1895-1952), qui est architecte, obtint le premier prix de l’exposition des arts décoratifs de 1925 à trente ans. Jules Vacherot (1862-1925), ancien élève des Beaux-Arts, a surtout réalisé des jardins d’expositions universelles, des parcs publics et privés en France et à l’étranger, et Ferdinand Duprat (1887-1976), formé en Grande-Bretagne (Kew Gardens) et aux Pays-Bas dispose dans les années 1930 d’une clientèle privée internationale prestigieuse.

Les architectes-paysagistes trouvèrent leurs marchés surtout dans les jardins «sans d’abord chercher à renouveler la pensée sur l’art des jardins » (ibid., p. 20). Puis, en s’opposant à l’architecture « froide » du mouvement moderne, ils mirent l’accent sur « l’importance, pour la qualité du cadre de vie, du caractère évolutif des végétaux horticoles et des effets saisonniers ». Ceux qui ont laissé des œuvres publiques connues sont cependant tous des architectes : Jacques Gréber (1882-1962) au Parc Kellermann à Paris pour l’exposition de 1937, Léon Azéma (1888-1978) au square de la Butte-Rouge ou Jean-Charles Moreux avec le square Croulebarbe à Paris.

Qu’en est-il des ingénieurs horticoles, architectes paysagistes de l’entre-deux-guerres restés dans un quasi anonymat ? Comment leur formation versaillaise était-elle appréciée ? En 1929, l’architecte et paysagiste Pierre Péan, vice-président du comité de l’art des jardins de la SNHF indiquait qu’il était préférable de se former seul (ibid., p 22) en raison de la faiblesse à l’ENH des cultures artistiques et d’ateliers (de projets) à la manière des Beaux-Arts. Le nombre de leçons (d’une heure 30) avait été pourtant porté de 24 à 34 en 1930, soit 51 heures en troisième année (Bull. Ass. Anciens élèves). Mais la durée des applications sous forme d’ateliers de dessin de projet restait très insuffisante aux yeux des architectes.

Par ailleurs, il apparaissait de plus en plus que l’exercice de la profession d’architecte paysagiste était incompatible avec celle d’architecte (un concurrent devenu légitime quand il se formait empiriquement au paysage et au jardin via les compétences complémentaires d’urbaniste et de paysagiste concepteur). Cette pratique était encore plus incompatible avec celle de jardinier (quand celui-ci devenait un concurrent du concepteur de jardin), ajoutait l’architecte Jules Vacherot (ibid., p. 23). Fallait-il séparer ces compétences et ces métiers dès la formation, ou au contraire les réunir comme à l’ENH ?

Années 1930, Le jardins de la Figuerie, avec roseraies et Chamaerops excelsa (à g.), et le 19 juin 1943 l’intérieur de la grande serre (le jardin d’hiver) à l’occasion d’une exposition (à dr.), archives ENSH/ENSP, salle Hardy.

La chaire d’architecture des jardins et d’urbanisme (1930-1945)

En 1933, F. Duprat a quarante-six ans. Il a succédé à R.-E. André qui a fait valoir ses droits à la retraite. Il préside la SNHF depuis trois ans. L’année précédente, il a pris la direction de la revue Jardins d’aujourd’hui. C’est une personnalité reconnue qui succède à une dynastie : Les André. Mais il ne se consacrera vraiment, écrit B. Blanchon, à l’enseignement qu’après avoir fermé son bureau parisien en 1939. Et la guerre arrive. Pendant cette période troublée, il demande, en tant que président de la Société française d’art des jardins, au ministère de l’Agriculture : « l’ouverture d’une section spéciale pour l’enseignement supérieur d’art des jardins, qui durerait une année et où seraient admis des ingénieurs horticoles … » (Ibi. p. 25). Sans succès immédiat.

Cette demande aboutira cependant à la fin de 1945 avec la création de la section du paysage et de l’art des jardins à l’ENH, surtout en raison de la pression de la direction des espaces verts, parcs et jardins de la ville de Paris (Robert Joffet) à la fin de la guerre18. Celui-ci souhaitait, comme il le réaffirmera quelques années plus tard « ne pas séparer l’horticulture ornementale et l’art paysagiste (…) Le paysagiste applique simultanément l’art paysager et la technique horticole »19. Cette conception prévaudra à l’ENSH de Versailles jusqu’à 1995, puis dans la formation angevine de l’Institut national d’horticulture et de paysage jusqu’à aujourd’hui sous la forme d’Agrocampus ouest (centre d’Angers). Elle reconnait la culture scientifique des ingénieurs paysagistes destinés aux métiers de cadres de la gestion des espaces verts urbains, mais beaucoup plus rarement à celui de paysagiste concepteur dans les agences (ex architecte paysagiste).

Cette orientation est confirmée dans l’annuaire de l’association en 1948 : « La section du paysage et de l’art des jardins a pour but de former les cadres supérieurs des services de l’urbanisme, des services horticoles des grandes villes, des entreprises privées de création de parcs et jardins »20, alors que l’ENH a pour but « la formation des cadres supérieurs de l’horticulture pour la Métropole et l’Union française » (p.9). À cette date, l’ENH disposait de 28 enseignants dont deux consacrés à l’architecture des jardins et au dessin géométrique, descriptif et lavis (F. Duprat et M. Leboul). Cet enseignement disparaitra avec le départ de F. Duprat en 195121. Tandis que la jeune Section réunissait dès la première année (1946) 11 nouveaux enseignants, bien décidés à former correctement les paysagistes comme l’indique un panneau d’une exposition des élèves à l’école. (voir chapitre 1)

Exposition d’élèves de la Section en 1948 : on peut lire à droite « le paysage et l’art des jardins exigent des études spéciales, on ne s’improvise pas paysagiste »

De quelles formations bénéficiaient exactement dans les années 1930 les élèves ingénieurs horticoles qui se destinaient à exercer le métier d’architecte paysagiste ? Il faut distinguer deux types d’enseignement au cours des trois ans d’études. Les enseignements généraux visaient la mise à niveau scientifique (mathématiques, chimie, météorologie, botanique horticole, zoologie et entomologie, phytopathologie, langues française et anglaise, comptabilité…). Les enseignants n’étaient pas issus du sérail horticole.

Les enseignements techniques étaient centrés sur la pratique horticole (arboriculture fruitière, d’ornement et d’alignement, floriculture, cultures maraichères, pépinières, viticulture, sylviculture, hydraulique, comptabilité, droit, économie …), mais également paysagiste (dessin, nivellement, levées de plans, architecture des jardins : histoire et théorie de la composition). La plupart était des ingénieurs horticoles formés à Versailles : Pierre Cuisance enseignait l’arboriculture d’ornement, Maurice Coutanceau l’arboriculture fruitière, Eugène Laumonier la floriculture ….

Le temps consacré aux matières utiles pour la conception et la réalisation des jardins était réduit, mais ne se limitait pas à l’enseignement magistral de la chaire d’architecture des jardins (51 heures en troisième année par F. Duprat). Inspirée du cours d’A. Choisy et des André, celui-ci était complété par des applications sous forme de visites de jardins et de chantiers dans la région parisienne et d’exercices pratiques de dessins de projets.

D’autres enseignements dispensés par les autres chaires venaient s’ajouter. En 1937 la pratique de dessin et du lavis de Henri Hissard, maitre du dessin de la plante au Muséum d’histoire naturelle, et en 1953 celle de René Enard à l’ENH comme dans la Section du Paysage permettait aux élèves de représenter les intentions de projet. Et dans la dernière année de la Section, la théorie du nivellement et le calcul des cubatures étaient développés par M. Weibel et les règles d’utilisation des végétaux dans les projets par Théodore Leveau.

Alignée sur celle d’ingénieur, cette formation de l’ENH n’était pas fondée, comme à l’École des Beaux-Arts à Paris, sur des ateliers de projet dirigés par des artistes et des architectes Grands Prix de Rome. Ce mode pédagogique ne fut adopté qu’en 1946 avec la création de la Section. Il était réclamé par les premiers enseignants comme les architectes et paysagistes A. Riousse et T. Leveau.

Avant 1914, faut-il le rappeler, la formation de l’école était à la fois très généraliste (le niveau d’entrée qui était celui du certificat d’études primaires devait être sérieusement améliorée) et très technique (c’était la demande des employeurs). À l’origine, « l’enseignement à l’école a pour but de former des jardiniers capables et instruits possédant toutes les connaissances théoriques et pratiques relatives à l’art horticole »22. Avec le souci de l’obtention du titre d’ingénieur, l’enseignement est devenu entre les deux guerres de plus en plus scientifique et de moins en moins pratique. Il s’est traduit par la création, dès 1893, du premier laboratoire pour les recherches des enseignants au Potager du roi. Il s’agissait alors de former les cadres de l’horticulture française. 

Mais avec l’idée de former de véritables architectes paysagistes, l’école a donné naissance à une nouvelle formation inspirée par celle de l’École des Beaux-Arts à Paris à partir de 1946.

Après 1945

Combien d’ingénieurs horticoles suivirent le cursus complémentaire de la section ? Environ 70 diplômés de l’EN(S)H participèrent à la formation de la section du Paysage de 1946 à 1974, mais tous n’obtinrent pas le titre de paysagiste DPLG, environ une cinquantaine y parvinrent. Parmi eux quelques-uns furent gratifiés, pour leurs talents, de récompenses nationales, notamment le Grand Prix du paysage : Allain Provost avec J. Sgard en 1994 et Gilles Clément en 1998, tous les trois ayant été enseignants à l’ENSP entre 1978 et 2010.

Se sont ajoutés de 1946 à 1951 des paysagistes qui n’avaient pas suivi la Section du Paysage, conformément au texte de loi de 1945 prévoyant l’attribution du titre de paysagiste DPLG « à des personnalités éminentes et reconnues du métier ». Certains étaient ingénieurs horticoles comme Jean Camand et Albert Audias, et d’autres pas comme Ferdinand Duprat, Théodore Leveau ou Robert Joffet. B. Blanchon les évalue à environ cinquante, ce qui est peut-être beaucoup. Sauf si on pense que tous les ingénieurs recensés comme « paysagistes » dans les années 1940 (une quarantaine) par l’association des anciens élèves avaient été concernés. Tous n’étaient pas passés par le concours en loge de la SNHF, qui permettait d’attribuer le titre d’architecte paysagiste.

Sur les 31 paysagistes recensés par l’amicale des ingénieurs horticoles en 1948, seuls trois sont évoqués dans les Créateurs de jardins et de paysage (M. Racine édit., 2002) : Louis Deny (fils d’Eugène), architecte de jardins à Paris, Marcel Zaborsky, architecte paysagiste et chef technique des Promenades et Plantations du Maroc à la Résidence de Rabat et Henri Thébaud, architecte paysagiste à Versailles et enseignant à la Section du Paysage.

Ce constat sans équivoque a-t-il été fait ? C’est probable. Car la « Section de spécialisation » des ingénieurs qui est « annexée » à l’école d’horticulture en 1946 n’a pas seulement pour but d’améliorer la formation versaillaise des paysagistes, en tant que concepteurs et maitre d’œuvre. Elle doit former des cadres gestionnaires de services publics d’espaces verts de ville et des entrepreneurs paysagistes. Cet objectif sera vite abandonné sous la pression du corps enseignant et du fait de la défection rapide des ingénieurs. La section formera des paysagistes DPLG et donnera naissance en 1976 à l’ENSP.

C’est une toute autre histoire qui commence.

Conclusion :

À partir des années 1910, les « architectes paysagistes » ont commencé à se partager entre deux sensibilités. D’un côté, les ingénieurs horticoles qui vont conserver l’ancienne compétence horticole et botanique (jusqu’en 1974) et que l’on retrouve aujourd’hui formés, avec une dominante scientifique, à Angers (les ingénieurs paysagistes d’Agrocampus ouest) et dans les cursus techniques (BTS, licence). On peut les considérer comme les héritiers lointains d’Adolphe Alphand, des André, de Robert Joffet, et plus généralement de l’ingénierie paysagiste métissée par l’art des jardins et du paysage

Et de l’autre les architectes, formés à l’École des Beaux-Arts, souvent urbanistes, qui vont faire valoir à partir de la première guerre mondiale, leur compétence de concepteurs de jardins et de jardinistes autant dans les marchés publics que dans les marchés privés de l’urbanisme et de l’architecture de jardins.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les paysagistes DPLG versaillais abandonneront la référence exclusive à l’horticulture et aux disciplines scientifiques, pour se rapprocher des urbanistes et des architectes en faisant valoir leurs compétences propres de paysagistes concepteurs de projet de paysage à échelles multiples d’espace et de temps. Ceux d’aujourd’hui (environ 3000) sont les héritiers de J. Sgard, M. Corajoud et J. Simon, et plus loin dans l’histoire, de André le Nôtre. Mais leur compétence de concepteurs de jardins privés sera en pratique marginalisée au profit de la commande publique de qualité du paysage et du cadre de vie urbain et péri urbain.

Ces distinctions entre jardiniers, ingénieurs et concepteurs se firent en trois étapes dans les formations versaillaises : par la formation d’abord des jardiniers (1874-1928), puis des ingénieurs horticoles (1928-1974) comme cadres des services publics et des entreprises d’espaces verts, et enfin des paysagistes concepteurs libéraux (DPLG puis DEP), à partir de 1946, par « détournement » d’une formation de spécialisation initialement conçue pour les ingénieurs23.

P. Donadieu

Version du 18 mai 2019

Suite au chapitre 1 (Les débuts de la Section du Paysage et de l’Art des jardins)

Voir également les nouveaux chapitres publiés après le 15 mai 2019.

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Notes

1 Luisa Limido, « La formation des architectes paysagistes depuis Jean-Pierre Barillet-Deschamps », in Le Grand Paris(s) d’Alphand, création et transmission d’un paysage urbain, (M. Audouy, J.-P. Le Dantec, Y. Nussaume, C. Santini, édit.), Paris, éditions de la Villette, 413 p., pp. 75-89.

2 Ibid., p. 84

3Ibid., p. 89.

4 Ibid., p. 80.

5 Le nombre de spécialités des métiers des anciens élèves de l’ENH était de l’ordre d’une vingtaine dans les années 1920. En 1927, 27 anciens élèves étaient inscrits comme « architectes paysagistes », une de ces spécialités. Annuaire de l’association des anciens élèves de l’ENH, 1927. En 1961, ce chiffre s’élevait à 65, auquel s’ajoutait une nouvelle catégorie : urbaniste (3 ingénieurs horticoles). Annuaire de l’association amicale des ingénieurs horticoles et anciens élèves, op. cit., 1961, p. 111.

6 S. De Courtois, « D’Adolphe Alphand à l’école française de paysagisme, l’agence André face aux mutations sociales et urbaines, in Le Grand Paris(s) d’Alphand, création et transmission d’un paysage urbain, (M. Audouy, J.-P. Le Dantec, Y. Nussaume, C. Santini, édit.), Paris, éditions de la Villette, 413 p., pp. 117-130.

7 A. Durnerin, « Architectes-paysagistes, horticulteurs et jardiniers à l’ENH de Versailles de 1874 à 1914 », in Créateurs de jardins et de paysage, (M. Racine édit.) Actes sud/ENSP, Versailles, pp. 92-99.

8 Archives ENSP, Fonds ancien, non classé.

9 En 1914, l’association demande que le diplôme de l’ENH soit équivalent au Baccalauréat… Bulletin de l’association des anciens élèves du 25 mai 1914.

10 A. Durnerin, op. cit.

11 Bulletin de l’association, n° 140, pp. 103-104. Henri Thébaud deviendra enseignant d’utilisation des végétaux et de plans de plantation dans la section du paysage de l’ENH de 1946 à 1960.

12 Bull. de l’association …, 1931, pp. 100-101.

13 S. de Courtois, … in J’ai descendu dans mon jardin, parcs et jardins des Yvelines au XIXe siècle, Conseil Général des Yvelines, 2011.

14 Bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENH, février 1914, pp. 119-120.

15 S. de Courtois, 2002, « Edouard André (1840-1911), René-Edouard André (1867-1942) », in Créateurs de jardins et de paysages, (M. Racine) édit.), Actes Sud/ENSP, Tome 2, 2002, pp. 52-56. En 1930, le bulletin de l’association précise que le cours d’architecture des jardins et urbanisme est passé de 24 leçons à 34 leçons (d’une heure 30).

16 B. Blanchon, Pratiques paysagères en France de 1945 à 1975 dans les grands ensembles d’habitation, rapport de recherches du Plan construction et architecture, ENSP Versailles, V. 1, 1998, p. 19.

17 B. Blanchon et Olivier Rigaud, « Edouard Redont (1862-1942) », in Créateurs de jardins et de paysages, M. Racine édit, Actes Sud/ENSP, 2002, pp. 154-157.

18 Il s’agissait de préparer l’ingénieur à se présenter au concours pour le grade d’ingénieur architecte de parcs et de jardins de la ville de Paris. Profil qui supposait une compétence affirmée de concepteurs de projet de jardins.

19 Robert Joffet, Conception, réalisation et entretien des jardins et espaces verts, le point de vue du conservateur des jardins de Paris, revue Urbanisme, n° 3-4, 1952, 18 p.

20 Annuaire de l’association amicale des ingénieurs horticoles, 1948, p. 15. En 1953, la formulation est un peu différente : « La Section du paysage et de l’art des jardins a pour but de former des paysagistes diplômés » (p.6) sans spécifier leur origine, en raison de la défection des ingénieurs horticoles.

21 Pour l’association amicale, son successeur en 1953 est Théodore Leveau, architecte, urbaniste et paysagiste, en tant que titulaire de la chaire d’architecture des jardins de l’ENH et enseignant de « théorie de l’art des jardins et composition » à la Section du paysage et de l’art des jardins. Annuaire, op. cit., 1953, p. 4 et 6.

22 E. André, op. cit., 1890

23 Il en fut de même dans la formation entre 1976 et 1995 des ingénieurs diplômés de l’ENSH devenue école de spécialisation des écoles d’agronomie (ENSA). Elle recruta en pratique des maitres es sciences en biologie de l’université, en raison de la défection des diplômés d’agronomie générale des ENSA. La décision du ministère de l’agriculture et la réalité n’ont pas convergé …

B. Fischesser et le paysagisme d’aménagement (1974-2003)

Le paysagisme d’aménagement (1974-2003)

Une recherche appliquée du CEMAGREF de Grenoble

 

Les travaux de recherche appliquée en matière de paysagisme d’aménagement (ou encore Grand Paysage) conduits de 1973 à 2003 au groupement du Cemagref de Grenoble (devenu IRSTEA) ont été essentiellement le fait de Bernard Fischesser, Marie-France Dupuis-Tate (cf biblio) et Hugues Lambert.

Hugues Lambert (diplômé de l’Ecole de Versailles et qui a suivi les enseignements du CNERP) a travaillé au Cemagref de 1973 à 1985 (ou 1987 ?). Il a, par la suite, conduit l’insertion paysagère de l’autoroute de Maurienne et réalisé des terrains de golf exemplaires ( Corrençon, col Bayard,….)

Ont également participé à ces travaux : Jean Mounier (ingénieur paysagiste), P. Charretton (IGREF), Marie-Pierre Bazan et Anne-Lyse Comparet, B. Gadrat (tous les trois paysagistes DPLG diplômés de Versailles).

Sortant volontairement des bureaux, la recherche, conduite par notre équipe, s’est appuyée sur le traitement de cas concrets exemplairesfaisant office de laboratoires de terrain et de supports d’action de sensibilisation et de médiation grandeur nature. Elle a permis de développer un éventail de méthodologies originales d’analyse des caractéristiques d’ambiances des paysages. Ces méthodologies ont été enseignées dans des pays étrangers ( Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique …)

Ce sont plus de 120 exemples qui ont été traités à des échelles diverses et dans des contextes géographiques et sociaux très divers. Et cela va du plan intercommunal de paysage à la charte des parcs naturels régionaux, de la valorisation de sites d’exception à l’amélioration du paysage quotidien, de la prise en compte des valeurs paysagères en gestion forestière à l’aménagement de la montagne et à la réhabilitation des rivières. Ces exemples ont été traités en France comme à l’étranger (Suisse, Belgique,…). Les chercheurs sont revenus sur place une dizaine d’années après pour constater l’évolution du paysage à la suite de leur intervention.

Cette recherche-expérimentation a été mise au service d’une meilleure prise en compte des données qualitatives dans l’aménagement du territoire en souhaitant une gestion volontaire de l’espace-cadre de vie pour en éviter la banalisation et pour promouvoir des paysages de qualité dans une modernité respectueuse de leur identité territoriale.

L’équipe a notamment développé des approches globales associant des données écologiques à des données perceptives. Elle a ajusté une méthodologie de médiationsociale pour l’ajustement de projets collectifs de gestion de l’espace utilisant des simulations visuelles (scénarios d’évolution probable), des estimations économiques de la valeur paysagère (économétrie). Elle travaillé avec des équipes françaises et étrangères sur l’étude  des mécanismes de la perception visuelle (oculométrie,….)…..

Meylan,le 22/04/2019                                               

Bernard Fischesser

L’enseignement d’Yves Luginbühl

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Chronique de mes enseignements du paysage

Yves Luginbühl

Directeur de recherche émérite au CNRS

A priori, je n’avais pas de prédilection pour l’enseignement. C’est un peu forcé par ma situation au retour de mon séjour en Espagne, en 1982, à la Casa de Velázquez que j’ai dû m’y engager, car je suis resté quelques mois au chômage. J’ai finalement trouvé du travail dans un bureau d’étude, la SEGESA, Société d’Etudes Géographiques, Economiques et Sociologiques Appliquées. Ce bureau d’études m’a confié quelques études et recherches, dont une recherche sur les représentations sociales des paysages dans le Boischaut, région de l’Indre, où George Sand a vécu, à Nohant-Vic. J’y ai réalisé 68 entretiens semi-directifs auprès des habitants et surtout des agriculteurs pour saisir leur vision du paysage. C’est dans ce bureau d’études que j’ai rencontré Nicole Mathieu, directrice de recherche au CNRS, qui m’a demandé si je souhaitais enseigner dans un institut privé, l’Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole. Comme je n’avais pas de salaire élevé, j’ai accepté et j’ai préparé mes cours sur l’espace rural et sa géographie.

Le premier cours fut une épreuve, parce que je ne savais pas vraiment m’exprimer en public, mais finalement, tout s’est bien passé et j’ai institué, sur le conseil de Nicole Mathieu, un exercice consistant à étudier un canton français pour en faire l’analyse géographique et en montrer les évolutions. Les étudiants y consacraient 6 mois environ, par binôme, et devaient me restituer un mémoire d’une centaine de pages que j’ai dû corriger.

Dans la même période, je fus contacté par un organisme de formation professionnelle, le CREPAUC, qui souhaitait m’embaucher pour former à l’aménagement du territoire des géomètres. Il s’agissait de séquences de formation de 2 à 3 jours avec un exercice d’aménagement sur un territoire réel, mais qui n’était qu’expérimental. Ce fut une expérience enrichissante, même si je n’étais pas toujours à l’aise avec ces géomètres qui avaient déjà une trajectoire professionnelle. Je me débrouillais comme je pouvais, et je n’étais pas seul pendant les séances de formation ; il y avait aussi un urbaniste et l’animatrice qui m’avait recruté.

Après 2 années de travail dans le bureau d’études SEGESA et un autre (GEM), ainsi que ces deux activités d’enseignement, en 1984, je suis recruté au CNRS en tant que chargé de recherche seconde classe, au laboratoire STRATES dirigé par Nicole Mathieu ; c’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai été recruté au CNRS, et grâce à d’autres chercheurs, comme Gilles Sauter et Jean Malaurie qui siégeaient au jury. D’une certaine manière, ce fut une chance pour moi, car je ne connaissais que très mal le milieu de la recherche.

C’est à partir de ce moment que je me suis investi davantage dans l’enseignement et notamment à l’Université de Paris1 Panthéon Sorbonne, dans un DEA, “Organisation et Dynamiques des Espaces” où intervenaient des chercheurs du laboratoire STRATES, dont Nicole Mathieu. Ce DEA n’était pas spécialisé sur le paysage, mais j’ai fait plusieurs interventions devant les étudiants et les chercheurs sur diverses recherches que j’avais réalisées et en particulier sur les méthodes d’enquête. Je me souviens avoir fait un exposé sur l’usage des photographies dans les entretiens : l’une de mes recherches dans le Boischaut, dans le département de l’Indre, m’avait permis d’expérimenter cet usage des photos. Il s’agissait de clichés que j’avais pris moi-même sur place, des photos de paysage montrant l’évolution du bocage depuis un bocage dense à un bocage déstructuré par les remembrements. Or, lors des 7 premiers entretiens, les personnes interrogées, habitants et surtout agriculteurs me répondaient que ce paysage n’était pas le leur. Lors du huitième entretien, la personne me demanda si j’avais d’autres photographies à proposer ; j’en avait en effet d’autres et je lui montrai : quelle ne fut pas ma surprise lorsque cette personne désigna une photo d’un paysage qui n’était pas du tout un bocage, mais une apparente forêt : j’avais pris cette photo depuis une colline et l’on ne voyait que les cimes des arbres et pas du tout les parcelles, d’où cette apparence de forêt ; depuis ce jour, je remplaçais une photo par celle-ci et toutes les personnes suivantes choisissaient ce cliché pour me dire que c’était bien chez eux, leur paysage ; alors, pourquoi cette photo ? En fait, celle-ci correspondait à l’idée qu’ils se faisaient du paysage de leur région, qui, pour elles, n’était pas un bocage ; le bocage, c’est en Normandie, en Vendée, mais pas dans le Boischaut ; ici, ce sont des arbres et des bouchures, terme utilisé pour désigner les haies. En outre, ce paysage correspondait à une description du paysage local par George Sand au 19ème siècle ; et les habitants s’y étaient retrouvés ; l’un d’entre eux me raconta que le général Montgomery, arrivant dans la région, s’arrêta sur une éminence d’où il pouvait voir le paysage qu’il décrivit comme une forêt.

Lors des séances du DEA, je fus parfois pris à parti par des collègues qui ne comprenaient pas toujours ma spécialisation sur le paysage : pour eux, le paysage était une notion bourgeoise, conservatrice, sans vision globale et dépassée. Un exposé que je fis sur les Atlas de paysages déchaîna un torrent de critiques, parce qu’à leurs yeux, je pensais avoir trouvé une méthode d’identification des paysage infaillible ; ce qui me conduisit à réfléchir et à modifier la méthode et à l’améliorer. Je pense que ce qui troublait les chercheurs de mon laboratoire, c’est que le paysage était donc une notion un peu ringarde, alors que pour moi-même, le paysage était le cadre de la vie quotidienne. En tout cas, mes interventions furent organisées selon 12 séances de 3 heures, de 1992 à 2003.

Dans la même période, je fus contacté par une collègue de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles pour y donner un cours que le paysage rural. Ce cours porta sur l’histoire du paysage européen et de ses représentations sociales (30 heures par an pendant presque 20 ans) ; j’y ai introduit un module sur l’analyse de l’évolution du paysage d’un canton français à l’aide des données écologiques et socio-économiques, comme à l’IHEDREA. Cet exercice a recueilli de nombreuses critiques de la part des professeurs du projet de paysage, car il n’était pas dans la ligne sacrée du projet de paysage. Mais j’ai tenu bon et le module a continué pendant 20 ans, malgré les observations défavorables des professeurs de projet. Un peu plus tard, j’ai reçu le soutien d’une sociologue de l’ENSP, Monique Toublanc qui venait d’être recrutée, en provenance de l’INHP, Institut National d’Horticulture et du Paysage d’Angers. Je lui suis très reconnaissant de m’avoir aidé à prolonger cet exercice dans le temps et d’ailleurs, c’est elle qui a repris ce module lorsque j’ai abandonné mon enseignement à l’ENSP alors que je venais de prendre ma retraite.

Titre d’un cours réalisé à l’ENSP

Dans les années 1980, j’ai également assuré un enseignement à l’Ecole d’Architecture de Versailles. Il s’agissait d’un Certificat d’Etudes Approfondies “Paysage” avec 6 heures de cours. Dans la même période, je fus sollicité par l’Ecole Nationale de Formation Agricole de Toulouse avec 2 cycles de formation au paysage des enseignants de géographie.

Cours réalisé à l’ENSP et l’Ecole d’Architecture de Versailles

En 1979 j’ai aussi assuré un cours sur le paysage à l’Ecole d’Architecture de Nanterre dans le cadre de l’obtention du diplôme d’architecte.

Toujours dans la même période, j’ai été sollicité par l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Techniques Horticoles et du Paysage (ENITHP) pour un cours sur l’histoire du paysage et de ses représentations sociales qui a duré quelques mois. Puis par le Conservatoire des jardins, de la nature et des paysages de Chaumont-sur-Loire et l’Université de Tours, au sein du DESS aménagement et paysage, pour un cours magistral de 12 H de 1993 à 2002. En 2002, j’ai assuré deux conférences sur le paysage à l’Ecole d’Arts plastiques Camondo, à Paris.

De 1997 à 2005, ce fut un cours important à l’Université d’Angers : dans le cadre d’un Diplôme universitaire de géographie du paysage, j’ai enseigné un module consistant en des cours théoriques et un exercice thématique comportant l’analyse d’un territoire le plus souvent rural réalisé par de jeunes professeurs de lycées agricoles en formation, en termes d’évolution d’un paysage ; il s’agissait de 12 heures annuelles. J’ai dû évaluer les mémoires des étudiants qui faisaient environ 100 pages et leur rendre un corrigé annoté et une note finale. Ce fut une bonne expérience, car ces futurs professeurs de lycées agricoles étaient sérieux, posaient toujours de bonnes questions pendant les cours.

De 2005 à 2013, j’enseignais à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Bordeaux, dans un séminaire de troisième année qui durait 6 heures ; dans cette école, dont je fus le président du Conseil Scientifique, j’ai donné des cours sur les représentations sociales des paysages et sur l’évolution de ces représentations. Je dois dire que les étudiants étaient plutôt assidus, posaient des questions pertinentes ; ce n’était pas comme à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles où les étudiants arrivaient tardivement au cours, les premiers vers 9h30 alors que le cours commençait à 9h, les derniers vers 10h30, se plaçaient au fond de la salle, et travaillaient sur leur ordinateur ou regardaient leur téléphone mobile. C’était exaspérant, seuls ou plutôt seules 4 ou 5 étudiantes suivaient le cours et posaient parfois posaient quelques questions. Je pense que les étudiants étaient encouragés par certains professeurs du projet de paysage qui estimaient que les connaissances ne servaient à rien et que tout sortait du génial cerveau des concepteurs ; c’était une manière de pouvoir contrôler les étudiants en leur laissant croire qu’ils étaient des génies. Je n’en crois rien, il n’y a qu’à voir comment Picasso a réalisé sa carrière de grand peintre en travaillant ardemment sur les peintres qui l’avaient précédé, comme Velázquez notamment. Il était un bourreau de travail, avalait toutes les connaissances sur la peinture et n’a pas inventé le cubisme avec d’autres peintres uniquement grâce à son cerveau surdimensionné.

Deux cours que j’ai enseignés à l’ENSP de Versailles

De 1996 à 2000, j’ai enseigné dans un DEA cohabilité entre les Universités de Paris 1 Panthéon Sorbonne et de Paris 10 Nanterre : “Sciences sociales, sociétés rurales” ; il s’agissait d’un séminaire sur les problèmes d’environnement qui consista en 8 séances de 3 heures. Ce DEA était associé au laboratoire LADYSS dont j’étais alors membre puis directeur.

Entre 1992 et 1997, je fus contacté par Bernard Lassus, plasticien, que j’avais connu au CNERP et qui avait créé le DEA “Jardins, paysages, territoires”, cohabilité entre l’Ecole d’Architecture de Paris-La Villette et l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), où enseignaient alors Augustin Berque, Alain Roger, Pierre Donadieu, Bernard Kalaora et Lucien Chabason, notamment. Ce DEA avait été créé à la suite d’un colloque au Centre Georges Pompidou, à Beaubourg, qui avait donné lieu à un numéro spécial de la revue « Le Débat », intitulé « Au-delà du paysage moderne. » J’avais d’ailleurs assisté à ce colloque. En fait, la création de ce DEA était la conséquence du départ de Bernard Lassus de l’ENSP de Versailles où il était professeur et était entré en conflit avec Michel Corajoud également professeur. Bernard Lassus souhaitait développer la recherche sur le paysage et c’est pourquoi il pensait qu’il fallait former des étudiants à cette recherche. J’y ai enseigné pour quelques séances au début surtout sur le paysage rural, puis Bernard Lassus m’appela un jour de 1998 pour me rencontrer.

Lors de notre entretien, il m’annonça qu’il devait prendre sa retraite et avait besoin d’un successeur. Il me demanda si je souhaitais prendre sa suite. Je dois dire que j’étais très ennuyé, pour plusieurs raisons : je dirigeais alors le laboratoire LADYSS, Unité Mixte de Recherche (UMR) cohabilitée par le CNRS et les Universités de Paris 10, 8 et 1 qui me donnait un travail extrêmement prenant. Le laboratoire comportait environ 50 chercheurs et enseignants chercheurs et de nombreux doctorants. En outre, je venais d’être nommé au Comité National de la Recherche Scientifique, à la section géographie et architecture, organe qui évalue les chercheurs et les laboratoires équivalents, ce qui représentait une énorme tache. J’exposais ces problèmes à Bernard Lassus qui insista et je me suis donc retrouvé directeur du DEA « Jardins, Paysages, Territoires », de mars 1999 à 2003. Les professeurs étaient presque les mêmes qu’au début, c’est-à-dire Alain Roger, philosophe de l’esthétique, Augustin Berque, Augustin BERQUE, géographe, professeur de géographie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Pierre Donadieu, agronome et géographe, Pascal Aubry, Paysagiste DPLG, chargé de cours à l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette et Arnaud Laffage, Plasticien paysagiste, maître assistant à l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette, Jean-Pierre Le Dantec, historien et ingénieur de l’Ecole Centrale de Paris, Professeur des Ecoles d’Architecture.

Des Séminaires optionnels comprenaient : Philippe Güttinger, juriste et Maître de Conférences à l’Université de Paris X, chargé de cours à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, Frédéric Pousin, Architecte, Directeur de recherche au CNRS, Philippe Descola, Anthropologue, Directeur d’étude à l’EHESS, Jean-Marc Besse, Philosophe, Chargé de recherche au CNRS, Jacques Leenhardt, Sociologue, Directeur d’étude à l’EHESS.

Deux exemples de cours que j’ai réalisés au DEA « Jardins, Paysages, Territoires »

Ce fut un énorme travail, car il fallait organiser les emplois du temps des professeurs, examiner les candidatures des étudiants (entre 30 et 35 selon les promotions) qui venaient de plusieurs pays, comme la Chine, le Japon, l’Italie notamment, puis auditionner ceux qui avaient été choisis lors de l’examen de leur dossier ; il était nécessaire d’évaluer la connaissance de la langue française pour les étudiants étrangers. Il fallait également organiser deux journées de séminaire commun avec les professeurs, suivre la rédaction de la lettre du DEA et les mémoires des étudiants et bien évidemment faire cours. Il s’agissait de 8 séances de 3 heures pendant une année. Au début, j’exposais aux étudiants les résultats de mes propres recherches sur le paysage, mais je m’aperçus rapidement qu’ils manquaient cruellement de méthode ; j’ai alors mis en place un enseignement davantage centré sur la méthodologie de recherche, la définition de la problématique, des hypothèses, du programme de travail et des méthodes d’enquêtes, de leur exploitation. Dans cet objectif, je mis à contribution mes propres recherches comme des exemples de mise en œuvre. Je pense que ces cours de méthodologie ont porté leurs fruits, peut-être pas pour tous les étudiants, mais en tout cas pour certains d’entre eux.

Je pus m’en apercevoir lors du séminaire annuel pendant lequel les étudiants exposaient leur mémoire de DEA ; ce séminaire avait pour but de faire exposer leur travail aux étudiants et d’évaluer leurs capacités de s’exprimer en public, de maîtriser la langue française et leurs méthodes de recherche. C’est à la suite du séminaire que nous décidions des étudiants qui pourraient réaliser une thèse. J’ai d’ailleurs pu inscrire quelques-uns d’entre eux sous ma direction à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, en géographie.

J’enseignais également à l’Institut National d’Horticulture d’Angers (Agrocampus Ouest depuis 2008), lors d’un séminaire de seconde année (3 heures) depuis 2005. Et dans la même période à l’Ecole Spéciale d’Art des Jardins de Paris, où je donnais 3 conférences en 2008.

Avec la réforme de l’enseignement supérieur, dite de « Bologne » (à l’échelle européenne), je participais à trois masters, depuis 2003 :

Le Master « Géographie de l’environnement », Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, cours magistraux sur le paysage (20 heures au début, 4 heures en 2008). Ce master faisait suite au DEA « Jardins, Paysages, Territoires » (JPT) que j’avais réussi à faire cohabiliter par l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne ; en effet, à l’origine cohabilité par l’EHESS, j’avais eu un entretien avec la Directrice des Etudes de cette institution qui m’avait convoqué dans son bureau en présence du président. Elle m’avait dit que Bernard Lassus avait l’intention d’instaurer une discipline du paysage ; pour elle, il n’en était pas question, les disciplines existantes, la géographie, la sociologie, l’anthropologie, etc., se suffisaient à elles-mêmes et en conséquence, avec l’accord du président de l’EHESS, elle mit fin à la l’accord passé avec l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette ; c’est pourquoi je dus chercher une autre institution universitaire et c’est donc Paris 1 qui a accepté le DEA JPT.

Le Master recherche et professionnel : « Géographie de l’environnement », Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, avec des séminaires de 3 heures sur le paysage.

Enfin, le Master recherche et professionnel : « Théorie et démarche du Projet de Paysage », à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, où je donnais 21 heures de cours lors des séminaires sur le paysage. En fait, ce dernier master était la continuité du précédent.

Tous ces enseignements m’ont accaparé longtemps et je donnais dans la période de 1998 à 2008 environ 120 heures de cours par an, ce qui équivalait au service d’un professeur d’université alors que j’étais directeur de recherche au CNRS.

En outre, j’ai dirigé des thèses à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne au nombre de 13 soutenues, et participé à 36 jurys de thèses. J’ai aussi encadré des mémoires, ceux du DEA JPT, des diplômes de fin d’études de l’Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agraire, des diplômes DPLG de paysagiste à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et des maîtrises à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne  (8 maîtrises soutenues), ainsi que des mémoires de DEA à l’Université de Paris 1 (30 mémoires soutenus), et des mémoires de masters (Université de Paris 1 et Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles).

Je dois dire que cette expérience d’enseignement a contribué à structurer ma pensée de la recherche, à aider des étudiants, souvent étrangers en difficulté dans leur pays d’origine, dont une étudiante brésilienne et une vénézuélienne qui parlaient mal le français et que j’ai accompagnées lors de la réalisation de leur thèse dont j’ai dû corriger les fautes d’expression. L’étudiante brésilienne m’en a été reconnaissante puisqu’elle m’a invité deux fois au Brésil, dans l’Etat du Minas Gerais et dans l’Etat d’Espiritu Santo pour des conférences et des colloques. Mais je retiens surtout de ces divers enseignements une qualité essentielle : celle d’être parfaitement à l’aise lors de conférences et de pouvoir m’exprimer facilement devant n’importe quel public. Ainsi en a-t-il été lors des ateliers de la Convention Européenne du Paysage où j’ai souvent prononcé des conférences devant les représentants de 43 pays d’Europe. En même temps, ces enseignements m’ont permis de valoriser mes recherches et de les faire connaître à un public d’étudiants de nombreux pays, ce qui sans doute leur apportait des connaissances et des méthodes de recherche, un apprentissage de la réflexion théorique et pratique. Je souhaite ardemment que mon apport leur a été profitable.

