Le second projet d’Institut du paysage (1982-1985)
ou la réussite d’une désillusion
Version du 10 mars 2019
1982. Dix ans ont passé depuis l’échec du premier et ambitieux projet d’institut du paysage proposé par Paul Harvois au début de 1972 (Chapitre 1). Échec relatif car, au cours de cette période, si la Section du paysage et de l’art des jardins (1946-1974), ainsi que le Centre national d’étude et de recherche du paysage de Trappes, le CNERP (1972-1979) ont fermé, l’École nationale supérieure du paysage de Versailles a été mise en place en 1976. L’enseignement y dure trois ans plus une année de stage au lieu de deux ans dans la Section. Et, en 1982, les premières recherches des enseignants de l’École sont publiées dans les Annales de la recherche urbaine (Chapitre 6). Le progrès est léger, mais perceptible.
En 1982, l’école forme environ 25 paysagistes DPLG chaque année, autant que dans les dernières années de la Section. Son développement souffre pourtant de multiples handicaps : de sa dépendance financière et administrative de l’ENSH (avec un seul conseil d’administration pour les deux écoles), de locaux exigus, de l’absence de postes d’enseignants permanents, de ressources documentaires restreintes, de recherches balbutiantes… Autant de raisons qui vont amener R. Chaux, avec les ministères de l’Urbanisme et du Logement, de l’Agriculture et de la Forêt, et de l’Environnement, à vouloir créer des conditions plus favorables.
Lancement d’une politique du paysage
En décembre 1981, le comité interministériel à la qualité de la vie (CIQV) et la Mission du paysage1 de la direction de l’urbanisme définissent les grandes lignes d’une politique nationale du paysage. Présentée par le ministre lors de sa visite à l’exposition « Paysages » au centre Beaubourg à Paris, elle prévoit, notamment, de « former de réels spécialistes “du paysage d’aménagement“ en passant d’une vision souvent statique et picturale du paysage qu’il n’y aurait qu’à protéger, à une conception plus dynamique où on accompagne, on guide, on oriente l’évolution »2. Il ne s’agit plus seulement pour les paysagistes de réaliser des parcs et des jardins urbains, mais de s’intéresser à l’ensemble des territoires. Les enseignants du CNERP, comme J. Sgard, P. Dauvergne et B. Lassus avaient été pionniers dans ce domaine. Puis l’ENSP avait en principe pris le relais. Mais cette transmission n’était pas vraiment perceptible dans les travaux d’ateliers de projets de l’école.
Financée en partie par le Fond interministériel à la qualité de la vie (FIQV), la politique des paysage prévoit notamment : des interventions sur les grands sites nationaux, dans les aménagement fonciers, hydrauliques et forestiers et sur les réseaux de transport électrique, la diffusion de l’exposition « Paysages » du centre Beaubourg dans six centres commerciaux et le montage d’une exposition nouvelle « Paysages des routes et des canaux » avec la Caisse nationale des Monuments historiques et le SETRA (ministère des Transports). Dans le domaine de la formation, il est demandé au prochain CIQV de 1982 de faire des propositions dans quatre directions : un troisième cycle à l’ENSP de Versailles ouvert aux architectes, un renforcement de son flux de formation, une formation continue et « une sensibilisation au paysage d’aménagement » auprès des élèves des grandes écoles d’ingénieurs maîtres d’œuvre d’aménagement3.
La même année, et dans le même esprit, est créé la cellule Paysage et aménagement rural dans le bureau Cadre de vie, Environnement, Paysage de la Direction de l’Aménagement (DIAME)4 du ministère de l’Agriculture.
C’est en février 1982 que le CIQV réanime le projet d’Institut du paysage abandonné 10 ans plus tôt. Il est à nouveau confié à P. Harvois la mission de constituer un groupe interministériel entre les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Culture. Il se réunira de juin à novembre 1982.
Parallèlement, dès décembre 1981, R. Chaux avait alerté les conseillers techniques du cabinet du ministre de l’Agriculture (M. Sturm) et du ministre de l’Urbanisme et du Logement (M. Simon) sur les problèmes des formations à Versailles. Le 5 janvier 1982, avec les deux responsables d’ateliers de l’école M. Corajoud et B. Lassus, il avait rencontré M. Simon afin qu’un groupe de travail puisse être constitué rapidement.
Le second projet Harvois
En décembre 1982, P. Harvois, professeur d’enseignement supérieur à Dijon, remet son rapport au ministre de l’Agriculture. Dans une note du 27 décembre, le chargé de mission « pour les problèmes du paysage » auprès de la DGER insiste d’abord sur les « trente ans de retard » des formations françaises au paysage par rapport aux pays voisins : « 8 écoles en Allemagne, 10 écoles en Angleterre », et sur l’inadaptation de l’École de Versailles. Se souvenant de ses déboires passés, il s’en remet à « une prise en compte par le premier ministre et la Présidence ». D’autant plus qu’un remaniement ministériel modifie le paysage politique en cette fin d’année.
Il propose la création au Potager du roi d’un « Institut français du paysage (IFP) », ayant l’autonomie administrative et financière, à la place de l’ENSP. L’IFP serait un centre d’enseignement supérieur (en six ans après le bac), un centre de recherches (avec un centre de documentation et six laboratoires) et un centre de promotion. « Tous les départements ministériels intéressés participeraient à son financement ». Projet directement inspiré de celui de 1972, mais dont on connaissait les limites avec l’arrêt du CNERP en 1979.
Il prévoit que « le président de la République pourrait annoncer officiellement, en avril ou mai 1983, cette mise en place à l’occasion d’une cérémonie internationale à Versailles célébrant le centenaire du magnifique Potager du Roi »5.
Le projet de décret en 18 articles est rédigé et le financement semble assuré en partie par la DIAME (20 millions de Francs).
Le transfert de l’ENSH à Angers auprès de l’ENITAH qui lui serait rattachée est envisagé. Car il semble rationnel pour le ministère de tutelle de constituer à Angers un centre national d’horticulture regroupant des formations scientifiques (ENSH) et techniques (ENITAH). Mais les « problèmes humains et pédagogiques » de ce déménagement semblent difficilement surmontables si des moyens financiers n’accompagnent pas ce projet6.
La coexistence et le développement des deux écoles semblent donc difficiles et un problème sans solution autre qu’un projet d’IFP hors du Potager du roi.
Deux ateliers en conflit
Non seulement, depuis la création de la Section en 1945, les enseignants des deux écoles s’ignoraient, mais au sein de l’ENSP un conflit s’aggravait entre les responsables d’atelier de projet Michel Corajoud et Bernard Lassus. Ils avaient tous les deux enseigné dans la Section, le premier à partir de 1972 et le second depuis 1963.
Dès la création de l’ENSP, ils avaient retrouvé leurs ateliers où ils enseignaient avec quelques anciens élèves : P. Aubry avec B. Lassus et J. Coulon avec M. Corajoud. Puis leurs travaux de concepteurs paysagistes, à partir de 1978, pour le parc du Sausset au nord de Paris et pour celui de la Corderie royale à Rochefort, avaient montré des démarches très différentes.
Deux écoles nouvelles de pensée paysagiste (dite plus tard « école française de paysage » par la Fédération française du paysage) commençaient à se juxtaposer avant de s’affronter. Elles indiquaient leurs postulats, celui d’une matérialité à gérer par la maitrise formelle, dessinée, globale et de détail, du projet dans le cas de M. Corajoud, qui s’inscrivait dans les pas du jardinier géomètre André le Nôtre ; celui d’un imaginaire du paysage à susciter par « apport sur un support » en s’appuyant, notamment sur les théories du jardin pittoresque de W. Chambers et de l’abbé Delisle (1776). Cet atelier avait pris le nom de Charles-Rivière Dufresny (1624-1724). Louis XIV avait nommé ce musicien et écrivain, dessinateur des jardins royaux où il avait introduit la mode des jardins anglais.
Les modèles de pensée des projets étaient aussi différents que les pratiques pédagogiques. Celle de l’atelier Le Nôtre reposait sur la formalisation graphique (le dessin, la maquette) du site à aménager, celle de l’atelier Dufresny sur une imprégnation sensible acquise par la marche dans le site. Il était demandé aux étudiants de « faire l’éponge » afin d’inventer un concept de projet et son mode de communication (démarche dite d’analyse inventive).
Ces deux types d’atelier étaient successifs en deuxième année et à option en troisième année7. Ils ont permis de former les paysagistes à deux manières différentes de concevoir des projets. L’une partait de la morphologie et de l’histoire du site physique pour dessiner le projet, l’autre des imaginaires possibles des lieux et de leurs ambiances pour penser une intervention parfois minimaliste ; d’un côté un art de la mise en forme contextualisée, de l’autre un art conceptuel et poétique de la reconnaissance des lieux.
Les relations entre les deux hommes ont commencé à se dégrader à partir du moment où les deux pédagogies ont commencé à être incompatibles en devenant des idéologies, voire des doctrines exclusives qui ne se toléraient plus. Tension vive qui a obligé R. Bellec, le secrétaire général et de la pédagogie, à demander un choix d’atelier aux étudiants au cours de la troisième année d’études. Le groupe d’enseignants, déjà hétérogène, commença à se fissurer de 1983 (année du départ des enseignants de l’ENSH) jusqu’au sortir de la grève étudiante de juillet 1985.
L’année précédente (?), M. Corajoud avait démissionné de ses fonctions de chef d’atelier et avait été remplacé par Isabelle Auricoste. Alors que G. Clément avait quitté l’école dès l’automne 1981.
L’Institut français du paysage
Pendant toute l’année 1983, les enseignants de l’école vont travailler la faisabilité du projet d’IFP. Ils sont répartis en groupes de travail : sur les locaux, la formation, le centre de documentation, la promotion du paysage et la recherche8. Le rapport de P. Harvois, un peu expéditif et superficiel, leur est peu connu.
Dès la fin du mois de mai, les premières conclusions sont résumées9. Faut-il adopter le modèle de l’université ou des grandes écoles d’ingénieurs ? La transdisciplinarité des ateliers de conception apparait comme une nécessité avec une logique de pensée transversale (le projet) et verticale (les disciplines de connaissance). C’est donc le modèle des écoles d’architecture, avec une formation en 5 ans qui prévaudra. Il prévoit un premier cycle de « préparation intégrée et d’orientation » en deux ans après le bac avec un maximum de 180 étudiants. Cette formation définit ses objectifs autour de quatre mots clés partagés par les différentes disciplines (analyse du paysage, interrelation entre ses éléments, travail de mise en forme et démarches spécifiques). Cinq champs thématiques sont prévus : approche plastique, perception et communication de l’espace, écologie et sciences du milieu, espaces humains et sociétés, techniques et pratiques, avec des enseignements obligatoires et à options.
Le cycle de diplôme (deux années de deuxième cycle et une année de 3ème cycle) concernerait 45 étudiants par promotion et serait couronné par le DPLG. Il serait organisé autour des exercices courts et longs de projets d’ateliers à partir des champs thématiques approfondis du premier cycle. S’y ajouteraient des enseignements post-diplômes spécialisés en deux ans dans le cadre des laboratoires de recherches (jardins historiques par exemple), des formations universitaires à la recherche et des « certificats d’études supérieures de paysage en… » ouverts aux ingénieurs et aux architectes, entre autres10. Sans compter la formation permanente en trois ans, les écoles d’amateurs, la formation continue et la sensibilisation au paysage.
Le programme est ambitieux et préfigure une grande partie de l’organisation future de l’ENSP, à l’exception du premier cycle.
Pourtant quelques nuages commencent à obscurcir l’horizon du projet.
La formation initiale dans le projet d’institut français du paysage, 31 mai 1983
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Réticences et concessions
Dès juillet 1983, Jean-Pierre Duport, directeur de l’Architecture au ministère de l’Urbanisme et du Logement avertit : « En ce qui concerne la mission d’enseignement de l’Institut, je souhaiterais qu’elle ne soit pas conçue comme un monopole absolu… », mais que des sessions de formation (de type certificat) soient ouvertes aux diplômés d’architecture, ainsi que des passerelles permettant à des titulaires du 1er cycle d’entrer dans le second cycle de l’institut. Il précise « en outre le doctorat d’enseignant chercheur me parait d’une destination insuffisamment large car il sanctionne la seule formation d’enseignants »11.
Trois mois plus tard, en septembre, une note de P. Harvois au directeur de cabinet du ministre de l’agriculture est plus préoccupante. Il lui indique que « le silence de l’Agriculture au regard de ses engagements pour la création de l’Institut du paysage risque de décourager les autres partenaires qui avaient manifesté leur intention de s’associer concrètement au projet »12.
Un des points de blocage concerne la nécessité d’un premier cycle spécifique, couteux en espace et en personnel. R. Chaux le justifie avec des arguments pédagogiques et, ressentant une réticence de fond du conseiller, n’en fait pas une condition de la création de l’IFP13. Le système de l’ENSP, écrit-il, malgré ses inconvénients, donne une formation reconnue comme satisfaisante ». Le diplôme de paysagiste DPLG n’a-t-il pas été classé au même niveau que celui d’architecte DPLG? Il propose que, si cette création « était remise à plus tard », l’annonce de la création de l’IFP sur la commune de Guyancourt et des mesures transitoires (notamment la création de postes d’enseignants) soit faite dans le cadre du tricentenaire du Potager du roi en décembre.
Il semble cependant se faire peu d’illusions : « si aucun département ministériel n’a les moyens d’assumer les missions de l’IFP, (il prévoit) des conséquences graves, un gâchis d’énergie et de moyens, et la mise en place d’expédients de mauvaise qualité dans les UP d’architecture »14.
De leur côté les praticiens paysagistes insistent : Il faut en finir, disent-ils, avec un aménagement paysager « réduit à une opération (surcoût) de maquillage après coup » et porter l’effectif de praticiens de 300 à « 1200 à 1500 paysagistes »15.
L’annonce ministérielle
Le 16 décembre, trois cents ans après la fin des travaux de création du Potager du roi, R. Chaux, en tant que « 17éme successeur du fondateur Jean-Baptiste de la Quintinye », retrace l’histoire mouvementée des lieux où cohabitent, (encore pour 10 ans, ce qu’il ne sait pas) l’ENSH et l’ENSP16. Que vont devenir ces lieux en fonction du projet incertain d’IFP ? Que va annoncer Michel Rocard, ministre de l’Agriculture et de la Forêt ? Sachant que la DGER s’estime démunie des moyens nécessaires à son montage et à son fonctionnement17.
Le Potager doit son histoire prestigieuse à la persévérance de l’État et, suggère le ministre, il en sera de même demain. Aussi commence-t-il par rassurer l’ENSH « J’ai donné mon feu vert et décidé d’appuyer le projet d’une installation complémentaire, non loin de Versailles, sur un espace de 5 à 10 hectares mitoyen du centre INRA de Guyancourt, le domaine de la Minière, qui permettra à l’ENSH de disposer de moyens d’expérimentation et de recherche qui lui font actuellement défaut ». Puis il fait l’éloge du renouvellement des compétences paysagistes et confirme que : « le ministère de l’Agriculture en accord avec le ministre de l’Urbanisme et du Logement et le secrétariat d’État auprès du premier Ministre chargé de l’Environnement et de la qualité de la vie, a décidé de créer, à partir de l’ENSP un Institut français du paysage, établissement public doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Il sera implanté sur la commune de Guyancourt et le site du Potager du roi, avec dans le cadre de la décentralisation, des antennes pédagogiques diversifiées. »18.
Il insiste sur la participation des autres ministères et annonce à l’automne 1984 les premières assises nationales du paysage à Aix-les-Bains.
Rassérénés, les enseignants, les étudiants et les paysagistes praticiens attendent désormais la signature du décret fondateur et l’application des mesures transitoires, en particulier la création de quatre postes d’enseignants permanents.
Vers la signature des décrets
Pendant toute l’année 1984, deux groupes de travail de la DGER et de l’ENSP vont travailler à approfondir le projet. L’un est chargé de la mise au point du décret de création de l’IFP et l’autre de l’implantation à Guyancourt. Dès mars, écrit R. Chaux, il apparait que la DGER ne prendra pas l’initiative de faire des propositions, si elle n’y est pas invitée expressément par le cabinet19. La DGER (MM. Soyeux et Carcassonne) n’affirme en effet toujours pas de position claire sur son engagement.
De leur côté les enseignants de l’ENSH, la maison mère de l’ENSP, font valoir leurs propres projets. Car leurs effectifs d’étudiants depuis la réforme de 1976 ont doublé. Besoins en locaux d’enseignement pour les filières « Techniques et économie de l’horticulture » et «Sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers », besoins en personnels de recherches pour les laboratoires, extension de la documentation, enseignement des langues… Demandes qui pourraient être satisfaites en partie sur les terrains de la Minière à Guyancourt. Mais à condition de ne pas céder définitivement de l’espace à l’ENSP au Potager du roi. Car le pôle paysagiste de l’IFP au Potager du roi devait-il n’être qu’un « expédient temporaire » en attendant sa relocalisation totale à Guyancourt, comme l’indiquait le groupe de travail « Gestion de la mise en place de l’IFP » 20 ?
En outre le groupe de travail « Potager du roi » et la commission permanente du conseil général demandent à ce que la gestion du Potager du roi ne reste pas à la seule charge de l’ENSH.
Au cours de ce même mois de mai, les services techniques du ministère de l’agriculture chiffrent l’installation de l’IFP à Guyancourt en deux tranches (au moins 5500F/m2 pour 4500 m2 de planchers, soit environ 26 millions de francs avec l’aménagement des abords immédiats)21. Mais J. Renard, directeur de l’aménagement à la DIAME, sollicité pour le financement, manifeste sa plus grande perplexité sur l’argumentation du projet d’IFP22. Doute sur le nombre de paysagistes envisagé, faiblesse de la dimension du paysagisme d’aménagement et de la recherche, flou de la pédagogie… Il ne dispose pas des crédits demandés en 1984, peut-être en 1985.
En juillet, les services de l’inspection du ministère rendent un rapport très critique sur la situation de l’enseignement à l’ENSH/ENSP de Versailles : fonctionnement complexe et peu satisfaisant, gestion confuse sans enseignant titulaire à l’ENSP23.
À la rentrée de 1984, d’autres voix se font entendre. B. Lassus diffuse le projet d’un certificat d’études approfondies (CEA) Jardins et paysages à l’UP d’architecture n° 6 de Paris. Il implique deux pôles d’enseignement, un à Paris avec d’autres enseignants d’UP (M. Conan et J. Christiany de l’UP4) et de l’université (A. Cauquelin, J. Duvignaud) et l’autre à Versailles (l’ENSP). D’autres (J. Dreyfus, proche de B. Lassus, notamment) insistent sur les questions sociales que posent les pratiques de jardin et de paysage24.
Comme dans le premier projet d’Institut du paysage de 1972, la décision réelle du projet reste sous la tension de points de vue contradictoires. D’un côté, l’hésitation motivée de la DGER entrainant celle de ses partenaires ministériels et du gouvernement, de l’autre des initiatives multiples et l’engagement de R. Chaux et de quelques enseignants montrant l’enjeu politique local et national de ce projet.
Aux assises du Paysage d’Aix-les-Bains (600 participants), le 13 octobre 1984, M. Rocard confirme les objectifs interministériels de l’IFP de Versailles-Guyancourt et la signature prochaine du décret fondateur. « La rentrée 1985 devra se faire à Versailles dans le cadre de l’IFP qui aura reçu sa première dotation en personnel, et en 1987 à Guyancourt ».
En novembre les projets de décrets, précisant sa structure, ses missions, son personnel et ses enseignements sont rédigés25. Et les ministères concernés autres que l’Agriculture semblent prêts à participer au financement, à condition que le ministère de l’Agriculture « donne des preuves de sa bonne volonté »26.
Du compte-rendu du conseil général de l’ENSH/ENSP27, il faut retenir que pour R. Chaux « les décrets, en Conseil d’État, sont à la signature pour parution au cours du premier semestre 1985 ». De son côté l’association des anciens élèves de l’ENSH et de l’ENSP s’inquiète du rapport Mothes visant à intégrer l’horticulture dans des « centres de productions végétales ». Elle pense que la réflexion sur le programme pédagogique de l’IFP est « à peine commencée », et demande des précisions claires sur les articulations entre la filière Sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers et l’IFP.
La désillusion
Une longue attente commence, surtout après le départ de Michel Rocard du ministère de l’Agriculture le 4 avril 1985 et son remplacement par Henri Nallet.
Le 22 (ou le 19) mars les étudiants lassés d’autant d’atermoiements, se mettent en grève. Ils viennent d’apprendre que l’ENSP n’est pas sur la liste des établissements accédant à l’autonomie financière et administrative en 1985. Puis les enseignants font de même le 25 mars. Dès le 26 mars, R. Chaux demande à Bernard Vial, nouveau directeur de cabinet, à rencontrer le ministre. Les engagements pris seront-ils respectés ?
Une semaine après, il propose à la DGER l’ouverture en juin d’un concours de maitre de conférences en « Théorie et pratique du projet de paysage », un moyen parmi d’autres de calmer la colère et la déception des étudiants et des enseignants28. Et surtout de pouvoir faire la rentrée avec un enseignant titulaire responsable des ateliers de projet. Car, dès le 4 mars, il a reçu l’assurance, par M. Carcassonne, de l’attribution d’un poste de maître de conférence à l’ENSH pour l’ENSP et d’un poste d’attaché d’administration et d’intendance en 198529.
Au même moment l’assemblée générale des étudiants de l’ENSP demande à rencontrer le ministre et son conseiller technique M. Carcassonne. Ils souhaitent s’informer sur la mise en œuvre du projet d’IFP et des mesures transitoires (autonomie, dotation en personnel enseignant : 2 postes en 1985, 3 en 1986, décret de création). Les enseignants font de même et sont reçus le 24 avril. On leur répond, dans la version étudiante « que les promesses ne seraient pas tenues, mais renvoyées à plus tard »30 ; dans la version enseignante que « les raisons sont administratives, sans explication de fond »31.
Le 6 mai, la DGER ne répond toujours pas à l’incertitude générale, le nouveau ministre -apprendra-t-on plus tard- n’ayant toujours pas pris connaissance du dossier. R. Chaux demande à nouveau un rendez-vous à son conseiller. Simultanément le nouveau DGER, Michel Gervais avec son sous-directeur M. Soyeux reçoit un groupe d’étudiants32.
De leur côté, comme en 1972, les paysagistes enseignants et les élèves tentent de contacter des personnalités politiques ou professionnelles pour éviter un échec probable. Jack Lang, en visite gastronomique à Versailles, est invité au Potager du roi. Des paysagistes d’écoles de paysage anglaise et yougoslave, le président de l’IFLA Zvi Miller, les députés de Versailles (Etienne Pinte), d’Hazebroucke, des Côtes-du-Nord et de l’Allier, ainsi que des parents d’élèves écrivent au ministre.
Le 21 mai, après une entrevue avec MM. Jactel et Soyeux, R. Chaux fait connaitre à la commission permanente du Conseil général la position de la DGER. La décision de création de l’IFP n’est pas remise en cause ; les solutions financières devront être trouvées et un conseil d’administration propre à l’ENSP avec de nouveaux moyens sera créé à la rentrée 1985. Il ne rappelle pas, car cela est connu de tous, que le 26 juin 1985 devrait avoir lieu le premier concours de recrutement d’un maître de conférences dans la discipline Théories et pratiques du projet de paysage.
Comme la grève dure toujours, accompagnée de manifestations étudiantes spectaculaires à Paris (des projections sur les murs du Louvre), MM. Raffi, Gervais, Soyeux et Carcassonne rencontrent, le 5 juillet, les représentants des étudiants (M. Claramunt, C. Dard et P. Jacotot) et des enseignants (M. Rumelhart et A. Provost). La tension a en effet monté, y compris avec des altercations sur le perron du ministère. M. Raffi demande l’arrêt des désordres et précise la position du ministère : 1/Le ministère ne sera ni leader, ni seul acteur du projet d’IFP. 2/Un premier chargé de mission, B. Fischesser, ingénieur en chef du génie rural et des eaux et forêts au CEMAGREF de Grenoble sera nommé pour répondre à la question : « Un institut du paysage, pourquoi, comment et avec qui ? ». 3/ si un IFP est créé, cela se fera d’abord dans les faits et ensuite dans les textes. Aussi un second chargé de mission sera chargé, dans ce cas, en tant que futur directeur probable, de mettre en place une « structure IFP préparatoire ».
Le rapport de B. Fischesser
Le 20 aout 1985, B. Fischesser reçoit sa lettre de mission. Il remettra son rapport en novembre de la même année. La rentrée de l’année scolaire 1985-1986 s’est faite normalement après le recrutement de M. Corajoud comme maître de conférences.
Le chargé de mission suit en fait les orientations données par M. Raffi. Il fait de l’IFP un but à moyen et long terme et énumère les objectifs de développement de l’ENSP actuelle au côté, puis avec l’ENSH au sein du Potager du roi. L’autonomie administrative et financière apparait comme « une obligation sans alternative » avec une nouvelle direction sensible aux questions singulières de paysage. Il en est de même pour la dotation d’«une masse critique d’enseignants permanents», de la construction d’un nouveau projet pédagogique avec une redistribution des volumes horaires entre départements, de l’accueil d’élèves d’autres formations (agronomes, architectes notamment), de l’association de l’enseignement et de la recherche à développer, du développement d’une documentation adaptée et modernisée, et de l’ajout d’ un premier cycle.
Reconnaissant toute la valeur originale de la formation existante, il se prononce néanmoins pour un rééquilibrage entre les formations d’arts plastiques et celles insuffisantes de techniques de représentation et de communication, pour une ouverture scientifique et technique plus grande et pour le développement des projets de « grand paysage » comme ceux explorés par les premiers ateliers pédagogiques régionaux de quatrième année depuis 1983.
Ce rapport confirme des pistes déjà connues pour construire d’abord l’IFP dans les esprits et les faits, avant d’imaginer un cadre juridique nouveau et de nouvelles implantations hors du Potager du roi.
Car dans les faits et les esprits, l’IFP a été construite dans les trente années qui ont suivi. Des services documentaires propres, un laboratoire de recherches actif, une formation doctorale reconnue, un nouveau projet pédagogique, une quatrième année formatrice, une formation continue, des écoles d’amateurs, une revue de qualité et un corps d’enseignants-chercheurs titulaires de 14 personnes permanentes et de nombreux vacataires et contractuels ont vu le jour. Mais l’autonomie financière et administrative n’a pu être obtenue qu’avec le départ (douloureux et programmé) de l’ENSH à Angers dix ans plus tard.
Aujourd’hui, personne ne songe à réclamer un IFP, puisque l’ENSP de Versailles-Marseille en a été la concrétisation.
Conclusion
Cet épisode de la vie de l’ENSP de Versailles est sans doute significatif d’une opposition qui structure la vie politique ordinaire. Entre ceux, surtout des responsables politiques nationaux, qui avancent des projets ambitieux, et les administrateurs des ministères qui en financent la réalisation et la gestion. Dans beaucoup de situations, les législateurs préfèrent entériner par la loi une situation évolutive qui fonctionne bien, mais au cadrage légal discutable, plutôt que de prendre des risques avec une création ambitieuse mais aux résultats incertains. C’est probablement ce qui explique l’échec du premier institut du paysage en 1972, autant que les oppositions des corps d’ingénieurs du ministère.
Il montre aussi que l’engagement de la direction de l’ENSP, et la grève des étudiants et des enseignants ont été la condition de ce développement pragmatique obtenu dans un contexte conflictuel.
En 1972, c’est surtout l’opposition d’Etienne Le Guélinel, le directeur de l’ENSH, qui a fait échouer le projet d’Institut du paysage, sans doute avec l‘appui de la DGER, et a provoqué la création du CNERP. En 1985, c’est le ministère de l’Agriculture lui-même qui a réorienté le processus de projet de l’IFP vers une co-construction longue, mais au final fructueuse. L’ambition politique du paysagisme d’aménagement a fini par s’hybrider avec l’héritage historique de l’art des jardins dans une pensée capable de maîtriser les échelles de temps et d’espace, et les paysagistes concepteurs de devenir des acteurs polyvalents appréciés par les politiques de l’aménagement du territoire.
Le projet utopique de P. Harvois est devenu réalité, mais sous une forme et selon un processus qu’il ne prévoyait pas.
B. Fischesser, L’avenir de l’école nationale supérieure du paysage de Versailles, rapport au ministre de l’Agriculture, octobre 1985.
Notes
1 La Mission du paysage est dirigée depuis 1979 par Alain Riquois, ingénieur du Génie rural et des Eaux et Forêts. Il deviendra directeur de l’ENSP en 1990.
2 Une nouvelle politique du paysage, CIQV, doc. Ronéo., 1981.
4 Cette cellule qui regroupait huit membres permanents s’est réunie tous les deux mois de 1981 à 1983 pour réfléchir aux questions posées par l’évolution du paysage rural. B. Fischesser, L’avenir de l’école nationale supérieure du paysage de Versailles, rapport au ministre de l’Agriculture, octobre 1985, p. 35.
5 P. Harvois, Note sur la création d’un Institut français du paysage, 27 décembre 1982.
6 La décision du transfert sera prise en 1993 et sera mise en œuvre de 1995 à 1997.
7 Jusqu’en 1983 ou 84. Des paysagistes comme H. Bava ou M. Desvignes ont connu ce système pédagogique d’ateliers sans option.
8 Courrier du 2 mars 1983 de R. Bellec aux enseignants.
9 Note sur l’organisation de la formation au paysage dans le cadre du futur institut français du paysage, Document de travail, RB/CC, n° 441, 31 mai 1983.
15 Pour une politique d’aménagement d’un espace de qualité : l’Institut français du paysage, non daté. Ce texte qui date sans doute de 1983, émane peut-être de la FFP.
16 R. Chaux, 300 ans d’histoire au Potager du roi, Discours prononcé à l’occasion du tricentenaire du Potager du roi, 16 décembre 1983, 5 p.
27 Compte-rendu de la réunion du conseil général de l’ENSH et de l’ENSP, 13 décembre 1984.
28 Lettres à la DGER (Madame Robinet), du 26 mars 1985.
29 Lettre de M. Carcassonne à R. Chaux du 4 mars 1985. Le poste est prélevé sur la dotation prévue à l’ENFA de Rennes. La décision a été prise par C. Jactel, chef du service de l’enseignement, dès janvier 1985.
30 Tract distribué au ministère de l’Agriculture, sans date.
31 Lettre du 29 avril à H. Nallet des 16 enseignants paysagistes vacataires de l’ENSP.
32 Il s’agissait de C. Alliod, Charles Dard, Jerôme Boutterin, Michel Collin et Marc Claramunt.
Né le 9 février 1877, diplômé de l’ENH de Versailles (1883-86), H. Martinet est architecte paysagiste ” de la Direction du ministère de l’agriculture” en 1903. Il exerce son métier en France et à l’étranger. Il a été directeur de deux revues Le Jardin (depuis 1894), puis Le Petit Jardin Illustré et en 1921 rédacteur adjoint de la Revue horticole.
Il est dessinateur chez l’architecte paysagiste E. André en 1888, et son secrétaire de 1889 à 1890. De 1897 à 1920, il est professeur à l’ENH en horticulture industrielle et commerciale.
Il est membre au titre de la SNHF de l’organisation de l’exposition universelle de 1900. De 1910 et 1911, il est vice président de la SNHF. En France, il a conçu et réalisé le parc public de la Rhônelle à Valenciennes, le parc Beaumont à Pau et des jardins privés et publics à Biarritz, Aix-les-Bains, Hendaye, Le Touquet, Chatellerault, Montreuil, Loudun, Pontoise … Il fonde en 1906 une société immobilière pour l’aménagement de la plage d’Hendaye et créé avec l’architecte E. Durandeau un lotissement balnéaire.
À l’étranger, il a dessiné les plans des jardins de Shinjuku Gyoen à Tokyo, et réalisé des parcs à Monte-Carlo, Euxinograd, Montevidéo, Albazzia en Autriche, Luxembourg, Ostende en Belgique …
P. Donadieu 15 mars 2019
(D’après le site du comité des parcs et jardins de France, 2019, Alain Durnerin, in Créateurs de jardins et de paysages, ENSP/Acte Sud, 2002 et les archives de l’ENH en 2019.
CJPCréateurs de jardins et de paysage, en France du XIXe au XXIe siècle, M. Racine, édit., Actes Sud/ ENSP Versailles, 2002,
CNERP, Centre national d’étude et de recherche du paysage de Trappes (78) (1972-1979). Centre interministériel de formation au paysage d’aménagement créé à l’initiative de Robert Poujade premier ministre de l’Environnement.
DEP Diplôme d’État de paysagiste (2015) ; voir ENSP
DPLG diplômé par le gouvernement, titre professionnel (paysagiste DPLG) attribué aux élèves de la Section du Paysage et de l’Art des jardins de 1961 à 2018 après deux puis quatre années de formation selon les époques. Le diplôme d’État de paysagiste (DPE) qui lui a succédé en 2015 donne accès au titre professionnel de paysagiste concepteur (landscape architect). La date indiquée est celle de la parution de l’arrêté au Journal officiel pour ceux qui sont passés par le concours en loge après leurs études à la Section.
ENA École nationale d’administration
ENS École normale supérieure (rue d’Ulm à Paris).
EN(S)H, École nationale (supérieure) d’horticulture de Versailles (1873-1995). Elle a délivré le diplôme d’ingénieur horticole obtenu en 3 ans de 1927 à 1974, puis celui d’ingénieur de l’ENSH, en tant qu’école d’application en deux ans des écoles d’agronomie (1976-1995).
ENSP, École nationale supérieure de (du) paysage de Versailles (>1995). Elle a délivré au bout de quatre ans d’étude le diplôme de paysagiste DPLG de 1979 à 2018, puis délivre au bout de trois ans d’étude le diplôme d’État de paysagiste (DEP) à partir de 2018. Ce dernier diplôme donne accès au titre de paysagiste concepteur (=architecte paysagiste) depuis 2016. L’année indiquée est celle de l’admission sur concours. Presque toutes les personnes admises sur concours ont obtenu le diplôme et titre professionnel de paysagiste DPLG.
IH, ingénieur horticole, diplôme de l’ENSH délivré de 1927 à 1974. L’année indiquée est celle de l’inscription dans l’établissement qui est celle du concours d’entrée.
INRA, Institut national de la recherche agronomique.
JPT Diplôme d’étude approfondie « Jardins, paysages, territoires », formation de recherche doctorale dispensée à l’école d’architecture de Paris-La Villette de 1989 à 2008 avec l’EHESS puis l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle fut dirigée par B. Lassus et A. Berque, puis par Y. Luginbühl.
GERP : groupe d’études et de recherches du paysage (1969-72), voir CNERP, B. Barraqué et P. Dauvergne. A préfiguré l’association Paysages (1968-75) qui a été le support du CNERP (1975-79)
GPP : Grand prix du paysage attribué tous les deux ans par le ministère chargé de l’Environnement
GPU : Grand prix de l’urbanisme attribué tous les ans par le ministère chargé de l’urbanisme
LAREP, laboratoire de recherches sur le projet de paysage et d’accueil de doctorants créé en 1993 à l’ENSP par P. Donadieu et A. Fleury.
SP : section du paysage et de l’art des jardins (1945-1974). L’année indiquée est celle de l’inscription dans l’établissement qui est celle du concours d’entrée. Le titre de paysagiste DPLG (1961-2015) est obtenu soit après une ou deux années d’études sanctionnées par un certificat d’études, plusieurs années de stage en agences et un concours en loge (SP de 1947 à 1985), soit au bout de quatre années d’étude (ENSP de 1979 à 2018). L’année indiquée est celle de l’admission sur concours. Une grande partie des personnes admises sur concours à la section du paysage et de l’art des jardins ont obtenu le titre professionnel de paysagiste DPLG.
SPF : Société des paysagistes français
STCAU ; Service technique central d’aménagement et d‘urbanisme (direction de l’aménagement et de l’urbanisme qui dépendait du ministère de l’Équipement et du Logement (1967-1970)
TDPP, master 2 “Théories et démarches du projet de paysage” : parcours de formation à la recherche doctorale créé en 2006 à l’ENSP avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et AgroParistech (école doctorale ABIES) par P. Donadieu.
Enseignant(e): toute personne ayant enseigné dans la Section du paysage et de l’art des jardins de l’ENSH, à l’EN(S)H et à l’ENSP, au CNERP et dans quelques masters extraversaillais : titulaire (professeur, maître de conférences, maître-assistant, assistant, ingénieur de recherche, ingénieur d’étude), vacataire, en CDI ou CDD. Cet enseignement peut prendre des formes diverses (cours, conférences, travaux dirigés, travaux pratiques, encadrement d’ateliers, voyages, encadrement de mémoires …)
Chercheur(e) : toute personne, en général titulaire d’un doctorat universitaire, ayant exercé ou exerçant des activités de recherche théorique ou appliquée, et de publication dans un cadre universitaire public ou privé.
Personnel : toute personne ayant participé, sous une forme ou une autre, à la formation des étudiants (directeur, secrétaire général, direction des études, agent comptable, documentaliste, secrétaire, assistant (e), chargé(é) de mission, informaticien, directeur du potager, jardinier…)
La liste des noms cités, qui apparaissent dans les procès-verbaux des conseils des enseignants depuis 1946 et sur le site web de l’ENSP en 2018, n’est pas exhaustive. Elle n’est pas non plus limitée à l’ENSH/ENSP mais concerne toutes les personnes qui de près ou de loin ont joué un rôle, même modeste, dans les formations versaillaises (ou non) des paysagistes.
Notice sur les bâtiments du Potager du Roi à Versailles
Le potager du roi a été construit par Jean-Baptiste de la Quintinie de 1678 à 1683
La Figuerie a été rehaussée d’un étage en 1901, Jules Nanot étant directeur.
La Coopérative (le foyer des élèves), actuel bâtiment Saint-Louis, a été terminée en 1928, Fernand Pinelle étant directeur de 1924 à 1940
Les bâtiments le long de la rue Hardy ont été construits à la fin des années 1950 à la place des serres adossées au mur, Etienne Le Guélinel étant directeur (1959-1974). Les laboratoires de Chimie ont été inaugurés en 1961.
Petit Répertoire des enseignants, chercheurs et personnels
de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’EN(S)H de Versailles et de l’ENSP de Versailles-Marseille, du Centre national d’études et de recherches du paysage de Trappes, et de quelques autres écoles de paysage françaises et étrangères (Bordeaux, Lille, Blois, Angers…)
Version du 19 mai 2020 (en cours de modification)
Pierre Donadieu et Roland Vidal proposent un répertoire conçu comme une base de données biographiques à usage des chercheurs et des enseignants, mais également de tout public curieux de l’histoire des formations dispensées au Potager du Roi de Versailles de 1874 à nos jours, et de leur contexte institutionnel.
Accessible à tous sur le site topia.fr, il est destiné à être corrigé, complété et actualisé par toute personne qui en aurait la possibilité. Vous pouvez répondre directement sur le site.
Cette version est une ébauche en cours de correction et de complément. Les noms cités sont retenus au fur et à mesure de la progression de nos recherches, sans sélection particulière.
Adam François, ENSP 1990, JPT, CAUE des Yvelines, enseignant au master TDPP.
Albisser Nathalie, née en 1972, ENSP 1993, assistante d’enseignement contractuel ENSP (ateliers) Marseille de 2000 à 2008.
Allain Yves-Marie, IH 1966, SP 1968, DPLG (date à préciser), membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement et président après Raymond Chaux en 1994 de l’association Promotion du paysage qui portait la revue jusqu’en 1996.
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–Alvéry Pierre, SP 1968, enseignant (assistant) à la SP de 1969 à 1972.
André Edouard 1840-1911, horticulteur, botaniste, journaliste et architecte paysagiste, enseignant à l’ENH à la chaire d’architecture des jardins et des serres de 1892 à 1900. Il a succédé à Auguste Choisy et a précédé son fils René-Edouard. Il a eu deux fils et une fille. Page Wikipédia – Article de Florence André-Olivier – Article d’Alain Durnerin
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André René, Jules, Edouard, 1867-1942, marié quatre enfants, ingénieur des arts et manufactures en 1890, architecte paysagiste, enseignant à l’ENH à la chaire d’architecture des jardins et des serres, d’abord suppléant depuis le 19 mai 1900 en remplacement de son père, puis professeur titulaire du 20 novembre 1911 au 17 septembre 1934. Il a succédé à son père Edouard et a précédé Ferdinand Duprat. Fonds André aux Archives des Yvelines
René-Edouard André (1900). Fonds F. E. André
Anstett Alfred, professeur à l’ENSH de sciences du sol et de fertilisation depuis 1955, à la Section de 1967 à 1972, puis à l’ENSP de 1977 à 1983. Il remplace M. Chaminade, professeur de chimie et de sciences du sol à l’ENH.
Antoine Serge, 1927-2006, ENA, Cour des comptes 1954, DATAR 1963, chargé de la recherche puis des relations internationales au ministère de l’Environnement. Membre du Haut comité l’environnement. N’a pas enseigné à l’ENSP, mais a participé à la naissance du CNERP dans les années 1970. Page Wikipédia
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Anton (l’) Jean-Marc, né en 1962, ENSP 1983, enseignant et responsable du département des techniques à l’ENSP de 1993 à 1999. Il a précédé Armelle Varcin à ce poste. Maitre assistant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris Val de Seine en 2018. Paysagiste Conseil de l’État en 1995. Publication : Dessiner le Temps : Landscape in time. L’Anton & associés , paysage&urbanisme. Page de l’Agence L’Anton
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Argant Sébastien, ENSP 1995, enseignant au département d’écologie de l’ENSP (> 1990).
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Aubry Christine, ingénieur agronome, INRA SAD Paris, enseignante au master TDPP C. Aubry a repris les recherches en agriculture urbaine initiées par A. Fleury à l’ENSP en 1993.
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Aubry Pascal, né en 1946, SP 1968, DPLG 1980 (concours en loge en 1975), enseignant ENSP (1977-1987), puis maitre-assistant à l’École d’architecture de Paris-La Villette et coordinateur, après Michel Viollet, de la quatrième année ENSP. Béatrice Julien-Labruyère lui a succédé en 2006. Paysagiste conseil de l’État. Publications – Les Ateliers pédagogiques régionaux – La quatrième année (article)
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Audias Albert 1904- 200 ?, IH 1921, paysagiste DPLG, enseignant en études des sites et paysages, espaces verts, à la Section de 1946 à 1973. Ancien collaborateur de l’architecte paysagiste Ferdinand Duprat de 1928 à 1939, puis chargé de mission à la ville de Paris au service de Robert Joffet (terrains de sports, inventaire des espaces verts du département de la Seine), il se consacre ensuite aux espaces verts de Saint-Nazaire et au parc de la Courneuve (1956).
Audouy Michel, ENSP 91, enseignant en techniques pour le paysage depuis 2002. Michel Audouy est secrétaire général de la Fédération Française du Paysage et Président délégué de Val’hor, interprofession de l’horticulture en 2018, 2019, 2020. En 2013 il est co-organisateur avec Chiara Santini, du cycle de conférences « André Le Nôtre, de l’héritage à l’action » à l’occasion du 400ème anniversaire de la naissance du grand jardinier. Article sur Europeangardens.
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Auricoste Isabelle, née en 1941, SP 1962, enseignante à l’ENSP (Ateliers de projets 1982-89), puis à l’ENSAP de Bordeaux à partir de 1991, GPP 2000. Voir notice de Anne Demerlé-Got, CJP, p. 286. Entretien avec Astrid Deroost
Barraqué Bernard, Directeur de recherche, École nationale des Ponts-et-Chaussées, puis AgroParistech, auteur de « Le paysage et l’administration », 1985, l’une des premières recherches importantes sur les politiques publiques de paysage en France. N’a pas enseigné à l’ENSP.
