3 – Le premier projet d’Institut du paysage

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Chapitre 3
Le premier projet d’Institut du paysage à Versailles
(1965-1971)

ou

La promesse de l’aube…

Version du 2 juin 2018

Deux formations dans une même école

À la fin de 1961, dans l’atelier qui leur est réservé à l’École nationale supérieure d’horticulture de Versailles, les apprentis paysagistes de la Section du paysage et de l’art des jardins1 se consacrent chaque jour à la conception de leurs nombreux projets. Des professionnels, architectes, urbanistes, ingénieurs horticoles et/ou paysagistes DPLG, comme Théodore Leveau, Jacques Sgard ou Jean-Claude Saint-Maurice les encadrent2. D’autres enseignants vacataires, à la fois ingénieurs horticole et paysagiste DPLG, comme G. Sabourin en utilisation des végétaux, J.-P. Bernard en sols sportifs, Albert Audias3 en histoire de l’architecture et techniques de travaux (depuis 1946), et Roger Puget (architecte) en urbanisme… leur dispensent des cours dans le petit amphithéâtre voisin4. Leurs études durent deux ans après une année de cours préparatoires comme auditeurs et une sélection sur concours. Ils obtiennent après une activité en agence d’au moins un an et un « concours en loge » le diplôme de paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture (converti plus tard en paysagiste diplômé par le gouvernement comme pour les architectes et les géomètres)5.

Dans les bâtiments du Potager du roi, dans les salles de travaux pratiques, les laboratoires, les serres, les jardins et les amphithéâtres travaillent également les élèves ingénieurs de l’École nationale supérieure d’horticulture. Leurs enseignants, titulaires de l’enseignement supérieur agronomique : chefs de travaux, maîtres de conférences ou professeurs, leur dispensent un enseignement technique qui amorce cependant un tournant de plus en plus scientifique. Après des études qui durent trois ans suivant un concours d’entrée et une à deux années dans les classes préparatoires des lycées agricoles ou d’enseignement général, ils obtiennent un diplôme d’ingénieur horticole. Leur emploi du temps est saturé de cours, de travaux pratiques, de visites d’entreprises et d’excursions botaniques, ce qui n’est pas le cas des étudiants paysagistes qui se consacrent surtout à des travaux d’ateliers et à des visites de jardins, de chantiers, de musées ou d’expositions.

D’un côté, environ 120 à 130 étudiant(e)s en horticulture, de l’autre 15 à 25 étudiant(e)s paysagistes. Pour les premiers, le modèle pédagogique repose sur la norme technique, l’expérience scientifique en laboratoire et le calcul économique, et pour les seconds sur la pratique de l’atelier à la façon de l’ École des Beaux-Arts sous la direction d’un maître reconnu. Ni les uns, ni les autres ne passent beaucoup de temps de travail dans le Potager où les blouses blanches des chercheurs commencent à remplacer les tabliers bleus des jardiniers. Leurs relations dans un cadre pédagogique sont marginales (quelques enseignements communs de botanique et d’écologie en tant qu’auditeurs libres). Mais ils se retrouvent tous dans le cadre extrascolaire des nombreuses activités festives du Cercle des élèves.

Dans cette décennie marquée politiquement et socialement par les « évènements » (des grèves et manfestations massives d’étudiants et d’ouvriers) de mai 1968, des bouleversements considérables de l’enseignement horticole et paysagiste français se préparent. Ils vont déterminer les transformations de l’établissement au cours des cinquante années suivantes.

Les signes avant-coureurs : une École nationale supérieure du paysage et de l’art des jardins

Dès 1964, le ministère de l’Agriculture, qui dispose de la tutelle de l’École d’Horticulture depuis sa création en 1873, manifeste le désir de réformer l’enseignement supérieur agronomique et vétérinaire. Il s’agissait de créer des écoles d’application comme débouchés d’un diplôme d’agronomie générale obtenu en deux ans après le concours d’entrée (deux ans après le bac) dans les Écoles nationales supérieures d’agronomie.

Concernant l’ENSH, la Direction générale de l’enseignement et des affaires professionnelles et sociales prévoyait également depuis une lettre du 7 décembre 1964 au directeur E. Le Guélinel, de remplacer l’ENSH au statut ambigu6 par une formation d’ingénieurs des travaux en trois ans après un concours, et une formation de niveau supérieur en deux ans.

Le 22 mai 1966, J.-M. Soupault, directeur général de l’Enseignement supérieur valide le projet de « la future école d’application » à Versailles en deux ans : une année pour obtenir un diplôme d’agronomie approfondie, et une année supplémentaire pour se spécialiser en horticulture et «briguer également un doctorat de 3e cycle dans une spécialité horticole ».7

Dans ce contexte de réforme, les enseignants de la Section du paysage et de l’art des jardins créent, en 1965, une commission pour étudier « l’organisation à venir de l’enseignement du paysage et de l’art des jardins ». Ses conclusions en septembre affirment « la nécessité de détacher l’enseignement du Paysage, au plus haut degré, de la formation agronomique. Ceci permettrait d’accentuer le caractère artistique de cet enseignement et de resserrer les liens avec d’autres disciplines telles l’Architecture et l’Urbanisme »8. Ce projet, qui reprend des revendications antérieures, n’exclut cependant pas de reconduire un double diplôme d’ingénieur et de paysagiste, comme c’était le cas depuis le décret fondateur de 19459.

Dans cette contribution est proposée une organisation en trois ans après la sélection d’entrée où est affirmée la nécessité d’une « culture propre au domaine des jardins et autres domaines de l’Art, et la formation artistique à partir du potentiel de sensibilité et de talent d’expression reconnu à l’élève par le concours d’entrée». Quatre domaines devaient compléter cette organisation : « la connaissance de l’homme (le cadre juridique et social des activités de plein air), la connaissance de la nature (l’utilisation des végétaux et la phytogéographie), les techniques de réalisation (de jardinage, de génies civil et rural) et les travaux d’atelier de projet (esquisse, avant-projet, projet technique, rendu, devis estimatif, rapport de présentation)».

Une note anonyme (JS/HL, peut-être de J. Sgard) du 19 10 1965 recommandait de créer un nouveau cadre (une Université des Arts) afin « de mettre en contact les disciplines d’aménagement de l’espace : architecture, urbanisme, paysage … en les associant à l’art de l’ingénieur (Génies civil et rural) ». Une phrase prémonitoire est à retenir : « L’enseignement du paysage doit garder son individualité et ne pas être absorbé. D’où l’avantage de le laisser intégré à l’Agriculture ».

Mais le problème épineux d’une préparation externe à cette formation n’avait pas de réponse, car les effectifs concernés auraient été trop faibles.

Ainsi fut préfiguré par les paysagistes enseignants ou non dans la Section, notamment par Pierre Roulet10, Albert Audias11 et J.-C. Saint-Maurice12, J.-P. Bernard et J.-C. Bernard, avec le secrétariat de P. Lemattre, chef de travaux en Cultures ornementales, une « École nationale du paysage et de l’art des jardins ». Elle devait permettre d’accéder au titre de paysagiste diplômé par le ministère de l’Agriculture, puis à celui de paysagiste DPLG. Elle annonçait l’organisation actuelle de l’ENSP de Versailles en départements, mise en place en 1977.

Parallèlement, était demandé l’avis « d’un groupe d’étude régional d’Angers » composé surtout d’ingénieurs horticoles et agronomes. De leur côté, était en fait initié le projet de la mise en place d’une École nationale d’ingénieurs des techniques horticoles (ENITH) à Angers avec le concours de E. Le Guélinel, directeur de l’ENSH de Versailles, chargé de cette réforme13. Car le ministère entendait respecter à cette époque la hiérarchie des ingénieurs de conception de projets (à mettre en place à Versailles) et des ingénieurs d’exécution des projets (à relocaliser à Angers). Cette dernière réforme se conclura vingt ans plus tard avec le déplacement de l’ENSH à Angers, au moment où la distinction entre école d’ingénieurs des travaux et école d’ingénieurs de conception disparaissait…

Le groupe d’étude et de recherche paysagère (GERP)

Après les grèves nationales de mai 1968, le projet d’École nationale du paysage et de l’art des jardins semble abandonné par le ministère de l’Agriculture. De nouveaux acteurs apparaissent car la réorganisation de la Section s’impose de plus en plus, étant donné son manque de moyens humains et financiers. Étant donné également, on peut le supposer, le début de la prise de conscience du rôle public des paysagistes au niveau de quelques ministères, de l’Équipement notamment.

Le Groupe d’étude et de recherche du paysage (GERP)14 est créé au début de 1968, « hors du champ de la Section et du ministère de l’Agriculture » (P. Dauvergne), par de jeunes paysagistes (notamment Pierre Dauvergne et Philippe Treyve15, Caroline Baudelot, Paul Clerc, Françoise Bozellec), des fonctionnaires de ministères (Remi Pérelman16 du Ministère de l’équipement et de la DATAR), des urbanistes et des environnementalistes (L. Hervé).

Il est organisé au début de 1969 en trois groupes exploitant des thématiques paysagères non horticoles : environnement et structuration de l’espace (rapporté par P. Clerc) ; écologie, cartographie de la végétation et aménagement de l’espace (rapporté par P. Dauvergne) ; et les pratiques de paysage à l’étranger (sans rapporteur)17.

Le GERP organise des cycles de conférences, diffuse un bulletin d’information des groupes de travail et entretient un contact étroit avec l’enseignement du paysage à Versailles. Il centre ses activités sur l’environnement et toutes réflexions théoriques qui élargit la question des pratiques paysagistes au-delà de celle de l’art des jardins et de l’horticulture ornementale. Il préfigure le mouvement d’idées (le « paysagisme d’aménagement », le « grand paysage ») qui aboutira à la création du Centre national et interministériel d’études et de recherches paysagères (CNERP) à Trappes en 1972.

Il deviendra, grâce à la participation de ses membres, notamment de P. Treyve, un des interlocuteurs du conseiller technique du ministère de l’Agriculture (J.L. Tisserant) au moment de la création de la « commission Harvois » à la fin de 1969.

La Chambre nationale des paysagistes conseils de France

En 1969 est créée l’organisation professionnelle qui réunit les paysagistes libéraux sous la présidence de Pierre Roulet déjà impliqué dans les réflexions sur l’enseignement du paysage.

Au début de cette année, P. Roulet a rejoint au côté de Jean-Bernard Perrin, paysagiste DPLG et directeur de l’Agence de l’arbre et des espaces verts (ministère de l’Environnement et du logement), le Comité européen des architectes de jardins et paysagistes (CEGAP18) créé en octobre 1968 à Munich. Avec René Péchère, professeur chargé de la création de l’enseignement du paysage à l’École d’architecture de la Cambre à Bruxelles, Pietro Porcinaï, chargé de cours à l’école des Beaux-Arts de Florence, Métro Vroom, directeur du département de paysage à la faculté d’agronomie de Wageningen, et le professeur Herman Matern, titulaire de la chaire de paysage et directeur de l’Institut du paysage à la Technische Hochschule de l’Université de Berlin, P. Roulet s’intéresse à la formation paysagiste dans la perspective de l’Europe du Marché Commun19.

La note de P. Roulet à ses collègues du CEGAP du 20 mars 1969 (à l’issue d’une réunion à Venise) insiste sur les points importants pour eux : « la recherche fondamentale en matière d’ambiances urbaines et de paysage ; la transformation agraire posée nettement (plan Mansholt) ». Il indique que le ministère de l’Agriculture français va nommer une personnalité pour mettre en œuvre un projet d’école autonome à Versailles. Le Conseil insiste sur cinq principes de formation : un tronc commun de formation de l’échelle du jardin à celle du paysage ; la pluridisciplinarité et des spécialisations individuelles possibles ; une initiation professionnelle d’au moins un an ; un enseignement par des professionnels connus ; des échanges européens entre écoles20.