 

L’enseignement de Pierre Dauvergne

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Pierre Dauvergne, formateur au paysage d’aménagement

 Dauvergne, mars 2019

 

Des formations initiales : à l’ENSH – SPAJ, à l’ENSP, dans les universités, les grandes écoles, des formations professionnelles, le CNERP, des formations continues, de l’information et de la sensibilisation :

De 1967 à 1974, à la Section du Paysage et de l’Art des Jardins (SPAJ) de l’École Nationale Supérieure d’Horticulture (ENSH).

Puis, de 1976 à 1984 à l’École Nationale Supérieure du Paysage (ENSP).


De 1967 à 1974 à l’ENSH-SPAJ

1967 – 1968 : Je suis assistant de Bernard LASSUS – cours d’études visuelles. En 1968, après la démission de l’équipe pédagogique, la grève des élèves, la création et les interventions du Groupe d’Étude et de Recherche du Paysage (GERP), l’immobilisme de la Tutelle, une nouvelle équipe pédagogique se constitue, afin de prendre en charge les promotions présentes à l’école…

De 1969 à 1974, cette équipe rassemble en fait des « militants » pour défendre la SPAJ et les étudiants recrutés. Elle fonctionne sans véritable mandat de l’administration, mais elle est plus ou moins soutenue, car la Direction souhaitait éviter de nouveaux soubresauts des étudiants.

L’équipe constituée par cooptation rassemble Michel VIOLLET, secrétaire général de la SPAJ (jusqu’en 1971), Jacques SIMON, moi-même, et à partir de 1972, Michel CORAJOUD. Par ailleurs, des enseignants de l’ENSH poursuivent leur cours. Interviennent également des conférenciers. Cette équipe travaille quasiment en autonomie, construit et expérimente une nouvelle pédagogie avec les étudiants. Dans ce cadre, je reprends alors, avec l’accord de Bernard LASSUS, son cours d'”études visuelles”, et certains de ses exercices plastiques, tout en conduisant des exercices pédagogiques métissés avec les éléments sous jacents aux apparences, que sont les facteurs écologiques, géographiques, économiques, et sociaux. Au cours de cette période, j’exploite mes activités principales déployées successivement au sein du STCAU (1967 – 1969), du GERP (1967 – 1970), et de l’OREALM (de 1969 à 1974).

En 1969, l’OREALM me détache à la SPAJ, à raison d’une demie journée par semaine.

Parmi les exercices menés, je citerai en premier, celui de 1972 avec les deux promotions réunies. L’objectif était d’élaborer un plan de paysage pour l’avenir de la clairière de la Commune de LOURY, dans le Loiret, afin de déterminer les grandes orientations du futur Plan d’Occupation des Sols (POS).

Ce travail a donné lieu à une présentation en Mairie sous la forme d’une exposition publique des travaux durant 15 jours, et une présentation par les étudiants devant un jury constitué du Conseil Municipal au complet, du curé, de l’architecte-urbaniste du Service Régional de l’Equipement. ! Ce projet était prétexte à la connaissance de la nouvelle planification territoriale : les SDAU, PAR et POS. Voir le compte rendu de l’exposé du 3 juillet 1972 à l’UER Sciences d’Orléans – La Source, de Pierre CHABRIER de la SAULNIERE, Maire de Loury « Recherches sur l’aménagement des communes rurales” dans le cadre du congrès commémorant le centenaire de la Fondation de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences (AFAS). Voir aussi en page 20 de « Le Courrier du CNRS » – N° 24 – 1977, l’article de, Pierre CHABRIER – “Réflexions – Pour un aménagement rationnel et humain du territoire rural”.

A Loury : en haut à droite, le Conseil Municipal, en bas à gauche, le curé.
Clichés d’Alain Marguerit, l’un des étudiants.

Autre exercice, la simulation théorique des apparences successives d’un versant forestier, selon la nature du foncier, l’âge et la nature des peuplements, … exercice permettant d’aborder la connaissance de la forêt, de l’économie et des organisations forestières, avec des interventions ponctuelles d’experts, dont Tristan PAULY, Igref, responsable du centre de gestion de l’ONF à Versailles. Cet exercice sera repris plus tard, en 1977, lors d’une session de formation continue de l’ENGREF à Charleville-Mézières dans les Ardennes (voir dans les actions de formation continue.

Autre exercice en 1972 : le réaménagement d’une sablière en fin d’exploitation en forêt domaniale de Saint-Germain-en-Laye. Le projet devait être justifié par l’évaluation de la demande en loisirs du territoire au sens large. Le centre de gestion de l’ONF à Versailles est encore intervenu. Les extraits ci-après de l’un des projets rendu correspondent à l’interprétation de la méthode de Kevin LYNCH (« L’image de la cité » – Edit. Dunod – Coll. Aspects de l’urbanisme – 1969).

 

Extraits d’un travail d’étudiant : carte des zones de perception et légende des symboles graphiques.

Enfin, en 1974 des projets sur des espaces habités se sont déroulés en Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines sur les communes de Guyancourt, et d’Elancourt. Dans les deux cas, il s’agissait d’inventorier les usages des espaces aménagés, notamment à partir des traces au sol, puis de faire des propositions d’amélioration. A une autre échelle, c’est le développement urbain de la ville de Chevreuse et ses incidences sur la vallée, qui ont été réfléchis.

Le quartier d’Elancourt-Maurepas – Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines.


De 1976 à 1984, enseignant à l’ENSP. (Création de l’ENSP en 1975) :

Durant le CNERP, j’ai participé aux enseignements de la SPAJ, puis de l’ENSP. Après la fermeture du CNERP, en 1979, je suis mis à disposition de l’ENSP à mi-temps, de 1979 à 1981, puis à temps plein jusqu’à fin 1984 par le Ministère de l’Equipement et du logement (j’étais au Service Central de l’Urbanisme – STU), pour développer un enseignement du paysage envers l’aménagement et l’urbanisme. C’était une contribution du Ministère au fonctionnement de l’école. Evidemment, je participe à de nombreuses réunions pour la coordination des enseignements, en particulier entre les ateliers et les départements, et la définition du projet pédagogique de l’école. J’ai été membre du Conseil d’Administration, Vice-Président, avec un intérim long de la Présidence, puis Président du CA jusqu’à la Présidence d’Éric ORSENA. A partir, du début de 1985, je poursuis ma carrière dans une grande collectivité territoriale, le Conseil Général du Val de Marne.

1978 – Fondation du département des Sciences humaines :

Mon implication dans l’enseignement diffère très sensiblement de celui de la SPAJ. En effet, l’ENSP est structurée autour de trois ateliers de projet (Michel CORAJOUD, Bernard LASSUS, et Allain PROVOST), ramenés à deux par la suite (Atelier Charles-Henry DUFRESNY avec Bernard LASSUS, et l’Atelier LE NÔTRE, avec Michel CORAJOUD,) et cinq Départements, dont celui des Sciences Humaines. Les ateliers disposent de près de la moitié des heures. Ainsi, les Départements, pour assurer l’acquisition des connaissances avaient un temps pédagogique partagé et morcelé. L’articulation des départements avec les Ateliers autour de projets s’est avérée très difficile.

– Création et développement des « Ateliers Régionaux de Paysage ».

Il s’agissait, en particulier de la reproduction d’une pédagogie du CNERP confrontant les étudiants à des territoires concrets. Comme pour le CNERP, c’était également la possibilité de trouver des compléments de financements.,

– Responsable du département des sciences humaines, mais aussi, suivi de diplômes, et pédagogie du projet de paysage (participation à des ateliers avec Michel CORAJOUD)

En 1979, dans la plaquette du cercle des élèves de l’ENSSH -ENSP, je publie un long article « plaidoyer » pour la prise en compte du Paysage dans l’aménagement et l’urbanisme, et les conséquences pour la conduite d’un enseignement, en s’appuyant sur les expériences pédagogiques menées depuis les années 70. (C’est un article, qui conserve toute son actualité, voir à la fin du « chapitre IV. Quel enseignement ? ») :

« L’analyse d’un espace est prétexte à l’acquisition de connaissances théoriques, et dans cette mesure, aide à l’articulation des cours et des travaux d’atelier. L’analyse de l’espace n’est jamais neutre, elle est toujours orientée en fonction d’un contexte. Le choix de terrains réels est essentiel à ce niveau-là.
Le paysagiste, dans sa pratique professionnelle, ne travaille pas seul. Il a des interlocuteurs, qu’il doit connaître, convaincre. Les terrains réels permettent la confrontation avec ces interlocuteurs.
L’étudiant doit alors mener son travail avec méthode pour atteindre ces objectifs et se faire comprendre à la fin de son travail. Il doit pour cela sélectionner les informations et les données pour les interpréter. Les travaux nécessitent alors, et naturellement, l’intervention d’enseignants couvrant des matières théoriques et techniques. Certaines phases du travail peuvent être menées par plusieurs enseignants.
Les terrains réels permettent alors un travail en équipe d’enseignants. De ces projets, s’ils débouchent au prochain cursus pédagogique, des travaux en équipe d’enseignants sur un même terrain seront assurés. Dans cette mesure, on peut penser, que les étudiants seront mieux préparés à affronter les problèmes d’aménagement. L’enseignement doit être attentif à la demande sociale et ne doit pas se contenter de la suivre, mais aussi dans toute la mesure du possible la précéder. »

Dans les années 1980, animation d’un cycle de conférences – débats mobilisant les enseignants principaux de l’école, dont. Michel CORAJOUD, qui invite Henri GAUDIN, architecte : « Orées, ou la topologie des marges », Moi-même, Jean François REVERT, architecte urbaniste : « Paysage et structures décentralisées », et Allain PROVOST John WHALLEY, paysagiste – architecte britannique : « Jardins anglais du XXème siècle ». Pour des raisons matérielles, ce cycle n’a pas été poursuivi.

Membre de la direction de l’école de 1981 à 1984.

1981 – ATELIER “PERCEPTION ET ANALYSE DU PAYSAGE” :

Cet atelier a permis de conduire plusieurs exercices d’études sensorielles de cheminements, ou d’espaces dans le quartier environnant l’école, autant de prétextes à l’acquisition de connaissances sur les mécanismes de la perception. Le cours « Etudes visuelles » de Bernard LASSUS est encore exploité. Voir en particulier deux documents réalisés par des conférenciers : Pierre MARIETAN et Jean-Marie RAPIN, « environnement sonore et aménagement de l’espace », et Madeleine LOUYS, auteur de décors et costumes de théâtre, « Scénographie et espace ».

ATELIER VALLEE DE LA MAULDRE :

Toujours en 1981, cet exercice portait sur une vallée confrontée à une urbanisation diffuse, et à des signes de déprise agricole. Ce terrain a permis de présenter les outils de la planification territoriale en France, le recours à la prospective et à la technique des scénarios, en partant de l’exemple de la Loire Moyenne (OREALM). Voir le document « Prospective et paysage – atelier vallée de la Mauldre ». Il a aussi, fait important, induit la participation d’autres enseignants aux travaux des étudiants (Michel CORAJOUD, pour l’Atelier Le Nôtre, Philippe MAYNIE du département des sciences humaines, et Marc RUMELHART, du département du milieu). Cet exercice a été difficile à conduire dans un temps pédagogique trop court. Cependant, il fut, je crois, le premier travail transversal entre enseignants de l’ENSP … une première !

Cette question a agité nombre de réunions des enseignants, d’abord sur la question de la répartition des heures d’enseignement entre les Ateliers et les Départements, sachant que chacun estimait, que la répartition lui était défaroble, et que pour d’autres, les heures des Départements constituaient un réservoir où piocher ! notamment au moment des rendus des projets d’atelier, les fameuses « charrettes ». Il en était de même pour les Ateliers. Dans ce contexte de frustration, la construction d’équipes pédagogiques pluri disciplinaires était vaine. Plus étonnant, a été l’impossibilité d’articuler et d’organiser les pédagogies des ateliers. L’administration, faible …, a demandé alors aux étudiants de se positionner pour tel ou tel atelier. Un comble ! Il arriva ce qui devait arriver, l’un des ateliers, en l’occurrence l’Atelier Le Nôtre ramassa largement la mise, ce qui n’a rien arrangé dans le climat délétère de cette période. Des étudiants ont refusé de participer à ce marchandage, et ont suivi les deux Ateliers simultanément.

Moi-même, participant aux réunions dites pédagogiques, connaissant trop bien Bernard LASSUS et Michel CORAJOUD, les estimant chacun autant, j’agissais, avec Roger BELLEC, pour que les points de vue se rapprochent, que les deux pédagogies, toute les deux respectables, puissent se valoriser, plutôt que s’opposer.

En prolongement de l’atelier “Vallée de la Mauldre”, une recherche a été menée en 1982 par un groupe de 9 enseignants appartenant à l’un des Ateliers de projet et à plusieurs Départements sur le thème de “la démarche de projet”. C’était une réponse à un programme de recherches lancé par la Direction de l’Urbanisme et du Paysage (DUP). Voir l’article « la démarche de projet – ENSP » parue dans le N° 18-19 spécial « Des paysages » des Annales de la recherche urbaine Edit Dunod. 1983. Ce travail, animé par Philippe MAYNIE, inhabituel au sein des enseignants fut laborieux. Il ouvrait des perspectives possibles.

 

En 1982 – 1983 – Le Département du milieu humain est créée et se met en place.

J’en assure la coordination. La plupart des enseignants et conférenciers poursuivront leur enseignement durant les années suivantes. – voir Doc. « 1982-1983 – Département du milieu humain », dénommé en 1984, Département des Sciences Sociales et de l’l’homme. Il présente les enseignants intervenants sur les quatre années du département, principalement en 3ème année. 292 heures sont réparties entre 13 enseignants et conférenciers, dont deux de l’ENSH, Jean CARREL, juriste, et Philippe MAYNIE, ingénieur agronome, chercheur à l’INRA. Autres intervenants : Robert BALLION, sociologue, chercheur au laboratoire d’économétrie de l’Ecole Polytechnique, Yves BURGEL, géographe, professeur à l’Université Paris X, responsable du laboratoire de géographie urbaine, Marie-Elisabeth CHASSAGNE, chercheuse au CESTA et au laboratoire d’économétrie de l’Ecole Polytechnique, Jacques CLOAREC, sociologue au laboratoire de sociologie rurale de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Simone HOOG, Conservatrice au Château de Versailles, Maurice IMBERT, sociologue au Centre d’Ethnologie Sociale et de Psychosociologie, Jacques JOLY, géographe, professeur à l’ Université de Grenoble et à l’Institut des Sciences Politiques de Paris, Alain SALLEZ, économiste urbain, professeur à l’ENPC et à l’ESSEC, Christiane VAILLANT, géographe-urbaniste, à l’Atelier d’Etudes sur l’Environnement (ATEN), enfin, Yannick YOTTE, sociologue, professeur à l’Université Paris I.

En préambule du document les objectifs pédagogiques du Département sont énoncés comme suit :

« Les objectifs de l’ENSP sont de former des paysagistes capables de répondre à des attentes variées, concernant principalement la maîtrise d’œuvre et les missions de conseil.
Les objectifs du département du milieu humain s’attachent plus particulièrement à préparer le paysagiste à comprendre et à analyser le monde environnant, à lui permettre de se situer par rapport aux phénomènes socio-économiques contemporains, afin qu’ils soient en mesure de traiter les demandes multiples auxquelles il aura à faire face dans sa pratique professionnelle.
En effet, les pratiques s’inscrivent toujours sur un espace concret. Celui-ci à une histoire et est en mouvement. Cette dynamique est à considérer dans l’élaboration de projets.
Par ailleurs, l’un des objectifs sera d’attirer l’attention du paysagiste sur le fait, qu’il n’est pas seul à porter un regard et un jugement sur l’espace.
Les enseignements permettront au paysagiste de l’aider à formuler et à fonder ses hypothèses de travail, de repérer les divers acteurs impliqués et concernés par l’intervention paysagère envisagée, de négocier et d’élaborer avec eux les propositions et le projet. Enfin, réussir une intervention paysagère, c’est aussi prendre en considération les conditions de sa production et de sa gestion, c’est-à-dire les mécanismes et forces qui sous-tendent les apparences des espaces et les logiques des acteurs qui les développent. ….
Par ailleurs, il est envisagé que la formation se développe par articulation avec les ateliers à propos d’exercices décentralisés expérimentaux. ».

Sur ce dernier aspect, un atelier a été notamment mené en ville nouvelle du Vaudreuil, en 2ème année de l’Atelier Le Nôtre, grâce à un « prêt d’heures ».

En 1983, au titre de l’ENSP, et de la FFP, je suis nommé expert à la Commission de Concertation pour le TGV Atlantique, dite “Commission FOUGERE » (du nom de son Président, Conseiller d’Etat). Cette Commission relevait du Premier Ministre, et des Ministères de l’Environnement, et des Transports. Elle était composée de Louis FOUGERE, Conseiller d’Etat, de MM BEAUPETIT, Sénateur, BELORGEY, Député, BOITEL, Préfet hors cadre, Vincent LABEYRIE, Professeur à l’université de Pau, et des Pays de l’Adour, MENET, Président de la commission environnement de la FNSEA. Les travaux de cette commission ont servi de support pédagogique pour aborder la loi sur la protection de la nature et les « dossiers d’impact » appliqués ici aux infrastructures linéaires de transport. Un document a été remis aux étudiants : « 1983 – DAUVERGNE (Pierre) – “Paysage et infrastructures linéaires – Cas du TGV – Note de réflexion”. Cette note reprend les réflexions menées au sein du CNERP à propos des lignes électriques à très haute tension, et pour l’aménagement hydraulique du site du Vaudreuil.

Les étudiants ont pu consulter l’ensemble des rapports de la commission dont, DAUVERGNE (Pierre) « paysage et infrastructures linéaires – cas du TGV – note de réflexion » – ENSP – 1983, DAUVERGNE (Pierre) « Bilan des impacts sur l’environnement du TGV Sud-est – Paysage » – Constitue l’annexe 2 du rapport de la commission Fougère. – ENSP – 1983, « Le TGV Atlantique – notes et rapports de la commission de concertation » – ENSP 1984

1983 – 1985 – En 2ème et 3ème année, deux exercices, sont conduits sur les heures de l’Atelier Le Nôtre en ville nouvelle du Vaudreuil (EPAVNV). Ce terrain pédagogique était riche pour évoquer la politique des Villes nouvelles, et celle-ci tout particulièrement puisque choisie au plan national pour mettre en œuvre une politique environnementale, avec notamment en son sein, un Conseil Scientifique Environnement, moi-même en étant membre pour les questions relevant du paysage.

En 2ème année, le thème choisie était l’espace dit de l’« Ile du Roi », en partie aménagé en jardins familiaux. Alain MIGNARD, paysagiste de la ville nouvelle a présenté sur un plan général la conception de la ville et son inscription dans son site Sont ensuite intervenus des conférenciers pour présenter la politique des jardins familiaux : Françoise DUBOST, sociologue, auteur de l’ouvrage « Coté jardins » (Edit. du Scarabée – 1984), et d’un film pour France 2 sur le thème de la liaison entre politique culturale et politique culturelle, Mr BRION, Délégué général de la Fédération nationale des jardins familiaux, Mr BOUE, Président de l’Association des jardins familiaux du Vaudreuil

C’était aussi pratique pour mobiliser facilement des intervenants cadres de l’EPAVNV, dont Mrs HURE, et LEGAGNEUR, membres de la Direction, LEBEAU, architecte, et Alain MIGNARD paysagiste, des membres du Conseil scientifique environnement : CLEMENT-GRANDCOURT, IMBERT et SALLEZ, ces deux derniers étant par ailleurs enseignants au Département du Milieu Humain. L’encadrement pédagogique était assuré par Isabelle AURICOSTE et moi-même.

Les étudiants ont pu mesurer les grandes différences d’occupation et de cultures des parcelles. Ainsi, les marocains réalisaient des cuvettes pour retenir l’eau, afin de favoriser le développement de la menthe, les turcs avaient des cultures mêlées, dans le plus grand désordre apparent, avec épinards, oignons en dominance, salades et navets, les polonais, comme les français, ont des cultures tracées au cordeau. Les étudiants ont pu également constater comment les hommes et les femmes, selon les divers groupes, se partageaient les tâches. Les étudiants se sont également interrogés sur la présence forte de clôtures compartimentant inutilement l’espace. Il leur a été répondu, que cela était indispensable compte tenu des vols fréquents de légumes ou d’outils. De même, ils ont estimé une présence excessive des abris de jardin plaidant à leur regroupement.

Les étudiants, en deux groupes, ont mené leurs projets sur « le jardin du noyer », un parc urbain, et sur « les jardins familiaux. » les travaux sont restés exposés durant 15 jours.

La direction de la Ville Nouvelle et l’association des jardins familiaux du Vaudreuil ont particulièrement apprécié les propositions, en particulier pour la meilleure insertion des jardins dans la ville, améliorer les jeux pour enfants, désenclaver le jardin du noyer, revoir le tracé d’une route envisagée le long de l’Eure. Au final, ils se sont déclarés favorables pour poursuivre cet échange avec l’ENSP en 1984-85.

Mais, un évènement non attendu a été mon embauche fin 1984 au Conseil Général du Val de Marne … et ma démission concomitante, à la fois de l’ENSP, et du Conseil Scientifique Environnement de la Ville Nouvelle du Vaudreuil.


Autres formations initiales

Nombreuses Unités de Valeur, séminaires, conférences, une activité constante d’« ambassadeur et de militant du paysage d’aménagement ».

Dans les universités

En 1971 et 1972 – Institut d’Écologie Appliquée (IEA – Professeur AGUESSE) – Université Orléans-La-Source – Ce cycle a donné naissance aux « ingénieurs écologues », structurés professionnellement en Association Française des Ingénieurs Écologues ou « AFIE ».

J’y ai développé durant deux années un cycle « Paysage » de 30 heure (3ème cycle). En 1976 et 1977, responsable d’un séminaire ” paysage et aménagement” (3ème cycle) à l’Institut d’urbanisme de Créteil – université Paris-Val de Marne.

En 1978 et 1979, à l’Institut d’urbanisme de Vincennes – Université de Vincennes-Saint-Denis, Paris V111, je suis responsable d’une UV ” paysage et aménagement” (2ème cycle). Elle est très représentative de mes interventions dans les Universités durant la période du CNERP :

U.V. K5 890 : AMENAGEMENT ET PAYSAGE.

Responsable : P. DAUVERGNE + équipe CNERP

1er semestre

Le mot paysage est, sommairement, comparable à l’expression « milieu de vie ». En ce sens le paysage n’est pas seulement le reflet de la vie d’une société, mais aussi le milieu dans lequel se déroulent les activités humaines, qui se modèlent sans cesse. Le paysage n’est donc pas uniquement un tableau, un panorama, qu’un touriste contemple, ou un décor pour certaines activités (loisirs, tourisme, résidence parfois), mais aussi, – et à la fois – le cadre et le produit des activités quotidiennes plus ou moins conflictuelles d’individus, de groupes sociaux et de la société toute entière.

Prétendre alors protéger, aménager ou organiser les paysages, c’est s’intéresser aux agents, qui les modifient, ou les maintiennent, c’est prendre en compte la manière dont ils sont perçus par les divers groupes ou individus concernés et enfin, c’est rechercher leur participation effective pour assurer leur conduite et leur gestion dans le temps, en fonction d’objectifs préalablement définis par toutes les parties.

Étudier et agir sur le paysage amène donc à porter son attention sur les facteurs écologiques, économiques, culturels, visuels et psycho-sociologiques. Il est évident, que selon les contextes, certains facteurs prédomineront, d’autres seront parfois négligeables.

Après une introduction sur le « paysagisme » contemporain (pratiques, besoins, réponses) et les « idéologies paysagères » véhiculées par les divers partenaires de l’aménagement et de l’urbanisme, plusieurs séances seront consacrées, d’une part à l’histoire du paysagisme en Europe, d’autre part à la pratique du paysagisme.

L’objectif majeur de l’U.V. est de donner (et de rechercher) une information concrète et critique sur les pratiques contemporaines. Les interventions de praticiens seront conçues dans ce sens, de même que le travail, qui sera demandé aux étudiants (individuellement ou par groupes de 3 au maximum), pourra, le cas échéant, se concevoir dans le cadre conjoint d’un groupe d’atelier, pour assurer la liaison entre information, enquête de terrain, recherche et pratique.

Par ailleurs, de 1981 à 1982, à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Constantine, dans le cadre d’une coopération avec l’Institut d’Urbanisme de Créteil je suis responsable d’un séminaire “paysage” sur deux ans (3ème cycle).

Enfin, en 1982 et 1983, en 1980 et 1981, coopération pédagogique entre l’Ecole Supérieure d’Horticulture de Chott Mariem (près de Sousse en Tunisie) et l’ENSP, responsable d’un séminaire sur le paysage et les espaces verts, au cycle de formation interdisciplinaire à l’aménagement et à l’urbanisme (FIAU) du Centre de recherche sur l’urbanisme (CRU) (3ème cycle) :

Des formations professionnelles

Pour mémoire, de 1972 à 1976 cycle professionnel au Paysage d’Aménagement de l’Association “Paysage”, puis au CNERP., enseignant au sein des cycles longs interdisciplinaires de formation professionnelle au paysage (post 3ème cycle), avec Bernard LASSUS, Jacques SGARD, Jean CHALLET, Jacques MONTEGUT, Charles ROSSETTI, Michel MACARY, architecte, et moi-même. En 1983 et 1984, membre de l’équipe pédagogique, dirigée par Bertrand WARNIER, de l’Université d’Été de Cergy-Pontoise (fin 3ème cycle),

Des formations continues

Nombreuses sessions de formation continue, comme concepteur, animateur principal, ou simple intervenant. :

En, 1972, de 1975 à 1977 des formations au Département de la Formation continue de l’ENGREF (Dion. MALLAVAl et Jean Pierre CAZEAUX, responsable du département environnement). Nombreuses sessions, dont la création originale de cycles de formation approfondie comprenant trois sessions successives pour les IGREF et ITF (phase 1 : sensibilisation, phase 2 : information, phase 3 : pratique).

La 3ème session correspondant à un exercice pratique in situ, comme en 1977, à Charleville-Mézières. Le groupe de stagiaires est au sommet d’une colline boisée avec vue plongeante sur Charleville-Mézières, et sur le versant boisé occupé par la forêt domaniale de Sedan. On y voit des coupes rases récentes, et des « zébrures » d’enrésinements. Avec Jean Pierre CAZEAUX, et le responsable de l’ONF local, le groupe de stagiaires, fort des connaissances acquises lors des deux précédentes sessions, est alors invité à décrire la situation paysagère, après connaissance des objectifs sylvicoles, mais aussi à proposer des salutations alternatives. L’un des stagiaires fait une maquette. Nous sommes alors dans une période de critiques au plan national de la gestion des arbres : coupes à blanc, monoculture résineuse, paysages forestiers transformés en timbre-poste, ou en zèbre, arbres d’alignement transformés en « totems » sur les routes nationales … C’est la campagne « Halte au massacre et à la dénaturation des paysages ». Dans le même temps il est parlé du « mitage du paysage « par l’habitat individuel ». C’est la période où le CEMAGREF de Grenoble (Bernard FISCHESSER), et surtout de Nogent-sur -Vernisson (Peter BREMAN) œuvrent pour sensibiliser et améliorer les pratiques au sein des forestiers et sylviculteurs. D’autres cycles de ce type se sont déroulés en Val de Loire et en Sologne.

Vue sur Charleville-Mézières et la forêt domaniale de Sedan

Projet d’enrésinements par plages exposé par l’ONF

Maquette d’un « contre-projet » de stagiaire

D’autres sessions se sont déroulées en 1973 et 1975, au Centres interprofessionnelles de formation permanente (CIFP), de 1973 à 1979 – au CNERP, nombreuses sessions de formation continue sous la responsabilité d’Anne KRIEGEL, responsable de la formation continue. En 1975,et de 1977 à 1981 – Nombreuses interventions au Centre de Recherche de l’Urbanisme (CRU), en 1978 – Centre de Perfectionnement pour la Recherche Industrielle et sa Gestion (CEPRIG), de 1979 à 1983 – ENPC – Département de la formation continue dont en 1982 “La prise en compte du paysage dans l’aménagement” – Intervention ” Les méthodes d’approche dans les pratiques paysagères, De 1980 à 1981 : A la DDE de Nancy, de Clermont Ferrand, à la DRAE de Corse et au CETE (Rouen, Aix en Provence), De 1982 à 1985 au Département de la formation continue del ’ENSH-ENSP, et en 1983 ….

 

DES ACTIONS D’INFORMATION ET DE SENSIBILISATION :

 

De 1973 à 1974, au sein du CNERP, je suis responsable de l’appui technique en matière de paysage auprès des nouveaux chefs des ateliers régionaux des sites et des paysages (ARSP), et des délégations régionales de l’environnement (DRE), en 1973 au Centre d’Etudes Supérieures d’aménagement (CESA), à Polytech de Tours, une journée sur les paysages de la Loire Moyenne, En 1979 et 1980 à Tunis, formation au paysage des cadres de la Direction de l’aménagement du territoire, dans le cadre d’une Coopération UNESCO / TUNISIE : 4 missions. Participation au titre du STU – Ministère de l’Environnement et du Cadre de vie pour la conception du futur Parc National Archéologique de Carthage-Sidi Bou Saïd, en 1981, au Centre de Géologie de l’ingénieur à l’Ecole Nationale Supérieure des MinesExposé et travaux pratiques au titre de l’ENSP et de la Cellule Environnement de L’Etablissement Public d’Aménagement de la Ville Nouvelle du Vaudreuil sur les dossiers d’impact, en 2006 – à l’Ecole d’Architecture et de Paysage de Lille : “Les OREAM, laboratoires pour une approche de la grande échelle” en hommage à Jean CHALLET – Cycle de conférences avec Jacques SGARD, Michel VIOLLET, De COURSON, CHARPENET et SENTENAC.

Très nombreux articles dans diverses revues professionnelles dont : Paysage et Aménagement (P+A), Archivert, Pages paysage, Espaces verts, Urbanisme, Architecture d’Aujourd’hui, Métropolis, Technique et Architecture, Casabella, …

Des conseils pour la conception de deux expositions grand public, « Paysages » au CCI du Centre Georges Pompidou en 1981. Voir le catalogue de l’exposition, dont mon article « On a le paysage que l’on mérite !», « La ville en ses jardins » également au CCI du Centre Georges Pompidou en 1982.

Réalisation d’un Film de 16 mm « Paysages des hommes … Hommes du Paysage » conçu par SAMEL (Gilbert), et DAUVERGNE (Pierre) – Société des Paysagistes Français. 1982.

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DISTINCTIONS :

Vers 1985 – Membre d’honneur FFP

1993 – Trophée du Paysage pour la première tranche du parc départemental de la Plage Bleue à Valenton : Maîtrise d’ouvrage CG 94-DEVP associée à l’Agence paysagiste ILEX,

1994 – Chevalier dans l’ordre du Mérite agricole

1998 – nominé pour le Prix National du Paysage (Gilles CLEMENT), et en 2000, nominé pour le Grand prix du Paysage. (Isabelle AURICOSTE). Bien que sollicité par le Ministère, successivement pour ces deux prix, la préférence du jury s’est portée, comme précédemment, sur des paysagistes de maîtrise d’œuvre. Une occasion ratée pour valoriser la maîtrise d’ouvrage paysagiste, toujours mal reconnue et pourtant très nécessaire pour développer la maîtrise d’œuvre.

2001 – Membre du Conseil national du paysage.

2007 – Grand prix national du Paysage pour le parc départemental des Cormailles à Ivry-sur-Seine : Maîtrise d’ouvrage CG 94-DEVP associée à SADEV 94 – Agence paysagiste TER.

2008 – Prix national de l’arbre

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10 – La revue Paysage et Aménagement (1984-1996)

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Chapitre 10

Paysage et Aménagement (1984-1996)

Une revue pionnière de paysage

Version du 20 mars 2019

Pierre Donadieu montre le rôle clé qu’a joué cette revue comme outil de diffusion des actions publiques de paysage et des compétences des paysagistes.

En octobre 1984, paraissait le premier numéro de la revue Paysage & Aménagement à l’occasion des «Assises du paysage» d’Aix-les-Bains, organisée par la toute jeune Fédération française du paysage, créée en 1982. Dix ans après, la revue célébrait ses dix ans d’existence dans un numéro qui faisait le point sur les politiques publiques des plans et chartes de paysage1. Mais son comité de rédaction ne se doutait pas que la revue allait cesser de paraitre deux ans après. Elle devait céder la place aux Carnets du paysage. Comment cette revue était née ? Qui en organisait la production ? Quel était son lectorat ? Pourquoi a-t-elle disparu au bout de 12 ans ?

P+A n° 29 en 1994.

Une initiative opportune

Paysage & Aménagement (P+A) est né en 1983 à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles d’une initiative de Raymond Chaux, directeur de l’établissement, à un moment d’intenses turbulences de l’établissement (voir chapitre 8). Un projet d’Institut français du paysage était à l’étude en même temps que les enseignants de l’ENSH quittaient la formation des paysagistes. Les ateliers pédagogiques régionaux de quatrième année se mettaient en place, alors qu’était créée la Fédération française du paysage.

Elle était publiée quatre fois par an et comportait sous sa forme autonome2 environ 60 à 70 pages. L’objectif des fondateurs de la revue était de « promouvoir une politique de qualité d’aménagement de l’espace ». Elle s’adressait aux maîtres d’ouvrages et notamment aux élus des collectivités territoriales, aux « professionnels de l’aménagement et spécialistes de toutes disciplines concernées par les problèmes du paysage » et « d’une manière générale à tous ceux qui contribuent dans le cadre d’organismes privés ou de services publics à faire aujourd’hui le paysage de demain »3. Il fallait créer entre pouvoirs publics et praticiens un marché du paysage qui émergeait à peine.

Il s’agissait de s’inscrire dans la politique gouvernementale de paysage que développait depuis 1979 la Mission du paysage du ministère de l’Environnement en faisant appel autant aux chercheurs qu’aux praticiens. Et ainsi favoriser entre eux une communication qui n’existait pas.

Pour constituer un comité de rédaction, R. Chaux fit appel à des enseignants permanents de l’école, non paysagistes (P. Donadieu, M. Rumelhart) ou paysagiste (P. Dauvergne), à des paysagistes libéraux (D. Laroche, S. Eyzat, A. Freytet, T. Louf) ou fonctionnaires (Y-M. Allain, P.-M. Tricaud) et à des personnels de l’école (N. Delalande, C. Royer, B. Perez, N. Dupuy) ou issu du CNERP (S. Zarmati). Alain Fraval, rédacteur en chef du Courrier de l’environnement de l’INRA, rejoignit le comité au début des années 1990.

Des partenaires variables

La revue P+A était la propriété de l’association Promotion du paysage4, dont Raymond Chaux fut le premier président, Nicole Delalande la secrétaire, et Yves-Marie-Allain, chef du service des cultures du Muséum national d’histoire naturelle à Paris, le second responsable de 1994 à 1996.

Elle fut, dans un premier temps, éditée et diffusée par les éditions Lavoisier de 1984 à 1987. Tous les problèmes techniques de gestion (maquette, impression, diffusion, recherche d’abonnés, financement) étaient du ressort de l’éditeur Lavoisier. Les 12 personnes bénévoles du comité de rédaction devaient fournir les articles dactylographiés et les illustrations. R. Chaux assisté par N. Delalande coordonnait l’ensemble avec le soutien logistique des deux écoles. Quatre fois par an, R. Chaux et son assistante allaient à Paris livrer les textes5.

Puis le Groupe J (Paysage Actualités) a pris la succession sous la forme d’un cahier inséré dans la revue Paysage Actualités (entre mars 1988 et novembre 1990), et à nouveau de manière indépendante de février 1991 à 1996. La direction de la publication était prise en charge conjointement par le président de l’association et François Langendorff président du Groupe J à Poigny-la-Forêt et directeur de Paysage Actualités6.

Raymond Chaux dirigea le comité de rédaction jusqu’en 1994 puis fut remplacé par Pierre Donadieu et Sarah Jenny-Zarmati avec Alain Fraval chargé de la réalisation avec Sébastien Rolland et Chantal Durand.

Une revue pluraliste

La structure de la revue évolua peu en 12 ans, à l’exception d’une période de numéros à thème au début des années 1990. Dans le premier numéro la volonté de transversalité et de pluridisciplinarité fut clairement affichée. Il fallait s’adresser à la fois aux décideurs, aux praticiens, concepteurs et gestionnaires, aux enseignants et aux chercheurs.

À l’éditorial de R. Chaux (« Pour une politique de paysage »), succédait une tribune consacrée à une question pratique d’aménagement (les relations agriculture-forêt avec P. Dauvergne, A. Mazas et le Directeur départemental de la Nièvre). Puis des chercheurs (les sociologues F. Dubost et J. Cloarec, le géoagronome de l’INRA J.-P. Deffontaines) étaient réunis par P. Donadieu dans « Réflexions et recherche ». À cet article succédaient des témoignages de praticiens maîtres d’œuvre et conseillers de la maîtrise d’ouvrage (A. Marguerit et J. Ricorday) rassemblés par D. Laroche dans la rubrique « Réalisations ». Puis des sujets pratiques dans « Gestion et techniques » étaient abordés par des écologues (la haie bocagère et le remembrement) sous la houlette de Y.-M. Allain. Suivait la rubrique « Histoire » avec l’œuvre de l’architecte paysagiste F. Duprat par J.-P. Bériac, des « Nouvelles » par C. Royer et un « dossier « de 15 pages réalisé par P. Dauvergne sur les institutions et l’aménagement du territoire dont un entretien avec Yves Dauge, directeur de l’urbanisme et des paysages, président du SIVOM de la rive gauche de la Vienne, et des textes sur les paysages du Chinonais.

Étaient en jeu à cette époque les effets de la décentralisation sur les territoires et la modification des pratiques de remembrement et d’enrésinement : « Une nouvelle ère s’ouvrait-elle pour le paysage ? » comme l’écrivait P. Dauvergne. D’autre part ne fallait-il pas rappeler les compétences des paysagistes pour réhabiliter l’habitat social par un projet de paysage, au-delà de démarches fonctionnalistes limitées ? Et signaler la mise en place par la DATAR d’une mission photographique des paysages français, la relance de la gestion des plantations d’alignement le long des routes (entre autres actions paysagères du CIQV) ou les formations continues sur le projet de paysage à l’ENSP de Versailles ?

Douze ans plus tard, lors de l’avant-dernière livraison de l’hiver 1995/96, l’éditorial de S. Zarmati rappelait que le paysage appartenait à tous et que « aucun spécialiste ne peut se l’approprier ». La rubrique « Réalisations et études » développait « une esthétique autoroutière indissociable du pays » (A. Mazas), , Y-M. Allain faisait le bilan des conventions internationales de protection de la nature et R. Jancel des règles d’installation des jeux d’enfants dans l’espace public. Dans un « Dossier », P. Donadieu et A. Fraval indiquaient les résultats d’une enquête sur les réactions des habitants et des agronomes à des images de paysages agricoles, alors que R. Chaux s’entretenait, dans la rubrique « Histoire » de la nature des jardins sénégalais, avec A. Dieye, président des architectes paysagistes du Sénégal et ancien élève de l’ENSP7.

Le projet initial, très œcuménique, avait été maintenu en dépit des difficultés de financement de l’édition. Il reposait entièrement sur le bénévolat, mais il ne faisait toutefois pas l’unanimité chez les jeunes paysagistes DPLG qui n’y publiaient pas ou peu. D’autant plus que d’autres revues paysagistes émergeaient à cette époque avec une sensibilité beaucoup plus professionnelle ou théoricienne. Le n° 5 de Pages Paysages publiait en 1994 des articles de G. Clément, P. Cribier, Yves Brunier, M. Corajoud, G. Vexlard … ; la revue Topos (n° 7) des textes de M. Desvigne et C. Dalnoky et une nouvelle revue Paysage des villes et des campagnes tentait sa chance (sans succès) avec un article de J. Osty (le parc Saint-Pierre à Amiens) et un interview d’Isabelle Auricoste. Sans compter le premier numéro du Visiteur avec un article remarqué du philosophe Sébastien Marot : « L’alternative du paysage ».