Baudé Jean-François, né en 1946, photographe et artiste, enseignant à l’ENSP (arts plastiques) depuis 1980.
Baudelot-Mollie-Stéfulesco Caroline, SP 1961, membre de la Mission du Paysage du ministère de l’Environnement 1979-1997, auteure en 1993 de L’urbanisme végétal et en 2009, Des arbres dans la ville, l’urbanisme végétal.
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Baudron Yves, né en 1939, assistant ingénieur ENSH-ENSP en 1994, affecté au département Nature, sciences, société en 2000, retraité en 1999 et toujours actif au Potager du roi en 2019.
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Bava Henri, né en 1957, ENSP 1980, enseignant à l’Université de Kassel, trophée du paysage 1991, GPP 2008, GPU 2018 (Agence TER). Président de la FFP en 2000 et 2018, 19, 20. Directeur de l’Agence Ter. Publications : L’urbanisme des milieux vivants, Agence Ter Parenthèses 2018 ; 357824 ha de paysages habités, of inhabited landscaped par Agence Ter AAM éditions Ante Prima 2011. Grand prix de l’urbanisme (Agence Ter).
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Beccaletto Jacques, né en 1947, chef du service des cultures ENSH/ENSP, assistant ingénieur de formation et de recherche au Potager du roi de 1969 à 2011. Jérôme Meynard lui a succédé à la responsabilité des cultures fruitières du Potager du roi.
Bellaigue (de) Raymonde, historienne du Potager du Roi, Le Potager du Roi, 1678-1793, ENSH, 1982
Bellec Roger1933-2017, animateur socioculturel des lycées agricoles, secrétaire général et enseignant (techniques de communication) à l’ENSP de 1977 à 1985.
Guy de la Personne lui a succédé comme secrétaire général.
Bénard Odile, secrétaire ENSP en 1990.
Berlin Eric, né en 1963 ? ENSP 1979, enseignant ENSP 2000-2005, puis enseignant ENSArchitecture de Lille Agence Empreinte.
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Bernard Jean-Louis, architecte, enseignant de morphologie architecturale en 2éme année à la SP, de 1972 à 1974. Introduit par Jacques Simon.
Bernard Jean-Paul, SP1949, ingénieur divisionnaire des services paysagers de la ville de Paris. Enseignant à la SP de ? à 1971 (Techniques de travaux de jardins).
Bernard Jean-Pierre, IH 1945, SP 1948, enseignant d’urbanisme opérationnel à la Section de 1960 à 1970
Berque Augustin, né en 1942, géographe et philosophe, directeur d’études à l’EHESS, cofondateur et enseignant avec Bernard Lassus de la formation doctorale “Jardins, Paysages, Territoires” à l’École d’architecture de Paris-La-Villette avec l’EHESS à Paris de 1989 à 2008. Page Wikipédia.
Bertrand Etienne, ENSP 1985, enseignant ENSP, coordinateur pédagogique de la formation continue en 2018
Bériac Jean-Pierre, Chargé d’études documentaires aux Archives départementales de la Gironde de 1971 à 2001, puis enseignant d’histoire des jardins à l’École nationale d’architecture et de paysage de Bordeaux jusqu’en 2008. Ancien élève de l’École des Beaux-Arts.
Beslay Gilles, secrétaire général ENSP, 1995-2000 ?
Besse Jean-Marc, philosophe, directeur de recherche CNRS, enseignant en quatrième année à l’ENSP et responsable des éditions de l’ENSP (corédacteur des Carnets du paysage notamment) en 2018 (depuis 1998). Enseignant à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. Page de l’Université Paris I – Page de l’UMR Géographie-cité
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Bigot Caroline, ENSP 1986, enseignante en ateliers de projet en 2015, puis à l’Ecole nationale supérieure de paysage de Lille.
Bigot Claude, ingénieur agricole, licenciée es sciences, recruté comme chef de travaux de botanique (1960), puis professeur titulaire de physiologie végétale à l’ENSH.
Blanchon Bernadette, architecte DPLG, enseignante et chercheure en histoire des projets de paysage à l’ENSP (DEP 2e et 3e années) depuis 1987. Article sur les grands ensembles
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Blin Françoise, enseignante de dessin à la Section en 1967-68, puis à l’ENSP de 1976 à 1985. Elle démissionne en 1985 par une lettre au ministre de l’Agriculture Michel Rocard. Elle souhaitait une chaire d’esthétique ou d’histoire de l’art du paysage (PV du conseil des enseignants du 25 mars 1985).
Bocquet Romain, ENSP 2006, enseignant de génie jardinier en 2018 à l’ENSP (département d’écologie)
Bonin Sophie, ingénieur agronome INA Paris Grignon, JPT, géographe, enseignante et chercheure au département de sciences humaines (ENSP) et au master Théories et démarches du projet de paysage depuis 2008. Page personnelle
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Bordes Pierre, ingénieur agricole, enseignant de génie horticole et de topographie à l’ENSH, et à l’ENSP (1976-1984). M. Jouannet lui a succédé.
Bossard René, IH 1928, enseignant à la chaire de cultures ornementales de l’ENSH de 1947 à 1974 ?, enseignant à la SP en 1972. P. Lemattre lui a succédé. Publications
Boudevin Simon, ENSP ?, enseignant au département d’arts plastiques à l’ENSP en 2018.
Bouillon Didier(1947-2014), ethnologue, chercheur à la fédération des parcs naturels régionaux de France, enseignant-chercheur à l’ENSP de 1987 à 2013, responsable du département de sciences humaines (1993-1996). Sur le site du village de Nocario, où il avait travaillé.
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Bouraoui Moez, ENSP 1991, enseignant et chercheur en urbanisme et aménagement du territoire à l’ISTEUB de Tunis. Maire de la commune de la Marsa (2019).
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Bourget Christine, secrétaire pédagogique ENSP depuis 1992.
Bouterin Jérôme, né en 1960. ENSP 1980. Peintre. Enseignant ENSP en atelier de projet de 1996 à 2006. Maitre assistant à l’ENSArchitecture de Lille 2007-2008 puis à l’ENSArchitecture de Versailles depuis 2008. Site.
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Bouvier Vincent, né en 1960. ENSP 1986, enseignant et chercheur à l’INHP d’Angers (Agrocampus Ouest) depuis 1998.
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Brauns Alice, née en 1967. ENSP 1993, enseignante en projets de paysage (ateliers) ; maître de conférence depuis 2014. Paysagiste conseil de l’Etat.
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Brice Robert, paysagiste diplômé, enseignant de techniques de travaux de jardins à la SP jusqu’en 1956. Membre du jury du concours en loge.
Briffaud Serge, historien du paysage, enseignant-chercheur des écoles d’architecture en 2018, École d’architecture et de paysage de Bordeaux, Membre du comité de rédaction de la Revue Paysage + Aménagement (1994-1996).
Coordinateur du projet “Paysage, énergie, montagne“.
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Brissard Léon (1865-1930), ingénieur agronome INA en 1886, professeur de cultures potagères à l’ENH de 1892 à 1919.
Brison Henri, ( ?-1962) IH 1937, enseignant à l’école « du Breuil » (un an), paysagiste de la ville de Paris avec D. Collin dans une équipe dirigée par R. Joffet (années 1960). A enseigné dans la Section du Paysage avant 1961.
Brisson Jean-Luc, né en 1956, artiste, enseignant en arts plastiques à l’ENSP de Versailles, et de Marseille en 2018 depuis 1995 ? Coresponsable de la Revue Les Carnets du paysage. Présentation sur le site “Point de fuite”.
Broux Isabelle, ENSH 1986, Adjointe à la direction de l’enseignement de l’ENSP en 2019.
Brown Alexandre, de 1782 à 1790, il a succédé à Jacques-Louis Le Normand à la direction du Potager du roi.
Bruant Jacques, né en 1947, technicien de formation et de recherche de 1995 à 2010 au Potager du Roi. Responsable des cultures ornementales.
Bruel Anne-Sylvie, ENSP 1981, enseignante en ateliers de projets à l’ENSP de 1997 à 2002 et en 2014, enseignante à l’École d’architecture de Versailles depuis 2017 (ville et territoire), paysagiste conseil de l’Etat depuis 2014. Biographie.
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Brunet Bernard, ENSP 2001, École d’architecture et de paysage de Bordeaux, enseignant en 2018.
Broux Isabelle, ENSH 1986, adjointe à la directions des études de l’ENSP en 2019.
Bry Albert, professeur titulaire de la chaire d’agriculture générale et de cultures légumières de l’ENH nommé le 4 mai 1954.
Buttier Stéphanie, née en 1974, ENSP 1994, enseigne à l’ENSP (arts plastiques, DEP2). Ses travaux sur Google
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Bustarret Jean-Georges, né en 1904, ingénieur INA Paris 1926, premier enseignant de génétique à l’ENH, directeur de la station INRA de Versailles. Membre de l’Académie d’Agriculture de France.
Cabanel Jean, né en 1935, chef de la mission du paysage (1990-1997), puis du bureau du paysage aux ministères de l’Environnement et de l’Équipement. Il a succédé à Alain Riquois. «Jean Cabanel a animé l’équipe de la Mission puis du Bureau du paysage des ministères chargés de l’Environnement et de l’Équipement. Son travail a permis la mise au point de méthodes liées à la gestion et à l’aménagement de grands paysages. Sa part active dans la diffusion des idées et des connaissances peut être appréciée dans l’ouvrage Aménagement des grands paysages en France».
Calvagna Simona, géographe, DEA Jardins, paysages, territoires, Chercheur senior Université de Catane (Italie) en 2019.
Caire Dominique, ENSP 1984, Agence Feuille à Feuille, enseignante à l’ENSNP de Blois.
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Camand Jean, IH 1942, DPLG 1955, cours d’urbanisme à Paris de 1946 à 1947 ; travaille avec R. Joffet à la ville de Paris. Travaux à Paris, Sarcelles et pour des commandes privées. N’a pas enseigné à l’ENSP
Canevet Rozenn, historienne de l’art, enseignante à l’ENSAD de Reims et à l’ENSP (arts plastiques).
Carcaud Nathalie,enseignante et chercheur de géographie physique à AGROCAMPUS OUEST (centre d’Angers, département paysage) et membre du laboratoire ESO (UMR 6590).
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Carré Catherine, géographe, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, enseignante au master TDPP (après 2006).
Carrel Jean, professeur titulaire à la chaire de législation rurale et d’économie horticole à l’ENSH depuis octobre 1959, enseigne le droit foncier dans la Section de 1971 à 1974, puis à l’ENSP de 1975 à 1980 (?). Avant 1959, il était maitre de conférences à l’École supérieure d’agriculture de Tunis.
L’enseignement d’économie était également assuré depuis 1960 par M. Léger, chef de travaux, issu de l’École d’agriculture de Maison-Carré (Algérie).
Castello Lucien, né en 1941, assistant ingénieur de formation et de recherche ENSH ENSP, 1964-2001.
Cavalié Bernard, IH 1966, SP 1968, enseignant ENSP en Techniques (1980-85 ?)
Cazenave Monique, née en 1946, adjointe technique de formation et de recherche ENSH ENSP de 1978 à 2006
Cereghini Elisabetta, architecte, historienne de l’architecture et des jardins, enseignante d’histoire des jardins en première année du cycle paysagiste ENSP, 2002-2006. Page sur le site de Pak(ing) Day
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Chabason Lucien, conseiller du premier ministre pour l’environnement (1974-1977).
De 1978 à 1984, il dirige le service de l’espace et des sites au ministère de l’urbanisme et du logement, puis le SRETIE de 1984 à 1988. Directeur délégué puis conseiller de l’Institut pour le Développement Durable et les Relations Internationales (IDDRI) à partir de 2003.
Membre de l’équipe enseignante du DEA Jardins, paysages, territoires, de l’école d’architecture de Paris la Villette sous la direction de B. Lassus et A. Berque. Page sur le site de l’AHPNE
Chabouis Catherine, secrétaire général en 1990.
Challet Jean, 1924-2006, IH 1945, SP 1946, DPLG 1954, cofondateur en 1972 de l’association Paysages (1968-75) précédant le CNERP. Paysagiste à l’OREAM Nord.
N’a pas enseigné à l’ENSP. Présentation par Isabelle Estienne
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Chaminade Raymond, né en 1905, ingénieur agronome INA Paris 1926, professeur de physique, chimie, minéralogie et météorologie à l’ENH de 1937 à 1953.
Charageat Marguerite, historienne des jardins, diplômée de l’école du Louvre et assistante des musées nationaux. Enseignante, en « art (en général) et en histoire de l’art (des jardins) à la SP de 1946 à 1956.
Charuat Laurent, né en 1964, artiste, enseignant ENSP (arts plastiques) depuis 2010.
Chatti Jilaly, ENSP 1987, enseignant d’ateliers de projets et d’arts plastiques à l’Institut national agronomique de Chott Mariem (Université de Sousse)
Chauleur M., urbaniste en chef de l’Etat, enseignant au département de sciences humaines de l’ENSP (1980-85)
Chauvel Gabriel, né en 1948, SP 1970, enseignant ENSP (département d’écologie appliquée au projet de paysage) de 1987 à 2014.
Auteur avec Jean-Luc Brisson, Hélène Despagne et Marc Rumelhart de l’initiative pédagogique Chaubrides à l’ENSP. Sur le site de la Carrière de Fégréac – Le “transformateur”, sur Ouest-France
Chaux Claude, IH 1945, ingénieur en chef d’agronomie, enseignant de cultures maraichères à l’ENSH, responsable de la formation continue ENSH/ENSP (années 1970-1980).
Chaux Raymond 1925-2017, ingénieur agronome, ingénieur général d’agronomie, directeur de l’ENSH et de l’ENSP de 1974 à 1990. R. Chaux a été successivement directeur de la Chambre d’agriculture de Marrakech en 1951, directeur de la modernisation agricole au Cameroun, puis sous-directeur de l’enseignement technique agricole au ministère de l’Agriculture de 1967 à 1974. Il est nommé, par J. Chirac premier ministre sous la présidence de V. Giscard d’Estaing, directeur de l’ENSH et de l’ENSP de Versailles où il restera jusqu’en 1990. Il succédait à Etienne Le Guélinel, ancien directeur des services agricoles de Seine-et-Oise, qui avait pris ses fonctions en 1959. Alain Riquois lui succéda. Il fut membre de l’Académie d’agriculture de France à partir de 1993. Fondateur de l’association Promotion du paysage et de la revue P+A en 1984. Hommage sur le site de la SNHF
R. Chaux, 2010, cl. A Durnerin.
Chemetoff Alexandre, né en 1950, SP 1971, DPLG 1980, architecte, urbaniste. Responsable du département du projet et du département des techniques 1985- 1995 ? GPU 2000. Responsable des Rencontres Internationales du Potager du roi en 1989 et de la Biennale Architecture et paysage de Versailles (au Potager du roi) en 2019. Sur Wikipédia – Sur le site du Moniteur
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Choisy Auguste 1841-1909 (ou 1900), ingénieur des Ponts-et-Chaussées, architecte, enseignant d’architecture à l’École des Ponts-et-Chaussées, et d’histoire de l’architecture de jardins à l’ENH. Il a succédé à Jean Darcel de 1878 à 1892 et a précédé Edouard André. Voir les publications de Luisa Limido en 2018. Biographie sur Babelio
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Chomarat-Ruiz Catherine, née en 1965, philosophe, enseignante et chercheure en sciences humaines et sociales (histoire des jardins et des projets de paysage) à l’ENSP (2004 ?- 2011). Enseignante à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne fin 2018.
Cofondatrice avec P. Donadieu de la revue électronique Projets de paysage et de la plate-forme de recherches TOPIA en 2008. Bibliographie
Chopplet Marc, sociologue, associé à P. Mainié dans le premier programme de recherches de l’ENSP (1980-1982) et dans l’enseignement.
Christiany Jeanine, architecte DPLG, historienne des jardins, maitre-assistante à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles, DESS Paysages et jardins historiques, enseignante à l’ENSP en histoire des jardins de 1978 à 2000. https://www.phanie.org/index.php/janine-christiany
Claramunt Marc, né en 1961. ENSP 1983, enseignant puis directeur à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Agence Physis. Paysagiste Conseil de l’Etat.
Cofondateur de la revue Pages Paysage (1989-2002).
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Clément Anne-Marie, née en 1946, assistante d’enseignement et de recherche ENSH-ENSP de 1964 à 2006, affectée au LAREP de l’ENSP de 1994 à 2006.
Clément Gilles, né en 1943, IH 1965, SP 1967, enseignant (utilisation des végétaux, 1976-1982), puis de 2000 à 2012 à l’ENSP (ateliers de projet), GPP 1998, professeur émérite en 2018. Voir CJP 2, p. 297. Page Wikipédia – Page personnelle
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Clerc Paul, SP 1965, GERP, CNERP
Cloarec Jacques, sociologue EHESS Paris, enseignant de SHS à l’ENSP de 1986 à 2005 (ateliers régionaux, 2ème année, « Le canton ») ?
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Collin Daniel 1914-1990, IH 31, SP 1949, DPLG 1954 (58 ?), ingénieur divisionnaire des services paysagers de la Ville de Paris en 1962, président de la société des paysagistes français (SPF) de 1963 à 1971, enseignant au début de l’ENSP (1975-77). Il est l’un des premiers ingénieurs horticoles (avec H. Brison, P. Carré, P. Mas, J. Challet, E. Mauret …) à obtenir par la Section du paysage et le concours en loge le titre de paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture. Voir CJP 2, p. 243
Combes Raoul, maitre de conférences en botanique à la Sorbonne, enseignant en 1930 à l’ENH.
Combot Claire, artiste, enseignante ENSP (arts plastiques) depuis 2010
Conan Michel, Historien des jardins, sociologue, enseignant et chercheur à l’Ecole d’architecture de Paris-Conflans (en 1990) et dans la formation doctorale “Jardins, paysages, territoires” de l’École d’architecture de Paris-la-Villette (1989-2000), chef du service Sciences humaines au Centre scientifique et technique du bâtiment (en 1993).
Corajoud Michel, 1937-2014, diplômé de l’École des Arts décoratifs à Paris, paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture 1985, GPP 1992, GPU 2003, enseignant à la SP de 1972 à 1974, puis à l’ENSP de 1977 à 2003 (ateliers de projets) Il a été l’un des rénovateurs les plus influents du métier de paysagiste concepteur et de l’enseignement du projet de paysage à l’ENSP. Publication : Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, Acte sud 2010. Page Wikipédia – Article dans Sud-Ouest
Corbière Chantal, secrétaire pédagogique ENSP en 1990
Cordeau Jacques, enseignant de dessin aux lycées Saint-Louis et Claude-Bernard à Paris, à l’ENSH et à la SP de 1960 à 1968. Il succède à René Enard.
Cormier Laure, ingénieure paysagiste Agrocampus Ouest, enseignante et chercheure à l’école d’urbanisme de Paris. Page personnelle.
Coulon Jacques, né en 1947, SP 1970, DPLG 1980 (concours en loge en 1975), enseignant ENSP (ateliers de projets) de 1977 à 1998). Publications : Auteur, avec Linda Leblanc, d’Intuition-Intention et Paysages édition Le Monisteur 1993.
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Courbot Didier, ENSP 1990, enseignant au département d’arts plastiques ENSP de 199 ? à 2002.
Cousseran Alain, ENITHP Angers (Agrocampus Ouest) 1977, paysagiste concepteur, directeur du groupe SIGNES (Avec Allain Provost). Biographie.
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Coutanceau Maurice, professeur titulaire d’arboriculture fruitière recruté en 1948 à l’ENH.
Coutin Rémy, IH 1940, zoologiste et entomologiste, chef de travaux ENH en 1952, directeur de recherches INRA Versailles.émy
Coutureau Fabrice, ENSP années 1990, responsable de la communication.
Crémel Françoise, ENSP 1984, enseignante et chercheur à l’ENSP depuis 1997 (ateliers de projet), maitre assistante ENSArchitecture de Nancy 2006-2008, maitre assistante ENSArchitecture de Lille 2009, ingénieur de recherche à l’ENSP depuis 2010.
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Crémel Laurence, ENSP 1993, enseignante (ateliers de projet) à l’ENSP (années 2000).
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Cros Jeanine, née en 1943, assistante pédagogique ENSH/ENSP de 1964 à 2003.
Cros Zsuzsa, paysagiste d’origine hongroise, ancienne élève du CNERP de Trappes, a travaillé à l’agence de J. Sgard, au bureau d’études SEGESA et au Ladyss/CNRSde Paris, comme chercheure associée avec Y. Luginbühl sur les méthodes des atlas de paysage.
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Cuisance Pierre, né en 1903, IH 1920, professeur d’arboriculture d’ornement et de pépinières à l’ENSH (préparation au concours de la Section) de 1937 à 1970.
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Cuisinier Jean-Baptiste, X GREF, Directeur de l’ENSP (1995-2001), a succédé à A. Riquois comme administrateur provisoire, puis directeur. Il a précédé Robert Mondy. Président d’AgroParisTech en 2019.
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Cumenge M., chef de service au ministère de la Reconstruction et du Logement, enseignant en droit et législation à la SP de 1951 à 1961.
Darcel Jean 1823-1907, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, collaborateur d’Adolphe Alphand au service des plantations de la ville de Paris, chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris, enseignant à l’ENH (1876-77) à la chaire d’architecture des jardins et des serres. Auteur d’une Etude sur l’architecture des jardins remarquée par A. Hardy directeur de l’ENH. Article sur Jardins de France
Dauvergne Pierre, né en 1943,SP 1963, DPLG 1966, enseignant SP (1969-1974), STCAU (1966-69), OREALM Orléans (1969-1974), GERP (1969-70), association Paysages (1968-1975), CNERP (1975-1979), membre du Service technique de l’urbanisme (STU) de 1979 à 1984 et ENSP (1977-1985) puis Directeur des Espaces verts et du paysage du Val-de-Marne. Pierre Dauvergne est un des pionniers, avec J. Sgard et B. Lassus, du « paysagisme d’aménagement » à la SP, puis au CNERP et à l’ENSP. Biographie sur Topia.
Davasse Bernard, géographe, enseignant-chercheur des écoles d’architecture à l’ENSAP de Bordeaux en 2018 N’a pas enseigné à l’ENSP
David Pierre, né en 1962, architecte DPLG, enseignant de projet à l’ ENSP (années 1990) Il a été pendant huit ans enseignant d’architecture à l’École Nationale Supérieure de Paris Malaquais. Il a été ensuite directeur du département Paysage aux Universités de Harvard, Cambridge et Columbia. Biographie sur Babelio
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Davodeau Hervé, géographe, enseignant et chercheur à l’ENSP de Versailles (2005-2007), puis à Agrocampus Ouest, centre d’Angers, département paysage. Publications.
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De Bellaigue Raymonde, chargée de la documentation du jardin français en 1966 à l’ENSH. Auteur de “Le Potager du roi”, 1678-1793, ENSH, 1982, 116 p..
De Courtois Stéphanie, née en 1972, historienne, assistante d’enseignement et de recherche ENSP (1996-2006), ancienne doctorante au LAREP, enseignante-chercheure à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, responsable du master Jardins historiques, Patrimoines, Paysages en 2018, 19, 20. Articles sur Jardins de France
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Defrance Laurent, enseignant d’infographie à l’ENSP (1995 ?- 2018)
Deffontaines Jean-Pierre, ? – 2006, ingénieur agronome, INA Paris, Directeur de recherche INRA SAD Versailles, géoagronome. N’a pas enseigné à l’ENSP, mais a participé aux mouvements d’idées qui ont précédé la création du CNERP (STCAU, GERP). Membre du comité d’orientation de la revue P+A. Il a introduit les notions géographiques d’espace et de paysage dans la pensée agronomique. Il est le fils de Pierre Deffontaines géographe français. Hommage sur Ruralia
Delage Claudie, née en 1951, technicienne de laboratoire ENSH, assistante pédagogique ENSP en ateliers de projets (1969-2010)
Delalande Nicole, née en 1948, secrétaire de la direction de l’ENSH puis de l’ENSP, (de 1968 à 2010), membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement de 1984 à 1996.
De la Lande de Calan M., banquier à la Barclay Bank, président du CNERP (1975-1979) après R. Pérelman. Il représentait la Fondation de France. N’a pas enseigné à l’ENSP
De la Personne Guy, SP 1968, enseignant ENSP, (1985-1987), responsable après A. Provost du département des techniques de projet
De la Soudière Martin, ethnologue, EHESS Paris, master TDPP et deuxième année de la formation des paysagistes à l’ENSP.
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Delbaere Denis, ENSP 1989, JPT, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, et au master TDPP (depuis 2011)
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Delilez Ariane,déléguée générale de la Fédération française du paysage. Le secrétariat de la FFP est localisé au Potager du roi, celui de l’IFLA le fut également dans les années 1980.
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De Maurey Maryvonne, secrétaire générale de l’ENSP (2006-2012).
Demouchy Georges, 1946-2016, SP 1968, enseignant à l’ENSP à Marseille (ateliers de projets) Hommage sur le Moniteur
Deny Jean, Louis, ? – 1960, IH 1890, paysagiste DPLG
De Parcevaux Sané. enseignant de climatologie à l’ENSP (1975-76), directeur de recherche INRA Versailles, consultant au STCAU (1967-1970). Il succéda à Mrs Durand et Geslin (INRA Versailles) à la rentrée 1963-64. Pierre Donadieu a repris ses cours à l’ENSP en 1978.
Dervieux Alain, architecte DPLG, enseignant ENSP depuis 1990 ? (expression graphique et plastique du projet), responsable du certificat d’études supérieures de paysage en 2018, maitre de conférences à l’Ecole d’Architecture de Paris Belleville.
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Descattoire M., assistant de l’architecte et urbaniste R. Puget à la SP (1960-69)
Descola Philippe, né en 1949, anthropologue au collège de France (un cours en 2012 sur les formes du paysage).
Desvigne Michel, né en 1958, ENSP 1979, président du conseil d’administration de l’ENSP depuis 2008, GPU 2011. A succédé à E. Orsenna (qui avait succédé à P. Dauvergne). Enseignant à l’ENSP de 1987 à 1998, avec C. Dalnoky, puis à l’université de Mendrisio, professeur invité à l’université d’Harvard à plusieurs reprises depuis 1998. Prix de la Villa Médicis 1986-89 avec Christine Dalnoky (premiers paysagistes ayant accédé à ce prix). Agence MDPPage Wikipedia
Dollfus Florence, Après des études à Sciences Po, Florence Dollfus s’oriente vers l’architecture d’intérieur, ce qui la conduira à s’intéresser aux jardins et à en dessiner. Vers 1970, elle suit les cours de Bernard Lassus à l’école d’architecture de Paris – La Villette ainsi que plusieurs modules de formation continue à l’Ecole de paysage de Versailles. Elle fait la connaissance de Gilles Clément et de Michel Racine. Elle a, avec ce dernier, plusieurs collaborations sur l’inventaire des jardins. Biographie
Donadieu Pierre, ENSH 1965, enseignant-chercheur depuis 1970. Professeur émérite et chercheur associé au LAREP en 2019. Responsable du département d’écologie (1977-1986), responsable du LAREP (1993-2008) et du département de sciences humaines (1990-93 et 1996-2008), de la formation doctorale et du master Théories et démarches du projet de paysage (2006-2011). Curriculum vitae.
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Doreau Auréline, ingénieur agronome, TDPP, cheffe de projet à la chaire Paysage et énergie de l’ENSP, dirigée par B. Follea depuis 2015, en 2018.
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Dorion Noëlle, IH 1969, enseignante à l’ENSP de 1976 à 1983, et à l’ENSH jusqu’en 1996, puis à Agrocampus ouest à Angers (Institut national d’horticulture et de paysage). Responsable du comité de rédaction de Jardins de France à la SNHF.
Doyen Bénédicte, archéologue, enseignante avec D. Bouillon à l’ENSP dans le département de sciences humaines (années 2000).
Dubost Françoise, sociologue/ethnologue, chercheure au centre de sociologie des arts-EHESS Paris, enseignante au master Jardins historiques, patrimoines, paysages de l’Ecole d’architecture de Versailles et à l’ENSP Voir CJP 2, p. 373
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Du Breuil Alphonse 1811-1890, enseignant d’arboriculture au Conservatoire des Arts et Métiers, et à l’école municipale et départementale d’arboriculture d’ornement et d’alignement de la ville de Paris, dite « du Breuil », (1867-1887) dans le Bois de Vincennes à Paris, dont il fut le premier directeur. Nom d’un des carrés fruitiers du Potager du Roi le long de la rue du maréchal Joffre. Page Wikipédia
–Dufour Christine, responsable des cultures légumières au Potager du roi depuis 2011.
Duhamel du Monceau Henri Louis, 1700-1782. Le nom de cet agronome et académicien des Sciences célèbre par ses nombreuses publications a été donné à une parcelle sud du Potager du roi (l’ancien clos aux asperges). En cours de réaménagement en 2018 et 2019. A. Hardy y créa une école de botanique réunissant 1900 espèces végétales. Elle réunit en 2019 les vestiges de l’ancien fruticetum qui servait aux élèves à apprendre la botanique, un parc à moutons ainsi que les parcelles de jardinage des élèves et du personnel. L’arboretum a été détruit par la tempête de 1999. Page Wikipédia
Duprat Louis-Ferdinand 1887-1976, marié, 5 enfants, prisonnier de guerre de 1914 à 1918. Architecte paysagiste à Paris et Bordeaux, directeur de la revue Jardins d’aujourd’hui en 1932, président de la société française des paysagistes en 1930, professeur d’architecture des jardins et d’urbanisme à l’ENH du 5 décembre 1934 au 1er octobre 1951. Il a succédé à René-Edouard André. Albert Audias, enseignant à la Section à partir de 1946, fut un de ses collaborateurs fidèles. En 1948, il fut nommé “Premier membre d’honneur pour la France de l’Institut of Landscape de Londres”.
Après sa retraite il fit partie, comme professeur honoraire, du conseil de perfectionnement de la section du paysage et de l’art des jardins de l’EN(S)H. Il obtint le Grand prix du salon des artistes de Paris en 1931. Biographie Voir CJP, p. 197.
Dupuy Natacha, Documentaliste à l’ENSP en 1995, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement en 1996.
Durand M., architecte des arts décoratifs, enseignant diplômé d’architecture de la ville de Paris, enseignant SP, architecture et construction, de 1946 à 1954.
Durnerin Alain, IH 1964, ingénieur en chef du Génie rural et des eaux et forêts, directeur adjoint du directeur de l’ENSH/ENSP, directeur des études, 1981-1993, historien de l’enseignement des jardins et du paysage à l’ENSH.
El Ouarti Aicha, née en 1968, assistante pédagogique ENSP de 1987 à 2001.
Enard René, enseignant de dessin au lycée Condorcet à Paris et à la Section du paysage de 1946 à 1960.
Pendant 54 h, il enseigne en même temps à l’ENH en première année (dessin géométrique et industriel), deuxième année (dessin d’histoire naturelle et étude de la plante) et troisième année le dessin d’architecture des jardins (esquisse, petite composition, lavis). Après 1955, la durée de l’enseignement du dessin à l’ENSH passe de 112 h à 54 h.
Fajon Philippe, archéologue, enseignant avec D. Bouillon au département de sciences humaines (années 2000).
Fakir Saïd, ENSP 1979, enseignant et chercheur à l’Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, depuis 1987.
Faucheux Alexis, ENSP 2008, enseignant en ateliers de projet à l’ENSP depuis 2014
Fauchier Patrick, né en 1964, responsable de l’ENSP Marseille en 2010-2011
Faucon Véronique, Directrice des études à l’ENSP (1990-1994)
Fauh Fernand, né en 1894, ENH 1912, marié en 1926, directeur de l’ENH de 1936 à 1944 ; il succède à Joseph Pinelle et précède Jean Lenfant.
Fernand Fauh en 1937 avec les élèves de 3ème année de l’ENH. Après son départ, il est nommé maître de conférences à l’École d’agriculture de Montpellier
Fernandes Françoise, assistante de la direction pédagogique de 1995 à 2009 ( ??)
Fernandes Véronique, documentaliste-archiviste en 2018 et 2019, 2020 à l’ENSP.
Ferron Elisabeth, née en 1960, ENSP ? Danseuse, enseigne à l’ENSP (arts plastiques)
Filipovitch Maryvonne, secrétaire générale de l’ENSP (1985-1996), attachée d’administration et d’intendance
Fischesser Bernard, né en 1938, Ingénieur des Ponts et des Forêts. Auteur d’un rapport en 1985 sur l’enseignement à l’ENSP de Versailles. Il est l’un des pionniers de la politique de protection de la nature en France et a notamment participé à la création des parcs nationaux français. Ancien ingénieur de recherche au Cemagref, il défend par ses expertises, ses conférences et ses écrits de grande vulgarisation la préservation d’un patrimoine naturel d’exception et la qualité des paysages de France. Il est également l’un des pionniers de la recherche en paysagisme d’aménagement (études visuelles et écologie) au CTGREF/CEMAGREF de Grenoble. Article sur Topia.
Fleury André, né en 1940, ingénieur agronome INA Paris, enseignant-chercheur à AgroParistech, puis à l’ENSH (cultures légumières) et à l’ENSP (agriculture périurbaine) (> 1993), cofondateur du LAREP avec P. Donadieu. Il a initié avec Serge Bonnefoy et Pierre Donadieu, les recherches et études en agriculture urbaine en France au début des années 1990. Christine Aubry (INRA Paris) et Roland Vidal (ENSP Versailles) ont poursuivi ses travaux.
Follea Bertrand, ENSP 1987, JPT, enseignant à l’ENSP depuis 1991 (quatrième année), GPP 2016, responsable de la chaire Paysage et Energie ENSP depuis 2015, enseigne à l’ INSA Centre Val de Loire, Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois en 2018. Page de l’agence Folléa-Gautier
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Fontaine M., enseignant d’anglais à l’ENSP (1980-85), professeur à l’INRAP de Dijon
Fontenelle Marc, artiste, enseignant à l’école des Beaux-Arts de Bayonne, et à l’ENSP (arts plastiques, DEP1 « La Peau ») depuis 1980.
Forestier Jean-Claude-Nicolas, 1861-1930, polytechnicien, ingénieur forestier (Nancy), architecte paysagiste et urbaniste, cofondateur de la société française des architectes et urbanistes en 1911.Il publie en 1906 son ouvrage principal, Grandes Villes et Systèmes de parcs. Membre d’honneur de l’association des anciens élèves de l’ENH de Versailles. Page Wikipédia.
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Fortier-Kriegel Anne, architecte DPLG, CNERP (1974-79), paysagiste DPLG (1984) puis Mission du paysage en 1979, ensuite enseignante à l’école d’architecture et de paysage de Lille.
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Fournier Bernard, pédologue, enseignant à l’INA Paris Grignon, et à l’ENSP (Ecologie) de 1979 à 1983 ?) avec B. Peyre.
Fraval Alain, né en 1943, ingénieur agronome INA Paris, INRA Paris, rédacteur en chef de la revue Le Courrier de l’environnement de l’INRA, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement de 1993 ( ?) à 1997.
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Freytet Alain, ENSP 1981, enseignant au département d’écologie de l’ENSP depuis 1986. membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement. Biographie sur Babelio.
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Frileux Pauline, enseignante et chercheure en ethnoécologie au département d’écologie de l’ENSP en 2018. Elle a succédé à M. Rumelhart.
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Fromageau Jérome, né en 1947, Président de la Société Internationale pour la Recherche en Droit du Patrimoine Culturel et Droit de l’art (ISCHAL), Doyen de la Faculté Jean Monnet, Université Paris-Sud de 2008 à 2013. Il enseigné le droit à l’ENSP à la fin des années 1980.
Fromont Nicole, née en 1947, assistante pédagogique ENSP de 1995 à 2006.
Gaillard Anne, DPLG 1993, enseignante à l’ENSP en formation continue et en ateliers (?)
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Gallien-Decharme Maryvonne, IH 1961, chef de travaux de pathologie végétale à l’ENSH à partir de la rentrée 1965.
Game Thierry, secrétaire général de l’ENSP (1996-2001)
Garnero Benoist, ENSP 1986, enseignant (ateliers de projet) à l’ENSP (années 2000).
Georgieff Miguel, ENSP 1995, enseignant en ateliers de projet avec G. Clément (années 2000). Agence Coloco.
Geisler Elise, architecte DPLG, master TDPP, enseignante et chercheure au département paysage d’Agrocampus ouest, centre d’Angers, département paysage en 2018.
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Germain Maurice, né en 1945, chargé des services d’imprimerie (sous-sol du bâtiment Le Normand) à l’ENSH et à l’ENSP (actuelle boutique et ancien commissariat de police depuis 1930), 1968- 2002 ( ?)
Gibet Roger, ENSH 1965,entrepreneur paysagiste, enseignant au département des techniques de l’ENSP (1980-85)
Gilsoul Nicolas, architecte, enseignant et chercheur en projets de paysage (ateliers) à l’ENSP de 2004 à 2019 puis à l’École d’architecture de Malaquais à Paris Page personnelle.
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Girardin Pierre, IH 1971, SP 1973, enseignant en 1987-88 à l’ENSP.
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Girot Christophe, né en 1957, architecte paysagiste diplômé de l’Université de Berkeley (USA, Californie), enseignant et coordinateur en ateliers de projet (1992-2000) à l’ENSP. Professeur ordinaire à l’école polytechnique de Zurich (chaire de paysage) depuis 2000 jusqu’à sa retraite. Il fut chargé, en 1996 par JB. Cuisinier de la mise en place de la nouvelle revue Les Carnets du Paysage avant Pierre François Mourier. Page de l’atelier Girot.
–Gonin Olivier, enseignant et assistant à la documentation au département d’écologie de l’ENSP en 2018. Article dans La Grande Oreille.
Gontier Mathieu, ENSP 2003, enseignant en projet de paysage à l’ENSP de Marseille en 2018, responsable de l’établissement à Marseille.
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Gonzalès Jean-Noël, géographe, enseignant chercheur, Université Aix-Marseille, responsable du master Paysage et Aménagement avec l’ENSP de Versailles-Marseille de ? à 2019.
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Gorges Delphine, chargée de mission communication et éditions (Les Carnets du paysage) depuis 1998 à l’ENSP avec une interruption de quelques années (2010-2016).
Greber Jacques 1882-1962, architecte, architecte paysagiste et urbaniste, enseignant à l’Institut d’urbanisme de Paris à partir de 1921. Membre du jury des concours en loge (1947-1975). Sollicité en 1961 pour intervenir à la Section du Paysage de l’ENH de Versailles.
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Grelier Jean, ENSP 1975, enseignant à l’ENSP de 1981 à ?, puis enseignant d’ateliers de projets à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois.
Grout Catherine, philosophe, enseignante en esthétique et chercheure à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. Travaux.
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Guezengar Claire (1972-2014), écrivain, a enseigné à l’ENSP (arts plastiques). Page Wikipédia.
Guinaudeau Claude, IH1955. Spécialiste de l’arbre hors forêt dans l’espace agricole, les réseaux de transport et les zones urbaines. Consultant de la FAO pour des programmes de plantation en Afrique et en Chine, il a participé à la réalisation de grands projets d’aménagements : autoroutes, TGV, Disneyland Paris, Cité internationale de Lyon…
Guiomar Xavier, géographe, IE, enseignant d’agriculture urbaine à AgroParistech et au master TDPP à l’ENSP de Versailles.
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Guttinger Philippe, né en 1945, juriste, maître de conférences honoraire en droit public à l’Université Paris X (Nanterre) et enseignant à l’ENSP de Versailles de 1993 à 2010.
Hammami Mongi, ENSP 1992, responsable des TPFE et des colloques en quatrième année de l’ENSP en 2018, puis de la Validation des acquis de l’expérience (VAE).
Hardy Auguste-François, 1824-1891, jardinier en chef du Potager du roi en 1849 après Placide Massey, puis fondateur et directeur de l’ENH, 1874-1891. Professeur d’arboriculture fruitière et de culture potagère de plein air et primeurs. Bulletin de l’association des anciens élèves ENH 1930, archives ENSP Il est le fils de Julien-Alexandre Hardy (1787-1876), jardinier en chef du jardin du Luxembourg de 1817 à 1859. Un homonyme Auguste Hardy a fondé et dirigé le jardin du Hamma à Alger de 1842 à 1867.
Hardy Jean-Claude, ? -2014, IH 1962, enseignant ENSP (Techniques de travaux)
Harrouni Cherif, ENSP 1978, enseignant et chercheur au département paysage de l’Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat-Agadir, depuis 1985.
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Harvois Paul, 1919-2000, ancien instituteur, enseignant d’éducation culturelle (éducation des adultes) à l’École nationale supérieure des sciences agronomiques appliquées de Dijon, coauteur des deux projets d’institut du paysage à Versailles de 1969 à 1971, et de 1982 à 1985. Page Wikipédia – Page sur le site L’école des paysans
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Hassaïne Aicha, assistante pédagogique et de recherche à l’ENSP (LAREP et master TDPP) depuis 2007
Helms Karin, enseignante ENSP (ateliers), DPLG 2006, directrice déléguée aux relations internationales en 2018.
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Hemon Pierre, vidéaste, enseignant ENSP (arts plastiques, DEP3) depuis 2016.
Henri Louis (1854-1913), professeur d’arboriculture d’ornement et de pépinières à l’ENH
Hernandez Dominique, ENSP 1987, enseignant d’ateliers de projet. Années 1990.
Hilaire Philippe, ENSP 1981, JPT, maître-assistant à l’École d’architecture de Paris-la-Villette en 2018.
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Hissard Henri, maître du dessin de la plante au muséum d’histoire naturelle, professeur de dessin à l‘ENH en 1937 (depuis 1930). Il a remplacé Emile Mangeant.
Henri Auguste HISSARD est né le 20 juillet 1882, Professeur de dessin à l’Ecole Estienne et Maître du dessin de la plante au Muséum, il est nommé par arrêté du 31 janvier 1930 et a commencé à enseigner à l’ENH le 1er février 1930 (D’après Alain Durnerin).
Hoog Simone ? – 2015, conservatrice au château de Versailles, enseignante d’histoire de l’art des jardins à l’ENSP de 1975 à 1985. M. Mosser et J. Christiany lui ont succédé.
Houimly Ezzedine, ENSP 1986, dcd, enseignant en atelier de paysage à l’Institut national agronomique de Chott Mariem (Tunisie).
Hugueney Jeanne1921-2008, historienne. Enseignante à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris (en 1966), maître de conférences à l’université Paris-IV-Sorbonne. Elle est enseignante d’histoire de l’art et des jardins à la Section de 1956 à 1973. Elle succède à M. Charageat. Simone Hoog lui succède.
En 1960, elle reprend la partie historique du cours d’architecture des jardins de l’ENSH qui était assuré par Ferdinand Duprat.
Hureau (Mazas) Lydie, née en 1950, secrétaire administrative et pédagogique à l’ENSP (1977- 2012 ).
Jacobsohn Antoine, agronome et historien, responsable du Potager du Roi depuis 2007. Il a succédé à Manuel Pluvinage.
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Jacqmin Olivier, ENSP 1990, enseignant au département d’écologie de l’ENSP.
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Jannier Vincent, responsable du service du personnel à l’ENSP en 2007
Jaquand Corinne, enseignante de projet à l’ENSP (années 1990). En 2014, Maître-assistante en Histoire et cultures architecturales (HCA) à l’Ecole nationale supérieure d’architecture, Paris Belleville. Chercheure à l’Ipraus.
Jeanneteau M., ingénieur en chef des travaux publics de la ville de Paris. Enseignant à la SP en travaux publics et en matériels de chantier de 1946 à 1957.