Jusqu’ à la nomination effective de P. Harvois en octobre 1969 et pendant le travail de la commission, P. Roulet va exercer une influence importante au niveau politique et ministériel.

La nomination de Paul Harvois

À la fin de l’année scolaire 1968-69, le mécontentement s’amplifie à la Section. Le financement des vacataires et du fonctionnement est insuffisant et les modes pédagogiques ne conviennent plus au nouveau contexte national (enseigner les réponses aux problèmes d’environnement, d’urbanisme, d’espaces verts et de paysage, et non d’art des jardins ou d’horticulture ornementale). Les effectifs ont augmenté (de 10 à 25 élèves par an). Le décalage avec l’Allemagne est préoccupant (6 écoles de paysage avec des formations en 5 à 6 ans). Le GERP, les étudiants, les professionnels et les étudiants attendent donc un chargé de mission qui va être nommé pour « poursuivre la création d’un véritable enseignement du paysage ». Par lettre du 24 juin, ils demandent au ministère de l’Agriculture la création d’une « École nationale supérieure du paysage et des espaces verts, délivrant un diplôme de troisième cycle, et pouvant s’ouvrir aux élèves d’agronomie, d’architecture et d’administration ». Ils réclament l’autonomie de l’école, des relations avec les autres ministères, des crédits immédiats et des dispositions transitoires pour les étudiants21.

Le 30 juin 1969, à l’issue de la réunion d’un collectif avec le représentant du ministère, il est demandé « aux spécialistes de l’enseignement du paysage » : à Paul Harvois, chargé d’inspection générale d’éducation culturelle, secrétaire général du Groupe de recherche et d’éducation permanente (GREP), professeur titulaire d’éducation des adultes à l’École nationale des sciences agronomiques appliquées de Dijon, à J.-P. Bernard (enseignant à la Section), B. Lassus (plasticien, professeur titulaire à l’école des Beaux-Arts à Paris) avec J. Sgard et P. Clerc, P. Roulet et J.-C. Saint-Maurice (enseignants à la Section), et des élèves de constituer un nouveau dossier.

P. Harvois, qui n’est pas encore nommé, s’enquiert auprès du ministère de la Culture en juillet du lieu où pourrait être créée cette école car il n’est pas (encore) prévu de déplacer l’ENSH : le domaine de Marly, le Bois de Vincennes, le camp américain du SHAPE à Saint-Germain-en-Laye, le camp militaire des Mortemets à côté de l’École d’horticulture ? Le 29 juillet, P. Roulet fait état à P. Harvois de sa rencontre avec le sénateur René Monoury pour obtenir un contact avec le ministre des Affaires Culturelles Jacques Duhamel, ainsi qu’avec le député Michel Poniatowsky.

Le 6 août, au titre du GERP, B. Lassus et P. Treyve obtiennent avec un élève un rendez-vous avec J.-L. Tisserant le conseiller technique du secrétaire d’État à l’Agriculture, le docteur Bernard Pons. Ils plaident la singularité de l’enseignement nouveau du paysage (transversal et interministériel, avec une recherche associée à l’enseignement dans le cadre d’un Institut). La fermeture de la section est envisagée ou toute autre solution positive qui sera décidée à la rentrée, notamment celle d’une tutelle interministérielle (Agriculture, Affaires Culturelles, Aménagement du territoire et Équipement, Finances).

En septembre, P. Roulet transmet à R. Baudouin, directeur de cabinet du ministre de l’agriculture, une note sur le rôle des architectes paysagistes conseils (une vingtaine de libéraux) et des paysagistes fonctionnaires ou contractuels (une trentaine) dans des institutions parapubliques (comme l’IAURP ou les Organismes régionaux d’étude et d’aménagement des aires métropolitaines : OREAM). Il précise que l’Union des syndicats d’entreprises paysagistes appuie la réforme « étant donnés les gros déboires constatés par les membres de cet organisme ». Et que le nombre de paysagistes est trop faible pour faire face aux besoins sans compter « notre retard avec l’étranger »22.

Le 13 octobre, P. Roulet alerte R. Baudouin en lui indiquant que la rentrée n’a pas été faite à la Section (« Le directeur l’a différée ») ce qui n’est pas sans relation avec la non parution du décret de nomination de P. Harvois comme chargé de mission dans un cadre interministériel. Le 14 octobre, il informe le député Poniatowksy que « le conseil des professeurs de la Section a été amené à bloquer la rentrée scolaire et à la rendre tributaire de la sortie du décret de nomination »23.

Ces pressions aidant, le décret « portant nomination de Paul Harvois pour étudier la création d’une École nationale du paysage » parait le 17 octobre 1969. Dès le 23 octobre, le nouveau chargé de mission rencontre Etienne Le Guélinel, directeur de l’ENSH et de la Section. Le contexte de l’établissement est sans doute tendu ou confus avec les élèves car P. Harvois, dans une lettre à J.-M. Soupault, écrite le soir même, juge préférable d’attendre la circulaire d’application définissant ses responsabilités exactes.

Mise en place de la commission « Harvois »

La « Décision » précisant les attributions exactes de P. Harvois ne paraitra que le 13 novembre.

Dans la première quinzaine de novembre, P. Roulet interpelle le conseiller technique Stern auprès du ministre de l’Équipement pour lui demander de s’associer au projet d’école avec le ministre de l’Agriculture, en tant que commanditaire potentiel d’études paysagères. J.-C. Saint-Maurice fait de même le 7 novembre avec le secrétaire d’état à l’Agriculture, à la suite d’une entrevue de ce dernier avec le GERP et des représentants de l’enseignement à la Section. Essentiellement pour acter des promesses de nombreuses décisions positives à leurs yeux (notamment la recherche d’un directeur des études de la Section), mais pour regretter la faiblesse des moyens financiers supplémentaires (plus 30 000 francs pour le fonctionnement, somme à augmenter de la rémunération des enseignants, alors que 200 000 francs minimum étaient demandés).

La « Décision » indique que la commission qui assistera P. Harvois est composée de trois professeurs de la Section, un représentant du directeur de l’ENSH, de J.-M. Clément directeur adjoint de l’INA de Paris et d’un élève élu. Contrairement à l’arrêté, elle ne parle plus d’école à créer, mais « d’évolution des structures de l’actuelle Section du paysage de l’ENSH de Versailles avec d’autres partenaires ».

Le 24 novembre, E. Le Guélinel indique à P. Harvois le nom de son représentant (M. Ravisy, maître de conférences à l’ENSH), la disponibilité de Michel Viollet24, paysagiste, pour les contacts avec la Section, et de Jean Pasquier directeur des études à l’ENSH. Il lui recommande de tenir ses réunions au GREP à Paris …

Quelques jours auparavant (18/11), P. Harvois avait contacté G. Samel, enseignant à la Section, pour savoir qui pourrait représenter les enseignants ; ainsi que Georges Demouchy, étudiant « massier » de deuxième année de la Section.

Le 9 décembre, E. Le Guélinel fait connaître les trois noms d’enseignants paysagistes (dont deux ingénieurs horticoles) retenus pour la commission : Albert Audias, Jean-Claude Saint-Maurice et Jacques Sgard. S’ y ajoute un peu plus tard celui de G. Demouchy en tant qu’élève élu. La commission semble restreinte au périmètre paysagiste de la Section. La suite démentira ce premier choix sous la pression d’autres acteurs déjà impliqués.

En janvier 1970, sous l’influence de toutes les parties prenantes du projet, la composition de la commission « pour la création de l’Institut National du paysage25 » change considérablement. Elle passe de six membres à vingt et un membres. S’ajoutent les ministères des Affaires Culturelles (7 personnes dont B. Lassus et le directeur de l’école d’architecture voisine, UP (unité pédagogique)26 n°3), de l’Éducation nationale (1), de l’Équipement et de la DATAR (R. Pérelman), de la Jeunesse et des Sports (1), de l’Agriculture (2), des Anciens élèves de la Section (P. Clerc), de la Chambre des paysagistes conseils (P. Roulet), de l’Union syndicale des entrepreneurs paysagistes (P. Desmidt) et une personnalité impliquée dans la commission paritaire de l’ENSH avec P. Roulet et J.-C. Saint-Maurice (G. Samel).

Les projets d’écoles aux dénomination diverses sont abandonnés au profit d’un hypothétique « Institut national du paysage » réunissant plusieurs pôles d’intérêt très différents : les techniques et les sciences horticoles et paysagistes (les entrepreneurs, les pépiniéristes), les concepteurs paysagistes enseignants dans la Section, le GERP (futur promoteur du paysagisme d’aménagement au CNERP), les Affaires Culturelles (les Écoles d’architecture et la protection des sites) et les paysagistes conseils libéraux (la Chambre des paysagistes conseils).

De leur côté l’ENSH et son association des anciens élèves semblent très méfiantes, et la Section empêtrée dans des problèmes de fonctionnement, de critique et d’évolution de ses propres enseignements27.

L’Institut national du paysage (1970-71)

Le 13 janvier 1970, se tient au GREP à Paris la première réunion de la commission d’étude présidée par P. Harvois. 15 personnes y participent. Le président récapitule les problèmes importants : 1/Choisir entre un institut supérieur et de 3e cycle regroupant formations horticoles, d’architectes et d’ingénieurs, et une école nationale supérieure avec 6 années d’études et plusieurs sections (du technicien à l’ingénieur et au docteur). 2/Trouver un statut administratif pour cette institution et son implantation géographique. 3/ Mettre au point des dispositions transitoires urgentes28.

Dès le 20 janvier, les tensions apparaissent dans un courrier d’A. Audias à P. Harvois. D’un côté, un accord des trois paysagistes de la Section «pour estimer que c’est la formation du paysagiste maître d’œuvre qui doit être la mission première de l’enseignement envisagé », de l’autre l’affirmation du rôle du « paysagiste régional » selon les besoins du ministère de l’Équipement et l’interprétation globalisante et réformiste de R. Pérelman et du GERP. Néanmoins, le 21 janvier, dans une note de synthèse à P. Harvois, ils se mettent provisoirement d’accord avec P. Roulet pour écrire que « le rôle du paysagiste s’appuie sur sa compétence et sa responsabilité en tant que maître d’œuvre. Il devra participer à l’élaboration des plans-masse et des schémas directeurs ».

Mais au ministère des Affaires Culturelles, à la suite du compte rendu de Hervé Fischer, Bernard Kohn, un architecte franco-américain conseiller pédagogique du bureau de l’Enseignement, juge que « la création de l’École nationale supérieure du paysagisme (à Versailles) serait une grave erreur. Cette idée est contraire aux politiques de décentralisation de l’enseignement de l’architecture et aux besoins régionaux des aménageurs … Il faudrait prévoir au moins cinq ou six centres »29. Il fait référence aux États-Unis et à l’exemple du département de Paysage de l’université de Pennsylvanie dirigé par l’architecte paysagiste et planificateur renommé Ian McHarg.

Considérant son expertise en matière de paysage, M. Ramon (Direction de l’architecture) désigne B. Lassus comme « porte-parole du ministère des Affaires Culturelles ».

Le 24 février, une nouvelle réunion de la commission « pour la création de l’Institut national du paysage et de l’environnement » (voir figure) conduit à retenir une formation en trois cycles et des antennes régionales. La distinction entre enseignement et recherche, développée par B. Lassus, commence, de manière elliptique, à apparaître, comme celle entre environnement et paysage ou paysagisme, initiée par R. Pérelman et le GERP.