Un panel vaste de sujets

Entre octobre 1984 et novembre 1994, 56 numéros sont parus dont 27 comme dossiers dans Paysage et Actualités. 423 articles de 277 auteurs ont été présentés dans les huit rubriques prévues à cet effet8.

172 articles dans trente dossiers, 62 dans « Réflexions et recherches », 49 dans « Réalisations et études ». Cette dernière rubrique est effectivement restée modeste avec seulement un quart des articles dont beaucoup d’études.

Parmi les 20 thématiques retenues, le thème des jardins et espaces de loisirs (119) devance largement celui des approches conceptuelles du paysage (99), puis le droit et la politique (75), les sujets situés à l’étranger-20 pays (72), les milieux ruraux (74), les projets réalisés (74), l’histoire du paysage (60). L’intérêt pour l’informatique (9) et les arts (9) est resté faible, alors que celui pour le végétal comme matériau vivant était dans la moyenne.

Les faiblesses de P+A

Au moment où en septembre 1994 S. Zarmati et P. Donadieu prennent la codirection du comité de rédaction, le bilan financier de l’association Promotion du paysage est positif d’environ 11 800 F. Situation qui est due à des subventions de la Région Centre (colloque de Blois pour les n° 21 et 23), du ministère des Transports (l’autoroute A75 du n° 22), de l’Environnement pour le n° 24 consacré à Droit et Paysages , ou du ministère de la Culture pour celui sur les jardins historiques (n° 26).9

Mais la mise en œuvre de la rédaction est plus complexe qu’au départ de l’aventure. 19 personnes font partie du comité de rédaction, les articles sont à livrer sur disquettes, les numéros spéciaux financés se sont multipliés, les déplacements se font à Poigny-la-Forêt à côté de Rambouillet, et l’association est réunie au groupe J dans une SARL de presse10.

Si bien que R. Chaux est à la fois président de l’association propriétaire du titre, président du comité de rédaction, et cogérant de la SARL P+A. À 69 ans, il souhaite une relève à trouver dès l’automne.

En septembre de nouvelles perspectives sont annoncées, car le nombre d’abonnés est toujours inférieur à 1 000 (environ 800)11. Malgré la comptabilité encourageante de l’association, la revue manque d’argent, faute d’abonnés, d’annonceurs pérennes, de sponsors publics et de mécènes. Sa maquette n’est pas assez attractive, parfois approximative, et les illustrations sont souvent de qualité médiocre12. Les numéros à thèmes, financés13, ont un peu marginalisé le comité de rédaction (revenir à une structure par responsable de rubriques devient prioritaire). Enfin la proximité des matériels et matériaux horticoles dans la publicité ne plait pas vraiment aux paysagistes concepteurs qui ne s’y reconnaissent pas.

Un dossier ambitieux est mis en chantier pour deux numéros : « Qui fait le paysage ? » par Serge Eyzat. Le numéro anniversaire de 10 ans de P&A n°29 approchant, il est prévu de faire paraitre l’index des articles parus dans le numéro grâce au travail de Sarah Zarmati14. L’héritage idéologique du CNERP semble en fait plus prégnant dans le groupe que le débat public auquel participent, dans d’autres enceintes, paysagistes concepteurs et maîtres d’œuvre, jeunes et anciens.

La revue n’est pas confidentielle, car quelques propositions d’articles arrivent spontanément jusqu’au comité de rédaction (un agent de la DIREN du Puy-de-Dôme sur les paysages et les agriculteurs, une enseignante de l’ENITHP d’Angers sur l’analyse du paysage comme outil pour la conception du projet et pour la planification15, un texte d’une conférence à Padoue de M. Rumelhart sur les relations entre écologie et projet de paysage … Cela ne suffit pas, on parle moins dans le monde des concepteurs de questions théoriques et rurales que de la réception des grands projets urbains à Guyancourt (M. Desvigne), ou concernant le prolongement de l’axe historique à la Défense. Bien que, à Villarceaux, un séminaire « Paysages à acteurs multiples » ait réuni le landscape planner d’Harvard Carl Steinitz, Jacques Sgard et les paysagistes et urbanistes de l’IAURIF.

Le divorce

20 janvier 1995. Le comité de rédaction se réunit à Paris, à l’INRA, dans les locaux de la cellule Environnement. C’est surtout l’équipe opérationnelle qui est présente : 8 personnes Y.M. Allain, R. Chaux, N. Delalande, N. Dupuy, A. Fraval, S. Zarmati et P. Donadieu. À l’ENSP, Jean-Baptiste Cuisinier a remplacé Alain Riquois comme administrateur provisoire.

Le tirage est passé de 2000 à 3000 exemplaires16 diffusés pour 672 abonnés payants. En fait il n’y a que 372 abonnés au 1er janvier 1995, les autres abonnements étant payés par un organisme professionnel. Seuls 59 paysagistes concepteurs (sur 350 estimés) sont abonnés, alors que l’enseignement et la recherche en représentent une centaine. 17

Une relance des abonnés potentiels s’impose et la recherche de subventions est d’autant plus nécessaire que la trésorerie de l’association est devenue préoccupante et qu’il faut payer la maquettiste Chantal Durand 4000 F par numéro.

5 mai 1995. J.-B. Cuisinier, administrateur provisoire de l’ENSP après l’annonce du départ de l’ENSH à Angers, propose que l’ENSP devienne éditrice de la revue en remplacement du groupe J, l’association Promotion du paysage restant propriétaire du titre. P. Donadieu est chargé de rédiger une convention entre les deux partis. Quelques jours après, Y.-M. Allain et R. Chaux n’évoquent pourtant pas cette perspective avec F. Langendorff.

28 juin 1995, une assemblée générale extraordinaire de l’association au service des cultures du Muséum est prévue mais est annulée18. Le 4 juillet le comité de rédaction décide de son côté de continuer la collaboration avec le groupe J sur des bases nouvelles (des collaborateurs du groupe J mieux motivés pour rechercher un mécénat19). Un nouveau projet de convention avec les écoles de paysage (Bordeaux et Versailles) avec un apport annuel de chaque établissement de 15 000 F sera soumis aux directeurs par P. Donadieu et S. Briffaud.20

Ce dernier propose que P+A devienne « la revue française de recherche sur le paysage »21, étant donné qu’il n’existe pas de périodique sur ce sujet et que des programmes de recherches sont en cours sur le paysage. Cette orientation nécessitera de créer un comité de lecture, mais pourrait s’accompagner d’une subvention du CNRS. De nombreuses réticences apparaissent, ne serait-ce que parce qu’il faudra changer d’éditeur et de ligne éditoriale. Un consensus provisoire se dessine en faisant du comité de rédaction un comité de lecture.

Le 7 décembre 1995 F. Langendorff fait savoir à Y.-M. Allain que « le partenariat entre le groupe J et P&A semble compromis » et renonce à publier en 1996 quatre numéros. Deux raisons sont invoquées : « les univers des annonceurs et des auteurs de P+A ne s’intéressent pas l’un à l’autre », et le déficit en 1995 du compte d’exploitation22.

Le conseil d’administration de l’ENSP du 23 janvier 1996 a acté la décision du Groupe J, en souhaitant publier le n° 33 de l’année 1996 grâce à une publicité de l’ENSP pour 7 500 F. Qu’en sera-t-il des numéros suivants ? La réponse dépend du conseil d’administration de l’ENSP qui doit valider une convention entre l’école et l’association. Le 4 juin 1996 le conseil d’administration de l’école confirme que «le directeur est mandaté pour finaliser la négociation avec reprise de la SARL de diffusion pour éviter la reparution du titre initial »23.

Une succession délicate

La direction de l’école a retenu des discussions en cours que P&A prenait une nouvelle direction éditoriale « en privilégiant une plus grande valorisation de la recherche paysagère et d’un regard critique et théorique »24. Un projet, associant éventuellement l’école de Bordeaux, sera soumis en juin au conseil d’administration. La rubrique « Gestion et technique » serait alors supprimée.

Cette orientation nouvelle n’est pas du goût de tous. La plupart sont réticents à imaginer une restriction du champ de publication autour d’articles scientifiques. Pourtant directeur de recherches à l’INRA, P. Mainié démissionne le 3 mai25, défection qui s’ajoute à celles, déjà enregistrées en 1995, des paysagistes S. Eyzat, P.-M. Tricaud et D. Laroche. Le bateau commence à prendre l’eau …

Le 19 juin 1996, F. Langendorff restant en attente d’un accord avec les deux écoles pour mettre fin à un éventuel contentieux financier (rembourser les abonnés !) et publier les n° 34 et 35, Pierre Donadieu tente une ultime médiation avec J.-B. Cuisinier. Celui-ci souhaite en contrepartie d’une aide financière pour les numéros menacés que l’association cède le titre à l’école avec la liste des abonnés26. Il souhaite également savoir si le comité actuel de rédaction a l’intention de poursuivre dans une revue nouvelle qui ne s’appellera pas P&A. Comme le souhaite l’architecte paysagiste et enseignant Christophe Girot en charge provisoire de la création d’une nouvelle revue pour l’École. Et comme le confirmera Pierre-François Mourier27, recruté par J.-B. Cuisinier en septembre 1996 comme directeur des publications de l’École.

Le 28 juin l’association réunie en assemblée générale accepte de mettre à disposition de l’École le titre de la revue P&A selon les modalités d’une convention à signer28. Elle n’a guère le choix. La mise en œuvre est urgente car les abonnés n’ont reçu aucun numéro en 1996 et le comité de rédaction s’inquiète29.

La direction par la voix de P.-F. Mourier confirme en octobre à François Langendorff que l’école prendra à sa charge le n° 34, en modifiant l’éditorial qui annoncera une nouvelle revue « Les Cahiers du paysage »30. Car le directeur des publications recommande à J.-B. Cuisinier de ne pas envisager de travailler avec la SARL de presse (passif possible à reprendre), de revoir le projet de convention avec l’association et de penser à créer une revue ex nihilo. L’espoir pour l’école de trouver une compensation à la somme promise est rapidement déçue en novembre par le codirecteur de la SARL : « La vente au numéro est quasi nulle ; plus de 500 exemplaires ne seront pas écoulés ».

Le 2 décembre 1996, F. Langendorff prend acte par une lettre de P.-F. Mourier de l’accord de l’ENSP pour financer à hauteur de 30 174 F le n° 34, avec une publicité de l’ENSP en quatrième de couverture.

Le dernier numéro de P&A parait daté de l’ « Hiver 1996-97 ». C’est la fin d’une aventure éditoriale de 12 ans. Il n’y aura pas de n° 35.

La suite est autant une rupture (le comité de rédaction, l’association Promotion du paysage et la SARL de presse disparaitront) qu’une continuité des finalités éditoriales entre les deux revues. La première réunion du comité de rédaction de la nouvelle revue dirigée par P.-F. Mourier a lieu le 18 décembre 1996 à Paris. Avant de retenir définitivement le nom de Les Carnets du paysage (revue coéditée avec Actes Sud), d’autres titres furent suggérés : Paysages, Les Cahiers du paysage, Méthodos … Seuls trois membres du comité de rédaction de P&A, liés à l’école, s’engageront dans cette nouvelle aventure éditoriale : P. Donadieu, M. Rumelhart et N. Dupuy.

À gauche la lettre de Y.-M. Allain à J.-B. Cuisinier le 4 juillet 1996 (archives ENSP, Les Carnets du paysage) confirmant l’accord de l’assemblée générale pour une convention entre l’association Promotion du paysage et l’ENSP

À droite la note manuscrite de P.-F. Mourier à J.-B. Cuisinier du 1er novembre 1996 indiquant qu’il n’y a pas d’autre choix que de payer l’édition du dernier numéro de la revue (avec la contrepartie de la cession du titre P+A à l’école, d’une publicité pour l’ENSP en quatrième de couverture, d’un éditorial et de la liste des abonnés). Archives ENSP, Les Carnets du paysage.

Une revue pionnière ?

Avant 1984, l’édition de revues consacrées au paysage et aux paysagistes en France n’était pas un désert. Mais les articles qui traitaient ces questions étaient éparpillés entre plusieurs revues. Les unes relevaient d’une sensibilité technique (surtout horticole et jardinière), du design paysagiste (« Espaces verts » de J. Simon, « Archivert » de J. Magerand et E. Mortemais entre autres), les autres de diverses disciplines artistiques (dont l’art des jardins et le land art), professionnelles (urbanisme, architecture, agriculture), littéraires ou scientifiques, notamment en géographie, en écologie et en sciences de l’environnement.

La documentation du CNERP (1972-79) en avait montré la diversité dont témoignent aujourd’hui les documentations et archives des écoles de paysage, notamment celle de Versailles depuis la fin du XIXe siècle.

L’intention éditoriale de P&A était très ambitieuse : vouloir informer et faire communiquer entre eux des catégories sociales qui s’ignoraient souvent : les paysagistes concepteurs, maitres d’œuvre et gestionnaires, les décideurs et les maîtres d’ouvrages publics de projet d’aménagement de l’espace, les enseignants et les chercheurs. Et pour cela réunir dans différentes rubriques les informations qui permettaient à chacun de mieux jouer son rôle en connaissant celui des autres. La revue y est-elle parvenue au cours de ces douze années ?

En tant que support de communication réunissant des informations éclairantes sur des sujets en évolution permanente ? Sans aucun doute. C’était le seul périodique français capable d’une telle diversité de sujets dans ce domaine qui intéressait les politiques publiques gouvernementales des années 1980 et début 1990. Mais atteignait-il toutes ses cibles avec les messages appropriés ?

La ligne éditoriale touchait plus les enseignants et les chercheurs que les praticiens (concepteurs et entrepreneurs) qui avaient leurs propres médias comme « Paysage et Actualités » pour les gestionnaires publics et les entrepreneurs privés, ou que les élus (qui disposaient de l’assistance de Mairie-Conseil). Pas plus de 400 abonnés ont été fidélisés chaque année alors que les questions abordées concernaient des questions transversales politiques autant que techniques (parcs naturels régionaux, politiques d’urbanisme, restauration du patrimoine naturel et de jardins, paysages agricoles, intégration paysagère de l’architecture, …). En fait ces messages dilués dans de multiples rubriques n’étaient pas assez perceptibles pour que le lecteur se sente concerné par l’ensemble très riche de l’information. Trop d’informations tue l’information !

Alors que, en même temps, d’autres revues francophone, tout aussi ambitieuses, concentraient leur politique éditoriale autour de questions vives et ciblées concernant le champ du projet et de l’espace public (le Visiteur, Pages Paysage), l’histoire et la pratique des jardins (Jardins de France, l’Art des jardins et du paysage), la géographie des paysages (Hérodote, l’Espace géographique, Espaces et sociétés …), la conservation de la nature (Aménagement et Nature …) …

Faut-il en conclure que le concept de P&A n’était pas adapté au lectorat potentiel qui attendait une information plus concentrée et spécialisée sur des sujets cadrés et approfondis ? À moins que le lectorat concerné par une approche transversale du paysage et des jardins fut encore à cette époque trop restreint et confidentiel ? Je préfère cette deuxième explication.

Si on ajoute à cette critique, une maquette peu créative et souvent discutable, et une communication trop timide, on peut comprendre que P&A n’ait pas eu le succès escompté. Le choix du noir et blanc n’est pas en cause, comme le montre aux Etats-Unis la revue Landscape (avec un lectorat anglophone potentiel plus important, certes …).

En se recentrant sur le projet de paysage, l’espace public et des apports scientifiques pointus, en choisissant surtout une maquette renouvelée en permanence avec une place importante faite à la création artistique, Les Carnets du paysage ont adopté une ligne éditoriale originale, hybride entre créations paysagistes et artistiques, littérature et sciences humaines et sociales. La revue a choisi de promouvoir, non la qualité des paysages en France (comme P+A), mais la profession de paysagiste concepteur. Elle a bénéficié de l’expérience de P+A, mais aussi de Pages Paysages, conçu par des jeunes paysagistes DPLG.

Du fait de ce positionnement original, elle a engendré en 2008 la revue électronique inter-écoles de paysage Projets de Paysage faite pour les chercheurs31… En ce sens, elle a été pionnière, puisqu’elle a ouvert le chemin aux titres prestigieux qui l’ont suivie32.

Le premier numéro des Carnets du paysage, 1998.

Quelques membres du comité de rédaction :

       

De g. à d. : R. Chaux, S. Zarmati, Y.M. Allain, A. Fraval , P. Donadieu

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Notes

1 « P+A a dix ans, de la continuité à l’innovation », R. Chaux, éditorial, P+A n° 29, novembre 1994. Archives ENSP/P. Donadieu, n°29.

2 Elle fut publiée de 1988 à 1990 comme un dossier de la revue Paysages et Actualités

3 «Paysage et aménagement, Projet pour une revue », mars 1984, anonyme.

4 Les statuts de l’association Promotion du paysage ont été enregistrés le 14 février 1986. Archives ENSP.

5 Note aux membres de l’association Promotion du paysage du 7 février 1994, 2 p.

6 Une SARL « P+A » au capital social de 3000 francs a été constituée le 30 novembre 1990 entre la société « Editions J » et l’association « Promotion du paysage ». Elle était présidée par R. Chaux, ce dernier avec F. Langendorff étant associés comme cogérants. Archives ENSP.

7 P&A, n° 33, hiver 95-96.

8 Petite analyse quantitative et qualitative de P+A 1984-1994, S. Zarmati, 2 p., nov. 1994.

9 S. Zarmati, ibid.

10 Note aux membres de l’association Promotion du paysage du 7 février 1994, 2 p

11 396 au 23/9/1994 + 400 abonnements payés par Provert pour des destinataires choisis par lui

12 CR du comité de rédaction du 25 septembre 1984.

13 La convention avec le ministère de la Culture pour le financement du n° spécial jardins historiques (colloque de Blois de 1992) a été réduit de 60 000 F à 30 000 F. Rapport moral de l’AG Promotion du paysage du 23 septembre 1994.

14 Lettre de Y.-M. Allain au comité de rédaction du 4 octobre 1994.

15 Lettre de Frédérique Tanguy du 29 aout 1994.

16 L’édition de 300 exemplaires d’un n° est facturé 30 500 F (HT) par l’imprimerie Laboureur à Issoudun.

17 Compte-rendu du comité de rédaction du 20 janvier 1995, 4 p.

18 Pas de compte-rendu.

19 Deux mécènes se sont manifestés par des dons financiers en 1995 (la société d’élagage Moquet et fils et Moizard Environnement)

20 Compte-rendu du comité de rédaction du 4 juillet 1995, 6 p.

21 Compte-rendu du comité de rédaction du 10 novembre 1995, 4 p.

22 Lettre de F. Langendorff à Y.-M. Allain, 7 décembre 1995.

23 CR du conseil d’administration de l’ENSP du 4 juin 1996. Archives ENSP.

24 CR du comité de rédaction du 14 mars 1996, p. 1.

25 Plus sans doute pour un désaccord sur un article qu’il avait présenté et qui avait été refusé, que pour une opposition à la nouvelle orientation de P&A.

26 Lettres de P. Donadieu à Y-M. Allain, S. Zarmati et A. Fraval du 9 et 19 juin 1996. Archives ENSP.

27 Elève de l’École normale supérieure, Pierre-François Mourier fut enseignant à l’ENSP de 1986 à 2000. Il dirigea les publications de l’école et le département de Sciences Humaines.

28 Lettre de YM Allain à J.-B. Cuisinier du 4 juillet. Cette convention prévoit également de refondre le comité de rédaction et de modifier les responsabilités de directeur de la publication et de directeur de rédaction. A-t-elle été signée ? Aucun exemplaire paraphé n’a été retrouvé dans les archives connues.

29 Lettre de S. Zarmati à Jean-Baptiste Cuisinier du 19 septembre 1996. Archives P.-F. Mourier

30 Lettre de P.-F. Mourier à F. Langendorff du 17 octobre 1996. Archives P.-F. Mourier.

31 Elle a été créée par Pierre Donadieu et Catherine Chomarat-Ruiz, enseignants et chercheurs à l’ENSP.

32 Outre l’ENSP, deux autres écoles ont créé leur propre revue : l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, et l’École nationale supérieure de paysage de Lille.

9 – Le second projet d’Institut du paysage

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Chapitre 9

Le second projet d’Institut du paysage (1982-1985)

ou la réussite d’une désillusion

Version du 10 mars 2019

1982. Dix ans ont passé depuis l’échec du premier et ambitieux projet d’institut du paysage proposé par Paul Harvois au début de 1972 (Chapitre 1). Échec relatif car, au cours de cette période, si la Section du paysage et de l’art des jardins (1946-1974), ainsi que le Centre national d’étude et de recherche du paysage de Trappes, le CNERP (1972-1979) ont fermé, l’École nationale supérieure du paysage de Versailles a été mise en place en 1976. L’enseignement y dure trois ans plus une année de stage au lieu de deux ans dans la Section. Et, en 1982, les premières recherches des enseignants de l’École sont publiées dans les Annales de la recherche urbaine (Chapitre 6). Le progrès est léger, mais perceptible.

En 1982, l’école forme environ 25 paysagistes DPLG chaque année, autant que dans les dernières années de la Section. Son développement souffre pourtant de multiples handicaps : de sa dépendance financière et administrative de l’ENSH (avec un seul conseil d’administration pour les deux écoles), de locaux exigus, de l’absence de postes d’enseignants permanents, de ressources documentaires restreintes, de recherches balbutiantes… Autant de raisons qui vont amener R. Chaux, avec les ministères de l’Urbanisme et du Logement, de l’Agriculture et de la Forêt, et de l’Environnement, à vouloir créer des conditions plus favorables.

Lancement d’une politique du paysage

En décembre 1981, le comité interministériel à la qualité de la vie (CIQV) et la Mission du paysage1 de la direction de l’urbanisme définissent les grandes lignes d’une politique nationale du paysage. Présentée par le ministre lors de sa visite à l’exposition « Paysages » au centre Beaubourg à Paris, elle prévoit, notamment, de « former de réels spécialistes “du paysage d’aménagement“ en passant d’une vision souvent statique et picturale du paysage qu’il n’y aurait qu’à protéger, à une conception plus dynamique où on accompagne, on guide, on oriente l’évolution » 2. Il ne s’agit plus seulement pour les paysagistes de réaliser des parcs et des jardins urbains, mais de s’intéresser à l’ensemble des territoires. Les enseignants du CNERP, comme J. Sgard, P. Dauvergne et B. Lassus avaient été pionniers dans ce domaine. Puis l’ENSP avait en principe pris le relais. Mais cette transmission n’était pas vraiment perceptible dans les travaux d’ateliers de projets de l’école.

Financée en partie par le Fond interministériel à la qualité de la vie (FIQV), la politique des paysage prévoit notamment : des interventions sur les grands sites nationaux, dans les aménagement fonciers, hydrauliques et forestiers et sur les réseaux de transport électrique, la diffusion de l’exposition « Paysages » du centre Beaubourg dans six centres commerciaux et le montage d’une exposition nouvelle « Paysages des routes et des canaux » avec la Caisse nationale des Monuments historiques et le SETRA (ministère des Transports). Dans le domaine de la formation, il est demandé au prochain CIQV de 1982 de faire des propositions dans quatre directions : un troisième cycle à l’ENSP de Versailles ouvert aux architectes, un renforcement de son flux de formation, une formation continue et « une sensibilisation au paysage d’aménagement » auprès des élèves des grandes écoles d’ingénieurs maîtres d’œuvre d’aménagement3.

La même année, et dans le même esprit, est créé la cellule Paysage et aménagement rural dans le bureau Cadre de vie, Environnement, Paysage de la Direction de l’Aménagement (DIAME)4 du ministère de l’Agriculture.

C’est en février 1982 que le CIQV réanime le projet d’Institut du paysage abandonné 10 ans plus tôt. Il est à nouveau confié à P. Harvois la mission de constituer un groupe interministériel entre les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Culture. Il se réunira de juin à novembre 1982.

Parallèlement, dès décembre 1981, R. Chaux avait alerté les conseillers techniques du cabinet du ministre de l’Agriculture (M. Sturm) et du ministre de l’Urbanisme et du Logement (M. Simon) sur les problèmes des formations à Versailles. Le 5 janvier 1982, avec les deux responsables d’ateliers de l’école M. Corajoud et B. Lassus, il avait rencontré M. Simon afin qu’un groupe de travail puisse être constitué rapidement.

Le second projet Harvois

En décembre 1982, P. Harvois, professeur d’enseignement supérieur à Dijon, remet son rapport au ministre de l’Agriculture. Dans une note du 27 décembre, le chargé de mission « pour les problèmes du paysage » auprès de la DGER insiste d’abord sur les « trente ans de retard » des formations françaises au paysage par rapport aux pays voisins : « 8 écoles en Allemagne, 10 écoles en Angleterre », et sur l’inadaptation de l’École de Versailles. Se souvenant de ses déboires passés, il s’en remet à « une prise en compte par le premier ministre et la Présidence ». D’autant plus qu’un remaniement ministériel modifie le paysage politique en cette fin d’année.

Il propose la création au Potager du roi d’un « Institut français du paysage (IFP) », ayant l’autonomie administrative et financière, à la place de l’ENSP. L’IFP serait un centre d’enseignement supérieur (en six ans après le bac), un centre de recherches (avec un centre de documentation et six laboratoires) et un centre de promotion. « Tous les départements ministériels intéressés participeraient à son financement ». Projet directement inspiré de celui de 1972, mais dont on connaissait les limites avec l’arrêt du CNERP en 1979.

Il prévoit que « le président de la République pourrait annoncer officiellement, en avril ou mai 1983, cette mise en place à l’occasion d’une cérémonie internationale à Versailles célébrant le centenaire du magnifique Potager du Roi »5.

Le projet de décret en 18 articles est rédigé et le financement semble assuré en partie par la DIAME (20 millions de Francs).

Le transfert de l’ENSH à Angers auprès de l’ENITAH qui lui serait rattachée est envisagé. Car il semble rationnel pour le ministère de tutelle de constituer à Angers un centre national d’horticulture regroupant des formations scientifiques (ENSH) et techniques (ENITAH). Mais les « problèmes humains et pédagogiques » de ce déménagement semblent difficilement surmontables si des moyens financiers n’accompagnent pas ce projet6.

La coexistence et le développement des deux écoles semblent donc difficiles et un problème sans solution autre qu’un projet d’IFP hors du Potager du roi.

Deux ateliers en conflit

Non seulement, depuis la création de la Section en 1945, les enseignants des deux écoles s’ignoraient, mais au sein de l’ENSP un conflit s’aggravait entre les responsables d’atelier de projet Michel Corajoud et Bernard Lassus. Ils avaient tous les deux enseigné dans la Section, le premier à partir de 1972 et le second depuis 1963.

Dès la création de l’ENSP, ils avaient retrouvé leurs ateliers où ils enseignaient avec quelques anciens élèves : P. Aubry avec B. Lassus et J. Coulon avec M. Corajoud. Puis leurs travaux de concepteurs paysagistes, à partir de 1978, pour le parc du Sausset au nord de Paris et pour celui de la Corderie royale à Rochefort, avaient montré des démarches très différentes.

Deux écoles nouvelles de pensée paysagiste (dite plus tard « école française de paysage » par la Fédération française du paysage) commençaient à se juxtaposer avant de s’affronter. Elles indiquaient leurs postulats, celui d’une matérialité à gérer par la maitrise formelle, dessinée, globale et de détail, du projet dans le cas de M. Corajoud, qui s’inscrivait dans les pas du jardinier géomètre André le Nôtre ; celui d’un imaginaire du paysage à susciter par « apport sur un support » en s’appuyant, notamment sur les théories du jardin pittoresque de W. Chambers et de l’abbé Delisle (1776). Cet atelier avait pris le nom de Charles-Rivière Dufresny (1624-1724). Louis XIV avait nommé ce musicien et écrivain, dessinateur des jardins royaux où il avait introduit la mode des jardins anglais.

Les modèles de pensée des projets étaient aussi différents que les pratiques pédagogiques. Celle de l’atelier Le Nôtre reposait sur la formalisation graphique (le dessin, la maquette) du site à aménager, celle de l’atelier Dufresny sur une imprégnation sensible acquise par la marche dans le site. Il était demandé aux étudiants de « faire l’éponge » afin d’inventer un concept de projet et son mode de communication (démarche dite d’analyse inventive).

Ces deux types d’atelier étaient successifs en deuxième année et à option en troisième année7. Ils ont permis de former les paysagistes à deux manières différentes de concevoir des projets. L’une partait de la morphologie et de l’histoire du site physique pour dessiner le projet, l’autre des imaginaires possibles des lieux et de leurs ambiances pour penser une intervention parfois minimaliste ; d’un côté un art de la mise en forme contextualisée, de l’autre un art conceptuel et poétique de la reconnaissance des lieux.

Les relations entre les deux hommes ont commencé à se dégrader à partir du moment où les deux pédagogies ont commencé à être incompatibles en devenant des idéologies, voire des doctrines exclusives qui ne se toléraient plus. Tension vive qui a obligé R. Bellec, le secrétaire général et de la pédagogie, à demander un choix d’atelier aux étudiants au cours de la troisième année d’études. Le groupe d’enseignants, déjà hétérogène, commença à se fissurer de 1983 (année du départ des enseignants de l’ENSH) jusqu’au sortir de la grève étudiante de juillet 1985.

L’année précédente (?), M. Corajoud avait démissionné de ses fonctions de chef d’atelier et avait été remplacé par Isabelle Auricoste. Alors que G. Clément avait quitté l’école dès l’automne 1981.

L’Institut français du paysage

Pendant toute l’année 1983, les enseignants de l’école vont travailler la faisabilité du projet d’IFP. Ils sont répartis en groupes de travail : sur les locaux, la formation, le centre de documentation, la promotion du paysage et la recherche8. Le rapport de P. Harvois, un peu expéditif et superficiel, leur est peu connu.

Dès la fin du mois de mai, les premières conclusions sont résumées9. Faut-il adopter le modèle de l’université ou des grandes écoles d’ingénieurs ? La transdisciplinarité des ateliers de conception apparait comme une nécessité avec une logique de pensée transversale (le projet) et verticale (les disciplines de connaissance). C’est donc le modèle des écoles d’architecture, avec une formation en 5 ans qui prévaudra. Il prévoit un premier cycle de « préparation intégrée et d’orientation » en deux ans après le bac avec un maximum de 180 étudiants. Cette formation définit ses objectifs autour de quatre mots clés partagés par les différentes disciplines (analyse du paysage, interrelation entre ses éléments, travail de mise en forme et démarches spécifiques). Cinq champs thématiques sont prévus : approche plastique, perception et communication de l’espace, écologie et sciences du milieu, espaces humains et sociétés, techniques et pratiques, avec des enseignements obligatoires et à options.

Le cycle de diplôme (deux années de deuxième cycle et une année de 3ème cycle) concernerait 45 étudiants par promotion et serait couronné par le DPLG. Il serait organisé autour des exercices courts et longs de projets d’ateliers à partir des champs thématiques approfondis du premier cycle. S’y ajouteraient des enseignements post-diplômes spécialisés en deux ans dans le cadre des laboratoires de recherches (jardins historiques par exemple), des formations universitaires à la recherche et des « certificats d’études supérieures de paysage en… » ouverts aux ingénieurs et aux architectes, entre autres10. Sans compter la formation permanente en trois ans, les écoles d’amateurs, la formation continue et la sensibilisation au paysage.

Le programme est ambitieux et préfigure une grande partie de l’organisation future de l’ENSP, à l’exception du premier cycle.

Pourtant quelques nuages commencent à obscurcir l’horizon du projet.

La formation initiale dans le projet d’institut français du paysage, 31 mai 1983

Réticences et concessions

Dès juillet 1983, Jean-Pierre Duport, directeur de l’Architecture au ministère de l’Urbanisme et du Logement avertit : « En ce qui concerne la mission d’enseignement de l’Institut, je souhaiterais qu’elle ne soit pas conçue comme un monopole absolu… », mais que des sessions de formation (de type certificat) soient ouvertes aux diplômés d’architecture, ainsi que des passerelles permettant à des titulaires du 1er cycle d’entrer dans le second cycle de l’institut. Il précise « en outre le doctorat d’enseignant chercheur me parait d’une destination insuffisamment large car il sanctionne la seule formation d’enseignants »11.

Trois mois plus tard, en septembre, une note de P. Harvois au directeur de cabinet du ministre de l’agriculture est plus préoccupante. Il lui indique que « le silence de l’Agriculture au regard de ses engagements pour la création de l’Institut du paysage risque de décourager les autres partenaires qui avaient manifesté leur intention de s’associer concrètement au projet »12.

Un des points de blocage concerne la nécessité d’un premier cycle spécifique, couteux en espace et en personnel. R. Chaux le justifie avec des arguments pédagogiques et, ressentant une réticence de fond du conseiller, n’en fait pas une condition de la création de l’IFP13. Le système de l’ENSP, écrit-il, malgré ses inconvénients, donne une formation reconnue comme satisfaisante ». Le diplôme de paysagiste DPLG n’a-t-il pas été classé au même niveau que celui d’architecte DPLG? Il propose que, si cette création « était remise à plus tard », l’annonce de la création de l’IFP sur la commune de Guyancourt et des mesures transitoires (notamment la création de postes d’enseignants) soit faite dans le cadre du tricentenaire du Potager du roi en décembre.

Il semble cependant se faire peu d’illusions : « si aucun département ministériel n’a les moyens d’assumer les missions de l’IFP, (il prévoit) des conséquences graves, un gâchis d’énergie et de moyens, et la mise en place d’expédients de mauvaise qualité dans les UP d’architecture »14.

De leur côté les praticiens paysagistes insistent : Il faut en finir, disent-ils, avec un aménagement paysager « réduit à une opération (surcoût) de maquillage après coup » et porter l’effectif de praticiens de 300 à « 1200 à 1500 paysagistes »15.

L’annonce ministérielle

Le 16 décembre, trois cents ans après la fin des travaux de création du Potager du roi, R. Chaux, en tant que « 17éme successeur du fondateur Jean-Baptiste de la Quintinye », retrace l’histoire mouvementée des lieux où cohabitent, (encore pour 10 ans, ce qu’il ne sait pas) l’ENSH et l’ENSP16. Que vont devenir ces lieux en fonction du projet incertain d’IFP ? Que va annoncer Michel Rocard, ministre de l’Agriculture et de la Forêt ? Sachant que la DGER s’estime démunie des moyens nécessaires à son montage et à son fonctionnement17.

Le Potager doit son histoire prestigieuse à la persévérance de l’État et, suggère le ministre, il en sera de même demain. Aussi commence-t-il par rassurer l’ENSH « J’ai donné mon feu vert et décidé d’appuyer le projet d’une installation complémentaire, non loin de Versailles, sur un espace de 5 à 10 hectares mitoyen du centre INRA de Guyancourt, le domaine de la Minière, qui permettra à l’ENSH de disposer de moyens d’expérimentation et de recherche qui lui font actuellement défaut ». Puis il fait l’éloge du renouvellement des compétences paysagistes et confirme que : « le ministère de l’Agriculture en accord avec le ministre de l’Urbanisme et du Logement et le secrétariat d’État auprès du premier Ministre chargé de l’Environnement et de la qualité de la vie, a décidé de créer, à partir de l’ENSP un Institut français du paysage, établissement public doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Il sera implanté sur la commune de Guyancourt et le site du Potager du roi, avec dans le cadre de la décentralisation, des antennes pédagogiques diversifiées. »18.

Il insiste sur la participation des autres ministères et annonce à l’automne 1984 les premières assises nationales du paysage à Aix-les-Bains.

Rassérénés, les enseignants, les étudiants et les paysagistes praticiens attendent désormais la signature du décret fondateur et l’application des mesures transitoires, en particulier la création de quatre postes d’enseignants permanents.

Vers la signature des décrets

Pendant toute l’année 1984, deux groupes de travail de la DGER et de l’ENSP vont travailler à approfondir le projet. L’un est chargé de la mise au point du décret de création de l’IFP et l’autre de l’implantation à Guyancourt. Dès mars, écrit R. Chaux, il apparait que la DGER ne prendra pas l’initiative de faire des propositions, si elle n’y est pas invitée expressément par le cabinet19. La DGER (MM. Soyeux et Carcassonne) n’affirme en effet toujours pas de position claire sur son engagement.

De leur côté les enseignants de l’ENSH, la maison mère de l’ENSP, font valoir leurs propres projets. Car leurs effectifs d’étudiants depuis la réforme de 1976 ont doublé. Besoins en locaux d’enseignement pour les filières « Techniques et économie de l’horticulture » et «Sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers », besoins en personnels de recherches pour les laboratoires, extension de la documentation, enseignement des langues… Demandes qui pourraient être satisfaites en partie sur les terrains de la Minière à Guyancourt. Mais à condition de ne pas céder définitivement de l’espace à l’ENSP au Potager du roi. Car le pôle paysagiste de l’IFP au Potager du roi devait-il n’être qu’un « expédient temporaire » en attendant sa relocalisation totale à Guyancourt, comme l’indiquait le groupe de travail « Gestion de la mise en place de l’IFP » 20 ?

En outre le groupe de travail « Potager du roi » et la commission permanente du conseil général demandent à ce que la gestion du Potager du roi ne reste pas à la seule charge de l’ENSH.

Au cours de ce même mois de mai, les services techniques du ministère de l’agriculture chiffrent l’installation de l’IFP à Guyancourt en deux tranches (au moins 5500F/m2 pour 4500 m2 de planchers, soit environ 26 millions de francs avec l’aménagement des abords immédiats)21. Mais J. Renard, directeur de l’aménagement à la DIAME, sollicité pour le financement, manifeste sa plus grande perplexité sur l’argumentation du projet d’IFP22. Doute sur le nombre de paysagistes envisagé, faiblesse de la dimension du paysagisme d’aménagement et de la recherche, flou de la pédagogie… Il ne dispose pas des crédits demandés en 1984, peut-être en 1985.

En juillet, les services de l’inspection du ministère rendent un rapport très critique sur la situation de l’enseignement à l’ENSH/ENSP de Versailles : fonctionnement complexe et peu satisfaisant, gestion confuse sans enseignant titulaire à l’ENSP23.

À la rentrée de 1984, d’autres voix se font entendre. B. Lassus diffuse le projet d’un certificat d’études approfondies (CEA) Jardins et paysages à l’UP d’architecture n° 6 de Paris. Il implique deux pôles d’enseignement, un à Paris avec d’autres enseignants d’UP (M. Conan et J. Christiany de l’UP4) et de l’université (A. Cauquelin, J. Duvignaud) et l’autre à Versailles (l’ENSP). D’autres (J. Dreyfus, proche de B. Lassus, notamment) insistent sur les questions sociales que posent les pratiques de jardin et de paysage24.

Comme dans le premier projet d’Institut du paysage de 1972, la décision réelle du projet reste sous la tension de points de vue contradictoires. D’un côté, l’hésitation motivée de la DGER entrainant celle de ses partenaires ministériels et du gouvernement, de l’autre des initiatives multiples et l’engagement de R. Chaux et de quelques enseignants montrant l’enjeu politique local et national de ce projet.

Aux assises du Paysage d’Aix-les-Bains (600 participants), le 13 octobre 1984, M. Rocard confirme les objectifs interministériels de l’IFP de Versailles-Guyancourt et la signature prochaine du décret fondateur. « La rentrée 1985 devra se faire à Versailles dans le cadre de l’IFP qui aura reçu sa première dotation en personnel, et en 1987 à Guyancourt ».

En novembre les projets de décrets, précisant sa structure, ses missions, son personnel et ses enseignements sont rédigés25. Et les ministères concernés autres que l’Agriculture semblent prêts à participer au financement, à condition que le ministère de l’Agriculture « donne des preuves de sa bonne volonté »26.

Du compte-rendu du conseil général de l’ENSH/ENSP27, il faut retenir que pour R. Chaux « les décrets, en Conseil d’État, sont à la signature pour parution au cours du premier semestre 1985 ». De son côté l’association des anciens élèves de l’ENSH et de l’ENSP s’inquiète du rapport Mothes visant à intégrer l’horticulture dans des « centres de productions végétales ». Elle pense que la réflexion sur le programme pédagogique de l’IFP est « à peine commencée », et demande des précisions claires sur les articulations entre la filière Sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers et l’IFP.