Joffet Robert, 1900 (1897)-1991 (1993) ingénieur des Travaux Publics, chef du service d’aménagement des anciennes fortifications de Paris en 1940, conservateur en chef des jardins et espaces verts de Paris en 1950 (avec les paysagistes D. Collin et H. Brison) jusqu’en 1959, puis paysagiste libéral en collaboration avec Allain Provost. Jean Chassereaud, IGREF, enseignant d’art des jardins à l’institut d’urbanisme de Paris lui succède en 1960. CJP, p. 229. A joué un rôle dans la création de la Section en 1945, en raison de la demande, issue de la ville de Paris, d’ingénieurs horticoles formés à la compétence paysagiste
Joigneaux Pierre (1815-1892), agronome et député de la Côte d’Or. Il obtient avec le député Guichard le 16 décembre 1873 de l’Assemblée nationale la création et le financement de l’Ecole nationale d’horticulture de Versailles.
Joliet Fabienne, géographe (géographie culturelle), enseignante et chercheur à Agrocampus Ouest, centre d’Angers, département paysage. Biographie.
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Joly M., enseignant en sociologie des organisations administratives et de l’urbanisme (1980-85) à l’ENSP de Versailles.
Jouannet M., Enseignant de maitrise d’œuvre (ENSP), a remplacé Pierre Bordes en 1984.
Julien-Labruyère Béatrice, ENSP 1998, Responsable de la quatrième année ENSP en 2018, puis du post-master Paysages et transition(s)
Kandjee Thierry, ENSP 1995, enseignant en ateliers de projet (années 2000), agence Taktik en 2018. Titulaire, enseignant et chercheur de la chaire de paysage du département d’architecture de l’Université de Bruxelles en 2019.
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Keravel Sonia, née en 1977, ENSP 1998, JPT, enseignante et chercheure à l’ENSP (ateliers de projets et master TDPP).
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Khelifa Larissa, né en 1917, ingénieur agricole de l’Institut agricole de Maison-Carré (Algérie), directeur des études ENH en 1948, a précédé René Miège et Jean Pasquier.
Kimmel Laurence, architecte et ingénieur, enseignante à l’ENSP (années 2000).
Kokoreff Guy, éclairagiste, enseignant au département de techniques de l’ENSP (1980-85)
Lacomblez Anne-Françoise, ingénieure agronome, ingénieure en chef du Génie rural et des eaux et forêts, directrice de la pédagogie à l’ENSP (> 2005 ?).
Laffage Arnaud, enseignant à l’école d’architecture de Paris-la-Villette dans la formation doctorale (Jardins, Paysages, Territoires) de 1989 à 2008.
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Lahache Vincent, né en 1969, ENSP 2004, danseur, enseignant ENSP (arts plastiques) depuis 2008, cocréateur de la manifestation « Plastique, danse, flore » au Potager du roi.
Lambert Hugues, IH 1966, SP 1968, Auteur avec Bernard Fischesser et (entre autres) Jean Mounier, des études paysagères du Centre technique du génie rural et des eaux et forêts (CTGREF) de Grenoble de 1972 à 1990.
Lamore M., professeur de dessin à l’Ecole d’horticulture de Versailles en 1875.
Laroche Daniel, IH 1968, SP 1970, DPLG ?, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement de 1984 à 1996.
Laubie Claire, ENSP 1985, enseignante (ateliers de projet) à l’ENSP (années 2000).
Laudansky Fernand, professeur de génétique à l’ENSH depuis 1960, remplace Jean-Georges Bustarret. Martine Mitteau lui a succédé.
Lassus Bernard, né en 1929,plasticien coloriste, paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture, enseignant et chercheur à l’école d’architecture de Paris La Villette (1968-1998), enseignant à la Section (1963-1969), au CNERP (1972-76), à l’ENSP (1977-1987) et à l’École d’architecture de Paris-la-Villette (cofondateur du DEA Jardins Paysages Territoires avec A. Berque, 1989-1999), GPP 1996, Prix Geoffrey Jellicoe 2009.
Un des principaux rénovateurs de la pensée paysagère (avec A. Berque et Y. Luginbühl) et de la formation des paysagistes concepteurs en France avec M. Corajoud, J. Simon et J. Sgard. Page personnelle
Latrasse Geneviève, assistante pédagogique département d’écologie, >1990
Laulier-Sidoli Véronique, ENSP 1987, responsable de la formation continue et de la validation des acquis de l’expérience (VAE) à l’ENSP en 2018.
Laumonnier Eugène (1879-1957), IH 1829, Professeur de floriculture à l’ENH
Leblanc Linda, SP 1972, > 1980 ? (voir J. Coulon).
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–Le Boul M. enseignant de dessin à l’ENH (115 heures sur 3 années), notamment en préparation des ingénieurs au concours à la SP (< 1960). R. Enard lui a succédé après 1947.
Le Dantec Jean-Pierre, historien des jardins, enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La-Villette, et dans la formation doctorale “Jardins, Paysages, Territoires” (1989-2008). Page Wikipédia.
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Leenhardt Jacques, directeur d’étude à l’EHESS à Paris. Il a publié sur le paysagiste brésilien Roberto Burle Marx et a été enseignant dans la formation doctorale “Jardins, paysages, territoires” à l’école d’architecture de Paris-La-Villette(1989-2008). Un séminaire commun avec C. Chomarat-Ruiz et P. Donadieu en 2010-12. Sur le site de l’EHESS.
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Lefèvre M., ingénieur forestier, enseignant au département d’écologie de l’ENSP (1980-1985)
Le Gall M., ingénieur divisionnaire des services techniques de la ville de Paris, enseigne les travaux publics et les techniques de chantier à la SP en 1957.
Legrand Patrick, architecte DPLG, ingénieur de recherche INRA Paris, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement.
Le Guelinel Etienne, 1910-2005 ingénieur agronome INA Paris, directeur de l’ENSH et de la section du paysage et de l’art des jardins de 1959 à 1974. Succède à Jean Lenfant et précède Raymond Chaux. Il a contribué à la création de l’école d’horticulture et de paysage à Angers en 1975.
Image fournie par Mrs Marcel Le Guelinel et Claude Cosson en mai 2020.
Lelieur Jean-Baptiste Louis, directeur du Potager du roi de 1804 à 1819, intendant général des parcs, jardins, pépinières de la Couronne. Placide Massey lui succéda. Bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENH, 1930
Lelièvre M., Bibliothécaire documentaliste de l’ENSH d’octobre 1958 à 1967. Elle succède à Mademoiselle Guiet, et sera remplacée par Mademoiselle Loison.–
Lemattre Pierre, IH 1953, Enseignant de cultures ornementales à l’ENSH, à la SP et à l’ENSP (1977-1983). Il succède à R. Bossard. Sur l’image à droite (1974) avec F. Laudansky, ingénieur agricole, licencié es sciences, professeur de génétique ENSH à partir de 1960.
Le Mentec Armelle, responsable du personnel ENSP (années 1990)
Lemonnier Pierre, ethnologue CNRS, enseignant au département de SHS de l’ENSP de 1977 à 1985.
Lemoyne de Forges Jean-Marie, ingénieur civil des Eaux et des Forêts, enseignant titulaire (génie horticole) à l’ENSH, à la SP (1968 à 1974) puis à l’ENSP (de 1976 à 1983). Sur l’image à droite avec Albert Bry, professeur de cultures légumières à gauche, en 1974. Image Archives nationales.
Lenfant Jean, 1899-1965,IH 1916, directeur de l’ENH et de la Section d’octobre 1945 à octobre 1959. Professeur spécial d’horticulture à l’ENH depuis 1925, il a mis en place la Section du paysage et de l’art des jardins à partir de 1946.
Revue Horticole, communication de D. Lejeune,
Le Normand François (1691-1707), ses fils Louis et François (1707-1754), son petit-fils Jacques-Louis de 1754 à 1782 ont dirigé le Potager du Roi
Lepeut Philippe, né en 1957, artiste et musicien, École des arts décoratifs de Strasbourg, a enseigné à l’ENSP (arts plastiques)
Leveau Théodore, 1896-1971, architecte DPLG 1927 et urbaniste, paysagiste DPLG, est un collaborateur de l’architecte-paysagiste J.-C.-N. Forestier, enseignant à la SP de l’ENH en art des jardins et composition, architecture et construction, de 1952 à 1968. Nommé professeur d’architecture des jardins à l’ENH en avril 1952, à la suite de F. Duprat.
A la rentrée 1959-60, il souhaite être libéré de l’enseignement d’architecture des jardins à l’ENH (30 heures de cours en 3ème année), qu’il avait repris en 1951 à la suite du départ en retraite de F. Duprat). L’année suivante, cet enseignement passa à Jeanne Hugueney et Henri Thébaud, enseignants de la SP. Sur le site de la Cité de l’architecture
–Lewandowsky Joseph (1950-2008), adjoint technique ENSH ENSP de 1993 à 2008
Limasset Pierre, Professeur de botanique ENH en 1948 jusqu’en 1953, a précédé M. Binet et J. Montégut.
Limido Luisa, née en 1964, JPT, architecte, historienne, journaliste, chercheure, lauréate 2017 de la Villa Le Nôtre (ENSP). Travaux sur J.-P. Barillet-Deschamps, J. Darcel et A. Choisy.
Lopez Emmanuel, directeur du parc national de Port-Cros (1994-2004), puis directeur du Conservatoire national du Littoral et des rivages lacustres. Membre (éphémère) de l’équipe enseignante du DEA Jardins paysages territoires de l’École d’architecture de Paris La Villette (1989- 1991). N’a pas enseigné à l’ENSP. Biographie sur le site de l’AHPNE.
Lorrain Bernadette, experte en marchés publics, enseignante à l’ENSP (années 2000).
Loze Marie-Hélène, ENSP 1978, enseignante en ateliers de projets à l’ENSP en 2018, responsable des intervenants vacataires et des suivis d’élèves en ateliers. Elle a exercé une activité de conseil dans les CAUE d’Eure et Loir et des Yvelines et fait partie de l’équipe de recherche ANR Photopaysage au LAREP en 2018.
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Luginbühl Yves, né en 1945, ingénieur agronome Montpellier, géographe, CNERP 1972-1979, Mission du paysage 1979, directeur de recherches CNRS, enseignant, notamment à l’ENSP de 1989 à 2010 et à l’école d’architecture de la Villette (responsable du DEA Jardins, paysages, territoires) de 1999 à 2008. Voir Biographie sur Topia. Corédacteur de la Convention européenne du paysage de Florence (2000) et instigateur des atlas de paysage en 1995. Bibliographie sur Cairn-info
Lysenzoone Thomas, ingénieur en chef du ministère de l’Éducation nationale, enseignant de théorie et construction des sols (sportifs) à la SP de 1947 à 1961.
Madec Philippe, né en 1954, architecte, enseignant à l’ENSP avec P. David (années 1990). Page Wikipédia.
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Mageran Jean, architecte, SP 1971, enseignant à l’ENSP en 1987-88
Mainié Philippe, maître de recherche à l’INRA de Versailles, économiste, enseignant ENSH, enseignant ENSP de 1975 à 1984.
Manach François-Marie, enseignant de représentation graphique à l’ENSP >1978 ?
– F.M. Manach jouant de la cornemuse , dans le parc de la comtesse de Balbi, devant le buste de Pierre Joigneaux député à l’origine de la création de l’École nationale d’horticulture en 1873.
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Mandon Gérard, ENSH 1959, entrepreneur paysagiste, enseignant au département des techniques de 1985 à 1986.
Mangeant Emile (1858-1938), ancien élève des Beaux-Arts, artiste peintre, enseignant de dessin à l’ENH de 1886 à 1919. Il a réalisé les grandes aquarelles sur le Potager et l’ENH en 1899 et 1900 pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900.Paul Emile MANGEANT a été nommé professeur honoraire en juillet 1929 et est décédé en 1938. Le registre du Personnel de l’Ecole indique qu’il touche 600 francs pour 60 leçons de dessin plus 50 francs pour un examen. 60 leçons de dessins c’est autant que les 60 leçons de botanique de Mussat et plus que les 56 leçons d’arboriculture fruitière d’ Alfred NOMBLOT! (D’après Alain Durnerin).
Marcel Odile, philosophe, écrivain, professeur émérite de l’Université Lyon III. Depuis plus de trente ans, elle mène des recherches collectives sur l’espace et le paysage (Compagnie du paysage, Paysages de l’après-pétrole).
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Marco Audrey, Écologue spécialisée sur la flore urbaine (Doctorat en 2008 de l’Université de Provence). Enseignante-chercheure en spatialisation et démarche écologie à l’ENSP de Marseille depuis 2010. Responsable des enseignements en sciences de la nature en lien avec les ateliers de projet.
Marcœur Albert, né en 1947, musicien et artiste, a enseigné à l’ENSP (arts plastiques).
Marguerit Alain, né en 1952, SP 1971, enseignant ENSP Marseille (ateliers de projets) depuis 1987. Page de l’atelier Marguerit
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Martin Pierrette, née en 1943, ancien professeur d’enseignement agricole, directrice des études à l’ENSP de 1994 à 2003
Martinet Henri (1867-1936), ENH 1883-86, architecte paysagiste, professeur d’horticulture industrielle et commerciale à l’ENH de 1897 à 1920. Biographie.
Martelet Sylvie, chargée de mission aux enseignements artistiques à l’ENSP en 2018, 2020 ….
Martialis Pascale, inspecteur du trésor public, agent comptable de l’ENSP de 1995 à 1999.
Marty Olivier, ENSP 1981, enseignant en arts plastiques, responsable du département d’enseignements artistiques en 2018, depuis les années 1990.
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Massey Placide (1777-1853), botaniste, inspecteur de l’administration des parcs et jardins de la Couronne (1817-1819), puis directeur des pépinières du Trianon, du Potager du roi et du Fleuriste de Sèvres. Directeur du Potager du Roi de 1818 à 1849. Il succède au comte Lelieur qui géra le Potager de 1815 à 1818. Un des jardins qui porte son nom, face à la Figuerie, est l’objet d’exercices étudiants, et d’expérimentation de permaculture en 2018. Auguste Hardy succéda à Placide Massey.
Il créa un parc public à Tarbes sa ville natale. Bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENH, 1930. et Patrice Couture, élève de deuxième année de l’ENSP (mémoire d’histoire des jardins), 1994.
Maunory Louis, ENSP 1976, enseignant d’atelier en 1988.
Mauroux Vincent, né en 1963, artiste, enseignant ENSP (arts plastiques, SEP2) depuis 2010 et à l’école du Breuil.
Mauret Elie, né en 1925, IH 1943, SP 1947, enseignant ENSP, ateliers d’aménagement du territoire (1978-1980).
Mazas Alain, ENSP 1977, enseignant à l’ENSP, responsable du département de sciences humaines et sociales de 1985 à 1988 après P. Dauvergne. Pierre Donadieu lui a succédé.
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Mercier M., architecte DPLG, enseignant d’architecture, de construction et d’urbanisme à la SP (1971-1972)
Méritan Martine, ENITHP 1976, ingénieure générale des Ponts et des Forêts en 2018, adjointe au directeur de l’ENSP, chargée de la formation par apprentissage des paysagistes jusqu’en 2018.
Messelmani Fehti, ENSP 1982, enseignant en ateliers de paysage à l’Institut national agronomique de Chott Mariem (Tunisie)
Meynard Jérôme,responsable des cultures fruitières après J. Beccaletto, de 2014 à 2017 ( ?)
Miège M.adjoint au directeur de l’ENSH de 1955 à 1959. Il est remplacé par Jean Pasquier.
Moatti Paul, ingénieur général du GREF, président du comité d’administration de l’ENSH (années 1980)
Mohen Daniel, artiste peintre, enseignant de dessin à l’ENSP de 1976 à 2009.
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Moisan Hervé, sociologue INRA Versailles, enseignant au département de SHS de l’ENSP de 1980 à 1986
Mondy Robert, ingénieur agronome Montpellier, IGPF, directeur de l’ENSP de 2001 à 2006. A succédé à Jean-Baptiste Cuisinier et a précédé Bernard Welcomme.
Montembault David, agronome et géographe, enseignant et chercheur à Agrocampus Ouest, centre d’Angers, département paysage.
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Montégut Jacques, 1925-2007, ingénieur agronome ENSA Grignon, enseignant à l’ENSH depuis 1956 de botanique et de physiologie végétale, puis de botanique et d’écologie végétale dans la Section (1967-1970, puis 1972-1974) et au CNERP (1972-76) ; chercheur en malherbologie. M. Rumelhart lui a succédé à l’ENSP en 1976. P. Limasset puis M. Binet, assistant de physiologie végétale à La Sorbonne l’ont précédé. À La fin d’un article de M. Rumelhart : Biographie
Photo : J. Montégut, 1976, sortie dans le Vexin français avec les élèves de première année, cl. M. Rumelhart.
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Moquay Patrick, politologue, enseignant et chercheur en sciences humaines et sociales, directeur du LAREP et responsable du département de sciences humaines et sociales en 2018, après Frédéric Pousin, C. Chomarat-Ruiz et Pierre Donadieu.
Mortamet Elisabeth, SP 1972, enseignante d’ateliers à l’ENSP en 1988, avec Jean Magerand.
Mosser Monique, née en 1947, historienne de l’art, des jardins et de l’architecture, ingénieure de recherche CNRS-Centre André Chastel, fondatrice du DESS/master 2 Jardins historiques, patrimoine, paysage de l’École d’architecture de Versailles, enseignante d’histoire des jardins à l’ ENSP de 1984 à 1995 avec J. Christiany. Elles succèdent à S. Hoog. S. De Courtois a succédé à M. Mosser à la direction du master Jardins historiques.. Page Wikipédia
Motta Liliana, artiste, botaniste, enseignante au département d’écologie (> 1990).
Moulin François, (1948-) ENSH, ENSP de 1980 à 2009, adjoint technique principal au Potager du roi.
Mounier Jean, né en 1953, ingénieur ENITHP Angers, auteur, avec Bernard Fischesser et Hugues Lambert, des études paysagères du Centre technique du génie rural et des eaux et forêts (CTGREF) de Grenoble en 1977 et 1978.
Mourier Pierre-François, Ecole normale supérieure à Paris, enseignant ENSP 1996-2000 (responsable du département de sciences humaines) et des publications de l’ENSP. Cofondateur de la revue Les Carnets du Paysage en 1996, futur conseiller d’Etat et ambassadeur de France en Slovénie.
Mousquet François-Xavier, DPLG 1978, enseignant contractuel à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. CV.http://www.lille.archi.fr/ressources/20695/35/mousquet_fran_ois-xavier.pdf.
Mussat M., (1833-1902)enseignant de botanique à l’Ecole d’agriculture de Grignon et à l’ENH de 1875 à 1900.
Mure Véronique, Botaniste, ingénieur agronomie tropicale (1988 – ESAT Montpellier). Elle enseigne la botanique et le jardinage à l’ENSP site de Marseille depuis 2008. A fondé en 2010 une activité de conseil et expertise « Botanique, jardins, paysages » : https://www.botanique-jardins-paysages.com
Nanot Jules (1855-1924), Ingénieur agronome, INA Paris, en 1877, chef du service des plantations d’alignement à la Ville de Paris, professeur d’arboriculture et directeur de l’ENH de 1892 à 1924, après Auguste Hardy, et après avoir été répétiteur à l’Institut agronomique de Paris. Il prend sa retraite en 1923 et décède le 2 mai 1929. Joseph Pinelle lui succède. La Figuerie a été surélevée en 1901 au début de sa direction.
Jules Nanot en 1909, archives ADY (A. Durnerin)
Narboni Roger, enseignant en éclairage à l’ENSP (années 2000).
Nawoj Elisabeth, assistante (communication en 2018) à l’ENSP de 1977 à 2019.
Nomblot Alfred (1868-1948), ENH 1894, horticulteur pépiniériste, président de l’association des anciens élèves ENH, professeur d’arboriculture et de pomologie ENH de 1910 à 1919, secrétaire général de la SNHF en 1920, député de la Seine en 1928, président de l’Académie d’Agriculture de France, maire de Bourg-la-Reine.
Nyss Philippe, philosophe, maître de conférences à l’Université Paris VIII, membre du comité de réaction des Carnets du paysage à l’ENSP de Versailles et du groupe de recherche AMP (Architecture, Milieu, Paysage) de l’École d’architecture de Paris-La-Villette. Biographie.
Olivier Isabelle, harpiste, enseigne à l’ENSP (arts plastiques) depuis 2013.
Orsenna (Arnoult) Erik, né en 1947, écrivain, conseiller d’État, membre de l’Académie française, président du conseil d’administration de l’ENSP (1995-2008 ?). M. Desvigne lui a succédé. Page Wikipédia
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Osty Jacqueline, ENSP 1977, atelier Jacqueline Osty & associés, enseignante à l’ENSNP de Blois, GPP 2005, 2018. Page de l’atelier Osty
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Ozdoba Marie-Madeleine, architecte, chercheure au LAREP en 2017. Page personnelle
Palomo Muriel, assistante ENSP en quatrième année en 2018.
Pasquier Jean, IH 1935, directeur adjoint de l’ENSH et de la Section de 1959 à 1974, enseignant d’agrumiculture (INA Tunis et Chott Mariem) et d’histoire des jardins.
–Claude Bigot, professeur de Physiologie végétale ENSH et Jean Pasquier en 1974.
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Pasquier Patrick, enseignant de sciences du sol à l’ENSH et à la SP de 1977 à 1983. Fils de J. Pasquier, directeur adjoint de l’ENSH.
Percie du Sert Geneviève, née en 1952, documentaliste ENSH et ENSP de 1989 à 2012. Isabelle Sauvé lui a succédé à l’ENSP, puis Sophie Jaeghe en 2019.
Pauly Tristan, ingénieur forestier, responsable ONF à Versailles, a participé à des ateliers de la SP en 1972-74, à la conception du parc des Saussets avec M. et C. Corajoud à partir de 1978 et aux enseignements de l’ENSP à la fin des années 1970.
Péchère René, architecte paysagiste et urbaniste belge, conférencier à la SP (1947-50), enseignant ENSP (1975-77) : «perception et conception des lieux paysagers».
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Péna Michel et Christine, ENSP 1978, Agence Péna & Péna, enseignent épisodiquement à l’ENSP à partir de 2002.
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Pérelman Rémi, ingénieur agronome INA Paris, DATAR, secrétaire de l’association Paysages, directeur du CNERP et président avant Pierre de Calan (1972/75-78). Voir B. Barraqué, Y. Luginbühl et P. Dauvergne. N’a pas enseigné à l’ENSP
Pérez Béatrice, documentaliste ENSP de 1987 à 1994, membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement en 1996.
Pérez Véronique, secrétaire pédagogique en 1990 à l’ENSP de Versailles, puis de Marseille.
Perré Guerric, ENSP 1978, agence Ilex, enseignant en projets de paysage à l’ENSP de Marseille en 2018.
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Pernet Alexis, ENSP 1996, enseignant et chercheur en sciences humaines à l’ENSP en 2018. Maître assistant associé à l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand (de 2009 à 2013) et responsable de formation à AgroParisTech (de 2004 à 2010). Membre du comité de rédaction de la revue Les Carnets du paysage, du réseau d’enseignement et de recherche Espace rural & Projet spatial. Page personnelle sur Topia
Perrin Jean-Bernard, SP 1947, directeur de l’agence de l’arbre et des espaces verts créé en 1962 au ministère de la Construction, de l’Urbanisme et du Logement. Enseigne à l’ENSP (1975-78). Il aurait été à l’origine de la création de l’ENSP « par un contact direct avec J. Chirac, puis avec C. Bonnet ministre de l’Agriculture, (qui nomma R. Chaux directeur) » (B. Barraqué, 1985). Il fonde l’École supérieure d’art des jardins (ESAJ) à Paris en 1960 avec Henri Pasquier (1909-1993, diplômé de l’École du Breuil) et Met de Penningen (B. Blanchon, Annales de la recherche urbaine, n° 85)
Perrot Anne-Sophie, ENSP 1995, artiste, enseignante et chercheure à l’ENSP de Marseille (enseignements artistiques et ateliers de projets). Page personnelle
Peyre Yves, géologue, professeur à l’INA Paris Grignon, enseignant à l’ENSP de 1979 à 1983 au département d’écologie
Petit-Berghem Yves, géographe, enseignant-chercheur au département d’écologie et responsable du master TDPP de l’ENSP en 2018. Il a succédé à M. Rumelhart. Page personnelle sur Topia
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Peter-Desteracht Madeleine, responsable de la bibliothèque de l’ENSH (années 1960-89 ?). Geneviève Percie du Sert lui a succédé.
Pialat Caroline, directrice déléguée à la vie étudiante et à l’enseignement à l’ENSP de Marseille en 2018.
PinelleJoseph (1874-1938). ENH1892, professeur d’arboriculture d’ornement depuis 1910, ancien jardinier de la Ville de Paris, directeur de l’ENH de 1924 à 1936, il succède à Jules Nanot et fait construire la Coopérative (1926-28), devenue ensuite Foyer des élèves, puis ENSP (1976-1996) et aujourd’hui bâtiment Saint-Louis de l’ENSP. Marié sans enfant. Mobilisé de 1914 à 1918 avec le grade de maréchal des logis.
Joseph Pinelle à gauche avec A. Petit dans le premier laboratoire de chimie. Archives ENSH/ENSP (identification par A. Durnerin, C. Foury et A. Faivre)
Pissot Auguste, ( ?-1885) inspecteur des forêts et conservateur du bois de Boulogne, professeur d’arboriculture fruitière et d’ornement, et de sylviculture en 1875 à l’école d’horticulture.
Piveteau Vincent, ingénieur agronome INA Paris, ingénieur général des Ponts et des Forêts, directeur de l’ENSP de Versailles-Marseille en 2018, depuis 2011. A succédé à B. Welcomme.
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Pluvinage Manuel, ENS, directeur du Potager du Roi de 2001 à 2007. Directeur adjoint des services de la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc en 2018.
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Poison Matthias, né en 1978, artiste, enseigne à l’ENSP (arts plastiques)
Pousin Frédéric, architecte DPLG, directeur de recherche au CNRS, enseignant et directeur du Larep et du master théories et démarches du projet de paysage à l’ENSP de 2011 à 2013
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Prévost Agnès, née en 1981, artiste, historienne de l’art, enseigne à l’ENSP (arts plastiques, DEP3, CESP, Projets) depuis 2017.
Preneux Christiane, assistante ENSH en cultures ornementales, enseignante en 1977-1983 à l’ENSP.
Provost Allain, né en 1938, IH 1958, SP 1962, DPLG 1964, assistant de R. Joffet de 1965 à 1970, enseignant ENSP (ateliers de projets, techniques de travaux) de 1976 à 1986. Artiste peintre. Ancien directeur de l’École supérieure d’architecture des jardins à Paris (ESAJ). GPP 1994 avec J. Sgard. Biographie par Michel Racine
–Prudhomme M., licencié en droit, avocat au barreau de Versailles, enseignant en droit et législation à la SP, 1946-1951.
Puget Roger, architecte DPLG, urbaniste diplômé de la ville de Paris, urbaniste en chef du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Enseignant en urbanisme et aménagement du territoire à la SP de 1946 à 1969. Il était assisté après 1965 par un chef de travaux M. Descatoire.
Racine Michel, né en 1942, architecte DPLG, historien des jardins, responsable de la formation continue à l’ENSP (de 1989 à 2008 ?). Éditeur (entre autres) des deux ouvrages « Créateurs de jardins et de paysage » chez Actes Sud en 2001 et 2002.
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Rameau Jean-Michel, ENSP 1985, enseignant en ateliers de projet à l’ENSP.
Raymond Richard, agrogéographe, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, enseignant et chercheur à l’ENSP en 2012.
Reymond Fabrice,né en 1969, artiste, écrivain, enseigne à l’ENSP (arts plastiques, DEP2) depuis 2008
Richert Alain, 1947- 2014, médecin de formation, créateur de jardins, enseignant ENSP en ateliers de projets (années 1990-2000)
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Richard Antoine, Botaniste, il installe en 1798 la collection botanique du Grand Trianon au Potager du Roi où a été créée une « école centrale d’agriculture ».
Ricorday Joël, 1945-2016, SP 1967, enseignant d’ateliers à l’ENSP à Marseille et Versailles de 1988 à 2016.
Riousse André 1895-1952, architecte dplg, paysagiste diplômé, premier prix à l’exposition des arts décoratifs de 1925, diplômé de l’institut d’urbanisme, enseignant à l’école « du Breuil » à Paris, enseignant à la SP en théorie de l’art des jardins et composition, de 1946 à 1952. Il est remplacé par Théodore Leveau. Spécialiste des cours, jardins et terrasses à Paris, il est l’auteur de Petits jardins d’aujourd’hui en 1937. Il réalise les espaces extérieurs de la cité jardin de la Butte Rouge à Chatenay-Malabry.
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Riquois Alain, né en 1938, ingénieur du Génie rural et des Eaux et Forêts, chef de la Mission du paysage du ministère de l’Environnement (1980-1984), attaché agricole à l’ambassade de France aux Pays-Bas (1984-90), puis directeur de l’ENSH/ENSP (1990-1994). Il a rejoint ensuite, en tant qu’ingénieur général, le CGGREF puis l’IGE et le pôle “Paysage” du CGPC jusqu’à sa retraite en 2004 (en charge successivement du Plan de Développement de l’Agriculture Biologique (PPDA BIO), de la réforme de la loi sur les Parcs nationaux et de leur inspections. Il a succédé à Raymond Chaux et précédé Jean-Baptiste Cuisinier.
Ristori Paule, secrétaire pédagogique à l’ENSP, années 1980.
Robert Laurence, née en 1973, ENSP 1998, enseigne à l’ENSP (arts plastiques DEP2), depuis le début des années 2000.
Rocheron Paul, né en 1939, assistant d’enseignement et de recherche à l’ENSH puis à l’ENSP (département d’écologie), de 1969 à 2002.
Roger Alain, né en 1936, philosophe, enseignant d’esthétique à l’Université de Clermont-Ferrand et dans la formation doctorale “Jardins, paysages, territoires” de l’École d’architecture de Paris-la-Villette (1989-2008). Auteur, notamment, du Court traité du paysage (Gallimard, 1997). Page Wikipédia.–
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Romain Fanny, ENSP 2003, enseignante et chercheure à Agrocampus ouest Angers, département paysage.
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Rossetti Charles, écologue, enseignant au CNERP de Trappes (1972-1979).
Rossillion M., agence foncière et technique de Paris, enseignant en droit et législation à la SP de 1961 à 1971. Jean Carrel (ENSH) lui a succédé.
Roulet Pierre, SP 1954, enseignant à la section de 1960 à 1985 : « Improvisation sur un thème » en 1985. Il a joué un rôle important dans les travaux de la mission de Paul Harvois à l’ENSH (1970-71).
Roumet François, ENSP 1988, agence d’entrepreneurs paysagistes Roumet-Guitel, enseignant en génie paysager au département d’écologie de l’ENSP en 2018
Roussel Guilain, né en 1984, ENSP ?, artiste, organisateur du voyage de 1ère année, enseigne à l’ENSP (arts plastiques) en 2018.
Royer (Bou) Catherine, née en 1948, historienne d’art diplômée de l’Ecole du Louvre, documentaliste ENSP (1976-1996), membre du comité de rédaction de la revue Paysage et Aménagement
Rumelhart Marc, IH 1971, enseignant ENSP (département d’écologie) de 1976 à 2015. Directeur de la pédagogie en 1988. Avec ses collaborateurs, notamment les paysagistes, G. Chauvel et A. Freytet, il a inventé une pédagogie originale, interdisciplinaire, de « l’ écologie appliquée au projet de paysage », en partie héritée de son « maître » l’écologue et botaniste Jacques Montégut, professeur à l’ENSH de Versailles. F. Roumet, Pauline Frileux et Yves Petit-Berghen lui ont succédé. Article biographique.
Sabourin Lucien, ingénieur divisionnaire de la ville de Paris, enseignant à l’École « du Breuil » à Paris et à la SP (Utilisation des végétaux et plans de plantations) de 1960 à 1973. Chef du fleuriste municipal. Il a précédé Gilles Clément qui reprendra cette mission de 1976 à 1983 à l’ENSP et à l’ENSH. Il était membre du jury du concours en loge. Biographie sur Hortiquid
Saccardy Laurent, IH 1967, SP 1969, DPLG 1980 (concours en loge en 1975), enseignant ENSP (1979-85), puis ENSH (sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers (1985-1995).
Saint-Maurice Jean-Claude, 1928-2001, IH 1948, SP 1951, DPLG 1956, cofondateur de l’Atelier du paysage avec J. Sgard et P. Roulet, enseignant en atelier de projet à la section de 1960 à 1972.
Salle Arnaud, né en 1977, musicien , compositeur, enseigne à l’ENSP (arts plastiques « En lien avec un site »)
Salles Sylvie, architecte DPLG 1990, enseignante et chercheure en ateliers de projets dans la formation DEP de l’ENSPdepuis 2018. Biographie.
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Salmona Esther, née en 1974, ENSP 2001,DPLG 2001, artiste, écrivain, enseigne à l’ENSP (arts plastiques).
Samel Gilbert, né en 1933, SP 1953, DPLG 1956, enseignant (ateliers) à la Section de 1960 à 1972. Enseignant à l’école de Saint-Cyran où il a contribué à la création d’une formation de technicien de jardins. Réalisations sur Archiguide
Santini Chiara, historienne et archiviste paléographe, chercheure et enseignante d’histoire des jardins (HDR) à l’ENSP depuis 2010 ainsi qu’à AgroParistech (master1). Elle a succédé à Catherine Chomarat-Ruiz. Biographie.
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Saurin Jean-Pierre, SP 1969, CNERP, enseignant en ateliers à l’ENSP Marseille ?
Sauter Alain, géographe, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, master TDPP.
Sauvé Isabelle, documentaliste à l’ENSP en 2018.Elle a succédé à Geneviève Percie du Sert.
Scazzozi Lionella, architecte, Politechnico de Milan, master TDPP (2006-2008). Déléguée de la Convention européenne du paysage en Italie.
Seguin Cyril, ENSP ?, enseignant et coordinateur pédagogique à la formation continue de l’ENSP en 2018
Sgard Jacques, né en 1929, SP 1947, diplômé de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris avec un stage et mémoire aux Pays-Bas en 1958, enseignant (conférences et ateliers de projet) à la Section (1962-1969), au CNERP (1972-1978), président de l’Association Paysages (1968-79), enseignant à l’ENSP de 1982 à 2018 (ateliers pédagogiques régionaux et TPFE), GPP 1994 avec Allain Provost.
J. Sgard est le principal initiateur avec P. Dauvergne et B. Lassus des pensées et pratiques du paysagisme d’aménagement et de l’urbanisme paysagiste en France. Biographie par Annette Vigny
Simian Jean, diplômé de l’Ecole du Louvre, enseignant de dessin au lycée de Rueil, enseigne dans la section (y compris préparation) de 1968 à 1974, après la démission de J. Cordeau et de F. Blin.
Simon Jacques, 1929-2015, SP 1957, DPLG 1960, enseignant à la Section (1972-1974) puis à l’ENSP (Ateliers, arts plastiques), GPP 1990, 2006, 2009 (conseil de l’Europe), J. Simon est avec M. Corajoud, J. Sgard et B. Lassus l’un des principaux rénovateurs des pratiques paysagistes et de la formation des paysagistes en France. Page Wikipédia
–Sire Jean, peintre, conseiller pédagogique à l’ INEP de Marly le Roi, enseignant d’arts plastiques à l’ ENSP (1978-1985). Il est introduit par R. Bellec, secrétaire général de l’ENSP.
Spake Alan, SP 1954, DPLG 1958, SETRA, enseignant à la Section (1969-71).
Soulié Hélène, née en 1974, ENSP 1995, enseignante à l’ENSP (2002-2004) et enseignante-chercheure à l’École d’architecture et de paysage de Bordeaux depuis 2007.
Tailhade (Collin) Lucienne, SP 1952, DPLG 1956, enseignante ENSP, ateliers et voyage de 1ère année (1980-1990 ?).
Talagrand Marion, ENSP 1993, enseignante en ateliers de projet à l’ENSP depuis 2014. Page de l’agence AMT
Tamisier Christian, SP 1970, enseignant ENSP Marseille, histoire sociale et politique des territoires urbains (> 1990).
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Tanant Bruno, ENSP 1980, enseignant en projets de paysage, responsable des ateliers de l’ENSP en 2018 et 2019. Page de l’agence TN+
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Tardivon Annie, née en 1963, ENSP 1983, enseignante (ateliers de projets) à l’École d’architecture et de paysage de Lille depuis 2009, présidente de l’association Inuits en collaboration avec le paysagiste Vincent Bénard, Trophée du paysage en 1997.
Theys Jacques, Ancien responsable de la prospective des ministères de l’Environnement et de l’Équipement, enseignant à l’EHESS, président de l’association Serge Antoine, membre du comité de rédaction de Futuribles et conseiller scientifique de Futuribles International. N’a pas enseigné à l’ENSP.
Thébaud Henri, IH 1916, « architecte paysagiste » depuis 1926, enseignant d’utilisation des végétaux et de projets de plantation à la SP de 1946 à 1960. L. Sabourin lui a succédé.
En 1960, alors qu’il est “professeur de composition” à la SP, il prend en charge le cours d’architecture des jardins en 3ème année à l’ENSH à la suite de F. Duprat. Il participe au conseil des professeurs de l’ENSH.
Therre Nathalie, ingénieur ENITHP Angers 1992, spécialité protection des végétaux, directrice de l’enseignement et de la vie étudiante à l’ENSP en 2018.
Thomas R., enseignant de théorie et construction des sols sportifs à la SP de 1961 à 1984.
Tischer Stefan, né en 1965, CESP Versailles (1989-1990), professeur d’architecture de paysage à Munich, Berlin, Montréal, Alghero (Italie), responsable des ateliers ENSP de 2012 à 2015.
Toublanc Monique, ingénieure ENITHP Angers 1977, sociologue, enseignante en sciences humaines et sociales à l’ENSP (master DEP) depuis 1994. Page ENSP.
Treyves Philippe, SP 1966, ingénieur agronome INA Paris, paysagiste à l’IAURP, cofondateur du GERP (1968-70), puis entrepreneur paysagiste à Moulins. Fils de J.-F. Treyves, SP 1952.
Tricaud Pierre-Marie, ingénieur agronome INA Paris-Grignon, ENSP 1978, président de la FFP, urbaniste et paysagiste à l’IAURIF en 2018.
Tricaud Vincent, ENSP 1983, enseignant à l’École d’architecture et de paysage de Bordeaux.
Trouvelot Bernard, ingénieur agronome INA Paris, chercheur INRA Versailles, professeur d’entomologie à l’EN(S)H (1935-1970)
Van den Toorn Martin, architecte paysagiste, enseignant à Université de Wageningen puis de Delft, master TDPP (2006-2011).
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Varcin Armelle, ENSP 1983, enseignante en techniques à l’ENSP, puis à l’École d’architecture et de paysage de Lille.
Verlot Pierre-Bernard-Lazare, né en 1900, ingénieur agronome INA Paris, professeur d’horticulture industrielle et commerciale à l’ENH de 1939 à 1962. Cadre SNCF. MM Ravisy (Horticulture) et Carrel (Economie) lui succèdent.
Vexlard Gilles, né en 1950, SP 1972, DPLG 1979, GPP 2009, enseignant ENSP Versailles, ateliers de projet (1988-2015 ?) et master TDPP. Page de l’agence Latitude Nord
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Vidal Roland, Ingénieur de recherche, enseignant en botanique, informatique, puis en agriculture urbaine au master TDPP de l’ENSP en 2018. R. Vidal a accompagné d’abord, de 1980 à 1990, les activités pédagogiques du département et du laboratoire d’écologie dirigé par P. Donadieu et M. Rumelhart, puis a fondé la cellule informatique. Coresponsable du master TDPP depuis 2014. Page personnelle
Vigny Annette, née en 1944, enseignante-chercheure à l’université d’Orsay, détachée à l’ENSP de 1996 à 2000, membre du comité de rédaction des Carnets du paysage, enseignante et chercheure ENSP. Auteure d’un ouvrage consacré à Jacques Sgard, paysagiste et urbaniste (Actes Sud/ENSP, 1995).
Viollet Michel, né en 1939, SP 1960, DPLG 1968, membre de l’IAURP de 1962 à 1963, de l’Atelier de Paysage avec J.-C. Saint-Maurice en 1965, assistant de J. Sgard et de B. Lassus et direction des études de 1968 à 1972 (SP), puis à l’ENSP chef d’atelier et à partir de 1997 à l’ENSP, coordination des ateliers pédagogiques régionaux de quatrième année jusqu’en 2006 ? P. Aubry lui succède. Fondateur de l’agence API (architecte, ingénieur, paysagiste) sous forme coopérative. Il a travaillé avec B. Fischesser au CEMAGREF de Grenoble.
Zarmati (Jenny) Sarah, créatrice du centre de documentation du CNERP et consultante à l’ENSP et à la Mission du paysage, 1972-1980-1990. Corédactrice en chef, avec P. Donadieu et A. Fraval de la revue Paysage et Aménagement de 1993 à 1996. Photo en 1973 (CNERP).
À propos de la collapsologie, et autres collapsosophies[1], selon l’ouvrage Une autre fin du monde est possible, vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre) de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, Anthropocène Seuil, 2018.
L’idée de l’ouvrage, et de ceux sur le même thème qui l’ont précédé depuis 2015, parait simple. Nous vivons, sans en avoir conscience, l’effondrement de la vie planétaire, et le pire est sans doute à venir. Que faire, si on croit que cette perspective fatale est inéluctable ? Si on pense que ni les politiques, ni les scientifiques ne peuvent imaginer des solutions à la hauteur de la complexité des problèmes posés à l’humanité ? Pour ces survivalistes et autres collapsonautes, c’est en apprenant à vivre avec l’effondrement que l’humanité trouvera des solutions inédites pour se réinventer.
Comment résister aux catastrophes naturelles plus ou moins brutales (inondations, ouragans, sécheresses, tremblements de terre, coulées de boues, tsunamis, éruptions volcaniques …) ou lentes (perte de la biodiversité, montée des eaux, épidémies, famines…) et à leurs conséquences dramatiques (migrations, révoltes, ségrégations, agressions, misère…) en dépassant les émotions de chacun (peur, panique, détresse, dépression, violence…) ? Les auteurs imaginent d’autres mondes, ni idéaux (utopies), ni cauchemardesques (dystopies). En adoptant une perspective d’inspiration sociobiologique et « écopsychologiste », à partir de leurs propres expériences collectives, ils avancent d’autres mondes possibles (des plurivers à la place de l’univers) sans préciser les contours de ces alternatives.
L’on sait seulement que les femmes y créeront la place qui leur revient (éco-féminisme), que la nature sauvage y prodiguera ses bienfaits, que les êtres non humains (surtout naturels) auront droit aux mêmes égards (dons et contre-dons) que les humains. Inspirés des thèses des anthropologues (P. Descola et A. Escobar notamment), ces mondes possibles seront pluriculturels. Ils prendront de la distance avec le dualisme cartésien pour emprunter au totémisme et à l’animisme. Ils seront fondés sur de nouveaux récits, sur de nouveaux mythes, pour donner sens aux mondes imaginés par leurs adeptes. À la manière du mycélium souterrain des champignons qui relie les racines des arbres d’une forêt, les nouveaux survivalistes créeront des groupes humains solidaires, généreux, attentifs, inclusifs, empathiques, capables d’imaginer empiriquement leurs nouvelles vies collectives selon leurs projets de résilience.