10 mars, nouvelle réunion. Apparait le besoin d’une étude prospective des besoins en paysagistes qui sollicitera chaque ministère concerné, mais n’obtiendra pas de réponses très satisfaisantes.

7 avril. L’Institut national, avec ses centres régionaux d’application (qui ont remplacé les antennes) doit affirmer la notion de recherche dans le troisième cycle. Le premier cycle pose toujours problème en fonction du mode de sélection adopté. Former 10 à 15 paysagistes à accueillir dans le corps des enseignants des Affaires Culturelles et autant par l’Office national des forêts est envisagé. Les estimations restent à cette époque très modestes.

Il apparait cependant à la commission – au fur et à mesure que le nombre de ses participants aux réunions diminue – que les compétences de formation paysagiste (comme celles de Clerc, Viollet, Lassus, Pérelman) ont déjà été repérées par les centres de formation existants. Par exemple par le département Milieu naturel de l’ENGREF qui a recours à leurs interventions.30

À la fin de juin, le rapport final est remis à Bernard Pons secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture. Il est accompagné d’un projet de décret de « Création à Versailles d’un Institut national du paysage », rédigé sur le modèle du décret d’organisation de l’École nationale des ingénieurs des travaux des eaux et des forêts de 1966. Un projet ambitieux qui comprend quatre divisions : l’enseignement en quatre, cinq ou six ans regroupant des départements de formation, la recherche au niveau du troisième cycle, la formation permanente, la promotion supérieure et les applications régionales (Fig. 1).

Fig. 1 Organigramme de l’Institut national du paysage et de l’environnement, 1970.

L’Institut, qui dépendra du ministère de l’Agriculture, délivrera notamment des diplômes de paysagiste (de conception), d’ingénieur des techniques du paysage, et de doctorats d’enseignement ou d’université. Il disposera d’un service de relations publiques et d’information, de documentation et d’édition.

Quelques mois plus tard, le 19 octobre, Bernard Pons fait savoir à P. Harvois que « la formule préconisée, après un premier examen, semble devoir être retenue, et qu’il lui confie la mission d’étudier d’abord les conditions pratiques pour accorder l’autonomie à la Section »31. Le financement de la création de l’Institut n’est pas envisagé avant 1972.

L’échec du projet

À la fin de l’année 1970, la plupart des courriers échangés par P. Harvois témoignent de vues concordantes pour accompagner le projet. Les ministères des Affaires Culturelles et de l’Équipement revendiquent la cotutelle de l’Institut avec celui de l’Agriculture. Des affectations de personnel et la mise en disposition d’un site sont envisagées par la direction de l’Architecture. Un chargé de mission M. Boucher pourrait assurer la transition à Versailles entre la Section et l’Institut. Une commission interministérielle serait chargée d’étudier les conditions de la réalisation matérielle du projet (budget, programmes, postes, locaux) et une rentrée en septembre 1971. Mais, écrit-il au ministre, « il faut agir très vite. Le ministère doit annoncer officiellement la décision dans une conférence de presse au printemps prochain ».32

Toutefois, l’agitation persiste à Versailles. Les élèves de la Section refusent de passer les examens de fin d’année « dans les conditions qui leur sont imposées », écrit le conseiller technique J.-L. Tisserand début décembre.

Trois mois après, P. Roulet fait part de ses premiers doutes sur la faisabilité du projet au ministre. Il soupçonne le Ministère de l’Agriculture d’envisager de compléter une formation longue (architecte ou ingénieur) par une formation courte de paysagiste. Il craint que la création du cursus d’ingénieur d’espaces verts de l’ENITAH d’Angers (repoussé à la rentrée 1971) fasse double emploi avec le cursus d’ingénieur des techniques de l’Institut. Il redoute également que les questions de formation à l’environnement ne soient « accaparées » par les corps d’ingénieurs du ministère de l’Agriculture33.

Parallèlement, P. Harvois parvient difficilement à résoudre, avec J. Ricorday et P. Clerc, le problème du jury (17 membres !) et des modalités de la session d’examen pour la délivrance du diplôme de paysagiste en 1971 et 1972.

C’est en avril que le coup de grâce est donné par Etienne le Guélinel dans une longue lettre argumentée d’ « observations ». Sans remettre en cause la création de l’Institut, il y dénonce successivement : « l’argumentation du rapport Harvois pour utiliser les moyens de l’ENSH pour créer l’Institut », « l’abandon volontaire de l’enseignement de l’art des jardins », la non compatibilité de la formation d’ingénieurs de travaux paysagers {subordonnés} à des paysagiste concepteurs, la faiblesse des débouchés d’ingénieurs « étroitement paysagistes », et la réticence de Philippe Olmer, directeur en 1970 de l’INA de Paris et chargé de la fusion de l’INA de Paris et de l’École nationale supérieure d’agronomie de Grignon à côté de Versailles. Il plaide pour une ENITAH associant une filière horticole et paysagiste, et la localisation des deux premières années de l’Institut à Angers. Il doute d’une Grande École qui ne formerait que 16 paysagistes de conception par an et propose plusieurs scénarii de transition vers un Institut, dont l’arrêt de la Section en 197234.

Paul Harvois fait part début mai de sa déception à Pierre Desmidt. Lequel a écrit à Etienne Le Guélinel pour dénoncer son manque de soutien des milieux professionnels qui portaient ce projet. Le 17 mai, après la réunion interministérielle du 13 mai, dans une lettre à B. Pons, P. Harvois acte « la remise en cause fondamentale d’une formation même de paysagistes alors que les échanges antérieurs avaient été plus que positifs » et le rejet de son rapport « en l’absence de tout représentant concerné ou informé ».

De son côté, le 26 mai, la Chambre syndicale des paysagistes conseils (G. Samel et P. Roulet) diffuse une « Lettre aux candidats à la profession de paysagiste » pour dénoncer « un objectif délibéré et convergent : la disparition de la profession à laquelle vous vous destinez ». Ils alertent le député Poniatowksy déjà plusieurs fois contacté, en mettant en cause « une maffia de l’Agronomie … concluant à l’inutilité de l’Institut ».

Début juin, P. Roulet informe P. Desmidt, P. Harvois et G. Samel que le projet d’Institut est officiellement abandonné (sous un prétexte financier). Mais que « L’Environnement35 se propose de faire créer un enseignement d’application, qui, en 6 mois, serait susceptible de mettre sur le marché des « paysagistes » issus de l’enseignement supérieur agronomique ou architectural »36 . C’était l’annonce du projet de Centre national d’études et de recherches du paysage (CNERP) à Trappes près de Versailles qui prendra à la rentrée 1972 le relais partiel de l’Institut national du paysage abandonné.

Cet épilogue inattendu montre surtout que les positions des services administratifs des ministères -très liés avec les corps d’ingénieurs37 avaient été largement occultées par les échanges officiels. Le ministre de l’Équipement Albin Chalandon affirmait son accord avec le projet en mars, alors que le directeur du personnel de son ministère faisait savoir en mai que « les conclusions du rapport Harvois étaient trop ambitieuses et que la plupart des administrations estimaient qu’il fallait d’abord mettre sur pied un enseignement complémentaire de spécialisation (des ingénieurs et architectes notamment) »38.

Conclusion

Ce premier épisode des réformes de la formation des paysagistes prépare en fait tous ceux qui suivront. Il était en fait difficile – mais c’était le pari optimiste de P. Harvois et de ses partenaires– de faire passer d’un seul coup cette réforme radicale de l’enseignement. En revanche, tous les éléments idéologiques et politiques du débat étaient présents et tous les acteurs également39.

Après cette décision, l’ENITAH, installée à Angers à la rentrée de 1972, pouvait former « des ingénieurs paysagistes de travaux ». Ensuite l’ENSH, promue école d’application de troisième cycle des Écoles nationales supérieures d’agronomie, pourra former à partir de 1976 des ingénieurs de conception spécialisés en Horticulture, Protection des végétaux et à partir de 1984 en « Sciences et techniques appliquées aux aménagements paysagers ».

Le CNERP se mettra en même temps en place pour satisfaire les paysagistes du GERP et du ministère de l’Équipement de 1972 à 1979. Puis l’ENSP en 1976, et trois autres écoles de paysage (Bordeaux, Blois et Lille) s’ajouteront respectivement en 1991, 1993 et 2005. Alors que la Section s’arrêtera de fonctionner en juin 1975.

Peut-être peut-on considérer que l’Institut national du paysage s’est fait mais pas sous la forme prévue ? Une partie s’est concrétisée à Angers (l’ENITH (P) avec sa filière paysage dans le cadre d’Agrocampus ouest), et l’autre à Versailles avec les deuxième et troisième cycles de l’ENSP voisins jusqu’en 1995 de l’ENSH.

Cette transition –riche de multiples compromis– vers un régime national de formation paysagiste stabilisé a demandé une trentaine d’années (de 1965 à 1995). L’aube ne faisait que se lever …

Les épisodes suivants (à aborder dans les recherches ultérieures)

Le CNERP (1972-79), la saga des diplômes, les débuts de l’ENSP, le premier projet de recherche, l’Institut français du paysage (1983-85), le paysagisme d’aménagement (le rapport de B. Fischesser), la délocalisation à Blois, le départ de l’École d’horticulture à Angers (1993-1997 -la fusion ENITHP/ENSH en un Institut national d’horticulture et de paysage), les ateliers pédagogiques régionaux (>1987) et les départements de l’ENSP, la formation continue, la formation doctorale (>1997), le LAREP (>1993), la politique éditoriale (>1985), le recrutement des enseignants…

P. Donadieu

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 Bibliographie

Barraqué B., Le paysage et l’administration, ARTE/MRU, doc. ronéo, 1985, 215 p.

Donadieu P. et Bouraoui M., La formation des cadres paysagistes en France par le ministère de l’Agriculture (1874-2000), LAREP, ENSP Versailles, 2003, 286 p. et annexes

Racine M. (édit.), Créateurs de jardins et de paysages en France du XIXe au XXIe siècle, Arles, Actes Sud, Versailles, École nationale supérieure du paysage, 2002.