La désillusion

Une longue attente commence, surtout après le départ de Michel Rocard du ministère de l’Agriculture le 4 avril 1985 et son remplacement par Henri Nallet.

Le 22 (ou le 19) mars les étudiants lassés d’autant d’atermoiements, se mettent en grève. Ils viennent d’apprendre que l’ENSP n’est pas sur la liste des établissements accédant à l’autonomie financière et administrative en 1985. Puis les enseignants font de même le 25 mars. Dès le 26 mars, R. Chaux demande à Bernard Vial, nouveau directeur de cabinet, à rencontrer le ministre. Les engagements pris seront-ils respectés ?

Une semaine après, il propose à la DGER l’ouverture en juin d’un concours de maitre de conférences en « Théorie et pratique du projet de paysage », un moyen parmi d’autres de calmer la colère et la déception des étudiants et des enseignants28. Et surtout de pouvoir faire la rentrée avec un enseignant titulaire responsable des ateliers de projet. Car, dès le 4 mars, il a reçu l’assurance, par M. Carcassonne, de l’attribution d’un poste de maître de conférence à l’ENSH pour l’ENSP et d’un poste d’attaché d’administration et d’intendance en 198529.

Au même moment l’assemblée générale des étudiants de l’ENSP demande à rencontrer le ministre et son conseiller technique M. Carcassonne. Ils souhaitent s’informer sur la mise en œuvre du projet d’IFP et des mesures transitoires (autonomie, dotation en personnel enseignant : 2 postes en 1985, 3 en 1986, décret de création). Les enseignants font de même et sont reçus le 24 avril. On leur répond, dans la version étudiante « que les promesses ne seraient pas tenues, mais renvoyées à plus tard »30 ; dans la version enseignante que « les raisons sont administratives, sans explication de fond »31.

Le 6 mai, la DGER ne répond toujours pas à l’incertitude générale, le nouveau ministre -apprendra-t-on plus tard- n’ayant toujours pas pris connaissance du dossier. R. Chaux demande à nouveau un rendez-vous à son conseiller. Simultanément le nouveau DGER, Michel Gervais avec son sous-directeur M. Soyeux reçoit un groupe d’étudiants32.

De leur côté, comme en 1972, les paysagistes enseignants et les élèves tentent de contacter des personnalités politiques ou professionnelles pour éviter un échec probable. Jack Lang, en visite gastronomique à Versailles, est invité au Potager du roi. Des paysagistes d’écoles de paysage anglaise et yougoslave, le président de l’IFLA Zvi Miller, les députés de Versailles (Etienne Pinte), d’Hazebroucke, des Côtes-du-Nord et de l’Allier, ainsi que des parents d’élèves écrivent au ministre.

Le 21 mai, après une entrevue avec MM. Jactel et Soyeux, R. Chaux fait connaitre à la commission permanente du Conseil général la position de la DGER. La décision de création de l’IFP n’est pas remise en cause ; les solutions financières devront être trouvées et un conseil d’administration propre à l’ENSP avec de nouveaux moyens sera créé à la rentrée 1985. Il ne rappelle pas, car cela est connu de tous, que le 26 juin 1985 devrait avoir lieu le premier concours de recrutement d’un maître de conférences dans la discipline Théories et pratiques du projet de paysage.

Comme la grève dure toujours, accompagnée de manifestations étudiantes spectaculaires à Paris (des projections sur les murs du Louvre), MM. Raffi, Gervais, Soyeux et Carcassonne rencontrent, le 5 juillet, les représentants des étudiants (M. Claramunt, C. Dard et P. Jacotot) et des enseignants (M. Rumelhart et A. Provost). La tension a en effet monté, y compris avec des altercations sur le perron du ministère. M. Raffi demande l’arrêt des désordres et précise la position du ministère : 1/Le ministère ne sera ni leader, ni seul acteur du projet d’IFP. 2/Un premier chargé de mission, B. Fischesser, ingénieur en chef du génie rural et des eaux et forêts au CEMAGREF de Grenoble sera nommé pour répondre à la question : « Un institut du paysage, pourquoi, comment et avec qui ? ». 3/ si un IFP est créé, cela se fera d’abord dans les faits et ensuite dans les textes. Aussi un second chargé de mission sera chargé, dans ce cas, en tant que futur directeur probable, de mettre en place une « structure IFP préparatoire ».

Le rapport de B. Fischesser

Le 20 aout 1985, B. Fischesser reçoit sa lettre de mission. Il remettra son rapport en novembre de la même année. La rentrée de l’année scolaire 1985-1986 s’est faite normalement après le recrutement de M. Corajoud comme maître de conférences.

Le chargé de mission suit en fait les orientations données par M. Raffi. Il fait de l’IFP un but à moyen et long terme et énumère les objectifs de développement de l’ENSP actuelle au côté, puis avec l’ENSH au sein du Potager du roi. L’autonomie administrative et financière apparait comme « une obligation sans alternative » avec une nouvelle direction sensible aux questions singulières de paysage. Il en est de même pour la dotation d’«une masse critique d’enseignants permanents», de la construction d’un nouveau projet pédagogique avec une redistribution des volumes horaires entre départements, de l’accueil d’élèves d’autres formations (agronomes, architectes notamment), de l’association de l’enseignement et de la recherche à développer, du développement d’une documentation adaptée et modernisée, et de l’ajout d’ un premier cycle.

Reconnaissant toute la valeur originale de la formation existante, il se prononce néanmoins pour un rééquilibrage entre les formations d’arts plastiques et celles insuffisantes de techniques de représentation et de communication, pour une ouverture scientifique et technique plus grande et pour le développement des projets de « grand paysage » comme ceux explorés par les premiers ateliers pédagogiques régionaux de quatrième année depuis 1983.

Ce rapport confirme des pistes déjà connues pour construire d’abord l’IFP dans les esprits et les faits, avant d’imaginer un cadre juridique nouveau et de nouvelles implantations hors du Potager du roi.

Car dans les faits et les esprits, l’IFP a été construite dans les trente années qui ont suivi. Des services documentaires propres, un laboratoire de recherches actif, une formation doctorale reconnue, un nouveau projet pédagogique, une quatrième année formatrice, une formation continue, des écoles d’amateurs, une revue de qualité et un corps d’enseignants-chercheurs titulaires de 14 personnes permanentes et de nombreux vacataires et contractuels ont vu le jour. Mais l’autonomie financière et administrative n’a pu être obtenue qu’avec le départ (douloureux et programmé) de l’ENSH à Angers dix ans plus tard.

Aujourd’hui, personne ne songe à réclamer un IFP, puisque l’ENSP de Versailles-Marseille en a été la concrétisation.

Conclusion

Cet épisode de la vie de l’ENSP de Versailles est sans doute significatif d’une opposition qui structure la vie politique ordinaire. Entre ceux, surtout des responsables politiques nationaux, qui avancent des projets ambitieux, et les administrateurs des ministères qui en financent la réalisation et la gestion. Dans beaucoup de situations, les législateurs préfèrent entériner par la loi une situation évolutive qui fonctionne bien, mais au cadrage légal discutable, plutôt que de prendre des risques avec une création ambitieuse mais aux résultats incertains. C’est probablement ce qui explique l’échec du premier institut du paysage en 1972, autant que les oppositions des corps d’ingénieurs du ministère.

Il montre aussi que l’engagement de la direction de l’ENSP, et la grève des étudiants et des enseignants ont été la condition de ce développement pragmatique obtenu dans un contexte conflictuel.

En 1972, c’est surtout l’opposition d’Etienne Le Guélinel, le directeur de l’ENSH, qui a fait échouer le projet d’Institut du paysage, sans doute avec l‘appui de la DGER, et a provoqué la création du CNERP. En 1985, c’est le ministère de l’Agriculture lui-même qui a réorienté le processus de projet de l’IFP vers une co-construction longue, mais au final fructueuse. L’ambition politique du paysagisme d’aménagement a fini par s’hybrider avec l’héritage historique de l’art des jardins dans une pensée capable de maîtriser les échelles de temps et d’espace, et les paysagistes concepteurs de devenir des acteurs polyvalents appréciés par les politiques de l’aménagement du territoire.

Le projet utopique de P. Harvois est devenu réalité, mais sous une forme et selon un processus qu’il ne prévoyait pas.

P. Donadieu

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Bibliographie

B. Fischesser, L’avenir de l’école nationale supérieure du paysage de Versailles, rapport au ministre de l’Agriculture, octobre 1985.


Notes

1 La Mission du paysage est dirigée depuis 1979 par Alain Riquois, ingénieur du Génie rural et des Eaux et Forêts. Il deviendra directeur de l’ENSP en 1990.

2 Une nouvelle politique du paysage, CIQV, doc. Ronéo., 1981.

3 Op. cit., p. 3

4 Cette cellule qui regroupait huit membres permanents s’est réunie tous les deux mois de 1981 à 1983 pour réfléchir aux questions posées par l’évolution du paysage rural. B. Fischesser, L’avenir de l’école nationale supérieure du paysage de Versailles, rapport au ministre de l’Agriculture, octobre 1985, p. 35.

5 P. Harvois, Note sur la création d’un Institut français du paysage, 27 décembre 1982.

6 La décision du transfert sera prise en 1993 et sera mise en œuvre de 1995 à 1997.

7 Jusqu’en 1983 ou 84. Des paysagistes comme H. Bava ou M. Desvignes ont connu ce système pédagogique d’ateliers sans option.

8 Courrier du 2 mars 1983 de R. Bellec aux enseignants.

Note sur l’organisation de la formation au paysage dans le cadre du futur institut français du paysage, Document de travail, RB/CC, n° 441, 31 mai 1983.

10 Note…, ibidem.

11 Lettre de J.-P. Duport à R. Chaux du 1er Juillet 1983.

12 B. Fischesser, op. cit., p. 36.

13 Lettre de R. Chaux à M. Pingaud, Cabinet du ministre de l’Agriculture, 10 octobre 1983.

14 Ibidem.

15 Pour une politique d’aménagement d’un espace de qualité : l’Institut français du paysage, non daté. Ce texte qui date sans doute de 1983, émane peut-être de la FFP.

16 R. Chaux, 300 ans d’histoire au Potager du roi, Discours prononcé à l’occasion du tricentenaire du Potager du roi, 16 décembre 1983, 5 p.

17 B. Fischesser, op. cit., p. 36.

18 M. Rocard, intervention au tricentenaire du Potager du Roi, 16 décembre 1983, doc. ronéo, 7 p.

19 Lettre de R. Chaux à M. Pingaud conseiller technique au cabinet du ministre du 9 mars 1984

20Lettres de R. Chaux à M. Soyeux, sous-directeur de l’enseignement supérieur, DGER, du 9 mai 1984

21 Lettre de J. Lourdin, bureau d’études et de contrôle des constructions administratives, DGAF à M. Pingaud, Cabinet du ministre, 22 mai 1984.

22 Lettre de J. Renard à M. Pingaud, le 11 mai 194

23 B. Fischesser, op. cit., p. 36

24 Lettre de J. Dreyfus, ingénieur général des Ponts et Chaussées, et J.-C. Saint-Maurice à R. Chaux, septembre 1984.

25 Institut français du paysage de Versailles-Guyancourt, Projet, YS/SL, ministère de l’Agriculture, novembre 1984.

26 B. Fichesser, op. cit. p. 37.

27 Compte-rendu de la réunion du conseil général de l’ENSH et de l’ENSP, 13 décembre 1984.

28 Lettres à la DGER (Madame Robinet), du 26 mars 1985.

29 Lettre de M. Carcassonne à R. Chaux du 4 mars 1985. Le poste est prélevé sur la dotation prévue à l’ENFA de Rennes. La décision a été prise par C. Jactel, chef du service de l’enseignement, dès janvier 1985.

30 Tract distribué au ministère de l’Agriculture, sans date.

31 Lettre du 29 avril à H. Nallet des 16 enseignants paysagistes vacataires de l’ENSP.

32 Il s’agissait de C. Alliod, Charles Dard, Jerôme Boutterin, Michel Collin et Marc Claramunt.

Répertoire Notes

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Les sigles principaux utilisés :

CJP Créateurs de jardins et de paysage, en France du XIXe au XXIe siècle, M. Racine, édit., Actes Sud/ ENSP Versailles, 2002,

CNERP, Centre national d’étude et de recherche du paysage de Trappes (78) (1972-1979). Centre interministériel de formation au paysage d’aménagement créé à l’initiative de Robert Poujade premier ministre de l’Environnement.

DEP Diplôme d’État de paysagiste (2015) ; voir ENSP

DPLG diplômé par le gouvernement, titre professionnel (paysagiste DPLG) attribué aux élèves de la Section du Paysage et de l’Art des jardins de 1961 à 2018 après deux puis quatre années de formation selon les époques. Le diplôme d’État de paysagiste (DPE) qui lui a succédé en 2015 donne accès au titre professionnel de paysagiste concepteur (landscape architect).
La date indiquée est celle de la parution de l’arrêté au Journal officiel pour ceux qui sont passés par le concours en loge après leurs études à la Section.

ENA École nationale d’administration

ENS École normale supérieure (rue d’Ulm à Paris).

EN(S)H, École nationale (supérieure) d’horticulture de Versailles (1873-1995). Elle a délivré le diplôme d’ingénieur horticole obtenu en 3 ans de 1927 à 1974, puis celui d’ingénieur de l’ENSH, en tant qu’école d’application en deux ans des écoles d’agronomie (1976-1995).

ENSP, École nationale supérieure de (du) paysage de Versailles (>1995). Elle a délivré au bout de quatre ans d’étude le diplôme de paysagiste DPLG de 1979 à 2018, puis délivre au bout de trois ans d’étude le diplôme d’État de paysagiste (DEP) à partir de 2018. Ce dernier diplôme donne accès au titre de paysagiste concepteur (=architecte paysagiste) depuis 2016.
L’année indiquée est celle de l’admission sur concours. Presque toutes les personnes admises sur concours ont obtenu le diplôme et titre professionnel de paysagiste DPLG.

IH, ingénieur horticole, diplôme de l’ENSH délivré de 1927 à 1974. L’année indiquée est celle de l’inscription dans l’établissement qui est celle du concours d’entrée.

INRA, Institut national de la recherche agronomique.

JPT Diplôme d’étude approfondie « Jardins, paysages, territoires », formation de recherche doctorale dispensée à l’école d’architecture de Paris-La Villette de 1989 à 2008 avec l’EHESS puis l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle fut dirigée par B. Lassus et A. Berque, puis par Y. Luginbühl.

GERP : groupe d’études et de recherches du paysage (1969-72), voir CNERP, B. Barraqué et P. Dauvergne. A préfiguré l’association Paysages (1968-75) qui a été le support du CNERP (1975-79)

GPP : Grand prix du paysage attribué tous les deux ans par le ministère chargé de l’Environnement

GPU : Grand prix de l’urbanisme attribué tous les ans par le ministère chargé de l’urbanisme

LAREP, laboratoire de recherches sur le projet de paysage et d’accueil de doctorants créé en 1993 à l’ENSP par P. Donadieu et A. Fleury.

SP : section du paysage et de l’art des jardins (1945-1974). L’année indiquée est celle de l’inscription dans l’établissement qui est celle du concours d’entrée. Le titre de paysagiste DPLG (1961-2015) est obtenu soit après une ou deux années d’études sanctionnées par un certificat d’études, plusieurs années de stage en agences et un concours en loge (SP de 1947 à 1985), soit au bout de quatre années d’étude (ENSP de 1979 à 2018).
L’année indiquée est celle de l’admission sur concours. Une grande partie des personnes admises sur concours à la section du paysage et de l’art des jardins ont obtenu le titre professionnel de paysagiste DPLG.

SPF : Société des paysagistes français

STCAU ; Service technique central d’aménagement et d‘urbanisme (direction de l’aménagement et de l’urbanisme qui dépendait du ministère de l’Équipement et du Logement (1967-1970)

TDPP, master 2 “Théories et démarches du projet de paysage” : parcours de formation à la recherche doctorale créé en 2006 à l’ENSP avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et AgroParistech (école doctorale ABIES) par P. Donadieu.

Enseignant(e): toute personne ayant enseigné dans la Section du paysage et de l’art des jardins de l’ENSH, à l’EN(S)H et à l’ENSP, au CNERP et dans quelques masters extraversaillais : titulaire (professeur, maître de conférences, maître-assistant, assistant, ingénieur de recherche, ingénieur d’étude), vacataire, en CDI ou CDD. Cet enseignement peut prendre des formes diverses (cours, conférences, travaux dirigés, travaux pratiques, encadrement d’ateliers, voyages, encadrement de mémoires …)

Chercheur(e) : toute personne, en général titulaire d’un doctorat universitaire, ayant exercé ou exerçant des activités de recherche théorique ou appliquée, et de publication dans un cadre universitaire public ou privé.

Personnel : toute personne ayant participé, sous une forme ou une autre, à la formation des étudiants (directeur, secrétaire général, direction des études, agent comptable, documentaliste, secrétaire, assistant (e), chargé(é) de mission, informaticien, directeur du potager, jardinier…)

La liste des noms cités, qui apparaissent dans les procès-verbaux des conseils des enseignants depuis 1946 et sur le site web de l’ENSP en 2018, n’est pas exhaustive. Elle n’est pas non plus limitée à l’ENSH/ENSP mais concerne toutes les personnes qui de près ou de loin ont joué un rôle, même modeste, dans les formations versaillaises (ou non) des paysagistes.

Notice sur les bâtiments du Potager du Roi à Versailles

Le potager du roi a été construit par Jean-Baptiste de la Quintinie de 1678 à 1683

La Figuerie a été rehaussée d’un étage en 1901, Jules Nanot étant directeur.

La Coopérative (le foyer des élèves), actuel bâtiment Saint-Louis, a été terminée en 1928, Fernand Pinelle étant directeur de 1924 à 1940

Les bâtiments le long de la rue Hardy ont été construits à la fin des années 1950 à la place des serres adossées au mur, Etienne Le Guélinel étant directeur (1959-1974). Les laboratoires de Chimie ont été inaugurés en 1961.

Répertoire ENSH-ENSP Versailles

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Petit Répertoire
des enseignants, chercheurs et personnels

de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’EN(S)H de Versailles et de l’ENSP de Versailles-Marseille, du Centre national d’études et de recherches du paysage de Trappes, et de quelques autres écoles de paysage françaises et étrangères (Bordeaux, Lille, Blois, Angers…)

Version du 19 mai 2020
(en cours de modification)

Pierre Donadieu et Roland Vidal proposent un répertoire conçu comme une base de données biographiques à usage des chercheurs et des enseignants, mais également de tout public curieux de l’histoire des formations dispensées au Potager du Roi de Versailles de 1874 à nos jours, et de leur contexte institutionnel.

Accessible à tous sur le site topia.fr, il est destiné à être corrigé, complété et actualisé par toute personne qui en aurait la possibilité. Vous pouvez répondre directement sur le site.

Cette version est une ébauche en cours de correction et de complément. Les noms cités sont retenus au fur et à mesure de la progression de nos recherches, sans sélection particulière.

Sigles utilisés, définitions et notes diverses

 


A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

 

A

Adam François, ENSP 1990, JPT, CAUE des Yvelines, enseignant au master TDPP.

Albisser Nathalie, née en 1972, ENSP 1993, assistante d’enseignement contractuel ENSP (ateliers) Marseille de 2000 à 2008.

Allain Yves-Marie, IH 1966, SP 1968, DPLG (date à préciser), membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement et président après Raymond Chaux en 1994 de l’association Promotion du paysage qui portait la revue jusqu’en 1996.

Alvéry Pierre, SP 1968, enseignant (assistant) à la SP de 1969 à 1972.

Ambroise Régis, ingénieur agronome Montpellier, Mission du paysage, Direction de l’espace rural et de la forêt (Ministère de l’Agriculture), enseignant au master TDPP et au cycle DPLG, président du collectif Paysages de l’après pétrole en 2018. Biographie.
Ouvrage de R. Ambroise & Odile Marcel

André Edouard 1840-1911, horticulteur, botaniste, journaliste et architecte paysagiste, enseignant à l’ENH à la chaire d’architecture des jardins et des serres de 1892 à 1900. Il a succédé à Auguste Choisy et a précédé son fils René-Edouard. Il a eu deux fils et une fille.
Page WikipédiaArticle de Florence André-Olivier – Article d’Alain Durnerin

André René, Jules, Edouard, 1867-1942, marié quatre enfants, ingénieur des arts et manufactures en 1890, architecte paysagiste, enseignant à l’ENH à la chaire d’architecture des jardins et des serres, d’abord suppléant depuis le 19 mai 1900 en remplacement de son père, puis professeur titulaire du 20 novembre 1911 au 17 septembre 1934. Il a succédé à son père Edouard  et a précédé Ferdinand Duprat.
Fonds André aux Archives des Yvelines

René-Edouard André (1900). Fonds F. E. André

Anstett Alfred, professeur à l’ENSH de sciences du sol et de fertilisation depuis 1955, à la Section de 1967 à 1972, puis à l’ENSP de 1977 à 1983. Il remplace M. Chaminade, professeur de chimie et de sciences du sol à l’ENH.

Antoine Serge, 1927-2006, ENA, Cour des comptes 1954, DATAR 1963, chargé de la recherche puis des relations internationales au ministère de l’Environnement. Membre du Haut comité l’environnement.
N’a pas enseigné à l’ENSP, mais a participé à la naissance du CNERP dans les années 1970.
Page Wikipédia

Anton (l’) Jean-Marc, né en 1962, ENSP 1983, enseignant et responsable du département des techniques à l’ENSP de 1993 à 1999. Il a précédé Armelle Varcin à ce poste.
Maitre assistant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris Val de Seine en 2018. Paysagiste Conseil de l’État en 1995. Publication : Dessiner le Temps : Landscape in time. L’Anton & associés , paysage&urbanisme.
Page de l’Agence L’Anton

Argant Sébastien, ENSP 1995, enseignant au département d’écologie de l’ENSP (> 1990).

Aubry Christine, ingénieur agronome, INRA SAD Paris, enseignante au master TDPP
C. Aubry a repris les recherches en agriculture urbaine initiées par A. Fleury à l’ENSP en 1993.

Aubry Pascal, né en 1946, SP 1968, DPLG 1980 (concours en loge en 1975), enseignant ENSP (1977-1987), puis maitre-assistant à l’École d’architecture de Paris-La Villette et coordinateur, après Michel Viollet, de la quatrième année ENSP. Béatrice Julien-Labruyère lui a succédé en 2006. Paysagiste conseil de l’État.
Publications
Les Ateliers pédagogiques régionauxLa quatrième année (article)

Audias Albert 1904- 200 ?, IH 1921, paysagiste DPLG, enseignant en études des sites et paysages, espaces verts, à la Section de 1946 à 1973. Ancien collaborateur de l’architecte paysagiste Ferdinand Duprat de 1928 à 1939, puis chargé de mission à la ville de Paris au service de Robert Joffet (terrains de sports, inventaire des espaces verts du département de la Seine), il se consacre ensuite aux espaces verts de Saint-Nazaire et au parc de la Courneuve (1956).

Audouy Michel, ENSP 91, enseignant en techniques pour le paysage depuis 2002.
Michel Audouy est secrétaire général de la Fédération Française du Paysage et Président délégué de Val’hor, interprofession de l’horticulture en 2018, 2019, 2020. En 2013 il est co-organisateur avec Chiara Santini, du cycle de conférences « André Le Nôtre, de l’héritage à l’action » à l’occasion du 400ème anniversaire de la naissance du grand jardinier. Article sur Europeangardens.

Auricoste Isabelle, née en 1941, SP 1962, enseignante à l’ENSP (Ateliers de projets 1982-89), puis à l’ENSAP de Bordeaux à partir de 1991, GPP 2000.
Voir notice de Anne Demerlé-Got, CJP, p. 286. Entretien avec Astrid Deroost


B ^

Barraqué Bernard, Directeur de recherche, École nationale des Ponts-et-Chaussées, puis AgroParistech, auteur de « Le paysage et l’administration », 1985, l’une des premières recherches importantes sur les politiques publiques de paysage en France.
N’a pas enseigné à l’ENSP.

Baudé Jean-François, né en 1946, photographe et artiste, enseignant à l’ENSP (arts plastiques) depuis 1980.

Baudelot-Mollie-Stéfulesco Caroline, SP 1961, membre de la Mission du Paysage du ministère de l’Environnement 1979-1997, auteure en 1993 de L’urbanisme végétal et en 2009, Des arbres dans la ville, l’urbanisme végétal.

Baudron Yves, né en 1939, assistant ingénieur ENSH-ENSP en 1994, affecté au département Nature, sciences, société en 2000, retraité en 1999 et toujours actif au Potager du roi en 2019.

Bava Henri, né en 1957, ENSP 1980, enseignant à l’Université de Kassel, trophée du paysage 1991, GPP 2008, GPU 2018 (Agence TER). Président de la FFP en 2000 et 2018, 19, 20.
Directeur de l’Agence Ter. Publications : L’urbanisme des milieux vivants, Agence Ter Parenthèses 2018 ; 357824 ha de paysages habités, of inhabited landscaped par Agence Ter AAM éditions Ante Prima 2011.
Grand prix de l’urbanisme (Agence Ter).

Beccaletto Jacques, né en 1947, chef du service des cultures ENSH/ENSP, assistant ingénieur de formation et de recherche au Potager du roi de 1969 à 2011. Jérôme Meynard lui  a succédé à la responsabilité des cultures fruitières du Potager du roi.

Beccaletto Catherine, assistante comptabilité, ENSH ENSP.

Bellaigue (de) Raymonde, historienne du Potager du Roi, Le Potager du Roi, 1678-1793, ENSH, 1982

Bellec Roger 1933-2017, animateur socioculturel des lycées agricoles, secrétaire général et enseignant (techniques de communication) à l’ENSP de 1977 à 1985.
Guy de la Personne lui a succédé comme secrétaire général.

Bénard Odile, secrétaire ENSP en 1990.

Berlin Ericné en 1963 ? ENSP 1979, enseignant ENSP 2000-2005,  puis enseignant ENSArchitecture de Lille Agence Empreinte.

Bernard Jean-Louis, architecte, enseignant de morphologie architecturale en 2éme année à la SP, de 1972 à 1974.
Introduit par Jacques Simon.

Bernard Jean-Paul, SP 1949, ingénieur divisionnaire des services paysagers de la ville de Paris. Enseignant à la SP de ? à 1971 (Techniques de travaux de jardins).

Bernard Jean-Pierre, IH 1945, SP 1948, enseignant d’urbanisme opérationnel à la Section de 1960 à 1970

Berque Augustin, né en 1942, géographe et philosophe, directeur d’études à l’EHESS, cofondateur et enseignant avec Bernard Lassus de la formation doctorale “Jardins, Paysages, Territoires” à l’École d’architecture de Paris-La-Villette avec l’EHESS à Paris de 1989 à 2008. Page Wikipédia.

Bertrand Etienne, ENSP 1985, enseignant ENSP, coordinateur pédagogique de la formation continue en 2018

Bériac Jean-Pierre, Chargé d’études documentaires aux Archives départementales de la Gironde de 1971 à 2001, puis enseignant d’histoire des jardins à l’École nationale d’architecture et de paysage de Bordeaux jusqu’en 2008.
Ancien élève de l’École des Beaux-Arts.

Beslay Gilles, secrétaire général ENSP, 1995-2000 ?

Besse Jean-Marc, philosophe, directeur de recherche CNRS, enseignant en quatrième année à l’ENSP et responsable des éditions de l’ENSP (corédacteur des Carnets du paysage notamment) en 2018 (depuis 1998). Enseignant à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille.
Page de l’Université Paris IPage de l’UMR Géographie-cité

Bigot Caroline, ENSP 1986, enseignante en ateliers de projet en 2015, puis à l’Ecole nationale supérieure de paysage de Lille.

Bigot Claude, ingénieur agricole, licenciée es sciences, recruté comme chef de travaux de botanique (1960), puis professeur titulaire de physiologie végétale à l’ENSH.

Blanchon Bernadette, architecte DPLG, enseignante et chercheure en histoire des projets de paysage à l’ENSP (DEP 2e et 3e années) depuis 1987.
Article sur les grands ensembles

Blin Françoise, enseignante de dessin à la Section en 1967-68, puis à l’ENSP de 1976 à 1985. Elle démissionne en 1985 par une lettre au ministre de l’Agriculture Michel Rocard. Elle souhaitait une chaire d’esthétique ou d’histoire de l’art du paysage (PV du conseil des enseignants du 25 mars 1985).

Bocquet Romain, ENSP 2006, enseignant de génie jardinier en 2018 à l’ENSP (département d’écologie)

Bonin Sophie, ingénieur agronome INA Paris Grignon, JPT, géographe, enseignante et chercheure au département de sciences humaines (ENSP) et au master Théories et démarches du projet de paysage depuis 2008.
Page personnelle

Bordes Pierre, ingénieur agricole, enseignant de génie horticole et de topographie à l’ENSH, et à l’ENSP (1976-1984). M. Jouannet lui a succédé.

Bossard René, IH 1928, enseignant à la chaire de cultures ornementales de l’ENSH de 1947 à 1974 ?, enseignant à la SP en 1972. P. Lemattre lui a succédé.
Publications

Boudevin Simon, ENSP ?, enseignant au département d’arts plastiques à l’ENSP en 2018.

Bouillon Didier (1947-2014), ethnologue, chercheur à la fédération des parcs naturels régionaux de France, enseignant-chercheur à l’ENSP de 1987 à 2013, responsable du département de sciences humaines (1993-1996).
Sur le site du village de Nocario, où il avait travaillé.

Bouraoui Moez, ENSP 1991, enseignant et chercheur en urbanisme et aménagement du territoire à l’ISTEUB de Tunis. Maire de la commune de la Marsa (2019).

Bourget Christine, secrétaire pédagogique ENSP depuis 1992.

Bouterin Jérôme, né en 1960. ENSP 1980. Peintre.  Enseignant ENSP en atelier de projet de 1996 à 2006. Maitre assistant à l’ENSArchitecture de Lille 2007-2008 puis  à l’ENSArchitecture de  Versailles depuis 2008. Site.

Bouvier Vincent, né en 1960. ENSP 1986, enseignant et chercheur à l’INHP d’Angers (Agrocampus Ouest) depuis 1998.

Brauns Alice, née en 1967. ENSP 1993, enseignante en projets de paysage (ateliers) ; maître de conférence depuis 2014. Paysagiste conseil de l’Etat.  

Brice Robert, paysagiste diplômé, enseignant de techniques de travaux de jardins à la SP jusqu’en 1956.
Membre du jury du concours en loge.

Briffaud Serge, historien du paysage, enseignant-chercheur des écoles d’architecture en 2018, École d’architecture et de paysage de Bordeaux,
Membre du comité de rédaction de la Revue Paysage + Aménagement (1994-1996).
Coordinateur du projet “Paysage, énergie, montagne“.

Brissard Léon (1865-1930), ingénieur agronome INA en 1886, professeur de cultures potagères à l’ENH de 1892 à 1919.

Brison Henri, ( ?-1962) IH 1937, enseignant à l’école « du Breuil » (un an), paysagiste de la ville de Paris avec D. Collin dans une équipe dirigée par R. Joffet (années 1960). A enseigné dans la Section du Paysage avant 1961.

Brisson Jean-Luc, né en 1956, artiste, enseignant en arts plastiques à l’ENSP de Versailles, et de Marseille en 2018 depuis 1995 ? Coresponsable de la Revue Les Carnets du paysage.
Présentation sur le site “Point de fuite”.

Broux Isabelle, ENSH 1986, Adjointe à la direction de l’enseignement de l’ENSP en 2019.

Brown Alexandre, de 1782 à 1790, il a succédé à Jacques-Louis Le Normand à la direction du Potager du roi.

Bruant Jacques, né en 1947, technicien de formation et de recherche de 1995 à 2010 au Potager du Roi. Responsable des cultures ornementales.

Bruel Anne-Sylvie, ENSP 1981, enseignante en ateliers de projets à l’ENSP de 1997 à 2002 et en 2014, enseignante à l’École d’architecture de Versailles depuis 2017 (ville et territoire), paysagiste conseil de l’Etat depuis 2014. Biographie.

Brunet Bernard, ENSP 2001, École d’architecture et de paysage de Bordeaux, enseignant en 2018.

Broux Isabelle, ENSH 1986,  adjointe à la directions des études de l’ENSP en 2019.

Bry Albert, professeur titulaire de la chaire d’agriculture générale et de cultures légumières de l’ENH nommé le 4 mai 1954.

Buttier Stéphanie, née en 1974, ENSP 1994, enseigne à l’ENSP (arts plastiques, DEP2).
Ses travaux sur Google

Bustarret Jean-Georges, né en 1904, ingénieur INA Paris 1926, premier enseignant de génétique à l’ENH, directeur de la station INRA de Versailles. Membre de l’Académie d’Agriculture de France.


C ^

Cabanel Jean, né en 1935, chef de la mission du paysage (1990-1997), puis du bureau du paysage aux ministères de l’Environnement et de l’Équipement. Il a succédé à Alain Riquois.
«Jean Cabanel a animé l’équipe de la Mission puis du Bureau du paysage des ministères chargés de l’Environnement et de l’Équipement. Son travail a permis la mise au point de méthodes liées à la gestion et à l’aménagement de grands paysages. Sa part active dans la diffusion des idées et des connaissances peut être appréciée dans l’ouvrage Aménagement des grands paysages en France».

Calvagna Simona, géographe,  DEA Jardins, paysages, territoires, Chercheur senior Université de Catane (Italie) en 2019.

Caire Dominique, ENSP 1984, Agence Feuille à Feuille, enseignante à l’ENSNP de Blois.

Camand Jean, IH 1942, DPLG 1955, cours d’urbanisme à Paris de 1946 à 1947 ; travaille avec R. Joffet à la ville de Paris. Travaux à Paris, Sarcelles et pour des commandes privées.
N’a pas enseigné à l’ENSP

Canevet Rozenn, historienne de l’art, enseignante à l’ENSAD de Reims et à l’ENSP (arts plastiques).

Carcaud Nathalie, enseignante et chercheur de géographie physique à AGROCAMPUS OUEST (centre d’Angers, département paysage) et membre du laboratoire ESO (UMR 6590).

Carré Catherine, géographe, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, enseignante au master TDPP (après 2006).

Carrel Jean, professeur titulaire à la chaire de législation rurale et d’économie horticole   à l’ENSH depuis octobre 1959, enseigne le droit foncier dans la Section de 1971 à 1974, puis à l’ENSP de 1975 à 1980 (?). Avant 1959, il était maitre de conférences à  l’École supérieure d’agriculture de Tunis.

L’enseignement d’économie était également assuré depuis 1960 par M. Léger, chef de travaux, issu de l’École d’agriculture de Maison-Carré (Algérie).

Castello Lucien, né en 1941, assistant ingénieur de formation et de recherche ENSH ENSP, 1964-2001.

Cauquelin Anne, philosophe, romancière, essayiste et plasticienne française. Elle a été, durant une dizaine d’années, rédactrice en chef de la Nouvelle revue d’esthétique. Elle est professeur émérite de philosophie à l’université Paris X (Nanterre) et à l’université de Picardie. Elle a publié notamment L’Invention du paysage (PUF) en 2004.

Cavalié Bernard, IH 1966, SP 1968, enseignant ENSP en Techniques (1980-85 ?)

Cazenave Monique, née en 1946, adjointe technique de formation et de recherche ENSH ENSP de 1978 à 2006

Cereghini Elisabetta, architecte, historienne de l’architecture et des jardins, enseignante d’histoire des jardins en première année du cycle paysagiste ENSP, 2002-2006.
Page sur le site de Pak(ing) Day

Chabason Lucien, conseiller du premier ministre pour l’environnement (1974-1977).
De 1978 à 1984, il dirige le service de l’espace et des sites au ministère de l’urbanisme et du logement, puis le SRETIE de 1984 à 1988. Directeur délégué puis conseiller de l’Institut pour le Développement Durable et les Relations Internationales (IDDRI) à partir de 2003.
Membre de l’équipe enseignante du DEA Jardins, paysages, territoires, de l’école d’architecture de Paris la Villette sous la direction de B. Lassus et A. Berque.
Page sur le site de l’AHPNE

Chabouis Catherine, secrétaire général en 1990.

Challet Jean, 1924-2006, IH 1945, SP 1946, DPLG 1954, cofondateur en 1972 de l’association Paysages (1968-75) précédant le CNERP. Paysagiste à l’OREAM Nord.
N’a pas enseigné à l’ENSP.
Présentation par Isabelle Estienne

Chaminade Raymond, né en 1905, ingénieur agronome INA Paris 1926, professeur de physique, chimie, minéralogie et météorologie à l’ENH de 1937 à  1953.

Charageat Marguerite, historienne des jardins, diplômée de l’école du Louvre et assistante des musées nationaux. Enseignante, en « art (en général) et en histoire de l’art (des jardins) à la SP de 1946 à 1956.

Charuat Laurent, né en 1964, artiste, enseignant ENSP (arts plastiques) depuis 2010.

Chatti Jilaly, ENSP 1987, enseignant d’ateliers de projets et d’arts plastiques à l’Institut national agronomique de Chott Mariem (Université de Sousse)

Chauleur M., urbaniste en chef de l’Etat, enseignant au département de sciences humaines de l’ENSP (1980-85)

Chauvel Gabriel, né en 1948, SP 1970, enseignant ENSP (département d’écologie appliquée au projet de paysage) de 1987 à 2014.
Auteur avec Jean-Luc Brisson, Hélène Despagne et Marc Rumelhart de l’initiative pédagogique Chaubrides à l’ENSP.
Sur le site de la Carrière de Fégréac – Le “transformateur”, sur Ouest-France

Chaux Claude, IH 1945, ingénieur en chef d’agronomie, enseignant de cultures maraichères à l’ENSH, responsable de la formation continue ENSH/ENSP (années 1970-1980).

C. Chaux (années 1980), archives ENSP.

 

 Chaux Raymond 1925-2017, ingénieur agronome, ingénieur général d’agronomie, directeur de l’ENSH et de l’ENSP de 1974 à 1990. R. Chaux a été successivement directeur de la Chambre d’agriculture de Marrakech en 1951, directeur de la modernisation agricole au Cameroun, puis sous-directeur de l’enseignement technique agricole au ministère de l’Agriculture de 1967 à 1974. Il est nommé, par J. Chirac premier ministre sous la présidence de V. Giscard d’Estaing, directeur de l’ENSH et de l’ENSP de Versailles où il restera jusqu’en 1990. Il succédait à Etienne Le Guélinel, ancien directeur des services agricoles de Seine-et-Oise, qui avait pris ses fonctions en 1959. Alain Riquois lui succéda. Il fut membre de l’Académie d’agriculture de France à partir de 1993. Fondateur de l’association Promotion du paysage et de la revue P+A en 1984. Hommage sur le site de la SNHF

R. Chaux, 2010, cl. A Durnerin.

Chemetoff Alexandre, né en 1950, SP 1971, DPLG 1980, architecte, urbaniste. Responsable du département du projet et du département des techniques 1985- 1995 ? GPU 2000. Responsable des Rencontres Internationales du Potager du roi en 1989 et de la Biennale Architecture et paysage de Versailles (au Potager du roi) en 2019. Sur WikipédiaSur le site du Moniteur

Choisy Auguste 1841-1909 (ou 1900), ingénieur des Ponts-et-Chaussées, architecte, enseignant d’architecture à l’École des Ponts-et-Chaussées, et d’histoire de l’architecture de jardins à l’ENH. Il a succédé à Jean Darcel de 1878 à 1892 et a précédé Edouard André. Voir les publications de Luisa Limido en 2018.
Biographie sur Babelio

Chomarat-Ruiz Catherine, née en 1965, philosophe, enseignante et chercheure en sciences humaines et sociales (histoire des jardins et des projets de paysage) à l’ENSP (2004 ?- 2011). Enseignante à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne fin 2018.
Cofondatrice avec P. Donadieu de la revue électronique Projets de paysage et de la plate-forme de recherches TOPIA en 2008.
Bibliographie

Chopplet Marc, sociologue, associé à P. Mainié dans le premier programme de recherches de l’ENSP (1980-1982) et dans l’enseignement.