Peut-on croire à ces visions d’autres ontologies, à d’autres façons humaines et non humaines d’être au monde ? Car les auteurs ne proposent pas autre chose que de changer de croyances, de manières de penser un monde, le nôtre, qui risque fort de devenir de plus en plus inhabitable s’il ne change pas de modèle.
Comme ils sont réalistes, bien que peu matérialistes, ils savent que ces mutations culturelles engagent le très long terme. Les conceptions holistiques de la connaissance et de l’action sont pourtant déjà à l’œuvre un peu partout. Mais elles ne se substituent pas aisément aux pensées héritées dominantes, notamment cartésiennes, celles qui séparent les ressources de la nature de ceux qui les exploitent.
Avouant ainsi une sorte d’impuissance, ils comptent plus sur une réaction collective d’adaptation. Non pour stabiliser l’humanité menacée par ses paradoxes, mais pour apporter aux habitants de la planète, à la manière des Stoïciens grecs[2], une vie sereine au milieu des dangers et des paniques. En se rebellant également, en désignant des ennemis (« l’hydre capitaliste, la finance internationale, le monde thermoindustriel »), ils invitent à un « Changement de Cap » avec trois modes opératoires : « réparer les dégâts à La Terre, aux écosystèmes, aux communautés et aux personnes », expérimenter des alternatives (l’agroécologie par exemple) et surtout changer la conscience de ce monde pour en inventer d’autres qui redécouvrent la mémoire (anamnésie) et les relations sensibles aux milieux de la vie (esthésie).
L’apocalypse est en vue mais elle peut être heureuse, écrivent-ils pour conclure.
L’intérêt de ce manifeste est d’affronter le déni de l’effondrement de nos sociétés dans des contextes dysruptifs et de proposer une parade adaptative, une solution fondée sur la mise en commun des émotions et des esprits (ensemble est mieux que seul). En dénonçant l’impuissance des actions gouvernementales et en lui préférant le développement des initiatives de chaque éco-collectif dans le monde.
Bien que les auteurs, avec une bibliographie de presque cinq cent références, semblent à l’abri de tentations communautaristes ou sectaires, ce risque ne peut être écarté, ne serait-ce que du fait de leurs expériences collectives qui y font penser. On peut également leur reprocher leur “résignation fataliste” (D. Tanuro) et l’absence de paradigme clair et de méthodes pour fonder scientifiquement la « collapsologie ». Et pointer l’affinité de cette pensée avec les mouvements spiritualistes et la Deep ecology anglo-américaine.
Croire à cette croyance ? Croire à la fin d’un monde, et non à la fin du monde. Pourquoi pas ? Elle n’est pas naïve. Le président du Cercle des économistes fondé en 1992 le rappelle : « Rarement nous ne connûmes autant de ruptures très difficiles à analyser et en raison desquelles nous avons énormément de mal à imaginer ce que sera le futur (…) Le pire n’est jamais sûr, loin de là, mais une chose est certaine, c’est que l’on peut sans nul doute évoquer la fin d’un monde »[3], notre monde.
Pourquoi ne pas s’engager avec enthousiasme dans cette voie lucide, mais avec précaution… ? Croire c’est vivre.
Pierre Donadieu
11 mars 2019
[1]Science (collapsologie) et sagesse (collapsosophie) des ruptures, des effondrements (collapsus).
[2]L’École du Portique à Athènes créée en – 301 av. J.-C. Son principe : Ne pas se laisser atteindre par ce qui ne dépend pas de nous et parvenir à nous concentrer sur ce qui est en notre pouvoir.
[3]Le Monde, Jean-Hervé Lorenzi, Le Cercle des économistes, p. 4, mardi 12 mars 2019.
Pierre Donadieu raconte l’organisation de l’enseignement de l’ENSP au début des années 1980.
Version du 2 février 2019
Le troisième programme pédagogique de l’ENSP est connu par un document rédigé au cours du printemps 1979[1]. Il concerne l’année scolaire 1979-1980.
Au cours de chacune des trois années de formation, les enseignements étaient regroupés en sept ensembles appelés, en principe, départements : la connaissance du milieu, la connaissance du milieu humain, les techniques de communication, les arts plastiques, la maitrise d’œuvre et les techniques opérationnelles, les théories, études et approches paysagères, et les ateliers de projets.
La connaissance du milieu
Ce département dispensait 300 heures en première année, 141 heures en deuxième année et 71 heures en troisième année, soit environ 480 heures. Comme son nom l’indiquait, il était chargé de transmettre des connaissances sur le milieu physique, supposées utiles aux futurs paysagistes pour leur pratique de conception et de réalisation de projets.
Dès la première année était dispensé un cours de 15 heures sur les bioclimats, qui devait aider à comprendre les sensibilités aux climats des végétaux à planter (P. Donadieu) ; un cours de 20 heures de géomorphologie (P. Fournier de l’Institut national agronomique de Paris) pour nommer et interpréter les formes du relief ; 70 heures de cours et de travaux dirigés pour apprendre à identifier les végétaux et leurs propriétés écologiques (M. Rumelhart à la place de J. Montégut dans la Section) ; 80 heures pour les choisir et les utiliser dans les projets (G. Clément et P. Lemattre qui avaient remplacé L. Sabourin) : un cours de physiologie végétale de 21 heures pour comprendre le fonctionnement biologique des végétaux (N. Dorion). Enseignements auxquels s’ajoutait un voyage d’étude d’une semaine (M. Rumelhart et P. Lemattre). Ces bases d’une formation écobiologique étaient importantes surtout pour ceux qui n’avaient pas faits d’études horticoles. Elles étaient dispensées essentiellement par de jeunes ingénieurs horticoles, praticiens (G. Clément) ou enseignants chercheurs à l’ENSH et à l’ENSP.
En seconde année, cette formation écobiologique se poursuivait avec un approfondissement de 75 heures en phytoécologie et un voyage d’application dans la baie de la Somme : le Marquenterre (P. Donadieu et M. Rumelhart) ; 25 heures en sciences du sol avec P. Pasquier (ENSH) et 32 h en utilisation des végétaux (G. Clément, C. Preneux et P. Lemattre).
Elle se terminait en troisième année avec 60 h de travaux dirigés de cartographie et de photointerprétation (P. Donadieu et P. Bordes).
D’un côté des enseignements scientifiques appliqués (sciences de la vie et de la terre, sciences horticoles et forestières), de l’autre des formations pratiques concernant la composition paysagère et la décoration florale. Ces formations étaient dispensées indépendamment les unes des autres. Si bien que l’utilité de certaines fut contestée ensuite par les étudiants et les enseignants d’atelier[2].
La connaissance du milieu humain
Placée sous la direction de Pierre Dauvergne, paysagiste DPLG, une dizaine d’enseignants se répartissait environ 180 heures d’enseignements. La majorité était des vacataires et les autres (3) issus du corps enseignant permanent de l’ENSH. Leurs enseignements étaient surtout situés en 1ère année (102 heures) et en 2ème année (65h), notamment l‘histoire de l’art et de l’art des jardins (S. Hoog, conservatrice au château de Versailles)
En première année, P. Dauvergne préparait les étudiants à « l’analyse approfondie d’une situation pour acquérir les bases d’une réflexion et d’une création personnelle … et à une meilleure connaissance des interlocuteurs du paysagiste » grâce à « une lecture du paysage d’Elancourt » en termes d’organisation sociale (45 heures). Au cours des deux premières années, les sociologues Hervé Moisan, J.-P. Schaff et l’ethnologue P. Lemonnier initiaient les étudiants aux concepts de l’ethnologie et de la sociologie urbaine et rurale (65h). Ils s’inspiraient, notamment, des publications de la revue Hérodote pour expliquer la perception du paysage et ses dimensions esthétiques. M. Joly introduisait à la sociologie des organisations administratives et aux procédures de l’urbanisme ; l’économiste P. Mainié (ENSH/INRA) à l’histoire macroéconomique et à la microéconomie des entreprises paysagères qu’il étudiait ; le géographe J.-P. Boyer à l’économie de l’espace et J. Carrel (ENSH) au droit foncier et des contrats (36 heures).
Déconnectés des pratiques de projet en ateliers, ces enseignements scientifiques, dits « théoriques » par les praticiens, évolueront considérablement au cours des années 1980 notamment avec le dért des enseignants de l’ENSH en 1982 et 1983 et le recrutement des premiers enseignants permanents de l’ENSP en 1985 et 1986.
Les techniques de communication
Trois enseignants se partageaient cette formation de 355 heures.
En première année, en techniques de représentations (200 h), Lucienne Tailhade-Collin, paysagiste DPLG avec F. Manach, enseignant à l’UP d’architecture n° 5 formaient les étudiants « à représenter des espaces plantés et surtout des espaces paysagés imaginaires » (esquisses, plans masses, coupes, perspectives, maquettes).
R. Bellec, par ailleurs secrétaire général de l’ENSP, prévoyait au cours des trois années (90 heures) un enseignement de communication orale et écrite « permettant de mieux situer les conditions du développement des relations interpersonnelles à l’oral comme à l ‘écrit». Théorique, cette formation, dont on connaît mal la mise en œuvre, sera reprise par l’ethnologue D. Bouillon sous la forme d’une sémiologie de la communication au début des années 1990.
Lui était adjointe une formation de 30 heures en anglais par R. Fontaine, professeur à l’INRAP de Dijon, et dont la mise en œuvre restera longtemps intermittente du fait de l’absence chronique des élèves.
Ces formations pratiques répondaient à un véritable besoin de compétences à acquérir par les élèves, notamment dans les ateliers. Seule la première (les techniques de représentations) s’inscrira définitivement dans la longue durée.
Les arts plastiques
En continuité avec celle de la Section du Paysage et de l’Art des jardins, cette formation de 270 heures était prise en charge par deux professeurs certifiés de dessin, Françoise Blin (45 heures) et Daniel Mohen (90 heures). Ils enseignaient au cours des trois années : le « savoir traduire ou exprimer, par la maîtrise des techniques picturales et graphiques …et par le développement de la personnalité ». Le programme prévoyait l’initiation à la composition, à la maîtrise du geste (vision, rythme et mouvement), à « l’écriture des végétaux et à la couleur dans l’espace (lois d’harmonie, des contrastes, élaboration de la palette végétale »). Chacun devait trouver, en atelier, une méthode de travail personnel en s’appuyant notamment sur son expérience de visites d’expositions et de musées.
En outre Jean Sire, peintre et conseiller technique et pédagogique à l’Institut National d’Éducation Pédagogique de Marly-le-Roi, consacrait 135 heures à « une pédagogie de l’expression sensible » au cours des trois années. Il privilégiait « un univers plurisensoriel fondé sur la connaissance du langage formes-couleurs ».
Ce groupe d’enseignants fusionnera plus tard avec celui des techniques de communication, réduit à la compétence de la pédagogie de la représentation graphique. Son travail était essentiel pour les ateliers qui en attendaient à la fois une capacité des étudiants à imaginer un aménagement et celle de représenter et communiquer un projet. Comme le niveau des élèves était très hétérogène, les enseignants ne pouvaient faire mieux que de suivre les progrès de chaque étudiant au cours des trois années, et de constater son succès, ses difficultés ou son manque de travail, voire de capacités.
La maîtrise d’œuvre et les techniques opérationnelles
Ce département qui gérait 260 heures d’enseignements regroupait des praticiens paysagistes, concepteurs DPLG (A. Provost, J. Coulon, L. Saccardy), entrepreneurs paysagistes (R. Gibet, G. Mandon), et spécialistes (G. Kokoreff en éclairage, R. Thomas en sols ou P. Bordes en topographie et terrassements).
Dès la première année, les paysagistes M. Corajoud et J. Coulon faisaient comprendre la nécessité de penser le projet en fonction de leur réalisation et des techniques disponibles (42 heures). Puis les paysagistes et ingénieurs horticoles A. Provost et L. Saccardy précisaient en 2ème et 3ème années le rôle des maîtrises d’œuvre et d’ouvrage, les arcanes des marchés et les contenus des différentes phases d’études (30 heures). P. Bordes (ENSH) enseignait les techniques de nivellement, J.-M. de Forges (ENSH) les techniques de l’hydraulique (irrigation, drainage, filtration…) pendant 35 heures ; et A. Provost, peintre, paysagiste et ingénieur horticole, les techniques d’ouvrages particuliers (dalles, plans d’eaux, piscines, fontainerie …), …
Autant la proximité des techniciens et des concepteurs apparaissait comme une nécessité de la formation, autant celle des experts scientifiques (hydraulique notamment) perdait de son intérêt. Il n’était pas indispensable pour concevoir un projet, disaient les enseignants de projets (J. Coulon notamment) de maîtriser les équations de probabilité de Bernoulli pour penser la circulation de l’eau sur un site. Cette notion était nécessaire aux ingénieurs, mais facultative chez les apprentis concepteurs de projet de paysage.
Cette divergence de vues sur les programmes pédagogiques sera en partie à l’origine de la crise de 1983 (le départ des enseignants de l’ENSH).
Théories – Études et approches paysagères
Ce groupe d’enseignements était distingué des ateliers et concernait 166 heures en 1ère et 2ème années. Il était pris en charge par B. Lassus, professeur à l’UP d’architecture n° 6 – future école d’architecture de Paris-La-Villette – (35 heures) en démarches paysagères et critiques et moyens d’une pratique, par M. Corajoud, paysagiste (20 heures) en morphologie des paysages, P. Dauvergne (33 heures) en analyse de sites et paysages, en composition paysagère par L. Tailhade-Colin et A. Provost (12 heures), et J. Coulon en analyse et études de lieux paysagers.
Des interventions des paysagistes : J. Sgard (interprétation des paysages), T. Sprecher, et J. Challet étaient prévues.
Rien n’indique que toute ces conférences aient été faites. Cette programmation tenait à la nécessité de faire apparaitre un champ théorique substantiel permettant d’éclairer les pratiques paysagistes. Seuls B. Lassus, M. Corajoud et J. Coulon et quelques apprentis historiens y prétendaient au moment où démarrait le premier programme de recherches de l’ENSP (chapitre 7). Fallait-il compter sur les éclairages donnés par les enseignants de l’ENSH, et les chercheurs de l’INRA et le CNRS ? Nul ne le savait et restait de fait méfiant ou réservé face aux propositions des « sachants ».
Ce groupe d’enseignements sera, dès 1985, réintégré sous différentes formes dans les ateliers de projets.
Ateliers de projets
Comme dans la Section, les ateliers restaient le lieu privilégié de l’apprentissage pratique du métier de paysagiste. 910 heures leur étaient réservées, environ un tiers du temps d’enseignement des trois premières années.
B. Lassus, professeur à l’UP n°6 et P. Aubry, paysagiste DPLG se consacraient à l’atelier Charles-Rivière Dufresny en 2ème et 3ème années (400 heures), M. Corajoud, paysagiste et A. Provost, paysagiste DPLG à l’atelier André Le Nôtre (412 heures). En troisième année, J. Sgard, T. Sprecher et E. Mauret (3 paysagistes DPLG) encadraient un atelier d’aménagement du territoire et d’urbanisme (135 heures).
Théoricien, B. Lassus fondait son enseignement sur trois concepts : la reconnaissance paysagère, le substrat paysager et l’ambiance paysagère, le paysagiste étant considéré comme « un médiateur culturel ».
Pragmatiques, M. Corajoud et A. Provost voulaient transmettre « la capacité à maîtriser les processus qui conduis(ai)ent à une mise en forme avant le projet définitif et à sa faisabilité ». Il s’agissait d’assembler des données analytiques (du site, du programme) autour d’une intention ; ceci selon plusieurs phases empiriques successives : analyses, esquisses, schématisation, re-esquisses, « feu-vert », projet proprement dit, distanciation et présentation[3].
Ce cadre a servi de structure aux enseignements de projet. Le changement le plus important fut en 1982 le passage à une option d’ateliers (Le Nôtre ou Dufresny) en troisième année, en raison de l’incompatibilité des théories et des pédagogies d’atelier. Elles étaient devenues des doctrines contradictoires pour les enseignants, mais pas nécessairement pour les étudiants.
Les contenus d’enseignement
Les archives ont conservé quelques polycopiés des prévisions d’enseignements de l’année 1979-80. Ces supports d’ateliers, de cours ou d’excursion avaient été mis en place dès la fin des années 1950 dans la Section à la demande des étudiants. Mais ces documents concernaient surtout trois départements : la connaissance du milieu et celui de milieu humain, et les techniques. Les étudiants en ateliers comme en arts plastiques et en techniques de représentations n’en manifestaient pas le besoin, puisque les enseignements reposaient sur l’acquisition de savoir-faire de conception, artistiques ou de techniques visuelles, sinon de savoir-être. Nul besoin donc de savoirs scientifiques ou techniques formalisés dans des textes écrits.
Connaissance du milieu
Les polycopiés, très nombreux, concernaient par exemple des informations sur des lectures de paysage (Forêt de Beynes, arboretum de Chévreloup, plaines du Vexin, baie du Marquenterre, Forêt de Rambouillet, coteaux de Grignon …). Il s’agissait à la fois d’expliquer les paysages par le climat, la géologie et les sols, de lire des cartes topographiques ou géologiques, de faire des relevés de végétation, et de récolter des échantillons de végétaux pour la réalisation d’herbiers. Orienté vers la connaissance botanique et écologique, l’enseignement était organisé par thèmes, saisonniers (les rameaux nus et bourgeons en hiver, les graminées au printemps) ou non (les conifères), et finalisé par des contrôles continus (herbiers botanique et écologique commentés). La plupart des connaissances et des sites d’excursion étaient empruntés à l’héritage de J. Montégut, professeur de botanique, de physiologie et d’écologie végétale à l’ENSH. Ingénieurs horticoles, P. Donadieu et G. Clément (ENSH 1965) et M. Rumelhart (ENSH 1971) en étaient les héritiers directs.
S’y ajoutait un cours polycopié de M. Lefèvre sur la forêt, la production et la gestion forestière qui s’adressait plus à de futurs forestiers qu’à des paysagistes.
Techniques de projet
Héritiers des cours de la Section du paysage, les enseignements cordonnés par A. Provost faisait appel à une dizaine d’enseignants vacataires, notamment G. Mandon, R. Gibet, R. Thomas, P. Bordes, ainsi qu’à Guy Kokoreff en tant que technicien éclairagiste[4] au sein d’une équipe de projet. Peu de traces ont été laissés par ces enseignements.
Connaissance du milieu humain
Quatre enseignants jouaient un rôle important. P. Mainié, enseignant à l’ENSP et maître de recherches de l’INRA à l’ENSH avait conçu un enseignement d’économie de l’espace[5] en première année et un autre relatif à la gestion des entreprises paysagères en troisième année. Aux élèves de troisième année, il exposait dans un polycopié de douze pages[6] les principes de gestion d’une entreprise paysagère afin de préparer les visites aux agences. Il organisait des visites de ces entreprises. Par exemple le 7 novembre 1980, les étudiants par groupes allaient rendre visite, les uns, notamment Christine Dalnoky, à Jacques Sgard dans son atelier d’urbanisme et de paysage à Paris, les autres comme Michel Péna à Thierry Sprecher au CODRA. Il faisait appliquer ainsi ses enseignements méthodologiques de première année sur la pratique des entretiens qui consistaient, en particulier, « à se demander comment l’espace choisi pour mon projet peut s’intégrer dans le vécu de l’espace du village tel qu’il est aujourd’hui ou peut être demain ». Cette pratique de l’enquête eut du mal à se perpétuer par la suite.
Le sociologue H. Moisan distribuait des photocopies d’articles de psycho (socio)logues, relatifs à la perception du monde, qu’ils commentaient en cours. Là encore, la relation inexistante avec la pratique de projet, et l’absentéisme, comme dans d’autres enseignements (« théoriques ») de ce département, mirent fin assez vite à ces initiatives sans lendemain.
J. Joly enseignait la sociologie des organisations administratives (les grands corps de L’État, les réformes ministérielles …) pendant 20h, comme à des étudiants de sciences politiques. Jean Carrel le droit de l’urbanisme et rural, mais ses cours n’ont pas laissé de traces.
Les arts plastiques
Seul D. Mohen a laissé un texte développant ses intentions pédagogiques en relation avec le projet[7]. Il prévoyait d’étudier la composition du paysage à partir de l’étude des tableaux des peintres (Poussin, Chardin, Seurat, Rubens, Delacroix, les Cubistes, de Stael), et privilégiait les idées « d’équilibre et d’ordonnance » de la structure d’une image. En focalisant sur le geste du peintre, il abordait les notions de vision, de rythme, et de mouvement. En analysant les peintures préhistoriques et chinoises, autant que celles du peintre Olivier Debré, il expliquait les paysages représentés comme signes d’une culture. En s’intéressant à la couleur, il montrait l’intérêt des contrastes et des harmonies dans la construction des images de projet de paysage. En analysant l’espace des tableaux dans les dessins de Cézanne et de Giacometti, il mettait en évidence le rôle de la profondeur, de la perspective, du vide et de la troisième dimension
Les ateliers
Un polycopié Atelier paysage et aménagement du territoire précise les objectifs ambitieux de cet exercice de troisième année (168 heures), d’abord dans la vallée de la Mauldre, puis dans un atelier itinérant « Paysage et aménagement rural » pendant une semaine en juillet[8]. D’abord établir des diagnostics, puis « juger de la qualité de la vie locale », fixer des objectifs de production et de conservation des paysages, dans le cadre de procédure de planification. Cet atelier réunissait, ce qui était nouveau, trois paysagistes (P. Dauvergne, J. Sgard, T. Sprecher), deux ingénieurs écologues (P. Donadieu et M. Rumelhart) et deux économistes, P. Mainié notamment. Les scientifiques encadraient des travaux de cartographie ou d’enquêtes, les étudiants paysagistes exploraient, écoutaient et proposaient des aménagements selon les différentes parties de la vallée. Mais ces activités, inspirées par les pratiques paysagistes du CNERP disparu, restaient séparées les unes des autres. Il appartenait aux étudiants de faire une hypothétique synthèse.
P. Dauvergne accompagnait lui aussi son enseignement d’enquêtes auprès des étudiants[9]. En première année, Michel Desvigne, issu de l’université, voyait« le paysage comme un champ de bataille où le camouflage intègre bâtiments, machines et hommes en un ensemble parfait ». Yves Pilorge, issu d’un BTSH, en deuxième année le concevait « comme une résultante de divers facteurs de tous ordres », et Michel Péna, issu d’un premier cycle d’architecture, avouait « je pense aujourd’hui que le paysagiste sert à embellir le paysage : mes premiers maîtres sont les beaux paysages ».
Une note manuscrite succinte de M. Corajoud faisait état de l’organisation de son atelier Le Nôtre en deuxième année avec un projet de centre de colloque à Elancourt dans la ville nouvelle de Saint-Quentin. D’abord « établir les relations du site avec le plateau », les accès notamment ; puis définir un périmètre ouvert au public, les équipements du parc (amphithéâtre, aires de sport et de détente…). Un organigramme d’octobre à février prévoyait les visites de terrain, les temps d’atelier et de correction individuelle et collective.
Nulle trace de l’atelier Dufresny hormis le texte du programme pédagogique de 1979-80.
Ces rares documents sont les seuls, à ce jour, avec les bilans pédagogiques annuels des enseignements, qui permettent de se rendre compte des contenus de formation. Car il était rarement fait un bilan de chaque cours ou atelier qui n’était pas à l’époque évalué par les étudiants. D’une manière générale, les contenus ne faisaient pas l’objet de débats pédagogiques. Le seul critère restait la satisfaction des étudiants qui n’hésitaient pas à faire savoir leur jugement auprès de la direction des études ; un autre critère passif, le plus efficace … étant l’absence des élèves à ces cours ou ateliers.
Rappelons que, parallèlement à l’enseignement, la Mission du paysage dirigée par A. Riquois mettait en place les premières mesures de la nouvelle politique du paysage. Ce qui concernaient en 1981 les études du vignoble alsacien, de la région de Vézelay et du Causse Méjean et qui pouvaient impliquer des stagiaires de quatrième année de l’ENSP. Un groupe de travail entre les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, basé à l’ENSP, allait être chargé du renforcement du personnel de l’ENSP (6 postes), de l’apport de contrats d’études et de recherches et d’un centre de documentation à développer[10].
La scission des ateliers (1981-82)
À la fin de l’année scolaire 1979-80, le 3 juillet 1980, les avis des enseignants sont très contrastés : en première année, les étudiants restent scolaires et universitaires pour M. Rumelhart, « de bon niveau » pour P. Dauvergne et « année très mauvaise » pour le pédologue P. Pasquier ; en deuxième année, « promotion excellente » pour P. Donadieu, S. Hoog, J. Sire et M. Rumelhart », « insuffisante pour 8 ou 9 » pour P. Pasquier[11].
Dans le détail de l’enseignement, tout n’est pas parfait… Les travaux non rendus sont fréquents, notamment en deuxième année à P. Dauvergne et qui concerne 9 élèves sur 15. Tous les travaux demandés, s’ils sont remis, ne semblent pas répondre aux exigences pédagogiques des enseignants. Huit propositions de rattrapage en troisième année concernant des enseignements de G. Clément, M. Rumelhart, J. Sgard, A. Provost et P. Dauvergne , mais également de P. Lemonnier sont formulées. Est en jeu l’attribution du diplôme si la note finale n’est pas satisfaisante. Plusieurs systèmes de notation existent en fait en fonction de l’étendue utilisée de la grille de notes. Plus elle est resserrée en évitant la note 8 à 10, plus l’on évite les rattrapages, mais la distinction entre étudiants est faible ; plus elle est élargie en incluant des notes éliminatoires, plus elle est efficace et distingue les élèves les uns des autres, mais provoque des rattrapages, parfois jamais rattrapés ….
Le 6 juillet 1981, les enseignants jugent la promotion de 1ère année (25 étudiants) « disparate » (J. Coulon, P. Dauvergne, D. Mohen), « immature » (S. Hoog, L. Tailhade-Colin), « inégale » (F. Blin), « indisciplinée » (P. Bordes), et absentéiste (P. Donadieu).
Deux ans après la mise en place du programme pédagogique de 1979, le 24 septembre 1981, 13 enseignants se retrouvent à la rentrée autour de la table du conseil, situé au premier étage sur le pignon Est de l’actuel bâtiment Saint-Louis.
Un premier litige apparaît pour savoir si les notes inférieures à 8/20 en ateliers entrainent un redoublement systématique ou si les étudiants peuvent fournir au cours de l’année suivante des travaux dits de rattrapage, avec un redoublement possible et une nouvelle chance si la note est mauvaise. Non résolu de manière satisfaisante par la modification (complexe) du règlement intérieur, ce problème restera récurrent par la suite.
Les tensions qui sont nées, depuis un an entre les deux ateliers Le Nôtre et Dufresny aboutissent à décider d’une option pour les étudiants en troisième année. Bien que certains souhaitent suivre les deux. Sur ce dernier point F. Manach pense qu’il faut les faire voter …
Cette tension a accompagné les travaux des enseignants en 1981 et a abouti à un « rapport sur la situation, les problèmes et les perspectives de l’ENSP et de l’ENSH ». Celui-ci concerne la création d’un premier cycle sous la tutelle de l’école, d’une formation continue, et celle d’un noyau d’enseignants permanents de l’école ainsi que l’arrivée d’étudiants en troisième année. L’absence d’enseignants titulaires fragilise en effet considérablement l’école, qui dépend uniquement d’un lourd budget de vacations et des enseignants de l’ENSH.
Parallèlement est mis en place le premier programme de recherches de l’école dont le responsable P. Mainié indique que « l’objectif de ce groupe de travail est de résoudre les problèmes que pose la démarche de projet » (p. 6).[12]
Le 6 juillet 1982, nouveau conseil des enseignants en principe constitué de 27 membres, 13 étaient présents.
Les divergences pédagogiques entre les deux ateliers s’accentuent en troisième année. L’atelier Dufresny, avec un effectif réduit, a choisi une note collective pour « des résultats satisfaisants » mais sans résoudre le problème de l’enseignement des techniques de maîtrise d’œuvre dans le projet dès la deuxième année. Alors que M. Corajoud et A. Provost recherchent cette complémentarité dans leur atelier commun et individualisent les notes. Tous, notamment B. Lassus, se plaignant par ailleurs du niveau bas du taux de vacations, qui revient de fait à un « bénévolat » de leur part.
Revenant sur la recherche en cours, P. Mainié fait état de l’intérêt des différentes démarches utilisées, mais déplore « la faible disponibilité des personnes concernées ». Trois nouveaux projets de recherche (P. Donadieu, P. Mainié) à financer par la Mission du paysage sont débattus. Le conseil retient quatre thèmes mis au vote : Constitution d’une banque de données végétales informatisées (P. Donadieu), l’arbre dans l’espace social contemporain (P. Donadieu, P. Mainié), problématique de projet (M. Corajoud) et perception et paysage (F. Blin). Ceux de P. Donadieu et de M. Corajoud sont retenus.
Naissance de l’Institut français du paysage
À la rentrée de l’année scolaire 1982-83, le compte-rendu du conseil des enseignants résumait le projet de création du groupe de travail interministériel Enseignement et promotion du paysage[13]. Présidé par P. Harvois, auteur du premier projet d’Institut du paysage en 1971-72, il avait réuni le 6 septembre les représentants du ministère de l’agriculture (Renard, Bellec, Chaux), de l’urbanisme et du logement (Dauge, Duport, Riquois, Lassus), de l’environnement (Letourneux), de la culture (Pattyn) et de la recherche et de l’industrie (Bruston), ainsi que M. Manya directeur du service des espaces verts de la ville de Marseille.
Etait prévue « la création d’un Institut français du paysage (IFP) » qui se substituerait à l’ENSP. Il s’agissait : « d’aller très vite pour obtenir un décret créant l’Institut et définissant le corps enseignant ». Méthode qui n’avait pas abouti à un succès en 1972 …
Le conseil a réagi immédiatement : où sera cet institut (P. Bordes) ? À Versailles répond R. Chaux. Pourquoi les professionnels n’ont-ils pas été consultés (M. Corajoud ) ? Ce dernier affirme que ces questions « relèvent des « penseurs du paysage et non des administrateurs ». R. Chaux rétorque que c’est le gouvernement qui décidera. M. Corajoud rappelle que « la présence de B. Lassus n’est pas due à ses qualités de paysagiste, mais à celle de conseiller technique de P. Harvois » (en fait il est conseiller technique de Yves Dauge et était présent parmi les membres de la commission Harvois en 1970).
Au conseil des enseignants suivants, on apprend que cette instance sera représentée par M. Corajoud, A. Provost, B. Lassus, R. Bellec et R. Chaux.[14]. L’hypothèse du déplacement de l’ENSH à Angers est confirmée pour 1986 (il n’aura lieu en fait que dix ans plus tard). Il est admis cependant par tous que « les problèmes d’horticulture ne sont qu’une fraction des préoccupations à prendre en compte dans la formation paysagère » (p . 3). Face aux propositions du futur conseil d’administration de l’IFP par R. Chaux. M. Corajoud fait voter à l’unanimité la proposition « d’une représentation majoritaire des enseignants chercheurs, membres du personnel et étudiants au conseil de l’IFP ».
Enfin, au bout de six ans de sélection, le concours d’entrée en 3ème année est suspendu en 1983-84 du fait des problèmes pédagogiques de niveau des étudiants qu’il pose aux enseignants (3 étudiants, les derniers, ont été recrutés à nouveau en 1982). En outre l’épreuve de représentation graphique du concours de première année, peu satisfaisante, devra être revue par un groupe de travail.
Le départ de G. Clément, qui enseignait l’utilisation des végétaux en première et deuxième année (130 h), est annoncé au conseil des enseignants du 25 février 1982 (pour des raisons de santé[15] et peut-être pour des raisons de mésentente avec les enseignants d’atelier qui lui demandaient d’enseigner dans le cadre de leurs ateliers). Un groupe de travail (Donadieu, Rumelhart, Aubry, Dauvergne, Tailhade-Collin) est désigné pour proposer un nouveau programme de travail, avec l’idée de reprendre cet enseignement dans le cadre du département de connaissance du milieu (dite « équipe d’écologie végétale »[16]). Une diversification de cet enseignement est envisagée par le conseil avec des apports en ethnobotanique, histoire de l’art, arts plastiques et des témoignages de praticiens.
Dans ce même compte rendu, on apprend que le comité interministériel à la qualité de la vie (CIQV) du 9 février, consacré (en partie) à la formation des paysagistes, n’envisage plus la création d’un premier cycle, au profit du développement d’un troisième cycle dans l’IFP ; qu’un groupe de travail (Dauvergne, Donadieu, Sgard, Dreyfus) se consacre à la demande ministérielle de formation en « paysage d’aménagement » à l’ENSP, demande qui ne semble pas satisfaite par les enseignants, non issus du CNERP. Que les enseignants paysagistes ne veulent pas d’une formation continue paysagiste qui spécialiserait les architectes, et qu’un cycle de quatre conférences de personnalités extérieures sera organisé l’année suivante à l’école[17] .
Conclusion
De cette étape de construction de la formation des paysagistes à l’ENSP, il faut retenir qu’elle est le résultat d’un assemblage improbable (et instable) entre des polarités culturelles différentes et parfois opposées.
Entre les enseignements techniques au service de la pédagogie d’ateliers, et les enseignements scientifiques pris en charge surtout par des enseignants de l’ENSH ou leurs héritiers ; entre les tenants du « paysagisme d’aménagement » issu du CNERP et demandé par les ministères chargés de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, et ceux d’une formation à la maîtrise d’œuvre opérationnelle défendue par les organisations professionnelles (Société française du paysage, Chambre syndicale des paysagistes) ; entre deux conceptions de la pratique paysagiste, l’une pragmatique défendue par M. Corajoud et A. Provost, et l’autre conceptuelle et plasticienne théorisée par B. Lassus.
Sans compter l’idée que cette formation devait concerner également le monde agricole et celles de l’écologie politique et scientifique qui commençaient à circuler dans la société française après le premier choc pétrolier et la candidature écologiste de René Dumont à la présidence de la République en 1974.
Toutes les conditions étaient réunies pour que cette construction fragile explose. Ce qui se fit en deux temps, d’abord en 1983 avec le départ des enseignants de l’ENSH, puis en 1985 avec l’échec de l’Institut français du paysage (chapitre 9).
[2] En 1983, à la suite d’une grève des étudiants, la moitié des enseignants du département fut contrainte de cesser ses enseignements.
[3] Cette démarche sera théorisée dans la Lettre aux étudiants publiée en 2000.
[4] G. Kokoreff, Le traitement des ambiances nocturnes, 2e année, 1980, non paginé
[5] P. Mainié, Economie et espace, plan du cours, 11 p., 1979-80. Il expliquait « comment le paysagiste peut, dans le cadre de son activité professionnelle, faire éventuellement appel aux économistes pour être éclairé sur les phénomènes qui influencent ses projets concrets d’aménagement », p. 1. Ce cours d’économie spatiale (des physiocrates à Marx et au libéralisme économique) disparut avec la crise de 1983.
[6] P. Mainié, Gestion des entreprises paysagères, doc. ronéo., 12 p., 1980.
[7] D. Mohen, programme d’arts plastiques, ENSP, doc.ronéo.,1979.
[8] Atelier Paysage et aménagement du territoire, note de présentation, septembre 1980, 13 p.
[9] P. Dauvergne, Le paysage, point de vue des étudiants, cours sur les méthodes et les techniques d’analyse des sites et paysages, doc ronéo., np., mars 1980
[10] Compte rendu du conseil des enseignants de l’ENSP, 18 décembre 1980. 11 membres dont 6 enseignants de l’ENSH
[16] Selon une note manuscrite de M. Rumelhart de 1982 qui préconise « l’acquisition progressive par les étudiants d’une palette de base mettant en relation certains végétaux avec certains effets ou certains types d’utilisation qui leurs sont propres »
[17] Compte –rendu de la réunion du conseil des enseignants du 25 février 1982
Histoire personnelle du Centre national d’étude et de recherche du paysage
CNERP (1972-79)
par Yves Luginbühl
Photo prise par mon père, Emile Luginbühl (1913-1956), en 1952.
Cette histoire singulière a commencé pour moi bien avant la création du CNERP par Robert Poujade en 1972. Après un passage dans la recherche scientifique comme entomologiste médical, spécialiste des insectes vecteurs de maladies tropicales, comme la fièvre jaune ou la malaria, j’ai eu l’occasion de me frotter à la pratique du paysage en entrant dans une entreprise d’espaces verts – du moins est-ce ainsi que l’on qualifiait alors les entreprises de jardins et de parcs – l’entreprise Georges MOSER, filiale de l’entreprise de travaux publics Jean Lefèvre, dont le siège était à Versailles. Je fus embauché comme assistant chef de chantier, commençant par des travaux de maçonnerie sur un chantier d’un ensemble immobilier dénommé « Versailles Grand Siècle ». C’était l’hiver 1970 et il faisait un froid intense, j’en avais les doigts gelés.
Mes premiers objets de recherche : à gauche, Aedes aegypti, moustique vecteur de la fièvre jaune ; à droite, la puce du rat, vecteur de la peste.
Un peu plus tard, avec le statut de chef de chantier, j’ai travaillé à la réalisation de l’une des résidences secondaires de Marcel Dassault, à Coignières, près de Trappes : un terrain plat, où nous avons planté plus de 6000 peupliers, environ 2000 tilleuls ; les peupliers étaient destinés à cacher les châteaux d’eau de la gare de triage de Trappes que Marcel Dassault ne voulait pas voir depuis sa résidence secondaire, réplique du petit Trianon, qu’il avait fait construire sur une petite colline artificielle, en faisant appel à des artistes connus comme le père de Jean-Paul Belmondo, sculpteur, et Jansen, décorateur alors très connu. C’est sans doute l’expérience de chantier la plus extraordinaire que j’ai connue, où j’ai pu observer les comportements humains les plus rapaces, avides et honteux. Tous les responsables du chantier en ont profité pour s’en mettre plein les poches, à commencer par l’architecte qui racontait partout qu’avec le fric qu’il ramassait, il pouvait se payer toutes les call-girls (pour être poli !) qu’il voulait.
Propriété de Marcel Dassault à Coignières, après sa mort. A gauche, vue aérienne de sa résidence secondaire, modifiée depuis que je l’ai vue en 1970 ; à droite, l’allée qui conduit à l’entrée du parc avec le mur d’enceinte.
Ce chantier fut sans doute le plus bénéfique financièrement que l’entreprise MOSER a connu, tout se faisait en régie, chaque peuplier a coûté l’équivalent d’un salaire d’ouvrier, soit 400 Francs de l’époque. Le mur d’enceinte de la propriété a coûté l’équivalent d’un avion de chasse Mirage, c’est-à-dire un milliard de francs. Je pourrais raconter un vrai roman sur cette expérience ; et en particulier les visites de Marcel Dassault, tous les 15 jours, un samedi matin où l’entreprise envoyait tous ses ouvriers sur le chantier, 500 environ. Ceux-ci se mettaient le long de la route qui faisait le tour du golf de 9 trous du milliardaire avec toujours un chapeau, une casquette ou un béret et lorsque Marcel Dassault passait dans sa Rolls-Royce avec son chauffeur, fenêtre ouverte, les ouvriers s’abaissaient en tendant leur couvre-chef et Dassault lâchait un billet de 100 Francs dedans. Tout fonctionnait comme cela, le gardien, ancien CRS, menaçait les chefs de chantier de dénoncer les problèmes de dégradation d’un arbre qui pouvait arriver et l’entreprise lui offrait des arbres, comme un cèdre en bac de 4 mètres de haut ou 50 rosiers tiges pour son propre jardin.
Je ne raconte pas cette aventure pour ses anecdotes, mais pour situer un contexte du domaine de la réalisation des parcs et jardins de l’époque. Il me semble que ce cas est significatif du climat de corruption qui régnait alors dans ce secteur (l’entreprise MOSER avait aussi le chantier des espaces verts du périphérique ouest de Paris et c’était là la corruption généralisée). Mais en même temps, cette expérience m’a permis d’apprendre beaucoup des pratiques paysagistes en les mettant en œuvre moi-même. Notamment lors du chantier du parc d’Elancourt dont Michel Corajoud était le concepteur, puis le parc André Malraux avec Jacques Sgard, à la Défense.
A gauche, le Parc André Malraux à la Défense réalisé par Jacques Sgard, dont j’ai dessiné les plans d’exécution ; à droite, le parc des Coudrays à Elancourt, conçu par Michel Corajoud, dont j’ai également réalisé les plans d’exécution.
Puis vint le CNERP : je ne sais plus vraiment comment j’ai eu connaissance de la création de cet organisme, sans doute par le bouche à oreilles ou la presse, mais j’ai su que le ministre chargé de l’environnement de l’époque, Robert Poujade allait le créer et lancer un concours de recrutement de stagiaires. Je me suis porté candidat en tant qu’ingénieur agronome et à ma grande surprise, j’ai été reçu. Je n’ai pas démissionné tout de suite de l’entreprise MOSER qui m’a permis de suivre les séminaires pendant environ deux ans tout en assurant le suivi des plans d’exécution du parc André Malraux à la Défense pour Jacques Sgard. Là également, je pourrais raconter pas mal d’anecdotes croustillantes.
Je me suis donc retrouvé 45, rue de Lisbonne à Paris avec les autres stagiaires, dont 6 paysagistes de Versailles, Alain Levavasseur, Georges Demouchy, Jean-Pierre Saurin, Didier Corot, France Trébucq et Jean-Pierre Clarac, une paysagiste hongroise, Zsuzsa Karpati-Cros, une sociologue, Christiane Tournier, un biologiste, Pierre Poupinet, un géographe, Bernard Brun, trois architectes, Luc Etivant, Bertrand Lavier et Claire Michenet, un juriste, Alain Sandoz. Nous étions donc 15 stagiaires.
Un premier constat : l’enseignement a été plutôt passionnant, presque luxueux, avec des séminaires mobilisant des noms de spécialistes animés par le personnel enseignant comme Bernard Lassus, Jacques Sgard, Charles Rossetti, Rémi Pérelman, ou Michel Macary, architecte, Jean Challet, paysagiste, Jacques Montegut, botaniste, et Pierre Dauvergne, notamment. Je me souviens surtout de la visite que les stagiaires ont faite à l’Institut du Pétrole pour apprendre la technique des photographies aériennes, puis le voyage que nous avons fait dans le midi, à l’étang de Berre, à Fos-sur-Mer, qui nous a donné l’occasion de voir les aménagements industriels et pétroliers et de les commenter avec le personnel encadrant. Certains séminaires sur la discipline de l’écologie m’ont permis de me familiariser aux nouvelles connaissances alors que j’avais un diplôme d’entomologiste avec une dimension écologique (j’avais fait un mémoire de DEA sur l’écologie des moustiques dans le Languedoc).
Je passe sur tous les séminaires qui ont été organisés et en particulier un séminaire sur l’esthétique avec un musicien (Pierre Mariétan) qui m’a vraiment frappé. Il s’agissait de nous sensibiliser à l’esthétique musicale contemporaine, qui pouvait paraître un peu barbare par rapport à la musique classique que j’ai pratiquée en faisant partie de la chorale du conservatoire de Grenoble. Je dois dire que c’était une expérience intéressante.