Notes
1 La Section du paysage et de l’art des jardins a été créée à l’ENSH de Versailles par un décret du Général de Gaulle en décembre 1945. Sa création a été obtenue par Raoul Rautry, ministre de la Reconstruction.
T. Leveau (1896-1974), architecte et urbaniste, est un élève de l’architecte-paysagiste J.-C.-N. Forestier. J. Sgard (né en 1929) est paysagiste DPLG et urbaniste diplômé de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris. J.-C. Saint-Maurice (1928-2001) est ingénieur horticole et paysagiste DPLG.
3 A. Audias (1904- ?), ingénieur horticole et paysagiste DPLG, est enseignant dans la Section depuis 1946.
4 D’après les projets d’emploi du temps de la Section en 1960-61, conservés dans les archives pédagogiques de l’ENSP de Versailles.
Voir le chapitre 2 (La saga des diplômes)
Les indices de rémunération des professeurs de l’ENSH étaient, par exemple, inférieurs à ceux des professeurs des ENITA existantes. Alors que les ingénieurs horticoles, bien formés en sciences biologiques, étaient admis dans les troisièmes cycles universitaires, contrairement aux ingénieurs des techniques agricoles.
Lettre du 6 juin 1967 de Soupault à Le Guélinel, directeur de l’ENSH.
8 Paysage, doc. Ronéo, 1965, n.p. Texte inséré dans Rapport sur l’étude de la réforme de l’enseignement supérieur en horticulture, ENSH Versailles, 1965, 3 tomes.
Ce fut le cas, entre autres, de Albert Audias (promotion ENSH 1921), de J.-C. Saint-Maurice (promotion ENSH 1948), de Allain Provost (1958), de Gilles Clément (1965) et de Yves-Marie Allain (1966). Le diplôme d’ingénieur horticole ne fut plus délivré après 1974 en raison de la réforme de l’ENSH.
10 Fondateur avec J. Sgard et J.-C. Saint-Maurice de de l’ «Atelier du paysage » en 1960, il deviendra le premier président de la Chambre syndicale des paysagistes conseils, créée en 1969.
11 A. Audias a défini à cette même époque les « missions du paysagiste » pour une école en 3 ans. Pour lui, c’est « un conseil des maîtres d’œuvre et des techniciens », un « maître d’œuvre qui réalise sous sa responsabilité » et un « planificateur et organisateur d’aménagements extérieurs à l’échelle d’un paysage » . Définition de la mission du Paysagiste, doc. ronéo., 1966 ou 67, 3 p.
12 J.-C. Saint-Maurice maintenait une formation en deux ans en réorganisant les unités d’enseignement sur 3 ans (stages) en fonction de la progression et de l’évaluation des élèves, jusqu’au diplôme. Feuille ronéo, sans titre, 1969.
13 En mai 1965, la procédure d’acquisition des terrains pour la création de l’ENITH à Angers était déjà entamée et son ouverture envisagée en 1968 ou 1969. Rapport de 1965, tome 3, op. cit.
14 Auquel a succédé l’ « Association paysage » (P. Dauvergne, communication du 10/02/18).
15 P. Treyve, ingénieur agronome de l’Institut national agronomique de Paris (futur AgroParisTech), est paysagiste DPLG, employé à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne (IAURP). Pierre Dauvergne (né en 1943), paysagiste DPLG, participa ensuite aux travaux du CNERP, puis à l’enseignement de l’ENSP parallèlement à ses activités professionnelles (ministère de l’Équipement, puis Direction des services départementaux du Val-de-Marne).
16 Rémi Pérelman, ingénieur agronome INA de Paris, travaillait au ministère de l’Équipement et du Logement (STCAU).
17 GERP, bulletin n° 4, janvier 1969, 87 p.
18 Le G correspond au G de Garten, la perspective étant hybride germano française. Le groupe sera renommé au cours de la réunion de Venise du 20 mars 1969: « Conseil européen des professeurs de l’enseignement supérieur pour l’architecture des jardins et l’aménagement du paysage »
19 Lettre du 6 mars 1969 de P. Roulet à P. Harvois
20 Procès-verbal de la réunion de Venise du 20 mars 1969 à laquelle assistait Valerio Giacomini, président de l’association italienne des architectes de jardin et de paysage.
21 Lettre du comité tripartite pour la création de l’École nationale supérieure des espaces verts et du paysage, au ministère de l’Agriculture, 24 juin 1969.
22 Note de P. Roulet au cabinet du ministre de l’Agriculture, septembre 1969, 10 p.
23 Lettre au député du Val d’Oise du 14 octobre 1969 avec copie à P. Harvois
24 M. Viollet, né en 1939, paysagiste DPLG, travaille depuis 1967 à l’École comme assistant de J. Sgard et de B. Lassus.
25 L’expression « Institut national du paysage » apparait pour la première fois dans les archives de P. Harvois.
26 Après 1968, les Écoles des Beaux-Arts sont devenues des « Unités pédagogiques ».
27 Compte-rendu de la commission paritaire du 17 décembre 1969.
28 D’après des notes manuscrites qui semblent être celles de P. Harvois.
29 Lettre de Maurice Ramond du bureau de l’enseignement de l’architecture à Paul Harvois.
30 Lettre de J. Servat à P. Harvois du 10 avril 1970.
31 Lettre de B. Pons à P. Harvois du 19 Octobre 1970.
32 Lettre de P. Harvois à B. Pons, 30 novembre 1970
33 Lettre de P. Roulet à B. Pons du 9 mars 1970
34 Ce document de 8 pages, dont une copie dactylographiée est conservée, n’est pas datée. Le destinataire était le ministère de l’Agriculture.
35 Le ministère de l’Environnement (avec Pierre Poujade comme ministre, Jacques Chaban-Delmas étant premier ministre)) vient d’être créé en janvier 1971. Il est probable que cette création a fragilisé le soutien du projet d’Institut en le privant des soutiens du GERP et de R. Pérelman.
36 Copie de la lettre de P. Roulet à Harvois, Samel, Spake, Guelpa, Desmidt, non daté
37 Notamment les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées et du Génie rural et des eaux et forêts. Le rôle de l’association des anciens élèves de l’ENSH et de la SNHF, qui n’apparaissent pas dans la correspondance de P. Harvois, reste à éclairer.
38 Lettre de Pierre Delaporte, directeur du personnel du ministère de l’Équipement et du Logement à Monsieur Lacaze Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, chef de la mission d’étude à la Ville nouvelle du Vaudreuil, 5 mai 1971, copie à P. Harvois.

39 En 1983-85, une partie des protagonistes de la commission Harvois (notamment B. Lassus et P. Dauvergne) tentera, avec les autres enseignants et les élèves, à nouveau, de soutenir un nouveau projet d’« Institut français du paysage ». Il se soldera, avec la même ambition, par le même échec qu’en 1971, en provoquant une grève étudiante longue en 1985. Mais il déclenchera l’ouverture du premier poste d’enseignant titulaire d’atelier attribué à M. Corajoud.

Chroniques d’archivistes

Chroniques d’archivistes

 

Dans cette chronique sont indiqués les travaux réalisés dans les archives de l’ENSP de Versailles-Marseille par les membres du groupe Histoire et Mémoire de l’école.

Créé en mars 2018, ce groupe réunit (par ordre alphabétique) B. Blanchon, P. Donadieu, V. Fernandes, A. Jacobsohn, V. Piveteau et C. Santini.

Publiée sur Topia, la chronique est actualisée tous les deux à quatre mois (P. Donadieu).

Les travaux concernent :

– la localisation des archives dans et hors de l’ENSP,

-le récolement (inventaire) des documents entreposés dans les différents lieux de conservation de l’école,

– l’élimination régulière (tous les cinq à 90 ans) des archives « périmées »,

– l’équipement des salles d’archives (étagères),

– la relocalisation des archives à l’intérieur de l’école,

– la valorisation des archives par les documentalistes et les chercheurs,

  • Consultation par le public et les chercheurs (salle dédiée ?)
  • Expositions (salle dédiée ?)
  • Publications d’articles historiques sur le site Topia ou ailleurs
  • Restauration d’ouvrages ou de tableaux.

 

Travaux récents

2009 : Récolement (inventaire) des archives administratives et financières (Figuerie) et pilonnage (destruction) par l’archiviste Hélène Bonamy selon le plan de gestion des archives de l’école établi avec A. Rigault (archives des Yvelines)

2011 : Récolement des archives pédagogiques (Bâtiment Le Normand), sans pilonnage ni versement aux archives départementales, par l’archiviste Justine Luong

2000-2017: Stockage à l’ENSP (sous-sol du Le Normand et autres salles), sans récolement :

 – des archives des enseignants (D. Bouillon, M. Rumelhart, P. Donadieu, M. Corajoud, A. Fleury, P. Dauvergne …) : Le Normand, Le Nôtre, Figuerie, Saint-Louis, Suisses 

– des services de l’ENSP (direction des études, départements d’enseignement, LAREP, formation continue, documentation, concours …)

2018 : mars : Création du groupe Histoire et Mémoire (de l’ENSP) et de la rubrique homonyme sur Topia.


 

Début de la chronique

2018

Mars-avril

– Essai d’échantillonnage des archives du concours (40 ans), très encombrantes et poussiéreuses (P. Donadieu et V. Piveteau). On a peut-être trouvé une règle d’élimination des dossiers de candidature (une année sur 10 ?).

-Mise en place d’une rubrique « Histoire et Mémoire » dans « Travaux des chercheurs » du site Topia (R. Vidal).

– Tri et mise au pilon des archives périmées (2009-2017) dans les deux salles des combles de la Figuerie (V. Fernandes), un travail de bénédictin(e)… dans la poussière et la solitude …

– Publication des localisations des archives à l’ENSP et aux Archives départementales (P. Donadieu, V. PIveteau et A. Rigault). On sait enfin où est une partie des archives de la Section du paysage, hélas mélangées avec celles de l’ENSH. Il faudra chercher encore … On a retrouvé les comptes rendus des conseils d’enseignants de 1947 à 1967 (liasse 1433 du récolement de 2011 à l’ENSP).

– Publication sur Topia de deux articles sur le premier projet d’Institut du paysage (1970-72) de la commission Harvois et sur les diplômes de paysagiste depuis 1945 (P. Donadieu et R. Vidal). Un troisième est en préparation sur les débuts du fonctionnement de la Section (1946-1956).

22 mai 2018
Comment trouver, dans les archives des Yvelines, un document relatif à l’histoire de l’ENSP et de la Section ? En principe c’est simple. Vous identifiez sa cote et vous demandez au personnel des archives de vous l’apporter. Ainsi en est-il des dépôts, sous la rubrique École d’horticulture, avec les cotes 106J, 141J, 144J, 145J … concernant les archives des paysagistes versaillais (E.et R.-E André, J. Camand, J. Challet …). En pratique c’est moins évident. Je cherche les procès-verbaux des conseils des enseignants de l’ENH pour savoir quelle place y tenaient les décisions concernant l’enseignement de la chaire d’architecture des jardins et d’urbanisme, et celui de la section du paysage et de l’art des jardins. Sur le fichier qui inventorie les archives de l’ENH versées en 2009, je repère les boites 238 (VI-1) et 386-387 (VI-36) indiquant “Conseil des professeurs, PV 1929-1957”.  Après presque une demi heure de recherche, la “présidente” de la salle de lecture parvient à repérer la cote réelle des boites (1W-dépôt 238) qui réunit les PV des conseils d’administrations de l’ENH de 1936 à 1961, mais pas ceux des conseils des professeurs.
Nouvelle recherche du préposé dans les réserves. Il remonte une boite anonyme trouvée sur les étagères à côté des précédentes. Miracle ! Dans cette boite verte, je trouve les deux cahiers manuscrits des conseils d’enseignants de l’ENH de 1929 à 1957. On m’explique que le reclassement du fond versé en 2009 n’est pas terminé, ce qui explique cette boite anonyme. Désormais elle a retrouvé une cote : 1W dépôt 117-VI-36 (si j’ai bien compris). Je pourrai ainsi continuer ma lecture et comparer les activités pédagogiques de l’ENH et celles  de la Section entre 1940 et 1957. Car j’ai retrouvé les PV du conseil des professeurs de la Section de 1947 à 1964 dans la salle des archives pédagogiques de l’ENSP à la cote de récolement 1433 …
13 juin 2018

Depuis le 1er juin jusqu’en juillet prochain,  un stagiaire  Sovannara Mey ( d’origine Khmer) aide Véronique Fernandès. Il termine son cursus de Master 1 (Gestion de l’archivage) à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines.

V.  Fernandès raconte les dernières opérations : “Nous avons procédé à un premier bordereau d’élimination  (BX VISA N° 1) et avons soumis la demande d’élimination d’archives (récolement 2011 + 2018) ainsi que le tableau EXCEL des éléments, à Vincent Piveteau aujourd’hui même. Celui-ci concerne uniquement les archives des salles 71 et 72 et représente 82 mètres linéaires. Dès que le bordereau sera signé, nous adresserons par courrier, les documents pour le visa des Archives départementales des Yvelines.
En effet, lors de sa dernière visite, Antony Rigault nous a demandé de fractionner les bordereaux, eu égard à la quantité de documents à vérifier avant pilonnage. Dans ces salles, il nous reste encore quelques cartons et boîtes à analyser.
Les plans et calques, qui feront l’objet d’un versement (BV) aux AD 78, sont pratiquement tous récolés (nous arrivons à un peu plus de 80 plans).”