Christiany Jeanine, architecte DPLG, historienne des jardins, maitre-assistante à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles, DESS Paysages et jardins historiques, enseignante à l’ENSP en histoire des jardins de 1978 à 2000.
https://www.phanie.org/index.php/janine-christiany

Clarac Jean-Pierre, SP 1969, DPLG 1980, CNERP 1973-74, enseignant ENSP Marseille (ateliers de projets)
http://www.prourba.com/actualite/10/jean-pierre-clarac-experiences-de-paysage
http://atelierjpclarac.monsite-orange.fr/page8/index.html

Claramunt Marc, né en 1961. ENSP 1983, enseignant puis directeur à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Agence Physis. Paysagiste Conseil de l’Etat.
Cofondateur de la revue Pages Paysage (1989-2002).

Clément Anne-Marie, née en 1946, assistante d’enseignement et de recherche ENSH-ENSP de 1964 à 2006, affectée au LAREP de l’ENSP de 1994 à 2006.

Clément Gilles, né en 1943, IH 1965, SP 1967, enseignant (utilisation des végétaux, 1976-1982), puis de 2000 à 2012 à l’ENSP (ateliers de projet), GPP 1998, professeur émérite en 2018. Voir CJP 2, p. 297.
Page WikipédiaPage personnelle

Clerc Paul, SP 1965, GERP, CNERP

Cloarec Jacques, sociologue EHESS Paris, enseignant de SHS à l’ENSP de 1986 à 2005 (ateliers régionaux, 2ème année, « Le canton ») ?

Collin Daniel 1914-1990, IH 31, SP 1949, DPLG 1954 (58 ?), ingénieur divisionnaire des services paysagers de la Ville de Paris en 1962, président de la société des paysagistes français (SPF) de 1963 à 1971, enseignant au début de l’ENSP (1975-77).
Il est l’un des premiers ingénieurs horticoles (avec H. Brison, P. Carré, P. Mas, J. Challet, E. Mauret …) à obtenir par la Section du paysage et le concours en loge le titre de paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture.
Voir CJP 2, p. 243

Combes Raoul, maitre de conférences en botanique à la Sorbonne, enseignant en 1930 à l’ENH.

Combot Claire, artiste, enseignante ENSP (arts plastiques) depuis 2010

Conan Michel, Historien des jardins, sociologue, enseignant et chercheur à l’Ecole d’architecture de Paris-Conflans (en 1990) et dans la formation doctorale “Jardins, paysages, territoires” de l’École d’architecture de Paris-la-Villette (1989-2000), chef du service Sciences humaines au Centre scientifique et technique du bâtiment (en 1993).

Corajoud Michel, 1937-2014, diplômé de l’École des Arts décoratifs à Paris, paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture 1985, GPP 1992, GPU 2003, enseignant à la SP de 1972 à 1974, puis à l’ENSP de 1977 à 2003 (ateliers de projets)
Il a été l’un des rénovateurs les plus influents du métier de paysagiste concepteur et de l’enseignement du projet de paysage à l’ENSP.
Publication : Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, Acte sud 2010. Page WikipédiaArticle dans Sud-Ouest

Corbière Chantal, secrétaire pédagogique ENSP en 1990

Cordeau Jacques, enseignant de dessin aux lycées Saint-Louis et Claude-Bernard à Paris, à l’ENSH et à la SP de 1960 à 1968. Il succède à René Enard.

Cormier Laure, ingénieure paysagiste Agrocampus Ouest, enseignante et chercheure à l’école d’urbanisme de Paris. Page personnelle.

Coulon Jacques, né en 1947, SP 1970, DPLG 1980 (concours en loge en 1975), enseignant ENSP (ateliers de projets) de 1977 à 1998).
Publications : Auteur, avec Linda Leblanc, d’Intuition-Intention et Paysages édition Le Monisteur 1993.

Courbot Didier, ENSP 1990, enseignant au département d’arts plastiques ENSP de 199 ? à 2002.

Cousseran Alain, ENITHP Angers (Agrocampus Ouest) 1977, paysagiste concepteur, directeur du groupe SIGNES (Avec Allain Provost). Biographie.

Coutanceau Maurice,  professeur titulaire d’arboriculture fruitière recruté en 1948 à l’ENH.

Coutin Rémy, IH 1940, zoologiste et entomologiste, chef de travaux ENH en 1952, directeur de recherches INRA Versailles.émy

Coutureau Fabrice, ENSP années 1990, responsable de la communication.

Crémel Françoise, ENSP 1984, enseignante et chercheur à l’ENSP depuis 1997 (ateliers de projet), maitre assistante ENSArchitecture de Nancy 2006-2008, maitre assistante ENSArchitecture de Lille 2009, ingénieur de recherche à l’ENSP depuis 2010. 

Crémel Laurence, ENSP 1993, enseignante (ateliers de projet) à l’ENSP (années 2000).

Cros Jeanine, née en 1943, assistante pédagogique ENSH/ENSP de 1964 à 2003.

Cros  Zsuzsa, paysagiste d’origine hongroise, ancienne élève du CNERP de Trappes, a travaillé à l’agence de J. Sgard, au bureau d’études SEGESA et au Ladyss/CNRSde Paris, comme chercheure associée avec Y. Luginbühl sur les méthodes des atlas de paysage.

Cuisance Pierre, né en 1903, IH 1920, professeur d’arboriculture d’ornement et de pépinières à l’ENSH (préparation au concours de la Section) de 1937 à 1970.

Cuisinier Jean-Baptiste, X GREF, Directeur de l’ENSP (1995-2001), a succédé à A. Riquois comme administrateur provisoire, puis directeur. Il a précédé Robert Mondy. Président d’AgroParisTech en 2019.

Cumenge M., chef de service au ministère de la Reconstruction et du Logement, enseignant en droit et législation à la SP de 1951 à 1961.


D ^

Darcel Jean 1823-1907, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, collaborateur d’Adolphe Alphand au service des plantations de la ville de Paris, chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris, enseignant à l’ENH (1876-77) à la chaire d’architecture des jardins et des serres.
Auteur d’une Etude sur l’architecture des jardins remarquée par A. Hardy directeur de l’ENH.
Article sur Jardins de France

Dauvergne Pierre, né en 1943,SP 1963, DPLG 1966, enseignant SP (1969-1974), STCAU (1966-69), OREALM Orléans (1969-1974), GERP (1969-70), association Paysages (1968-1975), CNERP (1975-1979), membre du Service technique de l’urbanisme (STU) de 1979 à 1984 et ENSP (1977-1985) puis Directeur des Espaces verts et du paysage du Val-de-Marne.
Pierre Dauvergne est un des pionniers, avec J. Sgard et B. Lassus, du « paysagisme d’aménagement » à la SP, puis au CNERP et à l’ENSP. Biographie sur Topia.

Davasse Bernard, géographe, enseignant-chercheur des écoles d’architecture à l’ENSAP de Bordeaux en 2018
N’a pas enseigné à l’ENSP

David Pierre, né en 1962, architecte DPLG, enseignant de projet à l’ ENSP (années 1990)
Il a été pendant huit ans enseignant d’architecture à l’École Nationale Supérieure de Paris Malaquais. Il a été ensuite directeur du département Paysage aux Universités de Harvard, Cambridge et Columbia.
Biographie sur Babelio

Davodeau Hervé, géographe, enseignant et chercheur à l’ENSP de Versailles (2005-2007), puis à Agrocampus Ouest, centre d’Angers, département paysage. Publications.

De Bellaigue Raymonde,  chargée de la documentation du jardin français en 1966 à l’ENSH. Auteur de “Le Potager du roi”, 1678-1793, ENSH, 1982, 116 p..

De Courtois Stéphanie, née en 1972, historienne, assistante d’enseignement et de recherche ENSP (1996-2006), ancienne doctorante au LAREP, enseignante-chercheure à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, responsable du master Jardins historiques, Patrimoines, Paysages en 2018, 19, 20.
Articles sur Jardins de France

Defrance Laurent, enseignant d’infographie à l’ENSP (1995 ?- 2018)

Deffontaines Jean-Pierre, ? – 2006, ingénieur agronome, INA Paris, Directeur de recherche INRA SAD Versailles, géoagronome.
N’a pas enseigné à l’ENSP, mais a participé aux mouvements d’idées qui ont précédé la création du CNERP (STCAU, GERP). Membre du comité d’orientation de la revue P+A.
Il a introduit les notions géographiques d’espace et de paysage dans la pensée agronomique. Il est le fils de Pierre Deffontaines géographe français.
Hommage sur Ruralia

Delage Claudie, née en 1951, technicienne de laboratoire ENSH, assistante pédagogique ENSP en ateliers de projets (1969-2010)

Delalande Nicole, née en 1948, secrétaire de la direction de l’ENSH puis de l’ENSP, (de 1968 à 2010), membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement de 1984 à 1996.

De la Lande de Calan M., banquier à la Barclay Bank, président du CNERP (1975-1979) après R. Pérelman. Il représentait la Fondation de France.
N’a pas enseigné à l’ENSP

De la Personne Guy, SP 1968, enseignant ENSP, (1985-1987), responsable après A. Provost du département des techniques de projet

De la Quintinie Jean-Baptiste, 1624-1688, créateur et directeur du Potager du Roi à Versailles.
Biographie sur le site du Potager du roi

De la Soudière Martin, ethnologue, EHESS Paris, master TDPP et deuxième année de la formation des paysagistes à l’ENSP.

Delbaere Denis, ENSP 1989, JPT, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, et au master TDPP (depuis 2011)

Delilez Ariane, déléguée générale de la Fédération française du paysage. Le secrétariat de la FFP est localisé au Potager du roi, celui de l’IFLA le fut également dans les années 1980.

De Maurey Maryvonne, secrétaire générale de l’ENSP (2006-2012).

Demouchy Georges, 1946-2016, SP 1968, enseignant à l’ENSP à Marseille (ateliers de projets)
Hommage sur le Moniteur

Denarnaud Eugénie, ENSP 2008, enseignante ENSP (arts plastiques, DEP3, « Vous avez dit mémoire »)

Deny Jean, Louis, ? – 1960, IH 1890, paysagiste DPLG

De Parcevaux Sané. enseignant de climatologie à l’ENSP (1975-76), directeur de recherche INRA Versailles, consultant au STCAU (1967-1970). Il succéda à Mrs Durand et  Geslin (INRA Versailles) à la rentrée 1963-64.
Pierre Donadieu a repris ses cours à l’ENSP en 1978.

Dervieux Alain, architecte DPLG, enseignant ENSP depuis 1990 ? (expression graphique et plastique du projet), responsable du certificat d’études supérieures de paysage en 2018, maitre de conférences à l’Ecole d’Architecture de Paris Belleville.

Descattoire M., assistant de l’architecte et urbaniste R. Puget à la SP (1960-69)

Descola Philippe, né en 1949, anthropologue au collège de France (un cours en 2012 sur les formes du paysage).

Page Wikipédia.

Desvigne Michel, né en 1958, ENSP 1979, président du conseil d’administration de l’ENSP depuis 2008, GPU 2011. A succédé à E. Orsenna (qui avait succédé à P. Dauvergne).
Enseignant  à l’ENSP de 1987 à 1998, avec C. Dalnoky, puis à l’université de Mendrisio, professeur invité à l’université d’Harvard à plusieurs reprises depuis 1998. Prix de la Villa Médicis 1986-89 avec Christine Dalnoky (premiers paysagistes ayant accédé à ce prix).
Agence MDP   Page Wikipedia

Dollfus Florence, Après des études à Sciences Po, Florence Dollfus s’oriente vers l’architecture d’intérieur, ce qui la conduira à s’intéresser aux jardins et à en dessiner. Vers 1970, elle suit les cours de Bernard Lassus à l’école d’architecture de Paris – La Villette ainsi que plusieurs modules de formation continue à l’Ecole de paysage de Versailles. Elle fait la connaissance de Gilles Clément et de Michel Racine. Elle a, avec ce dernier, plusieurs collaborations sur l’inventaire des jardins. Biographie

Donadieu Pierre, ENSH 1965, enseignant-chercheur depuis 1970. Professeur émérite et chercheur associé au LAREP en 2019.
Responsable du département d’écologie (1977-1986),  responsable du LAREP (1993-2008) et du département de sciences humaines (1990-93 et 1996-2008), de la formation doctorale et du master Théories et démarches du projet de paysage (2006-2011). Curriculum vitae.

Doreau Auréline, ingénieur agronome, TDPP, cheffe de projet à la chaire Paysage et énergie de l’ENSP, dirigée par B. Follea depuis 2015, en 2018.

Dorion Noëlle, IH 1969, enseignante à l’ENSP de 1976 à 1983, et à l’ENSH jusqu’en 1996, puis à Agrocampus ouest à Angers (Institut national d’horticulture et de paysage). Responsable du comité de rédaction de Jardins de France à la SNHF.

Doyen Bénédicte, archéologue, enseignante avec D. Bouillon à l’ENSP dans le département de sciences humaines (années 2000).

Dubost Françoise, sociologue/ethnologue, chercheure au centre de sociologie des arts-EHESS Paris, enseignante au master Jardins historiques, patrimoines, paysages de l’Ecole d’architecture de Versailles et à l’ENSP
Voir CJP 2, p. 373

Du Breuil Alphonse 1811-1890, enseignant d’arboriculture au Conservatoire des Arts et Métiers, et à l’école municipale et départementale d’arboriculture d’ornement et d’alignement de la ville de Paris, dite « du Breuil », (1867-1887) dans le Bois de Vincennes à Paris, dont il fut le premier directeur. Nom d’un des carrés fruitiers du Potager du Roi le long de la rue du maréchal Joffre.
Page Wikipédia

Dufour Christine, responsable des cultures légumières au Potager du roi depuis 2011.

Duhamel du Monceau Henri Louis, 1700-1782. Le nom de cet agronome et académicien des Sciences célèbre par ses nombreuses publications a été donné à une parcelle sud du Potager du roi (l’ancien clos aux asperges). En cours de réaménagement en 2018 et 2019.
A. Hardy y créa une école de botanique réunissant 1900 espèces végétales. Elle réunit en 2019 les vestiges de l’ancien fruticetum qui servait aux élèves à apprendre la botanique, un parc à moutons ainsi que les parcelles de jardinage des élèves et du personnel. L’arboretum a été détruit par la tempête de 1999.
Page Wikipédia

Duprat Louis-Ferdinand 1887-1976, marié, 5 enfants, prisonnier de guerre de 1914 à 1918. Architecte paysagiste à Paris et Bordeaux, directeur de la revue Jardins d’aujourd’hui en 1932, président de la société française des paysagistes en 1930, professeur d’architecture des jardins et d’urbanisme  à l’ENH du 5 décembre 1934 au 1er octobre 1951. Il a succédé à René-Edouard André. Albert Audias, enseignant à la Section à partir de 1946, fut un de ses collaborateurs fidèles. En 1948, il fut nommé “Premier membre d’honneur pour la France de l’Institut of Landscape de Londres”.

Après sa retraite il fit partie, comme professeur honoraire, du conseil de perfectionnement de la section du paysage et de l’art des jardins de l’EN(S)H. Il obtint le Grand prix du salon des artistes  de Paris en 1931. Biographie
Voir CJP, p. 197.

Dupuy Natacha, Documentaliste à l’ENSP en 1995, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement en 1996.

Durand M., architecte des arts décoratifs, enseignant diplômé d’architecture de la ville de Paris, enseignant SP, architecture et construction, de 1946 à 1954.

Durnerin Alain, IH 1964, ingénieur en chef du Génie rural et des eaux et forêts, directeur adjoint du directeur de l’ENSH/ENSP, directeur des études, 1981-1993, historien de l’enseignement des jardins et du paysage à l’ENSH.

Biographie


E ^

El Ouarti Aicha, née en 1968, assistante pédagogique ENSP de 1987 à 2001.

Enard René, enseignant de dessin au lycée Condorcet à Paris et à la Section du paysage de 1946 à 1960.

Pendant 54 h, il enseigne en même temps à l’ENH en première année (dessin géométrique et industriel), deuxième année (dessin d’histoire naturelle et étude de la plante) et troisième année le dessin d’architecture des jardins (esquisse, petite composition, lavis). Après 1955, la durée de l’enseignement du dessin à l’ENSH passe de 112 h à 54 h.


F ^

Fajon Philippe, archéologue, enseignant avec D. Bouillon au département de sciences humaines (années 2000).

Fakir Saïd, ENSP 1979, enseignant et chercheur à l’Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, depuis 1987.

Faucheux Alexis, ENSP 2008, enseignant en ateliers de projet à l’ENSP depuis 2014

Fauchier Patrick, né en 1964, responsable de l’ENSP Marseille en 2010-2011

Faucon Véronique, Directrice des études  à l’ENSP (1990-1994)

Fauh Fernand, né en 1894,  ENH 1912, marié en 1926, directeur de l’ENH de 1936 à 1944 ; il succède à Joseph Pinelle et précède Jean Lenfant.

Fernand Fauh en 1937 avec les élèves de 3ème année de l’ENH. Après son départ, il est nommé maître de conférences à l’École d’agriculture de Montpellier

Fernandes Françoise, assistante de la direction pédagogique de 1995 à 2009 ( ??)

Fernandes Véronique, documentaliste-archiviste en 2018 et 2019, 2020 à l’ENSP.

Ferron Elisabeth, née en 1960, ENSP ? Danseuse, enseigne à l’ENSP (arts plastiques)

Filipovitch Maryvonne, secrétaire générale de l’ENSP (1985-1996), attachée d’administration et d’intendance

Fischesser Bernard, né en 1938, Ingénieur des Ponts et des Forêts. Auteur d’un rapport en 1985 sur l’enseignement à l’ENSP de Versailles.
Il est l’un des pionniers de la politique de protection de la nature en France et a notamment participé à la création des parcs nationaux français. Ancien ingénieur de recherche au Cemagref, il défend par ses expertises, ses conférences et ses écrits de grande vulgarisation la préservation d’un patrimoine naturel d’exception et la qualité des paysages de France.
Il est également l’un des pionniers de la recherche en paysagisme d’aménagement (études visuelles et écologie) au CTGREF/CEMAGREF de Grenoble.
Article sur Topia.

Fleury André, né en 1940, ingénieur agronome INA Paris, enseignant-chercheur à AgroParistech, puis à l’ENSH (cultures légumières) et à l’ENSP (agriculture périurbaine) (> 1993), cofondateur du LAREP avec P. Donadieu.
Il a initié avec Serge Bonnefoy et Pierre Donadieu, les recherches et études en agriculture urbaine en France au début des années 1990. Christine Aubry (INRA Paris) et Roland Vidal (ENSP Versailles) ont poursuivi ses travaux.

Article de référence.

Follea Bertrand, ENSP 1987, JPT, enseignant à l’ENSP depuis 1991 (quatrième année), GPP 2016, responsable de la chaire Paysage et Energie ENSP depuis 2015, enseigne à l’ INSA Centre Val de Loire, Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois en 2018.
Page de l’agence Folléa-Gautier

Fontaine M., enseignant d’anglais à l’ENSP (1980-85), professeur à l’INRAP de Dijon

Fontenelle Marc, artiste, enseignant à l’école des Beaux-Arts de Bayonne, et à l’ENSP (arts plastiques, DEP1 « La Peau ») depuis 1980.

Forestier Jean-Claude-Nicolas, 1861-1930, polytechnicien, ingénieur forestier (Nancy), architecte paysagiste et urbaniste, cofondateur de la société française des architectes et urbanistes en 1911. Il publie en 1906 son ouvrage principal, Grandes Villes et Systèmes de parcs.
Membre d’honneur de l’association des anciens élèves de l’ENH de Versailles.
Page Wikipédia.

Fortier-Kriegel Anne, architecte DPLG, CNERP (1974-79), paysagiste DPLG (1984) puis Mission du paysage en 1979, ensuite enseignante à l’école d’architecture et de paysage de Lille.

Fournier Bernard, pédologue, enseignant à l’INA Paris Grignon, et à l’ENSP (Ecologie) de 1979 à 1983 ?) avec B. Peyre.

Fraval Alain, né en 1943, ingénieur agronome INA Paris, INRA Paris, rédacteur en chef de la revue Le Courrier de l’environnement de l’INRA, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement de 1993 ( ?) à 1997.

Freytet Alain, ENSP 1981, enseignant au département d’écologie de l’ENSP depuis 1986. membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement.
Biographie sur Babelio.

Frileux Pauline, enseignante et chercheure en ethnoécologie au département d’écologie de l’ENSP en 2018. Elle a succédé à M. Rumelhart.

Fromageau Jérome, né en 1947, Président de la Société Internationale pour la Recherche en Droit du Patrimoine Culturel et Droit de l’art (ISCHAL), Doyen de la Faculté Jean Monnet, Université Paris-Sud de 2008 à 2013. Il enseigné le droit à l’ENSP à la fin des années 1980.

Fromont Nicole, née en 1947, assistante pédagogique ENSP de 1995 à 2006.


G ^

Gaillard Anne, DPLG 1993, enseignante à l’ENSP en formation continue et en ateliers (?)


Gallien-Decharme Maryvonne, IH 1961, chef de travaux de pathologie végétale à  l’ENSH à partir de la rentrée 1965.

Game Thierry, secrétaire général de l’ENSP (1996-2001)

Garnero Benoist, ENSP 1986, enseignant (ateliers de projet) à l’ENSP (années 2000).

Georgieff Miguel, ENSP 1995, enseignant en ateliers de projet avec G. Clément (années 2000). Agence Coloco.

Geisler Elise, architecte DPLG, master TDPP, enseignante et chercheure au département paysage d’Agrocampus ouest, centre d’Angers, département paysage en 2018.

Germain Maurice, né en 1945, chargé des services d’imprimerie (sous-sol du bâtiment Le Normand) à l’ENSH et à l’ENSP (actuelle boutique et ancien commissariat de police depuis 1930), 1968- 2002 ( ?)

Gibet Roger, ENSH 1965,entrepreneur paysagiste, enseignant au département des techniques de l’ENSP (1980-85)

Gilsoul Nicolas, architecte, enseignant et chercheur en projets de paysage (ateliers) à l’ENSP de 2004 à 2019 puis à l’École d’architecture de Malaquais à Paris Page personnelle.

Girardin Pierre, IH 1971, SP 1973, enseignant en 1987-88 à l’ENSP.

Girot Christophe, né en 1957, architecte paysagiste diplômé de l’Université de Berkeley (USA, Californie), enseignant et coordinateur en ateliers de projet (1992-2000) à l’ENSP. Professeur ordinaire à l’école polytechnique de Zurich (chaire de paysage) depuis 2000 jusqu’à sa retraite.
Il fut chargé, en 1996 par JB. Cuisinier de la mise en place de la nouvelle revue Les Carnets du Paysage avant Pierre François Mourier. Page de l’atelier Girot.

Gonin Olivier, enseignant et assistant à la documentation au département d’écologie de l’ENSP en 2018. Article dans La Grande Oreille.

Gontier Mathieu, ENSP 2003, enseignant en projet de paysage à l’ENSP de Marseille en 2018, responsable de l’établissement à Marseille.

Gonzalès Jean-Noël, géographe, enseignant chercheur, Université Aix-Marseille, responsable du master Paysage et Aménagement avec l’ENSP de Versailles-Marseille de ? à 2019.

Gorges Delphine, chargée de mission communication et éditions (Les Carnets du paysage) depuis 1998 à l’ENSP avec une interruption de quelques années (2010-2016).

Greber Jacques 1882-1962, architecte, architecte paysagiste et urbaniste, enseignant à l’Institut d’urbanisme de Paris à partir de 1921.
Membre du jury des concours en loge (1947-1975). Sollicité en 1961 pour intervenir à la Section du Paysage de l’ENH de Versailles.

Grelier Jean, ENSP 1975, enseignant à l’ENSP de 1981 à ?, puis enseignant d’ateliers de projets à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois.

Grout Catherine, philosophe, enseignante en esthétique et chercheure à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. Travaux.

Guezengar Claire (1972-2014), écrivain, a enseigné à l’ENSP (arts plastiques). Page Wikipédia.

Guglielmetti Véronique, assistante pédagogique ENSP, documentaliste ENSP Marseille.

Guinaudeau Claude, IH1955. Spécialiste de l’arbre hors forêt dans l’espace agricole, les réseaux de transport et les zones urbaines. Consultant de la FAO pour des programmes de plantation en Afrique et en Chine, il a participé à la réalisation de grands projets d’aménagements : autoroutes, TGV, Disneyland Paris, Cité internationale de Lyon…

Guiomar Xavier, géographe, IE, enseignant d’agriculture urbaine à AgroParistech et au master TDPP à l’ENSP de Versailles.

Guttinger Philippe, né en 1945, juriste, maître de conférences honoraire en droit public à l’Université Paris X (Nanterre) et enseignant à l’ENSP de Versailles de 1993 à 2010.


H ^

Hammami Mongi, ENSP 1992, responsable des TPFE et des colloques en quatrième année de l’ENSP en 2018, puis de la Validation des acquis de l’expérience (VAE).

Hardy Auguste-François, 1824-1891, jardinier en chef du Potager du roi en 1849 après Placide Massey, puis fondateur et directeur de l’ENH, 1874-1891. Professeur d’arboriculture fruitière et de culture potagère de plein air et primeurs.
Bulletin de l’association des anciens élèves ENH 1930, archives ENSP
Il est le fils de Julien-Alexandre Hardy (1787-1876), jardinier en chef du jardin du Luxembourg de 1817 à 1859. Un homonyme Auguste Hardy a fondé et dirigé le jardin du Hamma à Alger de 1842 à 1867.

Hardy Jean-Claude, ? -2014, IH 1962, enseignant ENSP (Techniques de travaux)

Harrouni Cherif, ENSP 1978, enseignant et chercheur au département paysage de l’Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat-Agadir, depuis 1985.

Harvois Paul, 1919-2000, ancien instituteur, enseignant d’éducation culturelle (éducation des adultes) à l’École nationale supérieure des sciences agronomiques appliquées de Dijon, coauteur des deux projets d’institut du paysage à Versailles de 1969 à 1971, et de 1982 à 1985.
Page WikipédiaPage sur le site L’école des paysans

Hassaïne Aicha, assistante pédagogique et de recherche à l’ENSP (LAREP et master TDPP) depuis 2007

Helms Karin, enseignante ENSP (ateliers), DPLG 2006, directrice déléguée aux relations internationales en 2018.

Hemon Pierre, vidéaste, enseignant ENSP (arts plastiques, DEP3) depuis 2016.

Henri Louis (1854-1913), professeur d’arboriculture d’ornement et de pépinières à l’ENH

Hernandez Dominique, ENSP 1987, enseignant d’ateliers de projet. Années 1990.

Hilaire Philippe, ENSP 1981, JPT, maître-assistant à l’École d’architecture de Paris-la-Villette en 2018.

Hissard Henri, maître du dessin de la plante au muséum d’histoire naturelle, professeur de dessin à l‘ENH en 1937 (depuis 1930). Il a remplacé Emile Mangeant.

Henri Auguste HISSARD est né le 20 juillet 1882, Professeur de dessin à l’Ecole Estienne et Maître du dessin de la plante au Muséum, il est nommé par arrêté du 31 janvier 1930 et a commencé à enseigner à l’ENH le 1er février 1930 (D’après Alain Durnerin).

Hoog Simone ? – 2015, conservatrice au château de Versailles, enseignante d’histoire de l’art des jardins à l’ENSP de 1975 à 1985. M. Mosser et J. Christiany lui ont succédé.

Houimly Ezzedine, ENSP 1986, dcd, enseignant en atelier de paysage à l’Institut national agronomique de Chott Mariem (Tunisie).

Hugueney Jeanne 1921-2008, historienne. Enseignante à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris (en 1966), maître de conférences à l’université Paris-IV-Sorbonne. Elle est enseignante d’histoire de l’art et des jardins à la Section de 1956 à 1973. Elle succède à M. Charageat. Simone Hoog lui succède.

En 1960, elle reprend la partie historique du cours d’architecture des jardins de l’ENSH qui était assuré par Ferdinand Duprat.

Hureau (Mazas) Lydie, née en 1950, secrétaire administrative et pédagogique à l’ENSP (1977- 2012 ).


J ^

Jacobsohn Antoine, agronome et historien, responsable du Potager du Roi depuis 2007. Il a succédé à Manuel Pluvinage.

Jacqmin Olivier, ENSP 1990, enseignant au département d’écologie de l’ENSP.

Jannier Vincent, responsable du service du personnel à l’ENSP en 2007

Jaquand Corinne, enseignante de projet à l’ENSP (années 1990). En 2014, Maître-assistante en Histoire et cultures architecturales (HCA) à l’Ecole nationale supérieure d’architecture, Paris Belleville. Chercheure à l’Ipraus.

Jeanneteau M., ingénieur en chef des travaux publics de la ville de Paris. Enseignant à la SP en travaux publics et en matériels de chantier de 1946 à 1957.

Joffet Robert, 1900 (1897)-1991 (1993) ingénieur des Travaux Publics, chef du service d’aménagement des anciennes fortifications de Paris en 1940, conservateur en chef des jardins et espaces verts de Paris en 1950 (avec les paysagistes D. Collin et H. Brison) jusqu’en 1959, puis paysagiste libéral en collaboration avec Allain Provost. Jean Chassereaud, IGREF, enseignant d’art des jardins à l’institut d’urbanisme de Paris lui succède en 1960.
CJP, p. 229.
A joué un rôle dans la création de la Section en 1945, en raison de la demande, issue de la ville de Paris, d’ingénieurs horticoles formés à la compétence paysagiste

Joigneaux Pierre (1815-1892), agronome et député de la Côte d’Or. Il obtient  avec le député Guichard le 16 décembre 1873 de l’Assemblée nationale la création et le financement de l’Ecole nationale d’horticulture de Versailles.

Joliet Fabienne, géographe (géographie culturelle), enseignante et chercheur à Agrocampus Ouest, centre d’Angers, département paysage. Biographie.

Joly M.enseignant en sociologie des organisations administratives et de l’urbanisme (1980-85) à l’ENSP de Versailles.

Jouannet M., Enseignant de maitrise d’œuvre (ENSP), a remplacé Pierre Bordes en 1984.

Julien-Labruyère Béatrice, ENSP 1998, Responsable de la quatrième année ENSP en 2018, puis du post-master Paysages et transition(s)


K ^

Kandjee Thierry, ENSP 1995, enseignant en ateliers de projet (années 2000), agence Taktik en 2018. Titulaire, enseignant et chercheur de la chaire de paysage du département d’architecture de l’Université de Bruxelles en 2019.

Keravel Sonia, née en 1977, ENSP 1998, JPT, enseignante et chercheure à l’ENSP (ateliers de projets et master TDPP).

Khelifa Larissa, né en 1917, ingénieur agricole de l’Institut agricole de Maison-Carré (Algérie), directeur des études ENH en 1948, a précédé René Miège et Jean Pasquier.

Kimmel Laurence, architecte et ingénieur, enseignante à l’ENSP (années 2000).

Kokoreff Guy, éclairagiste, enseignant au département de techniques de l’ENSP (1980-85)


L ^

Lacomblez Anne-Françoise, ingénieure agronome, ingénieure en chef du Génie rural et des eaux et forêts, directrice de la pédagogie à l’ENSP (> 2005 ?).

Laffage Arnaud, enseignant à l’école d’architecture de Paris-la-Villette dans la formation doctorale (Jardins, Paysages, Territoires) de 1989 à 2008.

Lahache Vincent, né en 1969, ENSP 2004, danseur, enseignant ENSP (arts plastiques) depuis 2008, cocréateur de la manifestation « Plastique, danse, flore » au Potager du roi.

Lambert Hugues, IH 1966, SP 1968, Auteur avec Bernard Fischesser et (entre autres) Jean Mounier, des études paysagères du Centre technique du génie rural et des eaux et forêts (CTGREF) de Grenoble de 1972 à 1990.

Lamore M., professeur de dessin à l’Ecole d’horticulture de Versailles en 1875.

Laroche Daniel, IH 1968, SP 1970, DPLG ?, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement de 1984 à 1996.

Laubie Claire, ENSP 1985, enseignante (ateliers de projet) à l’ENSP (années 2000).

Laudansky Fernand, professeur de génétique à l’ENSH depuis 1960, remplace Jean-Georges Bustarret. Martine Mitteau lui a succédé.

Lassus Bernard, né en 1929,plasticien coloriste, paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture, enseignant et chercheur à l’école d’architecture de Paris La Villette (1968-1998), enseignant à la Section (1963-1969), au CNERP (1972-76), à l’ENSP (1977-1987) et à l’École d’architecture de Paris-la-Villette (cofondateur du DEA Jardins Paysages Territoires avec A. Berque, 1989-1999), GPP 1996, Prix Geoffrey Jellicoe 2009.
Un des principaux rénovateurs de la pensée paysagère (avec A. Berque et Y. Luginbühl) et de la formation des paysagistes concepteurs en France avec M. Corajoud, J. Simon et J. Sgard.
Page personnelle

Latrasse Geneviève, assistante pédagogique département d’écologie, >1990

Laulier-Sidoli Véronique, ENSP 1987, responsable de la formation continue et de la validation des acquis de l’expérience (VAE) à l’ENSP en 2018.

Laumonnier Eugène (1879-1957), IH 1829, Professeur de floriculture à l’ENH

Laverne Thierry, DPLG ENSP 1977, enseignant ENSP, agence Laverne.

Leblanc Linda, SP 1972, > 1980 ? (voir J. Coulon).

Le Boul M. enseignant de dessin à l’ENH (115 heures sur 3 années), notamment en préparation des ingénieurs au concours à la SP (< 1960). R. Enard lui a succédé après 1947.

Le Dantec Jean-Pierre,  historien des jardins, enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La-Villette, et dans la formation doctorale “Jardins, Paysages, Territoires” (1989-2008). Page Wikipédia.

Leenhardt Jacques, directeur d’étude à l’EHESS à Paris. Il a publié sur le paysagiste brésilien Roberto Burle Marx et a été enseignant dans la formation doctorale “Jardins, paysages, territoires”  à l’école d’architecture de Paris-La-Villette(1989-2008). Un séminaire commun avec C. Chomarat-Ruiz et P. Donadieu en 2010-12. Sur le site de l’EHESS.

Lefèvre M., ingénieur forestier, enseignant au département d’écologie de l’ENSP (1980-1985)

Le Gall M., ingénieur divisionnaire des services techniques de la ville de Paris, enseigne les travaux publics et les techniques de chantier à la SP en 1957.

Legrand Patrick, architecte DPLG, ingénieur de recherche INRA Paris, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement.

Le Guelinel Etienne, 1910-2005 ingénieur agronome INA Paris, directeur de l’ENSH et de la section du paysage et de l’art des jardins de 1959 à 1974. Succède à Jean Lenfant et précède Raymond Chaux.
Il a contribué à la création de l’école d’horticulture et de paysage à Angers en 1975.

Biographie 

Image fournie par Mrs Marcel Le Guelinel et  Claude Cosson en mai 2020.

Lelieur Jean-Baptiste Louis, directeur du Potager du roi de 1804 à 1819, intendant général des parcs, jardins, pépinières de la Couronne. Placide Massey lui succéda.
Bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENH, 1930

Lelièvre M., Bibliothécaire documentaliste de l’ENSH d’octobre 1958 à 1967. Elle succède à Mademoiselle Guiet, et sera remplacée par Mademoiselle Loison.

Lemattre Pierre, IH 1953, Enseignant de cultures ornementales à l’ENSH, à la SP et à l’ENSP (1977-1983). Il succède à R. Bossard. Sur l’image à droite (1974) avec F. Laudansky, ingénieur agricole, licencié es sciences, professeur de génétique ENSH à partir de 1960.

Le Mentec Armelle, responsable du personnel ENSP (années 1990)

Lemonnier Pierre, ethnologue CNRS, enseignant au département de SHS de l’ENSP de 1977 à 1985.

Lemoyne de Forges Jean-Marie, ingénieur civil des Eaux et des Forêts, enseignant titulaire (génie horticole) à l’ENSH, à la SP (1968 à 1974) puis à l’ENSP (de 1976 à 1983). Sur l’image à droite avec Albert Bry, professeur de cultures légumières à gauche, en 1974. Image Archives nationales.

Lenfant Jean, 1899-1965, IH 1916, directeur de l’ENH et de la Section d’octobre 1945 à octobre 1959.
Professeur spécial d’horticulture à l’ENH depuis 1925, il a mis en place la Section du paysage et de l’art des jardins à partir de 1946.

Revue Horticole, communication de D. Lejeune,

Le Normand François (1691-1707), ses fils Louis et François (1707-1754), son petit-fils Jacques-Louis de 1754 à 1782 ont dirigé le Potager du Roi

Lepeut Philippe, né en 1957, artiste et musicien, École des arts décoratifs de Strasbourg, a enseigné à l’ENSP (arts plastiques)

Leveau Théodore, 1896-1971, architecte DPLG 1927 et urbaniste, paysagiste DPLG, est un collaborateur de l’architecte-paysagiste J.-C.-N. Forestier, enseignant à la SP de l’ENH en art des jardins et composition, architecture et construction, de 1952 à 1968. Nommé professeur d’architecture des jardins à l’ENH en avril 1952, à la suite de F. Duprat.

A la rentrée 1959-60, il souhaite être libéré de l’enseignement d’architecture des jardins à l’ENH (30 heures de cours en 3ème année), qu’il avait repris en 1951 à la suite du départ en retraite de F. Duprat). L’année suivante, cet enseignement passa à Jeanne Hugueney et  Henri Thébaud, enseignants de la SP.
Sur le site de la Cité de l’architecture

Lewandowsky Joseph (1950-2008), adjoint technique ENSH ENSP de 1993 à 2008

Limasset Pierre, Professeur de botanique ENH en 1948 jusqu’en 1953, a précédé M. Binet et J. Montégut.

Limido Luisa, née en 1964, JPT, architecte, historienne, journaliste, chercheure, lauréate 2017 de la Villa Le Nôtre (ENSP).
Travaux sur J.-P. Barillet-Deschamps, J. Darcel et A. Choisy.

Lopez Emmanuel, directeur du parc national de Port-Cros (1994-2004), puis directeur du Conservatoire national du Littoral et des rivages lacustres. Membre (éphémère) de l’équipe enseignante du DEA Jardins paysages territoires de l’École d’architecture de Paris La Villette (1989- 1991).
N’a pas enseigné à l’ENSP. Biographie sur le site de l’AHPNE.

Lorrain Bernadette, experte en marchés publics, enseignante à l’ENSP (années 2000).

Loze Marie-Hélène, ENSP 1978, enseignante en ateliers de projets à l’ENSP en 2018, responsable des intervenants vacataires et des suivis d’élèves en ateliers.
Elle a exercé une activité de conseil dans les CAUE d’Eure et Loir et des Yvelines et fait partie de l’équipe de recherche ANR Photopaysage au LAREP en 2018.

Luginbühl Yves, né en 1945, ingénieur agronome Montpellier, géographe, CNERP 1972-1979, Mission du paysage 1979, directeur de recherches CNRS, enseignant, notamment à l’ENSP de 1989 à 2010 et à l’école d’architecture de la Villette (responsable du DEA Jardins, paysages, territoires) de 1999 à 2008. Voir Biographie sur Topia.
Corédacteur de la Convention européenne du paysage de Florence (2000) et instigateur des atlas de paysage en 1995. Bibliographie sur Cairn-info

Lysenzoone Thomas, ingénieur en chef du ministère de l’Éducation nationale, enseignant de théorie et construction des sols (sportifs) à la SP de 1947 à 1961.


M ^

Madec Philippe, né en 1954, architecte, enseignant à l’ENSP avec P. David (années 1990). Page Wikipédia.