L’une des présentations d’étude qui m’a apporté beaucoup est celle qu’une équipe dirigée par Pierre Dauvergne a réalisée sur la vallée de la Loire lorsqu’il travaillait à l’OREALM, Organisation d’Études d’Aménagement de la Loire Moyenne. Cette étude a été la première étude de paysage à l’échelle de l’aménagement du territoire effectuée en France. Elle a été conduite par une équipe composée de paysagistes de la Section du paysage et de l’art des jardins de l’Ecole Nationale d’Horticulture de Versailles (Jean-Pierre Saurin, Georges Demouchy, Daniel Jarry, et Michèle Delaigue), et d’écologues du Centre d’Etudes Phytosociologiques et écologiques de Montpellier (CEPE). Cette étude a fait l’objet d’un long rapport publié sous le nom de « Le paysage rural et régional »1. Le contenu de l’étude est aussi intéressant que la méthodologie mise en œuvre : c’est en effet la première fois que le terme de sensible est utilisé pour désigner les manières dont le paysage est perçu, mais il est surtout question de perception visuelle à travers des vues et des points de vue ou des champs de vision précisés sur des coupes de la vallée de la Loire ; la perception se limite encore presque exclusivement au visuel, même si l’on parle de sensations. A travers cette étude, j’ai découvert un nouveau champ sémantique du paysage, celui des perceptions (ou des représentations sociales des paysages) qui deviendront plus tard un objet majeur de mes recherches. La méthodologie de cette étude consistait à analyser les paysages et leurs évolutions et à intégrer les prescriptions dans les documents d’urbanisme de l’époque, c’est-à-dire les POS et les SDAU. En fait, il s’agissait de faire un diagnostic de l’état des paysages et des évolutions qu’ils subissaient, puis de proposer des actions d’aménagement destinées à améliorer la qualité des paysages. Cette question de la qualité des paysages a donné lieu à des débats interminables qui ne sont toujours pas complètement terminés. En effet, ce problème n’est pas évident à conceptualiser, car les représentations sociales des paysages interviennent dans leur diversité et rien ne peut certifier que des acteurs de l’aménagement du territoire puissent définir ce que constitue la qualité d’un paysage. C’est pourquoi la recherche s’est orientée vers l’analyse des valeurs attribuées aux paysages par les populations concernées et s’est penchée sur l’étude des représentations sociales des paysages en réalisant des enquêtes ou des entretiens semi-directifs auprès de diverses catégories de population. C’est ce que l’on verra apparaître plus tard, bien après le CNERP, dans les années 1980 à 1990 avec les premiers appels d’offres de recherche pour la communauté scientifique.
Dans cette étude, la partie écologique se résumait à une analyse des formations phyto-sociologiques, et l’articulation avec les analyses des paysagistes n’était pas vraiment faite. On ne peut pas dire qu’il s’agissait d’interdisciplinarité telle qu’elle sera pratiquée plus tard dans les programmes de recherche sur l’environnement du CNRS. Mais elle avait l’avantage de révéler les paysages composés d’associations de plantes qui pouvaient correspondre à des unités de paysage telle que les paysagistes les définissaient.
Plus tard, le CNERP s’est engagé dans la réalisation d’études à caractère méthodologique pour passer du paysage de l’échelle du jardin à celle de l’aménagement du territoire ; cet objectif faisait partie de la mission de l’organisme. Comme celle de réunir la documentation spécifique confiée à Sarah Zarmati ; ou celle de la formation des cadres et techniciens des administrations concernées, qui a débuté la seconde année avec Anne Kriegel, stagiaire recrutée en 1973. Les premières études du CNERP ont été au nombre de trois : celle du PNR du Faou, c’est-à-dire du Parc Naturel d’Armorique, celle du plateau de Valbonne Sophia-Antipolis, et celle d’une route de Champagne, l’axe Reims-Chalon sur Seine, avec Bertrand Lavier et Claire Michenet. Trois équipes ont donc été formées pour assurer la réalisation de ces études. Je fis partie de celle de Valbonne Sophia-Antipolis avec Georges Demouchy, France Trébucq, Didier Corot et Georges Brun. Cette expérience fut à la fois profitable, intéressante, mais aussi un peu difficile ; je m’explique : en tant qu’agronome de formation, je fus considéré par mes collègues comme un ingénieur insensible au paysage, notamment par Georges Demouchy qui n’a pas cessé de me critiquer en raison de ma formation. Pourtant, je ne me considérais pas du tout comme insensible au paysage qui a, pendant toute ma jeunesse, été fondamental dans mon expérience personnelle de l’espace géographique ; j’ai vécu toute ma jeunesse dans un parc d’un ministre de Napoléon III, dans la vallée de l’Isère, face à la chaîne de Belledonne, que j’ai pu contempler chaque jour ; c’est aussi pour cette raison que j’ai fait de longs voyages, comme celui que j’ai eu la chance de réaliser en 1968 lorsque je suis parti avec trois amis en Afghanistan en voiture en traversant toute l’Europe, la Turquie, l’Iran.
Ce fut l’occasion de contempler de sublimes paysages, j’ai d’ailleurs appris à filmer lors d’un stage à l’ORTF et j’ai réalisé un film sur ce pays en 16mm. L’année suivante, je suis allé en Inde, à Ceylan, au Népal, puis au Pérou avec mon épouse qui m’a également accompagné lors d’un second voyage en Afghanistan, cette fois en avion. L’argument que m’opposaient certains paysagistes du CNERP était pour moi une sorte d’offense. En tout cas, cette opposition entre la vision de paysagistes sur une autre discipline en dit long sur les représentations que nous nous construisons des disciplines autres que celle à laquelle nous appartenons. C’est un sujet que j’ai pu approfondir plus tard, lorsque je suis devenu chercheur au CNRS. J’ai d’ailleurs écrit des articles et un ouvrage dans lequel un chapitre entier est consacré à la question de la sensibilité aux paysages.
Photographies de mon voyage en Afghanistan en 1968 : en haut à gauche, lac de Band-I-Amir ; au milieu, ancienne forteresse de Sohak ; à droite, l’un des Boudas de Bamyan qui a été détruit par les Talibans ; en bas, femmes turkmènes devant leurs yourtes à Band-I-Amir ; au milieu, près du col de Tajihak, à 4500 mètres d’altitude, devant un caravansérail en ruines ; à droite, une femme Kutchi et ses enfants, à Kunduz au nord du pays.
Les paysages de mon enfance : en haut à gauche, la dent de Crolles, à droite, la Meije et ses glaciers, spectacle quotidien pendant mes vacances d’été, en bas, chaîne de Belledonne et de la Chartreuse ; j’habitais dans la vallée de l’Isère, entre ces deux chaînes de montagne.
Toujours est-il que j’ai contribué à cette étude de Valbonne Sophia-Antipolis sur un territoire qui était alors presque sauvage, inoccupé, abandonné, mais très agréable à vivre et qui était destiné à un aménagement d’espaces de déploiement des nouvelles technologies. Il y avait, au milieu des 2500 hectares de ce terrain, une ancienne ferme entourée de terrasses de culture abandonnées, mais superbes et que nous pensions transformer en un centre à vocation culturelle autour du paysage ; dans cet espace peuplé de pins maritimes, de chênes verts et de plantes de garrigue, j’ai été frappé par les odeurs des végétaux qui me rappelaient les romans de Jean Giono.
Photographies de Sophia-Antipolis, en haut, une carte actuelle et le bâtiment de l’université.
En bas, vue aérienne et rivière La Bouillide qui traverse le site.
Je suis revenu bien plus tard à Sophia-Antipolis pour un colloque et je n’ai pratiquement rien reconnu. Tout l’espace avait été construit et il ne restait presque plus rien de ce que j’avais connu. Mais je n’ai pas pu m’aventurer dans tout l’espace et n’ai pas pu voir si cette ferme ancienne avait été conservée. Ceci pour dire que les souhaits des paysagistes du CNERP de conserver une grande part de l’espace naturel n’avaient pas été respectés et qui montre que le paysage passait alors très loin derrière les enjeux économiques. Certes, les choses ont un peu changé, mais le paysage passe toujours après la biodiversité ou le changement climatique, bien que ces deux enjeux puissent être informés par le paysage, notamment grâce aux structures paysagères qui sont assimilables aux zones de connexion biologique. Mais la communauté des écologues est beaucoup plus puissante que celle des paysagistes ou des chercheurs sur le paysage et ils imposent souvent leurs visions du monde naturel ou anthropisé.
Après cette expérience, j’ai pu participer à d’autres études, comme celle du Plan d’aménagement rural de l’Argonne. Ce fut, je pense, une autre expérience autrement enrichissante où j’ai pu mesurer le poids de l’histoire dans la formation d’un paysage martyrisé par la Guerre de 14-18. Avec la petite équipe qui contribuait à cette étude, nous pouvions, lors de nos explorations pour analyser ce paysage, observer les anciennes tranchées, les trous d’obus, les balles de mitrailleuses dans les chemins ou dans les écorces et troncs des arbres. C’est d’ailleurs pourquoi, lors de mes travaux ultérieurs de recherche, j’ai toujours donné à la dimension historique une importance capitale. Je pense par ailleurs que la dimension historique n’était pas assez développée au CNERP, notamment dans les séminaires. C’est pourtant par la dimension historique que l’on a pu, dans les années 1990 et plus tard, théoriser les sens du terme paysage à travers l’analyse des premières occurrences du mot dans les langues européennes et les évolutions des significations du paysage avec celles des contextes sociaux, politiques et économiques.
Paysage d’Argonne, où j’ai participé à l’étude paysagère du Plan d’aménagement rural ; on y voit la forêt, siège de terribles combats pendant la Guerre de 1914-18.
Une autre étude qui m’a passionnée lors de mon séjour au CNERP fut celle que nous avons entreprise en 1977 avec Pierre Dauvergne dans les Pyrénées centrales, dans la vallée d’Aspe, à Aydius, petit village perdu dans la montagne, isolé, seulement accessible par un chemin non goudronné et pour lequel la direction départementale de l’équipement nous demandait notre avis sur les effets de la construction d’une route sur le paysage de la vallée2. Ce paysage était surprenant, surtout en raison des sentiers bordés de buis taillés serpentant sur les flancs de la vallée : c’était magnifique et nous craignions que la route fasse disparaître ces sentiers qui n’auraient alors plus d’utilité ; les buis servaient aux paysans à confectionner des boules pour les chapelets vendus à Lourdes. Cette étude fut pour moi l’occasion de réfléchir à la création de paysages par des communautés paysannes, avec leurs propres savoir-faire et leur culture de la nature ; une manière de se distinguer d’une esthétique formelle et officielle, défendue par les esthètes des associations de protection du paysage, comme la SPPEF, créée au début du 20ème siècle.
Aydius, village de la vallée d’Aspe, dans les Pyrénées, lieu de l’étude paysagère réalisée par une équipe du CNERP. A gauche, on voit bien les haies de buis qui bordent les sentiers d’accès aux fermes.
Entre temps, le CNERP avait déménagé à Trappes, dans un bâtiment mal isolé, avec du bardage de tôles dans un coin pourri, à l’intersection de deux routes et à 5 minutes à pied de la gare de Trappes. L’hiver, il y faisait froid et en été, on y crevait de chaud. Une vraie catastrophe énergétique. Le CNERP avait beaucoup changé, le directeur était Rémi Perelman, le responsable des études Pierre Dauvergne et je me suis retrouvé responsable de la cellule audiovisuelle, chargé de monter une collection de photos de paysages (une diathèque) et de réaliser des montages audiovisuels sur des thèmes divers. Je m’étais spécialisé sur les carrières et sablières et je me suis formé une connaissance du sujet, en visitant des carrières et sablières pour sensibiliser les techniciens des administrations concernées aux effets paysagers de ces lieux d’extraction des matériaux du sol. A cette époque existait une taxe parafiscale sur les tonnages de granulats extraits qui permettait d’aménager les lieux après extraction. C’est ce qui a permis de réaliser des documents de sensibilisation au réaménagement des carrières et sablières et même un film en 16 mm sur l’évolution des sablières de la confluence entre la Seine et l’Yonne ; j’avais alors une caméra 16 mm Beaulieu que j’avais acquise pour mes voyages en Asie et en Amérique du sud. C’était la seconde année du CNERP qui avait recruté la seconde promotion de stagiaires et notamment Anne Kriegel, architecte qui s’occupa des opérations de sensibilisation. Le CNERP avait aussi recruté des personnels spécialisés, en l’occurrence Jean-Pierre Boyer qui m’assista dans la cellule audiovisuelle, ainsi que Pierre Vantouroux, technicien de l’audiovisuel. C’est avec eux que le film fut réalisé.
Dans l’action sur les carrières, je me souviens également d’une opération dans les Alpes Maritimes qui avait été peinte en vert pour l’intégrer au paysage. J’étais effaré par une telle opération qui ne résolvait rien, mais qui répondait aux exigences esthétiques de l’époque. J’ai pu aussi assister au réaménagement d’une carrière près de Mantes-la-Jolie, près de l’autoroute A13, qui avait un objectif de remettre en état paysager et écologique les fronts de taille du calcaire. C’était quand même plus pertinent que de peindre en vert une falaise de calcaire. Les opérations de sensibilisation sur les carrières et sablières furent conduites en association avec Anne Kriegel et nous organisions les débats avec les participants, toujours perplexes sur des objectifs à caractère paysager ; il était plutôt question de réaménager ces lieux avec un objectif agricole, la remise en culture, ou écologique, favoriser le développement de la flore ou de la faune. Il fallait alors montrer que les objectifs agricoles ou écologiques n’étaient pas incompatibles avec un objectif paysager ; de nombreuses sablières furent aménagées en étangs de pêche.
L’activité audiovisuelle dont j’étais chargé ne m’a pas empêché de participer à d’autres études paysagères ; et notamment une étude sur le patrimoine paysager dans la vallée de l’Armançon, affluent de l’Yonne. Ce patrimoine était très important, il s’agissait de petits éléments du paysage rural le long de la rivière, comme les lavoirs, les abreuvoirs pour les animaux et surtout en amont, dans trois vallées parallèles en Bourgogne du patrimoine vigneron qui était menacé de disparition, en raison de l’abandon de la vigne après la crise du phylloxéra. Cette étude fut conduite avec une paysagiste, Marie-Noëlle Brault qui fit partie d’une promotion de stagiaires. Je me souviens surtout d’une mission en plein hiver où le givre ornait tous les arbres proches de l’Armançon et qui donnait au paysage un aspect singulier, particulièrement magnifique.
Je me suis également intéressé aux paysages de montagne : avec le CEMAGREF de Grenoble et surtout Bernard Fichesser, nous avons réalisé un document audiovisuel sur les paysages de montagne avec des diapositives venant de la diathèque du CNERP et de celle du CEMAGREF. Avec Bernard Fichesser, nous avions des divergences de sens sur le paysage, mais nous parvenions à surmonter nos différences de conception. Lui-même avait une vision relativement esthétique du paysage, alors que pour moi, le paysage était d’abord un objet d’aménagement du territoire et soumis à des valeurs diverses selon les acteurs. Dans le domaine du paysage de montagne, il existait une théorie dénommée « sitologie », issue des travaux de deux architectes, Faye et Tournaire ; ils proposaient des principes de construction fondés sur la pente du terrain et sur les pentes des toits des bâtiments : ainsi, si un versant avait une pente de 45°, il fallait que les toits des constructions aient une pente de 45°. J’estimais pour ma part que cette pratique était simpliste pour ne pas dire stupide. Alors que je venais des Alpes où j’avais passé toute ma jeunesse et mon adolescence, j’avais pu observer les chalets ou les fermes d’alpages ou les villages de haute montagne et jamais je n’ai pu affirmer que les toits de ces constructions avaient une pente égale à celle des versants, et d’autant plus que si on observait un bâtiment d’un autre côté, il n’avait pas du tout la même configuration.
En tout cas le travail réalisé avec Bernard Fichesser a quand même abouti à ce document audiovisuel qui fut un moyen de sensibiliser les élus des communes de montagne à la question du paysage. Et je peux également dire que ce travail m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances sur le paysage de montagne, comme ce que l’on appelait la zone de combat, à la limite des forêts, là où commencent les prairies d’alpage ou d’estive. Pourquoi combat ? Parce que c’est la lutte des arbres contre l’âpreté de la nature, les conditions de froid et d’enneigement. C’est pourquoi, dans cet espace, les arbres sont souvent chétifs, en raison des conditions climatiques extrêmes.
Après la première année du CNERP, les séminaires de formation tels que je les ai connus, ont cessé et je pense que c’était regrettable. Il existait une tension entre les paysagistes internes à l’organisme et la communauté externe des praticiens du paysage, ces derniers estimant que le CNERP leur faisait une concurrence déloyale. C’était notamment le cas de Michel Corajoud qui vint au CNERP pour une formation des stagiaires et qui ne décolérait pas devant la capacité du CNERP de conduire des études opérationnelles. Pour ma part, je pense qu’il y avait dans cette position une certaine mauvaise foi, car ce paysagiste n’avait pas à se plaindre des contrats qu’il avait lui-même avec des collectivités territoriales. Evidemment, il pouvait prendre cette position pour les autres, et notamment les plus jeunes qui cherchaient du travail. Plus tard, j’ai eu l’occasion de réfléchir à cette question de l’accès des paysagistes aux appels d’offre des collectivités territoriales. Il me paraît clair que le domaine du paysage fonctionne comme celui de l’architecture où des praticiens connus, voire des stars du métier n’ont aucun problème pour accéder à des opérations bien payées. Mais les plus jeunes souffrent de leur non reconnaissance dans le domaine. Je sais d’ailleurs que certains jeunes paysagistes ont abandonné leur métier pour se retrouver caissier à la FNAC ou dans un supermarché.
Un jour, je déjeunais avec un élu d’une ville où avait été lancé un appel d’offres sur un plan de paysage : je connaissais une jeune équipe qui avait répondu ; je demandais à l’élu qui avait eu une réponse positive ; il me répondit que c’était un certain paysagiste bien connu et je lui demandais ce qu’il en était de la jeune équipe : il me répondit qu’ils n’avaient pas assez d’expérience. Bien évidemment, si une collectivité ne leur attribue pas d’opération, ils ne risquent pas d’avoir de l’expérience. En outre, je connaissais le paysagiste qui avait obtenu l’opération, et je pense qu’il n’avait pas plus de capacités que la jeune équipe qui cherchait à innover dans les méthodes et en particulier par des dispositifs participatifs. Bref, il me semble qu’il y aurait une sérieuse réflexion à engager sur la manière dont les appels d’offre sont organisés et attribués.
Le CNERP s’est étoffé, avec un centre de documentation créé dès le début et dirigé par Sarah Zarmati, assisté ensuite par Nicole de Gouttes et Claudine Zysberg. Ce centre a rassemblé plusieurs milliers de livres, a réalisé des notes bibliographiques et des recherches documentaires. Le grand problème de cet organisme est son mode de financement. Le budget ne repose pas sur une subvention du ministère chargé de l’environnement, mais sur la recherche de contrats avec des institutions et des collectivités territoriales : c’est la course au contrat. Pour faire fonctionner l’organisme, il faut que son directeur, Rémi Perelman, plus ou moins assisté de Pierre Dauvergne ou d’autres membres chargés de mission, cherchent des opérations d’étude qui sont financées par une institution. C’est un cercle infernal et il est arrivé que nous attendions nos salaires pendant un mois, parfois plus. Faire rentrer de l’argent était difficile et c’est d’ailleurs ce qui aura raison de la pérennité du CNERP. Mais en attendant sa fin, seul le recours à un financement extérieur est possible.
Le CNERP s’est aussi équipé, de plusieurs voitures de fonction qui permettent aux membres d’aller sur le terrain pour les études. Il faut donc payer les voitures, leurs assurances, l’essence et les réparations éventuelles ou l’entretien. En outre, les études s’accompagnent toujours de nombreuses photos dont il faut acheter les pellicules et les faire développer. C’est la cellule audiovisuelle qui s’en charge et j’ai passé un accord avec un magasin de photographies qui nous fournit en matériel et en pellicules. Parfois, nous avons recours à un laboratoire de photographie qui est de grande qualité, mais bien plus onéreux. Tout ceci a un coût qui ne cesse d’augmenter et les problèmes financiers du CNERP croissent avec le temps.
Mon intention n’est pas de développer l’ensemble des travaux que le CNERP a réalisés dans sa courte existence. Je souhaite mentionner cependant un voyage en Angleterre qui était l’un des pays les plus avancés alors sur la question de l’aménagement des paysages avec les Pays-Bas. Ce voyage conduisit la totalité de l’équipe du CNERP dans la région de Sheffield où l’université avait conduit des études et des recherches sur le paysage : nous avons visité le Peak Park, où le paysage est composé de prairies d’élevage de moutons principalement, celles-ci étant séparées par des murets de pierres sèches. Puis nous sommes allés à Glasgow, pour rencontrer les chercheurs de l’université qui avait développé des études et recherches sur le paysage. Ce fut une expérience instructive pendant laquelle nous avons pu mesurer les différences de conception et de méthodes. Personnellement, j’en ai retenu des connaissances qui m’ont servi plus tard dans ma carrière de chercheur, lorsque je me suis intéressé à la formation historique des enclosures et en particulier du bocage. Ce domaine a constitué un axe de recherche important de mes recherches qui ont donné lieu à de nombreuses enquêtes auprès des habitants et surtout des agriculteurs ; les entretiens m’ont ouvert les yeux sur la diversité des pensées du paysage.
Il me semble que le plus important, après cette expérience du CNERP qui prit fin en février 1979, est de réfléchir à ce qu’elle m’a apporté. Le premier point concerne la question de la sensibilité au paysage ; dans les études du CNERP ou dans celles que j’ai eu l’occasion de consulter ou de conduire moi-même, la sensibilité renvoyait à celle du paysagiste. C’est ainsi qu’elle était formulée dans l’étude de paysage sur la Loire moyenne que j’ai mentionnée précédemment. Dans celles que j’ai conduite moi-même plus tard, la question de la sensibilité était et demeure différente : il s’agissait de savoir comment les acteurs locaux et en particulier les habitants percevaient le paysage de leur territoire. C’est d’ailleurs de cette manière que j’ai envisagé d’identifier les sensibilités aux paysages dans ma thèse de doctorat sur le vignoble de Bourgogne. C’est pourquoi j’ai réalisé des enquêtes sous deux formes : entretiens semi-directifs (environ 40) avec des habitants de six communes de la Côte viticole bourguignonne et enquêtes par questionnaires distribués dans les boîtes aux lettres (200). A cette époque, on ne parlait pas encore de représentations sociales des paysages, mais de valeurs attribuées aux paysages. C’est donc ces valeurs que j’ai cherchées à identifier auprès de cet échantillon d’habitants, vignerons ou d’autres catégories sociales. C’est ce qui m’a permis de constater un fort écart entre les valeurs attribuées aux paysages du vignoble et aux paysages des « montagnes », petits plateaux calcaires au-dessus des coteaux, couverts de friches ou de boisements sans intérêt forestier, où les petits vignerons ont cultivé de la vigne, du seigle ou des légumes, envoyé leur animaux alors qu’ils étaient polyculteurs ; les montagnes, d’altitude égale à environ 500 mètres ont été désertées après la Seconde Guerre Mondiale et surtout après la crise du phylloxéra, alors qu’elles avaient été occupées depuis une vingtaine de siècles au moins3. Cette crise avait fait chuter radicalement les prix du foncier sur les coteaux, c’est-à-dire les meilleures terres à vignes et les petits vignerons en ont profité pour acheter une parcelle ou deux.
Divers aspects de la côte viticole de Bourgogne : en haut, le village d’Auxey-Duresses (à gauche), la montagne en vue aérienne en infrarouge pour montrer les différentes espèces végétales (à droite)
En bas, l’occupation du sol de la montagne à partir du cadastre de 1826 (à gauche), la montagne et sa végétation d’épineux, de pins rabougris et de genévriers (à droite).
C’est de cette manière que la structure sociale du vignoble a fortement changé à partir de 1900 et surtout après 1950. Grâce aux enquêtes, j’ai pu me rendre compte de ce que représentait la sensibilité sociale aux paysages de cette région. Alors que celle qui concernait les paysages du vignoble était surtout des valeurs économiques, celle attribuée aux montagnes renvoyait à l’affectif, à la mémoire sociale, à la culture de la nature des petits vignerons, à l’imaginaire social où se déployaient des contes et légendes comme celle de la Vouivre chère à Henri Vincenot. La montagne, c’était et c’est toujours le lieu de la liberté, des pratiques marginales, le braconnage, les rencontres des amoureux, la recherche des escargots ou des fruits sauvages et des champignons : dans la montagne, parcourues de murgers, longs tas de cailloux que les paysans ont extraits des sols maigres pour pouvoir cultiver, chacun ou chacune à ses coins et ses recoins ; c’est ce qui m’a permis de comparer l’ensemble vignoble et montagne à la maison dans la conception de Gaston Bachelard (La poétique de l’espace)4 ; dans le vignoble comme dans les pièces de la maison, le salon ou la salle à manger, chacun respecte les règles communes ; dans le vignoble, tout est normé, chaque parcelle à droit ou non à une appellation (Appellation d’Origine Protégée) qui lui confère un statut singulier : vin régional ou communal, premier cru, premier grand cru ; dans le salon ou la salle à manger de la maison, on met les mains sur la table, on dit bonjour, on respecte son voisin et l’on se tient correctement. Sur la montagne, on est libre, on se moque des règles, on à ses coins ou ses recoins comme dans le grenier de la maison où l’on se retranche pour rêver. On rêve sur la montagne, on s’y isole seul ou avec son ami(e), d’ailleurs, lorsqu’on est au cœur de la montagne, on ne voit rien de la vallée et des coteaux ; parfois, après la pluie, le ciel se dégage au loin et on peut voir le Mont Blanc très loin. C’est comme dans le grenier d’où le regard s’évade par la lucarne. D’une certaine manière, mon passage au CNERP m’a permis de m’aventurer dans ce domaine de la sensibilité au paysage. En tout cas, j’ai retrouvé cette situation tout en analysant à partir des années 1990, après des recherches sur les représentations sociales, des paysages dans d’autres lieux ; c’est à partir de ces analyses que j’ai pu élaborer ma propre théorie des trois échelles des représentations collectives des paysages.
Complémentarité entre la montagne et le vignoble : en haut, deux aspects de la montagne avec une « cabotte », construction de pierres sèches où s’abritaient les petits paysans vignerons et un murger, sorte de ligne de cailloux de calcaire extraits du sol pour pouvoir cultiver. En bas, schéma des complémentarités entre le vignoble, la montagne et la plaine, et une vue du vignoble avec ses parcelles de vignes soigneusement ordonnées.
Le second enseignement de mon passage au CNERP concerne la question du projet de paysage. Celui-ci est le leitmotiv des paysagistes de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles où j’ai enseigné pendant plus de 20 ans. Or, ce terme n’a jamais fait l’objet, à ma connaissance d’une véritable définition. Il s’apparente le plus souvent au projet d’architecture alors qu’un objet architectural se distingue fortement d’un paysage ; un paysage évolue sans cesse, une construction peut évoluer, mais pas dans les mêmes conditions ni dans la même ampleur. Par ailleurs, la formulation d’un projet de paysage repose sur une étude relativement formelle et ne mobilise pas de données quantitatives, mais uniquement qualitatives. C’est ce qui distingue l’approche paysagiste de celle des géographes, des sociologues, anthropologues ou d’autres disciplines comme l’écologie notamment. Dans mon enseignement à l’ENSP de Versailles, j’avais introduit un exercice d’analyse du paysage d’un canton français et je tentais d’apprendre aux étudiants à utiliser les données statistiques qui peuvent, utilement, permettre d’étudier les évolutions d’un paysage : par exemple, les données des recensements de population (RGP) peuvent renseigner sur l’urbanisation, la qualité des logements, les résidences secondaires ; celles du recensement de l’agriculture (RGA) permettent de suivre l’évolution des cultures, de l’élevage, des prairies, des boisements, des bâtiments agricoles dans un paysage, notamment à l’aide de cartes d’évolution. Certes, il ne faut pas confondre paysage avec l’occupation du sol, mais on peut sans problème transformer une carte en deux dimensions en un bloc-diagramme en trois dimensions ; c’est d’ailleurs cet outil qu’utilisent souvent les paysagistes.
Cet enseignement rencontra l’opposition des professeurs de projet de l’école qui estimaient que l’usage de chiffres allait à l’encontre de la dimension sensible contenue dans le paysage. Si je fais cette remarque, c’est parce que dès le début du CNERP, dans les principes de la méthode paysagiste, les enseignants ou les intervenants lors des séminaires critiquaient souvent l’approche classique de l’aménagement du territoire, trop quantitative, qualifiée parfois de « froide », sans dimension sensible. Cette affirmation m’a souvent marqué et j’estime que l’on peut quand même utiliser des données quantitatives tout en étant à l’écoute des sensibilités sociales aux paysages. Dans cet enseignement du canton, les étudiants parvenaient toutefois à réaliser des cartes de l’évolution des logements, de l’agriculture et ils arrivaient à en tirer des conclusions pour le paysage qu’ils étudiaient.
J’en reviens au projet ; j’ai eu l’occasion d’étudier, à travers les programmes de recherche sur le paysage dont j’ai présidé les comités scientifiques au ministère chargé de l’environnement, de nombreuses approches du projet de paysage, en France ou dans d’autres pays d’Europe et même d’autres continents (Chine, Chili, notamment). Or, le terme de projet de paysage ne recouvre pas les mêmes principes dans d’autres pays. Au Royaume-Uni, le projet de paysage (Land planning) s’apparente davantage à un projet d’aménagement du territoire avec une dimension formelle, esthétique et parfois sociologique. Lors d’un colloque organisé dans le cadre des programmes de recherche du ministère de l’environnement, une équipe autrichienne exposa sa conception du projet de paysage : pour eux, le projet se distinguait du projet classique livré « clés en mains », par son caractère adaptatif ; que signifie ce qualificatif ? Il s’agit d’un projet qui n’est jamais terminé et qui évolue au fur et à mesure de son avancement. Plus précisément, lorsqu’une proposition d’aménagement d’un lieu est avancée, de nouvelles connaissances sont produites et il s’agit alors de les introduire dans le projet qui en sera modifié et ainsi de suite. D’une certaine manière, le projet avance avec une boucle de rétroaction. J’ai été assez captivé par cette méthode et ai pu l’analyser plus profondément dans l’un de mes ouvrages.
Une autre remarque sur le projet de paysage : dans les théories les plus répandues chez les paysagistes, le projet est l’œuvre de l’artiste qui le dessine en tenant compte de son environnement paysager et de ses propres idées de ce que celui-ci peut imposer au dessin. Du moins était-ce la conception la plus répandue dans un premier temps. A partir du moment où la Convention Européenne du Paysage5 a été adoptée (octobre 2000 à Florence) et ratifiée par la France (juillet 2006), les conditions d’élaboration d’un projet de paysage ont fortement changé. En effet, la convention prône la prise en compte de ce qu’elle dénomme « aspirations des populations », dans un objectif louable de mettre le citoyen au cœur du projet, pour la qualité de son cadre de vie. La convention n’est plus centrée sur les paysages remarquables, mais sur les paysages du quotidien, c’est-à-dire le cadre de vie des populations. En termes de projet, il est clair ainsi que l’artiste, si tel doit se considérer un paysagiste, ne peut décider tout seul de ses orientations et qu’il doit modifier sa posture en écoutant les acteurs du paysage ou de l’aménagement du territoire. Les nouvelles générations de paysagistes ont pris la mesure de cette tendance qui est d’ailleurs mondiale, surtout celles issues de l’école de Bordeaux, alors que ceux qui sortent de l’enseignement de Versailles ont plus de difficulté à s’orienter vers des dispositifs de participation citoyenne, tant la pédagogie les a persuadés de s’en tenir au projet proche de celui de l’architecture, plus ou moins fermé sur lui-même.
Toujours est-il que les projets de paysage participatifs se sont développés et qu’il en existe de très nombreux désormais dans tous les pays d’Europe, sur le continent américain, au nord comme au sud et même en Chine. J’ai eu l’occasion d’entendre une communication sur un projet participatif de jardins partagés dans une banlieue de Shanghai lors d’un colloque à Fuzhou dans le sud du pays. Dans un rapport sur le thème « Paysage et démocratie », que j’ai rédigé pour le Conseil de l’Europe, j’ai ajouté en annexe de nombreux exemples de projets de paysage participatifs en Europe. Ils sont maintenant assez connus et d’autres chercheurs se sont penchés sur la question. Ceci dit, il existe de multiples formes de participation, depuis la sensibilisation jusqu’à la négociation. Mais la participation citoyenne n’est pas la panacée : certains projets réussissent, et d’autres échouent, car les conditions de leur réussite sont complexes ; le plus souvent, si le projet participatif provient d’une collectivité territoriale, il a moins de chance de réussir qu’un projet issu d’une association, tout simplement parce que ce qui émane d’institutions politiques provoquent la méfiance des électeurs. Il est aussi clair que la question de l’animation est importante, celle des connaissances mobilisées également. En tout cas, lors de l’existence du CNERP, on ne parlait pas de projet participatif, alors qu’ils existaient aux Etats-Unis depuis les années 1960, grâce à John Dewey, philosophe et spécialiste des questions d’éducation.
Lors de mon séjour au CNERP, il y a eu une tentative de s’interroger sur les perceptions sociales des habitants ; je me souviens qu’une étude menée dans la vallée de la Loire avait envisagé d’interroger des habitants, mais ce n’est pas allé plus loin.
Quant à la recherche, dont le terme figure dans le nom de l’organisme, je pense que malgré deux tentatives avec des réponses positives à l’appel d’offres du ministère de la culture, les résultats ne furent pas très probants. J’y participais, sur les paysages de coteaux, en Bourgogne, et ce fut là le début de ma thèse.
Finalement, le paysage est resté plutôt attaché à la valorisation touristique des territoires, ce que certains appellent le marketing territorial. Ce n’est pas nouveau : le paysage est à vendre, comme le dit Alain Levavasseur à propos de A. Huxley ; bien avant ce célèbre écologue avant la lettre, Elisée Reclus, en 1866, avait écrit :
« Sur le bord de la mer, les falaises les plus pittoresques, les plages les plus charmantes sont aussi en maints endroits accaparées soit par des propriétaires jaloux, soit par des spectateurs qui apprirent les beautés de la nature à la manière des changeurs évaluant un lingot d’or (…). Ces paysages sont découpés en carrés et vendus au plus fort enchérisseur (…). Puisque la nature est profanée par tant de spectateurs à cause de sa beauté, il n’est pas étonnant que dans leurs travaux d’exploitation, les agriculteurs et les industriels négligent de se demander s’ils ne contribuent pas à l’enlaidissement de la terre (…). Quant à l’ingénieur, ses ponts et ses viaducs sont toujours les mêmes, dans la plaine la plus abrupte ; il se préoccupe non de mettre ses constructions en harmonie avec le paysage, mais uniquement d’équilibrer la poussée et la résistance des matériaux. »6
J’ai déjà dit qu’aujourd’hui, le paysage passe après les enjeux du changement climatique et l’érosion de la biodiversité ; c’est un fait reconnu par tous les paysagistes qui sont passés par le CNERP, mais il ne faut pas abandonner l’idée que le paysage peut aussi servir ces causes planétaires. Sur cette question, la communauté des écologues est divisée entre les opposants au paysage et ceux qui estiment que ce concept peut être utile pour analyser les flux de biomasse, c’est-à-dire des espèces végétales ou animales. Il est même curieux d’entendre des écologues prétendre qu’il vaut mieux protéger le loup dans les alpages plutôt que les moutons, au nom de la biodiversité. Or, on le sait, la biodiversité est bien plus maintenue par les moutons que par l’absence de pastoralisme ; l’exemple du narcisse des Glénan est là pour le confirmer : l’espace où poussaient ces narcisses endémiques avait été enclos pour les protéger des moutons ; une autre végétation s’est développée, et les narcisses ont disparu. Lorsque l’on a enlevé les clôtures et remis les moutons, les narcisses sont revenus. Ceci dit, dans toute communauté, il existe toujours des individus radicaux et des individus plus ouverts à des idées nouvelles et ouvertes sur les autres pensées. C’est aussi vrai pour les écologues et les paysagistes. Il est finalement heureux que des controverses existent, car c’est d’elles que naît le débat et peut aboutir à des compromis et non à un consensus, car ce dernier est la pire des solutions, il aplanit la diversité des idées et favorise la langue de bois.
J’aurais sans doute encore de nombreuses remarques à faire sur le CNERP, je regrette seulement que cet organisme innovant et qui aurait pu apporter de nouvelles méthodes et réflexions ait subi l’inconséquence des institutions de l’Etat qui ne lui ont pas donné les ressources financières auxquelles il aurait dû avoir droit, et aussi d’un certain corporatisme des paysagistes qui le considéraient comme un concurrent et qui ont tout fait pour sa disparition ; le CNERP s’est terminé en février 1979, ses membres en sont partis ou ont été répartis dans des services du ministère de l’environnement ; moi-même ai été recruté à la Mission Paysage ; malgré le bref séjour que je fis à la Mission Paysage, j’ai pu, à l’initiative de Lucien Chabason, chef de la mission, développer une approche originale du paysage : il s’agissait de relancer une activité économique en perte de vitesse qui produisait un paysage singulier, la culture de la lavande dans le sud-est de la France ; Lucien Chabason avait lui-même une maison dans le Vaucluse, près des « Dentelles de Montmirail » et il était inquiet sur l’avenir de la lavande, touchée par un parasite qui mettait en péril sa culture. J’ai donc pris contact avec l’organisation professionnelle des lavandiculteurs pour leur proposer des aides financières afin de les aider à relancer leur activité. Ce fut une expérience intéressante, mais plutôt décevante, car ces professionnels de la lavande n’étaient pas vraiment convaincus de l’intérêt paysager de leur production. J’engageais néanmoins une action en faveur du soutien de la culture de la lavande, mais je n’ai pas pu en voir le résultat, car j’avais d’autres objectifs personnels : un poste de chercheur s’ouvrait en Espagne, à la Casa de Velázquez, dont le directeur souhaitait recruter un chercheur pour travailler sur le paysage d’Andalousie ; je fus même invité au siège de la Casa à Madrid, pour rencontrer son directeur afin de préciser mon projet de recherche. Je parlais de ce projet à Lucien Chabason et il ne s’y opposa pas, me disant qu’il garderait mon poste le plus longtemps possible.
J’ai donc posé ma candidature en faisant, comme il se devait à l’époque (1979), le tour de certains des membres du jury qui allaient évaluer les candidats. Et, oh, surprise, j’ai été recruté pour octobre 1979. Avec mon épouse, nous sommes partis de Paris à Séville en voiture et nous avons trouvé assez vite un appartement dans le cœur de la capitale andalouse, où nous sommes restés 3 ans, jusqu’en juillet 1982, avec nos deux enfants. Ce fut une expérience formidable, où j’ai pu réaliser de nombreuses enquêtes auprès des viticulteurs du vignoble de Jerez-de-la-Frontera (Xérès), ou de la campagne proche de Séville. En même temps, l’équipe qui travaillait sous ma responsabilité a réalisé des cartes de l’évolution de l’occupation du sol sur deux secteurs, l’un proche de Séville (environ 90.000 hectares), l’autre autour de Jerez-de-la-Frontera (environ 250.000 hectares), entre 1956, 1972 et 1977, grâce à l’analyse des photographies aériennes ; il est certain que l’apprentissage que j’avais fait au CNERP de cette technique m’a beaucoup aidé.
Paysages d’Andalousie que j’ai pu étudier, admirer, savourer : en haut à gauche, « Dehesa », c’est-à-dire forêt claire de chênes verts et porcs ibériques, à droite, idem sans les porcs ; en bas, à gauche, village blanc d’Andalousie (Zahara de la Sierra) et à droite, immensité des plantations d’oliviers, près de Jaen.
Ce séjour en Andalousie m’a permis de découvrir des paysages superbes, comme les forêts de chênes verts et liège, où l’on élève les fameux porcs ibériques qui se nourrissent de glands et donnent des jambons célèbres, les « Jamones de pata negra de bellota », sans doute les meilleurs du monde. J’ai pu admirer également les paysages de la campagne andalouse, où les immenses exploitations latifondiaires produisent des céréales ou du coton, des betteraves en employant des ouvriers agricoles, les « peones » qui viennent se louer au printemps sur les places des villages (comme en Beauce où j’ai fait de nombreuses enquêtes à mon retour en France). Il s’agit d’un système profondément injuste, où les grands latifondiaires exploitent des milliers d’hectares en faisant appel à des ingénieurs agronomes pour gérer leurs exploitations, eux-mêmes ne faisant rien que de s’adonner à des loisirs comme le golf ou les voitures de sport, alors que les ouvriers agricoles n’ont que de petites parcelles de moins d’un hectare, souvent dans des villages de colonisation et sont employés dans les grandes haciendas ou « cortijos » des latifondiaires pour des salaires de misère. Cette expérience andalouse m’a permis de découvrir non seulement des paysages somptueux, mais aussi un système économique singulier, d’origine romaine et arabe, qui existe toujours et n’a pas beaucoup changé ; j’ai pu également constater la disparition des oliviers des campagnes proches de Séville, remplacés par des cultures de colza. Ces oliviers furent souvent arrachés et mis en bac, pour être vendus en Europe, comme en France où on les retrouve dans les pépinières, puis dans certains jardins. Mais depuis, la politique agricole espagnole a modifié ses objectifs et les oliviers ont été replantés.
Jardins de l’Alcazar à Séville, où j’ai vécu 3 ans (en bas à gauche, azulejos de l’Alcazar) ; je venais promener mes enfants dans ces jardins qui étaient merveilleux et frais lorsque la température dépassait 50°.
Après ce séjour à la Casa de Velázquez, à mon retour en France, après 3 ans de séjour à Séville et un moment de divers travaux dans des bureaux d’étude, je suis entré au CNRS où je suis toujours en tant que directeur de recherche émérite. Les expériences du CNERP, de la Mission Paysage et de la Casa de Velázquez m’ont permis d’approcher une démarche d’analyse économique et sociale du paysage en développant récemment une méthode fondée sur l’évaluation socio-économique du bien-être par le paysage lors d’une recherche engagée dans la vallée de la Loire en interrogeant des habitants, des élus, des acteurs divers de l’aménagement du territoire et en réalisant des cartes des lieux de bien-être ou de mal-être ; ce qui a permis ensuite d’identifier 52 critères de bien-être ou de mal-être par le paysage considéré comme cadre de la vie quotidienne.
Je souhaite terminer cette histoire personnelle du CNERP en rappelant ma trajectoire familiale : mon grand-père était un paysan suisse, qui faisait de l’élevage dans les Alpes bernoises, à Oberthal. La situation des paysans suisses à la fin du 19ème siècle était catastrophique, car ils étaient trop nombreux pour des terres insuffisantes ; c’est pourquoi mon grand-père a migré vers la France, dans le Jura, a épousé une française en se convertissant au catholicisme alors qu’il était protestant, et est devenu boulanger, l’un de ses fils, mon propre père, est devenu ingénieur agronome spécialisé dans l’élevage alpin dans le département de l’Isère (après le Jura et la Haute-Loire). Je suis devenu également ingénieur agronome, spécialisé dans la recherche sur le paysage et mon fils est désormais paysagiste DPLG, il a fait ses études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Bordeaux.
J’ai eu l’occasion d’aller voir le village de mon grand-père qui n’était qu’un ensemble de hameaux dispersés sur les collines ; du chalet où il vivait et que j’ai retrouvé, on peut voir un sublime paysage : tous les grands sommets des Alpes suisses, avec le Cervin, le Matterhorn, la Jungfrau. Je demandais à une vieille paysanne dans quelle maison habitent des personnes du nom de Luginbühl ; elle tendit son doigt tout autour et me dit : « là, là, là et encore là. » Il y avait donc de très nombreuses personnes s’appelant de ce nom dans ce village. Avec mon épouse et mes enfants, nous fîmes une promenade près du chalet de mon grand-père et nous nous assîmes sur un banc placé devant le spectacle des Alpes suisses. Ce fut une surprise de découvrir sur le banc une plaque avec le nom d’Otto Luginbühl ; c’était le nom du fabricant du banc et en regardant sur internet, nous nous sommes aperçu que c’était une entreprise qui fournissait de nombreux équipements pour les collectivités locales suisses comme les bancs, mais également les jeux pour enfants dans les parcs publiques, des clôtures, etc. Quelle drôle d’histoire familiale, n’est-ce-pas, représentative du nom de famille, Luginbühl, qui signifie en suisse allemand : « Regarde vers la colline »7, un nom prédestiné !