11 juillet 2018
Véronique  Fernandez fait le point sur les travaux accomplis avec Sovannara Mey.
Salles 71 et 72
Les documents et les plans des salles 71 et 72 sont pratiquement tous inventoriés. L’analyse des boîtes non recollées des salles 71 et 72 est terminée. Un premier bordereau d’élimination a été soumis à l’approbation du Directeur de l’ENSP et adressé au ADY78.  Des réserves, concernant certains documents, ont été émises par les ADY78. Les documents concernés, (principalement les feuilles de paie ENSP et MAP) ont été extraits de la montagne du pilon (environ 50 boîtes).

Le pilon s’agrandit (entre 110 et 120 mètres linéaires) mais, de fait, eu égard aux analyses et au tableau de gestion qui indique un sort final de conservation : il commence à diminuer.
Les plans et calques, qui feront l’objet d’un versement aux AD 78, sont recollés et conditionnés.  Le bordereau de versement aux ADY78 est prêt et il sera soumis à l’approbation du directeur de l’ENSP.  Un deuxième bordereau d’élimination est prêt pour une seconde opération Pilon. Un troisième viendra prochainement.

Les dossiers de personnels rémunérés, par famille : fonctionnaires retraités, vacataires, ARE, AUD, étudiants, stagiaires, personnels occasionnels, sont classées autant que possible par ordre alphabétique. Il y a eu un très gros travail de reclassement et de conditionnement sur ce point.  En effet, nous avons trouvé un grand nombre de dossiers en vrac, peu identifiés ou de manière disparate. Certains dossiers sont organisés par services ou par date, d’autres sans classement précis. Il y a des dossiers d’une même personne qui se trouvent dans différentes boîtes en fonction de l’emploi occupé, sans forcement être des doublons… Enfin, nous retrouvons régulièrement des pièces administratives en vrac qui peuvent être importantes pour la carrière des personnels et que nous devons ou devrions intégrer dans leurs dossiers (IRCANTEC, ASSEDIC, notifications administratives, documents d’arrêt de travail…). En conséquence, il faudrait plus tard, lors de l’aménagement des nouvelles salles destinées aux archives administratives, faire un gros travail de fusion desdits dossiers.

Les archives de la FFP (archives privées de fait, mais certaines probablement très liées à l’école) sont conséquentes en salle 71 et au bâtiment Le Normand.
Elles pourraient être conditionnées en cartons de déménagement,
pour tout ce qui est en relation avec l’école et la pédagogie. Nous éliminerons les pièces comptables, totalement obsolètes et les documents irrécupérables. Ce sera probablement fait à la rentrée prochaine.

Les archives de l’ IFLA ont été toutes conditionnées et recollées (25 boîtes)
 Salle 20 – bâtiment Le Normand.
Les étagères sont pratiquement toutes purgées des dossiers à retirer avant mise au pilon. Les boites à éliminer sont temporairement placées dans le couloir desservant les réserves du sous-sol (20 mètres linéaires). Il reste un très gros travail d’analyse à réaliser dans cette salle, encore très encombrée.
Le meuble à plans cédé par les ADY78 est désormais placé, comme prévu, au sous-sol du bâtiment Le Normand, dans la réserve n° 2.. Un rendez-vous est fixé en juillet avec Véronique Laulier pour faire le point sur les archives de la Formation Continue, celles notamment qui sont très dégradées et posées sur le sol en salle 20.
22 09 2018
Depuis la rentrée, le travail d’archivage et de valorisation des archives de l’ENSP a considérablement avancé :

Salle 72 du bâtiment de la Figuerie

  • L’analyse des archives administratives et financièresest terminée, à l’exception de la série récente 2012 à 2015.
  • L’analyse des archives de la SFP(Société Française des Paysagistes DPLG) et de la FFP (Fédération Française du Paysage) est en cours de recollement et de reconditionnement (beaucoup de vrac et des boîtes très endommagées).
  • Les plans et calques ont été versés aux archives des Yvelines et les doublons conservés dans le meuble à plans (réserve 2 du sous-sol du Bâtiment Lenormand) qui a été donné par les ADY pour cet usage.
  • L’élimination des dossiers (pilonnage) et le transfert des archives des salles 71 et 70dans le sous-sol du bâtiment Lenormand sont prévus en octobre.

Salle 20 du sous-sol du bâtiment Lenormand

  • Les archives dites pédagogiques sont en cours de tri(avec pilonnage selon les règles administratives) ; celles de la documentation et d’une partie des archives de la Direction des Études et fonctions communes ont été recollées.

Il reste cependant un très gros travail d’analyse à réaliser dans cette salle, très encombrée. Il concerne notamment les archives du concours, des ateliers pédagogiques régionaux et du LAREP.

  • Les principes de classement des archives de la formation continue (dont CESP et VAE), en relation avec V. Laullier, ont été précisés. Le tri pourra commencer. A terme, il faudra intégrer les archives (2004 – 2018) qui sont actuellement conservées dans de bonnes conditions au sous-sol du bâtiment Saint-Louis. Elles seront ensuite traitées et versées en salle 20, après réorganisation de cette salle, faute de place pour le moment.

La localisation actuelle de toutes les archives de l’école (une dizaine de lieux) semble désormais exhaustive.

– Archives des Yvelines

  • La localisation des archives de la Section du paysage et de l’art des Jardins de l’ENSH est désormais connue grâce au travail de A. Rigaud. Ces archives ne sont pas encore en accès direct pour le public, sinon par son intermédiaire.
  • Quelques archives documentaires de l’ENSH restées dans les réserves 1 et 2 du sous-sol du bâtiment Lenormand auraient vocation à rejoindre les ADY (toutes les archives de l’ENSH, après un voyage à Angers -Agrocampus ouest- y sont désormais localisées).

Valorisation

  • A partir des archives de la Section, P. Donadieu a écrit un texte sur les dernières années de la Section (1968-74) qui sera publié sur Topia.
  • Un groupe « archives des formations paysagistes» a été constitué avec d’anciens enseignants de l’école : Pierre Dauvergne, Yves Luginbühl et J. Sgard, notamment, pour écrire des textes sur l’histoire du CNERP et sur celle des ateliers pédagogiques régionaux de l’ENSP (vue par J. Sgard qui en a encadrés régulièrement depuis le début). Les archives du CNERP, institution interministérielle à la vie brève (1972-75-79), déposées aux Archives nationales ne sont toujours pas localisées.
  • Donadieu pense qu’un répertoire des enseignants et chercheurs de l’école depuis 1873 serait très utile. Il a fait une proposition en ce sens. Il faudrait en faire un travail collectif.

 

Travaux envisagés en 2018:

– Mise au pilon (dans le couloir) des archives périmées de la salle des archives pédagogiques (SAP), selon le fichier de gestion de 2011 (manque fichier des boites 2500 à 3100)

– Récolement des archives « Documentation » (SAP) : V. Fernandes + stagiaire

– Terminer le récolement des archives du concours (échantillonnage)

– Préciser (réunion du groupe Histoire et Mémoire) les règles de tri des archives des enseignants (récolement partiel ou total)

– Étiqueter de manière visible les dix portes du sous-sol du bâtiment Le Normand

– Mise à la benne des archives à pilonner de la Figuerie et du Le Normand

– Rédaction d’articles sur les enseignements de la Section du paysage et de l’art des jardins (1946-1974)

– Contact avec Y. Périllon (legs possible d’une exposition ancienne sur l’art des jardins…)

10 mars 2019

 

 

Tableau des activités possibles et proposition de nouveaux noms des salles d’archives de l’école (les anciens directeurs de l’école depuis la fondation)

Salle Nom proposé/lieux Programme 2019 Remarques
n° 1 (Fonds ancien, collections, Jardin français) Salle Auguste Hardy (1874-1891)

 

Le fondateur de l’ENH

Mise sur étagères et indexation des revues ENSH <1900

Classement du fonds du jardin français déplacé en 2018 depuis la salle 2

 

Responsable C. Santini

Pb des revues et ouvrages agricoles et horticoles : la moitié du fonds (les garder ?)

N° 2 (Réserve documentaire n° 1 revues, mémoires DPLG) Salle Jules Nanot (1892-1924)

 

Il a rehaussé la Figuerie et travaillé avec E. André

Mise sur étagères et indexation des revues stockées en caisses Mise sur étagères et indexation dans les placards salle Duprat des revues ENSH>1900 (Annexe de la salle 2)
N° 3 (Fonds enseignants et autres) Salle Joseph Pinelle (1925-1940)

 

Il a construit le foyer coopératif des élèves en 1928

Evacuation du matériel

Peinture sol

Montage des étagères métalliques (ou achats)

Mise sur étagères et récolement

Fonds Dauvergne, Bouillon, Mazas, Rumelhart, P+A, Pages Paysages, F. Marot, FFP … (actuellement salle 5)
N° 4 (Archives administratives et financières) Salle Fernand Fauh (1940-1944)

Les temps de guerre

Poursuite gestion ordinaire Transfert du fonds en   2018 depuis la Figuerie
N° 5 (Salle de transit et de consultation des archives, réserve documentaire n° 2) Salle Jean Lenfant (1945-1959)

 

Il a créé la section du paysage et de l’art des jardins

Desherbage et indexation ouvrages

Récolement A. Provost

Tri fonds Ecologie (herbiers) (Rumelhart)

Peinture sol souhaitable

Problème des diapositives (des milliers …)

Transfert du meuble diapos dans la salle 3

N° 6 (Archives pédagogiques et de recherches) Salle Etienne Le Guélinel (1959-1974)

La fin de la section et

La mission Harvois (premier projet d’institut du paysage)

 

Gestion ordinaire

Intégration dépôts LAREP, Bouillon, ateliers, concours d’entrée …

Tri et étiquetage important à faire (place limité).

On peut aussi inverser les noms avec la 7

N° 7 (soupente escalier est) Salle Raymond Chaux (1974-1990)

 

Fondateur de l’ ENSP

Tri et indexation du Fonds Donadieu Pb des diapositives
N° 8   4 rue Hardy (appartement) Salles Fonds de l’Agence M. Corajoud

Refondateur de la pédagogie des ateliers de projet

Récolement en Cours Avec Hannah Sturza (agence Chémétoff)
Autres dépôts Centre de documentation

Bat Le Nôtre

 

Département d’écologie

 

 

Bureaux d’enseignants

J. Cabanel, A. Fleury

 

Les Carnets du paysage

 

Fonds Rumelhart/Chauvel

 

Fonds Blanchon, Toublanc, Vidal, quatriéme année, APR, techniques, ateliers…

Indexés ?

 

A récoler et transférer

 

 

A récoler et transférer

 

Transferts prévisibles > 2019

Archives départementale des Yvelines Ville de saint Quentin-en-Yvelines Fonds ENSH (1874-1995)

 

 

Fonds ENSP > 1975

Fonds paysagistes (Camand, André, Challet …)

 

Dont la section du Paysage et de l’art des jardins (1946-1974)

A préciser

J. Sgard en cours en 2018

Couloir du sous-sol du bâtiment Lenormand Bâtiment Lenormand sous-sol Evacuation des cartons, des étagères métalliques et des palettes. Fauteuil dans la salle 5. Nettoyage et peinture du sol jusqu’aux entrées

Affichage des portraits des 7 directeurs

Règles d’affectation et d’usage des 5 clés actuelles.