Mageran Jean, architecte, SP 1971, enseignant à l’ENSP en 1987-88

Mainié Philippe, maître de recherche à l’INRA de Versailles, économiste, enseignant ENSH, enseignant ENSP de 1975 à 1984.

Manach François-Marie, enseignant de représentation graphique à l’ENSP >1978 ?


F.M. Manach jouant de la cornemuse , dans le parc de la comtesse de Balbi, devant le buste de Pierre Joigneaux député à l’origine de la création de l’École nationale d’horticulture en 1873.

Mandon Gérard, ENSH 1959, entrepreneur paysagiste, enseignant au département des techniques de 1985 à 1986.

Mangeant Emile (1858-1938), ancien élève des Beaux-Arts, artiste peintre, enseignant de dessin à l’ENH de 1886 à 1919. Il a réalisé les grandes aquarelles sur le Potager et l’ENH en 1899 et 1900 pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900.Paul Emile MANGEANT a été nommé professeur honoraire en juillet 1929 et est décédé en 1938. Le registre du Personnel de l’Ecole indique qu’il touche 600 francs pour 60 leçons de dessin plus 50 francs pour un examen. 60 leçons de dessins c’est autant que les 60  leçons de botanique de Mussat et plus que les 56 leçons d’arboriculture fruitière d’ Alfred NOMBLOT! (D’après Alain Durnerin).

Marcel Odile, philosophe, écrivain, professeur émérite de l’Université Lyon III. Depuis plus de trente ans, elle mène des recherches collectives sur l’espace et le paysage (Compagnie du paysage, Paysages de l’après-pétrole).

Marco Audrey,  Écologue spécialisée sur la flore urbaine (Doctorat en 2008 de l’Université de Provence). Enseignante-chercheure en spatialisation et démarche écologie à l’ENSP de Marseille depuis 2010. Responsable des enseignements en sciences de la nature en lien avec les ateliers de projet.

Marcœur Albert, né en 1947, musicien et artiste, a enseigné à l’ENSP (arts plastiques).

Marguerit Alain, né en 1952, SP 1971, enseignant ENSP Marseille (ateliers de projets) depuis 1987.
Page de l’atelier Marguerit

Martin Pierrette, née en 1943, ancien professeur d’enseignement agricole, directrice des études à l’ENSP de 1994 à 2003

Martinet Henri (1867-1936), ENH 1883-86, architecte paysagiste, professeur d’horticulture industrielle et commerciale à l’ENH de 1897 à 1920. Biographie.

Martelet Sylvie, chargée de mission aux enseignements artistiques à l’ENSP en 2018, 2020 ….

Martialis Pascale, inspecteur du trésor public, agent comptable de l’ENSP de 1995 à 1999.

Marty Olivier, ENSP 1981, enseignant en arts plastiques, responsable du département d’enseignements artistiques en 2018, depuis les années 1990.

Massey Placide (1777-1853), botaniste, inspecteur de l’administration des parcs et jardins de la Couronne (1817-1819), puis directeur des pépinières du Trianon, du Potager du roi et du Fleuriste de Sèvres. Directeur du Potager du Roi de 1818 à 1849. Il succède au comte Lelieur qui géra le Potager de 1815 à 1818. Un des jardins qui porte son nom, face à la Figuerie, est l’objet d’exercices étudiants, et d’expérimentation de permaculture en 2018. Auguste Hardy succéda à Placide Massey.

Il créa un parc public à Tarbes sa ville natale.
Bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENH, 1930. et Patrice Couture, élève de deuxième année de l’ENSP (mémoire d’histoire des jardins), 1994.

Maunory Louis, ENSP 1976, enseignant d’atelier en 1988.

Mauroux Vincent, né en 1963, artiste, enseignant ENSP (arts plastiques, SEP2) depuis 2010 et à l’école du Breuil.

Mauret Elie, né en 1925, IH 1943, SP 1947, enseignant ENSP, ateliers d’aménagement du territoire (1978-1980).

Mazas Alain, ENSP 1977, enseignant à l’ENSP, responsable du département de sciences humaines et sociales de 1985 à 1988 après P. Dauvergne. Pierre Donadieu lui a succédé.

Mercier M., architecte DPLG, enseignant d’architecture, de construction et d’urbanisme à la SP (1971-1972)

Méritan Martine, ENITHP 1976, ingénieure générale des Ponts et des Forêts en 2018, adjointe au directeur de l’ENSP, chargée de la formation par apprentissage des paysagistes jusqu’en 2018.

Messelmani Fehti, ENSP 1982, enseignant en ateliers de paysage à l’Institut national agronomique de Chott Mariem (Tunisie)

Meynard Jérôme, responsable des cultures fruitières après J. Beccaletto, de 2014 à 2017 ( ?)

Miège M. adjoint au directeur de l’ENSH de 1955 à 1959. Il est remplacé par Jean Pasquier.

Moatti Paul, ingénieur général du GREF, président du comité d’administration de l’ENSH (années 1980)

Mohen Daniel, artiste peintre, enseignant de dessin à l’ENSP de 1976 à 2009.

Moisan Hervé, sociologue INRA Versailles, enseignant au département de SHS de l’ENSP de 1980 à 1986

Mondy Robert, ingénieur agronome Montpellier, IGPF, directeur de l’ENSP de 2001 à 2006. A succédé à Jean-Baptiste Cuisinier et a précédé Bernard Welcomme.

Montembault David, agronome et géographe, enseignant et chercheur à Agrocampus Ouest, centre d’Angers, département paysage.

Montégut Jacques, 1925-2007, ingénieur agronome ENSA Grignon, enseignant à l’ENSH depuis 1956 de botanique et de physiologie végétale, puis de botanique et d’écologie végétale dans la Section (1967-1970, puis 1972-1974) et au CNERP (1972-76) ; chercheur en malherbologie. M. Rumelhart lui a succédé à l’ENSP en 1976. P. Limasset puis M. Binet, assistant de physiologie végétale à La Sorbonne l’ont précédé.  À La fin d’un article de M. Rumelhart :  Biographie

Photo : J. Montégut, 1976, sortie dans le Vexin français avec les élèves de première année, cl. M. Rumelhart.

Moquay Patrick, politologue, enseignant et chercheur en sciences humaines et sociales, directeur du LAREP et responsable du département de sciences humaines et sociales en 2018, après Frédéric Pousin, C. Chomarat-Ruiz et Pierre Donadieu.

Mortamet Elisabeth, SP 1972, enseignante d’ateliers à l’ENSP en 1988, avec Jean Magerand.

Mosser Monique, née en 1947, historienne de l’art, des jardins et de l’architecture, ingénieure de recherche CNRS-Centre André Chastel, fondatrice du DESS/master 2 Jardins historiques, patrimoine, paysage de l’École d’architecture de Versailles, enseignante d’histoire des jardins à l’ ENSP de 1984 à 1995 avec J. Christiany. Elles succèdent à S. Hoog. S. De Courtois a succédé à M. Mosser à la direction du master Jardins historiques..
Page Wikipédia

Motta Liliana, artiste, botaniste, enseignante au département d’écologie (> 1990).

Moulin François, (1948-) ENSH, ENSP de 1980 à 2009, adjoint technique principal au Potager du roi.

Mounier Jean, né en 1953, ingénieur ENITHP Angers, auteur, avec Bernard Fischesser et Hugues Lambert, des études paysagères du Centre technique du génie rural et des eaux et forêts (CTGREF) de Grenoble en 1977 et 1978.

Mourier Pierre-François, Ecole normale supérieure à Paris, enseignant ENSP 1996-2000 (responsable du département de sciences humaines) et des publications de l’ENSP.
Cofondateur de la revue Les Carnets du Paysage en 1996, futur conseiller d’Etat et ambassadeur de France en Slovénie.

Mousquet François-Xavier, DPLG 1978, enseignant contractuel à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. CV.http://www.lille.archi.fr/ressources/20695/35/mousquet_fran_ois-xavier.pdf.

Mussat M., (1833-1902) enseignant de botanique à l’Ecole d’agriculture de Grignon et à l’ENH  de 1875 à 1900.

Mure Véronique, Botaniste, ingénieur agronomie tropicale (1988 – ESAT Montpellier). Elle enseigne la botanique et le jardinage à l’ENSP site de Marseille depuis 2008. A fondé en 2010 une activité de conseil et expertise « Botanique, jardins, paysages » : https://www.botanique-jardins-paysages.com


N ^

Nanot Jules (1855-1924), Ingénieur agronome, INA Paris, en 1877, chef du service des plantations d’alignement à la Ville de Paris, professeur d’arboriculture et directeur de l’ENH de 1892 à 1924, après Auguste Hardy, et après avoir été répétiteur à l’Institut agronomique de Paris. Il prend sa retraite en 1923 et décède le 2 mai 1929. Joseph Pinelle lui succède. La Figuerie a été surélevée en 1901 au début de sa direction.

Jules Nanot en 1909, archives ADY (A. Durnerin)

Narboni Roger, enseignant en éclairage à l’ENSP (années 2000).

Nawoj Elisabeth, assistante (communication en 2018) à l’ENSP de 1977 à 2019.

N’Diaye Colette (dcd), assistante pédagogique ENSP (années 1980-1990)

Nomblot Alfred (1868-1948), ENH 1894, horticulteur pépiniériste, président de l’association des anciens élèves ENH, professeur d’arboriculture et de pomologie ENH de 1910 à 1919, secrétaire général de la SNHF en 1920, député de la Seine en 1928, président de l’Académie d’Agriculture de France, maire de Bourg-la-Reine.

Nyss Philippe, philosophe,  maître de conférences à l’Université Paris VIII, membre du comité de réaction des Carnets du paysage à l’ENSP de Versailles et du groupe de recherche AMP (Architecture, Milieu, Paysage) de l’École d’architecture de Paris-La-Villette. Biographie.

O ^

Olivier Isabelle, harpiste, enseigne à l’ENSP (arts plastiques) depuis 2013.

Orsenna (Arnoult) Erik, né en 1947, écrivain, conseiller d’État, membre de l’Académie française, président du conseil d’administration de l’ENSP (1995-2008 ?). M. Desvigne lui a succédé.
Page Wikipédia

Osty Jacqueline, ENSP 1977, atelier Jacqueline Osty & associés, enseignante à l’ENSNP de Blois, GPP 2005, 2018.
Page de l’atelier Osty

Ozdoba Marie-Madeleine, architecte, chercheure au LAREP en 2017.
Page personnelle


P ^

Palomo Muriel, assistante ENSP en quatrième année en 2018.

Pasquier Jean, IH 1935, directeur adjoint de l’ENSH et de la Section de 1959 à 1974, enseignant d’agrumiculture (INA Tunis et Chott Mariem) et d’histoire des jardins.

Claude Bigot, professeur de Physiologie végétale ENSH et Jean Pasquier en 1974.

Pasquier Patrick, enseignant de sciences du sol à l’ENSH et à la SP de 1977 à 1983.
Fils de J. Pasquier, directeur adjoint de l’ENSH.

Percie du Sert Geneviève, née en 1952, documentaliste ENSH et ENSP de 1989 à 2012. Isabelle Sauvé lui a succédé à l’ENSP, puis Sophie Jaeghe en 2019.

Pauly Tristan, ingénieur forestier, responsable ONF à Versailles, a participé à des ateliers de la SP en 1972-74, à la conception du parc des Saussets avec M. et C. Corajoud à partir de 1978 et aux enseignements de l’ENSP à la fin des années 1970.

Péchère René, architecte paysagiste et urbaniste belge, conférencier à la SP (1947-50), enseignant ENSP (1975-77) : «perception et conception des lieux paysagers».

Péna Michel et Christine, ENSP 1978, Agence Péna & Péna, enseignent épisodiquement à l’ENSP à partir de 2002.

Pérelman Rémi, ingénieur agronome INA Paris, DATAR, secrétaire de l’association Paysages, directeur du CNERP et président avant Pierre de Calan (1972/75-78). Voir B. Barraqué, Y. Luginbühl et P. Dauvergne.
N’a pas enseigné à l’ENSP

Pérez Béatrice, documentaliste ENSP de 1987 à 1994, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement en 1996.

Pérez Véronique, secrétaire pédagogique en 1990 à l’ENSP de Versailles, puis de Marseille.

Perré Guerric, ENSP 1978, agence Ilex, enseignant en projets de paysage à l’ENSP de Marseille en 2018.

Pernet Alexis, ENSP 1996, enseignant et chercheur en sciences humaines à l’ENSP en 2018. Maître assistant associé à l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand (de 2009 à 2013) et responsable de formation à AgroParisTech (de 2004 à 2010). Membre du comité de rédaction de la revue Les Carnets du paysage, du réseau d’enseignement et de recherche Espace rural & Projet spatial.
Page personnelle sur Topia

Perrin Jean-Bernard, SP 1947, directeur de l’agence de l’arbre et des espaces verts créé en 1962 au ministère de la Construction, de l’Urbanisme et du Logement. Enseigne à l’ENSP (1975-78).
Il aurait été à l’origine de la création de l’ENSP « par un contact direct avec J. Chirac, puis avec C. Bonnet ministre de l’Agriculture, (qui nomma R. Chaux directeur) » (B. Barraqué, 1985).
Il fonde l’École supérieure d’art des jardins (ESAJ) à Paris en 1960 avec Henri Pasquier (1909-1993, diplômé de l’École du Breuil) et Met de Penningen (B. Blanchon, Annales de la recherche urbaine, n° 85)

Perrot Anne-Sophie, ENSP 1995, artiste, enseignante et chercheure à l’ENSP de Marseille (enseignements artistiques et ateliers de projets).
Page personnelle

Peyre Yves, géologue, professeur à l’INA Paris Grignon, enseignant à l’ENSP de 1979 à 1983 au département d’écologie

Petit-Berghem Yves, géographe, enseignant-chercheur au département d’écologie et responsable du master TDPP de l’ENSP en 2018. Il a succédé à M. Rumelhart.
Page personnelle sur Topia

Peter-Desteracht Madeleine, responsable de la bibliothèque de l’ENSH (années 1960-89 ?). Geneviève Percie du Sert lui a succédé.

Pialat Caroline, directrice déléguée à la vie étudiante et à l’enseignement à l’ENSP de Marseille en 2018.

Pinelle Joseph (1874-1938). ENH1892, professeur d’arboriculture d’ornement depuis 1910,  ancien jardinier de la Ville de Paris, directeur de l’ENH de 1924 à 1936, il succède à Jules Nanot et fait construire la Coopérative (1926-28), devenue ensuite Foyer des élèves, puis ENSP (1976-1996) et aujourd’hui bâtiment Saint-Louis de l’ENSP. Marié sans enfant. Mobilisé de 1914 à 1918 avec le grade de maréchal des logis.

Joseph Pinelle à gauche avec A. Petit dans le premier laboratoire de chimie. Archives ENSH/ENSP (identification par A. Durnerin, C. Foury et A. Faivre)

Pissot Auguste, ( ?-1885) inspecteur des forêts et conservateur du bois de Boulogne, professeur d’arboriculture fruitière et d’ornement, et de sylviculture en 1875 à l’école d’horticulture.

Piveteau Vincent, ingénieur agronome INA Paris, ingénieur général des Ponts et des Forêts, directeur de l’ENSP de Versailles-Marseille en 2018, depuis 2011. A succédé à B. Welcomme.

Pluvinage Manuel, ENS, directeur du Potager du Roi de 2001 à 2007. Directeur adjoint des services de la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc en 2018.

Poison Matthias, né en 1978, artiste, enseigne à l’ENSP (arts plastiques)

Pousin Frédéric, architecte DPLG, directeur de recherche au CNRS, enseignant et directeur du Larep et du master théories et démarches du projet de paysage à l’ENSP de 2011 à 2013

Prévost Agnès, née en 1981, artiste, historienne de l’art, enseigne à l’ENSP (arts plastiques, DEP3, CESP, Projets) depuis 2017.

Preneux Christiane, assistante ENSH en cultures ornementales, enseignante en 1977-1983 à l’ENSP.

Provost Allain, né en 1938, IH 1958, SP 1962, DPLG 1964, assistant de R. Joffet de 1965 à 1970, enseignant ENSP (ateliers de projets, techniques de travaux) de 1976 à 1986. Artiste peintre. Ancien directeur de l’École supérieure d’architecture des jardins à Paris (ESAJ). GPP 1994 avec J. Sgard.
Biographie par Michel Racine

Prudhomme M., licencié en droit, avocat au barreau de Versailles, enseignant en droit et législation à la SP, 1946-1951.

Puget Roger, architecte DPLG, urbaniste diplômé de la ville de Paris, urbaniste en chef du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Enseignant en urbanisme et aménagement du territoire à la SP de 1946 à 1969. Il était assisté après 1965 par un chef de travaux M. Descatoire.


Q ^

Quemper Guillaume, né en 1974, ENSP ? enseigne à l’ENSP (arts plastiques)

Quesson Jean-François, ENSP 1983. Enseigne à l’ENSP au département des techniques (années 1990-2000).

Queter Christelle, secrétaire à l’ENSP en 1990.


R ^

Racine Michel, né en 1942, architecte DPLG, historien des jardins, responsable de la formation continue à l’ENSP (de 1989 à 2008 ?).
Éditeur (entre autres) des deux ouvrages « Créateurs de jardins et de paysage » chez Actes Sud en 2001 et 2002.

Rameau Jean-Michel, ENSP 1985, enseignant en ateliers de projet à l’ENSP.

Raymond Richard, agrogéographe, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, enseignant et chercheur à l’ENSP en 2012.

Reymond Fabrice, né en 1969, artiste, écrivain, enseigne à l’ENSP (arts plastiques, DEP2) depuis 2008

Richert Alain, 1947- 2014médecin de formation, créateur de jardins, enseignant ENSP en ateliers de projets (années 1990-2000)

Richard Antoine, Botaniste, il installe en 1798 la collection botanique du Grand Trianon au Potager du Roi où a été créée une « école centrale d’agriculture ».

Ricorday Joël, 1945-2016, SP 1967, enseignant d’ateliers à l’ENSP à Marseille et Versailles de 1988 à 2016.

Riousse André 1895-1952, architecte dplg, paysagiste diplômé, premier prix à l’exposition des arts décoratifs de 1925, diplômé de l’institut d’urbanisme, enseignant à l’école « du Breuil » à Paris, enseignant à la SP en théorie de l’art des jardins et composition, de 1946 à 1952. Il est remplacé par Théodore Leveau.
Spécialiste des cours, jardins et terrasses à Paris, il est l’auteur de Petits jardins d’aujourd’hui en 1937. Il réalise les espaces extérieurs de la cité jardin de la Butte Rouge à Chatenay-Malabry.

Riquois Alain, né en 1938, ingénieur du Génie rural et des Eaux et Forêts, chef de la Mission du paysage du ministère de l’Environnement (1980-1984), attaché agricole à l’ambassade de France aux Pays-Bas (1984-90), puis directeur de l’ENSH/ENSP (1990-1994). Il a rejoint ensuite, en tant qu’ingénieur général, le  CGGREF puis l’IGE et le pôle “Paysage” du CGPC jusqu’à sa retraite en 2004 (en charge successivement du Plan de Développement de l’Agriculture Biologique (PPDA BIO), de la réforme de la loi sur les Parcs nationaux et de leur inspections. Il a succédé à Raymond Chaux et précédé Jean-Baptiste Cuisinier.

Ristori Paule, secrétaire pédagogique à l’ENSP, années 1980.

Robert Laurence, née en 1973, ENSP 1998, enseigne à l’ENSP (arts plastiques DEP2), depuis le début des années 2000.

Rocheron Paul, né en 1939, assistant d’enseignement et de recherche à l’ENSH puis à l’ENSP (département d’écologie), de 1969 à 2002.

Roger Alain, né en 1936, philosophe, enseignant d’esthétique à l’Université de Clermont-Ferrand et dans la formation doctorale “Jardins, paysages, territoires” de l’École d’architecture de Paris-la-Villette (1989-2008). Auteur, notamment, du Court traité du paysage (Gallimard, 1997). Page Wikipédia.

Romain Fanny, ENSP 2003, enseignante et chercheure à Agrocampus ouest Angers, département paysage.

Rossetti Charles, écologue, enseignant au CNERP de Trappes (1972-1979).

Rossillion M., agence foncière et technique de Paris, enseignant en droit et législation à la SP de 1961 à 1971. Jean Carrel (ENSH) lui a succédé.

Roulet Pierre, SP 1954, enseignant à la section de 1960 à 1985 : « Improvisation sur un thème » en 1985.
Il a joué un rôle important dans les travaux de la mission de Paul Harvois à l’ENSH (1970-71).

Roumet François, ENSP 1988, agence d’entrepreneurs paysagistes Roumet-Guitel, enseignant en génie paysager au département d’écologie de l’ENSP en 2018

Roussel Guilain, né en 1984, ENSP ?, artiste, organisateur du voyage de 1ère année, enseigne à l’ENSP (arts plastiques) en 2018.

Royer (Bou) Catherine, née en 1948, historienne d’art diplômée de l’Ecole du Louvre, documentaliste ENSP (1976-1996), membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement

Rumelhart Marc, IH 1971, enseignant ENSP (département d’écologie) de 1976 à 2015. Directeur de la pédagogie en 1988.
Avec ses collaborateurs, notamment les paysagistes, G. Chauvel et A. Freytet, il a inventé une pédagogie originale, interdisciplinaire, de « l’ écologie appliquée au projet de paysage », en partie héritée de son « maître » l’écologue et botaniste Jacques Montégut, professeur à l’ENSH de Versailles. F. Roumet, Pauline Frileux et Yves Petit-Berghen lui ont succédé. Article biographique.


S ^

Sabourin Lucien, ingénieur divisionnaire de la ville de Paris, enseignant à l’École « du Breuil » à Paris et à la SP (Utilisation des végétaux et plans de plantations) de 1960 à 1973. Chef du fleuriste municipal. Il a précédé Gilles Clément qui reprendra cette mission de 1976 à 1983 à l’ENSP et à l’ENSH.
Il était membre du jury du concours en loge.
Biographie sur Hortiquid

Saccardy Laurent, IH 1967, SP 1969, DPLG 1980 (concours en loge en 1975), enseignant ENSP (1979-85), puis ENSH (sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers (1985-1995).

Saint-Maurice Jean-Claude, 1928-2001, IH 1948, SP 1951, DPLG 1956, cofondateur de l’Atelier du paysage avec J. Sgard et P. Roulet, enseignant en atelier de projet à la section de 1960 à 1972.

Salle Arnaud, né en 1977, musicien , compositeur, enseigne à l’ENSP (arts plastiques « En lien avec un site »)

Salles Sylvie, architecte DPLG 1990, enseignante et chercheure en ateliers de projets dans la formation DEP de l’ENSPdepuis 2018. Biographie.

Salmona Esther, née en 1974, ENSP 2001,DPLG 2001, artiste, écrivain, enseigne à l’ENSP (arts plastiques).

Samel Gilbert, né en 1933, SP 1953, DPLG 1956, enseignant (ateliers) à la Section de 1960 à 1972. Enseignant à l’école de Saint-Cyran où il a contribué à la création d’une formation de technicien de jardins.
Réalisations sur Archiguide

Santini Chiara, historienne et archiviste paléographe, chercheure et enseignante d’histoire des jardins (HDR) à l’ENSP depuis 2010 ainsi qu’à AgroParistech (master1). Elle a succédé à Catherine Chomarat-Ruiz. Biographie.

Saurin Jean-Pierre, SP 1969, CNERP, enseignant en ateliers à l’ENSP Marseille ?

Sauter Alain, géographe, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, master TDPP.

Sauvé Isabelle, documentaliste à l’ENSP en 2018.Elle a succédé à Geneviève Percie du Sert.

Scazzozi Lionella, architecte, Politechnico de Milan, master TDPP (2006-2008).
Déléguée de la Convention européenne du paysage en Italie.

Seguin Cyril, ENSP ?, enseignant et coordinateur pédagogique à la formation continue de l’ENSP en 2018

Sgard Jacques, né en 1929, SP 1947, diplômé de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris avec un stage et mémoire aux Pays-Bas en 1958, enseignant (conférences et ateliers de projet) à la Section (1962-1969), au CNERP (1972-1978), président de l’Association Paysages (1968-79), enseignant à l’ENSP de 1982 à 2018 (ateliers pédagogiques régionaux et TPFE), GPP 1994 avec Allain Provost.
J. Sgard est le principal initiateur avec P. Dauvergne et B. Lassus des pensées et pratiques du paysagisme d’aménagement et de l’urbanisme paysagiste en France.
Biographie par Annette Vigny

Simian Jean, diplômé de l’Ecole du Louvre, enseignant de dessin au lycée de Rueil, enseigne dans la section (y compris préparation) de 1968 à 1974, après la démission de J. Cordeau et de F. Blin.

Simon Jacques, 1929-2015, SP 1957, DPLG 1960, enseignant à la Section (1972-1974) puis à l’ENSP (Ateliers, arts plastiques), GPP 1990, 2006, 2009 (conseil de l’Europe),
J. Simon est avec M. Corajoud, J. Sgard et B. Lassus l’un des principaux rénovateurs des pratiques paysagistes et de la formation des paysagistes en France.
Page Wikipédia

Sire Jean, peintre, conseiller pédagogique à l’ INEP de Marly le Roi, enseignant d’arts plastiques à l’ ENSP (1978-1985).
Il est introduit par R. Bellec, secrétaire général de l’ENSP.

Spake Alan, SP 1954, DPLG 1958, SETRA, enseignant à la Section (1969-71).

Sprecher Thierry, SP 1968, enseignant ENSP (début année 1980).

Soulié Hélène, née en 1974, ENSP 1995, enseignante à l’ENSP (2002-2004) et enseignante-chercheure à l’École d’architecture et de paysage de Bordeaux depuis 2007.


T ^

Tailhade (Collin) Lucienne, SP 1952, DPLG 1956, enseignante ENSP, ateliers et voyage de 1ère année (1980-1990 ?).

Talagrand Marion, ENSP 1993, enseignante en ateliers de projet à l’ENSP depuis 2014.
Page de l’agence AMT

Tamisier Christian, SP 1970, enseignant ENSP Marseille, histoire sociale et politique des territoires urbains (> 1990).

Tanant Bruno, ENSP 1980, enseignant en projets de paysage, responsable des ateliers de l’ENSP en 2018 et 2019.
Page de l’agence TN+

Tardivon Annie, née en 1963, ENSP 1983, enseignante (ateliers de projets) à l’École d’architecture et de paysage de Lille depuis 2009, présidente de l’association Inuits en collaboration avec le paysagiste Vincent Bénard, Trophée du paysage en 1997.

Theys Jacques, Ancien responsable de la prospective des ministères de l’Environnement et de l’Équipement, enseignant à l’EHESS, président de l’association Serge Antoine, membre du comité de rédaction de Futuribles et conseiller scientifique de Futuribles International.
N’a pas enseigné à l’ENSP.

Thébaud Henri, IH 1916, « architecte paysagiste » depuis 1926, enseignant d’utilisation des végétaux et de projets de plantation à la SP de 1946 à 1960. L. Sabourin lui a succédé.

En 1960, alors qu’il est “professeur de composition” à la SP, il prend en charge le cours d’architecture des jardins en 3ème année à l’ENSH à la suite de F. Duprat. Il participe au conseil des professeurs de l’ENSH.

Therre Nathalie, ingénieur ENITHP Angers 1992, spécialité protection des végétaux, directrice de l’enseignement et de la vie étudiante à l’ENSP en 2018.

Tiberghien Gilles A., né en 1953, philosophe, maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon Sorbonne où il enseigne l’esthétique1. Il est membre du comité de rédaction des Cahiers du Musée d’art moderne et des Carnets du paysage. Il a dirigé la collection Arts et esthétique aux éditions Carré, Hoëbeke et Desclée de Brouwer

Thomas R., enseignant de théorie et construction des sols sportifs à la SP de 1961 à 1984.

Tischer Stefan, né en 1965, CESP Versailles (1989-1990), professeur d’architecture de paysage à Munich, Berlin, Montréal, Alghero (Italie), responsable des ateliers ENSP de 2012 à 2015.

Toublanc Monique, ingénieure ENITHP Angers 1977, sociologue, enseignante en sciences humaines et sociales à l’ENSP (master DEP) depuis 1994. Page ENSP.

Treyves Philippe, SP 1966, ingénieur agronome INA Paris, paysagiste à l’IAURP, cofondateur du GERP (1968-70), puis entrepreneur paysagiste à Moulins. Fils de J.-F. Treyves, SP 1952.

Tricaud Pierre-Marie, ingénieur agronome INA Paris-Grignon, ENSP 1978, président de la FFP, urbaniste et paysagiste à l’IAURIF en 2018.

Tricaud Vincent, ENSP 1983, enseignant à l’École d’architecture et de paysage de Bordeaux.

Trouvelot Bernard, ingénieur agronome INA Paris, chercheur INRA Versailles, professeur d’entomologie à l’EN(S)H (1935-1970)


V ^

Van den Toorn Martin, architecte paysagiste, enseignant à Université de Wageningen puis de Delft, master TDPP (2006-2011).

Varcin Armelle, ENSP 1983, enseignante en techniques à l’ENSP, puis à l’École d’architecture et de paysage de Lille.

Verlot Pierre-Bernard-Lazare, né en 1900, ingénieur agronome INA Paris, professeur d’horticulture industrielle et commerciale à l’ENH  de 1939  à 1962. Cadre SNCF. MM Ravisy (Horticulture) et Carrel (Economie) lui succèdent.

Vexlard Gilles, né en 1950, SP 1972, DPLG 1979, GPP 2009, enseignant ENSP Versailles, ateliers de projet (1988-2015 ?) et master TDPP.
Page de l’agence Latitude Nord

Vidal Roland, Ingénieur de recherche, enseignant en botanique, informatique, puis en agriculture urbaine au master TDPP de l’ENSP en 2018.
R. Vidal a accompagné d’abord, de 1980 à 1990, les activités pédagogiques du département et du laboratoire d’écologie dirigé par P. Donadieu et M. Rumelhart, puis a fondé la cellule informatique. Coresponsable du master TDPP depuis 2014.
Page personnelle

Vigny Annette, née en 1944, enseignante-chercheure à l’université d’Orsay, détachée à l’ENSP de 1996 à 2000, membre du comité de rédaction des Carnets du paysage, enseignante et chercheure ENSP.
Auteure d’un ouvrage consacré à Jacques Sgard, paysagiste et urbaniste (Actes Sud/ENSP, 1995).

Viollet Michel, né en 1939, SP 1960, DPLG 1968, membre de l’IAURP de 1962 à 1963, de l’Atelier de Paysage avec J.-C. Saint-Maurice en 1965, assistant de J. Sgard et de B. Lassus et direction des études de 1968 à 1972 (SP), puis à l’ENSP chef d’atelier et à partir de 1997 à l’ENSP, coordination des ateliers pédagogiques régionaux de quatrième année jusqu’en 2006 ? P. Aubry lui succède.
Fondateur de l’agence API (architecte, ingénieur, paysagiste) sous forme coopérative. Il a travaillé avec B. Fischesser au CEMAGREF de Grenoble.


W ^

Warnery M., architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, enseignant SP, architecture et construction (1954-1956).

Welcomme Bernard, XGREF, Ingénieur des Ponts et des Forêts, directeur de l’ENSP de 2006 à 2011. A succédé à Robert Mondy et précédé Vincent Piveteau.


Z ^

Zarmati (Jenny) Sarah, créatrice du centre de documentation du CNERP et consultante à l’ENSP et à la Mission du paysage, 1972-1980-1990. Corédactrice en chef, avec P. Donadieu et A. Fraval de la revue Paysage et Aménagement de 1993 à 1996.
Photo en 1973 (CNERP).


8 – L’enseignement de 1979 à 1982

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Chapitre 8

L’enseignement de 1979 à 1982

Pierre Donadieu raconte l’organisation de l’enseignement de l’ENSP au début des années 1980.

Version du 2 février 2019

 

Le troisième programme pédagogique de l’ENSP est connu par un document rédigé au cours du printemps 1979[1]. Il concerne l’année scolaire 1979-1980.

Au cours de chacune des trois années de formation, les enseignements étaient regroupés en sept ensembles appelés, en principe, départements : la connaissance du milieu, la connaissance du milieu humain, les techniques de communication, les arts plastiques, la maitrise d’œuvre et les techniques opérationnelles, les théories, études et approches paysagères, et les ateliers de projets.

 

La connaissance du milieu

Ce département dispensait 300 heures en première année, 141 heures en deuxième année et 71 heures en troisième année, soit environ 480 heures. Comme son nom l’indiquait, il était chargé de transmettre des connaissances sur le milieu physique, supposées utiles aux futurs paysagistes pour leur pratique de conception et de réalisation de projets.

Dès la première année était dispensé un cours de 15 heures sur les bioclimats, qui devait aider à comprendre les sensibilités aux climats des végétaux à planter (P. Donadieu) ; un cours de 20 heures de géomorphologie (P. Fournier de l’Institut national agronomique de Paris) pour nommer et interpréter les formes du relief ; 70 heures de cours et de travaux dirigés pour apprendre à identifier les végétaux et leurs propriétés écologiques (M. Rumelhart à la place de J. Montégut dans la Section) ; 80 heures pour les choisir et les utiliser dans les projets (G. Clément et P. Lemattre qui avaient remplacé L. Sabourin) : un cours de physiologie végétale de 21 heures pour comprendre le fonctionnement biologique des végétaux (N. Dorion). Enseignements auxquels s’ajoutait un voyage d’étude d’une semaine (M. Rumelhart et P. Lemattre). Ces bases d’une formation écobiologique étaient importantes surtout pour ceux qui n’avaient pas faits d’études horticoles. Elles étaient dispensées essentiellement par de jeunes ingénieurs horticoles, praticiens (G. Clément) ou enseignants chercheurs à l’ENSH et à l’ENSP.

En seconde année, cette formation écobiologique se poursuivait avec un approfondissement de 75 heures en phytoécologie et un voyage d’application dans la baie de la Somme : le Marquenterre (P. Donadieu et M. Rumelhart) ; 25 heures en sciences du sol avec P. Pasquier (ENSH) et 32 h en utilisation des végétaux (G. Clément, C. Preneux et P. Lemattre).

Elle se terminait en troisième année avec 60 h de travaux dirigés de cartographie et de photointerprétation (P. Donadieu et P. Bordes).

D’un côté des enseignements scientifiques appliqués (sciences de la vie et de la terre, sciences horticoles et forestières), de l’autre des formations pratiques concernant la composition paysagère et la décoration florale. Ces formations étaient dispensées indépendamment les unes des autres. Si bien que l’utilité de certaines fut contestée ensuite par les étudiants et les enseignants d’atelier[2].

 

La connaissance du milieu humain

Placée sous la direction de Pierre Dauvergne, paysagiste DPLG, une dizaine d’enseignants se répartissait environ 180 heures d’enseignements. La majorité était des vacataires et les autres (3) issus du corps enseignant permanent de l’ENSH. Leurs enseignements étaient surtout situés en 1ère année (102 heures) et en 2ème année (65h), notamment l‘histoire de l’art et de l’art des jardins (S. Hoog, conservatrice au château de Versailles)

En première année, P. Dauvergne préparait les étudiants à « l’analyse approfondie d’une situation pour acquérir les bases d’une réflexion et d’une création personnelle … et à une meilleure connaissance des interlocuteurs du paysagiste » grâce à « une lecture du paysage d’Elancourt » en termes d’organisation sociale (45 heures). Au cours des deux premières années, les sociologues Hervé Moisan, J.-P. Schaff et l’ethnologue P. Lemonnier initiaient les étudiants aux concepts de l’ethnologie et de la sociologie urbaine et rurale (65h). Ils s’inspiraient, notamment, des publications de la revue Hérodote pour expliquer la perception du paysage et ses dimensions esthétiques. M. Joly introduisait à la sociologie des organisations administratives et aux procédures de l’urbanisme ; l’économiste P. Mainié (ENSH/INRA) à l’histoire macroéconomique et à la microéconomie des entreprises paysagères qu’il étudiait ; le géographe J.-P. Boyer à l’économie de l’espace et J. Carrel (ENSH) au droit foncier et des contrats (36 heures).

Déconnectés des pratiques de projet en ateliers, ces enseignements scientifiques, dits « théoriques » par les praticiens, évolueront considérablement au cours des années 1980 notamment avec le dért des enseignants de l’ENSH en 1982 et 1983 et le recrutement des premiers enseignants permanents de l’ENSP en 1985 et 1986.

 

Les techniques de communication

Trois enseignants se partageaient cette formation de 355 heures.

En première année, en techniques de représentations (200 h), Lucienne Tailhade-Collin, paysagiste DPLG avec F. Manach, enseignant à l’UP d’architecture n° 5 formaient les étudiants « à représenter des espaces plantés et surtout des espaces paysagés imaginaires » (esquisses, plans masses, coupes, perspectives, maquettes).

R. Bellec, par ailleurs secrétaire général de l’ENSP, prévoyait au cours des trois années (90 heures) un enseignement de communication orale et écrite « permettant de mieux situer les conditions du développement des relations interpersonnelles à l’oral comme à l ‘écrit». Théorique, cette formation, dont on connaît mal la mise en œuvre, sera reprise par l’ethnologue D. Bouillon sous la forme d’une sémiologie de la communication au début des années 1990.

Lui était adjointe une formation de 30 heures en anglais par R. Fontaine, professeur à l’INRAP de Dijon, et dont la mise en œuvre restera longtemps intermittente du fait de l’absence chronique des élèves.

Ces formations pratiques répondaient à un véritable besoin de compétences à acquérir par les élèves, notamment dans les ateliers. Seule la première (les techniques de représentations) s’inscrira définitivement dans la longue durée.

 

Les arts plastiques

En continuité avec celle de la Section du Paysage et de l’Art des jardins, cette formation de 270 heures était prise en charge par deux professeurs certifiés de dessin, Françoise Blin (45 heures) et Daniel Mohen (90 heures). Ils enseignaient au cours des trois années : le « savoir traduire ou exprimer, par la maîtrise des techniques picturales et graphiques …et par le développement de la personnalité ». Le programme prévoyait l’initiation à la composition, à la maîtrise du geste (vision, rythme et mouvement), à « l’écriture des végétaux et à la couleur dans l’espace (lois d’harmonie, des contrastes, élaboration de la palette végétale »). Chacun devait trouver, en atelier, une méthode de travail personnel en s’appuyant notamment sur son expérience de visites d’expositions et de musées.

En outre Jean Sire, peintre et conseiller technique et pédagogique à l’Institut National d’Éducation Pédagogique de Marly-le-Roi, consacrait 135 heures à « une pédagogie de l’expression sensible » au cours des trois années. Il privilégiait « un univers plurisensoriel fondé sur la connaissance du langage formes-couleurs ».

Ce groupe d’enseignants fusionnera plus tard avec celui des techniques de communication, réduit à la compétence de la pédagogie de la représentation graphique. Son travail était essentiel pour les ateliers qui en attendaient à la fois une capacité des étudiants à imaginer un aménagement et celle de représenter et communiquer un projet. Comme le niveau des élèves était très hétérogène, les enseignants ne pouvaient faire mieux que de suivre les progrès de chaque étudiant au cours des trois années, et de constater son succès, ses difficultés ou son manque de travail, voire de capacités.

 

La maîtrise d’œuvre et les techniques opérationnelles

Ce département qui gérait 260 heures d’enseignements regroupait des praticiens paysagistes, concepteurs DPLG (A. Provost, J. Coulon, L. Saccardy), entrepreneurs paysagistes (R. Gibet, G. Mandon), et spécialistes (G. Kokoreff en éclairage, R. Thomas en sols ou P. Bordes en topographie et terrassements).