Diverses photos de mes voyages, en Iran, en Inde, au Maroc, au Chili, au Brésil, en Chine, au Pérou, etc.
Vues depuis le village de mon grand-père Friedrich Luginbühl, dans les Alpes suisses de l’Oberland bernois, à Oberthal, d’où l’on peut voir la chaîne des Alpes avec notamment le Cervin. Au milieu, à gauche, l’entrée du village d’Oberthal, le chalet où vivait mon grand-père, en bas, à gauche, ma famille sur le banc fabriqué par Otto Luginbühl et à droite, le paysage depuis le chalet.
FIN DE MON HISTOIRE DU CNERP
Je précise que j’ai publié deux ouvrages sur le paysage : le premier en 1989, aux Editions de la Manufacture, intitulé : « Paysages, textes et représentations des paysages de la Révolution à nos jours »8, puis « La mise en scène du monde, construction du paysage européen, aux Editions du CNRS, en 20129.
J’ai aussi publié des ouvrages collectifs suite aux programmes de recherche dont j’ai présidé les comités scientifiques :
Luginbühl Yves, Berlan-Darque Martine, Terrasson Daniel, 2007, Paysages, de la connaissance à l’action, ouvrage collectif publié aux Editions QUAE.
Luginbühl Yves, Berlan-Darque Martine, Terrasson Daniel, 2007, Landscapes : from knowledge to action, ouvrage collectif publié aux Editions QUAE.
Luginbühl Yves, Guillaumin Gérard, Terrasson Daniel, dir., 2012, Paysage et développement durable, Editions QUAE, Paris, 300 pages.
Luginbühl Yves, Guillaumin Gérard, 2013, Terrasson Daniel, dir., 2012, Conclusion, ouvrage collectif du programme de recherche Paysage et développement durable, Editions QUAE, pages 205-215.
Luginbühl Yves, 2013, dir. et conclusion, Infrastructures de transports terrestres, écosystèmes et paysages. Des liaisons dangereuses ? PREDIT, programme de recherche ITTECOP du MEDDE, La documentation française, pages 245-258, 280 pages.
Luginbühl Yves, dir. 2015, Biodiversité, paysage et cadre de vie. La démocratie en pratique, Victoires Editions, Paris, 290 pages.
En outre, j’ai publié environ 130 articles ou chapitres d’ouvrages collectifs et de nombreux rapports, notamment pour le Conseil de l’Europe autour de la Convention Européenne du Paysage.
1Le « Paysage rural et régional – 2e partie » parue à la Documentation française. 2Réalisée pour le compte du Conseil général des Pyrénées atlantiques. 3 On retrouve sur les montagnes des vestiges de l’époque néolithique, comme des enclos. 4 Bachelard Gaston, 1972, La poétique de l’espace. Presses Universitaires de France, 214 pages. 5https://www.coe.int/fr/web/landscape 6RECLUS, Elisée, 1866, Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes, In Revue des Deux Mondes, Paris. 7 « Lug-in-Bühl », c’est comme Look at the Hill, en anglais, « lugen » est un verbe du suisse allemand inusité qui signifie regarder, à ne pas confondre avec « lügen » qui signifie mentir. 8 Luginbühl Yves, 1989, – Paysages. Textes et représentations du paysage du Siècle des Lumières à nos jours, Lyon, La Manufacture, 1989, 270 p., 101 illustrations. Prix Conrad Malte-Brun de la Société française de Géographie. 9 Luginbühl Yves, 2012, La mise en scène du monde, construction du paysage européen, CNRS Editions, Paris, Prix Edouard Bonnefous 2013 de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, 430 pages.
L’émergence du « paysage d’aménagement » en France
1967-1985
Témoin et acteur de cette période historique, Pierre Dauvergne, paysagiste DPLG, raconte le début de sa carrière.
Ce texte est un matériau de recherche utilisable par les chercheurs en le citant.
Avant-guerre, à Paris mon père a eu une activité commerciale en contact avec des décorateurs et architectes d’Intérieur : les ÉtablissementsPERZEL (luminaires) et le groupe DIM (Décoration Intérieure Moderne). Luminaires et meubles de ces établissements étaient présents chez mes parents et, pour certains, m’accompagnent aujourd’hui.
Puis mes parents se sont installés à l’angle de la rue Guénégaud et du quai de Conti. Nous étions au-dessus d’un magasin d’antiquités « A la reine Margot », véritable petit musée.
C’était l’après-guerre. Mon père, toujours dans le commercial, a travaillé quelques années à la Halle aux vins chez un négociant. Il y a fait la connaissance d’un voisin, le peintre Jean DUBUFFET, qui avait repris l’activité de son père. C’était avant ses activités d’artiste. Quelques années plus tard, en 1954 (j’avais 11 ans), il invite mon père au vernissage d’une exposition à la galerie Drouin, rue Visconti. Accompagnant mon père, je suis profondément surpris par cette exposition intitulée « Les petites statuettes de la vie précaire ». J’ai eu un choc sur ce que pouvait être l’art … faire des statuettes en assemblant des scories de mâchefer ! c’était vraiment un choc !
Avec mes parents, nous faisions aussi des visites régulières des nombreuses galeries d’art dans le quartier, dans les rues Mazarine, Jacques Callot, de Seine, des Beaux-Arts, Bonaparte, rues Guénégaud, Visconti, … De plus, mes parents avaient des amis artistes, dont Frans MASEREEL, peintre et graveur sur bois, Pinchas Burstein, dit MARYAN, peintre. Ce dernier venait très régulièrement à la maison, souvent avec des amis dont, Irving PETLIN, peintre et pastelliste, June LEAF, peintre et sculpteur, Sam ANDEL, peintre (cf. mon document « Les Maryan et la tribu Dauvergne » – 2013). Aux murs de la maison, les œuvres étaient nombreuses.
Sans aucun doute ces visites ont développé ma sensibilité et mon ouverture aux arts.De 1953 à 1958,avec les encouragements de mes parents, je pratiquela gouache, l’aquarelle, le dessin…
L’Institut et la passerelle des Arts- dessin au Flo Pen, 21 x 29,7 vers 1957
…notamment sur les quais de la Seine, à la hauteur du Vert Galant.De 1956 à 1958 je participe à l’Atelierd’arts plastiques des moins de 15 ans au Musée des Arts Décoratifs avec Colette COULON (peintre et graveur) et Pierre BELVES (illustrateur de livres).
En 1943, à ma naissance, mes parents achètent un terrain sur un versant du début de la vallée del’Yvette aux Essarts-le-Roi, ceci pour mettre ma mère et moi-même à l’abri … Un abri rudimentaire a même été creusé dans la pente sableuse pour se protéger d’éventuels bombardements du triage de la gare de Trappes. Ce terrain de 5 000 m2 est rapidement devenue un lieu d’autosubsistance, voir de troc : légumes, fruits, volailles, lapins, et produits du braconnage de mon frère aîné.
Au fil des années, ce terrain est devenu un terrain d’expérience, de chasse, et de découverte de la nature. Nous y allions quasiment toutes les fins de semaine et durant les vacances scolaires. Le terrain était boisé dans sa partie haute, en friche dans sa pente, et herbue dans la partie basse, où coulait l’Yvette.
Moi, marchant le long de l’Yvette, dans le bas du terrain, le chalet et les terrasses.
La gestion de ce petit territoire était une grosse charge pour protéger les cultures, contenir l’enfrichement, voir l’embroussaillement de la pente, et lutter contre l’érosion des berges de l’Yvette. C’était mon apprentissage à la gestion de milieux végétaux, à la culture potagère, et fruitières (petits fruits).
Je chassais et collectionnait les papillons et insectes divers (il y en avait à cette époque … !). Je capturais les reptiles : couleuvres à collier, coronelles, mais aussi des lézards, dont orvets, lézards des souches, gris, verts et ocellés. Également, des grenouilles, divers petits rongeurs pour nourrir mes reptiles avant de les « livrer » au vivarium du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, un lieu magique pour moi. J’y étais accueilli par son responsable, un ami de mon père connu durant la guerre. J’échangeais avec lui mes captures contre des insectes tropicaux et des chenilles, qui faisaient ensuite leur cocon où elles pouvaient à la maison. Je faisais aussi un peu de commerce avec les animaleries du Quai de la Mégisserie.
J’ai également vu la paysannerie de près. En effet j’allai chercher œufs et lait à la ferme MERELLI, du nom de l’agriculteur. J’ai eu la chance de voir cette paysannerie à la veille de sa disparition. C’était une petite exploitation. Et, puisque nous habitions sur la Seine, face au Pont Neuf et au Vert Galant, il m’arrivait de pêcher à pied !!! des écrevisses, car à l’époque l’essentiel des barrages réservoirs en amont de Paris n’était pas encore construits.
LES PRÉMICES : MA FORMATION AUX VEGETAUX, AUX JARDINS, PUIS AU PAYSAGE (1959 – 1966).
En 1959 : Etant très mauvais au collège, sauf en dessin et en sciences naturelles, … l’Orientation Professionnelle suggère, qu’entre nature et peinture, ma voie devrait être celle de “Paysagiste”. Elle indique alors l’existence de l’Ecole Du Breuil, l’Ecole d’Horticulture de la Ville de Paris. À cette époque, il faut entendre un jardinier plus qu’un paysagiste concepteur, métier alors quasi inexistant. J’obtiens, contre toute attente, mon Brevet.
De 1959 à 1962, je suis les enseignements de l’Ecole d’horticulture de la Ville de Paris, dite “Ecole DU BREUIL” :
1959 – Concours d’entrée à l’Ecole du Breuil : reçu 13éme sur 40.
1959 – Les Floralies au Palais de la Défense (CNIT) sont organisées par la Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF), et la Ville de Paris me conforte d’emblée dans mon orientation professionnelle. J’ai en effet un véritable coup de foudre pour le grand stand central réalisé par les Établissement Vilmorin-Andrieux, et conçu par le grand paysagiste britannique RUSSEL-PAGE (1er prix). En particulier les scènes végétales à base d’azalées et de lys dont les teintes multiples d’oranges et de jaunes me subjuguent. Sans le savoir à ce moment-là, j’allais rencontrer plus tard certains concepteurs d’autres stands, comme enseignants : Jacques SGARD (déjà !!!), et Henri BRISON.
Trois années d’études : Enseignants principaux : CLEMENT (Culture potagère), BRETAUDEAU (Arboriculture fruitière), CHANTRIER (arboriculture d’ornement), Lucien SABOURIN (floriculture), Pierre GRISON (parasitologie), GOUET (botanique), Henri BRISON (art des jardins). Malheureusement, pour ce dernier, son enseignement ne dura qu’un an. En effet, il meurt prématurément des suites d’un accident de la route. Il était paysagiste à la Ville de Paris avec Daniel COLLIN, dans l’équipe dirigée par Robert JOFFET. Il me révèle mieux ce qu’est un paysagiste. Nous faisions avec lui des projets de petits jardins ou de scènes végétales.
Pour les travaux pratiques (50 % du temps de l’enseignement), nous avions de nombreux enseignants techniques, principalement LEFEBRE, qui a rejoint le Potager du Roi de Versailles, bien après. Également, BESNIER pour les vergers où je me passionne pour la formation et la taille des fruitiers, PAULIN pour le potager, …De cette période, date une profonde amitié avec Pierre PILLET, élève comme moi.
Dès le départ, en première année, j’ai été très surpris, ne voyant pas le rapport avec les jardins et le métier de paysagiste. En effet les matières principales étaient la culture potagère, l’horticulture générale, et la connaissance des végétaux par leur appellation en latin. Ce fut dur ! J’étais loin des Floralies … et de ce qui me passionnait dans la vallée de l’Yvette, mon territoire de chasse et de captures de batraciens, reptiles, rongeurs et insectes.
Par la suite, je suis devenu un véritable connaisseur des végétaux horticoles, et pris goût aux travaux pratiques, d’autant que j’en avais menés auparavant, durant mon enfance, dans la maison de campagne de mes parents aux Essarts-le-Roi. J’ai également pris goût à la formation des arbres fruitiers et à leur taille, que je pratique toujours dans les jardins de la famille et d’amis.
J’ai découvert aussi, avec un professeur remarquable Pierre GRISON et son assistant, tous deux à l’INRA, la parasitologie et la lutte biologique (Elle en était à ses tous débuts). Un premier contact avec l’écologie avant l’heure ! À partir de la deuxième année, nous étions dans notre sujet avec Henri BRISON. Enfin, Lucien SABOURIN (Ville de Paris, Conservateur des Serres d’Auteuil), avec son enseignement tourné vers la floriculture, un grand pédagogue. Au total, un enseignement complet, transversal, avec des enseignants de qualité alliant connaissances et pratiques. Un enseignement qui n’existe plus, nulle part.
1962 : diplôme de fin d’études, dit de “Jardinier quatre branches” (culture potagère, floriculture, arboriculture fruitière, et arboriculture d’ornement), diplôme équivalent aujourd’hui à un BTS. Classement : 2ème / 40. Chez Jacques YOVANE, architecte, amateur de jardins, je contribue à la conception d’un jardin d’esprit japonais au Salon des Arts Ménagers. Avec Pierre PILLET, nous participons au concours de la Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) pour la conception du jardin d’essais de Melun. Classés 10ème sur 11. A cette époque, nous faisions aussi, avec ma mère et ma sœur, de la céramique chez un potier dans le quartier d’Alésia. Pierre PILLET était avec nous.
L’école nous encourage à passer le concours à L’ENSH / SPAJ (Section du Paysage et de l’Art des Jardins), afin de nous former véritablement au Paysage et à l’Art des Jardins. La Direction de l’école, et Lucien SABOURIN (Ville de Paris), qui enseignait aussi à L’ENSH, nous présentent très favorablement à l’ENSH. Mon père exerce aussi auprès de la Direction ses talents de diplomate, sachant que Pierre PILLET et moi-même, nous n’avions pas le niveau pour nous présenter au concours (nécessité d’un Bac).
De 1962 à 1965 : LA SECTION DU PAYSAGE ET DE L’ART DES JARDINS (SPAJ) DE L’ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’HORTICULTURE (ENSH) de Versailles
1962 – 1963 : Cours privés de rattrapage, et en autoformation, afin de préparer l’examen probatoire, pour pouvoir se présenter au concours d’entrée à la SPAJ. Il s’agissait d’un “examen Maison” d’équivalence du Bac. Il s’adressait aux candidats non bacheliers.
Par ailleurs, cours de composition avec Guy MARANDET (peintre, élève d’André LHOTE), dans les Ateliers des Beaux-Arts de la Ville de Paris (cours du soir à Montparnasse), que m’a fait connaître Pierre PILLET.
Composition, gouache, 43,5 x 75 en 1963.
C’est dans cet atelier que je rencontre Monique POUSSARD, costumière de théâtre, épousée en 1964 à la fin de la 1ère année de la SPAJ. En parallèle, auditeur libre à l’ENSH : essentiellement en dessin avec René ENARD.
1963 – Avec Pierre PILLET, obtention de l’examen probatoire pour nous présenter au concours d’entrée de la SPAJ Puis de 1963 à 1965 après un concours, entrée à la SPAJ (deux années). Je suis classé 1er. À noter que les ingénieurs horticoles et les candidats externes se répartissaient à l’époque plus ou moins par moitié.
L’équipe pédagogique de la SPAJ :
En 1ère année :
Albert AUDIAS (technique), Théodore LEVEAU (Composition, ancien élève de J.C.N. Forestier), Jeanne HUGUENEY (Histoire de l’art), Simone HOOG (Histoire de l’art des jardins), les BERNARD Jean et Jean Pierre (Techniques), Roger PUGET et DESCATOIRE (Urbanisme), THOMAS (sols sportifs), René ENARD, puis Jacques CORDEAU (Dessin), …
Les matières enseignées concernent l’architecture et la construction, la composition, la construction des sols sportifs, le dessin, le droit foncier, les espaces verts, l’histoire de l’art des jardins, la technique des travaux, les travaux publics, l’urbanisme et l’utilisation des végétaux.
Nous avions des cours et des exercices sur des espaces limités, comme par exemple l”aménagement d’une terrasse d’immeuble, la conception d’escaliers et de gradines… et ceci, à des échelles dépassant rarement le 1/200ème.
Cette équipe pédagogique s’ouvre à de nouveaux enseignants paysagistes, sous la pression des étudiants, dont Caroline MOLLIE, Michel-François CITERNE, Michel VIOLLET, Allain PROVOST, …
En 2ème année, ce sont Jacques SGARD, Bernard LASSUS, Pierre ROULET, Jean-Claude SAINT-MAURICE, Jean Pierre BERNARD, Alain SPAKE, Elie MAURET, qui enseignent. Après l’école du Breuil, la plongée à Versailles fut brutale en 2ème année ! Changement complet d’échelle. Deux enseignants m’ont particulièrement marqué : le paysagiste et urbaniste Jacques SGARD et le plasticien coloriste Bernard LASSUS
Jacques SGARD :
Il nous a ouvert à la géographie, à l’« écologie végétale », et déjà au « grand paysage », avec d’emblée un projet d’aménagement d’un terrain d’environ 200 hectares à Bruyères-le-Châtel, un milieu très fragile, comparable aux milieux du massif forestier de Fontainebleau.
Nous n’étions plus à des échelles du 1/50ème ou 1/200ème. Nous devions caractériser le site, ses composantes pour justifier et argumenter ensuite un projet, qui consistait à accueillir de la voirie et un certain nombre d’habitations, ou un lotissement.
J’ai déniché un livre à la bibliothèque du Muséum d’Histoire naturelle de Paris sur les milieux du Massif de Fontainebleau, un ouvrage d’A.K. IABLOKOFF, “Un carrefour biogéographique – le Massif de Fontainebleau – Ecologie des réserves – 1953 ». Du coup, j’y appris énormément sur les milieux. C’était de l’écologie avant l’heure. Je regrette, à posteriori de ne pas avoir pu bénéficier à l’époque de l’enseignement du botaniste et écologue Jacques MONTEGUT qui enseignait la malherbologie à l’ENSH.
Je me confronte avec le site des boucles de l’Oise, futur Base de Plein Air et de Loisirs de Cergy-Pontoise.
Pause avec Jacques SGARD assis, Chantal DUCRUIX au centre Bernard LASSUS debout et moi couché. Photo de Pierre PILLET
Nous participons au séminaire de Royaumont en 1965, organisé par l’Association “Aménagement et Nature” présidée par Roland BECHMANN. Ce séminaire était une sorte d’école des futurs directeurs des Parcs Nationaux (création institutionnelle en 1960 – La Vanoise, premier parc créé en 1963). Encore un saut d’échelle ! un brillant exposé me marque, celui de Jean BLANC, animateur de l’école des directeurs des parcs. Il interviendra dans le cadre du cycle de conférences du GERP en 1969.
Bernard LASSUS :
Il nous a appris à regarder et à analyser avec rigueur le pourquoi de nos sensations en rapport avec les apparences des espaces urbains ou naturels. Il nous a obligé à relativiser nos premiers jugements de valeur, à décortiquer la notion du beau. Il nous a ouvert à la physiologie et à la psychologie de la perception, aux modes de représentations du réel en nous encourageant à lire des ouvrages, comme ceux de Pierre FRANCASTEL, Fernand LEGER, Gaston BACHELARD, … Il nous conseillait les expositions d’artistes à voir.
Nous faisions des exercices plastiques, dont les fameux “bouchons”, des études visuelles d’espaces proches de l’école, des études sur la mobilité des apparences selon les saisons et les heures de la journée. (Étude de la Plaine de Stains en 1965).
L’une des trois planches
Des extraits de cette étude sont parus dans le Livre d’or de l’architecture et de l’urbanisme” publié par la Grande Masse de l’ENSBA en 1966).
Avec Jean Pierre-BERNARD et Alain SPAKE, nous avons été confrontés au problème de l’insertion d’infrastructures routières et autoroutières dans le paysage, avec notamment un exercice portant sur une future aire de repos et sa bretelle d’accès et de sortie de l’autoroute du Nord vers Compiègne. Avec Pierre ROULET, Gilbert SAMEL et Jean-Claude SAINT-MAURICE, nous découvrions la problématique des Grands Ensembles d’Habitations, avec des projets d’espaces publics. Au total, nous étions, d’emblée, confrontés aux nouvelles et grandes questions posées par le développement du pays aux lendemains de la guerre : construction massive de logements, exploitation de carrières, réalisation du programme autoroutier, aménagements touristiques du littoral (Languedoc-Roussillon, Côte Aquitaine), création des parcs nationaux, des villes nouvelles, et des bases de loisirs, …
1965 – Obtention du certificat de fin d’étudesde la SPAJ, classé 1er.
1965 – 1966 – L’ANNEE DE STAGE à « l’ATELIER DE PAYSAGE »
À la fin de la SPAJ, le paysagiste Elie MAURET a proposé à Pierre PILLET un stage à la Compagnie Nationale d’Aménagement du Bas-Rhône-Languedoc (CNABRL), et Jacques SGARD m’a proposé d’effectuer mon stage à l’ATELIER DE PAYSAGE. Ce stage était d’une durée minimale d’un an avant de pouvoir présenter le DPLG – C’était en fait une 3ème année.
Cet atelier était à l’époque l’une des plus importantes agences paysagistes. Trois paysagistes y étaient associés : Jacques SGARD, Jean-Claude SAINT-MAURICE (Assistant Michel VIOLLET) et Pierre ROULET (Assistant Michel CASSIN). Cette agence était au cœur des nouvelles commandes dépendant des politiques d’après-guerre en urbanisme, environnement, et aménagement. Je travaillais principalement sur les projets de Pierre ROULET, fortement axés sur les espaces extérieurs de grands ensembles, comme celui du Grand Ensemble de Massy.
J’ai vite compris, que ma voie ne serait pas dans ce domaine. En effet les marges de manœuvres y sont très faibles pour s’exprimer. Les espaces sont réduits par la découpe du plan masse résultant bien souvent des chemins de grues pour la construction, et la présence des VRD en surface, comme en souterrain …1 L’année passée dans cet atelier a été très fructueuse. C’était un lieu où régnait une ambiance extraordinaire, “une ruche”, où cohabitaient plusieurs stagiaires étrangers : Angrid TILANUS, hollandaise, Léandro Sylva DELGADO, uruguayen et disciple de Roberto BURLE MARX, et Wilfried KIRCHNER, autrichien. Aussi, Paul CLERC, autodidacte en reconversion professionnelle, Samuel ADELAÏDE, moi-même, tous trois futurs cofondateurs du GERP. Les discussions, confrontations et échanges entre nous étaient nourris et souvent enragés : l’œuvre de Le Corbusier, son modulor, le freudisme, les royautés en Espagne et aux Pays-Bas ……
J’ai malheureusement peu travaillé pour Jacques SGARD : seulement pour le plan de réaménagement des sablières en cours d’exploitation dans les boucles de la Seine aux Andelys. Je voyais l’avancement de son travail sur le parc André Malraux à Nanterre, en particulier pour le jardin de collection, sur lequel travaillait la stagiaire hollandaise Angrid TILANUS, savante en végétaux ; également ses travaux, plus d’urbanisme, sur la côte Landaise. C’est à cette occasion, que j’ai pris une nouvelle leçon d’écologie en découvrant les travaux de Georges KUHNHOTZ-LORDAT – “Essai de géographie botanique sur les dunes du Golfe du Lion – 1924. » Il mettait en évidence la dynamique de colonisation des dunes par la végétation. J’ai alors, par moi-même, senti le besoin d’approfondir mes connaissances en lisant des ouvrages comme ceux d’OZENDA, (Biogéographie végétale – Edit. Doin – 1964), ou de TRICART (J.) – (“L’épiderme de la terre – esquisse d’une géomorphologie appliquée” – Coll. Evolution des sciences – Edit. Masson et Cie – 1962). J’ai également eu accès à la thèse de J. Sgard à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris (1958) « Récréation et Espaces Verts aux Pays-Bas”, qui m’a ouvert sur les possibilités de travail aux échelles de la planification et de l’aménagement du territoire. Je me rappelle aussi des cotés très perfectionnistes de Jean Claude SAINT-MAURICE et de Pierre ROULET pour les tracés des circulations piétonnes, qu’il fallait anticiper : courbes tendues, contrariées, contre courbes, … et longuement mises au point. La gomme de Michel VIOLLET était très active …Un bon exemple : les allées du parc de la République à Pierrefitte-sur-Seine, que concevait Léandro Sylva DELGADO pour le compte de Pierre ROULET.
1966 : Obtention du titre de paysagiste DPMA (Diplôme de Paysagiste du Ministère de l’Agriculture), après concours en loge. Je suis classé 1er et Pierre PILLET, second.
Le concours en loge durait une journée au cours de laquelle une esquisse devait être remise. Le jury donnait alors, ou non, le feu vert pour présenter après un an de stage minimum le DPLG, soit un dossier complet comportant une analyse du site, toutes les pièces techniques et écrites, et bien sûr, le projet. Les membres du jury, durant une journée, se partageaient les diverses pièces à évaluer, puis s’entretenaient avec le candidat.
Le jury était composé de :
M.M. JUSSIAUX, Ingénieur général d’agronomie, Président du jury, Le GUELINEL, Ingénieur général d’agronomie, Directeur de l’ENSH, AUDIAS, paysagiste, professeur, COLLIN, paysagiste, ingénieur à la Ville de Paris, Président de l’Association des anciens élèves, CORDEAU, professeur de dessin, GRISVARD, Conservateur des jardins du Luxembourg, LEVEAU, architecte et urbaniste en chef honoraire des bâtiments civils et palais nationaux, professeur, PERRIN, chef du service des espaces verts à la direction de l’aménagement de la région parisienne, PUGET, Inspecteur général au Ministère de la Construction, professeur, SABOURIN, Ingénieur à la Ville de Paris, professeur, SGARD, paysagiste et urbaniste, professeur.
À l’issue de la soutenance, le diplôme était attribué, ou non. Dans la négative, soit le candidat était invité à repasser devant le jury, lors de la session suivante en apportant les compléments demandés à son dossier. Soit le candidat était invité à se présenter à une nouvelle session. Cependant, le candidat ne pouvait pas se présenter à plus de trois sessions. Au-delà, il ne pouvait obtenir le titre de paysagiste DPLG, et n’avait que le certificat de fin d’études de la SPAJ.
Le sujet de ma session a été donné par Jean-Bernard PERRIN : » l ‘aménagement d’un parc sur le versant du Mont Valérien, sous l’esplanade du Mémorial de la France Combattante (Rueil-Malmaison, Nanterre, Suresnes) ». Ce lieu fait partie aujourd’hui du Parc-Promenade Départemental Jacques BAUMEL (1979) et du Cimetière-Parc de Nanterre (1969-1979) – (J. DARRAS, architecte, Michel CASSIN et Pierre ROULET paysagistes)
Ce concours en loge a été très combattu par les élèves, les anciens élèves candidats au DPLG, par le Groupe d’études et de Recherches du Paysage (GERP). Ce dernier a signé une tribune dans Le Monde du 3 décembre 1970 “Pour un traité de paix avec le Paysage”, signé de Paul CLERC et Denis ROUVE. Le GERP est également intervenu vigoureusement lors d’une assemblée générale de la Société des Paysagistes français (SPF, alors présidée par Daniel COLLIN). J’étais porteur d’une pétition signée d’une trentaine de jeunes paysagistes, afin d’obtenir le soutien de la SPF auprès de la tutelle ministérielle pour la réforme du DPLG. Également, pour obtenir la possibilité aux non encore diplômés, souvent déjà engagés dans la vie professionnelle, d’en être membre, en l’attente de la reprise des DPLG sur une autre base.
SERVICE NATIONAL en 1966 – 1967
Libéré à 12 mois, car soutien de famille indispensable (un enfant et un à naître).
UN RICHE ET INTENSE DEBUT PROFESSIONNEL :
1 – 1967 – 1969 : STCAU
2 – 1967 – 1970 – Association GERP
3 – 1968 – 1975 – Association PAYSAGE
4 – 1969 – 1974 : OREALM *
5 – 1975 – 1979 – CNERP
6 – 1979 – 1984 – STU
Puis, 20 ans en collectivité territoriale,
7 – 1985 – 2005 – CG 94 *
* Qui fera plus tard l’objet d’un texte spécifique.
1 – LE S.T.C.A.U. (1967 – 1969), point de départ :
Le Service Central d’Aménagement et d’Urbanisme dépendait de laDirection de l’Aménagement Foncier et de l’Urbanisme (DAFU), du Ministère de l’Equipement et de l’urbanisme (MEL). Ce service a été mis en place pour mettre en application la Loi d’Orientation Foncière, la LOF de 1967. Cette loi permettait de mettre en œuvre les Schémas Directeurs d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU), les Plans d’Occupation des Sols (POS), les Coefficients d’Occupation des sols (COS), la Taxe Locale d’Equipement (TLE), et les Zones d’Aménagement Concertée (ZAC).
Pour ce faire, dans le même temps, une administration territoriale technique se met en place et se renforce : les Directions Départementales de l’Equipement (DDE), les Groupe d’études et de programmation (les GEP). Ces services étaient pour la plupart dirigés par de jeunes Ingénieurs des Travaux Publics. Sont également mis en place les Services Régionaux de l’Equipement (SRE).
Le STCAU a été créé, afin de les aider dans leurs nouvelles tâches par des assistances techniques, méthodologiques, documentaires, … Ainsi, le STCAU a été structuré autour de groupes d’études et de recherches thématiques, comme le Centre de Documentation sur l’Urbanisme (CDU), le Groupe de travail “Relations Ville Campagne ».
Ce groupe était dirigé par Rémi PERELMAN, Ingénieur agronome. Il était composé d’une petite équipe interdisciplinaire : Colette SAUVANT, géographe, Florence MAROT, sociologue, Claude LELONG, architecte à mi-temps, chercheur au CDU, et moi-même, paysagiste. J’y ai été recruté, grâce à Jacques SGARD, conseiller paysage auprès de la direction du STCAU, tout comme Bernard LASSUS.
Des consultants étaient mobilisés, dont Charles ROSSETTI, ingénieur écologue, CLAUZURE, et LASSEIGNE, forestiers, de François BRUN, Denis POUPARDIN, Sané de PARCEVAUX, et Jean-Pierre DEFFONTAINES, agronomes, tous de l’INRA. Le STCAU a édité de nombreuses notes techniques à l’adresse des équipes d’urbanisme sur le terrain. Ce sont les fameuses “notes violettes”, couleur déterminée par Bernard LASSUS, afin de contraster avec la masse habituelle des documents sur les bureaux … ! Par ailleurs, le Centre de Documentation de l’Urbanisme, le CDU édite en particulier le “BULLDOC”.
Le Groupe Relations Ville Campagne a été très productif en notices violettes sous l’intitulé “les éléments principaux du site”. L’objectif était d’informer les DDE sur le fait que les espaces à urbaniser n’étaient pas des pages blanches, comme indiqué sur la plupart des fonds de plan de l’époque… ! Ainsi, de 1967 à 1970, les notes ont balayé la quasi-totalité des éléments physiques et naturels des sites, dont les exploitations agricoles, la bioclimatologie, la géomorphologie, la géologie, l’hydrologie…Pour ma part, j’ai travaillé sur les notes « Végétation » (1968), et « Forêt » (1969) avec l’aide d’ingénieurs forestiers, Mrs CLAUZURE conseiller technique auprès du Préfet de la région parisienne, et LASSEIGNE, du département tourisme, chasse et pêche à la Direction Technique de l’ONF (note rééditée en 1971 par Rémi PERELMAN).
Ces deux notes d’information accompagnaient en particulier la politique du ministre Albin CHALANDON, qui souhaitait développer l’urbanisation dans les massifs forestiers (en effet, la LOF l’autorisait à condition de laisser ouvert au public les 9/10ème du massif urbanisé), ainsi qu’autour de plans d’eau, afin de « rapprocher les français de la nature ». (Voir les lotissements de maisons individuelles dites « Chalandonnettes »).
Une note sur l’expérience des Pays-Bas en matière d’environnement et d’aménagement a également été diffusée. Une note sur le « Paysage » était prévue. Le groupe a eu à suivre et à conclure en 1969 une recherche menée par les bureaux d’étude CINAM-SCAUE lancée par la DAFU – “La mise en valeur et la protection des paysages – De la protection des paysages à la mise en valeur du milieu de vie”. Cette recherche a été menée à la demande de Paul DUFOURNET, architecte, Inspecteur Général de la Construction. C’est certainement la première étude générale recensant les diverses approches du paysage, principalement à l’étranger, et proposant des axes d’action. Jean ZEITOUN, polytechnicien, l’un des membres de l’équipe, a publié un long article « La notion de paysage » dans la revue « L’architecture d’aujourd’hui » – N° 145.- 1969. Cette recherche a été exploitée par les travaux du GERP (Groupe « Paysage »), par l’Association “PAYSAGE”, pour mes enseignements : SPAJ de l’ENSH, UV dans plusieurs Universités, sessions de formation continue, colloques, articles, …
Dans le même temps, le Centre de documentation livrait un numéro de son bulletin, dénommé le BULLDOC. Il comprenait deux articles principaux, très remarqués, mais guère apprécié par la hiérarchie (DAFU et Cabinet).
– DREYFUS (Jacques) – Les ambigüités de la notion d’environnement (critique sur la naissance de la politique d’environnement),
– LASSUS (Bernard) – Les habitants face aux structures dans la création du paysage urbain.
Le STCAU était une véritable plaque tournante pour échanger connaissances, expériences avec les équipes de terrain, et vice versa. Ainsi, le groupe relation ville campagne a animé le “Club des paysagistes d’OREAM”, avec la participation du responsable de l’environnement de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, l’APCA: Jacques SGARD (Nancy-Metz-Thionville, et Aix-Marseille-Fos), Michel-François CITERNE (Nancy-Metz-Thionville), Jean CHALLET et Pierre MAS (Nord – Pas de Calais), et Michel VIOLLET, (Nantes-Saint-Nazaire)
C’était bien nécessaire à une période où nous étions tous confrontés à des échelles et à des questionnements totalement nouveaux, en particulier la protection et l’aménagement des espaces agricoles, et des projets de « ceintures vertes », « coupures vertes », « coulées vertes », … dans les aires urbaines.
Ce rôle de “plaque tournante” a joué à plein durantles évènements de 1968… Le STCAU a été en grève et en assemblée générale durant plusieurs semaines. Avec son central téléphonique, le STCAU était en lien permanent avec les équipes de terrain et vice versa… De ces évènements ont été élaborés des motions, textes, qui ont fait la une des Revues d’Urbanisme au plan international. Cela n’a pas été pardonné, … et à partir de 1969, le STCAU a été démantelé en douceur, moi-même étant invité à rejoindre l’équipe de l’Organisation d’Etude, d’Aménagement de la Loire Moyenne en cours de constitution (OREALM).
En marge des activités du groupe « relations Ville Campagne », nombre d’intervenants se sont mobilisés pour agir et poursuivre la défense des idées de paysage, et tout particulièrement pour demander la création de formations de professionnels, sachant que le Ministère de l’Agriculture avait l’intention d’arrêter la Section du Paysage et de l’Art des Jardins, la SPAJ de l’ENSH. Pour ce faire, en 1968, ils se sont constitués en Association « PAYSAGE ». Voir le chapitre 4.
2 – 1967 – 1970 : LE G.E.R.P. GROUPE D’ETUDE ET RECHERCHE SUR LE PAYSAGE
A cette période, les enseignants et élèves de l’ENSH-SPAJ revendiquent auprès de la tutelle des moyens pour développer les enseignements au regard des forts développements de la demande en paysagiste préparés pour les actions dans les domaines de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire.
1968 – Grève des étudiants. Leur représentant EICHENBAUMmonte à la tribune de la Mutualité lors du meeting du 18 juin « non aux bidonvilles, non aux villes bidons ».
Démission des principaux enseignants de la SPAJ, après le refus de la tutelle de prendre en considération leurs propositions, les enseignants ne poursuivent plus leur enseignement. Ils jugent les conditions déplorables. Dans le même temps, le Ministère de l’Agriculture, décide de ne pas poursuivre la SPAJ. Il restait à assurer l’enseignement des étudiants présents en 1ère et 2ème année, et de ceux fraîchement recrutés … ! la fermeture de la SPAJ étant programmée pour 1974. En attendant l’obtention de ces moyens, les étudiants et jeunes anciens élèves décident la création du GERP pour à la fois compenser les manques de l’enseignement, et en même temps, s’organiser pour mener des actions, tant auprès de l’école, que de la tutelle pour faire évoluer la situation. Ainsi, Philippe TREYVE, Paul CLERC, Samuel ADELAÏDE, et moi-même fondront l’association GERP avec le soutien d’enseignants, en particulier de Jacques SGARD, et de Bernard LASSUS. Philippe TREYVE en sera le Président, très charismatique.
L’association rassemble de 30 à une centaine de membres à la fin de son existence. Ce sont des étudiants, de jeunes anciens, notamment en attente d’obtention de leur diplôme, des enseignants, et même des professionnels. Lors de l’assemblée générale de janvier 1969 (cf. pages 3 et 4 du bulletin N° 5), Bernard LASSUS, chargé de la présider, a introduit la réunion comme suit :
Après avoir brossé rapidement «la croissance du GERP, en la qualifiant d’initiative heureuse et circonstancielle par rapport à un enseignement du paysage très insuffisant.”, il indique que pour lui le GERP est d’utilité double, à savoir :
– Prolongation d’une scolarité.
– Etablissement de liens entre les anciens élèves autour de problèmes de recherche en élargissant la profession et les activités professionnelles.
– Le GERP doit faire face à la demande de paysagistes et défendre une optique du Paysage.
– Le GERP doit promouvoir le paysagiste au sein de la Collectivité Publique.
Et cela, face à une prise en compte du paysage par de nombreuses disciplines.
Ce contexte nécessite la participation à certains travaux et le GERP pourrait être une esquisse à la recherche d’une méthode d’approche du paysage.
Enfin, il faut mettre l’accent sur un Centre de Documentation, qui est le moteur de la transformation de l’enseignement, et l’embryon d’un Centre de Recherche »
Dès le départ, le GERP s’est structuré autour de groupes thématiques dont l’organisation a été confortée lors de l’assemblée générale : « Information – Documentation » : Caroline Baudelot, « Environnement » : Paul CLERC, « Paysage » : Pierre DAUVERGNE, « Ecologie » : Denis ROUVE, puis Alain MIGNARD, « Enseignement » : Michel Viollet. Les divers bulletins rendent compte des activités des groupes et mentionnent nombre de participants.
Durant les débats, Bernard LASSUS, intervient sur les questions relatives à la recherche :
« … Il faut que le Gerp, fasse un inventaire de ce qui se dit, ce qui se fait et ce qui s’est fait. Il faut qu’il publie l’inventaire des questions même non résolues. Il faut qu’il répertorie suivant une méthode, les problèmes déjà situés … »
Progressivement, le GERP attire et anime le monde professionnel, notamment par l’organisation de cinq conférences magistrales de personnalités de premier plan dans le grand amphi de l’école, durant lesquelles une centaine personnes est présente. A noter la participation du Directeur de l ’école, Etienne LE GUELINEL, PUGET, Jacques MONTEGUT, Jacques SIMON, des professionnels comme Pierre ROULET, Jean Claude SAINT-MAURICE, BIZE, CLOUZEAU, CAMAND. Également, plus nombreux, des étudiants et jeunes anciens., qui animeront les groupes de travail.
Les groupes « Ecologie » de Denis ROUVE, et « Paysage » ont souvent mené des travaux en commun, réalisé des bibliographies. Pierre DAUVERGNE a publié dans trois bulletins un résumé des études paysagères menées à l’étranger en exploitant l’étude de la CINAM – SCAUE pilotée au STCAU : « La mise en valeur et protection des paysages – De la protection des paysages à la mise en valeur du milieu de vie ». De même, pour les notes « Eléments principaux du site » du STCAU : La « végétation » et « la forêt ». Il anime le groupe jusqu’à la mi 1969, période où il intègre l’OREALM.
Le groupe « environnement » animé par Paul Clerc a cherché à approfondir les réflexions menées dans le cadre du cours d’études visuelles » à la SPAJ avec Bernard LASSUS, puis aux Beaux-Arts. Des bulletins de 1968 et 1969 présentent « Le plan d’intentions ou plan psychologique », Une méthode en trois étapes : Objectifs et motivations, Qualités d’espaces, Relation entre les espaces : cheminements.
Enfin, un exemple d’étude visuelle menée à la SPAJ par Georges DEMOUCHY, Elisabeth FREMOLLE et Pascal AUBRY.
Les premières conférences en 1968 :
– Jean COIGNET, urbaniste (IAURP) et Jacques BOUBAUD, paysagiste (Ville nouvelle de Cergy-Pontoise) : “Architecture du Bassin Parisien”, Rémi PERELMAN, ingénieur agronome (STCAU) : “Paysagisme et espace rural », Lucien HERVE, photographe de Le Corbusier : “Environnement”
Celles en 1969 :
– Jean BLANC, Dr. des cycles d’études de formation des Dlrs des parcs nationaux et régionaux : “Les mécanismes des paysages”, Mr DENANTES, IPC, (SCET nord-est) : “Le paysagiste dans l’aménagement urbain”
Chaque conférence a fait l’objet d’un compte rendu dans le bulletin du GERP.
Dans le bulletin N° 4 de janvier 1969, l’éditorial exprime clairement le contexte ambiant, presque un manifeste !
« …Le GERP a l’avantage d’exister, d’avoir un nombre non négligeable d’adhérents, d’avoir été créé par une équipe neuve, peu soucieuse des barrières, des protections, du mandarinat.
Si un dialogue permanent et direct pouvait s’établir, il serait répondu :
– A ceux qui croient que le GERP repousse certaine tendance ou génération,
– A ceux qui lui prêtent, telle ou telle arrière-pensée et qui pensent à tort ou a raison que nous sommes trop jeunes.
– A ceux pour qui le GERP doit être un recueil d’expériences et non pas, comme nous le souhaitons, un moyen de permettre à chacun, quel que soit son niveau et son expérience, de trouver le temps d’accomplir des recherches en dehors de l’accaparent travail journalier.
– A ceux qui croient voir dans ses travaux une intellectualisation systématique des questions traitées.
– A ceux qui craignent que le GERP s’attribue leurs méthodes ou es fruits de leurs mûres réflexions
– A ceux qui seraient tenter de limiter dès le départ ses ambitions….
Le GERP a été lancé par des jeunes qui ont ressenti un besoin auquel n’avait su répondre que partiellement l’enseignement et les groupements professionnels … »
Il est effectif, que les organisations professionnelles ne croyaient pas aux préoccupations du GERP. En effet, la réalisation de contrats d’étude, encore peu nombreux à l’époque, était de plus jugés peu rénumérateurs au regard du montant des honoraires liés aux marchés de travaux pour la réalisation de projets.
En 1969, un peu en apothéose, le GERP organise à l’INA deux journées d’études sur « L’AVENIR DU PAYSAGE RURAL ». Ce fut un grand succès, et un évènement remarqué avec la participation de conférenciers de premier plan dont :
– Philippe de SAINT-MARC, Directeur de la Mission Aquitaine “Problèmes et principes d’aménagement du territoire”, Paul REY, Directeur de la carte de la végétation de la France “Ecologie et aménagement”, Nicole MATHIEU, géographe au CNRS «Formation et évolution des paysages ruraux », Mr LEYNAUD, Chef de l’Atelier central d’Etudes d’Aménagement Rural , « Aménagement de l’espace rural », Jacques SGARD, paysagiste-urbaniste « Paysage et espace rural », Bernard LASSUS, « Complexité visuelle et lisibilité relative données pour l’élaboration d’un paysage global ».