 

 

 

1-Les noms proposés sont ceux des directeurs ENSH/ENSP décédés.

2-Le tri des dépôts (s’il n’est pas fait) est fait en fonction de deux destinations :1/ ce qui peut être consulté au centre de doc à condition de ne pas apparaitre comme un quatrième exemplaire (sinon don aux étudiants ou  destruction) 2/ ce qui est destiné à être utilisé par les chercheurs, et à ce titre est conservé (salle 6) au titre des archives pédagogiques et de recherche de l’ ENSP, notamment en tant que fonds d’enseignants (salle 3) et de paysagistes (priorité à ceux qui ont enseigné à l’école).

 

3- La valorisation des archives pour le public et les visiteurs (expositions) est à envisager rapidement dans les anciens ateliers de maintenance de l’école (bâtiments des Suisses), ou bien dans le sous-sol du bâtiment Saint-Louis.

 

4- La publication des travaux de recherche à partir des archives ENSP est faite par le site Topia (R. Vidal et P. Donadieu), rubrique Histoire et mémoire (travaux des chercheurs). Un groupe CNERP est en cours de constitution. Plusieurs textes, biographiques ou non, de Y. Luginbühl et P. Dauvergne ont été publiés début 2019.

 

5- L’accès aux archives pour les chercheurs est rudimentaire, quoique possible si un archiviste de l’école est présent. Le professeur américain Malcom Woolen Sewell travaille actuellement sur le fonds Corajoud en vue de la publication d’un ouvrage.

 

6- L’arrivée de dépôts d’archives internes et externes va s’accélérer dans les années à venir (ne pas envisager de « dépôts sauvages » au sous-sol …). Tous les dépôts internes et externes devront être triés et V. Fernandes consultée au cas par cas.

 

7- Nécessité d’un emploi supplémentaire pendant au moins un an pour mettre en ordre de marche le service des archives fin 2020 (actuellement V. Fernandes à temps plein depuis 10 mois, et P. Donadieu comme bénévole de manière intermittente).

 

8- Nécessité de créer en 2019 un conseil des archives pour décider des orientations majeures et des réponses à des problèmes ponctuels, par exemple avec V. Piveteau, C. Santini, B. Blanchon, A. Jacobsohn, S. de Courtois et la responsable du centre de documentation.

9- Nécessité d’un budget minimum (achat étagères, boite à archives, petit matériel, aspirateur …) pour le service des archives.

Ces propositions relèvent depuis le 1er mars 2019 de Sophie Jaeghle, nouvelle responsable  du services Documentation, archives, collections

Pierre Donadieu 22 février 2019

21 Mars 2019

Après visite des archives du département d’écologie avec Sophie et Véronique et Pauline, Marc convient des premiers principes de tri et de délocalisation.

“Voici ce que j’ai retenu de mon bref passage aux archives hier après-midi.

(NB Pour rappel, sont intégrés au fonds documentaire (RdC du bâtiment St-Louis) les ex-rayons ET (études, rapports, plaquettes hors classement thématique) et TH (thèses, mémoires…) de la documentation spécialisée d’écologie : y figurent quelques biens personnels qu’il vaudrait mieux que je retire avant indexation.)

Certains linéaires de rayonnages d’archives sont en fait des morceaux de l’ex-documentation spécialisée d’écologie (DSE).

Ils ont été estivalement versés au centre de documentation et/ou aux archives avant que j’aie pu y opérer le tri (retrait des ouvrages perso et ouvrages « des maîtres ») que j’avais appliqué aux ex-rayons plus classiques* issus de la même salle (actuel bureau de doctorants).

Il s’agit d’une documentation « grise » (= à édition limitée, brochures, études, articles…), acquise à titre gracieux via mes réseaux scientifiques et professionnels, et qui n’avait fait l’objet que très partiellement d’une indexation Kentika (pour laquelle le thesaurus était ici particulièrement défaillant, lacunaire).

Chaque élément y était (et y reste) toutefois doté d’une cote (lettre du rayon de la DSE + numéro d’ordre).

Les entrées des années 1970 et 1980 (parfois plus tardives aussi) avaient fait l’objet de fiches documentairesdescriptives « bristol » – dont le fichier existe encore au département d’écologie.

Beaucoup incluaient en outre des « fantômes » (fiche d’emprunt).

– ex-rayons (E)D à (E)L : études (incluant tirés-à-part techniques) à classement thématique (zones humides, gestion des espaces découverts, etc.).Olivier Gonin m’a confirmé hier soir que les boîtes manquantes [(E)A à (E)C] sont restées au CDI (St-Louis).

Il n’y a aucune raison pour que ce fonds reste scindé en deux – la césure** étant le fait du hasard.

ex-rayon « Catalogues de pépinières » : ces catalogues n’ont plus de valeur d’usage. En revanche, certains d’entre eux (peu nombreux) peuvent avoir une réelle valeur documentaire et/ou historique. Beaucoup méritent destruction, mais les jeter tous sans tri serait une faute.

ex-rayon TAP (tirés-à-part d’écologie, parmi lesquels figurent aussi quelques biens personnels).

Je n’ai pas visité la salle dédiée aux revues, où Pierre me dit que les T-à-P ont été versés.

Après tri, ce sont potentiellement des documents actifs, consultables comme n’importe quel ouvrage.

Les premiers cités (boîtes thématiques (E)A à (E)L), en particulier, n’ont rien à faire en archives à proprement parler.

Même si c’est évidemment au CDI de décider quand et sous quelle forme ils rejoignent le reste du fonds documentaire.

1-S’agissant des herbiers***, nous nous sommes mis d’accord sur une méthode.

Je vais proposer quelques dates pas trop lointaines.

Nous retiendrons la première qui conviendra à Pauline, Sophie, Pierre et Véronique, si possible aussi à Oliver.

J’irai pendant deux heures opérer, sur un échantillon aléatoire, une proposition de sélection en trois catégories :

– à détruire (en particulier si l’état de conservation pose pb),

– à remonter au département décologie pour valeur d’exemple (cf. courriel de Sophie Jaegle), et

– à conserver au titre d’archive, notamment aux fins de recherches sur l’histoire de la pédagogie du projet de paysage (mais aussi sur les productions des paysagistes).

Nous déciderons collectivement des ajustements de protocole.

Ensuite j’annoncerai une série de dates auxquelles je pourrai poursuivre et achever le tri sur la base du protocole ainsi concerté.

Le tri se matérialisera par des pastilles collantes (si collage suffisamment fiable).

  1. J’ai été surpris du volume très réduit occupé par les cartons « écologie » de boîtes à archives de la dernière salle, au regard du souvenir que j’en avais lors de ma dernière visite.

Il semble que des cartons aient été vidés et leurs boîtes à archives dispersées sur les rayonnages.

Mais ce que j’en ai vu ne comble pas ce manque ressenti.

En tout état de cause, il y aurait utilité à ce que j’y opère un tri, et que j’y confirme ou infirme les mentions « attribué à Marc R. ».

Je souhaite à cet effet disposer du récolement (fichier Excel) disponible, puisque les boîtes sont numérotées.

J’en complèterai les lignes vides (il y en aurait beaucoup…) pour les documents dont l’archivage sera confirmé.

Mais le temps pour cela risque de manquer dans les mois qui viennent…

Cordialement,

Marc

* Ex-rayons A, B, D, ECO, FA, FF, FR, SPE, TEC, V.

** Générée par l’encombrement des cartons de transport…

*** Il vaudrait mieux les appeler (de leur nom !) « travaux personnels d’écologie » (TPE) car ils comprennent des dossiers photographiques et dessinés, sans exsiccata. Les archives d’évaluation pédagogique en contiennent, si l’on veut, un « inventaire », mais qui n’a jamais été récolé.

(A suivre)

 

 

 

Les paysagistes concepteurs

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Les paysagistes concepteurs

Dans cette rubrique sont publiés les textes de chercheurs relatifs aux paysagistes ayant travaillé en France, issus des formations versaillaises ou non. Les publications de référence dans ce domaine seront mentionnées sous forme de bibliographies, associées ou non aux articles.

– “René André (1867-1942), du jardin à l’urbanisme : La redécouverte des projets d’un architecte paysagiste”. Article de Stéphanie de Courtois, in Colonnes n° 27, mai 2011. Télécharger l’article.

– “Pratiques paysagistes, quelles archives?”. Article de Bernadette Blanchon, in Colonnes n° 27, mai 2011. Télécharger l’article.

Histoire de l’ENSP

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Histoire de l’ENSP

Cette sous-rubrique est destinée à accueillir les textes consacrés à la valorisation des archives de l’ENSP, et notamment celles de l’enseignement depuis la Section du paysage et de l’art des jardins (1945-1974) et la création de l’École d’Horticulture en 1873.

Lettre de mission. Le 23 mars 2018, le directeur de l’ENSP a mis en place une mission «Archives et fonds ancien». La lettre de mission précise l’organisation de ce projet de classement et de valorisation des archives de l’école.
Télécharger la lettre de mission

État provisoire. En février 2018, un recensement des archives dans et hors de l’ENSP a été effectué. Il est destiné à évoluer. Dans la cadre du projet d’établissement, une politique de tri et de valorisation est proposée.
Télécharger

Textes et témoignages. Seront publiés ici, par ordre chronologique, les textes valorisant les archives de l’ENSP

  • Introduction
  • Chapitre 1 : Les débuts de la Section du paysage et de l’art des jardins, la naissance (ENH Versailles, 1946-1956).
  • Chapitre 2 : L’enseignement de la Section du paysage et de l’art des jardins, la renaissance (1956-1968)
  • Chapitre 3 : Le premier Institut du paysage
  • Chapitre 4 : Le grand flottement
  • Chapitre 5 : Histoire du CNERP
  • Chapitre 6 : Les débuts de l’enseignement à l’ENSP
  • Chapitre 7 : Les débuts de la recherche à l’ENSP
  • Chapitre 8 : L’enseignement de 1979 à 1982
  • Chapitre 9 : Le projet d’Institut français du paysage (1982-1985)
  • Chapitre 10 : La revue Paysage et Aménagement (1984-1996)
  • Chapitre 11 : L’École nationale d’horticulture de Versailles et les paysagistes (1874-1945)
  • Chapitre 12 : Le paysage, les paysagistes et le CEMAGREF de Grenoble (1974- 2003)
  • Chapitre 13 : L’enseignement de la botanique à l’ENSH et à l’ENSP
  • Chapitre 14 : L’École nationale d’Horticulture et l’enseignement de l’architecture des jardins (1930-1960)
  • Chapitre 15 : La séparation de l’ENSH et de l’ENSP de Versailles (1989-1994)
  • Chapitre 16 : Retour à l’école
  • Chapitre 17 : Les ateliers pédagogiques régionaux de l’ENSP de Versailles (1985-1996)
  • Chapitre 18 : La saga des diplômes
  • Chapitre 19 : Un conseil des enseignants ordinaire à l’ENSP de Versailles
  • Chapitre 20 : Transmettre le métier de paysagiste concepteur
  • Chapitre 21 : Conversation avec le paysagiste et urbaniste Jacques Sgard
  • Chapitre 22 : Le concours en loge de la Section du Paysage et de l’Art des Jardins
  • Chapitre 23 : Plaisirs des fêtes au Potager du Roi (1960-67)
  • Chapitre 24 : De l’horticulture au paysage, de l’ENSH à l’ENSP au Potager du roi de Versailles (1874-2000)
  • À suivre…

Biographies :

Zsuzsa Cros, souvenirs d’une ancienne élève du Centre national d’étude et de recherche du paysage de Trappes

Répertoire des enseignants, chercheurs et personnels de l’ENSH-ENSP

Histoire et mémoire

Histoire et mémoire

Dans cette rubrique interactive sont publiés les documents de recherche élaborés dans le cadre de la mission «Archives et fonds ancien» initiée en mars 2018 à l’ENSP de Versailles-Marseille, répartis en trois sous-rubriques :

Pour savoir comment archiver ou consulter les archives, voir “L’archivage en dix questions“.
Vous êtes invités à laisser vos commentaires dans le formulaire ci-dessous.
 