Dès la première année, les paysagistes M. Corajoud et J. Coulon faisaient comprendre la nécessité de penser le projet en fonction de leur réalisation et des techniques disponibles (42 heures). Puis les paysagistes et ingénieurs horticoles A. Provost et L. Saccardy précisaient en 2ème et 3ème années le rôle des maîtrises d’œuvre et d’ouvrage, les arcanes des marchés et les contenus des différentes phases d’études (30 heures). P. Bordes (ENSH) enseignait les techniques de nivellement, J.-M. de Forges (ENSH) les techniques de l’hydraulique (irrigation, drainage, filtration…) pendant 35 heures ; et A. Provost, peintre, paysagiste et ingénieur horticole, les techniques d’ouvrages particuliers (dalles, plans d’eaux, piscines, fontainerie …), …

Autant la proximité des techniciens et des concepteurs apparaissait comme une nécessité de la formation, autant celle des experts scientifiques (hydraulique notamment) perdait de son intérêt. Il n’était pas indispensable pour concevoir un projet, disaient les enseignants de projets (J. Coulon notamment) de maîtriser les équations de probabilité de Bernoulli pour penser la circulation de l’eau sur un site. Cette notion était nécessaire aux ingénieurs, mais facultative chez les apprentis concepteurs de projet de paysage.

Cette divergence de vues sur les programmes pédagogiques sera en partie à l’origine de la crise de 1983 (le départ des enseignants de l’ENSH).

 

Théories – Études et approches paysagères

Ce groupe d’enseignements était distingué des ateliers et concernait 166 heures en 1ère et 2ème années. Il était pris en charge par B. Lassus, professeur à l’UP d’architecture n° 6 – future école d’architecture de Paris-La-Villette – (35 heures) en démarches paysagères et critiques et moyens d’une pratique, par M. Corajoud, paysagiste (20 heures) en morphologie des paysages, P. Dauvergne (33 heures) en analyse de sites et paysages, en composition paysagère par L. Tailhade-Colin et A. Provost (12 heures), et J. Coulon en analyse et études de lieux paysagers.

Des interventions des paysagistes : J. Sgard (interprétation des paysages), T. Sprecher, et J. Challet étaient prévues.

Rien n’indique que toute ces conférences aient été faites. Cette programmation tenait à la nécessité de faire apparaitre un champ théorique substantiel permettant d’éclairer les pratiques paysagistes. Seuls B. Lassus, M. Corajoud et J. Coulon et quelques apprentis historiens y prétendaient au moment où démarrait le premier programme de recherches de l’ENSP (chapitre 7). Fallait-il compter sur les éclairages donnés par les enseignants de l’ENSH, et les chercheurs de l’INRA et le CNRS ? Nul ne le savait et restait de fait méfiant ou réservé face aux propositions des « sachants ».

Ce groupe d’enseignements sera, dès 1985, réintégré sous différentes formes dans les ateliers de projets.

 

Ateliers de projets

Comme dans la Section, les ateliers restaient le lieu privilégié de l’apprentissage pratique du métier de paysagiste. 910 heures leur étaient réservées, environ un tiers du temps d’enseignement des trois premières années.

B. Lassus, professeur à l’UP n°6 et P. Aubry, paysagiste DPLG se consacraient à l’atelier Charles-Rivière Dufresny en 2ème et 3ème années (400 heures), M. Corajoud, paysagiste et A. Provost, paysagiste DPLG à l’atelier André Le Nôtre (412 heures). En troisième année, J. Sgard, T. Sprecher et E. Mauret (3 paysagistes DPLG) encadraient un atelier d’aménagement du territoire et d’urbanisme (135 heures).

Théoricien, B. Lassus fondait son enseignement sur trois concepts : la reconnaissance paysagère, le substrat paysager et l’ambiance paysagère, le paysagiste étant considéré comme « un médiateur culturel ».

Pragmatiques, M. Corajoud et A. Provost voulaient transmettre « la capacité à maîtriser les processus qui conduis(ai)ent à une mise en forme avant le projet définitif et à sa faisabilité ». Il s’agissait d’assembler des données analytiques (du site, du programme) autour d’une intention ; ceci selon plusieurs phases empiriques successives : analyses, esquisses, schématisation, re-esquisses, « feu-vert », projet proprement dit, distanciation et présentation[3].

Ce cadre a servi de structure aux enseignements de projet. Le changement le plus important fut en 1982 le passage à une option d’ateliers (Le Nôtre ou Dufresny) en   troisième année, en raison de l’incompatibilité des théories et des pédagogies d’atelier. Elles étaient devenues des doctrines contradictoires pour les enseignants, mais pas nécessairement pour les étudiants.

 

Les contenus d’enseignement

Les archives ont conservé quelques polycopiés des prévisions d’enseignements de l’année 1979-80. Ces supports d’ateliers, de cours ou d’excursion avaient été mis en place dès la fin des années 1950 dans la Section à la demande des étudiants. Mais ces documents concernaient surtout trois départements : la connaissance du milieu et celui de milieu humain, et les techniques. Les étudiants en ateliers comme en arts plastiques et en techniques de représentations n’en manifestaient pas le besoin, puisque les enseignements reposaient sur l’acquisition de savoir-faire de conception, artistiques ou de techniques visuelles, sinon de savoir-être. Nul besoin donc de savoirs scientifiques ou techniques formalisés dans des textes écrits.

Connaissance du milieu

Les polycopiés, très nombreux, concernaient par exemple des informations sur des lectures de paysage (Forêt de Beynes, arboretum de Chévreloup, plaines du Vexin, baie du Marquenterre, Forêt de Rambouillet, coteaux de Grignon …). Il s’agissait à la fois d’expliquer les paysages par le climat, la géologie et les sols, de lire des cartes topographiques ou géologiques, de faire des relevés de végétation, et de récolter des échantillons de végétaux pour la réalisation d’herbiers. Orienté vers la connaissance botanique et écologique, l’enseignement était organisé par thèmes, saisonniers (les rameaux nus et bourgeons en hiver, les graminées au printemps) ou non (les conifères), et finalisé par des contrôles continus (herbiers botanique et écologique commentés). La plupart des connaissances et des sites d’excursion étaient empruntés à l’héritage de J. Montégut, professeur de botanique, de physiologie et d’écologie végétale à l’ENSH. Ingénieurs horticoles, P. Donadieu et G. Clément (ENSH 1965) et M. Rumelhart (ENSH 1971) en étaient les héritiers directs.

S’y ajoutait un cours polycopié de M. Lefèvre sur la forêt, la production et la gestion forestière qui s’adressait plus à de futurs forestiers qu’à des paysagistes.

Techniques de projet

Héritiers des cours de la Section du paysage, les enseignements cordonnés par A. Provost faisait appel à une dizaine d’enseignants vacataires, notamment G. Mandon, R. Gibet, R. Thomas, P. Bordes, ainsi qu’à Guy Kokoreff en tant que technicien éclairagiste[4] au sein d’une équipe de projet. Peu de traces ont été laissés par ces enseignements.

Connaissance du milieu humain

Quatre enseignants jouaient un rôle important. P. Mainié, enseignant à l’ENSP et maître de recherches de l’INRA à l’ENSH avait conçu un enseignement d’économie de l’espace[5] en première année et un autre relatif à la gestion des entreprises paysagères en troisième année. Aux élèves de troisième année, il exposait dans un polycopié de douze pages[6] les principes de gestion d’une entreprise paysagère afin de préparer les visites aux agences. Il organisait des visites de ces entreprises. Par exemple le 7 novembre 1980, les étudiants par groupes allaient rendre visite, les uns, notamment Christine Dalnoky, à Jacques Sgard dans son atelier d’urbanisme et de paysage à Paris, les autres comme Michel Péna à Thierry Sprecher au CODRA. Il faisait appliquer ainsi ses enseignements méthodologiques de première année sur la pratique des entretiens qui consistaient, en particulier, « à se demander comment l’espace choisi pour mon projet peut s’intégrer dans le vécu de l’espace du village tel qu’il est aujourd’hui ou peut être demain ». Cette pratique de l’enquête eut du mal à se perpétuer par la suite.

Le sociologue H. Moisan distribuait des photocopies d’articles de psycho (socio)logues, relatifs à la perception du monde, qu’ils commentaient en cours. Là encore, la relation inexistante avec la pratique de projet, et l’absentéisme, comme dans d’autres enseignements (« théoriques ») de ce département, mirent fin assez vite à ces initiatives sans lendemain.

J. Joly enseignait la sociologie des organisations administratives (les grands corps de L’État, les réformes ministérielles …) pendant 20h, comme à des étudiants de sciences politiques. Jean Carrel le droit de l’urbanisme et rural, mais ses cours n’ont pas laissé de traces.

Les arts plastiques

Seul D. Mohen a laissé un texte développant ses intentions pédagogiques en relation avec le projet[7]. Il prévoyait d’étudier la composition du paysage à partir de l’étude des tableaux des peintres (Poussin, Chardin, Seurat, Rubens, Delacroix, les Cubistes, de Stael), et privilégiait les idées « d’équilibre et d’ordonnance » de la structure d’une image. En focalisant sur le geste du peintre, il abordait les notions de vision, de rythme, et de mouvement. En analysant les peintures préhistoriques et chinoises, autant que celles du peintre Olivier Debré, il expliquait les paysages représentés comme signes d’une culture. En s’intéressant à la couleur, il montrait l’intérêt des contrastes et des harmonies dans la construction des images de projet de paysage. En analysant l’espace des tableaux dans les dessins de Cézanne et de Giacometti, il mettait en évidence le rôle de la profondeur, de la perspective, du vide et de la troisième dimension

Les ateliers

Un polycopié Atelier paysage et aménagement du territoire précise les objectifs ambitieux de cet exercice de troisième année (168 heures), d’abord dans la vallée de la Mauldre, puis dans un atelier itinérant « Paysage et aménagement rural » pendant une semaine en juillet[8]. D’abord établir des diagnostics, puis « juger de la qualité de la vie locale », fixer des objectifs de production et de conservation des paysages, dans le cadre de procédure de planification. Cet atelier réunissait, ce qui était nouveau, trois paysagistes (P. Dauvergne, J. Sgard, T. Sprecher), deux ingénieurs écologues (P. Donadieu et M. Rumelhart) et deux économistes, P. Mainié notamment. Les scientifiques encadraient des travaux de cartographie ou d’enquêtes, les étudiants paysagistes exploraient, écoutaient et proposaient des aménagements selon les différentes parties de la vallée. Mais ces activités, inspirées par les pratiques paysagistes du CNERP disparu, restaient séparées les unes des autres. Il appartenait aux étudiants de faire une hypothétique synthèse.

P. Dauvergne accompagnait lui aussi son enseignement d’enquêtes auprès des étudiants[9]. En première année, Michel Desvigne, issu de l’université, voyait« le paysage comme un champ de bataille où le camouflage intègre bâtiments, machines et hommes en un ensemble parfait ». Yves Pilorge, issu d’un BTSH, en deuxième année le concevait « comme une résultante de divers facteurs de tous ordres », et Michel Péna, issu d’un premier cycle d’architecture, avouait « je pense aujourd’hui que le paysagiste sert à embellir le paysage : mes premiers maîtres sont les beaux paysages ».

Une note manuscrite succinte de M. Corajoud faisait état de l’organisation de son atelier Le Nôtre en deuxième année avec un projet de centre de colloque à Elancourt dans la ville nouvelle de Saint-Quentin. D’abord « établir les relations du site avec le plateau », les accès notamment ; puis définir un périmètre ouvert au public, les équipements du parc (amphithéâtre, aires de sport et de détente…). Un organigramme d’octobre à février prévoyait les visites de terrain, les temps d’atelier et de correction individuelle et collective.

Nulle trace de l’atelier Dufresny hormis le texte du programme pédagogique de 1979-80.

Ces rares documents sont les seuls, à ce jour, avec les bilans pédagogiques annuels des enseignements, qui permettent de se rendre compte des contenus de formation. Car il était rarement fait un bilan de chaque cours ou atelier qui n’était pas à l’époque évalué par les étudiants. D’une manière générale, les contenus ne faisaient pas l’objet de débats pédagogiques. Le seul critère restait la satisfaction des étudiants qui n’hésitaient pas à faire savoir leur jugement auprès de la direction des études ; un autre critère passif, le plus efficace … étant l’absence des élèves à ces cours ou ateliers.

Rappelons que, parallèlement à l’enseignement, la Mission du paysage dirigée par A. Riquois mettait en place les premières mesures de la nouvelle politique du paysage. Ce qui concernaient en 1981 les études du vignoble alsacien, de la région de Vézelay et du Causse Méjean et qui pouvaient impliquer des stagiaires de quatrième année de l’ENSP. Un groupe de travail entre les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, basé à l’ENSP, allait être chargé du renforcement du personnel de l’ENSP (6 postes), de l’apport de contrats d’études et de recherches et d’un centre de documentation à développer[10].

 

La scission des ateliers (1981-82)

À la fin de l’année scolaire 1979-80, le 3 juillet 1980, les avis des enseignants sont très contrastés : en première année, les étudiants restent scolaires et universitaires pour M. Rumelhart, « de bon niveau » pour P. Dauvergne et « année très mauvaise » pour le pédologue P. Pasquier ; en deuxième année, « promotion excellente » pour P. Donadieu, S. Hoog, J. Sire et M. Rumelhart », « insuffisante pour 8 ou 9 » pour P. Pasquier[11].

Dans le détail de l’enseignement, tout n’est pas parfait… Les travaux non rendus sont fréquents, notamment en deuxième année à P. Dauvergne et qui concerne 9 élèves sur 15. Tous les travaux demandés, s’ils sont remis, ne semblent pas répondre aux exigences pédagogiques des enseignants. Huit propositions de rattrapage en troisième année concernant des enseignements de G. Clément, M. Rumelhart, J. Sgard, A. Provost et P. Dauvergne , mais également de P. Lemonnier sont formulées. Est en jeu l’attribution du diplôme si la note finale n’est pas satisfaisante. Plusieurs systèmes de notation existent en fait en fonction de l’étendue utilisée de la grille de notes. Plus elle est resserrée en évitant la note 8 à 10, plus l’on évite les rattrapages, mais la distinction entre étudiants est faible ; plus elle est élargie en incluant des notes éliminatoires, plus elle est efficace et distingue les élèves les uns des autres, mais provoque des rattrapages, parfois jamais rattrapés ….

Le 6 juillet 1981, les enseignants jugent la promotion de 1ère année (25 étudiants) « disparate » (J. Coulon, P. Dauvergne, D. Mohen), « immature » (S. Hoog, L. Tailhade-Colin), « inégale » (F. Blin), « indisciplinée » (P. Bordes), et absentéiste (P. Donadieu).

Deux ans après la mise en place du programme pédagogique de 1979, le 24 septembre 1981, 13 enseignants se retrouvent à la rentrée autour de la table du conseil, situé au premier étage sur le pignon Est de l’actuel bâtiment Saint-Louis.

Un premier litige apparaît pour savoir si les notes inférieures à 8/20 en ateliers entrainent un redoublement systématique ou si les étudiants peuvent fournir au cours de l’année suivante des travaux dits de rattrapage, avec un redoublement possible et une nouvelle chance si la note est mauvaise. Non résolu de manière satisfaisante par la modification (complexe) du règlement intérieur, ce problème restera récurrent par la suite.

Les tensions qui sont nées, depuis un an entre les deux ateliers Le Nôtre et Dufresny aboutissent à décider d’une option pour les étudiants en troisième année. Bien que certains souhaitent suivre les deux. Sur ce dernier point F. Manach pense qu’il faut les faire voter …

Cette tension a accompagné les travaux des enseignants en 1981 et a abouti à un « rapport sur la situation, les problèmes et les perspectives de l’ENSP et de l’ENSH ». Celui-ci concerne la création d’un premier cycle sous la tutelle de l’école, d’une formation continue, et celle d’un noyau d’enseignants permanents de l’école ainsi que l’arrivée d’étudiants en troisième année. L’absence d’enseignants titulaires fragilise en effet considérablement l’école, qui dépend uniquement d’un lourd budget de vacations et des enseignants de l’ENSH.

Parallèlement est mis en place le premier programme de recherches de l’école dont le responsable P. Mainié indique que « l’objectif de ce groupe de travail est de résoudre les problèmes que pose la démarche de projet » (p. 6).[12]

Le 6 juillet 1982, nouveau conseil des enseignants en principe constitué de 27 membres, 13 étaient présents.

Les divergences pédagogiques entre les deux ateliers s’accentuent en troisième année. L’atelier Dufresny, avec un effectif réduit, a choisi une note collective pour « des résultats satisfaisants » mais sans résoudre le problème de l’enseignement des techniques de maîtrise d’œuvre dans le projet dès la deuxième année. Alors que M. Corajoud et A. Provost recherchent cette complémentarité dans leur atelier commun et individualisent les notes. Tous, notamment B. Lassus, se plaignant par ailleurs du niveau bas du taux de vacations, qui revient de fait à un « bénévolat » de leur part.

Revenant sur la recherche en cours, P. Mainié fait état de l’intérêt des différentes démarches utilisées, mais déplore « la faible disponibilité des personnes concernées ». Trois nouveaux projets de recherche (P. Donadieu, P. Mainié) à financer par la Mission du paysage sont débattus. Le conseil retient quatre thèmes mis au vote : Constitution d’une banque de données végétales informatisées (P. Donadieu), l’arbre dans l’espace social contemporain (P. Donadieu, P. Mainié), problématique de projet (M. Corajoud) et perception et paysage (F. Blin). Ceux de P. Donadieu et de M. Corajoud sont retenus.

 

Naissance de l’Institut français du paysage

À la rentrée de l’année scolaire 1982-83, le compte-rendu du conseil des enseignants résumait le projet de création du groupe de travail interministériel Enseignement et promotion du paysage[13]. Présidé par P. Harvois, auteur du premier projet d’Institut du paysage en 1971-72, il avait réuni le 6 septembre les représentants du ministère de l’agriculture (Renard, Bellec, Chaux), de l’urbanisme et du logement (Dauge, Duport, Riquois, Lassus), de l’environnement (Letourneux), de la culture (Pattyn) et de la recherche et de l’industrie (Bruston), ainsi que M. Manya directeur du service des espaces verts de la ville de Marseille.

Etait prévue « la création d’un Institut français du paysage (IFP) » qui se substituerait à l’ENSP. Il s’agissait : « d’aller très vite pour obtenir un décret créant l’Institut et définissant le corps enseignant ». Méthode qui n’avait pas abouti à un succès en 1972 …

Le conseil a réagi immédiatement : où sera cet institut (P. Bordes) ? À Versailles répond R. Chaux. Pourquoi les professionnels n’ont-ils pas été consultés (M. Corajoud ) ? Ce dernier affirme que ces questions « relèvent des « penseurs du paysage et non des administrateurs ». R. Chaux rétorque que c’est le gouvernement qui décidera. M. Corajoud rappelle que « la présence de B. Lassus n’est pas due à ses qualités de paysagiste, mais à celle de conseiller technique de P. Harvois » (en fait il est conseiller technique de Yves Dauge et était présent parmi les membres de la commission Harvois en 1970).

Au conseil des enseignants suivants, on apprend que cette instance sera représentée par M. Corajoud, A. Provost, B. Lassus, R. Bellec et R. Chaux.[14]. L’hypothèse du déplacement de l’ENSH à Angers est confirmée pour 1986 (il n’aura lieu en fait que dix ans plus tard). Il est admis cependant par tous que « les problèmes d’horticulture ne sont qu’une fraction des préoccupations à prendre en compte dans la formation paysagère » (p . 3). Face aux propositions du futur conseil d’administration de l’IFP par R. Chaux. M. Corajoud fait voter à l’unanimité la proposition « d’une représentation majoritaire des enseignants chercheurs, membres du personnel et étudiants au conseil de l’IFP ».

Enfin, au bout de six ans de sélection, le concours d’entrée en 3ème année est suspendu en 1983-84 du fait des problèmes pédagogiques de niveau des étudiants qu’il pose aux enseignants (3 étudiants, les derniers, ont été recrutés à nouveau en 1982). En outre l’épreuve de représentation graphique du concours de première année, peu satisfaisante, devra être revue par un groupe de travail.

Le départ de G. Clément, qui enseignait l’utilisation des végétaux en première et deuxième année (130 h), est annoncé au conseil des enseignants du 25 février 1982 (pour des raisons de santé[15] et peut-être pour des raisons de mésentente avec les enseignants d’atelier qui lui demandaient d’enseigner dans le cadre de leurs ateliers). Un groupe de travail (Donadieu, Rumelhart, Aubry, Dauvergne, Tailhade-Collin) est désigné pour proposer un nouveau programme de travail, avec l’idée de reprendre cet enseignement dans le cadre du département de connaissance du milieu (dite « équipe d’écologie végétale »[16]). Une diversification de cet enseignement est envisagée par le conseil avec des apports en ethnobotanique, histoire de l’art, arts plastiques et des témoignages de praticiens.

Dans ce même compte rendu, on apprend que le comité interministériel à la qualité de la vie (CIQV) du 9 février, consacré (en partie) à la formation des paysagistes, n’envisage plus la création d’un premier cycle, au profit du développement d’un troisième cycle dans l’IFP ; qu’un groupe de travail (Dauvergne, Donadieu, Sgard, Dreyfus) se consacre à la demande ministérielle de formation en « paysage d’aménagement » à l’ENSP, demande qui ne semble pas satisfaite par les enseignants, non issus du CNERP. Que les enseignants paysagistes ne veulent pas d’une formation continue paysagiste qui spécialiserait les architectes, et qu’un cycle de quatre conférences de personnalités extérieures sera organisé l’année suivante à l’école[17] .

 

Conclusion

De cette étape de construction de la formation des paysagistes à l’ENSP, il faut retenir qu’elle est le résultat d’un assemblage improbable (et instable) entre des polarités culturelles différentes et parfois opposées.

Entre les enseignements techniques au service de la pédagogie d’ateliers, et les enseignements scientifiques pris en charge surtout par des enseignants de l’ENSH ou leurs héritiers ; entre les tenants du « paysagisme d’aménagement » issu du CNERP et demandé par les ministères chargés de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, et ceux d’une formation à la maîtrise d’œuvre opérationnelle défendue par les organisations professionnelles (Société française du paysage, Chambre syndicale des paysagistes) ; entre deux conceptions de la pratique paysagiste, l’une pragmatique défendue par M. Corajoud et A. Provost, et l’autre conceptuelle et plasticienne théorisée par B. Lassus.

Sans compter l’idée que cette formation devait concerner également le monde agricole et celles de l’écologie politique et scientifique qui commençaient à circuler dans la société française après le premier choc pétrolier et la candidature écologiste de René Dumont à la présidence de la République en 1974.

Toutes les conditions étaient réunies pour que cette construction fragile explose. Ce qui se fit en deux temps, d’abord en 1983 avec le départ des enseignants de l’ENSH, puis en 1985 avec l’échec de l’Institut français du paysage (chapitre 9).

Pierre Donadieu

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[1] Programme pédagogique 1979, ENSP, doc. ronéo, Archives Donadieu, n° 2088.

[2] En 1983, à la suite d’une grève des étudiants, la moitié des enseignants du département fut contrainte de cesser ses enseignements.

[3] Cette démarche sera théorisée dans la Lettre aux étudiants publiée en 2000.

[4] G. Kokoreff, Le traitement des ambiances nocturnes, 2e année, 1980, non paginé

[5] P. Mainié, Economie et espace, plan du cours, 11 p., 1979-80. Il expliquait « comment le paysagiste peut, dans le cadre de son activité professionnelle, faire éventuellement appel aux économistes pour être éclairé sur les phénomènes qui influencent ses projets concrets d’aménagement », p. 1. Ce cours d’économie spatiale (des physiocrates à Marx et au libéralisme économique) disparut avec la crise de 1983.

[6] P. Mainié, Gestion des entreprises paysagères, doc. ronéo., 12 p., 1980.

[7] D. Mohen, programme d’arts plastiques, ENSP, doc.ronéo.,1979.

[8] Atelier Paysage et aménagement du territoire, note de présentation, septembre 1980, 13 p.

[9] P. Dauvergne, Le paysage, point de vue des étudiants, cours sur les méthodes et les techniques d’analyse des sites et paysages, doc ronéo., np., mars 1980

[10] Compte rendu du conseil des enseignants de l’ENSP, 18 décembre 1980. 11 membres dont 6 enseignants de l’ENSH

[11] Note manuscrite, boite 1995, archives pédagogiques ENSP.

[12] Voir Chap. 7.

[13] Procès-verbal du conseil des enseignants, 29 septembre 1982. Cote 1995.

[14] Compte-rendu du 18 novembre 1982.

[15] Lettre de G. Clément du 21 octobre 1981.

[16] Selon une note manuscrite de M. Rumelhart de 1982 qui préconise « l’acquisition progressive par les étudiants d’une palette de base mettant en relation certains végétaux avec certains effets ou certains types d’utilisation qui leurs sont propres »

[17] Compte –rendu de la réunion du conseil des enseignants du 25 février 1982

Yves Luginbühl

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L’enseignement d’Yves Luginbühl

Histoire personnelle du Centre national d’étude et de recherche du paysage
CNERP (1972-79)

par Yves Luginbühl

Photo prise par mon père, Emile Luginbühl (1913-1956), en 1952.

 

Cette histoire singulière a commencé pour moi bien avant la création du CNERP par Robert Poujade en 1972. Après un passage dans la recherche scientifique comme entomologiste médical, spécialiste des insectes vecteurs de maladies tropicales, comme la fièvre jaune ou la malaria, j’ai eu l’occasion de me frotter à la pratique du paysage en entrant dans une entreprise d’espaces verts – du moins est-ce ainsi que l’on qualifiait alors les entreprises de jardins et de parcs – l’entreprise Georges MOSER, filiale de l’entreprise de travaux publics Jean Lefèvre, dont le siège était à Versailles. Je fus embauché comme assistant chef de chantier, commençant par des travaux de maçonnerie sur un chantier d’un ensemble immobilier dénommé « Versailles Grand Siècle ». C’était l’hiver 1970 et il faisait un froid intense, j’en avais les doigts gelés.

 
Mes premiers objets de recherche : à gauche, Aedes aegypti, moustique vecteur de la fièvre jaune ; à droite, la puce du rat, vecteur de la peste.

Un peu plus tard, avec le statut de chef de chantier, j’ai travaillé à la réalisation de l’une des résidences secondaires de Marcel Dassault, à Coignières, près de Trappes : un terrain plat, où nous avons planté plus de 6000 peupliers, environ 2000 tilleuls ; les peupliers étaient destinés à cacher les châteaux d’eau de la gare de triage de Trappes que Marcel Dassault ne voulait pas voir depuis sa résidence secondaire, réplique du petit Trianon, qu’il avait fait construire sur une petite colline artificielle, en faisant appel à des artistes connus comme le père de Jean-Paul Belmondo, sculpteur, et Jansen, décorateur alors très connu. C’est sans doute l’expérience de chantier la plus extraordinaire que j’ai connue, où j’ai pu observer les comportements humains les plus rapaces, avides et honteux. Tous les responsables du chantier en ont profité pour s’en mettre plein les poches, à commencer par l’architecte qui racontait partout qu’avec le fric qu’il ramassait, il pouvait se payer toutes les call-girls (pour être poli !) qu’il voulait.


Propriété de Marcel Dassault à Coignières, après sa mort. A gauche, vue aérienne de sa résidence secondaire, modifiée depuis que je l’ai vue en 1970 ; à droite, l’allée qui conduit à l’entrée du parc avec le mur d’enceinte.

Ce chantier fut sans doute le plus bénéfique financièrement que l’entreprise MOSER a connu, tout se faisait en régie, chaque peuplier a coûté l’équivalent d’un salaire d’ouvrier, soit 400 Francs de l’époque. Le mur d’enceinte de la propriété a coûté l’équivalent d’un avion de chasse Mirage, c’est-à-dire un milliard de francs. Je pourrais raconter un vrai roman sur cette expérience ; et en particulier les visites de Marcel Dassault, tous les 15 jours, un samedi matin où l’entreprise envoyait tous ses ouvriers sur le chantier, 500 environ. Ceux-ci se mettaient le long de la route qui faisait le tour du golf de 9 trous du milliardaire avec toujours un chapeau, une casquette ou un béret et lorsque Marcel Dassault passait dans sa Rolls-Royce avec son chauffeur, fenêtre ouverte, les ouvriers s’abaissaient en tendant leur couvre-chef et Dassault lâchait un billet de 100 Francs dedans. Tout fonctionnait comme cela, le gardien, ancien CRS, menaçait les chefs de chantier de dénoncer les problèmes de dégradation d’un arbre qui pouvait arriver et l’entreprise lui offrait des arbres, comme un cèdre en bac de 4 mètres de haut ou 50 rosiers tiges pour son propre jardin.

Je ne raconte pas cette aventure pour ses anecdotes, mais pour situer un contexte du domaine de la réalisation des parcs et jardins de l’époque. Il me semble que ce cas est significatif du climat de corruption qui régnait alors dans ce secteur (l’entreprise MOSER avait aussi le chantier des espaces verts du périphérique ouest de Paris et c’était là la corruption généralisée). Mais en même temps, cette expérience m’a permis d’apprendre beaucoup des pratiques paysagistes en les mettant en œuvre moi-même. Notamment lors du chantier du parc d’Elancourt dont Michel Corajoud était le concepteur, puis le parc André Malraux avec Jacques Sgard, à la Défense.

 
A gauche, le Parc André Malraux à la Défense réalisé par Jacques Sgard, dont j’ai dessiné les plans d’exécution ; à droite, le parc des Coudrays à Elancourt, conçu par Michel Corajoud, dont j’ai également réalisé les plans d’exécution.

Puis vint le CNERP : je ne sais plus vraiment comment j’ai eu connaissance de la création de cet organisme, sans doute par le bouche à oreilles ou la presse, mais j’ai su que le ministre chargé de l’environnement de l’époque, Robert Poujade allait le créer et lancer un concours de recrutement de stagiaires. Je me suis porté candidat en tant qu’ingénieur agronome et à ma grande surprise, j’ai été reçu. Je n’ai pas démissionné tout de suite de l’entreprise MOSER qui m’a permis de suivre les séminaires pendant environ deux ans tout en assurant le suivi des plans d’exécution du parc André Malraux à la Défense pour Jacques Sgard. Là également, je pourrais raconter pas mal d’anecdotes croustillantes.

Je me suis donc retrouvé 45, rue de Lisbonne à Paris avec les autres stagiaires, dont 6 paysagistes de Versailles, Alain Levavasseur, Georges Demouchy, Jean-Pierre Saurin, Didier Corot, France Trébucq et Jean-Pierre Clarac, une paysagiste hongroise, Zsuzsa Karpati-Cros, une sociologue, Christiane Tournier, un biologiste, Pierre Poupinet, un géographe, Bernard Brun, trois architectes, Luc Etivant, Bertrand Lavier et Claire Michenet, un juriste, Alain Sandoz. Nous étions donc 15 stagiaires.

Un premier constat : l’enseignement a été plutôt passionnant, presque luxueux, avec des séminaires mobilisant des noms de spécialistes animés par le personnel enseignant comme Bernard Lassus, Jacques Sgard, Charles Rossetti, Rémi Pérelman, ou Michel Macary, architecte, Jean Challet, paysagiste, Jacques Montegut, botaniste, et Pierre Dauvergne, notamment. Je me souviens surtout de la visite que les stagiaires ont faite à l’Institut du Pétrole pour apprendre la technique des photographies aériennes, puis le voyage que nous avons fait dans le midi, à l’étang de Berre, à Fos-sur-Mer, qui nous a donné l’occasion de voir les aménagements industriels et pétroliers et de les commenter avec le personnel encadrant. Certains séminaires sur la discipline de l’écologie m’ont permis de me familiariser aux nouvelles connaissances alors que j’avais un diplôme d’entomologiste avec une dimension écologique (j’avais fait un mémoire de DEA sur l’écologie des moustiques dans le Languedoc).

Je passe sur tous les séminaires qui ont été organisés et en particulier un séminaire sur l’esthétique avec un musicien (Pierre Mariétan) qui m’a vraiment frappé. Il s’agissait de nous sensibiliser à l’esthétique musicale contemporaine, qui pouvait paraître un peu barbare par rapport à la musique classique que j’ai pratiquée en faisant partie de la chorale du conservatoire de Grenoble. Je dois dire que c’était une expérience intéressante.

L’une des présentations d’étude qui m’a apporté beaucoup est celle qu’une équipe dirigée par Pierre Dauvergne a réalisée sur la vallée de la Loire lorsqu’il travaillait à l’OREALM, Organisation d’Études d’Aménagement de la Loire Moyenne. Cette étude a été la première étude de paysage à l’échelle de l’aménagement du territoire effectuée en France. Elle a été conduite par une équipe composée de paysagistes de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’Ecole Nationale d’Horticulture de Versailles (Jean-Pierre Saurin, Georges Demouchy, Daniel Jarry, et Michèle Delaigue), et d’écologues du Centre d’Etudes Phytosociologiques et écologiques de Montpellier (CEPE). Cette étude a fait l’objet d’un long rapport publié sous le nom de « Le paysage rural et régional »1. Le contenu de l’étude est aussi intéressant que la méthodologie mise en œuvre : c’est en effet la première fois que le terme de sensible est utilisé pour désigner les manières dont le paysage est perçu, mais il est surtout question de perception visuelle à travers des vues et des points de vue ou des champs de vision précisés sur des coupes de la vallée de la Loire ; la perception se limite encore presque exclusivement au visuel, même si l’on parle de sensations. A travers cette étude, j’ai découvert un nouveau champ sémantique du paysage, celui des perceptions (ou des représentations sociales des paysages) qui deviendront plus tard un objet majeur de mes recherches. La méthodologie de cette étude consistait à analyser les paysages et leurs évolutions et à intégrer les prescriptions dans les documents d’urbanisme de l’époque, c’est-à-dire les POS et les SDAU. En fait, il s’agissait de faire un diagnostic de l’état des paysages et des évolutions qu’ils subissaient, puis de proposer des actions d’aménagement destinées à améliorer la qualité des paysages. Cette question de la qualité des paysages a donné lieu à des débats interminables qui ne sont toujours pas complètement terminés. En effet, ce problème n’est pas évident à conceptualiser, car les représentations sociales des paysages interviennent dans leur diversité et rien ne peut certifier que des acteurs de l’aménagement du territoire puissent définir ce que constitue la qualité d’un paysage. C’est pourquoi la recherche s’est orientée vers l’analyse des valeurs attribuées aux paysages par les populations concernées et s’est penchée sur l’étude des représentations sociales des paysages en réalisant des enquêtes ou des entretiens semi-directifs auprès de diverses catégories de population. C’est ce que l’on verra apparaître plus tard, bien après le CNERP, dans les années 1980 à 1990 avec les premiers appels d’offres de recherche pour la communauté scientifique.

Dans cette étude, la partie écologique se résumait à une analyse des formations phyto-sociologiques, et l’articulation avec les analyses des paysagistes n’était pas vraiment faite. On ne peut pas dire qu’il s’agissait d’interdisciplinarité telle qu’elle sera pratiquée plus tard dans les programmes de recherche sur l’environnement du CNRS. Mais elle avait l’avantage de révéler les paysages composés d’associations de plantes qui pouvaient correspondre à des unités de paysage telle que les paysagistes les définissaient.

Plus tard, le CNERP s’est engagé dans la réalisation d’études à caractère méthodologique pour passer du paysage de l’échelle du jardin à celle de l’aménagement du territoire ; cet objectif faisait partie de la mission de l’organisme. Comme celle de réunir la documentation spécifique confiée à Sarah Zarmati ; ou celle de la formation des cadres et techniciens des administrations concernées, qui a débuté la seconde année avec Anne Kriegel, stagiaire recrutée en 1973. Les premières études du CNERP ont été au nombre de trois : celle du PNR du Faou, c’est-à-dire du Parc Naturel d’Armorique, celle du plateau de Valbonne Sophia-Antipolis, et celle d’une route de Champagne, l’axe Reims-Chalon sur Seine, avec Bertrand Lavier et Claire Michenet. Trois équipes ont donc été formées pour assurer la réalisation de ces études. Je fis partie de celle de Valbonne Sophia-Antipolis avec Georges Demouchy, France Trébucq, Didier Corot et Georges Brun. Cette expérience fut à la fois profitable, intéressante, mais aussi un peu difficile ; je m’explique : en tant qu’agronome de formation, je fus considéré par mes collègues comme un ingénieur insensible au paysage, notamment par Georges Demouchy qui n’a pas cessé de me critiquer en raison de ma formation. Pourtant, je ne me considérais pas du tout comme insensible au paysage qui a, pendant toute ma jeunesse, été fondamental dans mon expérience personnelle de l’espace géographique ; j’ai vécu toute ma jeunesse dans un parc d’un ministre de Napoléon III, dans la vallée de l’Isère, face à la chaîne de Belledonne, que j’ai pu contempler chaque jour ; c’est aussi pour cette raison que j’ai fait de longs voyages, comme celui que j’ai eu la chance de réaliser en 1968 lorsque je suis parti avec trois amis en Afghanistan en voiture en traversant toute l’Europe, la Turquie, l’Iran.

Ce fut l’occasion de contempler de sublimes paysages, j’ai d’ailleurs appris à filmer lors d’un stage à l’ORTF et j’ai réalisé un film sur ce pays en 16mm. L’année suivante, je suis allé en Inde, à Ceylan, au Népal, puis au Pérou avec mon épouse qui m’a également accompagné lors d’un second voyage en Afghanistan, cette fois en avion. L’argument que m’opposaient certains paysagistes du CNERP était pour moi une sorte d’offense. En tout cas, cette opposition entre la vision de paysagistes sur une autre discipline en dit long sur les représentations que nous nous construisons des disciplines autres que celle à laquelle nous appartenons. C’est un sujet que j’ai pu approfondir plus tard, lorsque je suis devenu chercheur au CNRS. J’ai d’ailleurs écrit des articles et un ouvrage dans lequel un chapitre entier est consacré à la question de la sensibilité aux paysages.

Photographies de mon voyage en Afghanistan en 1968 : en haut à gauche, lac de Band-I-Amir ; au milieu, ancienne forteresse de Sohak ; à droite, l’un des Boudas de Bamyan qui a été détruit par les Talibans ; en bas, femmes turkmènes devant leurs yourtes à Band-I-Amir ; au milieu, près du col de Tajihak, à 4500 mètres d’altitude, devant un caravansérail en ruines ; à droite, une femme Kutchi et ses enfants, à Kunduz au nord du pays.


Les paysages de mon enfance : en haut à gauche, la dent de Crolles, à droite, la Meije et ses glaciers, spectacle quotidien pendant mes vacances d’été, en bas, chaîne de Belledonne et de la Chartreuse ; j’habitais dans la vallée de l’Isère, entre ces deux chaînes de montagne.

Toujours est-il que j’ai contribué à cette étude de Valbonne Sophia-Antipolis sur un territoire qui était alors presque sauvage, inoccupé, abandonné, mais très agréable à vivre et qui était destiné à un aménagement d’espaces de déploiement des nouvelles technologies. Il y avait, au milieu des 2500 hectares de ce terrain, une ancienne ferme entourée de terrasses de culture abandonnées, mais superbes et que nous pensions transformer en un centre à vocation culturelle autour du paysage ; dans cet espace peuplé de pins maritimes, de chênes verts et de plantes de garrigue, j’ai été frappé par les odeurs des végétaux qui me rappelaient les romans de Jean Giono.

Photographies de Sophia-Antipolis, en haut, une carte actuelle et le bâtiment de l’université.
En bas, vue aérienne et rivière La Bouillide qui traverse le site.

Je suis revenu bien plus tard à Sophia-Antipolis pour un colloque et je n’ai pratiquement rien reconnu. Tout l’espace avait été construit et il ne restait presque plus rien de ce que j’avais connu. Mais je n’ai pas pu m’aventurer dans tout l’espace et n’ai pas pu voir si cette ferme ancienne avait été conservée. Ceci pour dire que les souhaits des paysagistes du CNERP de conserver une grande part de l’espace naturel n’avaient pas été respectés et qui montre que le paysage passait alors très loin derrière les enjeux économiques. Certes, les choses ont un peu changé, mais le paysage passe toujours après la biodiversité ou le changement climatique, bien que ces deux enjeux puissent être informés par le paysage, notamment grâce aux structures paysagères qui sont assimilables aux zones de connexion biologique. Mais la communauté des écologues est beaucoup plus puissante que celle des paysagistes ou des chercheurs sur le paysage et ils imposent souvent leurs visions du monde naturel ou anthropisé.