Chacune de ces conférences ont été suivies de débats importants. Le bulletin N° 6 de 1969 (le dernier) les relate. De même, pour la table ronde, qui a réuni 12 personnalités, dont :
Bernard LATARJET, Igref, mission d’étude d’aménagement rural pour la région parisienne, François – – François LAPOIX, assistant au Museum et FNPN, Mr MAZZOLINI, conseiller technique au District de la région parisienne, Mr DELLUS, urbaniste, à l’IAURP, Mr CLAUZURE, IGREF, Chargé de mission auprès du Préfet de Région, Mr BETHOLAUD, Directeur de l’espace rural au Ministère de l’Agriculture, Mr PESSON, Professeur d’écologie à l’INA, Mr ROGER, Dr de la SAFER Ile de France, Rémi PERELMAN, ingénieur agronome, STCAU, Mme BONNAMOUR, géographe, Professeur à la Faculté de Rouen, Phillipe TREYVE, ingénieur INA, paysagiste à l’IAURP, qui a introduit la table ronde, et Pierre Dauvergne, paysagiste à l’OREALM, qui a tiré les conclusions.
Le GERP participe à la Commission Harvois (voir Pierre Donadieu dans Histoire et mémoire de l’ENSP, Topia …).
En 1970, il intervient pour une réforme du diplôme de paysagiste. Voir Le Monde du 3 décembre : Paul CLERC et Denis ROUVE, au titre du GERP (représentants les anciens élèves diplômés et les élèves diplômables, “Pour un traité de paix avec le paysage. ».
1970 – Dissolution du GERP à la suite des deux journées d’études.
1971 – Philippe TREYVE rejoint l’entreprise familiale près de MOULINS
C’est alors, que, l’Association « PAYSAGE » prend le relai avec les mêmes objectifs, mais à une autre échelle, et préparera la naissance du CNERP…
3 – 1968 – 1975 :L’ASSOCIATION PAYSAGE :
Douze fondateurs dont :
Jacques SGARD, paysagiste-urbaniste, Président, Bernard LASSUS, plasticien, Vice Président, Rémi PERELMAN, ingénieur agronome, Secrétaire général, Pierre DAUVERGNE, paysagiste, Secrétaire, Paul CLERC, paysagiste, du bureau d’étude PAYSA, Trésorier.
Autres membres : Jean CHALLET, paysagiste-urbaniste à l’OREAM Nord, Charles ROSSETTI, ingénieur écologue, Claude AUBER, architecte, directeur adjoint du STCAU, CLAUZURE, ingénieur forestier, conseiller technique auprès du Préfet de la région parisienne, Jean-Pierre DEFFONTAINES, ingénieur agronome à l’INRA, Olivier DOLLFUS, géographe, Paul RENDU sociologue au Centre de Sociologie Urbaine, le CSU.
C’est un regroupement de disciplines variées pour aborder les questions de paysage dans toute leur ampleur, et en cela bien au-delà des questions esthétisantes et protectionnistes, qui ont cours … Comme on l’a vu précédemment, le GERP mène en parallèle ses propres activités en lien avec le STCAU et l’association.
1971 – Lors de la création du premier ministère de l’Environnement par Robert POUJADE, l’association PAYSAGE lui fait part de ses préoccupations et propositions, soit de mettre en place une formation au paysage d’aménagement pour des professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme.
Le Ministre, qui avait besoin d’asseoir son autorité le plus vite possible, donne son accord au projet de l’association, car il pouvait être mis en place très rapidement. Ainsi, l’association est chargée par le Ministère de l’environnement de créer un cycle d’un an pour une formation expérimentale au “paysage d’aménagement” destinée à des professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme, et pour développer la recherche. Ce cycle a été mis en place en 1972.
1973 : Le Ministre prend publiquement position dans LE MONDE du 22 septembre 1973 par un article en pleine page, intitulé “Vie et mort des paysages – Les pouvoirs publics peuvent-ils sauver les sites ?”.
L’association s’installe dans des locaux rue de Lisbonne à Paris. La première promotion de quinze professionnels a été prolongée d’un an. Le bilan étant jugé très positif, ce cycle a été reconduit durant trois ou quatre années. Il était animé par le Groupe d’Orientation Pédagogique et scientifique (GOPS). C’est la mise en place expérimentale du CYCLE PROFESSIONNEL DE FORMATION AU PAYSAGE D’AMENAGEMENT.
Robert POUJADE est le premier Ministre de l’Environnement, (1971 – 1974). Dès sa nomination, il cherche à lancer le plus rapidement possible un projet. Serge ANTOINE au Haut Comité de l’Environnement lui suggère la création du cycle de formation au paysage, projet qu’il connait et qui de son point de vue est mûr pour sa mise en œuvre. D’autre part, ce projet contribuerait à la formation de personnels compétents pour les futures politiques du ministère et ses nouvelles structures administratives décentralisées.
Le 2 novembre 1971, un Conseil Interministériel charge l’Association de mettre en place un cycle professionnel annuel sur le paysage d’aménagement. Grâce à une subvention du Ministère le cycle est installé le 16 novembre 1972, rue de Lisbonne à Paris, près du parc Monceau. Une petite équipe auprès de Rémi PERELMAN prépare le cycle : Sarah ZARMATI, Charles ROSSETTI, et moi-même, puis, mise en place du Groupe d’Orientation Pédagogique et Scientifique, le GOPS, avec la participation de C. ROSSETTI, Jacques SGARD, Bernard LASSUS et Rémi PERELMAN.
Les stagiaires font acte de candidature après parution d’annonces dans la presse, ou par connaissance de l’existence du cycle, notamment par les GERP et la SPAJ. Ils sont recrutés après entretien. Il est veillé à la constitution de promotions équilibrées entre les paysagistes et les autres disciplines.
Le premier cycle expérimental s’est déroulé sur deux années, et non pas une comme prévu à l’origine. Les trois suivants (ou quatre ?) ont bien été d’un an.
De 1973 à 1974, je suis chargé de mission pour mettre en place l’ « appui technique » aux Ateliers Régionaux des Sites et Paysage (ARSP), puis aux Directeurs Régionaux de l’Environnement (DRE), deux nouvelles structures de l’Administration.
1972 à 1976 : Quatre (ou cinq) cycles longs interdisciplinaires de formation professionnelle au paysage (post 3ème cycle) se déroulent durant cette période. Le Groupe d’Orientation Pédagogique et Scientifique, le GOPS, rassemble Jacques SGARD,Bernard LASSUS, Charles ROSSETTI, Jean CHALLET, Jacques MONTEGUT, Michel MACARY, moi-même et d’autres intervenants ponctuels.
En 1975, l’Association PAYSAGE laisse la place à l’association (loi de 1901), dite CENTRE NATIONAL D’ETUDE ET DE RECHERCHE DU PAYSAGE, le CNERP, structure plus pérenne. Elle poursuit le cycle de formation jusqu’en 1976.
1973 – 1974, Je suis détaché par l’Organisation d’Etudes d’aménagement de la Région Centre (OREALM), auprès de l’Association Paysage, pour la mise en place et l’animation de l’appui technique en matière de paysage auprès des nouveaux chefs des ateliers régionaux des sites et des paysages (ARSP), et des délégations régionales de l’environnement (DRE), mais aussi auprès des services décentralisés du Ministère : SRE, CETE, DDE. 7 Feuilles « Informations Appui Technique » rendent compte des contacts avec le terrain.
1976 : l’Association est érigée en Centre National d’Etudes et de Recherches du Paysage (CNERP) jusqu’au début de 1979.
ORGANISATION D’ETUDES D’AMENAGEMENT DE LA LOIRE MOYENNE :
Bien que ce moment professionnel ne durât que près de cinq ans, il fut extrêmement riche sur le plan méthodologique, et constitue une véritable recherche appliquée. Ce moment sera décrit dans un chapitre particulier ultérieurement. La bibliographie sommaire présentée ci-après permet, en l’attente, d’en prendre connaissance sous certains de ses aspects.
5 – Le CNERP : CENTRE NATIONAL D’ETUDE ET DE RECHERCHE DU PAYSAGE.
Par commodité et compréhension nous entendrons le CNERP comme la somme de l’Association PAYSAGE, période où elle est chargée du cycle expérimental de formation professionnelle au « paysage d’aménagement » (1971 à 1974), puis du CNERP stricto sensu (Décembre 1974 à janvier 1979).
Quelques documents (B. Barraqué, 1985) relatent plus ou moins bien l’histoire du CNERP. Il est bon de s’y référer. Cependant, les différentes sources sont souvent fragmentaires, partielles, voir contradictoires sur les dates. Accéder aux archives du CNERP déposées au Ministère permettrait de progresser pour cerner avec justesse cette période.
Après les deux premières années, le cycle est institutionnalisé en CNERP le 31 mars 1975 par le Ministre de la Qualité de la Vie, André JARROT, à Trappes, dans les locaux d’une antenne pédagogique d’une école d’architecture parisienne. Il reste une Association loi de 1901, qui dispose d’un Conseil d’Administration Interministériel, présidé par Pierre de la Lande de Calan de la Fondation de France (il est par ailleurs l’un des dirigeants de la Barclay s Bank).
Le CNERP est confirmé par le Ministre André FOSSET le 27 avril 1976. Mais à l’issue de l’Assemblée générale du CNERP du 24 janvier 1979, le Ministre Michel d’ORNANO décide de fermer le CNERP. Au total, presque 7 années et … quatre Ministres !
Sur toutes ces périodes d’activités, exploiter en particulier :
– La Plaquette du CNERP.
– R. PERELMAN – L’aménagement de la nature – cf. encadré sur le CNERP en page 12 – et dans la Revue Sciences et Avenir – N° spécial « La science du Paysage. 1974
– Les Nouvelles du Paysage n° 1 de juin/juillet 1975 au N° 8 de novembre/décembre 1976,
– le bulletin de la Documentation d’avril 1977.
– le rapport de 1985 de Bernard BARRAQUE « Le Paysage de l’Administration » Mission de la Recherche urbaine DUP / MULT.
LE CNERP à partir de 1975 :
En résumé :
– La direction est assurée par Rémy PERELMAN et un secrétariat,
– Le cycle de formation professionnelle au paysage d’aménagement :
Jacques SGARD, Bernard LASSUS, Charles ROSSETTI, Rémi PERELMAN. D’autres enseignants participent également à l’enseignement comme Michel MACARY, architecte, Jean CHALLET, paysagiste, Jacques MONTEGUT, écologue, moi-même.
Se sont déroulés quatre (ou cinq ?) cycles, soit plus de 60 professionnels formés au paysage d’aménagement. Certains d’entre eux intègreront les structures du CNERP, et plus tard, la plupart occuperont des postes dans les services du Ministère.
– Le Centre de Documentation du Paysage, dirigé par Sarah ZARMATI, est assistée par Claudine ZYSBERG, Nicole DE GOUTTE, Alain SANDOZ, puis Luc VOYENNE pour « les Nouvelles du Paysage ». Le centre réunira plusieurs milliers d’ouvrages, publications diverses. Il réalisera des bibliographies, des notes et recherches documentaires
– La cellule audiovisuelle : dirigée par Yves LUGINBUHL, assisté de Jean Pierre BOYER et Pierre VANTOUROUX, constituera une diathèque, réalisera des documents audiovisuels de sensibilisation au paysage. Cette cellule concevra les maquettes des publications du CNERP.
– La cellule de la Formation Continue animée par Anne KRIEGEL a réalisé de nombreuses sessions de formation continue à l’adresse des milieux professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme. Voir par exemple le programme de l’année 78.
Le groupe d’étude, de recherche, et d’expérimentation (ERE) :
Avant la mise en place du groupe, l’Appui Technique, 1973-1975, animé par moi-même, a fonctionné principalement auprès des Chefs des Ateliers Régionaux des Sites et Paysage (ARSP), puis des Directeurs Régionaux de l’Environnement (DRE).
Par ailleurs, Alain MIGNARD, paysagiste, a été recruté temporairement en 1973-1974 et mis à disposition de l’Etablissement Public d’Aménagement de la Ville Nouvelle du VAUDREUIL.
Voir les documents internes suivants :
– Les notes « Informations Appui Technique » N°1 à 7 – novembre 1973 / juillet-aout 1974.
– Note d’aout 1973 sur les demandes enregistrées à l’Appui Technique.
– Note du 28 aout 1973 sur les préoccupations des ARSP et DRE
À leur lecture, il est possible de bien prendre la température de la période en matière de préoccupations des administrations et du Ministère.
À partir de 1975, je suis recruté au 31 01 1975, en tant que directeur d’étude responsable de l’équipe des études, recherches et expérimentations. L’équipe est rapidement constituée principalement par des professionnels issus des cycles de formation du CNERP dont : Alain LEVAVASSEUR, paysagiste, Marie Noëlle BRAULT, paysagiste, Zsuza CROS, paysagiste polonaise, Jean Pierre SAURIN, paysagiste, Jean Rémy NEGRE, architecte-urbaniste. Autres membres de l’équipe : Marie Claude DIEBOLD, géographe, Claude BASSIN-CARLIER, ingénieur écologue, Janine GREGOIRE, secrétaire. IL était fréquent que des travaux mobilisent des membres de plusieurs unités en même temps.
Selon le Centre de Documentation, de 1973 à 1977, 127 rapports d’études, ou de recherches sont réalisés par les équipes du CNERP (7 en 1973, 24 en 1974, 28 en 1975, 34 en 1976 et 34 encore en 1977).
Voir :
– L’Inventaire des études dressé par le Centre de documentation au 5 octobre 1978
– L’actualisation des études et recherches à la date du 18 octobre 1978 et études en cours 1978/1979.
A l’analyse de ces listes il est possible de recenser les thèmes, qui préoccupaient le Ministère et ses services.
En effet, la quasi-totalité de celles-ci correspondent à des commandes du Cabinet et des services centraux. Les contrats étaient négociés par Rémi Perelman. Certains constituaient des formes de subvention de fonctionnement.
Pour ma part, je citerai cinq travaux particuliers du CNERP :
La formation de tous les ingénieurs (dits lignards) du Centre d’Etude du Réseau de Transport (CERT) de l’EDF dans les années 1975 et 1976.
Ainsi, la totalité des 200 ingénieurs du CERT, ont participé à u formation exemplaire sur deux années. Ces ingénieurs, dits les « lignards » étaient responsables des tracés des lignes à très haute tension et hautes tensions pour transporter l’énergie produite par les nouvelles centrales nucléaires.
Les études se heurtaient à de fortes oppositions, car les lignards élaboraient des tracés linéaires faisant fi des singularités géographiques. Parfois, les tracés évitaient des secteurs trop sensibles. Ainsi, le CNERP a été chargé de développer une culture du paysage à ces lignards par des sessions courtes de formation organisées par Anne Kriegel. Des exercices pratiques, à partir d’une maquette au 1/ 1000ème d’un territoire de 9 x 6,6 km conçue par Y. LUGINBUHL et représentant de nombreuses situations géographiques. Au-dessus de celle-ci des caméras mobiles permettaient de visualiser et d’évaluer des simulations de tracé. Les lignards devaient justifier leur projet de tracé. Le déroulement de ces sessions alternait des exposés généraux (Rémi PERELMAN et Pierre DAUVERGNE), une visite de terrain proche du Centre (Alain LEVAVASSEUR), et des relations de cas par des intervenants extérieurs (Jacques SGARD, Caroline BAUDELOT et Martine GUITTON). A noter qu’EDF faisait partie du Conseil d’Administration du CNERP. (Voir deux dossiers de sessions de 1976).
En 1977, une expertise éclair sur le projet d’implantation de la station de sports d’hiver de Barca dans la vallée d’Aspe, près du village d’Aydius. Elle a été réalisée pour le compte du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques par Yves LUGINBUHL, Sarah ZARMATI, Janine GREGOIRE et moi-même. Il était demandé d’évaluer le volume bâti dans le paysage et de mesurer l’impact de la voirie d’accès à créer.
Cette expertise réalisée en un temps record est exemplaire de l’approche paysagère du CNERP, à la fin de son existence. Cette approche globalisante affiche une problématique en termes de développement et d’aménagement d’un territoire, bien au-delà des simples impacts visuels.
De 1973 à 1984, 12 années d’assistance à l’Etablissement Public d’Aménagement de la Ville Nouvelle du Vaudreuil (EPVNV) et à sa Cellule Environnement. Cette assistance correspondait à l’une des « 100 mesures pour l’environnement » puis, a été inscrite dans le programme de la DGRST. Ont été réalisées plusieurs études méthodologiques, recherches et une présence au sein du Conseil scientifique environnement. C’est un ensemble de travaux mené par le CNERP dans la durée, puis, à partir de 1979, par le STU-ENSP, dont :
Présentation de la maquette du « germe de ville » par Gérard THUNAUER, architecte, à Paul DELOUVRIER. Suis à gauche – cliché EPVNV
– Le conseil scientifique de la cellule environnement. Il comprenait un géographe, un sociologue, un acousticien, un hydrogéologue, un naturaliste pour la faune, et un paysagiste. Le conseil a particulièrement travaillé sur les dossiers d’impact.
– en 1974, l’étude paysagère du site de la ville nouvelle du Vaudreuil par Alain MIGNARD,
– en 1978, avec Alain LEVAVASSEUR recherche méthodologique pour l’établissement de palettes végétales des sites en voie d’urbanisation.
– de 1978 à 1980 : Recherche sur « la production, la gestion et l’appropriation des espaces extérieurs en milieu urbain nouveaux ». Recherche menée par Sarah ZARMATI, Alain LEVAVASSEUR, moi-même avec les sociologues Maurice IMBERT et Jean Charles LAGREE du Centre d’Ethnologie Sociale et de Psychologie du CNRES, enfin avec Michel GANTIER, photographe à l’EPAVNV.
Les 6 et 7 mai 1976, à Cabourg, présentation des résultats de l’étude sur « les approches paysagères ». Ce fut le séminaire « Paysage et Aménagement » de CABOURG. Travail mené par Sarah ZARMATI, Jean Pierre SAURIN, Ssuzsa CROS, et moi-même. Graphisme de Jean Pierre SAURIN et Jean Pierre BOYER.
C’était une commande importante du ministère de la Qualité de la vie. La restitution de l’étude s’est faite dans le Grand Hôtel de Cabourg devant une centaine de personnalités des différentes directions et services des ministères en charge des questions de sites, paysage et environnement.
1978 à 1981 – Préparation et exploitation du concours du parc départemental du SAUSSET pour la Société d’Economie Mixte du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis (la SODEDAT 93). Sous la Direction de de C. BOUZEMBERG, architecte-urbaniste, une équipe a été constituée avec, pour le CNERP : Alain LEVAVASSEUR, Claude BASSIN-CARLIER, et moi-même, pour l’Université de Paris Nord (Villetaneuse), le Professeur SIVIGNON, géographe, et pour le laboratoire d’économétrie de l’Ecole polytechnique, Robert BALLION, sociologue.
Les propositions remises ont mis en évidence nettement les deux tendances conceptuelles du moment dont l’une récente, qui s’est affirmée lors du concours. Maquette du projet lauréat : Equipe Michel CORAJOUD.
À ce titre, ce concours présente une certaine exemplarité, qui a d’ailleurs inspiré les responsables de la mission parc de l’Etablissement Public d’Aménagement du Parc de la Villette.
BILAN ET FIN DU CNERP. Une appréciation personnelle
Cette fin, ou pour certains la « mort du CNERP, vive le paysage », tient à plusieurs raisons concomitantes :
Une gestion désastreuse a-t-on dit … !
C’est vers l’année 77, que les premiers signes de difficultés financières se font sentir. Celles-ci deviennent permanentes dans le courant de l’année 78 avec en particulier des retards dans les versements des salaires en fin de mois.
Cette situation s’explique par la forte diminution des subventions à l’issue des cycles de formation, et par le désengagement progressif de certains ministères (le ministère de l’agriculture n’a jamais apporté une aide). C’est en quelque sorte un désengagement général des ministères.
La compensation à ces manques s’est faite par la réalisation d’études de plus en plus nombreuses, « alimentaires » pour certaines, faisant dériver ainsi l’équipe vers un bureau d’étude classique, et des études éloignées des objectifs assignés au Centre, soit des études méthodologiques et des recherches.
D’ailleurs, à ce propos, la profession a dénoncé cette situation jugée déloyale et concurrentielle. C’est un retournement de situation par rapport au début des années 70, où cette même profession critiquait l’orientation de la formation vers le « paysage d’aménagement », sachant que pour elle, le métier était avant tout de faire de la maitrise d’œuvre. Pour les « Cnerpiens », les deux approches, s’exercent à des échelles différentes, et font partie du même métier.
Des différences de points de vue avec la tutelle …
Par exemple, sur les dossiers d’impact, le CNERP ne s’est pas engagé auprès de l’Atelier Central de l’environnement pour faire des guides méthodologiques à l’adresse des maîtres d’ouvrage. Ces dossiers développaient forcément une démarche déductive, et non pas inductive, c’est-à-dire en termes de projet.
Par exemple, encore, une entreprise importante, mais en difficulté, fabricant des poteaux métalliques pour supporter les câbles électriques ou téléphoniques, était combattue par des associations, ces poteaux étant jugés disgracieux dans les sites et paysages. Le ministère souhaitant défendre les emplois de cette entreprise, a demandé au CNERP des arguments pour poursuivre, selon des modalités à définir, la fabrication de ces poteaux.
Le CNERP a proposé d’implanter ces poteaux dans les paysages artificialisés, du type de la Beauce, et de réserver l’implantation des poteaux en bois dans les paysages de bocage, boisés ou forestiers. Le ministère a fait le choix inverse. Incompréhension donc …
Le séminaire de Cabourg a engendré quelques mouvements. D’abord sur le caractère somptuaire du lieu (choisi avec l’accord du Ministère …), mais plus sur la défense de méthodes d’approche large, par rapport aux approches esthétisantes et règlementaires, soit le quotidien des services.
Les réunions périodiques des chefs des ARSP à Trappes avec l’Appui technique ont finalement été suspendues et rapatriées au ministère, ce dernier vivant mal l’imprégnation des idées du CNERP à ses jeunes services… sans compter avec les difficultés d’accès depuis la province.
Une grève et des interventions des personnels :
À la fin de 78, les personnels, une vingtaine, mènent une série d’actions pour défendre l’existence du CNERP, outil expérimenté dans le domaine du paysage, et bien sûr pour la défense de leur emploi. Avec le soutien de l’Union locale de la CGT, de nombreuses interventions sont menées. Deux parlementaires des Yvelines se mobilisent et posent une question orale tant à l’Assemblée Nationale, qu’au Sénat : Michel ROCARD, député des Yvelines, Maire de Conflans Sainte Honorine, et Bernard HUGO, sénateur, maire de Trappes, Président de l’EPA de la ville nouvelle de Saint Quentin en Yvelines. Les préoccupations des personnels sont prises en considération, comme l’intérêt de préserver l’expérience du CNERP, notamment lors d’une Inspection générale du Ministère.
L’évolution du contexte administratif du ministère …
La création d’une nouvelle direction, celle de la Direction de l’Urbanisme et du Paysage (DUP), une grande première ! et en son sein, la Mission du Paysage ! Le CNERP n’a pas été inutile, il pouvait laisser la place à une administration durable.
Pour une part, des personnels du CNERP, intègreront ces nouveaux services, tandis que l’essentiel de l’équipe d’études, de recherche et d’expérimentations, contribuera à renforcer l’« Atelier » du Service Technique de l’Urbanisme (STU).
Les observations de la Cour des Comptes :
La Cour des Comptes venait de faire des observations à l’Etat sur le recours fréquent à des associations loi 1901 pour créer avec souplesse des services en marge de l’administration. Tel était le cas, d’une certaine manière, du CNERP. Il en a été de même, à la même période du Centre de Recherche d’Urbanisme (CRU).
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Au total, le bilan n’est pas si négatif, qu’on l’entend encore souvent … Le CNERP a joué sans conteste un rôle utile dans l’émergence des idées nouvelles de paysage, dans la formation de nouveaux professionnels, et l’engagement de nouvelles pratiques professionnelles.
Une recherche documentaire à partir des archives du CNERP permettrait de mieux cerner le rôle joué par le CNERP, et son utilité.
6 – 1979 – 1984 : LE STU, SERVICE TECHNIQUE DE L’URBANISME
Après la fermeture du CNERP, l’essentiel de l’équipe « Etudes, Recherches et Expérimentations », est reprise par le Ministère, et affectée à l’Atelier d’aménagement et d’urbanisme du STU.
Ainsi, Alain LEVAVASSEUR, Marie Claude DIEBOLD, Marie Noëlle BRAULT, Claude BASSIN-CARLIER, et moi-même, sommes affectés au sein de l’Atelier dirigé par Claude BREVAN, Urbaniste de l’Etat. Au fil des années, chacun quitte le STU pour occuper des postes ailleurs dont Alain LEVAVASSEUR, qui part pour la DDE de la Charente Maritime, Marie Claude DIEBOLD pour la direction de la revue « Diagonal ». Marie Noëlle BRAULT et Claude BASSIN-CARLIER quittèrent le Ministère.
Nous y menions des assistances techniques auprès des services déconcentrés du Ministère, ainsi qu’auprès de collectivités territoriales : La Rochelle, Besançon, …
J’ai proposé un « projet de programme d’actions 1980 du STU dans le domaine du paysage, « Les interventions paysagères dans l’aménagement et l’urbanisme », programme peu suivi d’actions.
Plusieurs assistances techniques ont été assurées : La Rochelle, Besançon, …
Pour ce qui me concerne, je tenais à poursuivre mon enseignement à L’ENSP. J’y suis détaché à 50 % de mon temps, puis à 100 % deux après, jusqu’ en décembre 1984. Ce détachement était la contribution en nature du Ministère au fonctionnement de l’ENSP récemment crée. Je devais y développer un enseignement orienté vers l’aménagement et l’urbanisme.
De 1979 à 1980, J’ai eu la chance de participer à une coopération du Ministère auprès de la Tunisie sous l’égide de l’UNESCO, pour la création du « Parc National Archéologique et Naturel de Carthage – Sidi Bou Saïd » financé par le PNUD et exécuté par l’UNESCO. Le ministère a désigné Lucien Chabason, juriste, mais aussi directeur de l’Urbanisme et du paysage, de conduire une équipe composée de Jacques de Courson, économiste, Jean Paul Dumontier, urbaniste, Denise Taillandier, architecte et moi-même paysagiste. Nos travaux étaient coordonnés par Dorothée Barbier-Vauzelles, architecte-urbaniste pour le compte de l’UNESCO. Ainsi, j’ai assuré quatre missions d’environ une semaine chacune. A chaque fois, je rendais compte de mes réflexions et des contacts sur place, principalement auprès du Conservateur du site et directeur du musée de Carthage, et de responsables de la Direction de l’Aménagement du Territoire. Je participais également aux réunions périodiques consacrées à l’avancement des fouilles archéologiques. L’ensemble de ces travaux s’est traduit dans un plan de paysage prenant appui sur la cadastrationne rurale romaine. Ces travaux sont consignés dans l’article « Le parc national archéologique de Carthage- Sidi Bou Saïd, près de Tunis » – Revue « L’Architecture d’Aujourd’hui » – N ° 218 spécial « Paysages » – 1981.
Les citernes romaines de la Maalga après débroussaillage.
Fin 1984, lassé des études générales, des guides méthodologiques, je souhaite retourner sur le terrain au contact du réel, des acteurs locaux, et de pratiques opérationnelles. Je démissionne du Ministère, et par voie de conséquence, de mes responsabilités d’enseignant à l’ENSP, et de ma participation au Conseil scientifique environnement de la Ville Nouvelle du Vaudreuil.
7 – CG 94, CONSEIL GENERAL DU VAL DE MARNE
La Décentralisation de 1983, un grand tournant, m’encourage à intégrer une grande collectivité territoriale, soit le Conseil Général du Val de Marne. Responsable au départ du service départemental des espaces verts, j’occupe par la suite, la Direction de l’aménagement, puis dirige la plupart des directions techniques, jusqu’à participer à la Direction générale des services départementaux. Cet engagement, durera 20 ans, jusqu’au début de 2005.
C’est une autre histoire singulière d’un paysagiste dans une grande collectivité publique, qui fait l’objet d’une contribution particulière.
Version du 30 décembre 2018 (mise en forme de P. Donadieu), modifiée par des ajouts de 10/01/2019 par P. Dauvergne et l’introduction d’images par Yves Lüginbühl.
1Voir à ce sujet BLANCHON (Bernadette) – Les paysagistes en France dans les grands ensembles d’habitations – Programme architecture des espaces publics modernes – Plan construction et architecture – MEL – 1998
Pierre Donadieu revisite la période où a été réalisé le premier programme de recherches de l’ENSP.
–
Les pionniers
À la fin des années 1950, aucun enseignant de la Section n’avait soulevé le problème d’une recherche permettant de mieux former les apprentis paysagistes. Car le modèle lointain restant les ateliers de l’École des Beaux-arts, il allait de soi que les enseignants d’ateliers détenaient les savoirs les plus pertinents, techniques et de création, pour former des concepteurs de projets de jardins et de paysage, c’est-à-dire des architectes de jardin et de paysage.
Le premier à parler de recherche dans les conseils d’enseignants fut Bernard Lassus à partir de 1963. Ancien élève de l’historien et critique d’art Pierre Francastel et de l’atelier du peintre Fernand Léger, jeune professeur de l’École des Beaux-Arts en 1968, il détenait le capital de prestige et de compétences plasticiennes qui lui permettait d’introduire des pensées et pratiques innovantes dans les formations de paysagistes de la Section. N’étant pas architecte, mais peintre coloriste, il s’était distingué par de nombreux travaux de recherches sur la couleur et les ambiances, puis par des publications remarquées dans le cadre de commande de recherches de la Direction Générale de la recherche scientifique et technique. Elles aboutiront aux premières publications qui l’introduisirent dans le champ paysagiste : Le jardin de l’Antérieur en 1975, Les habitants paysagistes en 19771.
Il fut à l’origine de la notion de recherche associée à l’enseignement pratique d’atelier dans le premier Institut national du paysage imaginé par la commission Harvois (1969-1972). Voir chapitre 3.
Quand l’ENSP fut créée, l’idée d’une recherche liée à l’enseignement fut à nouveau proposée par B. Lassus. Elle fut comprise de manière très différente par les enseignants présents selon leur domaine.
D’un côté les enseignants de l’ENSH, scientifiques biologistes, technologues ou économistes en majorité, connaissaient peu les travaux de B. Lassus, contrairement aux enseignants d’arts plastiques et de techniques de représentation. Ils les accueillirent au mieux avec la réserve des non spécialistes …
De l’autre côté, les praticiens associaient l’idée de recherche à celle de conception du projet de jardin, d’espaces verts et de paysage, sans relation avec la posture académique et scientifique du chercheur professionnel. Alors que les chercheurs (jeunes et moins jeunes) de l’ENSH et de l’ENSP disposaient d’une culture scientifique que le ministère de tutelle, l’Agriculture, souhaitait développer. Autant dire que les échanges furent rares entre ces deux groupes. Seuls les économistes de l’ENSH Jean Carrel, puis Philippe Mainié, seuls représentants du champ des sciences sociales, maintinrent ce lien ténu jusqu’en 1983.
Formé à la recherche scientifique expérimentale en écologie à l’Université de Montpellier, j’étais intrigué par le discours et les publications de B. Lassus. Il développait la compréhension de l’imaginaire du paysage et du jardin, non comme un psychologue ou un neuroscientifique, mais comme un artiste curieux des processus perceptifs qu’il souhaitait maitriser et surtout expliquer. Je le situais d’autant plus dans le champ des sciences humaines, et en particulier l’anthropologie, que je venais de côtoyer au Maroc les pratiques des ethnologues et des agronomes en étudiant le partage des communaux pastoraux.
Je venais de découvrir un monde de savoirs pour lequel je n’avais pas été formé. Je les trouvais fort pertinents puisqu’ils me permettaient de comprendre les relations entre les hommes et leur milieu de vie. Et surtout de pouvoir agir sur elles. Ce qui semblait l’enjeu principal des recherches à entreprendre.
Que pouvions nous apporter M. Rumelhart et moi, qui nous intéressions aux relations entre les végétaux dans le champ de la phytosociologie, notre domaine de compétence ? Quel projet de recherche pouvions nous proposer, alors qu’aucun indice ne permettait de dire que ce champ était important pour former les paysagistes ? Nous étions, de fait, limités par notre spécialité héritée des enseignements de l’écologue Jacques Montégut. Et les études écologiques que nous menions pour divers commanditaires publics (autoroutes, Directions départementales de l’Équipement, collectivités) ne nous en disaient pas plus sur le choix du thème des recherches à entreprendre.
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La commande du ministère
Une commande de travaux de recherche fut adressée à l’école en 1979 par Alain Riquois, responsable de la mission du Paysage du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (rattachée à la Direction de l’urbanisme et des paysages -DUP- du ministère de l’Équipement et du Logement )2. Sa direction fut en partie confiée par R. Chaux à P. Mainié, un agro-économiste et chercheur à l’INRA de Versailles qui s’intéressait à l’ENSP à l’économie des agences de paysagistes autant qu’aux paysages ruraux.
Cette commande était adressée à d’autres chercheurs en France par la sociologue Isabelle Billard de la DUP, notamment Abraham Moles psychologue, Judith Epstein, Michel Conan historien et sociologue, François Béguin philosophe, Jean-René Hissard artiste, Pierre Sansot, anthropologue, Marie-Hélène Chassagne et quelques autres.
Le financement de la Mission fut réparti entre plusieurs personnes, au titre de leurs agences respectives, à M. Corajoud et B. Lassus, et pour les autres via la prise en charge directe par l’ENSP.
M. Corajoud se consacra, avec les paysagistes M-H. Loze et J. Coulon, aux jardins de Versailles ; B. Lassus, seul, à un travail sur « La profondeur » et les autres (P. Donadieu, M. Rumelhart, G. Clément, P. Dauvergne, …) à une étude prospective des paysages de la vallée de la Mauldre à l’ouest de Versailles.
À cette époque (la fin des années 1970), la recherche scientifique sur le paysage était émergente et vigoureuse en France. Elle intéressait les géographes (G. Bertrand à l’Université de Toulouse notamment), les géoagronomes (J.-P. Deffontaines à l’INRA-SAD de Versailles), les sitologues (les architectes J.-P. Faye et M. Tournaire), les paysagistes d’aménagement (B. Fischesser et H. Lambert) au CEMAGREF de Grenoble, les phytoécologues (G. Long et M. Godron au CEPE-CNRS à Montpellier), les phytosociologues (J.-M. Géhu à Bailleul), sans compter les historiens de l’art et des jardins (M. Conan) et bien d’autres spécialistes comme, entre autres, le philosophe Alain Roger (Nus et paysages, essai sur la fonction de l’art, 1978).
Les notions de paysage et d’environnement séduisaient de nombreuses disciplines universitaires, mais sans rapport immédiat avec le métier de paysagiste encore peu professionnalisé. Il était représenté par la Société Française des Paysagistes et la Chambre syndicale des paysagistes conseils
À l’école était donc posée, par le gouvernement, la question de la création de démarches de recherches, qui satisfassent autant les paysagistes maîtres d’œuvre que les tous nouveaux métiers du « paysagisme d’aménagement », autre dénomination énigmatique d’une pratique qui ne voulait pas s’appeler planification des paysages, ni planification écologique sur le modèle américain (Design with nature, I. McHarg, 1969), jugé trop naturaliste et peu créatif.
Les uns voulaient éclairer le processus créatif de projet de paysage, les autres expliquer l’origine et les transformations des paysages, afin d’en maitriser les changements controversés (le mitage, les remembrements, les équipements touristiques, les lotissements …). Dans ce contexte, qu’avons-nous fait dans la vallée de la Mauldre ?
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La vallée de la Mauldre
Assez vite, je me suis convaincu que je ne pouvais reconduire les démarches scientifiques de la phytoécologie dans ce projet de recherche. Pourtant, je m’apercevais que P. Dauvergne connaissait les travaux de cartographie écologique du CEPE-CNRS de Montpellier sur la Sologne et y faisait référence dans les travaux menés au CNERP. J’avais acquis cette compétence car, formé au CNRS de Montpellier en 1970, j’avais pu cartographier, avec d’autres, de vastes régions pastorales selon cette méthode en Algérie steppique pour la FAO, et au Maroc. Était-il pertinent dans la vallée de la Mauldre ? Il eut fallu en parler collectivement ce qui se révéla impossible dans une école qui ressemblait plus à un hall de gare qu’à une communauté de chercheurs. Et où les enjeux de pouvoirs commençaient à être visibles.
N’ayant pu définir une problématique de recherche, et en l’absence de directives de la part du commanditaire, je décidais d’explorer le terrain choisi, une petite vallée résidentielle de banlieue, au milieu de vastes plateaux céréaliers au sud de la vallée de la Seine à l’Ouest de Paris.
J’ai beaucoup photographié la vallée, son urbanisation, les architectures pavillonnaires, les bords de la rivière et les jardins, sans en tirer de conclusions probantes. Et pour cause : je ne savais pas ce que je cherchais … Jusqu’au jour où je me suis joint aux enquêtes que menaient l’économiste P. Mainié et le sociologue Marc Chopplet auprès des habitants. Je me suis souvenu de mon expérience marocaine auprès des éleveurs transhumants. Là où j’avais recours aux filtres de la science botanique et phytogéographique pour décrire l’acheb (l’herbe) des parcours, les bergers me répondaient en termes de préférence, de rejet ou de danger des plantes pour les troupeaux de moutons. Là où je disposais de deux mots latins pour désigner une plante, ils en utilisaient trois au quatre pour rendre compte de ses usages alimentaires, pharmacologiques ou symboliques. Là où je distinguais soigneusement des genres, des espèces et des variétés, ils les regroupaient sous un nom berbère qui signifiait que les moutons ne les mangeaient pas (les plantes épineuses ou vénéneuses par exemple).
En écoutant les habitants de Mareil-sur-Mauldre et de Maule nous parler de leur cadre de vie, j’ai fait le parallèle avec mon expérience nord-africaine. Je me rendais compte qu’ils parlaient d’abord d’eux, de leur histoire, de leur origine (la Bretagne souvent), de leur famille, et surtout de leur jardin. Ce que je regardais avec intérêt (les plantes évidemment), ils n’y accordaient de l’importance que s’ils pouvaient en évoquer l’usage alimentaire ou décoratif. Ils décrivaient des paysages familiers, des lieux intimes, insoupçonnables et inépuisables. Les plus bavards racontaient des souvenirs, de leur enfance ou de leurs voyages. Tous nous faisaient partager des bribes de leurs récits de vie, souvent émouvants.
Comment relier le monde matériel, objectif, que je savais décrire en termes de séries de végétation ou d’activités agricoles et forestières, et les mondes insaisissables de chacun ? Fallait-il avoir recours à la psychologie (les coquilles emboitées d’Abraham Moles) ? A la sociologie poétique de Pierre Sansot ? Au triptyque du géographe G. Bertrand (Territoire, géosystème, paysage) ? A la logique systémique du géoagronome J.-P. Deffontaines ? Sans compter tous les auteurs que j’écartais involontairement parce que je ne les connaissais pas !
En fait, je m’en suis aperçu ensuite, il ne fallait pas choisir, car toutes les entrées avaient un intérêt descriptif, explicatif ou interprétatif. Ce qui obligeait soit à une posture méta disciplinaire surplombante (philosophique par exemple), soit à un point de vue holiste, globalisant, prometteur de synthèses impossibles et de difficultés avec ses pairs scientifiques. Mais ce dernier problème ne se posait pas encore.
Au début des années 1980, mon projet personnel était en effet de rendre compte de mon expérience scientifique de phytogéographe et de pastoraliste méditerranéen en soutenant une thèse de doctorat à l’université de Montpellier. Ingénieur d’agronomie, je n’étais pas destiné à devenir enseignant-chercheur bien que cette perspective se concrétisa dix ans après. À cette époque, j’étais surtout un ingénieur fonctionnaire d’un corps d’État employé à mettre en place, avec d’autres, une politique publique de formation de cadres paysagistes. Je ne prétendais à aucune œuvre personnelle, ni à une carrière dans un ministère. Je tentais d’éclairer le mystère de la notion de paysage, laquelle était restée pour moi d’une limpidité surprenante grâce au paradigme de la plante indicatrice qui fonctionnait très bien au sud de la Méditerranée. Un vrai plaisir pour le voyageur curieux d’Essaouira à Gabès, et de Tanger à Bizerte. Mais l’idée de paysage s’était brutalement obscurcie en France au contact de la planète paysagiste.
Toujours est-il que le mélange de praticiens paysagistes libéraux, de jeunes enseignants des écoles d’architecture et d’ingénieurs horticoles formés récemment à la recherche scientifique créait un milieu incertain pour faire émerger une recherche cohérente à l’école. Chacun fit la sienne, indépendamment des autres, y compris sur le même lieu (la vallée de la Mauldre) et en publia les résultats significatifs quatre ans après la commande du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie.
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Les résultats des recherches
Ils furent publiés en 1983 dans le dossier « Des paysages » des Annales de la Recherche urbaine, n° 18-19, sous les titres : « Lecture d’un jardin » (Corajoud, M., et al), « Profondeurs » par B. Lassus et « La démarche de projet » par P. Mainié et al.
M. Corajoud et ses associés rendirent compte d’une analyse très fine des bosquets des jardins du château de Versailles, appuyée sur des mesures et des observations. « Nous avons fait le choix, écrivaient-ils en introduction, d’aborder cette recherche selon des modalités proches de celles que nous utilisons dans notre propre démarche de projet, c’est-à-dire en décomposant l’espace selon certains processus de son élaboration et en privilégiant un de ses aspects (…). Pour nous, la conception du jardin commence par la maîtrise du site, par le bâti général à partir duquel les lieux s’organisent, les formes s’installent. ».
Ils concluaient la publication ainsi : « Nous avons cependant quelques raisons de croire qu’elles (nos observations) laissent transparaître des ruptures évidentes dans les modes d’élaboration du jardin(…). En considérant seulement l’intervalle de temps qui va de 1660 à 1775, nous pouvons isoler trois grandes périodes formelles. La première, à Versailles, trouve son terme avec la représentation du jardin tel qu’il figure sur le plan «de l’Institut», trouvé par Alfred Marie (…). La seconde période correspond à la maîtrise d’œuvre effective de Le Nôtre et de ses collaborateurs de Vaux (1662-1663). Après Monceaux, Rueil et Vaux-le-Vicomte, l’influence italienne transforme le Versailles de Louis XIII, le jardin s’ouvre et annexe tout le territoire. Pour ce faire, Le Nôtre utilise des tracés qui introduisent une dynamique. Les figures instaurent un mode de croissance du jardin par des relations homothétiques et additives, des correspondances ouvertes et subtiles entre longueurs, surfaces et volumes, un enchaînement continu de proportions qui, partiellement, rompent avec la symétrie pour introduire l’équivalence (…).La troisième période correspond, pensons-nous, à la reprise en main du jardin par Mansart. A la fin de sa vie, Le Nôtre lui-même avait déjà modifié son vocabulaire formel et simplifié ses figures ».3
De son côté, B. Lassus a réuni plusieurs travaux personnels sous l’intitulé « Profondeurs ». Le Jardin vertical proposé pour le concours du parc de la Villette ; le Jardin des Planètes qui a fait également partie du projet pour le site des anciens abattoirs parisiens ; et deux textes plus anciens, « Le puits » et « Le monument », destiné à illustrer la dimension incommensurable de l’imaginaire poétique des lieux4.