Pierre Donadieu

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Professeur émérite
Docteur en géographie (Université Paris 7), diplômé d’études approfondies (master) d’écologie végétale (Université de Montpellier), ingénieur d’agronomie (ENSSAA de Dijon) et ingénieur horticole (ENSH Versailles), membre titulaire de l’Académie d’Agriculture de France, Pierre Donadieu est professeur émérite en sciences du paysage à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP). De 1971 à 1977, il est enseignant-chercheur successivement à Dijon, à l’Institut agronomique d’El Harrach (Algérie), et à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat-Agadir (Maroc). À partir de 1977, il enseigne à l’ENSP. Il y créé le département d’enseignement d’écologie, puis celui de sciences humaines et sociales, les ateliers pédagogiques régionaux de quatrième année, le laboratoire de recherches (LAREP), la formation doctorale et le master Théories et démarches du projet de paysage avec l’Université Paris Panthéon Sorbonne et AgroParis Tech (Université Paris-Saclay). Parallèlement, il participe, avec Bernard Lassus et Augustin Berque, à la création de la formation doctorale « Jardins, paysages, territoires « de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La -Villette avec l’École des Hautes études en sciences sociales. Il est professeur invité à l’Université de Sousse (Tunisie) de 2002 à 2011. Ses travaux de chercheur ont concerné successivement la phytoécologie et la bioclimatologie méditerranéenne, le développement agropastoral en Méditerranée, la conservation des zones humides en France, les politiques publiques de paysage en Europe, les agricultures urbaines et les formations des paysagistes dans le monde.

Publications (pdf)

Quelles gouvernances pour les paysages agricoles ?

D’abord un petit rappel de vocabulaire pour deux mots polysémiques.
Gouvernance : tout mode de décision et d’évaluation, public et/ou privé, qui associe toutes les parties prenantes de ce qui est à décider et à évaluer.
Paysage : Partie de territoire, telle que perçue par les populations, et dont le caractère résulte de l’actions de facteurs naturels et/ou humains, et de leurs interrelations (article 1 de la Convention européenne du paysage de Florence, 2000).

Ces deux définitions signifient que la production des paysages agricoles par les agriculteurs dépend à la fois des conditions naturelles de leurs terroirs (notamment du climat et du sol), des conditions techniques, sociales et économiques des exploitations agricoles, ainsi que de leur cadre politique (la politique agricole commune européenne en particulier). Comme ces paysages sont également ceux des publics qui les perçoivent, ces derniers sont loin d’être indifférents à leur nature.
En résulte l’idée que la liberté de produire des paysages agricoles a des limites. Elle doit tenir compte des jugements de goût et de valeur des habitants des territoires autant que de leurs visiteurs. Depuis environ un siècle en France, il existe en effet des politiques publiques de paysage, qui visent autant la conservation de la nature, des monuments et des sites, que l’accompagnement de la production des paysages ordinaires par les services de l’Etat.
En France, les paysages sont administrés par l’application des codes de l’urbanisme, rural,  du patrimoine et de l’environnement. Comme les paysages agricoles concernent la moitié de la surface du territoire national, et que les modes de production de l’agriculture conventionnelle peuvent être remis en cause pour des raisons de santé publique et environnementale, les restrictions apportées à la liberté des agriculteurs d’entreprendre doivent être éclairées.
De manière plus positive, comment “écologiser” les modes intensifs de production agricole ? Par exemple en diminuant les quantités de pesticides sans diminuer la rentabilité de l’exploitation.
La première méthode, la plus courante, est de légiférer et de faire appliquer les normes prévues par la loi. Ce qui ne suffit pas, si l’on en juge par la persistance des proliférations d’algues vertes sur les rivages bretons, par la pollution chronique de nombreux cours d’eau et nappes phréatiques, due aux pesticides, par le drainage des zones humides, par la destruction des réseaux de haies et la régression continue de la biodiversité dans les espaces agricoles. En bref par la réduction de la diversité des paysages cultivés au profit de modèles intensifs spécialisés dans quelques productions.
En sont en partie responsables les incitations financières de la PAC qui privilégie le premier pilier (soutien aux marchés et aux revenus des agriculteurs), aux dépens du second (environnemental).
Dans ce contexte, l’inflexion des exploitations vers les chemins de l’agroécologie apparaît difficile si les incitations de la PAC ne changent pas radicalement. Les injonctions législatives récentes (lois Grenelles et Biodiversité) ne suffiront pas.

La seconde méthode consiste à renoncer à la seule administration descendante (top down) de l’agriculture par l’Etat, surtout si elle est fondée sur des normes non négociées avec le monde agricole concerné, ou si aucune évaluation de l’action publique n’est prévue ou possible.
En revanche, si dans chaque territoire (commune ou groupe de communes), il est possible de réunir des représentants de toutes les parties prenantes de la transformation des paysages (agriculteurs, propriétaires fonciers, acteurs publics, associations locales …), une gouvernance multiacteurs des paysages peut se mettre en place. Elle aura pour objectif de décider en parlant des paysages souhaitables, des modes de production les plus appropriés à la société locale. Les tensions et les conflits seront inévitables. Ils emprunteront des chemins juridiques (mobilisation d’un principe de précaution ou de prévention ?). Ils modifieront surtout la conscience locale des questions environnementales lorsque seront adoptés des indicateurs de processus de transformation des paysages agricoles.
Par exemple : le taux de boisement et de linéaires de haies de la commune, la surface de milieux favorables à la biodiversité ou à la réduction des GES, ou bien le retour de populations animales choisies localement ou encore le nombre d’espèces cultivées dans les assolements. Ces débats poseront également le problème local de la proximité et de la qualité des produits agroalimentaires surtout dans les régions urbaines.
Pour y parvenir, il faudra des professionnels du paysage pour organiser la médiation locale, car les élus ruraux n’en ont pas en général la capacité. Malheureusement, ces professionnels sont rares, et il faudra les former.
Pour approfondir le fond théorique de cette alternative : le pragmatisme démocratique du philosophe américain John Dewey,  l’ouvrage de Joëlle Zask (Introduction à John Dewey, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2015, 128 p.) est conseillé.

N’est-il pas naïf cependant de croire qu’il sera possible pour un médiateur du débat public de faire décider un public local partagé entre des logiques contradictoires, y compris avec des experts ? Pour une entreprise agricole  par exemple de maintenir son revenu en utilisant des pesticides sans polluer l’environnement. Cette incertitude ralentit considérablement la transition agroécologique.

Deux possibilités complémentaires existent pourtant pour  rendre compatible ce qui est contradictoire. L’on se souvient de la démonstration de la métaphore du chat d’Erwin Schrödinger : l’électron peut être simultanément dans deux états distincts de même que le chat dans la boite ou un danger le menace peut être à la fois mort et vivant pour l’observateur, même si c’est contre intuitif.  

De la même manière, l’on pourrait affirmer qu’une production agricole intensive aurait la possibilité d’être à la fois sous deux états : polluante et non polluante.  Mais il faudrait prouver scientifiquement comme Schrödinger l’avait montré avec la mécanique ondulatoire pour l’électron que deux états de l’exploitation agricole sont possibles en même temps : l’état polluant (les pesticides altèrent l’environnement) et l’état non polluant.

Pour y parvenir, il est possible de faire appel aux méthodes sophistiquées de l’agriculture raisonnée et de montrer que moins de pesticides, mieux utilisés, ne compromettent pas les revenus bruts de l’exploitation. Ce qui est constaté statistiquement par une enquête récente (Lechenet et al., Nature Plants, mars 2017) indiquant que “l’on peut réduire de 42 % en moyenne les pesticides sans effets économiques négatifs dans 59 % des  fermes sans label AB enquêtées en France)”.

Généralisons la perception de ces résultats. Pour les uns (des environnementalistes et des habitants exigeants), la diminution des pesticides ne sera pas suffisante (principe de précaution). Il n’en faut aucun ou des produits compatibles avec un label AB.  À leurs yeux, la production reste polluante et dangereuse pour la vie humaine et non humaine.

Pour les autres (les agriculteurs concernés par exemple), les normes environnementales locales prescrites (la qualité de l’eau des nappes de surface par exemple)  sont respectées et la production n’est pas polluante et dangereuse pour la santé humaine à leurs yeux. Ils dégagent leur responsabilité en cas de plaintes en la reportant sur les services de l’Etat qui définissent les normes.

De fait, les deux états contradictoires des exploitations agricoles (à la fois polluant et non polluant) se superposent, comme les états des électrons de Shrödinger. On pourrait penser que l’histoire de l’agriculture française sort ainsi de la trajectoire linéaire de la rationalisation qui respecte le principe de non contradiction : l’état non polluant souhaité doit éliminer l’état polluant. Ainsi interprété, le réel qui était simplifié devient multiple et avec lui l’incertitude réapparaît comme actrice légitime de la décision publique.

Le choix de la gouvernance paysagère s’en trouve alors modifié. Soit les décisions s’appuient sur des paysages agricoles univoques dépendant seulement des marchés et d’injonctions de l’Etat (leur sens est seulement économique comme aujourd’hui), soit sur des paysages plurivoques, multifonctionnels et multiusages (leurs sens -économique, écologique, social, culturel – seraient multiples, même en étant contradictoires dans la réalité). Dans ce dernier cas, celui des chemins agroécologiques à prendre, pourraient émerger de manière dialectique de véritables communs paysagers, construits collectivement dans les territoires. Lire de P. Donadieu, Paysages en communs, pour une éthique des mondes vécus, Presses Universitaires de Valenciennes, 2014)

 

Pierre Donadieu, 24 mars 2017

L'incertitude est inévitable, mais ce n'est pas une mauvaise nouvelle …

Dans un monde incertain, l’essentiel n’est-il pas de faire face aux événements ? C’est-à-dire ” à ce qui échappe à la prévision, et arrive de lui-même tel un fait accompli qui m’affecte au plus près” (Jean-Luc Marion, Philosophie Magazine, n° 108, p. 69). L’événement est effectif avant d’être rationnel ou explicable. Il s’impose émotionnellement et irrévocablement.
Les attentats du “11 septembre” en 2001 furent un événement majeur pour le monde entier. Comme ceux de Charlie Hebdo, du Bataclan et de Nice en 2015 et 2016. Mais d’autres faits, moins tragiques, relèvent de la même qualification.
La tempête de 1999 qui ravagea les forêts et les parcs français ; la canicule de 2003 ; la tempête Xynthia de 2010 ou l’épizootie qui amena, en 2016, à l’extermination des canards d’élevage, ont frappé de stupeur les opinons publiques. Ce n’est qu’ensuite que ces événements ont été plus ou bien expliqués.
Le réchauffement climatique va probablement apporter son lot de conséquences dramatiques sur la vie des habitants de la planète. Les uns ne sont pas prévisibles comme les inondations, les sécheresses et les tempêtes, ni même évidemment imputables aux dérèglements climatiques. Ce sont de véritables événements au sens philosophique. Il faut les “encaisser” avant de les accepter.
Les autres sont réels, explicables, mais peu perceptibles : les migrations climatiques des populations humaines, végétales et animales, le dégel du permafrost, la fonte des banquises, la montée lente du niveau des océans ne sont pas des événements, mais des faits qui n’impressionnent pas. L’on peut même en douter.
L’événement climatique m’interpelle. Il appelle une réaction de ma part. Vais je m’engager pour la cause écologique et militer pour la réduction des émissions de GES, ou rester indifférent, voire m’inscrire dans le déni ? C’est le dilemme qu’engendre l’événement.
Peut-on et doit-on alors s’armer de règles claires pour résister aux événements, notamment climatiques ? Le philosophe J.-L. Marion suggère de se munir de “principes”. L’on pense au principe d’incertitude : le monde est incertain et il est illusoire de vouloir le maîtriser ou le prévoir. Savoir cela pour soi ne prémunit pas contre les tragédies, mais indique qu’il est préférable de s’engager pour la réduction des GES plutôt que de ne rien faire et de se résigner en imitant les autruches !
Pierre Donadieu, 23 mars 2017.