Après cette expérience, j’ai pu participer à d’autres études, comme celle du Plan d’aménagement rural de l’Argonne. Ce fut, je pense, une autre expérience autrement enrichissante où j’ai pu mesurer le poids de l’histoire dans la formation d’un paysage martyrisé par la Guerre de 14-18. Avec la petite équipe qui contribuait à cette étude, nous pouvions, lors de nos explorations pour analyser ce paysage, observer les anciennes tranchées, les trous d’obus, les balles de mitrailleuses dans les chemins ou dans les écorces et troncs des arbres. C’est d’ailleurs pourquoi, lors de mes travaux ultérieurs de recherche, j’ai toujours donné à la dimension historique une importance capitale. Je pense par ailleurs que la dimension historique n’était pas assez développée au CNERP, notamment dans les séminaires. C’est pourtant par la dimension historique que l’on a pu, dans les années 1990 et plus tard, théoriser les sens du terme paysage à travers l’analyse des premières occurrences du mot dans les langues européennes et les évolutions des significations du paysage avec celles des contextes sociaux, politiques et économiques.

Paysage d’Argonne, où j’ai participé à l’étude paysagère du Plan d’aménagement rural ; on y voit la forêt, siège de terribles combats pendant la Guerre de 1914-18.

Une autre étude qui m’a passionnée lors de mon séjour au CNERP fut celle que nous avons entreprise en 1977 avec Pierre Dauvergne dans les Pyrénées centrales, dans la vallée d’Aspe, à Aydius, petit village perdu dans la montagne, isolé, seulement accessible par un chemin non goudronné et pour lequel la direction départementale de l’équipement nous demandait notre avis sur les effets de la construction d’une route sur le paysage de la vallée2. Ce paysage était surprenant, surtout en raison des sentiers bordés de buis taillés serpentant sur les flancs de la vallée : c’était magnifique et nous craignions que la route fasse disparaître ces sentiers qui n’auraient alors plus d’utilité ; les buis servaient aux paysans à confectionner des boules pour les chapelets vendus à Lourdes. Cette étude fut pour moi l’occasion de réfléchir à la création de paysages par des communautés paysannes, avec leurs propres savoir-faire et leur culture de la nature ; une manière de se distinguer d’une esthétique formelle et officielle, défendue par les esthètes des associations de protection du paysage, comme la SPPEF, créée au début du 20ème siècle.


Aydius, village de la vallée d’Aspe, dans les Pyrénées, lieu de l’étude paysagère réalisée par une équipe du CNERP. A gauche, on voit bien les haies de buis qui bordent les sentiers d’accès aux fermes.

Entre temps, le CNERP avait déménagé à Trappes, dans un bâtiment mal isolé, avec du bardage de tôles dans un coin pourri, à l’intersection de deux routes et à 5 minutes à pied de la gare de Trappes. L’hiver, il y faisait froid et en été, on y crevait de chaud. Une vraie catastrophe énergétique. Le CNERP avait beaucoup changé, le directeur était Rémi Perelman, le responsable des études Pierre Dauvergne et je me suis retrouvé responsable de la cellule audiovisuelle, chargé de monter une collection de photos de paysages (une diathèque) et de réaliser des montages audiovisuels sur des thèmes divers. Je m’étais spécialisé sur les carrières et sablières et je me suis formé une connaissance du sujet, en visitant des carrières et sablières pour sensibiliser les techniciens des administrations concernées aux effets paysagers de ces lieux d’extraction des matériaux du sol. A cette époque existait une taxe parafiscale sur les tonnages de granulats extraits qui permettait d’aménager les lieux après extraction. C’est ce qui a permis de réaliser des documents de sensibilisation au réaménagement des carrières et sablières et même un film en 16 mm sur l’évolution des sablières de la confluence entre la Seine et l’Yonne ; j’avais alors une caméra 16 mm Beaulieu que j’avais acquise pour mes voyages en Asie et en Amérique du sud. C’était la seconde année du CNERP qui avait recruté la seconde promotion de stagiaires et notamment Anne Kriegel, architecte qui s’occupa des opérations de sensibilisation. Le CNERP avait aussi recruté des personnels spécialisés, en l’occurrence Jean-Pierre Boyer qui m’assista dans la cellule audiovisuelle, ainsi que Pierre Vantouroux, technicien de l’audiovisuel. C’est avec eux que le film fut réalisé.

Dans l’action sur les carrières, je me souviens également d’une opération dans les Alpes Maritimes qui avait été peinte en vert pour l’intégrer au paysage. J’étais effaré par une telle opération qui ne résolvait rien, mais qui répondait aux exigences esthétiques de l’époque. J’ai pu aussi assister au réaménagement d’une carrière près de Mantes-la-Jolie, près de l’autoroute A13, qui avait un objectif de remettre en état paysager et écologique les fronts de taille du calcaire. C’était quand même plus pertinent que de peindre en vert une falaise de calcaire. Les opérations de sensibilisation sur les carrières et sablières furent conduites en association avec Anne Kriegel et nous organisions les débats avec les participants, toujours perplexes sur des objectifs à caractère paysager ; il était plutôt question de réaménager ces lieux avec un objectif agricole, la remise en culture, ou écologique, favoriser le développement de la flore ou de la faune. Il fallait alors montrer que les objectifs agricoles ou écologiques n’étaient pas incompatibles avec un objectif paysager ; de nombreuses sablières furent aménagées en étangs de pêche.

L’activité audiovisuelle dont j’étais chargé ne m’a pas empêché de participer à d’autres études paysagères ; et notamment une étude sur le patrimoine paysager dans la vallée de l’Armançon, affluent de l’Yonne. Ce patrimoine était très important, il s’agissait de petits éléments du paysage rural le long de la rivière, comme les lavoirs, les abreuvoirs pour les animaux et surtout en amont, dans trois vallées parallèles en Bourgogne du patrimoine vigneron qui était menacé de disparition, en raison de l’abandon de la vigne après la crise du phylloxéra. Cette étude fut conduite avec une paysagiste, Marie-Noëlle Brault qui fit partie d’une promotion de stagiaires. Je me souviens surtout d’une mission en plein hiver où le givre ornait tous les arbres proches de l’Armançon et qui donnait au paysage un aspect singulier, particulièrement magnifique.

Je me suis également intéressé aux paysages de montagne : avec le CEMAGREF de Grenoble et surtout Bernard Fichesser, nous avons réalisé un document audiovisuel sur les paysages de montagne avec des diapositives venant de la diathèque du CNERP et de celle du CEMAGREF. Avec Bernard Fichesser, nous avions des divergences de sens sur le paysage, mais nous parvenions à surmonter nos différences de conception. Lui-même avait une vision relativement esthétique du paysage, alors que pour moi, le paysage était d’abord un objet d’aménagement du territoire et soumis à des valeurs diverses selon les acteurs. Dans le domaine du paysage de montagne, il existait une théorie dénommée « sitologie », issue des travaux de deux architectes, Faye et Tournaire ; ils proposaient des principes de construction fondés sur la pente du terrain et sur les pentes des toits des bâtiments : ainsi, si un versant avait une pente de 45°, il fallait que les toits des constructions aient une pente de 45°. J’estimais pour ma part que cette pratique était simpliste pour ne pas dire stupide. Alors que je venais des Alpes où j’avais passé toute ma jeunesse et mon adolescence, j’avais pu observer les chalets ou les fermes d’alpages ou les villages de haute montagne et jamais je n’ai pu affirmer que les toits de ces constructions avaient une pente égale à celle des versants, et d’autant plus que si on observait un bâtiment d’un autre côté, il n’avait pas du tout la même configuration.

En tout cas le travail réalisé avec Bernard Fichesser a quand même abouti à ce document audiovisuel qui fut un moyen de sensibiliser les élus des communes de montagne à la question du paysage. Et je peux également dire que ce travail m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances sur le paysage de montagne, comme ce que l’on appelait la zone de combat, à la limite des forêts, là où commencent les prairies d’alpage ou d’estive. Pourquoi combat ? Parce que c’est la lutte des arbres contre l’âpreté de la nature, les conditions de froid et d’enneigement. C’est pourquoi, dans cet espace, les arbres sont souvent chétifs, en raison des conditions climatiques extrêmes.

Après la première année du CNERP, les séminaires de formation tels que je les ai connus, ont cessé et je pense que c’était regrettable. Il existait une tension entre les paysagistes internes à l’organisme et la communauté externe des praticiens du paysage, ces derniers estimant que le CNERP leur faisait une concurrence déloyale. C’était notamment le cas de Michel Corajoud qui vint au CNERP pour une formation des stagiaires et qui ne décolérait pas devant la capacité du CNERP de conduire des études opérationnelles. Pour ma part, je pense qu’il y avait dans cette position une certaine mauvaise foi, car ce paysagiste n’avait pas à se plaindre des contrats qu’il avait lui-même avec des collectivités territoriales. Evidemment, il pouvait prendre cette position pour les autres, et notamment les plus jeunes qui cherchaient du travail. Plus tard, j’ai eu l’occasion de réfléchir à cette question de l’accès des paysagistes aux appels d’offre des collectivités territoriales. Il me paraît clair que le domaine du paysage fonctionne comme celui de l’architecture où des praticiens connus, voire des stars du métier n’ont aucun problème pour accéder à des opérations bien payées. Mais les plus jeunes souffrent de leur non reconnaissance dans le domaine. Je sais d’ailleurs que certains jeunes paysagistes ont abandonné leur métier pour se retrouver caissier à la FNAC ou dans un supermarché.

Un jour, je déjeunais avec un élu d’une ville où avait été lancé un appel d’offres sur un plan de paysage : je connaissais une jeune équipe qui avait répondu ; je demandais à l’élu qui avait eu une réponse positive ; il me répondit que c’était un certain paysagiste bien connu et je lui demandais ce qu’il en était de la jeune équipe : il me répondit qu’ils n’avaient pas assez d’expérience. Bien évidemment, si une collectivité ne leur attribue pas d’opération, ils ne risquent pas d’avoir de l’expérience. En outre, je connaissais le paysagiste qui avait obtenu l’opération, et je pense qu’il n’avait pas plus de capacités que la jeune équipe qui cherchait à innover dans les méthodes et en particulier par des dispositifs participatifs. Bref, il me semble qu’il y aurait une sérieuse réflexion à engager sur la manière dont les appels d’offre sont organisés et attribués.

Le CNERP s’est étoffé, avec un centre de documentation créé dès le début et dirigé par Sarah Zarmati, assisté ensuite par Nicole de Gouttes et Claudine Zysberg. Ce centre a rassemblé plusieurs milliers de livres, a réalisé des notes bibliographiques et des recherches documentaires. Le grand problème de cet organisme est son mode de financement. Le budget ne repose pas sur une subvention du ministère chargé de l’environnement, mais sur la recherche de contrats avec des institutions et des collectivités territoriales : c’est la course au contrat. Pour faire fonctionner l’organisme, il faut que son directeur, Rémi Perelman, plus ou moins assisté de Pierre Dauvergne ou d’autres membres chargés de mission, cherchent des opérations d’étude qui sont financées par une institution. C’est un cercle infernal et il est arrivé que nous attendions nos salaires pendant un mois, parfois plus. Faire rentrer de l’argent était difficile et c’est d’ailleurs ce qui aura raison de la pérennité du CNERP. Mais en attendant sa fin, seul le recours à un financement extérieur est possible.

Le CNERP s’est aussi équipé, de plusieurs voitures de fonction qui permettent aux membres d’aller sur le terrain pour les études. Il faut donc payer les voitures, leurs assurances, l’essence et les réparations éventuelles ou l’entretien. En outre, les études s’accompagnent toujours de nombreuses photos dont il faut acheter les pellicules et les faire développer. C’est la cellule audiovisuelle qui s’en charge et j’ai passé un accord avec un magasin de photographies qui nous fournit en matériel et en pellicules. Parfois, nous avons recours à un laboratoire de photographie qui est de grande qualité, mais bien plus onéreux. Tout ceci a un coût qui ne cesse d’augmenter et les problèmes financiers du CNERP croissent avec le temps.

Mon intention n’est pas de développer l’ensemble des travaux que le CNERP a réalisés dans sa courte existence. Je souhaite mentionner cependant un voyage en Angleterre qui était l’un des pays les plus avancés alors sur la question de l’aménagement des paysages avec les Pays-Bas. Ce voyage conduisit la totalité de l’équipe du CNERP dans la région de Sheffield où l’université avait conduit des études et des recherches sur le paysage : nous avons visité le Peak Park, où le paysage est composé de prairies d’élevage de moutons principalement, celles-ci étant séparées par des murets de pierres sèches. Puis nous sommes allés à Glasgow, pour rencontrer les chercheurs de l’université qui avait développé des études et recherches sur le paysage. Ce fut une expérience instructive pendant laquelle nous avons pu mesurer les différences de conception et de méthodes. Personnellement, j’en ai retenu des connaissances qui m’ont servi plus tard dans ma carrière de chercheur, lorsque je me suis intéressé à la formation historique des enclosures et en particulier du bocage. Ce domaine a constitué un axe de recherche important de mes recherches qui ont donné lieu à de nombreuses enquêtes auprès des habitants et surtout des agriculteurs ; les entretiens m’ont ouvert les yeux sur la diversité des pensées du paysage.

Il me semble que le plus important, après cette expérience du CNERP qui prit fin en février 1979, est de réfléchir à ce qu’elle m’a apporté. Le premier point concerne la question de la sensibilité au paysage ; dans les études du CNERP ou dans celles que j’ai eu l’occasion de consulter ou de conduire moi-même, la sensibilité renvoyait à celle du paysagiste. C’est ainsi qu’elle était formulée dans l’étude de paysage sur la Loire moyenne que j’ai mentionnée précédemment. Dans celles que j’ai conduite moi-même plus tard, la question de la sensibilité était et demeure différente : il s’agissait de savoir comment les acteurs locaux et en particulier les habitants percevaient le paysage de leur territoire. C’est d’ailleurs de cette manière que j’ai envisagé d’identifier les sensibilités aux paysages dans ma thèse de doctorat sur le vignoble de Bourgogne. C’est pourquoi j’ai réalisé des enquêtes sous deux formes : entretiens semi-directifs (environ 40) avec des habitants de six communes de la Côte viticole bourguignonne et enquêtes par questionnaires distribués dans les boîtes aux lettres (200). A cette époque, on ne parlait pas encore de représentations sociales des paysages, mais de valeurs attribuées aux paysages. C’est donc ces valeurs que j’ai cherchées à identifier auprès de cet échantillon d’habitants, vignerons ou d’autres catégories sociales. C’est ce qui m’a permis de constater un fort écart entre les valeurs attribuées aux paysages du vignoble et aux paysages des « montagnes », petits plateaux calcaires au-dessus des coteaux, couverts de friches ou de boisements sans intérêt forestier, où les petits vignerons ont cultivé de la vigne, du seigle ou des légumes, envoyé leur animaux alors qu’ils étaient polyculteurs ; les montagnes, d’altitude égale à environ 500 mètres ont été désertées après la Seconde Guerre Mondiale et surtout après la crise du phylloxéra, alors qu’elles avaient été occupées depuis une vingtaine de siècles au moins3. Cette crise avait fait chuter radicalement les prix du foncier sur les coteaux, c’est-à-dire les meilleures terres à vignes et les petits vignerons en ont profité pour acheter une parcelle ou deux.


Divers aspects de la côte viticole de Bourgogne : en haut, le village d’Auxey-Duresses (à gauche), la montagne en vue aérienne en infrarouge pour montrer les différentes espèces végétales (à droite)
En bas, l’occupation du sol de la montagne à partir du cadastre de 1826 (à gauche), la montagne et sa végétation d’épineux, de pins rabougris et de genévriers (à droite).

C’est de cette manière que la structure sociale du vignoble a fortement changé à partir de 1900 et surtout après 1950. Grâce aux enquêtes, j’ai pu me rendre compte de ce que représentait la sensibilité sociale aux paysages de cette région. Alors que celle qui concernait les paysages du vignoble était surtout des valeurs économiques, celle attribuée aux montagnes renvoyait à l’affectif, à la mémoire sociale, à la culture de la nature des petits vignerons, à l’imaginaire social où se déployaient des contes et légendes comme celle de la Vouivre chère à Henri Vincenot. La montagne, c’était et c’est toujours le lieu de la liberté, des pratiques marginales, le braconnage, les rencontres des amoureux, la recherche des escargots ou des fruits sauvages et des champignons : dans la montagne, parcourues de murgers, longs tas de cailloux que les paysans ont extraits des sols maigres pour pouvoir cultiver, chacun ou chacune à ses coins et ses recoins ; c’est ce qui m’a permis de comparer l’ensemble vignoble et montagne à la maison dans la conception de Gaston Bachelard (La poétique de l’espace)4 ; dans le vignoble comme dans les pièces de la maison, le salon ou la salle à manger, chacun respecte les règles communes ; dans le vignoble, tout est normé, chaque parcelle à droit ou non à une appellation (Appellation d’Origine Protégée) qui lui confère un statut singulier : vin régional ou communal, premier cru, premier grand cru ; dans le salon ou la salle à manger de la maison, on met les mains sur la table, on dit bonjour, on respecte son voisin et l’on se tient correctement. Sur la montagne, on est libre, on se moque des règles, on à ses coins ou ses recoins comme dans le grenier de la maison où l’on se retranche pour rêver. On rêve sur la montagne, on s’y isole seul ou avec son ami(e), d’ailleurs, lorsqu’on est au cœur de la montagne, on ne voit rien de la vallée et des coteaux ; parfois, après la pluie, le ciel se dégage au loin et on peut voir le Mont Blanc très loin. C’est comme dans le grenier d’où le regard s’évade par la lucarne. D’une certaine manière, mon passage au CNERP m’a permis de m’aventurer dans ce domaine de la sensibilité au paysage. En tout cas, j’ai retrouvé cette situation tout en analysant à partir des années 1990, après des recherches sur les représentations sociales, des paysages dans d’autres lieux ; c’est à partir de ces analyses que j’ai pu élaborer ma propre théorie des trois échelles des représentations collectives des paysages.

 

Complémentarité entre la montagne et le vignoble : en haut, deux aspects de la montagne avec une « cabotte », construction de pierres sèches où s’abritaient les petits paysans vignerons et un murger, sorte de ligne de cailloux de calcaire extraits du sol pour pouvoir cultiver. En bas, schéma des complémentarités entre le vignoble, la montagne et la plaine, et une vue du vignoble avec ses parcelles de vignes soigneusement ordonnées.

Le second enseignement de mon passage au CNERP concerne la question du projet de paysage. Celui-ci est le leitmotiv des paysagistes de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles où j’ai enseigné pendant plus de 20 ans. Or, ce terme n’a jamais fait l’objet, à ma connaissance d’une véritable définition. Il s’apparente le plus souvent au projet d’architecture alors qu’un objet architectural se distingue fortement d’un paysage ; un paysage évolue sans cesse, une construction peut évoluer, mais pas dans les mêmes conditions ni dans la même ampleur. Par ailleurs, la formulation d’un projet de paysage repose sur une étude relativement formelle et ne mobilise pas de données quantitatives, mais uniquement qualitatives. C’est ce qui distingue l’approche paysagiste de celle des géographes, des sociologues, anthropologues ou d’autres disciplines comme l’écologie notamment. Dans mon enseignement à l’ENSP de Versailles, j’avais introduit un exercice d’analyse du paysage d’un canton français et je tentais d’apprendre aux étudiants à utiliser les données statistiques qui peuvent, utilement, permettre d’étudier les évolutions d’un paysage : par exemple, les données des recensements de population (RGP) peuvent renseigner sur l’urbanisation, la qualité des logements, les résidences secondaires ; celles du recensement de l’agriculture (RGA) permettent de suivre l’évolution des cultures, de l’élevage, des prairies, des boisements, des bâtiments agricoles dans un paysage, notamment à l’aide de cartes d’évolution. Certes, il ne faut pas confondre paysage avec l’occupation du sol, mais on peut sans problème transformer une carte en deux dimensions en un bloc-diagramme en trois dimensions ; c’est d’ailleurs cet outil qu’utilisent souvent les paysagistes.

Cet enseignement rencontra l’opposition des professeurs de projet de l’école qui estimaient que l’usage de chiffres allait à l’encontre de la dimension sensible contenue dans le paysage. Si je fais cette remarque, c’est parce que dès le début du CNERP, dans les principes de la méthode paysagiste, les enseignants ou les intervenants lors des séminaires critiquaient souvent l’approche classique de l’aménagement du territoire, trop quantitative, qualifiée parfois de « froide », sans dimension sensible. Cette affirmation m’a souvent marqué et j’estime que l’on peut quand même utiliser des données quantitatives tout en étant à l’écoute des sensibilités sociales aux paysages. Dans cet enseignement du canton, les étudiants parvenaient toutefois à réaliser des cartes de l’évolution des logements, de l’agriculture et ils arrivaient à en tirer des conclusions pour le paysage qu’ils étudiaient.

J’en reviens au projet ; j’ai eu l’occasion d’étudier, à travers les programmes de recherche sur le paysage dont j’ai présidé les comités scientifiques au ministère chargé de l’environnement, de nombreuses approches du projet de paysage, en France ou dans d’autres pays d’Europe et même d’autres continents (Chine, Chili, notamment). Or, le terme de projet de paysage ne recouvre pas les mêmes principes dans d’autres pays. Au Royaume-Uni, le projet de paysage (Land planning) s’apparente davantage à un projet d’aménagement du territoire avec une dimension formelle, esthétique et parfois sociologique. Lors d’un colloque organisé dans le cadre des programmes de recherche du ministère de l’environnement, une équipe autrichienne exposa sa conception du projet de paysage : pour eux, le projet se distinguait du projet classique livré « clés en mains », par son caractère adaptatif ; que signifie ce qualificatif ? Il s’agit d’un projet qui n’est jamais terminé et qui évolue au fur et à mesure de son avancement. Plus précisément, lorsqu’une proposition d’aménagement d’un lieu est avancée, de nouvelles connaissances sont produites et il s’agit alors de les introduire dans le projet qui en sera modifié et ainsi de suite. D’une certaine manière, le projet avance avec une boucle de rétroaction. J’ai été assez captivé par cette méthode et ai pu l’analyser plus profondément dans l’un de mes ouvrages.

Une autre remarque sur le projet de paysage : dans les théories les plus répandues chez les paysagistes, le projet est l’œuvre de l’artiste qui le dessine en tenant compte de son environnement paysager et de ses propres idées de ce que celui-ci peut imposer au dessin. Du moins était-ce la conception la plus répandue dans un premier temps. A partir du moment où la Convention Européenne du Paysage5 a été adoptée (octobre 2000 à Florence) et ratifiée par la France (juillet 2006), les conditions d’élaboration d’un projet de paysage ont fortement changé. En effet, la convention prône la prise en compte de ce qu’elle dénomme « aspirations des populations », dans un objectif louable de mettre le citoyen au cœur du projet, pour la qualité de son cadre de vie. La convention n’est plus centrée sur les paysages remarquables, mais sur les paysages du quotidien, c’est-à-dire le cadre de vie des populations. En termes de projet, il est clair ainsi que l’artiste, si tel doit se considérer un paysagiste, ne peut décider tout seul de ses orientations et qu’il doit modifier sa posture en écoutant les acteurs du paysage ou de l’aménagement du territoire. Les nouvelles générations de paysagistes ont pris la mesure de cette tendance qui est d’ailleurs mondiale, surtout celles issues de l’école de Bordeaux, alors que ceux qui sortent de l’enseignement de Versailles ont plus de difficulté à s’orienter vers des dispositifs de participation citoyenne, tant la pédagogie les a persuadés de s’en tenir au projet proche de celui de l’architecture, plus ou moins fermé sur lui-même.

Toujours est-il que les projets de paysage participatifs se sont développés et qu’il en existe de très nombreux désormais dans tous les pays d’Europe, sur le continent américain, au nord comme au sud et même en Chine. J’ai eu l’occasion d’entendre une communication sur un projet participatif de jardins partagés dans une banlieue de Shanghai lors d’un colloque à Fuzhou dans le sud du pays. Dans un rapport sur le thème « Paysage et démocratie », que j’ai rédigé pour le Conseil de l’Europe, j’ai ajouté en annexe de nombreux exemples de projets de paysage participatifs en Europe. Ils sont maintenant assez connus et d’autres chercheurs se sont penchés sur la question. Ceci dit, il existe de multiples formes de participation, depuis la sensibilisation jusqu’à la négociation. Mais la participation citoyenne n’est pas la panacée : certains projets réussissent, et d’autres échouent, car les conditions de leur réussite sont complexes ; le plus souvent, si le projet participatif provient d’une collectivité territoriale, il a moins de chance de réussir qu’un projet issu d’une association, tout simplement parce que ce qui émane d’institutions politiques provoquent la méfiance des électeurs. Il est aussi clair que la question de l’animation est importante, celle des connaissances mobilisées également. En tout cas, lors de l’existence du CNERP, on ne parlait pas de projet participatif, alors qu’ils existaient aux Etats-Unis depuis les années 1960, grâce à John Dewey, philosophe et spécialiste des questions d’éducation.

Lors de mon séjour au CNERP, il y a eu une tentative de s’interroger sur les perceptions sociales des habitants ; je me souviens qu’une étude menée dans la vallée de la Loire avait envisagé d’interroger des habitants, mais ce n’est pas allé plus loin.

Quant à la recherche, dont le terme figure dans le nom de l’organisme, je pense que malgré deux tentatives avec des réponses positives à l’appel d’offres du ministère de la culture, les résultats ne furent pas très probants. J’y participais, sur les paysages de coteaux, en Bourgogne, et ce fut là le début de ma thèse.

Finalement, le paysage est resté plutôt attaché à la valorisation touristique des territoires, ce que certains appellent le marketing territorial. Ce n’est pas nouveau : le paysage est à vendre, comme le dit Alain Levavasseur à propos de A. Huxley ; bien avant ce célèbre écologue avant la lettre, Elisée Reclus, en 1866, avait écrit :

« Sur le bord de la mer, les falaises les plus pittoresques, les plages les plus charmantes sont aussi en maints endroits accaparées soit par des propriétaires jaloux, soit par des spectateurs qui apprirent les beautés de la nature à la manière des changeurs évaluant un lingot d’or (…). Ces paysages sont découpés en carrés et vendus au plus fort enchérisseur (…). Puisque la nature est profanée par tant de spectateurs à cause de sa beauté, il n’est pas étonnant que dans leurs travaux d’exploitation, les agriculteurs et les industriels négligent de se demander s’ils ne contribuent pas à l’enlaidissement de la terre (…). Quant à l’ingénieur, ses ponts et ses viaducs sont toujours les mêmes, dans la plaine la plus abrupte ; il se préoccupe non de mettre ses constructions en harmonie avec le paysage, mais uniquement d’équilibrer la poussée et la résistance des matériaux. »6

J’ai déjà dit qu’aujourd’hui, le paysage passe après les enjeux du changement climatique et l’érosion de la biodiversité ; c’est un fait reconnu par tous les paysagistes qui sont passés par le CNERP, mais il ne faut pas abandonner l’idée que le paysage peut aussi servir ces causes planétaires. Sur cette question, la communauté des écologues est divisée entre les opposants au paysage et ceux qui estiment que ce concept peut être utile pour analyser les flux de biomasse, c’est-à-dire des espèces végétales ou animales. Il est même curieux d’entendre des écologues prétendre qu’il vaut mieux protéger le loup dans les alpages plutôt que les moutons, au nom de la biodiversité. Or, on le sait, la biodiversité est bien plus maintenue par les moutons que par l’absence de pastoralisme ; l’exemple du narcisse des Glénan est là pour le confirmer : l’espace où poussaient ces narcisses endémiques avait été enclos pour les protéger des moutons ; une autre végétation s’est développée, et les narcisses ont disparu. Lorsque l’on a enlevé les clôtures et remis les moutons, les narcisses sont revenus. Ceci dit, dans toute communauté, il existe toujours des individus radicaux et des individus plus ouverts à des idées nouvelles et ouvertes sur les autres pensées. C’est aussi vrai pour les écologues et les paysagistes. Il est finalement heureux que des controverses existent, car c’est d’elles que naît le débat et peut aboutir à des compromis et non à un consensus, car ce dernier est la pire des solutions, il aplanit la diversité des idées et favorise la langue de bois.

J’aurais sans doute encore de nombreuses remarques à faire sur le CNERP, je regrette seulement que cet organisme innovant et qui aurait pu apporter de nouvelles méthodes et réflexions ait subi l’inconséquence des institutions de l’Etat qui ne lui ont pas donné les ressources financières auxquelles il aurait dû avoir droit, et aussi d’un certain corporatisme des paysagistes qui le considéraient comme un concurrent et qui ont tout fait pour sa disparition ; le CNERP s’est terminé en février 1979, ses membres en sont partis ou ont été répartis dans des services du ministère de l’environnement ; moi-même ai été recruté à la Mission Paysage ; malgré le bref séjour que je fis à la Mission Paysage, j’ai pu, à l’initiative de Lucien Chabason, chef de la mission, développer une approche originale du paysage : il s’agissait de relancer une activité économique en perte de vitesse qui produisait un paysage singulier, la culture de la lavande dans le sud-est de la France ; Lucien Chabason avait lui-même une maison dans le Vaucluse, près des « Dentelles de Montmirail » et il était inquiet sur l’avenir de la lavande, touchée par un parasite qui mettait en péril sa culture. J’ai donc pris contact avec l’organisation professionnelle des lavandiculteurs pour leur proposer des aides financières afin de les aider à relancer leur activité. Ce fut une expérience intéressante, mais plutôt décevante, car ces professionnels de la lavande n’étaient pas vraiment convaincus de l’intérêt paysager de leur production. J’engageais néanmoins une action en faveur du soutien de la culture de la lavande, mais je n’ai pas pu en voir le résultat, car j’avais d’autres objectifs personnels : un poste de chercheur s’ouvrait en Espagne, à la Casa de Velázquez, dont le directeur souhaitait recruter un chercheur pour travailler sur le paysage d’Andalousie ; je fus même invité au siège de la Casa à Madrid, pour rencontrer son directeur afin de préciser mon projet de recherche. Je parlais de ce projet à Lucien Chabason et il ne s’y opposa pas, me disant qu’il garderait mon poste le plus longtemps possible.

J’ai donc posé ma candidature en faisant, comme il se devait à l’époque (1979), le tour de certains des membres du jury qui allaient évaluer les candidats. Et, oh, surprise, j’ai été recruté pour octobre 1979. Avec mon épouse, nous sommes partis de Paris à Séville en voiture et nous avons trouvé assez vite un appartement dans le cœur de la capitale andalouse, où nous sommes restés 3 ans, jusqu’en juillet 1982, avec nos deux enfants. Ce fut une expérience formidable, où j’ai pu réaliser de nombreuses enquêtes auprès des viticulteurs du vignoble de Jerez-de-la-Frontera (Xérès), ou de la campagne proche de Séville. En même temps, l’équipe qui travaillait sous ma responsabilité a réalisé des cartes de l’évolution de l’occupation du sol sur deux secteurs, l’un proche de Séville (environ 90.000 hectares), l’autre autour de Jerez-de-la-Frontera (environ 250.000 hectares), entre 1956, 1972 et 1977, grâce à l’analyse des photographies aériennes ; il est certain que l’apprentissage que j’avais fait au CNERP de cette technique m’a beaucoup aidé.

Paysages d’Andalousie que j’ai pu étudier, admirer, savourer : en haut à gauche, « Dehesa », c’est-à-dire forêt claire de chênes verts et porcs ibériques, à droite, idem sans les porcs ; en bas, à gauche, village blanc d’Andalousie (Zahara de la Sierra) et à droite, immensité des plantations d’oliviers, près de Jaen.

Ce séjour en Andalousie m’a permis de découvrir des paysages superbes, comme les forêts de chênes verts et liège, où l’on élève les fameux porcs ibériques qui se nourrissent de glands et donnent des jambons célèbres, les « Jamones de pata negra de bellota », sans doute les meilleurs du monde. J’ai pu admirer également les paysages de la campagne andalouse, où les immenses exploitations latifondiaires produisent des céréales ou du coton, des betteraves en employant des ouvriers agricoles, les « peones » qui viennent se louer au printemps sur les places des villages (comme en Beauce où j’ai fait de nombreuses enquêtes à mon retour en France). Il s’agit d’un système profondément injuste, où les grands latifondiaires exploitent des milliers d’hectares en faisant appel à des ingénieurs agronomes pour gérer leurs exploitations, eux-mêmes ne faisant rien que de s’adonner à des loisirs comme le golf ou les voitures de sport, alors que les ouvriers agricoles n’ont que de petites parcelles de moins d’un hectare, souvent dans des villages de colonisation et sont employés dans les grandes haciendas ou « cortijos » des latifondiaires pour des salaires de misère. Cette expérience andalouse m’a permis de découvrir non seulement des paysages somptueux, mais aussi un système économique singulier, d’origine romaine et arabe, qui existe toujours et n’a pas beaucoup changé ; j’ai pu également constater la disparition des oliviers des campagnes proches de Séville, remplacés par des cultures de colza. Ces oliviers furent souvent arrachés et mis en bac, pour être vendus en Europe, comme en France où on les retrouve dans les pépinières, puis dans certains jardins. Mais depuis, la politique agricole espagnole a modifié ses objectifs et les oliviers ont été replantés.

Jardins de l’Alcazar à Séville, où j’ai vécu 3 ans (en bas à gauche, azulejos de l’Alcazar) ; je venais promener mes enfants dans ces jardins qui étaient merveilleux et frais lorsque la température dépassait 50°.

Après ce séjour à la Casa de Velázquez, à mon retour en France, après 3 ans de séjour à Séville et un moment de divers travaux dans des bureaux d’étude, je suis entré au CNRS où je suis toujours en tant que directeur de recherche émérite. Les expériences du CNERP, de la Mission Paysage et de la Casa de Velázquez m’ont permis d’approcher une démarche d’analyse économique et sociale du paysage en développant récemment une méthode fondée sur l’évaluation socio-économique du bien-être par le paysage lors d’une recherche engagée dans la vallée de la Loire en interrogeant des habitants, des élus, des acteurs divers de l’aménagement du territoire et en réalisant des cartes des lieux de bien-être ou de mal-être ; ce qui a permis ensuite d’identifier 52 critères de bien-être ou de mal-être par le paysage considéré comme cadre de la vie quotidienne.

Je souhaite terminer cette histoire personnelle du CNERP en rappelant ma trajectoire familiale : mon grand-père était un paysan suisse, qui faisait de l’élevage dans les Alpes bernoises, à Oberthal. La situation des paysans suisses à la fin du 19ème siècle était catastrophique, car ils étaient trop nombreux pour des terres insuffisantes ; c’est pourquoi mon grand-père a migré vers la France, dans le Jura, a épousé une française en se convertissant au catholicisme alors qu’il était protestant, et est devenu boulanger, l’un de ses fils, mon propre père, est devenu ingénieur agronome spécialisé dans l’élevage alpin dans le département de l’Isère (après le Jura et la Haute-Loire). Je suis devenu également ingénieur agronome, spécialisé dans la recherche sur le paysage et mon fils est désormais paysagiste DPLG, il a fait ses études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Bordeaux.

J’ai eu l’occasion d’aller voir le village de mon grand-père qui n’était qu’un ensemble de hameaux dispersés sur les collines ; du chalet où il vivait et que j’ai retrouvé, on peut voir un sublime paysage : tous les grands sommets des Alpes suisses, avec le Cervin, le Matterhorn, la Jungfrau. Je demandais à une vieille paysanne dans quelle maison habitent des personnes du nom de Luginbühl ; elle tendit son doigt tout autour et me dit : « là, là, là et encore là. » Il y avait donc de très nombreuses personnes s’appelant de ce nom dans ce village. Avec mon épouse et mes enfants, nous fîmes une promenade près du chalet de mon grand-père et nous nous assîmes sur un banc placé devant le spectacle des Alpes suisses. Ce fut une surprise de découvrir sur le banc une plaque avec le nom d’Otto Luginbühl ; c’était le nom du fabricant du banc et en regardant sur internet, nous nous sommes aperçu que c’était une entreprise qui fournissait de nombreux équipements pour les collectivités locales suisses comme les bancs, mais également les jeux pour enfants dans les parcs publiques, des clôtures, etc. Quelle drôle d’histoire familiale, n’est-ce-pas, représentative du nom de famille, Luginbühl, qui signifie en suisse allemand : « Regarde vers la colline »7, un nom prédestiné !

Diverses photos de mes voyages, en Iran, en Inde, au Maroc, au Chili, au Brésil, en Chine, au Pérou, etc.


Vues depuis le village de mon grand-père Friedrich Luginbühl, dans les Alpes suisses de l’Oberland bernois, à Oberthal, d’où l’on peut voir la chaîne des Alpes avec notamment le Cervin. Au milieu, à gauche, l’entrée du village d’Oberthal, le chalet où vivait mon grand-père, en bas, à gauche, ma famille sur le banc fabriqué par Otto Luginbühl et à droite, le paysage depuis le chalet.

FIN DE MON HISTOIRE DU CNERP

 

Je précise que j’ai publié deux ouvrages sur le paysage : le premier en 1989, aux Editions de la Manufacture, intitulé : « Paysages, textes et représentations des paysages de la Révolution à nos jours »8, puis « La mise en scène du monde, construction du paysage européen, aux Editions du CNRS, en 20129.

J’ai aussi publié des ouvrages collectifs suite aux programmes de recherche dont j’ai présidé les comités scientifiques :

Luginbühl Yves, Berlan-Darque Martine, Terrasson Daniel, 2007, Paysages, de la connaissance à l’action, ouvrage collectif publié aux Editions QUAE.

Luginbühl Yves, Berlan-Darque Martine, Terrasson Daniel, 2007, Landscapes : from knowledge to action, ouvrage collectif publié aux Editions QUAE.

Luginbühl Yves, Guillaumin Gérard, Terrasson Daniel, dir., 2012, Paysage et développement durable, Editions QUAE, Paris, 300 pages.

Luginbühl Yves, Guillaumin Gérard, 2013, Terrasson Daniel, dir., 2012, Conclusion, ouvrage collectif du programme de recherche Paysage et développement durable, Editions QUAE, pages 205-215.

Luginbühl Yves, 2013, dir. et conclusion, Infrastructures de transports terrestres, écosystèmes et paysages. Des liaisons dangereuses ? PREDIT, programme de recherche ITTECOP du MEDDE, La documentation française, pages 245-258, 280 pages.

Luginbühl Yves, dir. 2015, Biodiversité, paysage et cadre de vie. La démocratie en pratique, Victoires Editions, Paris, 290 pages.

En outre, j’ai publié environ 130 articles ou chapitres d’ouvrages collectifs et de nombreux rapports, notamment pour le Conseil de l’Europe autour de la Convention Européenne du Paysage.


1 Le « Paysage rural et régional – 2e partie » parue à la Documentation française.
2 Réalisée pour le compte du Conseil général des Pyrénées atlantiques.
3 On retrouve sur les montagnes des vestiges de l’époque néolithique, comme des enclos.
4 Bachelard Gaston, 1972, La poétique de l’espace. Presses Universitaires de France, 214 pages.
5 https://www.coe.int/fr/web/landscape
6 RECLUS, Elisée, 1866, Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes, In Revue des Deux Mondes, Paris.
7 « Lug-in-Bühl », c’est comme Look at the Hill, en anglais, « lugen » est un verbe du suisse allemand inusité qui signifie regarder, à ne pas confondre avec « lügen » qui signifie mentir.
8 Luginbühl Yves, 1989, – Paysages. Textes et représentations du paysage du Siècle des Lumières à nos jours, Lyon, La Manufacture, 1989, 270 p., 101 illustrations. Prix Conrad Malte-Brun de la Société française de Géographie.
9 Luginbühl Yves, 2012, La mise en scène du monde, construction du paysage européen, CNRS Editions, Paris, Prix Edouard Bonnefous 2013 de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, 430 pages.