Enfin, au nom de l’ENSP, l’économiste P. Mainié a rassemblé les travaux des autres enseignants dans un texte synthétique « La démarche de projet ». Neuf enseignants y ont participé : deux paysagistes, M. Corajoud et P. Dauvergne, deux écologues (et non écologistes !), P. Donadieu et M. Rumelhart, une historienne S. Hoog, un agronome économiste P. Mainié, un sociologue M. Chopplet, une plasticienne F. Blin et une documentaliste C. Bou5.
Le premier texte, rédigé par les paysagistes (essentiellement par P. Dauvergne), fait surtout état du rôle souhaitable des paysagistes dans l’établissement des documents d’urbanisme, notamment dans la conception des plans d’occupation des sols (POS). Il plaide l’idée que le Plan d’occupation des sols devrait devenir un véritable projet de paysage. Et il discute le droit, sinon le devoir, de juger « du beau et du laid » pour les habitants et les praticiens. Le texte s’appuie sur les travaux de B. Lassus (Le Jardin de l’antérieur, 1976 ; le Jeu des points rouges, 1978) et de l’historien dix-huitièmiste M. Conan.
Le second texte, intitulé « Les hommes et le milieu », expose succinctement l’étude sociologique : « les perceptions et satisfactions des habitants en matière de paysage » dans la vallée de la Mauldre, insiste sur le mitage du paysage, évoque des catégories de jardins (d’invention et de reconduction), et souligne l’intérêt de la mémoire et de l’histoire des lieux. Mais il est peu question des paysages de la vallée de la Mauldre qui ne sont pas décrits, ni évoqués. En conclusion, des « propositions pour des recherches ultérieures » sont indiquées. P. Mainié constate que « la vie difficile du groupe de recherche a reproduit le divorce qui bloque la création dans le domaine paysager ». Il suggère d’étudier les pratiques professionnelles qui sont diverses et peu connues, d’analyser la demande sociale et les formations dans ce domaine et de proposer une politique publique gouvernementale ambitieuse de paysage.
Toutes ces questions recevront des réponses de chercheurs au cours des trente années suivantes.
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Conclusion
L’étape fondatrice de la recherche à l’ENSP peut paraitre hétérogène. Elle est en fait à l’image des acteurs principaux des débuts de l’école. Deux écoles nouvelles de pensée paysagiste (dite plus tard « école française de paysage » par la Fédération française du paysage) se juxtaposaient (avant de s’affronter) en indiquant leurs postulats, celui d’une matérialité à gérer par la maitrise formelle, dessinée, globale et de détail, du projet dans le cas de M. Corajoud, qui s’inscrivait dans les pas d’André le Nôtre ; celui d’un imaginaire du paysage à susciter par « apport sur un support » en s’appuyant, notamment sur les théories du jardin pittoresque de Williams Chambers et de l’abbé Delisle (1776).
A côté de ces deux pôles majeurs du débat, la recherche académique dans les autres disciplines était balbutiante à l’école. Les sciences écologiques n’émergeaient pas pour des raisons que j’ai expliquées. Elles se développeront à partir d’un foyer franco-américain dix ans plus tard au CNRS et à l’INRA en dehors de l’école sous la forme de la landscape ecology. Seules les recherches en sciences humaines et sociales (géographie, sociologie, ethnoécologie, histoire des jardins, des paysagistes et du paysage, sciences politiques), portées d’abord par P. Dauvergne puis par A. Mazas, P. Donadieu et D. Bouillon, poursuivront ensuite leur développement avec la création du LAREP (laboratoire de recherches de l’École du Paysage) en 1993. Quatre années après que Bernard Lassus eut créé à l’École nationale d’architecture de Paris-la-Villette le diplôme d’Études approfondies (DEA) « Jardins, paysages, territoires » et sa formation doctorale avec l’École des hautes études en sciences sociales de Paris.
Pour une histoire du Centre National d’Étude et de Recherche du paysage (CNERP)
(1972-1979)
Version du 30 12 2018
Membres du CNERP, Yves Luginbühl et Pierre Dauvergne retracent un moment fondateur de l’histoire de la pensée du paysage en France.
Au regard de ce qu’a représenté le paysage dans l’histoire des relations des sociétés à la nature et à l’aménagement du territoire, l’histoire du Centre national d’Étude et de Recherche du paysage (1972-1979), le CNERP, pourrait paraître dérisoire. Le terme paysage apparaît en effet pour la première fois dans les Provinces Réunis, c’est-à-dire l’actuelle Hollande, en 1462 sous le mot « Lantscap », avant l’équivalent français dont la première occurrence connue date de 1549. Les diverses dates d’apparition du terme dans les autres langues s’éparpillent sur une durée de presque deux siècles et demi si l’on admet que le terme espagnol ne voit le jour qu’en 1708, selon l’Académie Royale d’Espagne.
Dès son origine, le terme est lié à l’aménagement du territoire, bien que certains spécialistes aient voulu voir en lui un mot du seul domaine artistique, la peinture de paysage, qui émerge chez les maîtres flamands. Pourtant, des manifestations picturales du paysage sont reconnues bien avant, notamment dans certaines fresques des villas romaines, et dans la célèbre fresque d’Ambrogio Lorenzetti peinte sur les murs du Palais ducal de Sienne en 1338 ; mais alors, le terme équivalent à paysage n’existait pas dans les langues correspondantes (le mot paesaggio apparaît en 1552, calqué sur le terme français bien que le dictionnaire Robert ait affirmé longtemps que c’était le terme italien qui avait inspiré le français).
Le CNERP à Trappes (Yvelines) dans les locaux d’une unité pédagogique parisienne d’architecture.
Pourquoi une histoire du CNERP ? Le contexte
Cette histoire sémantique pourrait sembler éloigner le sujet de cet article de son objet fondamental : il n’en est rien, dans la mesure où la somme des connaissances acquises lors de la création du CNERP n’était pas encore d’une ampleur suffisante pour fonder une ou des théories du paysage. Or, le CNERP doit son existence à cette histoire et il paraît essentiel de le rappeler. Pourquoi alors se consacrer à l’histoire de cet organisme qui vit le jour en 1972, après presque cinq siècles de pratiques d’aménagement des territoires, de réalisation de jardins dans tous les pays du monde, et de production d’une immense quantité de toiles représentant le paysage, dont certaines atteignent des sommes vertigineuses lors de ventes aux enchères ?
Pour les auteurs de cet article, l’objectif visé ici est une manifestation nécessaire de mémoire collective envers les jeunes générations de paysagistes et de chercheurs en paysage. Passer sous silence cette histoire serait oublier des milliers d’heures de réflexion, des débats parfois enflammés ou polémiques sur ce qui fait, finalement, le cadre de vie des populations de la planète. Car il s’agit bien de cela : loin de réserver la question du paysage à son unique protection, lorsque le paysage n’est conçu qu’en tant que sites remarquables ainsi que le défendent les lois de 1906[1] et 1930[2], les auteurs de ce texte souhaitent raviver un ensemble de questions que leur communauté s’est posée dans le cadre d’un formidable mouvement de transformation des paysages aussi bien français que mondiaux à la fin du XXe siècle.
Le CNERP doit son existence à un processus qui s’est amorcé bien avant sa date de création. Il n’est pas inutile de rappeler que dès le XIXe siècle, certaines personnalités ont déjà pensé le paysage dans leurs œuvres. À commencer par Alexander von Humboldt, explorateur et botaniste allemand qui parcourut le monde et surtout l’Amérique du sud de 1799 à 1803 pour comprendre la répartition des espèces végétales sur la planète ; certes, le savant allemand, membre de l’Académie des Sciences de la France, est un naturaliste passionné par la flore et la faune, mais dans ses récits, il est clair qu’il est fasciné par la beauté de la nature et des paysages. On pourrait dire qu’il est l’un des premiers à décrire les paysages qu’il a contemplés lors de ses expéditions.
Un peu plus tard encore, Elisée Reclus, célèbre anarchiste emprisonné pour avoir milité lors de la Commune, écrit en 1866 un article intitulé « Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes »[3]. Il amorce un point de vue sur le paysage qui ne sera conceptualisé que bien plus tard, lorsque la Convention Européenne du Paysage sera adoptée en octobre 2000 à Florence par 18 Etats membres du Conseil de l’Europe et aujourd’hui ratifiée par 38 de ces Etats : « La nature que le Français comprend le mieux et qu’il aime le plus à regarder, c’est la campagne doucement ondulée dont les cultures alternent avec grâce jusqu’à l’horizon lointain des plaines (…) Partout l’homme qui contemple cette scène voit des marques de l’industrie de ses semblables : la nature, façonnée par le travail, s’est humanisée pour ainsi dire, et le spectateur aime à se retrouver lui-même dans l’œuvre commune. ». Ici, c’est l’expression « œuvre commune » qui doit retenir l’attention car elle renvoie au cadre de vie élaboré par tous les acteurs du paysage et qui se retrouve sous le terme « paysages du quotidien » présent dans l’article 2 de la Convention Européenne du Paysage. Là se situe l’enjeu fondamental du sens du terme paysage alors que dès les années 1960, certains spécialistes s’alarment de l’étalement urbain et de la prolifération des lotissements, de la construction de nombreuses infrastructures, des stations balnéaires ou hivernales, des centrales nucléaires, de la disparition du bocage, des lignes à haute tension, etc.
Les premières dispositions réglementaires ont donc pour objectifs de rationaliser l’occupation du sol : c’est notamment la Loi d’Orientation Foncière (LOF) de 1967 qui institue les POS et les SDAU[4]. Mais ces documents législatifs ne règlent pas la qualité des paysages : ils ne font que tenter de répartir les activités sociales et économiques dans l’espace, à diverses échelles.
Le Service Central d’Aménagement et d’Urbanisme (STCAU), existant de 1967 à 1969, dépendant de la Direction de l’Aménagement Foncier et de l’Urbanisme (DAFU), du ministère de l’Equipement et de l’urbanisme (MEL) a été mis en place pour mettre en application la Loi d’Orientation Foncière. Dans ce but, dans le même temps, une administration territoriale technique se met en place et se renforce : les Directions Départementales de l’Equipement (DDE) et les Groupes d’études et de programmation (les GEP). Ces services étaient pour la plupart dirigés par de jeunes Ingénieurs des Travaux Publics. Sont également mis en place les Services Régionaux de l’Equipement (SRE). Le STCAU a été créé afin de les aider dans leurs nouvelles tâches par des assistances techniques, méthodologiques, documentaires, il a été structuré autour de groupes d’études et de recherches thématiques, comme le Centre de Documentation sur l’Urbanisme (CDU), et le Groupe de travail “Relations Ville Campagne ».
Ce groupe était dirigé par Rémi Pérelman, ingénieur agronome. Il était composé d’une petite équipe interdisciplinaire : Colette Sauvant, géographe, Florence Marot, sociologue, Claude Lelong, architecte à mi-temps, chercheur au CDU, et Pierre Dauvergne, paysagiste DPLG. Le STCAU a fait appel à des conseillers pour le paysage ou à des consultants : Jacques SGARD, paysagiste DPLG et urbaniste, et Bernard LASSUS plasticien coloriste, puis Charles ROSSETTI, ingénieur écologue, François BRUN, Denis POUPARDIN, Sané de PARCEVAUX, et Jean-Pierre DEFFONTAINES, agronomes, tous issus de l’INRA.
Cet organisme a publié de nombreuses notes techniques à l’adresse des équipes d’urbanisme sur le terrain. Ces notes sont baptisées « notes violettes » en raison du contraste qu’elles offrent par rapport aux documents habituels. Par ailleurs, le Centre de Documentation de l’Urbanisme, le CDU a édité en particulier le « BULLDOC ». Le Groupe Relations Ville Campagne a été très productif en notices violettes sous l’intitulé « les éléments principaux du site ». C’était le refus de l’idéologie de la table rase : sur un espace donné, il ne pouvait être question de tout urbaniser, car le paysage existe matériellement ; un plan n’est pas un espace vide, il y a toujours un élément concret du paysage ; ce principe s’adressait surtout aux DDE. Ainsi, de 1967 à 1970, les notes ont balayé la quasi-totalité des éléments physiques et naturels des sites, dont les exploitations agricoles, la bioclimatologie, la géomorphologie, la géologie, l’hydrologie, etc.
Dans cette période d’effervescence autour de l’émergence du paysage en tant que concept de l’aménagement et du territoire, de nombreuses notes sur divers sujets ont été publiées : en particulier des notes sur la végétation (1968) et la forêt (1969) par Pierre Dauvergne associé à des Ingénieurs du GREF, comme Mrs CLAUZURE conseiller technique auprès du Préfet de la région parisienne, et LASSEIGNE, du département tourisme, chasse et pêche à la Direction Technique de l’ONF[5]. Ces deux notes d’information accompagnaient en particulier la politique du ministre Albin CHALANDON, qui souhaitait développer l’urbanisation dans les massifs forestiers[6], ainsi qu’autour de plans d’eau, afin de « rapprocher les français de la nature »[7]. Une note sur l’expérience des Pays-Bas en matière d’environnement et d’aménagement a également été diffusée ; il faut préciser que les Pays-Bas étaient en avance sur ces questions et en particulier sur celle du paysage. Une note sur le « Paysage » était prévue également. La première étude générale recensant les diverses approches du paysage, principalement à l’étranger, et proposant des axes d’action, a été produite par les bureaux d’étude CINAM-SCAUE lancée par la DAFU – « La mise en valeur et la protection des paysages – De la protection des paysages à la mise en valeur du milieu de vie ». Cette recherche a été menée à la demande de Paul Dufournet, architecte, Inspecteur Général de la Construction. Jean Zeitoun, polytechnicien, l’un des membres de l’équipe, a publié un long article sur « La notion de paysage »[8].
Les années 1960 sont particulièrement fécondes en ce qui concerne le paysage et surtout 1968, année de renouveau des publications sur le paysage, notamment par Georges Bertrand, géographe et naturaliste, qui publie un article : « Le paysage, science diagonale » ; suivent des articles de Roger Brunet, « Analyse des paysages et sémiologie, Eléments pour un débat »[9], de Gilles Sautter, « Le paysage comme connivence »[10], et de bien d’autres. La communauté des géographes renoue avec la question négligée de paysage alors qu’elle avait été auparavant fortement analysée par de grands noms de la géographie, comme Paul Vidal de la Blache (le paysage comme produit de la relation des sociétés à la nature) ou Jean Brunhes.
Dans le même temps, le Centre de documentation livrait un numéro de son bulletin, dénommé le BULLDOC. Il comprenait deux articles principaux, très remarqués, mais guère apprécié par la hiérarchie (DAFU et Cabinet du ministre) : de Jacques Dreyfus « Les ambigüités de la notion d’environnement » (critique de la politique d’environnement), et de Bernard Lassus, « Les habitants face aux structures dans la création du paysage urbain.
Le STCAU était une véritable plaque tournante pour échanger connaissances, expériences avec les équipes de terrain, et vice versa. Ainsi, le groupe relation ville campagne a animé le Club des paysagistes d’OREAM, avec la participation du responsable de l’environnement de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, l’APCA : Jacques Sgard (Nancy-Metz-Thionville, et Aix-Marseille-Fos), Michel-François Citerne (Nancy-Metz-Thionville), Jean Challet et Pierre Mas (Nord – Pas de Calais), Michel Viollet, (Nantes-Saint-Nazaire). Ces échanges étaient nécessaires dans cette période, où tous les spécialistes étaient confrontés à des échelles et à des questionnements totalement nouveaux, en particulier la protection et l’aménagement des espaces agricoles, et des projets de « ceintures vertes », « coupures vertes », « coulées vertes », … dans les aires urbaines.
Les évènements de mai 1968 ont eu des conséquences sur le processus de développement des études et analyses du paysage en France : le STCAU a été en grève et en assemblée générale durant plusieurs semaines, et des motions ont fait la une des Revues d’Urbanisme au plan international. Le gouvernement n’a pas apprécié et, à partir de 1969, le STCAU a été démantelé en douceur. En marge des activités du groupe « relations Ville Campagne », de nombreux intervenants se sont mobilisés pour agir et poursuivre la défense des idées de paysage, et tout particulièrement pour demander la création de formations de professionnels, sachant que le ministère de l’Agriculture avait l’intention d’arrêter la Section du Paysage et de l’Art des Jardins (SPAJ) de l’ENSH.
Quelques repères à retenir :
1967 – 1970 : LE G.E.R.P. GROUPE D’ETUDE ET RECHERCHE SUR LE PAYSAGE est mis en place, et dans le même temps :
1969 – 1974 : L’OREALM, ORGANISATION D’ETUDES D’AMENAGEMENT DE LA LOIRE MOYENNE, où travaille le paysagiste Pierre Dauvergne ,
1968 – 1975 :L’ASSOCIATION PAYSAGE, préfigurant le CNERP, est créée :
Douze fondateurs se réunissent dont : Jacques Sgard, paysagiste-urbaniste, Président, Bernard Lassus, plasticien, Vice-Président, Rémi Pérelman, ingénieur agronome, Secrétaire général, Pierre Dauvergne, paysagiste DPLG, Secrétaire, Paul Clerc, paysagiste, du bureau d’étude PAYSA, Trésorier. Autres Membres : Jean Challet, paysagiste DPLG et urbaniste à l’OREAM Nord, Charles Rossetti, ingénieur écologue, Claude Auber, architecte, directeur adjoint du STCAU, Clauzure, ingénieur forestier, conseiller technique auprès du Préfet de la région parisienne, Jean-Pierre Deffontaines, ingénieur agronome-géographe à l’INRA, Olivier Dollfus géographe, et Paul Rendu, sociologue au Centre de sociologie urbaine, le CSU. Il s’agit d’un regroupement de disciplines variées pour aborder les questions de paysage dans toute leur ampleur, et en cela, bien au-delà des questions esthétisantes et protectionnistes, qui ont cours à cette époque.
En 1971, lors de la création du premier Ministère chargé de l’Environnement par Robert Poujade (1971/1974), l’association PAYSAGE lui fait part de ses préoccupations et propositions, soit de mettre en place une formation au « paysage d’aménagement » pour des professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme. Le Ministre, qui avait besoin d’asseoir son autorité le plus vite possible, donne son accord au projet de l’association, car il pouvait être mis en place très rapidement. Ainsi, l’association est chargée par le Ministère de l’environnement de créer un cycle d’un an pour une formation expérimentale au « paysage d’aménagement » destinée à des professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme, et pour développer la recherche. Ce cycle a été mis en place en 1972. En 1973, le Ministre prend publiquement position dans Le MONDE du 22 septembre 1973 par un article en pleine page, intitulé « Vie et mort des paysages – Les pouvoirs publics peuvent-ils sauver les sites ? »[11]. L’association s’installe dans des locaux 45, rue de Lisbonne à Paris. La première promotion de quinze professionnels a été prolongée d’un an. Le bilan étant jugé très positif, ce cycle a été reconduit durant trois années. Il est animé par le Groupe d’Orientation Pédagogique et scientifique (GOPS),
Serge Antoine, du Haut Comité de l’Environnement, suggère au ministre la création du cycle de formation au paysage, projet qu’il connait, et qui de son point de vue, est mûr pour sa mise en œuvre. D’autre part, ce projet contribuerait à la formation de personnels compétents pour les futures politiques du ministère, et ses nouvelles structures administratives décentralisées. Le 2 novembre 1971, un Conseil Interministériel charge l’association PAYSAGE de mettre en place un cycle professionnel annuel sur « le paysage d’aménagement ». Grâce à une subvention du Ministère, le cycle est installé le 16 novembre 1972. Une petite équipe auprès de Rémi Pérelman prépare le cycle : Sarah Zarmati, Charles Rossetti et Pierre Dauvergne, puis est mis en place le GOBS, avec la participation de membres de l’équipe plus Jacques Sgard et Bernard Lassus. Les stagiaires font acte de candidature après parution d’annonces dans la presse, ou par connaissance de l’existence du cycle, notamment par les GERP et la SPAJ (section du paysage et de l’art des jardins de l’ENSH de Versailles). Ils sont recrutés après entretien avec un jury. Il est veillé à la constitution de promotions équilibrées entre paysagistes et les autres disciplines. De 1973 à 1974, Pierre Dauvergne est chargé de mission pour mettre en place l’« Appui Technique » aux Ateliers Régionaux des Sites et Paysage (ARSP), puis aux Directeurs Régionaux de l’Environnement (DRE), deux nouvelles structures de l’Administration. De 1972 à 1976 : quatre cycles longs interdisciplinaires de formation professionnelle au paysage (post 3ème cycle) se déroulent durant cette période. Le Groupe d’Orientation Pédagogique et Scientifique, rassemble Jacques Sgard, Bernard Lassus, Charles Rossetti, Jean Challet, Jacques Montégut, Michel Macary, Pierre Dauvergne et d’autres intervenants ponctuels.
En 1975, l’Association PAYSAGE laisse la place à une association (loi 1901) qui devient le support du CENTRE NATIONAL D’ETUDE ET DE RECHERCHE DU PAYSAGE (CNERP), structure plus pérenne. Elle poursuit le cycle de formation jusqu’en 1976.
Le CNERP : CENTRE NATIONAL D’ETUDE ET DE RECHERCHE DU PAYSAGE.
Après les deux premières années, le cycle de formation est institutionnalisé au sein du CNERP le 31 mars 1975 par le Ministre de la Qualité de la Vie, André JARROT, à Trappes près de Versailles, dans les locaux d’une antenne pédagogique d’une école d’architecture parisienne. Il reste une association, mais comporte un Conseil d’Administration interministériel, présidé par Pierre de la Lande de Calan de la Fondation de France[12]. Le CNERP est confirmé par le Ministre André FOSSET le 27 avril 1976. Mais, à l’issue de l’Assemblée générale du CNERP du 24 janvier 1979, le Ministre Michel d’ORNANO décide de fermer le CNERP.
De gauche à droite, Alain Levavasseur, Janine Grégoire, Yves Luginbühl, …, Jean-Pierre Boyer, Sarah Zarmati, Pierre Dauvergne, Viviane (secrétaire du CNERP), Rémi Pérelman,…, Philippe Robichon, Alain Sandoz, Bernard Fischesser, Claude Bassin-Carlier.…, 1974.
Les missions du CNERP et ses réalisations
Les missions du CNERP comprenaient :
Les études et la recherche
La documentation
La conception et la diffusion de documents d’information, la mise en place de session de formation.
La formation proprement dite de « paysagistes d’aménagement », expression qui mérite que l’on s’y arrête un moment.
Toutes ces missions ont été assurées, plus ou moins. La formation des paysagistes d’aménagement n’a duré que 5 années, c’est-à-dire 4 cycles de formation. La documentation a bien fonctionné avec le recueil de nombreux ouvrages, articles, rapports grâce à la ténacité de Sarah Zarmati assistée plus tard de Claudine Zysberg et de Nicole de Gouttes ; y participent également Alain Sandoz et Luc Voyenne qui s’occupe des « Nouvelles du Paysage », lettre d’information sur l’actualité du paysage. De nombreux documents d’information ont été réalisés, avec la mise en place de sessions de formation pour les cadres et techniciens des administrations concernées. L’équipe des études et de recherche, dirigée par Pierre Dauvergne, recruté le 31/01/1975 à cet effet, produit des études de paysage un peu partout en France avec l’aide des stagiaires devenus chargés d’étude. La recherche reste cependant une activité plutôt marginale.
À partir de 1975, la direction est assurée par Rémy Pérelman et un secrétariat assuré par diverses personnes qui se sont succédées au cours du temps. Le cycle de formation professionnelle au paysage d’aménagement comprend des séminaires animés par un groupe d’enseignants comportant Jacques Sgard, Bernard Lassus, Charles Rossetti, Rémi Perelman. D’autres enseignants participent également à l’enseignement comme Michel Macary, architecte, Jean Challet, paysagiste, Jacques Montégut, écologue, Pierre Dauvergne. Les séminaires portent sur des sujets divers, comme la poly-sensorialité du paysage, l’apprentissage de nouvelles sensations sensorielles avec l’écoute de musiques contemporaines (le compositeur Pierre Mariettan), les approches philosophiques de la sensorialité, la démarche écologique, la question du changement d’échelle, l’apprentissage de l’analyse des photographies aériennes, etc. Plusieurs voyages furent organisés pour la première promotion : autour de Fos-sur-Mer, au moment de la constitution du grand aménagement du terminal pétrolier et la découverte de l’étang de Berre, une journée au BRGM à Orléans pour découvrir les capacités du microscope électronique, notamment.
La présentation de la première étude sur le paysage à l’échelle de l’aménagement du territoire, en vallée de la Loire, est réalisée par l’OREALM et une équipe de jeunes paysagistes sous la direction de Pierre Dauvergne, avec des phyto-sociologues du Centre d’études phytosociologiques et écologiques (CEPE),un laboratoire du CNRS à Montpellier. Cette étude, publiée sous le nom « Le paysage rural et régional » a été l’occasion de découvrir l’approche poly-sensorielle et les méthodes de diagnostic paysager, d’évaluation des évolutions des paysages, et l’intégration des propositions dans les documents d’urbanisme tels que les POS et SDAU.
Les stagiaires ont participé à trois études de paysage à l’échelle de l’aménagement du territoire : l’étude paysagère du plateau de Valbonne-Sophia-Antipolis, l’étude paysagère d’un périmètre dans le Parc naturel régional d’Armorique autour de la commune du Faou, et l’étude de paysage d’un axe routier en Champagne.
Plus précisément, le CNERP s’est organisé selon les activités suivantes :
Le Centre de Documentation du Paysage, dirigé par Sarah Zarmati, réunira plusieurs milliers d’ouvrages et de publications diverses. Il a réalisé des bibliographies, des notes et des recherches documentaires.
La cellule audiovisuelle, dirigée par Yves Luginbühl, assisté de Jean Pierre Boyer et Pierre Vantouroux ,a constitué une diathèque et réalisé des documents audiovisuels de sensibilisation au paysage. Cette cellule concevra les maquettes des publications du CNERP.
La cellule de la Formation Continue animée par Anne Kriegel a animé de nombreuses sessions de formation continue à l’adresse des milieux professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme. Voir par exemple le programme de l’année 78.
Le groupe d’étude, de recherche et d’expérimentation :
Avant la mise en place du groupe, l’Appui Technique (1973-1975) animé par Pierre Dauvergne, a fonctionné principalement auprès des Chefs des Ateliers Régionaux des Sites et Paysage (ARSP), puis des Directeurs Régionaux de l’Environnement (DRE). Par ailleurs, Alain Mignard, paysagiste, a été recruté temporairement en 1973-1974 et mis à disposition de l’Etablissement Public d’Aménagement de la Ville Nouvelle du Vaudreuil. À partir de 1975, Pierre Dauvergne est recruté au 31/01/1975, en tant que directeur d’étude responsable de l’équipe des études, recherches et expérimentations. L’équipe est rapidement constituée principalement par des professionnels issus des cycles de formation du CNERP dont : Alain Levavasseur, paysagiste DPLG, Marie Noëlle Brault, paysagiste DPLG, Zsuza Cros, paysagiste hongroise, Jean Pierre Saurin, paysagiste DPLG, Jean Rémy Nègre, architecte-urbaniste. S’y joindront d’autres membres de l’équipe : Marie Claude Diebold, géographe, Claude Bassin-Carlier, ingénieur écologue, Janine Grégoire, secrétaire. Il était fréquent que des travaux mobilisent des membres de plusieurs unités en même temps. Selon le Centre de Documentation, de 1973 à 1977, 127 rapports d’études, ou de recherches sont réalisés par les équipes du CNERP (7 en 1973, 24 en 1974, 28 en 1975, 34 en 1976 et 34 encore en 1977). À l’analyse de ces listes il est possible de recenser les thèmes qui préoccupaient le Ministère et ses services. En effet, la quasi-totalité de celles-ci correspondent à des commandes du Cabinet et des services centraux. Les contrats étaient négociés par Rémi Pérelman. Certains constituaient des formes de subvention publique de fonctionnement au CNERP.
Désormais, il faut se pencher sur les apports du CNERP non seulement au domaine du paysage lui-même, mais également aux paysagistes et à la recherche sur le paysage.
Les apports du CNERP
Le premier apport a sans doute été une nouvelle manière d’aborder le paysage en lui donnant une dimension sensible. Cependant, celle-ci se résumait à la poly-sensorialité, surtout centrée sur la vue ; c’est cette sensorialité qui a été présente dans l’étude des paysages de la Loire moyenne réalisée par l’OREALM. Elle se traduisait par des schémas de vues sur les éléments du paysage, et des coupes de la vallée notamment. La question des sensibilités sociales aux paysages n’était pas vraiment évoquée. Elle viendra plus tard, lors du premier appel d’offres de recherche engagé par la Mission de la Recherche Urbaine en 1983. Une tentative eut lieu pourtant dans une étude effectuée sur la vallée aval de la Loire, mais elle n’aboutit pas totalement. L’intérêt pour cette sensibilité est cependant précurseur des nombreuses recherches qui ont commencé dans les années 1980 avec les notions de représentations sociales des paysages et qui ont marqué profondément un renouveau des approches paysagères ; ces représentations sociales ont été au cœur de toutes les recherches réalisées dans le cadre des programmes scientifiques engagés ensuite au ministère chargé de l’environnement[13].
Cet apport s’est accompagné d’une réflexion globale sur les dimensions matérielles et immatérielles du paysage, qui ne virent leur aboutissement que plus tard, avec les recherches conduites dans les programmes scientifiques évoqués ci-dessus. Mais cette réflexion avait permis d’engager un débat qui se cristallisera en 1991 lors du colloque organisé par Bernard Lassus, Augustin Berque, Alain Roger, Pierre Donadieu, Lucien Chabason et Bernard Kalaora au Centre Georges Pompidou et intitulé « Au-delà du paysage moderne »[14]. C’est lors de ce colloque que les participants ont d’une certaine manière entériné la fin de l’esthétique du pittoresque et du sublime qui avaient déjà été critiqués dans les séminaires du CNERP.
Le second apport a concerné les méthodologies d’analyse des paysages. Alors que celles-ci s’appuyaient principalement sur l’étude de l’occupation des sols à l’aide de données statistiques quantitatives, notamment chez les géographes, les enseignants du CNERP ont développé des approches qualitatives fondées sur des analyses sensibles. Les études précédentes qui utilisaient ces données des recensements de la population ou de l’agriculture étaient critiquées pour leur « froideur » qui ne rendait pas compte des sensibilités aux paysages. L’étude de l’OREALM fit figure de pionnière, en mettant en œuvre la dimension sensible. C’est d’ailleurs cette méthode qui fut appliquée dans les études du CNERP, non seulement à Sophia Antipolis, mais aussi au Faou. Puis dans les autres études qui suivirent, la même méthode fut également mise en œuvre. Notamment dans l’étude du Plan d’Aménagement Rural de l’Argonne, lieu des terribles combats durant la Grande Guerre de 1914/18.
La formation des ingénieurs du Centre d’Etude du Réseau de Transport (CERT) d’Electricité de France) (EDF)[15]. Ainsi, la totalité des ingénieurs du CERT, ont participé à une formation exemplaire sur plusieurs années. Ces ingénieurs, dits les « lignards » étaient responsables des tracés des lignes à très haute tension et hautes tensions pour transporter l’énergie produite par les nouvelles centrales nucléaires. Les études se heurtaient à de fortes oppositions car les lignards élaboraient des tracés linéaires faisant fi des singularités géographiques. Parfois, les tracés évitaient des secteurs trop sensibles. Ainsi, le CNERP a été chargé de développer une culture du paysage chez ces lignards par des sessions courtes de formation, mais aussi par des exercices pratiques avec une maquette représentant le terrain. Au-dessus de celle-ci des caméras mobiles permettaient de visualiser et d’évaluer les simulations de tracé. Les lignards devaient justifier leur projet de tracé.
Les cadres des entreprises d’extraction des granulats ont aussi fait l’objet de sessions de formation. C’est ainsi qu’à partir d’une maquette de 5 m x 5 m conçue par Y. Luginbühl représentant la situation géographique de la confluence de la Seine et de l’Yonne a été réalisée et filmée en 16 mm avec la caméra d’Yves Luginbühl, assisté de Jean-Pierre Boyer et de Pierre Vantouroux, image par image afin de reconstituer l’évolution des paysages avec le développement des sablières et de l’urbanisation.
En 1977, une expertise éclair sur le projet d’implantation de la station de sports d’hiver de Barca dans la vallée d’Aspe, près du village d’Aydius. Elle a été réalisée pour le compte du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques par Yves Luginbühl, Sarah Zarmati, Janine Grégoire et Pierre Dauvergne. Il était demandé d’évaluer le volume bâti dans le paysage et de mesurer l’impact de la voirie d’accès à créer. Cette expertise réalisée en un temps record est exemplaire de l’approche paysagère du CNERP, à la fin de son existence. Cette approche globalisante affiche une problématique en termes de développement et d’aménagement d’un territoire, bien au-delà des simples impacts visuels.
De 1973 à 1984, 12 années d’assistance à l’Etablissement Public d’Aménagement de la Ville Nouvelle du Vaudreuil (EPVNV) et à sa Cellule Environnement. Cette assistance correspondait à l’une des « 100 mesures pour l’environnement » puis a été inscrite dans le programme de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST). Ont été réalisées plusieurs études méthodologiques et recherches et assurée une présence au sein de la cellule ‘environnement du Conseil scientifique. Cet ensemble de travaux a été mené par le CNERP dans la durée, puis, à partir de 1979, par le service technique de l’urbanisme avec l’ENSP de Versailles nouvellement créée. Il comprenait un géographe, un sociologue, un acousticien, un hydrogéologue, un naturaliste pour la faune, et un paysagiste. Le conseil a particulièrement travaillé sur les dossiers d’impact des projets d’ aménagement:
en 1974, l’étude paysagère du site de la ville nouvelle du Vaudreuil par Alain Mignard,
en 1978, avec Alain Levavasseur recherche méthodologique pour l’établissement de palettes végétales des sites en voie d’urbanisation.
de 1978 à 1980 : Recherche sur « la production, la gestion et l’appropriation des espaces extérieurs en milieux urbains nouveaux ». Recherche menée par Sarah Zarmati, Alain Levavasseur, moi-même avec les sociologues Maurice Imbert et Jean Charles Lagree du Centre d’Ethnologie Sociale et de Psychologie du CNRS, enfin avec Michel Gantier, photographe à l’EPAVNV.
Les 6 et 7 mai 1976, à Cabourg, présentation des résultats de l’étude sur « les approches paysagères ». Ce fut le séminaire « Paysage et Aménagement » de Cabourg. Le travail fut mené par Sarah Zarmati, Jean Pierre Saurin, Ssuzsa Cros, et Pierre Dauvergne. C’était une commande importante du ministère de la Qualité de la Vie (MQV). La restitution de l’étude s’est faite dans le Grand Hôtel de Cabourg devant une centaine de personnalités des différentes directions et services des ministères en charge des questions de sites, paysage et environnement.
1978 à 1981 – Préparation et exploitation du concours du parc départemental du SAUSSET pour la Société d’Economie Mixte du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis (la SODEDAT 93). Sous la Direction de de C. Bouzemberg, architecte-urbaniste, une équipe a été constituée avec, pour le CNERP : Alain Levavasseur, Claude Bassin-Carlier, et Pierre Dauvergne, pour l’Université de Paris Nord (Villetaneuse), le Professeur Sivignon, géographe, et pour le laboratoire d’économétrie de l’Ecole polytechnique, Robert Ballion, sociologue. Les propositions remises ont mis en évidence nettement les deux tendances conceptuelles du moment dont l’une, récente, qui s’est affirmée lors du concours. À ce titre, ce concours présente une certaine exemplarité, qui a d’ailleurs inspiré les responsables de la mission du parc de l’Etablissement Public d’Aménagement du Parc de la Villette.
L’apport à la recherche scientifique fut cependant marginal : il y eut bien deux réponses à un appel d’offres du CORDA, du ministère de la Culture, l’une sur les paysages de coteaux, conduite en Bourgogne par Yves Luginbühl et Rémi Pérelman, l’autre par Rémi Nègre. Mais elles n’aboutirent pas à des enseignements très déterminants, même si la première se poursuivit pour Y. Luginbühl, par une thèse de doctorat sur les valeurs attribuées aux paysages de la Côte viticole bourguignonne.
Sans doute le principal apport du CNERP a-t-il concerné les significations du paysage, en particulier la double dimension, matérielle d’une part et immatérielle d’autre part en ayant recours à ce qui avait été développé autour du « sensible ». Il est possible d’affirmer que tous les travaux qui ont été réalisés plus tard dans la communauté scientifique et dans celle des praticiens du paysage ont été marqués par les avancées du CNERP, même si celles-ci n’étaient pas toujours évoquées. Dans la sphère des administrations concernées par l’aménagement du territoire, il est certain également que ces avancées ont été significatives, notamment à la Mission Paysage devenue en 1993 Bureau des paysages. Il faut rappeler que la Mission Paysage a été composée dès sa création en 1979 de deux anciens stagiaires du CNERP, Yves Luginbühl et Anne Kriegel placés sous la direction de Lucien Chabason, au sein de la Direction de l’Urbanisme et des Paysages dirigée par Yves Dauge puis par Eudes Roullier. D’ailleurs, en 1993, Ségolène Royal a fait voter la première loi « Paysage » qui s’est inspirée indirectement des avancées du CNERP[16].
Un autre apport, enfin, a été déterminant pour l’avenir du paysage d’aménagement : celui d’avoir constitué une communauté de praticiens du paysage. Ils sont passés de l’échelle du jardin à celle du territoire habité et ont structuré la collectivité des chercheurs en un grand groupe opératoire sur les analyses des paysages grâce à une forte diversité de démarches et de résultats. Mais d’une certaine manière, le fait d’avoir contribué à la reconnaissance des paysagistes d’aménagement a conduit le CNERP à sa perte.
En 1975, la création de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles a provoqué la fin du CNERP : non seulement, de nombreux paysagistes, qui n’étaient pas passés par cet organisme, le considérèrent comme un concurrent à leurs propres agences libérales, mais, en outre, le CNERP connut une période de difficultés financières en raison de son mode de fonctionnement, fondé sur des contrats, sans subvention régulière qui aurait pu assurer sa survie. La composition interdisciplinaire du CNERP n’était sans doute pas non plus bien vue des paysagistes. En février 1979, le ministère de l’Environnement mit fin au CNERP. Ses agents partirent soit au Service Technique de l’Urbanisme, soit à la Mission Paysage, soit à l’Atelier Central de l’Environnement ; les autres suivirent une autre voie, en dehors des institutions publiques.
Les réunions périodiques des chefs des ateliers régionaux des sites et paysages (ARSP) à Trappes avec l’Appui Technique ont finalement été suspendues et rapatriées au ministère, ce dernier vivant mal l’influence des idées du CNERP sur ses jeunes services…sans compter avec les difficultés d’accès depuis la province. Avant la dissolution du CNERP, les agents entreprirent une grève. À la fin de 78, les personnels, une vingtaine de personnes, mènent une série d’actions pour défendre l’existence du CNERP, outil expérimenté dans le domaine du paysage, et bien sûr pour la défense de leur emploi. Avec le soutien de l’Union locale de la CGT, de nombreuses interventions sont menées. Deux parlementaires se mobilisent et posent une question orale tant à l’Assemblée Nationale, qu’au Sénat : Michel Rocard, député des Yvelines, Maire de Conflans-Sainte-Honorine, et Bernard Hugo, sénateur, maire de Trappes, Président de l’EPA de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Les préoccupations des personnels sont prises en considération, comme l’intérêt de préserver l’expérience du CNERP, notamment lors d’une Inspection générale du Ministère. La création d’une nouvelle direction, celle de la Direction de l’Urbanisme et du Paysage (DUP), une grande première ! Et en son sein, la Mission du Paysage ! Le CNERP n’a pas été inutile, il pouvait laisser la place à une administration durable.
Aujourd’hui, le paysage s’est relativement bien imposé dans le domaine de l’aménagement du territoire. Il y occupe une place non négligeable et surtout dans les dispositifs participatifs à l’échelle locale ; il reste cependant assez loin au-dessous des enjeux actuels du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Par ailleurs, il signifie souvent pour les élus davantage protection plutôt qu’aménagement du territoire. En conséquence, il devient une contrainte plutôt qu’un atout. En outre, il est le plus souvent invoqué dans les opérations de tourisme qui devient ainsi l’une des activités économiques les plus attractives des collectivités territoriales. Pourtant, à l’échelle européenne, grâce à la Convention Européenne du Paysage, le paysage est fréquemment un facteur de développement économique et de bien-être social. Mais il reste du chemin à parcourir pour que l’idée de paysage devienne un objectif à part entière à côté du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Bien qu’il puisse, par la prise en compte des structures paysagères, pouvoir servir ces deux causes essentielles pour l’avenir de l’humanité et de la planète.
Au-delà du CNERP, les anciens stagiaires ont suivi des trajectoires différentes, les uns dans l’administration déconcentrée, d’autres dans le privé, d’autres encore dans la recherche ou dans des associations, des CAUE, etc. Chacun d’entre eux ont vécu l’expérience du CNERP d’une manière différente. C’est donc leurs témoignages individuels qui complètent cette brève histoire, mais qui apportent des enseignements essentiels pour comprendre le développement pionnier en France du « paysage d’aménagement ».
Yves Luginbühl et Pierre Dauvergne avec le concours de Pierre Donadieu, décembre 2018.
[1] Loi sur la protection des sites et monuments naturels de 1906 pour leur intérêt artistique, légendaire, scientifique et esthétique. Cette loi a concrétisé un long parcours de diverses personnalités françaises dont Prosper Mérimée et le Touring Club de France. C’est Charles Beauquier, député du Doubs qui fit voter la loi à la Chambre des Députés.
[2] Loi de 1930 sur les sites classés et inscrits remplaçant celle de 1906.
[3] Reclus Elisée, 15 mai 1866, « Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes », Revue des Deux Mondes, Paris.
[4] Cette loi permettait de mettre en œuvre les Schémas Directeurs d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU), les Plans d’Occupation des Sols (POS), les Coefficients d’Occupation des sols (COS), la Taxe Locale d’Equipement (TLE), et les Zones d’Aménagement Concertée (ZAC).
[6] En effet, la LOF l’autorisait à condition de laisser ouvert au public les 9/10ème du massif urbanisé
[7] Voir les lotissements de maisons individuelles dites « Chalandonnettes »
[8 Zeitoun,1969, « La notion de paysage », in L’architecture d’aujourd’hui – N° 145.
[9] Brunet Roger, 1974, « Analyse des paysages et sémiologie, Eléments pour un débat », L’espace géographique, n° 2, pp 120-126, Paris.
[10] Sautter Gilles, 1979, « Le paysage comme connivence »- Hérodote (16), p. 41-66.
[11] Ce texte est intégré dans son ouvrage de 1975 « Le ministère de l’impossible ».
[12] Par ailleurs l’un des dirigeants de la Barclay’s Bank.
[13] Programmes de recherche : Paysage et Politiques Publiques, de 1998 à 2003, Paysage et Développement Durable, phase 1, de 2005 à 2010, Paysage et Développement Durable, phase 2, de 2010 à 2015, Paysage, Territoires, Transitions, à partir de 2015. Yves Luginbühl, membre du CNERP a été président des comités scientifiques de ces programmes.
[14]Le Débat (1991). « Au-delà du paysage moderne ». Paris, Gallimard, n° 65, mai-août.
[15] A noter, qu’EDF faisait partie du Conseil d’Administration du CNERP.
[16] LOI n° 93-24 du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages et modifiant certaines dispositions législatives en matière d’enquêtes publiques (1