Séances de l'Académie d'Agriculture de France

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Paysages agricoles et ruraux

Les  7 et 14 juin 2017, 14h 30, 18 rue de Bellechasse, Paris 7e, métro Solférino, entrée libre.


Les continuités écologiques dans les paysages agricoles ; mise en œuvre d’une politique

Séance du 7 juin 2017

Introduction : Pierre Donadieu, membre de l’Académie d’Agriculture de France,

Françoise Burel, directrice de recherche, CNRS, Rennes, Diversité et fonctionnalité des continuités écologiques dans les paysages agricoles,



Jacques Baudry, directeur de recherche INRA SAD, Rennes et François Papy, membre de l’Académie d’Agriculture de France, La construction des paysages agricoles par les agriculteurs ; un atout pour les continuités écologiques ? 
 

Pierre-Henri Bombenger, professeur en urbanisme à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale, Corinne Larrue, professeure et directrice de l’école d’urbanisme de Paris, Armelle Caron, ingénieure de recherche à l’Inra et Jacques Baudry, directeur de recherche à l’Inra, L’élaboration des trames vertes aux différentes échelles,

Conclusion : François Papy, membre de l’Académie d’Agriculture de France.



 

Les politiques publiques de paysage dans le milieu rural, évaluation et perspectives

Séance du 14 juin 2017


Introduction : Guillaume Dhérissard, membre de l’Académie d’agriculture de France.

Yves Luginbühl, directeur de recherche émérite, CNRS, Paris. Les outils des politiques publiques de paysage en France et en Europe,

Hervé Davodeau, maître de conférences, Agrocampus Ouest Angers. Une photographie de l’action paysagère à partir de deux bases de données ministérielles,

Patrick Moquay, professeur, ENSP Versailles-Marseille. Dilemmes de l’action publique en matière de paysage.

Conclusion : Pierre Donadieu, membre de l’Académie d’Agriculture de France.

 

Transition agroécologique

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Un oublié de la transition agroécologique : l’habitant des territoires ruraux et urbains

 

Expérience de pensée

Imaginons une expérience de pensée à la façon des philosophes. Imaginons que quelque part, le gouvernement d’un pays ait mis en œuvre toutes les incitations fiscales et financières (subventions) favorables aux pratiques de l’agroécologie ; que les chercheurs aient montré qu’il existait plusieurs modèles d’agroécologie, et que chaque agriculteur ait trouvé une réponse pour être vertueux en y trouvant un intérêt financier ou éthique : moins de GES, moins ou peu de pesticides … plus de carbone dans le sol, moins d’érosion des sols, plus de diversité des cultures, plus de liens entre productions végétales et animales dans les exploitations, plus de main d’œuvre ou de robots selon les situations, plus de prévention des risques climatiques (sécheresse), et que les consommateurs, de proximité (circuits courts) et lointains (exportation) aient approuvé ces nouvelles pratiques en achetant les produits. La transition agrocologique en serait-elle pour autant aboutie ? Les territoires où cette agriculture alternative aura émergé en seront-ils plus habitables ? L’environnement territorial des habitants (eau, air, sol, biodiversité, patrimoine, paysage …) aura t-il acquis les qualités qu’ils souhaitent ? Si ce ne n’est pas le cas, c’est que la mutation des entreprises agricoles se sera faite sans eux !

Produire les services écosystémiques dans et hors du marché

Comment les agriculteurs peuvent-ils produire tout ou partie des services écosystémiques que précisent les rapports du Millennium ecosystem assessment publiés par l’ONU en 2005 ? Comment peuvent-ils intégrer l’idée rationnelle que la bonne santé des agrosystèmes peut être gérée à la fois au service de leurs intérêts (leur marge bénéficiaire, la qualité de leurs sols) et des intérêts collectifs (la santé et la sécurité publique) ? Comment leur est-il possible de développer à la fois des systèmes de production intensifs (agroalimentaires, énergétiques …) pour les marchés, et de produire des services territorialisés de régulation environnementale, sociaux, sociétaux et culturels, avec et hors du marché ?

Imaginons une deuxième expérience de pensée qui prolonge la précédente. Imaginons que les pouvoirs publics locaux (une intercommunalité en France par exemple) aient mis au vote par référendum la question suivante : « L’état lamentable de l’environnement de nos communes (pollution des eaux et disparition de la faune sauvage en raison de monocultures) ne peut être restauré qu’en payant les agriculteurs pour améliorer la situation (avec mise en place d’un observatoire indépendant de l’environnement). Acceptez vous, pour des raisons de santé publique et de qualité de l’environnement local, de voir augmenter votre taxe d’habitation de 10 % pour que la commune achète ces services aux agriculteurs ? Sachant que l’Etat, la Région et le département ne peuvent faire plus que ce qu’ils font et qui ne suffit pas.»

Chaque habitant fait face à un dilemme. Soit il pense que la liberté d’entreprendre ne doit pas nuire à autrui, et qu’il incombe aux pouvoirs publics, responsables de la sécurité des habitants, d’interdire les pratiques jugées dangereuses (en dépit des normes respectées !). Dans ce cas il vote non au référendum en sachant qu’il a de bonnes raisons de douter d’une régulation suffisante des pratiques agricoles conventionnelles. Et qu’il participe ainsi à transmettre à ses enfants un patrimoine immobilier dans un territoire peu habitable pour la vie humaine et non humaine.

Soit cette dernière éventualité lui paraît éthiquement inacceptable, pour lui, ses enfants et ceux des autres habitants. Alors il vote oui au référendum en se demandant quel sera le contrat entre la collectivité, les propriétaires fonciers et les agriculteurs. Et le profit individuel et collectif qu’il en tirera effectivement.

Selon la majorité sortant des urnes, seront ainsi distinguées des communes où le statut quo agricole sera conservé, et d’autres où une agroécologisation des exploitations agricoles peut être amorcée sous le regard des habitants citoyens et d’observatoires de l’environnement et des paysages. A la liberté d’entreprendre des uns sera opposée celle des autres de ne pas subir (ou de faire subir) les conséquences d’un modèle de développement agroéconomique dépassé.

Cette expérience indique qu’il n’est possible de sortir des modèles conventionnels d’agriculture qu’en territorialisant les enjeux nationaux (filières territoriales d’approvisionnement) et en ayant recours au débat public démocratique. Les exemples de certains cantons suisses (Genève) et des communes d’Ungersheim (« village en transition » en Alsace) et de Mouans-Sartoux (Alpes Maritimes) en témoignent. Il est possible pour les agriculteurs, avec les pouvoirs publics locaux, de produire et vendre des biens agricoles, et de fournir des biens et des services écologiques communs en étant explicitement, et de manière contractuelle, lié à une demande habitante locale, alimentaire, environnementale et paysagère.

L’alternative pour les sociétés locales est de rester prisonnier du piège de Lewis (la révolution verte et ses conséquences environnementales et sociales analysées par Arthur Lewis, prix Nobel en économie du développement en 1979). Cette impasse ne concerne qu’un tiers de l’humanité, ce qui veut dire que deux tiers, avec des agricultures traditionnelles, sont encore inscrits dans un chemin qui est proche de celui des principes de l’agroécologie … mais qui n’est pas nécessairement satisfaisant pour les agriculteurs ou les pouvoirs publics. Situations qu’il est nécessaire de reconnaître.

Reconnaître les situations et les choix agroécologiques

Imaginons une dernière expérience de pensée en s’inspirant à la fois des principes philosophiques de la reconnaissance développés par Paul Ricœur (1913-2005), de ceux du pragmatisme de l’Américain John Dewey (1859-1952) et des travaux sur les biens communs d’Elinor Ostrom (1933-2012).

Imaginons un agriculteur, quinquagénaire, exploitant 250 ha de céréales et d’oléoprotéagineux, qu’il loue pour l’essentiel. Il n’est pas indifférent à la critique adressée à l’agriculture industrielle intensive qu’il pratique et souhaite transmettre à son fils une exploitation viable avec des sols fertiles. Il se demande comment il pourrait prendre les chemins agroécologiques en conservant ou en améliorant ses revenus.

Doit-il passer à l’agriculture biologique en bénéficiant des aides publiques et vendre ses céréales pour la boulangerie locale ? Doit-il créer, avec une sole fourragère, un atelier d’élevage pour recycler les lisiers, à moins de les apporter à l’usine de méthane qui vient de s’installer à quelques kilomètres ? Doit-il planter des haies là où elles ont été détruites par les remembrements, pour limiter l’érosion des sols et restaurer la biodiversité locale ? A moins de planter des chênes truffiers sur les coteaux en friche ou d’ ouvrir à la circulation du public ses parcelles le long de la rivière, sur la partie enherbée, ce que le maire lui demande.

Comme il ne sait pas choisir et que son libre arbitre lui déconseille le risque de l’aventure, il attend de nouvelles incitations financières gouvernementales et européennes, ainsi que les expérimentations de ses voisins qui lui semblent aussi attentistes que lui. S’il hésite, c’est qu’il ne dispose que de la référence de son intérêt et de son expérience propre pour reconnaître la validité d’un nouveau choix. Mais avait-il le choix d’ éviter le piège de Lewis ?

Supposons qu’il prenne connaissance des attentes des habitants de sa commune, via une ONG ou la municipalité. Les uns vont lui suggérer de créer un atelier de maraichage bio pour alimenter les cantines scolaires ; d’éviter des épandages de pesticides à côté des écoles (pourquoi ne pas y localiser les cultures de luzerne ?) ; de mettre à disposition des habitants des surfaces pour des jardins communautaires ; de participer à l’exploitation des terres agricoles que voudrait acheter un groupe d’habitants privilégiant la production bio ; de se lancer dans l’agroforesterie ; de vendre à la ferme des produits transformés végétaux et animaux ; d’avoir recours à des semences d’espèces végétales et à des races locales … Les autres vont lui parler du patrimoine agricole local oublié, de la beauté des arbres que l’on ne regarde pas, de la raréfaction des oiseaux et des insectes, de la disparition des marais, de la tristesse et de la monotonie des paysages agricoles…

S’il doit choisir une voie et s’y engager, c’est, probablement, en recherchant autant la satisfaction du regard d’autrui que la viabilité de son exploitation. Cette reconnaissance – une mutualisation des services rendus entre personnes (Ricœur) – ancre l’action dans une construction du vivre ensemble entre mondes agricoles et mondes urbain et villageois. Elle s’appuie sur la mobilisation d’un public et des experts du domaine concerné pour éclairer la décision agricole privée, indissociable aujourd’hui de celle des pouvoirs publics (Dewey, Ostrom).

Nb : je dois l’idée du “Piège de Lewis” à  l’économiste Bruno Dorin (CIRAD), conférence au groupe agroécologie de l’Académie d’Agriculture de France (16 mars 2017)

Pierre Donadieu

17 mars 2017